Les " croulants"
sont débordés. Leurs " grands" - seize et dix-sept
ans - tournent franchement mal. Ils courent les rues, rechignent à
la besogne et rentrent tard au logis. De vrais chenapans qui font fi
des supplications parentales. Pour obtenir un semblant de soumission
et des bribes d'égard, le chef de famille - titre ô combien
dérisoire ici! - ne peut que céder et se taire pour ménager
ce petit monde susceptible et arrogant: le moindre heurt, le plus infime
reproche déclencheraient une explosion aux retombées imprévisibles:
des fugues ... ou le suicide! Pourquoi pas? Ces " gentils "
petits n'en sont pas à ça près.
J'engage la conversation
avec des amis qui les connaissent bien et déplorent, comme moi,
l'affligeante déroute dont l'explication, me semble-t-il, "
crève les yeux ". Comme il se doit, papa travaille et gagne
largement sa vie. Belle situation en vérité: la vie matérielle
du foyer est donc largement assurée. Mais, de son côté,
l'épouse occupe un emploi bien trop lucratif pour se résoudre
à l'abandonner. On n'a pas subi examens et concours pour rien!
Et puis, l'abondance d'espèces sonnantes et trébuchantes
- que ce dernier mot est bien choisi - n'est pas à dédaigner.
Donc maman travaille et n'a pratiquement jamais lâché son
métier, même lorsque les siens étaient en bas âge.