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Commentaires
sur la Première Epître aux Corinthiens
Deuxième Partie
Par
Frédéric Godet
PREAMBULE, 1:1 à 9
1:1
Paul, apôtre de Christ Jésus par appel, par la volonté de Dieu,
et Sosthènes le frère.
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B D E
F G It, placent Cristou
après Ihsou (Jésus Christ)
A D E omettent klhtos
(appelé).
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Les adresses des lettres de Paul sont généralement calquées sur
le type de l'adresse antique : N. à N., salut ! (Comparez Actes
23:26) Paul ne se borne pas à traduire cette forme reçue en langage
chrétien ; il la modifie à chaque fois selon les préoccupations
qui remplissent son cœur et en vue de l'état de l'Eglise à laquelle
il écrit.
A son nom, il ajoute le titre en vertu duquel il s'adresse actuellement
à ses lecteurs ; c'est comme apôtre qu'il leur écrit. Le caractère
spécial de cette charge est l'appel reçu directement de Christ
lui-même. Paul met ce caractère en relief par l'épithète klhtos,
appelé ; c'est là un adjectif qualificatif,
et non point un participe (klhqeis),
comme si l'apôtre eût voulu dire : appelé à être apôtre. Le sens
est : apôtre en vertu d'un appel. Il
veut dire qu'il n'a pas pris cette charge de son propre chef,
mais qu'il l'a reçue par un acte divin.
Je ne pense pas qu'il y ait là une intention polémique contre
des gens qui nieraient son apostolat : que prouverait cette assertion
? Il veut plutôt placer tout le contenu de la lettre qui va suivre
sous la garantie de celui qui lui a confié sa mission.
Il faut lire, d'après plusieurs anciens Mjj : de Christ
Jésus, c'est-à-dire du Messie qui
est Jésus ; et non : de Jésus-Christ (Jésus qui est Messie),
d'après le texte reçu. La forme technique a été machinalement
substituée à la moins ordinaire par les copistes.
Par ce complément, Paul peut désigner Christ comme l'auteur
de l'appel ou bien comme le maître dont il est devenu par cet
appel la propriété. Comme le régime
suivant attribue l'appel à Dieu, le second sens doit être préféré.
Les mots par la volonté de Dieu, rappellent toutes les circonstances
providentielles de la naissance et de l'éducation de Paul, par
lesquelles avait été préparée sa mission apostolique ; puis surtout
l'acte extraordinaire qui couronna cette préparation et triompha
de sa résistance ; tout ce que Paul résume dans ces expressions
de l'épître aux Galates (1:15) :
Mais lorsqu'il plut à Dieu qui m'avait mis
à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce
...
Voir le développement de cette idée dans
mon commentaire sur l'épître aux Romains.
C'est avec un sentiment de profonde humiliation qu'il fait ressortir
si expressément cette idée de la volonté de Dieu ; car il sent
qu'il a fallu une miséricorde insondable pour l'arracher à la
rébellion obstinée à laquelle il se livrait. Mais en même temps
il est puissamment fortifié, vis-à-vis de lui-même et de l'Eglise,
par cette assurance que ce qu'il est, c'est Dieu qui a voulu qu'il
le fût.
Paul joint à son nom celui d'un chrétien, le frère Sosthènes.
Reuss ne voit dans cet homme qu'un
personnage obscur qui a sans doute servi de secrétaire à l'apôtre.
Je crois qu'il y a là deux erreurs : la place attribuée ici à
Sosthènes est toute différente de celle que donne l'apôtre à un
simple secrétaire, comme par exemple Tertius (Romains 16:22).
Paul use d'une délicatesse particulière dans la manière dont il
mentionne ceux qu'il associe à la composition de ses lettres.
Dans ses deux épîtres adressées à l'Eglise de Thessalonique,
dont Silas et Timothée avaient été avec lui les fondateurs, il
les mentionne absolument comme ses égaux, sauf en ce qu'il se
met à la première place ; et la première personne du pluriel,
dont il se sert fréquemment, s'applique plusieurs fois, comme
dans le verset 2, aux trois personnages réunis. Il en est à peu
près de même (Philippiens 1:1) où le nom de Timothée est associé
étroitement dans l'adresse à celui de Paul, sans doute parce que
Timothée avait travaillé avec lui à la fondation de cette Eglise.
Il y a une différence marquée entre cette forme et celle de l'épître
aux Colossiens où le nom de Timothée est bien associé à celui
de Paul, mais où il en est plus profondément distingué par un
appendice ajouté à celui-ci, d'abord, puis par le titre d'apôtre
donné à Paul et celui de frère à
Timothée. Cette différence vient de ce que ni l'un ni l'autre
n'ayant fondé cette Eglise, Paul écrit ici en sa qualité d'apôtre
des Gentils, que ne partage point Timothée.
Dans les lettres aux Romains et aux Ephésiens, que Paul adresse
plus expressément encore comme apôtre du monde païen, il n'associe
aucun nom au sien.
La position faite à Sosthènes dans notre adresse a donc quelque
rapport avec celle de Timothée dans les épîtres aux Philippiens
et aux Colossiens. Paul associe ce frère, dans une certaine mesure,
à la composition et à la responsabilité de cette lettre. Sosthènes
est peut-être son secrétaire, sans doute ; mais il est plus que
cela : ce doit être un homme qui jouit auprès des Corinthiens
d'une haute considération, un collaborateur de l'apôtre qui, aussi
bien que Timothée (2 Corinthiens 1:1), a coopéré à l'évangélisation
de Corinthe et de l'Achaïe.
