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La Souffrance Qui Précède la Gloire

La Véritable Communion

Par Arthur Katz

Traduit de l'anglais par Sylvie Kremer

La communauté ou le fait de vivre ensemble est l’endroit où l'on abandonne tout espoir de poursuivre une vie selon la chair. C'est précisément pour cette raison qu'une telle manière de vivre est boudée, dédaignée, dénigrée. C'est pourquoi l'Eglise institutionnelle se réjouit d’entendre des échos relayant les échecs des communautés, parce qu’à ses yeux ces échecs confirment l'idée qu’elle s’en fait. Quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre, la religion organisée dira : "Oh! cela ne marchera jamais. Bien sûr, à l’époque des origines de l'Eglise et à cause des persécutions, il leur fallait partager les biens et tout mettre en commun - mais cela ne pourra jamais marcher aujourd'hui." En substance, ils ne veulent pas que la vie communautaire fonctionne, et ils se réjouissent d’entendre des comptes-rendus relatant l’échec et l’écroulement des tentatives d’une telle vie communautaire.

La vie interne de l’Eglise, non seulement le message qu’elle proclame mais également le reflet du caractère de Dieu, obtenu collectivement en son sein, est en elle-même la sagesse de Dieu qui peut être démontrée devant les puissances de l'air. Elles connaissent Jésus et elles connaissent Paul et il leur est demandé de reconnaître n'importe quel groupe de croyants qui ne sont pas seulement de simples religieux et de bons Baptistes mais des personnes qui sont ensemble, qui vivent en communauté, dans l'amour et la justice, qui ne sont pas en peine de leur sécurité, qui ont confiance en Dieu et qui dépendent les uns des autres. Ceux-là expriment la sagesse de Dieu, et à son centre se trouve la Croix. Ce résultat ne s'obtient pas sans souffrance, et bien naïfs serions-nous de croire que l'Eglise est un lieu de plaisir. A partir de notre propre expérience, nous pouvons dire que nous avons expérimenté la souffrance en communauté, mais nous avons connu et goûté à la gloire de Dieu. La souffrance précède toujours la gloire. Nous allons être découverts, humiliés, et notre faiblesse sera révélée. Vous pouvez être une personne merveilleuse quand vous parlez en public et sous l'onction de l'Esprit, mais comment êtes-vous le lundi avec votre épouse et vos enfants ? En communauté, toutes nos faiblesses sont dévoilées.

Jésus a supporté toutes Ses souffrances par anticipation de la joie qui en découlerait. Il entrevoyait les répercussions de Ses souffrances dans l'éternité, et c'est la vision que nous devons en avoir. Telle est la sagesse de Dieu, car se réjouir dans la souffrance est une contradiction. C'est contraire à la raison et à ce que nous croyons naturel à l'homme. Ce qui est naturel à l'homme, c'est la survie : "Prends soin du numéro un. Préserve-toi. Prends soin de ton corps. Évite la douleur…" Telle est la sagesse du monde. Or la sagesse qui peut se réjouir dans la souffrance est d'une autre nature. C'est la seule sagesse qui anéantit les puissances de l'air. C'est la sagesse suprême, mais cela ne suffit pas d'en parler. Elle doit être manifestée, exprimée par une Église dont la vie intérieure est la proclamation de l'infinie sagesse de Dieu. Qu'elle en parle ou non, la véritable vie intérieure est bien celle-ci. On y parvient par les tests et les épreuves, par les pressions permises par Dieu, par la pression de l'Esprit et tout ce que nous devons combattre pour améliorer nos relations. Nous devenons un, comme Lui-même est un, dans toutes nos différences, nos personnalités divergentes et dans ce qui nous touche jusqu'aux entrailles. Le premier réflexe est de vouloir chercher la première communauté charismatique et évangélique qui se présente, simplement pour être soulagé de la tension de toutes ces exigences. C'est précisément par ces tensions que Dieu, néanmoins, forme Sa personnalité en nous.

 

Les opérations de Dieu

En communauté, nous observons l’œuvre divine de complet démembrement dans le cœur des personnes. Nous observons Dieu les mettre à part. Nous ne parlons pas de chrétiens ordinaires, mais de croyants exceptionnels qui ont abandonné leurs emplois, leurs foyers, pour se joindre à notre environnement rude du Minnesota, aux hivers arctiques. Ils forment déjà un peuple spécial, et pourtant, la façon dont Dieu agit en eux est extraordinaire. Nous les voyons agir d’une manière dont ils n’auraient jamais pensé être eux-mêmes capables, et lorsqu'ils arrivent dans un état de mort misérable réalisant leur condition lamentable, il est nécessaire que nous, qui sommes avec eux, les soutenions dans cet état de décomposition, jusqu'à ce que cette mort ait accompli son œuvre complète.

