Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
|
Quand l'Evangile du salut devient la malédiction du monde A la recherche du Royaume perdu Anonyme
Quel est donc le problème ?
« Avez-vous des yeux pour ne pas voir, des
oreilles pour ne pas entendre ? » Marc 8:18.
« Jésus posa de nouveau ses mains sur les
yeux de l'aveugle. Alors celui-ci vit clair ; il était guéri et voyait tout
distinctement. » Marc 8:25.
Je
zappais d’une chaîne de télévision à une autre sans trop réfléchir, pour passer
le temps. Je tombai sur un journaliste anglais qui disait que les chrétiens
croient que lorsqu’ils sont nombreux à vivre dans une communauté, cela
influence la communauté en bien. Plus la présence chrétienne est importante,
plus le bénéfice pour la société est grand. J’étais d’accord avec le
commentateur, c’est ce que l’on enseigne. Il continua en proposant d’observer la ville la plus
christianisée d’Amérique pour voir comment cette influence chrétienne est
concrètement à l’œuvre. Pour lui, « la ville la plus christianisée »
signifiait que l’on parlait de la communauté avec le plus grand pourcentage de
croyants se rendant régulièrement à l’église. C’est une bonne définition
conservatrice de « christianisé ». Avec
cette définition et à cette époque-là, Dallas, au Texas, était la ville la plus
christianisée d’Amérique. Proportionnellement, il y avait là plus de personnes
à l’église le dimanche matin que n’importe où ailleurs dans tout le pays. Les
églises abondaient à Dallas et beaucoup pouvaient se vanter d’afficher complet.
Notre journaliste proposa ensuite des données socio-démographiques pour voir
comment la « bénédiction chrétienne » se manifestait dans la pratique
au sein de cette communauté. Nous
vîmes différentes statistiques et études, notamment sur la criminalité, la
sécurité urbaine, les forces de police, les systèmes pénal et judiciaire. L’on examinait
le système de santé, les hôpitaux, les urgences, les maladies contagieuses, le
taux de mortalité infantile et la répartition des services sociaux. L’on passait
en revue le système scolaire, l’égalité scolaire, la sécurité dans les écoles,
les résultats aux examens et les statistiques concernant les diplômes. Le
travail, le logement et l’économie en général étaient évalués. Trouve-t-on du
travail ? Un logement ? Est-ce qu’un revenu permet de payer un
logement ? L’on examinait le cas des sans-abris et les programmes destinés aux
personnes se trouvant dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins. Y a-t-il
égalité sans distinction de couleurs, de croyances ou de revenus ? Et
ainsi de suite. Chacune de ces catégories était évaluée selon des facteurs
raciaux et économiques. Le
journaliste se pencha ensuite sur les statistiques et les informations qui vous
intéresseraient si vous deviez élever vos enfants dans cette communauté. Mes
enfants seront-ils en sécurité dans la rue ? Recevront-ils une éducation
respectable et suffisante ? Pourrai-je loger, vêtir et nourrir ma
famille ? Est-ce que mes enfants seront exposés de manière flagrante à la
drogue ou à d’autres influences néfastes ? Ma famille pourra-t-elle être
relativement protégée des maladies ? Y a-t-il des soins médicaux adéquats
si nous tombons malades ? Puis-je obtenir un secours légal et juste de la
part du système judiciaire ? La police s’intéresse-t-elle à notre
protection, et tout cela est-il vrai sans égard à ma couleur, à ma nationalité
et à mes croyances ? Cette
émission dura peut-être une heure et je la regardais seule. À la fin de l’étude
menée par ce journaliste anglais sur Dallas, j’étais effondrée. Personne ne
voudrait vivre dans une ville dans un pareil état. La criminalité, le système
social en décrépitude, les maladies, les inégalités économiques, les injustices
raciales, tout montrait que cette communauté ne permettait pas une qualité de
vie suffisante. Et c’était la ville « la plus christianisée »
d’Amérique. J’avais envie de pleurer. Mais
l’émission n’était pas finie. Le journaliste était allé montrer cette image
dévastée d’une communauté désagrégée aux responsables chrétiens pour leur
demander leurs commentaires. Il avait choisi des responsables jouissant d’un
bon statut et intègres. Le genre même de responsables chrétiens que les autres
chrétiens respectaient. L’un après l’autre, chaque pasteur put voir les mêmes
données que celles que je venais de découvrir sur l’état de cette ville. Avec
simplicité, le narrateur demanda à chaque pasteur : « En tant que
responsable chrétien, comment réagissez-vous face à l’état de votre
communauté ? » Sans exception, de différentes manières, ils répondirent
tous la même chose : « Ce n’est pas mon problème… je suis un
responsable spirituel. » L’émission
se termina, la pièce était silencieuse, et mon univers commença à s’écrouler.
Beaucoup de mes années de travail en tant que missionnaire étaient consacrées à
répondre aux critiques faites au christianisme, en particulier dans les médias.