S'il en est ainsi, il est probable que nous retrouvons ici le
personnage qui, comme chef de la synagogue de Corinthe, avait
joué un rôle dans la scène de la comparution de Paul devant Gallion
(Actes 18:17). Ce fut lui qui, après la libération de Paul, fut,
dit le récit des Actes, battu par tous
(les mots : les Grecs sont une glose),
par conséquent par les Juifs et par les Grecs, sans que Gallion
s'en mît en peine.
Il avait probablement dans cette affaire une attitude douteuse
et il prit plus tard une position plus tranchée (voir Hofmann).
La place qui lui est assignée ici est par conséquent, comme dit
Heinrici, une place d'honneur ; elle rappelle celle que Paul attribue
à ceux dont il dit dans l'adresse de l'épître aux Galates (1:2)
: et tous les frères qui sont avec moi.
Assurément ces frères n'étaient pas tous ses secrétaires, mais
tous, au nom de la fraternité chrétienne, exhortaient les Galates
à prendre à cœur les avertissements que Paul leur adressait comme
leur père spirituel ; c'est ainsi que le crédit que possède Sosthènes
auprès de l'Eglise doit s'ajouter à l 'autorité supérieure de
l'apôtre.
Clément d'Alexandrin faisait, au rapport d'Eusèbe (Histoire Ecclésiastique
I, 12), de Sosthènes l'un des septante disciples ; cette donnée
est sans valeur.
De l'auteur, Paul passe aux lecteurs :
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1:2 à l'Eglise de Dieu, les sanctifiés
en Christ Jésus, qui est à Corinthe, saints par appel, avec tous
ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui est le leur et le nôtre.
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B D E F G It.
placent après qeou (de Dieu) les mots
hgiasmhnois en Cristw Ihsou (sanctifiés
en Christ Jésus) ; le T. R. les place,
avec Aleph A L P Syr., après th
oush en Korinqw (qui est à Corinthe).
Aleph A B D F G omettent le te
devant kai que lit T.
R. avec E L P.
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Le terme ekklhsia, Eglise,
formé des deux mots ek, dehors,
et kalein, appeler,
désigne dans la langue grecque ordinaire une assemblée de citoyens
appelés hors de leur demeure par une convocation officielle (comparer
Actes 19:41). Appliqué au domaine religieux dans le Nouveau Testament,
ce mot conserve au fond le même sens.
Il y a aussi un convoquant : Dieu, qui appelle les pécheurs au
salut par la prédication évangélique (Galates 1:6). Il y a des
convoqués : les pécheurs, appelés à la foi pour former désormais
la société nouvelle dont Christ est le chef.
Le complément de Dieu indique à
la fois celui qui a convoqué l'assemblée et celui à qui elle appartient.
Le terme l'Eglise de Dieu répond
ainsi à l'expression ordinaire de l'Ancien Testament kehal
Jehova, l'assemblée de l'Eternel
; mais il y a cette différence que cette dernière se recrutait
par voie de filiation, tandis que dans la nouvelle alliance, l'Eglise
se forme et se recrute par l'adhésion personnelle de la foi.
D'après la leçon de plusieurs Mjj. (Vaticanus, Claromontanus,
etc.), l'apôtre ajoute immédiatement à ces mots : L'Eglise
de Dieu, l'apposition hgiasmhnois
en Cristw Ihsou, les sanctifiés
en Christ Jésus.
Comme l'Eglise est composée d'une pluralité d'individus, l'apôtre
peut bien, par une construction ad sensum,
joindre au substantif singulier cette apposition au pluriel. La
leçon reçue sépare ce substantif de son apposition en plaçant
entre deux les mots th oush en Korinqw,
qui est à Corinthe.
Cet arrangement paraît au premier coup d'œil plus naturel ; mais
il a par là même le caractère d'une correction. Il me paraît probable
que, pensant déjà aux désordres moraux qui souillaient cette Eglise,
l'apôtre s'est senti plus pressé de caractériser moralement que
géographiquement la communauté à laquelle il s'adresse : Dieu
est saint et l'Eglise de Dieu doit être sainte comme celui à qui
elle appartient.
Le participe parfait hgiasmhnois
indique non une obligation à remplir, mais un état qui existe
déjà chez eux, et cela en vertu d'un fait précédemment accompli.
Ce fait, c'est la foi en Christ, qui renferme implicitement l'acte
d'une consécration totale à Dieu.
Embrasser Christ par la foi, c'est accepter la sainteté qu'il
a réalisée en sa personne ; c'est se transplanter du sol de sa
vie naturelle et profane dans celui de sa sainteté divine. Le
régime en Christ Jésus exprime cette
idée : que notre sainteté n'est que la participation à la sienne,
en vertu de l'union de la foi avec lui : Je
me sanctifie moi-même pour eux, a dit Jésus (Jean 17:19),
afin qu'eux aussi soient sanctifiés en
vérité.
Plusieurs Pères ont appliqué l'expression sanctifiés
en Jésus-Christ, au fait du baptême ; leur erreur a été
de confondre le signe de la foi avec la foi elle-même.
Après avoir ainsi qualifié l'assemblée de Dieu comme composée
de consacrés, l'apôtre ajoute la détermination locale : qui
est (qui existe réellement, oush)
à Corinthe. Il avait passé de l'unité
de l'Eglise à la pluralité de ses membres ; il revient de la pluralité
à l'unité qui doit demeurer.