Nous avions un frère qui a expérimenté ce processus. Il est arrivé dans notre communauté en se prenant pour un élu charismatique exceptionnel; or en l'espace de quelques semaines de tests et d'épreuves sérieuses, sa vie a été comme mise à part ; il était parvenu à cette mort, à ce sentiment d’être misérable - et nous ne pouvions pas l'aider. Alors que nous revenions d’une réunion, nous avons passé devant sa maison et mon épouse m’a demandé : "Pourquoi ne vas-tu pas le réconforter? Après tout, tu as un rôle de responsable." Je lui ai dit : "Oui, c'est une bonne idée." J’ai commencé à tourner, mais il m’a été impossible d’aller plus loin . En aucune façon, le Seigneur ne voulait m’autoriser à interférer dans ce processus de mort qui était en train de s’opérer, ni à apporter prématurément une fausse consolation, alors que celle-ci n'était pas opportune. Cet homme devait expérimenter la mort dans son intégralité - et il l’a fait - et cela a été une délivrance glorieuse qui s’est produite plus tard, en raison du fait que nous n’avions pas interféré. Par conséquent, nous avons besoin de discrétion, de discernement et d’être conduits par l'Esprit. Nous ne devons pas faire ces choses de façon mécanique. Tout dépend de notre maturité personnelle et de ce que le Seigneur a pu ou non accomplir en nous Son œuvre complète. Aucun de nous ne peut parvenir à ce résultat par lui-même. Nous parvenons à cette maturité par l'interaction quotidienne avec les frères, par les relations fraternelles et par notre propre accueil favorable de la correction et du conseil.

 

Dire la vérité

Celui qui dit la vérité dans l'amour doit lui-même être vrai. Ceci n’est pas quelque chose d’insignifiant. La vérité coûte dans ses exigences, et c’est pourquoi seuls ceux qui aiment la vérité échappent à la séduction. Nous devons aimer la vérité car c'est quelque chose de si exigeant, de si coûteux et de si pénétrant. Il ne s’agit pas seulement de la vérité de nos idées et de nos doctrines, mais nous-mêmes devons être vrais de fond en comble, dans notre attitude, notre langage, nos yeux, nos pensées - tout ce que nous sommes.

Toutes les choses compromettantes du monde et même de l'Eglise doivent nous rendre vigilants quotidiennement. Chacun de nous porte en lui-même une part d'aveuglement qui a besoin de la vérité qui ne peut venir que du frère ou de la sœur. Nous sommes incapables de le voir par nous-mêmes. Aurons-nous suffisamment d'humilité pour l'accepter quand elle se présentera, ou serons-nous pleins de ressentiment ? La véritable humilité n'est pas la soumission aux croyants les plus matures de la communauté, mais la soumission aux croyants les plus faibles et les plus jeunes. Serons-nous capables d’entendre sortir, de leur bouche, la Parole de Dieu ? Reconnaîtrons-nous alors que c'est Dieu qui s'exprime par le faible et l'immature? C'est par ce moyen que j'ai été sauvé du mensonge. J'étais pleinement convaincu que ce que je faisais était tout à fait juste. J’avais acquis une longue expérience avec Dieu dans le fait d’être conduit par l'Esprit de manière radicale, quand est venue la parole de correction, non pas de la part des membres matures de la communauté, mais du plus inexpérimenté et du plus insignifiant. Au moment même où j'ai entendu cette parole, ma tête est tombée. C'était la Parole de Dieu pour moi.

Quelle jalousie nous devons par conséquent avoir, et quel courage pour dire toute la vérité, sans se soucier des conséquences. Cela exige un amour de la vérité qui va au-delà de notre succès en tant que ministres, ou du succès de nos dénominations ou de nos assemblées. Notre amour pour Dieu n'est pas plus grand que notre amour de la vérité. Ne mesurez pas votre amour pour Dieu avec votre euphorie extatique issue d'une relation imaginaire avec le Seigneur, stimulée par les chœurs et les moments d'adoration. Ne vous y trompez pas. Où est notre amour sans masque de la vérité, à l'aube froide et grise du lundi matin, quand la situation est inopportune et très contraignante? Telle est la mesure de notre amour pour Dieu. L'amour de la vérité et de la justice réclame de nous un acte quels qu’en soient le dérangement et la conséquence qu’il produira. La vérité a un prix, et si nous ne sommes pas prêts à mourir pour elle, alors nous ne l’aimons pas réellement. La vérité n'est pas une chose abstraite, séparée de Dieu. Elle n’est pas la vérité concernant Dieu. C'est Dieu qui est la vérité, la vie et le chemin. Cet amour doit être cultivé et nourri, et il nous faut vivre dans un environnement qui chérit la vérité, qui ne tolérera pas le mensonge, ni n’arrondira les angles. Nous ne sommes pas suffisants pour ces choses, en nous-mêmes ; c'est pourquoi nous avons besoin des frères et sœurs en soutien journalier.