(Ce qui n’est généralement pas très difficile, puisque leurs accusations sont
souvent mal informées ou pauvrement formulées.) Si ce journaliste m’avait tendu
le micro pour que je fisse un commentaire à la fin de son émission, je serais
restée sans voix. J’étais réduite au silence… par les faits. Je
n’avais aucun argument contre la critique du christianisme que ce journaliste
avait construite. En tant que chrétiens, nous disons que notre foi, si elle est
vécue, influencera la société en bien. Nous allons même au-delà de cela. J’ai
entendu dire et ai même enseigné qu’il suffit de seulement 20 % de personnes croyant
à quelque chose dans la société pour influencer, voire conduire les 80 %
restants dans une certaine direction. Nous enseignons que l’Évangile est un
bien pour la société, que sa valeur sera une bénédiction dont l’effet va au-delà
des croyants. Mais les faits de Dallas ne prouvent pas cette idée. Et il nous
faut regarder les faits ! Dallas compte bien plus de 20 % de chrétiens
confessants. Peut-on dire que cette ville profite d’un héritage chrétien ? Ces
implications et ces questions bourdonnaient en moi. Pourquoi n’avais-je pas été
assez honnête pour voir l’écart entre mon enseignement et les résultats
visibles ? Pourquoi était-ce un non-chrétien qui me l’avait montré ?
Comment pouvons-nous, en tant que responsables chrétiens, dire que la qualité
de vie n’est pas de notre ressort ? Si l’Évangile influence toute la
société, comment se fait-il que l’Amérique, avec une proportion de chrétiens
probablement plus élevée que jamais auparavant dans son histoire, s’écarte des
valeurs chrétiennes dans presque tous les domaines ? Elle tombe dans la
criminalité, l’immoralité, la pauvreté, la corruption, l’injustice, la maladie,
les drogues, la misère, l’incapacité et d’autres problèmes encore. Comment se
fait-il que moi et les milliers de chrétiens engagés que je connais n’ayons
jamais fait le lien entre ces éléments ? Pourquoi ne nous sommes-nous pas jugés
… et trouvés en situation d’échec ? Je
suis venue au christianisme avec résistance. Quand j’étais à l’université,
j’étais une athée déclarée et je tenais des discours sur les raisons de ne pas
croire à la Bible. Je désirais la vérité, une vérité concrète, que je pourrais
vivre au quotidien. J’espérais en une vérité qui mènerait à la justice et à un amour
sincère pour les autres. Je suis devenue chrétienne parce que j’ai été
convaincue que c’est le seul système de croyances qui explique la réalité de
l’univers dans lequel nous vivons, avec ce qu’il a de bon et de mauvais. Ma
rencontre a eu lieu avec cette vérité, et la personne de Jésus-Christ m’a
catapultée dans le Royaume de Dieu. J’ai passé les années depuis ce moment-là à
essayer d’en apprendre plus sur les vérités du Royaume et sur la manière de les
vivre pratiquement et quotidiennement dans ma propre vie et dans mon travail.
Néanmoins, j’ai toujours dit que si l’on me prouvait que les enseignements de
la Bible et la vie de Christ n’étaient pas vrais, je réévaluerais tout ce que
je crois. Rien n’a jamais plus ébranlé ma foi que cette émission de télévision.
Je marchais sur des charbons ardents. Alors
que je bataillais avec les questions que posent forcément les révélations apportées
par cette émission, je vis trois possibilités :
Dans
mon cœur, je savais que la troisième option était la bonne. Au fond, je ne suis
pas une chrétienne pour des raisons historiques, émotionnelles ou personnelles.
Je suis Jésus-Christ parce que je crois que la Bible est vraie et que chaque
fois que ses enseignements et ses principes sont pris en considération et
appliqués, ils se révéleront être vrais. Ma foi était alignée sur cette idée et
je croyais que le Dieu que je connais était à la hauteur du défi. Mais j’avais
besoin de réponses ! Tôt
dans mon cheminement avec Christ, j’ai découvert que certaines questions sont
trop grandes pour nos esprits misérablement limités. J’ai appris que ces
questions ne sont pas trop grandes pour Dieu. Il se plaît à se révéler et à
nous conduire à la compréhension de sa vérité, mais c’est à lui de déclencher
la révélation. Pour les questions qui me dépassent, j’ai une étagère spéciale à
l’arrière de ma tête. Il faut que nous rejetions les grandes questions qui nous
écrasent et qui défient notre foi, la vraie nature et le caractère de celui en
qui nous croyons. Si nous ne faisons pas face aux questions difficiles de la
vie et de la foi, nous manquons l’occasion de recevoir une plus grande
révélation de Dieu sur lui-même. Nous ne pouvons pas non plus nous débattre à
l’intérieur de nous-mêmes avec les dilemmes les plus sérieux de la vie. Nous
n’avons pas la compréhension nécessaire. Nous devons apporter ces questions
devant le trône de Dieu jusqu’à ce qu’Il nous accorde une plus grande
compréhension par révélation. Ce faisant, nous grandissons dans la connaissance
de Dieu. Ces
observations impérieuses, mises en avant par l’analyse honnête d’un journaliste
anglais, questionnent la validité de ce que vous et moi disons être l’influence
normale que le christianisme apporte dans une communauté. Ce que nous
enseignons semble ne pas correspondre à l’impact du christianisme aujourd'hui.