On sent qu'il est déjà préoccupé des divisions qui menacent de
rompre cette unité. Quand on se rappelle l'effroyable corruption
qui régnait dans cette ville (voir l'introduction), on comprend
avec quelle satisfaction intime l'apôtre devait écrire ces mots
: l'Eglise de Dieu... à Corinthe
! Bengel a bien rendu ce sentiment
dans cette courte annotation : Ecclesia in
Corintho, lœtum et ingens paradoxes.
On est étonné de rencontrer à la suite des mots sanctifiés
en Christ Jésus, ceux-ci : saints
par appel, qui semblent faire pléonasme avec les précédents.
La solution de cette difficulté se lie à l'explication du régime
suivant : avec tous ceux qui invoquent...
Ce régime a été rattaché au datif th ekklhsia,
comme si l'apôtre voulait dire : J'adresse ma lettre ou j'adresse
cette salutation à l'Eglise qui est à Corinthe, et non seulement
à elle, mais encore aux chrétiens du monde entier
(Chrysostome, Théodoret, Calvin, Osiander, Reuss). Mais
aucune lettre apostolique n'a au contraire une destination aussi
particulière et aussi locale que la première aux Corinthiens.
Meyer limite l'application des mots avec
tous ceux qui invoquent, d'après l'adresse semblable de
2Corinthiens 1:1 : avec tous les saints qui
sont dans toute l'Achaïe, et pense qu'il s'agit ici uniquement
de tous les chrétiens dispersés dans la province d'Achaïe et qui
se sont groupés autour de l'Eglise de la métropole ; ainsi, d'après
lui, Beet, Edwards et d'autres. Mais
le passage cité prouve précisément le contraire de ce qu'on en
conclut. Car il montre comment Paul eût écrit, ici aussi, si telle
eut été sa pensée.
Holsten, sentant l'impossibilité
d'importer une telle restriction, en imagine une autre moins arbitraire.
Il rapporte ces mots aux chrétiens d'autres Eglises qui pouvaient
se trouver en séjour momentané à Corinthe, spécialement aux émissaires
venus de Jérusalem (ceux de Christ),
dont Paul connaissait bien la présence. Mais l'expression employée
est beaucoup trop générale pour comporter une application aussi
restreinte.
Mosheim, Ewald pensent que Paul veut
par là renfermer expressément dans cette salutation tous les partis
qui s'étaient formés. Mais la proposition sun,
avec, supposerait qu'une partie d'entre eux s'étaient déjà détachés
de l'Eglise elle-même, tandis que toute la lettre prouve qu'ils
en faisaient encore partie.
Il faut donc renoncer à faire dépendre le régime avec
tous ceux qui... du terme à l'Eglise
de Dieu, et le rattacher, ce qui en soi est plus naturel,
aux mots précédents : saints par appel.
Le sens est : saints en vertu de l'appel divin, et cela en communion
avec tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur en tout lieu.
Par là disparaît la tautologie de ces mots : saints
par appel , avec les précédents : sanctifiés
en Christ Jésus.
Ce n'est pas ici une nouvelle épithète équivalente ajoutée fastidieusement
à la précédente. La sainteté des fidèles est relevée une seconde
fois afin d'y rattacher ce trait nouveau : que la sainteté est
le sceau commun des membres de l'Eglise universelle.
Les mots klhtois agiois sont là uniquement
comme point d'appui du régime suivant : sun pasi
avec tous ceux qui... Cette construction
explique aussi tout naturellement les deux adjectifs pasi,
tous, et panti,
tout (lieu), qui suivent.
Plus d'une fois dans cette lettre l'apôtre devra reprocher aux
Corinthiens d'isoler leur marche de celle du reste de l'Eglise
et d'agir comme s'ils étaient la seule Eglise au monde (comparez
surtout 15:36) ; c'est pourquoi dès l'abord il les fait rentrer
dans un plus grand tout, dont ils ne sont que l'un des membres,
et avec lequel ils doivent marcher d'accord.
Heinrici, tout en expliquant le sun
comme nous, croit pouvoir séparer klhtois
de agiois par une virgule et faire dépendre
le sun de klhtois
seul : saints, appelés avec tous ceux qui...
Cette traduction est grammaticalement forcée, et de plus elle
laisse subsister le pléonasme de saints
et sanctifiés.
La sainteté est le caractère normal de tous
ceux qui invoquent le nom du Seigneur, dit l'apôtre. Cette
locution est évidemment dans sa pensée la paraphrase du terme
de fidèles. Un chrétien est donc
à ses yeux un homme qui invoque le nom de Jésus comme son Seigneur.
Le terme d'epikaleisqai n'est appliqué
dans l'AncientTestament (Septante) qu'à l'invocation de Jéhova
(Esaïe 43:7 ; Joël 2:32 ; Zacharie 13:9). Immédiatement après
la Pentecôte, le nom des fidèles fut ceux
qui invoquent le nom du Seigneur (Actes 9:14 ; Romains
10:12-13) ; le nom de Jésus était substitué dans cette formule
à celui de Jéhova dans 1'AncienTestament.
Le terme même de nom, appliqué,
comme il l'est dans ces passages, à Jésus, renferme l'idée d'un
être divin ; ainsi quand l'Eternel dit de son ange (Exode 23:21)
: Mon nom est en lui ; c'est-à-dire
qu'il fait de cet être sa parfaite révélation.