Je me souviens d‘avoir prêché dans une assemblée où trois des responsables féminins avaient toutes quitté leurs époux et vivaient des relations adultères. Comment ce dérapage s'était-il produit? Des femmes qui avaient d'abord été suprêmement spirituelles, étaient, à présent, devenues comme des prostituées qui avaient déshonoré toute l'assemblée, le nom de Dieu et l'autorité de cette assemblée dans sa communauté. A quel moment le premier levain de la séduction du péché avait-il agi ? La première œuvre du péché, c'est de ne pas se révéler en tant que tel. C’est cela même la séduction qu’il exerce. Il déguise sa véritable nature de péché, en la transformant en désir légitime. Où cela avait-il commencé et comment était-il possible que les proches n’eussent rien discerné? Pourquoi n'avait-on pas soupçonné ces femmes plus tôt en constatant la première fois leur disposition à l'aventure? Pourquoi personne n'avait-il dit : "Attention sœur, ce n'est pas un comportement digne de la part d'un saint. Je remarque quelque chose dans tes yeux, dans ta voix, dans ta façon de taquiner et de charmer les hommes. Nous savons que tu aimes les frères et sœurs, mais tu ne devrais pas te conduire de cette manière, c'est inconvenant." De ce peu de levain, la corruption gagne finalement toute la masse. Le fait que c'était une assemblée charismatique peut être l'une des raisons de ce dérapage. Les membres n'étaient pas apostoliques, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas authentiquement reliés les uns aux autres. L'authenticité implique la Croix, l'humiliation de la souffrance, la correction et la réprobation, et la possibilité de soulever une question qui doit être portée à notre considération. Êtes-vous prêts à écouter les paroles douloureuses de l'autre, et êtes-vous prêts à en parler? C'est cela la Croix!

Paul ne s’est pas soustrait à la confrontation avec Pierre au sujet de ses incohérences, quant à son comportement différent selon qu'il côtoyait des Gentils ou des Juifs. Il y avait, dans la propre conduite de Pierre, de la duplicité et de la tromperie qui compromettaient déjà l'Evangile. Paul l’a confronté face à face, et ceci devant les frères, pour sauvegarder la pureté de l'Evangile. Paul a fait voir à Pierre le subterfuge qui avait déjà séduit Barnabas, ainsi que d'autres qui étaient tombés dans le même mensonge. A quel point aimerions-nous retourner dans une église de laquelle on nous ferait sortir les pieds devant, pour être enterrés par les jeunes gens, si nous nous avisions à offrir quelque chose qui ne serait pas complètement vrai, mais que nous avions présenté comme vrai? A quel point aimeriez-vous que ce type de jugement vienne de nouveau dans l’Eglise? Ainsi en était-il au commencement. L'Eglise était alors un témoignage puissant, et une grande crainte régnait en son sein sur tous ses membres. Aujourd'hui, la crainte est profondément absente de l'Eglise.

Ce fut Pierre qui avait discerné qu'Ananias et Saphira ne donnaient qu'une partie de l'argent, et pourtant c'est ce même Pierre que Paul a confondu, peu de temps après seulement, dans l’épître aux Galates. C’est celui-là même qui avait une telle intimité avec Dieu, au point de pouvoir discerner un mensonge et la compromission d'un tiers, qui lui-même, un peu plus tard, use de mensonge et doit être repris par un tiers. Cela signifie que nous avons besoin les uns des autres. Chacun de nous a une part d'aveuglement et personne n'est à l’abri de la séduction. L'homme qui croit être immunisé contre la séduction est la victime idéale de la séduction.