J’ai rangé ces questions qui tuent sur mon étagère avec cette prière :
« Père, je crois en ta Parole et je te crois quand tu dis que tu veux
bénir tous les peuples et te servir de l’Église pour le faire. Je crois que tu
peux bénir et que tes principes sont vrais. Mais, Seigneur, nous n’avons pas
l’influence que nous devrions avoir aujourd'hui. Pourquoi, Seigneur ?
Aide-moi à comprendre, Seigneur ! Aide-moi à voir ! » Et Il l’a
fait ! J’ai
commencé ma vie outre-mer en Afrique du Nord, passant quatre années merveilleuses
au pays des Pharaons. J’aimais l’Égypte et j’y aurais volontiers passé toute ma
vie. Plus de vingt ans plus tard, à l’époque où j’ai vu le documentaire sur
Dallas, je m’apprêtais à faire un voyage d’exploration du continent africain.
Pendant quatre mois, j’ai traversé de l’Ouest à l’Est et jusqu’en Afrique du
Sud le Togo, le Ghana, le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda et l’Afrique du Sud.
L’Afrique est gigantesque et j’ai passé des heures dans les avions à observer
combien elle est vaste. La
« question de Dallas » se trouvait toujours sur mon étagère à
l’arrière de ma tête. Comment une communauté chrétienne pouvait être dans un
état aussi abominable ? Comment l’Évangile pouvait-il
finir en un tel chaos ? Alors que je visitais des nations très
christianisées, le Togo, le Ghana, le Nigeria, le Kenya et l’Ouganda, mon
angoisse s’accroissait. Les statistiques missionnaires que j’avais joyeusement
citées embrasaient mon esprit. « L’Afrique, chrétienne à 80 % au Sud du
Sahara d’ici à la fin du siècle. » « L’Afrique, le continent le plus
évangélisé au monde. » « L’Afrique, le continent qui comptera le plus
d’églises d’ici à la fin du siècle. » Dans
chaque nation, c’était la même histoire : pauvreté, maladies, violence,
corruption, injustice et chaos m’attendaient à chaque virage. Je me retrouvais
à me demander : « Est-ce cela ‘que ton règne vienne, que ta volonté
soit faite sur terre comme au ciel’ ? » Est-ce à cela que ressemble
la bénédiction de l’Évangile dans une communauté ? Est-ce à cela que
ressemble une communauté « atteinte » par l’Évangile ? Dans le Sud
de l’Afrique, l’on a presque atteint toute la « création ». Les
églises sont implantées et pleines. Les évangélistes africains abondent et
continuent le travail. Est-ce à cela que cela doit ressembler quand notre
travail de chrétiens est terminé dans une nation ? Que Dieu nous en
garde ! Mon angoisse grandissait. Peut-être
direz-vous : « Ce n’est pas juste, c’étaient déjà des pays pauvres
avant que l’Évangile n’arrive ! » C’est vrai, vous avez raison, mais
certains sont plus pauvres et plus touchés par les maladies maintenant, après
que l’Évangile est venu[1]. J’ai passé des heures
à demander à Dieu quelle en était la raison. Comment pouvions-nous, en tant que
chrétiens et spécialement en tant que missionnaires, nous féliciter d’avoir
fait du bon travail au Sud et à l’Ouest de l’Afrique ? Comment
pouvions-nous parler de manière si reluisante des grandes réformes de l’Évangile
en Europe et en Amérique du Nord et ne pas voir qu’aucune de ces réalités qui
transforment une nation n’avait été expérimentée en Afrique ? Comment qui
que ce soit pourrait-il croire que l’Afrique ou la ville de Dallas qui sombre,
dans ce cas-là, soient des exemples de l’impact du christianisme ? Comment
pourrions-nous présenter l’état des nations prétendument christianisées
aujourd'hui comme des trophées de la vérité, des preuves que là où l’Évangile de
Jésus-Christ se répand, la bénédiction l’accompagne ? Mon cœur était lourd alors que je voyageais en Afrique,
alors que je pensais à ma propre nation. Ma prière devint : « Seigneur,
qu’est-ce qui est allé de travers ? » Presque deux siècles d’efforts
missionnaires soutenus sur ce continent – comment est-il possible que cela donne
ce résultat ? Avec une révélation naissante qui allait changer ma
compréhension de la mission et l’appel sur ma vie, Dieu me parla de manière
simple, fondamentale et d’une manière telle que l’impact est permanent :
« Le désastre que tu vois, c’est le fruit de n’avoir prêché que le salut,
sans le reste du message biblique. »
A venir : Chapitre 2.
Revenir en haut
|