Le titre de Seigneur qualifie Jésus comme celui à qui Dieu a
transmis la souveraineté universelle qui lui appartient à lui-même
; et l'Eglise est, aux yeux de l'apôtre, la société de ceux qui
le reconnaissent et l'adorent en cette qualité. C'est donc sur
un acte d'adoration, et non sur une profession de foi de nature
intellectuelle, qu'il fait reposer la qualité de chrétien.
Les mots en panti topw, en
tout lieu, désignent l'universalité de droit (et déjà,
en partie, de fait, lorsqu'écrivait saint Paul) de l'Eglise chrétienne
(comparez 1Timothée 11:8). Cette idée convient au pasi,
tous, qui précède, et, comme nous
l'avons vu, elle est en relation avec le contexte.
Mais un grand nombre d'interprètes s'efforcent de limiter le
sens de cette expression, en lui donnant pour complément les mots
suivants : autwn kai hmwn, d'eux
et de nous, ou le leur et le nôtre.
Mais que signifierait cette expression : leur
et notre lieu ?
De Wette, Osiander, Rückert entendent
par là Corinthe et Ephèse ; Paul voudrait dire : tous ceux qui
invoquent le Seigneur de votre côté de la mer, aussi bien que
du nôtre. Mais à quoi bon cette distinction ? D'ailleurs l'Eglise
de Corinthe avait déjà été suffisamment désignée au commencement
du verset.
Mosheim et Ewald
pensent que par : notre lieu
l'apôtre veut désigner le lieu de culte de ses propres partisans,
et par leur lieu les locaux où se
réunissaient les autres partis. Cette explication est déjà réfutée
par nos remarques précédentes. Et Paul se serait bien gardé de
légaliser en quelque sorte la scission qu'il blâmait si sévèrement.
L'explication de Meyer, suivie par
Beet et Edwards,
me paraît plus forcée encore ; l'expression notre
lieu désignerait les communautés chrétiennes d'Achaïe,
en tant que propriété morale des apôtres (ici de Paul et de Sosthènes
qui y ont prêché l'Evangile) ; et l'expression leur
lieu se rapporterait à ces mêmes communautés, en tant que
dépendant de l'Eglise de Corinthe, leur métropole. Une telle monstruosité
exégétique mérite-t-elle réfutation ?
Cependant elle est encore dépassée, si possible, par l'explication
de Hofmann, d'après laquelle Paul
voudrait dire que les chrétiens (eux),
plus spécialement les prédicateurs de l'Evangile (nous),
se trouvent partout chez eux là où Christ est invoqué !
Il faut tout simplement, avec Chrysostome,
Calvin, Olhausen, etc., renoncer à faire dépendre les compléments
d'eux et de nous du mot lien ; et laisser à la locution : en tout
lieu, son sens absolu et général.
Quant aux deux pronoms autwn et hmwn,
d'eux et de nous, ils dépendent du
mot Seigneur, et sont la reprise plus
détaillée du pronom hmwn (notre
Seigneur), qui précédait : Notre Seigneur, qui l'est non seulement
de vous, nos lecteurs, mais aussi
de nous, vos prédicateurs.
Il y a là comme une protestation anticipée contre ceux qui, oubliant
qu'il n'y a dans l'Eglise qu'un seul Seigneur, disent :
Moi, je suis de Paul ; moi, d'Apollos ; moi, de Pierre !
... Qui est Paul, qui est Apollos, autre chose
que des serviteurs par lesquels
vous avez cru, par chacun d'eux selon que le Seigneur lui a donné
? (3:5, 3:22-23).
C'est tellement là la préoccupation dominante dans l'esprit de
l'apôtre, dès le commencement de cette lettre, que six fois, du
verset 1 au verset 10, il répète cette expression de
notre Seigneur Jésus-Christ.
La leçon reçue te kai, au lieu du simple
kai, peut certainement se soutenir, lors
même qu'elle a contre elle plusieurs manuscrits importants : elle
insiste un peu plus fortement sur le fait que les fidèles ont
Jésus-Christ pour leur seul Seigneur,
aussi bien que les prédicateurs, et par là se justifie mieux la
reprise du hmwn précédent dans ces deux
pronoms.
|
1:3 Grâce et
paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur
Jésus-Christ !
|
Ce vœu est la paraphrase chrétienne des salutations grecques
(kairein, Actes 23:26) et hébraïque (Paix
te soit).
La grâce est la bienveillance divine
s'inclinant, pleine de compassion, vers le pécheur, pour lui pardonner
; vers l'enfant réconcilié, pour le bénir.
La paix est la quiétude profonde
dont la foi à cet amour divin remplit le cœur du fidèle.
Paul ne dit pas : vous soient données de Dieu par
Jésus-Christ ; mais de Dieu et de
Jésus-christ, car Jésus n'est pas à ses yeux le canal impersonnel
de l'amour divin : il aime de son propre amour de frère, comme
Dieu aime de son amour de Père.
Par ce vœu, l'apôtre invite les Corinthiens à se replacer toujours
de nouveau sous l'action de cette double source de salut, l'amour
du Père et l'amour du Fils.
Nous avons dit que dans l'adresse des lettres de Paul se trahissent
déjà les préoccupations dont son âme est remplie au moment d'écrire
: on le constate aisément dans les épîtres aux Romains et aux
Galates, et nous en avons aussi la preuve dans l'adresse que nous
venons d'étudier.