C'est la raison pour laquelle bon nombre de nos télé-évangélistes de premier plan tombent. Où étaient ceux qui étaient en relation avec eux et qui auraient pu aborder le problème - sans se brûler? Lorsqu'on reçoit son salaire et sa subsistance de tels hommes, on se sent alors presque forcé d'agir et de parler d'une certaine manière, pour maintenir un confort personnel. Vivaient-ils en communauté, dans un contexte apostolique ou dans une structure institutionnelle, entourés d'hommes qui ne faisaient que les renforcer dans leur égarement et qui les approuvaient sans discussion? Accepteraient-ils de vivre dans une communauté, malgré leur statut de grands évangélistes, où les membres les plus jeunes et les plus faibles pourraient être les instruments servant à leur apporter la correction? Dieu observe tout cela avec chagrin, et nous sommes tous impliqués et tous coupables dans cette affaire. Nous sommes si captivés par leur personnalité que nous signons nos chèques, perpétuant, de ce fait, tout ce système. La critique et l’analyse les plus puissantes de leur chute ne viennent pas de l'Eglise, mais des journalistes laïques. L'Eglise n’est même pas capable de se livrer à une analyse critique, de comprendre correctement l'échec de ses plus hauts responsables ; non, il a fallu que cette compréhension vienne de la part du monde séculier. Quelle honte et quel embarras, et personne ne soulève la question de savoir s’il n’y a pas quelque chose d’intrinsèquement mauvais au sein des dénominations dont ces hommes sont issus.

J'exhorte souvent les églises à surveiller tout changement dans la voix et l'inflexion de leur prédicateur. Si la réalité de son discours devient professionnelle, c'est à ce moment précis qu'il faut l'avertir car il est fort probable qu’il ne puisse pas en prendre conscience par lui-même. C'est quelque chose qui arrive comme un glissement continuel qui, chaque jour, dimanche après dimanche, vous conduit à devenir l'interprète d'un style religieux, au lieu d’être quelqu'un qui exprime la vérité de sa vie et de ses connaissances. Cependant, l'homme a de fortes chances d’être incapable de s'en rendre compte par lui-même, si on ne le lui dit pas. Comment le lui annoncera-t-on? Il suffit de dire : "Je dois simplement t'avouer que, lorsque je t'ai entendu parler, il y a quelques semaines, j'ai ressenti un certain malaise dans mon esprit. J'ai peine à le définir, mais il y a quelque chose dans ta façon de parler, dans ton inflexion et ta voix, qui résonne comme un discours que je qualifierais de professionnel, en l’absence de mots plus appropriés. Tes paroles et ta voix s'éloignent de la réalité. Avant, c'était si naturel et si simple, alors que maintenant, c'est de plus en plus 'moralisateur'. Pardonne-moi si je ne comprends pas, mais je pense devoir te le dire." C'est cela dire la vérité dans l'amour, par de telles observations, en identifiant quelque chose et en le rapportant dès son apparition, avec le courage, l'amour et la sensibilité de l'Esprit; telle est la condition pour une Église véritable. Nous avons besoin de tels cœurs, à la fois pour dire ces choses et pour les entendre quand nous avons besoin de les recevoir - sinon nous deviendrons faux. C'est pourquoi le souci de l'amour est aussi important que celui de la vérité. Si nous annonçons la vérité de manière critique, alors elle n'aura aucune valeur rédemptrice.

L'un des moyens de distinguer l'amour véritable de l’amour humain faux, c'est de déterminer la fin qu’il sert. Si c'est une ruse, une formule ou une manœuvre, destinée à gagner quelque chose pour soi-même, alors ce n'est pas l’amour véritable. Il est aisé de se mouvoir sur le plan sentimental, à notre insu, et de penser que c'est le reflet de l'amour véritable. Cela peut se produire dans le cas d'un mariage où un effet de symbiose conduit deux partenaires à profiter d'une illusion et de s'en réjouir, parce qu'elle procure un certain sentiment de compatibilité et un certain plaisir – mais l'épreuve de la réalité conduit à la rupture. Le prétendu "amour" se change en haine, car l'illusion romantique est brisée et la réalité n'est pas conforme à l'attente. L' "amour" qui n'a jamais été vrai, mais plutôt un amour de l'amour et non de la personne, ne peut supporter cet échec. Et dans le cas de la trahison et de la déception, cet "amour" là se changera en haine.