La sainteté comme caractère des membres de l'Eglise ; la relation
de vie commune entre l'Eglise particulière et l'Eglise universelle
; la dignité de Seigneur, comme ne convenant qu'au seul Jésus
; tels sont les traits qui distinguent cette adresse de toute
autre ; et n'est-il pas manifeste qu'ils sont inspirés à l'apôtre
par les circonstances particulières de l'Eglise de Corinthe, au
moment où il écrit ?
|
L'épître aux Galates est la seule où, de l'adresse, l'apôtre
passe directement à la tractation, sans placer entre deux une
action de grâces. Cela tient au ton de réprimande brusque et sévère
qui caractérise le commencement de cette lettre
Dans les autres épîtres, avant de parler à l'Eglise de ce qui
lui manque, de ce qu'il veut lui enseigner ou corriger chez elle,
l'apôtre commence par exprimer sa reconnaissance pour l'uvre
déjà accomplie et les vœux qu'il forme pour les nouveaux progrès
à faire.
C'est ce qu'il fait ici dans les versets 4 à 9. Mais, tout comme
dans les adresses, il y a dans ces actions de grâces une grande
variété, selon l'état de chaque Eglise. Si l'on compare celle
qui va suivre avec celles des deux épîtres aux Thessaloniciens,
on sentira immédiatement toute la différence : là , il félicite
les Thessaloniciens de l'uvre de leur foi,
du travail de leur amour,
de la constance de leur espérance
(1 Thessaloniciens 1:3 ; 2 Thessaloniciens 1:3 et suivants).
Ici, rien de semblable : l'apôtre bénit Dieu pour les dons spirituels,
soit de connaissance, soit de parole,
qu'il fait abonder à Corinthe. Nous comprendrons sans peine la
raison de cette différence.
|
1:4-6
Je rends continuellement grâces à mon Dieu à votre sujet, pour la
grâce de Dieu qui vous a été donnée en Jésus-Christ, 5
parce qu'en toutes choses vous avez été enrichis en lui, en toute
espèce de parole et en toute espèce de connaissance,
6 selon la manière dont, le témoignage du Christ a été confirmé
parmi vous ;
|
ALEPH, B, omettent
le mot mou de
moi.
B, F, G lisent qeou
de Dieu, au lieu de tou
Cristou du Christ.
|
En raison de la sévérité des reproches que renfermera cette lettre,
quelques interprètes ont cru voir dans l'action de grâces suivante
une teinte de flatterie ou bien d'ironie.
Mais l'épître entière montre que l'apôtre n'est pas un adulateur
et l'ironie est exclue par cette expression :
Je rends grâces à mon Dieu.
Lors même qu'il manquait beaucoup de choses à l'Eglise de Corinthe,
la reconnaissance qu'exprime l'apôtre envers son Dieu pour ce
qu'il a fait en sa faveur, n'en est pas moins sincère et sérieuse
; c'est ce qui ressort du reste de la mesure même qu'il apporte
à ses éloges dans les termes dont il se sert.
Il adresse ses remerciements à son
Dieu : par là, il désigne Dieu comme celui dans l'intimité duquel
il vit et travaille ; qui l'a, en particulier, assisté dans son
œuvre à Corinthe, et lui a donné là les preuves les plus personnelles
de son secours et de son amour (Actes 18:9 à 10) ; s'il emploie
le mot mon au lieu de notre
(Sosthènes et moi), c'est qu'il s'agit ici de sa relation personnelle
avec Dieu à laquelle il ne peut associer aucun de ceux qui travaillent
avec lui.
C'est sans doute par erreur que le Sinaïticus et le Vaticanus
ont omis ce pronom mou. Le premier correcteur
du Sinaïticus qui est presque contemporain du copiste, l'a déjà
suppléé (Edwards).
Le mot continuellement pourrait paraître
exagéré ; mais la préoccupation constante de l'apôtre était l'Eglise
en général, et celle de Corinthe en était l'un des membres les
plus importants.
Le terme général à votre sujet, est
déterminé par l'expression plus précise pour
la grâce de Dieu qui..., destinée à énoncer le sujet le
plus spécial de l'action de grâces.
Cette grâce comprend tout l'état de salut, avec la vie nouvelle
qui s'est déployée dans l'Eglise. C'est à tort, me paraît-il,
que beaucoup d'interprètes restreignent l'application de ce mot
grâce aux dons spirituels dont il
va être parlé : le terme est plus général.
Verset 5. Dans le sens du mot grâce
que nous venons de rejeter, il faudrait traduire oti
par en ce que. Mais si nous prenons
ce mot grâce dans le sens le plus
général, oti doit être traduit par vu
que ou parce que. En effet,
c'est ici un fait nouveau prouvant la réalité du précédent. C'est
seulement de l'état de grâce qu'a pu surgir l'abondance de dons
qui distingue l'Eglise de Corinthe et qui motive plus spécialement
la gratitude de l'apôtre.
Le : en toute chose, est déterminé
par les deux termes suivants de connaissance
et de parole. La suite de l'épître
ne laisse aucun doute sur le sens de ces deux termes.
Les chapitres 12 à 14 montreront quelle richesse de dons, soit
de connaissance chrétienne, soit de manifestations en parole (langues,
prophéties, enseignement), avait été accordée à cette Eglise.
On voit par 8:1 et 10 ; 12:2, 8 et 9, que le mot gnwsis,
connaissance, désigne l'intelligence
des faits du salut et de leurs applications diverses à la vie
chrétienne. Il renferme ici l'idée de sofia,
sagesse, qui en est parfois distinguée
(comparez 12:8).
Le terme de parole a été appliqué
par de Wette au riche enseignement
chrétien que les Corinthiens avaient reçu de la bouche de Paul
et où ils avaient puisé leur connaissance évangélique. Mais le
terme de parole doit désigner un don
spirituel accordé aux Corinthiens, et en relation avec le terme
de connaissance. Il s'agit donc de ces différentes formes du langage
nouveau que le Saint-Esprit avait développé dans l'Eglise.
Le verbe eploutisqhte en indique l'abondance
; le mot panti, toute,
la variété (comparez. 14:26 : Lorsque
vous vous réunissez, chacun de vous a un psaume, un enseignement,
une parole en langue, une révélation, une interprétation...
)
Edwards voit dans cet aoriste une
allusion à la perte actuelle de cette richesse précédente, comme
si l'on devait traduire : Vous aviez été
enrichis. C'est assurément une erreur : la richesse subsistait
encore, comme le montrent les chapitres 12 à 14 .L'aoriste se
rapporte simplement au moment où eut lieu la dotation spirituelle
de l'Eglise, lorsque sa foi fut scellée par la communication de
l'Esprit.
Ce n'est pas accidentellement que l'apôtre mentionne ici uniquement
les facultés spéculatives et oratoires, et non les vertus morales
; Les dons de l'Esprit et non les
fruits de l'Esprit, comme à Thessalonique.
Son intention n'est pas douteuse ; car au chapitre 13, versets
8 à 13, il oppose lui-même les deux principaux dons de parole,
les langues et la prophétie, puis la connaissance, comme des choses
qui passent, aux trois choses qui demeurent : la foi, l'espérance
et la charité.
A côté de la richesse dont l'apôtre rend grâces, nous discernons
donc ici déjà le déficit qui l'afflige, mais dont il ne parle
pas, parce que ce serait contraire au but de ce passage consacré
à l'action de grâces. Ce déficit était en rapport avec le caractère
de l'esprit grec, qui se distinguait plutôt par les dons intellectuels
et oratoires, que par le sérieux du cœur et de la conscience.
Verset 6 . Ce verset peut être compris de deux manières.
Les uns (Meyer, Edwards, etc.) y trouvent
l'indication de la cause de cette
abondance de dons qui vient d'être signalée. On applique alors
le terme ebebaiwqh, a
été confirmé, ou plutôt affermi,
à un fait intérieur : en raison de la profondeur et de la fermeté
de la foi avec laquelle l'Evangile s'est implanté (affermi) en
vous.
On s'appuie pour ce sens sur le bebaiwsei
du verset 8 ; mais nous verrons que cette raison ne prouve rien,
parce que l'idée de confirmation s'applique là, non à l'Evangile,
mais à la personne des Corinthiens. Cette explication n'est pas
conforme au sens naturel de kaqws, selon
que, qui indique plutôt un mode qu'une cause.
Le sens me paraît tout autre : l'apôtre veut dire, non que la
richesse de leurs dons est provenue de la profondeur et de la
solidité de leur foi, ce qui serait contraire à l'esprit de tout
ce passage, mais que ces dons ont été le mode
de confirmation de l'Evangile accordé spécialement à l'Eglise
de Corinthe. Ailleurs, Dieu a pu confirmer la prédication apostolique
d'une autre manière : par des miracles, par exemple, ou par les
vertus morales, fruits de l'Esprit ; comparez Hébreux 2:3 :
Le salut qui, ayant d'abord été prêché
par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l'ont
entendu, Dieu même rendant témoignage avec eux par des signes
et des miracles, et la répartition des forces de l'Esprit
; puis 1 et 2 Thessaloniciens 1:3 et Galates 3:2.
La conjonction kaqws convient parfaitement
à ce sens : C'est ainsi, et pas autrement, qu'a eu lieu chez vous
la divine confirmation du témoignage rendu à Christ.
Ce terme de témoignage est employé
ici pour désigner la prédication, parce que celle-ci est essentiellement
l'attestation d'un fait historique (versets 23-24).
Le génitif cristou désigne l'objet
du témoignage, et non son auteur. Il en serait autrement du génitif
qeou, de Dieu,
si on lisait de cette manière avec le Vaticanus.
|
1:7 de sorte qu'il n'y a manque
chez vous à l'égard d'aucun don, en attendant la révélation de
notre seigneur Jésus-Christ ;
|
Dans l'explication du verset précédent que nous avons rejetée,
le wste, de sorte
que, porterait sur le verbe ebebaiwqh
du verset 6 : Votre foi a été tellement affermie, que, ensuite
de cela, aucun don ne vous a fait défaut...
Mais dans le sens du verset 6 que nous avons adopté, ce verset
étant plutôt une observation jetée en passant, il est naturel
de faire porter le wste sur le eplousisqhte
du verset 5, ce qui donne un sens plus simple et plus clair :
Vous avez été enrichis de telle sorte qu'en fait de dons rien
ne vous manque.
Il y a en effet un contraste évident entre les deux idées d'être
enrichi et de manquer.
Le mot ustereisqai, manquer,
désigne un déficit soit par rapport au niveau normal qu'une Eglise
doit atteindre (16:17 ; Colossiens 1:24 ; 1Thessaloniciens 3:10),
soit comparativement à d'autres Eglises plus richement douées
(2Corinthiens 11:5 ; 12:11).
Le premier de ces sens est évidemment celui qui convient le mieux
ici. Les Corinthiens réalisent, au point de vue des dons, des
carismata, tout ce que l'on peut désirer
pour une Eglise terrestre, le men mhdeni
répond au en panti du verset 5.
Le mot carisma, don,
jouera un grand rôle dans cette épître. Comme la forme du terme
grec l'indique, il désigne en général tout produit concret dans
lequel s'incarne la grâce.
Plusieurs interprètes (Calvin, de Wette,
Meyer) appliquent ici ce mot aux biens du salut en général,
comme Romains 1:11 ; mais la relation évidente avec le verset
5 (comparez le rapport de ustereieqai
à ploutisqhnai, et celui de mhdeni
à panti) conduit à donner un sens plus
déterminé au mot carisma.
D'après les deux expressions connaissance
et parole, il doit être appliqué ici
aux nouvelles facultés dont l'Esprit avait doué les membres de
l'Eglise de Corinthe. Ces facultés diverses, qui portent si souvent
chez Paul le nom de carismata, dons
de grâce, sont certainement les effets de la vie surnaturelle
due à la foi en Christ ; mais elles se rattachent cependant aux
aptitudes naturelles préexistantes chez les individus et chez
les peuples, le Saint-Esprit ne se substitue pas à l'âme humaine
; il la sanctifie et consacre au service de l'œuvre du salut ses
talents innés. Par cette destination nouvelle, il les purifie
et les exalte, et leur fait atteindre leur parfait développement.
Voilà ce qui s'était passé à Corinthe, et c'était par là surtout
que le témoignage apostolique avait été divinement confirmé dans
cette Eglise. On voit combien Paul se gare, encore ici, (tout
comme verset 5), de parler des fruits moraux de l'Evangile, car
sur ce point il y avait précisément déficit, et grave déficit,
à Corinthe.
Les mots suivants : en attendant la révélation...,
ont été très diversement compris. Grotius
et Ruckert y ont vu un reproche indirect
pour ceux des membres de l'Eglise qui, d'après le chapitre 15,
niaient la résurrection.
Mais l'apôtre parle de l'attente du retour
du Seigneur, et non de la foi à la résurrection. Chrysostome
suppose qu'il veut les effrayer par ce regard jeté sur l'approche
du jugement ; cela ne conviendrait guère à une action de grâces.
Calvin, Hofmann, Meyer supposent
au contraire qu'il veut les encourager : Vous pouvez aller au-devant
de l'avènement du Seigneur avec confiance, car vous possédez toutes
les grâces suffisantes pour attendre ce moment ; ou bien, comme
dit Meyer : Les bénédictions que vous avez
reçues vous permettent de voir venir le Seigneur sans crainte.
Mais l'apôtre voudrait-il rassurer ainsi des gens qu'il voyait
remplis de la plus présomptueuse satisfaction d'eux-mêmes et livrés
à une trompeuse sécurité ? (Comparez 4:6-8 ; 10:1-22)
Reuss suppose que Paul veut les engager
à mettre à profit les secours spirituels dont ils jouissent actuellement.
Mais Paul aurait énoncé plus clairement cette intention.
Mosheim me paraît s'être rapproché
davantage du vrai sens, en voyant ici une ironie : Il ne vous
manque rien, en attendant pourtant la grande révélation ! Sans
aller jusqu'à croire à un sarcasme qui serait ici déplacé, je
pense qu'il y a réellement dans cet appendice en
attendant la révélation... l'intention de ramener à une
appropriation plus modeste cette Eglise trop satisfaite d'elle-même.
Si riches qu'ils soient, ils ne doivent pas oublier pourtant
que ce n'est encore là qu'un état d'attente ; il ne leur manque
rien... en attendant le moment qui leur donnera tout. Comme il
est dit en effet (13:11), tous nos dons actuels de parole et de
connaissance ont encore le caractère de l'état imparfait de l'enfance,
en comparaison de ce qu'amènera l'état parfait. Il y avait tendance
chez les Corinthiens à anticiper ce dernier état ; ils s'imaginaient
déjà qu'ils nageaient en pleine jouissance du règne de Dieu accompli
(4:8).
L'apôtre leur rappelle que la connaissance réelle est encore
à venir ; et c'est là sans doute la raison pour laquelle il emploie
ici ce terme : la révélation de Jésus-Christ
pour désigner son avènement. Il veut moins caractériser par là
sa présence visible (parousia), que
la pleine révélation et de lui et de toutes choses en lui, qui
accompagnera ce moment-là.
Que deviendront à cette lumière votre connaissance, vos prophéties
et vos extases actuelles ? (Comparez 2Thessaloniciens 1:7 ; l
Pierre 1:7, où l'emploi de ce terme est motivé aussi par le contexte.)
Le terme apekdecesqai composé de trois
mots, apo, loin
de, (ici de loin), ek,
des mains de, et decesqai,
recevoir, peint admirablement l'attitude
de l'attente.
Après avoir exprimé sa reconnaissance pour ce que Dieu a déjà
fait chez ses lecteurs, l'apôtre ajoute, comme Ephésiens 1:17
et suivants et Philippiens 1:6 et suivants, l'espoir que Dieu
accomplira encore en eux tout ce qui leur manque pour qu'ils puissent
subsister dans ce grand jour ; c'est là l'idée des deux versets
suivants.
|
1:8-9 lequel
aussi vous affermira jusqu'à la fin pour que vous soyez irréprochables
au jour de notre seigneur Jésus-Christ. 9
Fidèle est Dieu par lequel vous avez été appelés à la communion
de son Fils Jésus-christ, notre Seigneur.
|
D, E, F, G : acri
telous au lieu de ews telous
D, E, F, G, It : parousia
au lieu de hmera
D, E, F : uf ou
au lieu de di ou
|
Le pronom os, lequel,
se rapporte naturellement à la personne de Jésus-Christ (verset
7). Cependant, ce nom étant expressément répété à la fin du verset,
plusieurs interprètes ont pris de là occasion de rapporter le
pronom os à qeos,
Dieu (verset 4). Mais cette relation
réduirait tout le passage versets 5 à 7 au rôle d'une simple parenthèse
; elle à d'ailleurs contre elle la répétition du mot qeos
au verset 9.
Si l'expression notre Seigneur Jésus-Christ
se retrouve à la fin du verset, au lieu du pronom, cela provient
de ce que le terme le jour de Christ
est une locution en quelque sorte technique dans le Nouveau Testament
; elle répond à celle du jour de l'Eternel
dans l'Ancien Testament.
Le kai, aussi,
rappelle que l'œuvre à accomplir encore ne sera que la légitime
confirmation de celle qui est déjà opérée chez eux.
Il y a sans doute une corrélation intentionnelle entre le bebaiwsei,
affermira du verset 8 et le ebebaiwqh,
a été confirmé, du verset 6. Après
que Dieu a confirmé la prédication de Paul à Corinthe par les
dons que son Esprit y a fait surgir, il saura bien affermir les
croyants dans la foi à l'Evangile jusqu'à la fin.
Cette fin, c'est le retour du Seigneur que l'Eglise doit attendre
incessamment, précisément parce qu'elle ignore le moment (comparez
Luc 12:35-36 ; Marc 13:32). Si cet événement n'arrive pas pendant
la vie de telle ou telle génération, c'est la mort qui le remplace
pour elle, jusqu'à celle pour laquelle il se réalisera extérieurement.
L'expression au jour de Christ, ne
dépend pas du verbe affermira, mais
de l'attribut anegklhtous, irréprochables.
Il faut sous-entendre entre ce verbe et cet adjectif les mots
eis to einai, comme Romains 8:29 ; 1Thessaloniciens
3:13, Philippiens 3:21, (où les mots eis to
genesqai sont une glose), le but est directement lié au
moyen.
angklhtos signifie exempt
d'accusation, et plusieurs appliquent ce mot à l'acte justificatoire
qui couvrira les infirmités et les taches des fidèles à ce moment
suprême, en sorte que, comme dit Meyer,
cette épithète ne serait point équivalente de celle de anamarthtos,
exempt de péché.
Il ne me paraît pas que ce sens convienne aux parallèles 2Corinthiens
7:1 ; 1Thessaloniciens 5:23 ; car ces passages présentent les
fidèles comme complètement sanctifiés en ce moment-là. Si donc
ils ne sont plus sujets à aucune accusation, ce ne sera pas seulement,
comme durant leur carrière terrestre, en vertu de la justification
par la foi, ce sera en vertu de leur sanctification désormais
consommée.
La leçon gréco-latine parousia, avènement,
au lieu de hmera, jour,
n'a aucune vraisemblance.
L'asyndeton entre le verset précédent et celui-ci provient de
ce que ce dernier n'est que la réaffirmation accentuée, sous une
autre forme, de la même idée : la fidélité de Dieu, comme garantie
de l'affermissement des croyants dans leur attachement à l'Evangile.
L'assurance ici exprimée par l'apôtre n'est pas sans doute une
certitude d'ordre mathématique ; car toute la fin du chapitre
9 et la première moitié du chapitre 10 sont destinées à montrer
aux Corinthiens qu'ils peuvent, par manque de vigilance et d'obéissance,
faire échouer en eux l'œuvre divine ; il s'agit d'une certitude
de nature morale, impliquant l'acquiescement de la volonté humaine.
Comme le vous avez été appelés sous-entend
la libre acceptation de la foi, ainsi le maintien dans l'état
de salut suppose la persévérance dans cette acceptation. Mais
l'apôtre ne relève ici que le facteur divin, parce que c'est celui
qui renferme la garantie solide de cette espérance. Les mots par
lequel vous avez été appelés résument l'œuvre accomplie
jadis à Corinthe par le ministère de Paul (comparez Philippiens
1:6).
Il ne faut pas appliquer avec Meyer
l'expression la communion de son Fils Jésus-Christ,
à l'état de gloire dans le royaume céleste. Le terme de koinonia,
communion, a quelque chose d'intime
et d'actuel. Paul veut parler de la participation des fidèles
à la vie de Christ, de leur union étroite avec sa personne déjà
ici-bas.
La locution Jésus-Christ notre Seigneur,
revient pour ainsi dire à chaque phrase dans ce préambule ; elle
reparaît encore dans le verset suivant. On voit que c'est la pensée
qui remplit en ce moment l'esprit de l'apôtre ; car il va énumérer
les noms humains que l'on ose mettre à Corinthe à côté de celui
de ce seul Seigneur.
Cette action de grâces a donc, comme l'adresse précédente, un
caractère très spécialement approprié à l'état de l'Eglise. Tout
en relevant sans détour les grâces qui lui ont été faites, l'apôtre
lui fait entendre clairement ce qui lui manque et ce qu'elle doit
rechercher encore pour être prête à recevoir son Seigneur.
Il passe maintenant à la tractation des divers sujets dont il
a à s'entretenir avec elle.
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Source:
C.R. Lorient, numérisation 2003
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