Si nous avons jusqu’à présent fonctionné de cette manière dans nos mariages, que pouvons-nous alors attendre de nos églises? Il existe un corollaire si remarquable entre la part d'illusion que nous cultivons dans les domaines de notre vie privée et du mariage, et ce que nous apportons dans le Corps et dans nos communautés. Dans les deux cas, nous avons besoin d’être au plus haut point authentiques et vrais. Avons-nous suffisamment d'amour véritable l'un pour l'autre pour que cet amour ait le pouvoir de percer la bulle de ce qui est illusoire et trompeur, lorsque le Seigneur nous le révélera? Dirons-nous la vérité avec amour aux frères, quand bien même leur duplicité leur procure la jouissance de quelques avantages ? C'est ce genre d’amour que Dieu veut voir s'exprimer dans Son Corps, car il est en parfait accord avec la vérité. L'amour de la vérité et l'amour de Dieu sont indissociables et identiques. Il requiert de chérir, avec une suprême jalousie, l’authenticité de l'Eglise, sans laquelle Dieu ne pourra pas être glorifié. L'Eglise de Dieu est Son antidote contre l'illusion, le faux-semblant, la pensée nostalgique, l'amour tronqué, et contre tout ce qui fait courir l'humanité vers sa perte à une vitesse vertigineuse.

Inversement, sommes-nous capables d’aimer suffisamment au point de refuser de parler et de rester silencieux - même s’il semblerait justifié d'apporter une parole de correction? Ne pensons pas devoir systématiquement apporter aide et réconfort à quelqu'un qui gémit sous les traitements de Dieu. Pouvons-nous supporter d’être qualifiés de gens sans cœur, sans amour, voire indifférents? Paradoxalement, l'amour véritable peut, à l’occasion, susciter de la part des gens le reproche d’être charmeur, tandis que la sentimentalité qui a un but égoïste, aura plus de chances d’être acclamée par les gens "superficiels" comme étant de "l'amour". Que ce soit pour percer la bulle ou pour se taire, le discernement, l'amour et la discipline sont nécessaires, vertus qui appartiennent à Dieu, de la part d'un peuple parvenu à maturité.

 

Face à face

De façon absolument prioritaire, nous devons adresser au Seigneur cette prière qui est de la plus haute importance : qu'Il nous dirige vers quelque expression authentique du Corps de Christ, où nous pourrons soumettre notre vie, notre personnalité et notre conduite à l'autorité de ce Corps, pour en recevoir correction et réprimande. Il se peut qu’une telle expression ne se trouve pas dans l'église. Il se peut que vous la trouviez dans un groupe d'étude biblique ou au sein d'un groupe informel de personnes qui se réunissent une fois par semaine et qui cherchent sincèrement à aller plus loin avec Dieu; au moment où le Seigneur vous révélera ce groupe, vous vous y soumettrez. C'est par cette relation de face à face quotidienne ou fréquente que vous recevrez tout ce dont vous avez besoin. Cette situation de face à face n'est pas quelque chose d'insignifiant, ni d'inutile. Si nous ne voulons pas nous rencontrer face à face, comment alors Israël rencontrera-t-il face à face Son Dieu (Ezéchiel 20) dans le désert, dans un jour proche? Dieu prépare le terrain pour déraciner le monde juif dans l'unique but de le rencontrer face à face dans le désert. C’est le degré auquel nous sommes disposés aujourd’hui à nous rencontrer face à face qui déterminera à quel degré ce visage auquel Israël sera alors confronté sera celui de Dieu.

Il doit y avoir un minimum d'intimité, car la configuration constituée par une grande église bloque l’écoulement de la vie. Il est un endroit où l’on peut se rencontrer par centaines. Lors d'une célébration, cela peut être l'occasion de se réjouir de l'action de Dieu au sein de Son Corps, dans une communion plus intime des saints, dans le cadre le plus réduit ; cependant il n’est pas possible de substituer cette œuvre dynamique par laquelle le Corps reçoit la vie par cette célébration dominicale. L’on peut célébrer la vie le dimanche, mais la vie doit s'obtenir plus fréquemment, par cette relation intime de face à face des saints, où chacun manifeste les dispensations de la Tête.

Notre désir de voir la gloire de Dieu dans l'Eglise ne signifie pas qu’elle se manifestera automatiquement. Mais cela doit être notre principale préoccupation. Il est tragique de constater que nous sommes plus disposés à nous contenter de parler de la gloire de Dieu, que de nous attendre de manière réaliste à voir cette gloire. Nous souhaitons notre succès personnel et la continuité de nos affaires. Curieusement, ceux qui cherchent à communiquer la gloire de Dieu ne sont pas accueillis à bras ouverts. Nous faisons figure de personnalités constituant une menace ; tout ce dont nous sommes en train de parler, l’intensité de ce genre de relation, qui soulève des problématiques concernant la vérité, représentent tout ce que refusent les assemblées. Le désir de ces assemblées, c'est d'augmenter le volume des amplificateurs, d'avoir des conducteurs de chant, des conducteurs de louange, de la musique, des responsables de culte, de baigner dans une sensation d’euphorie, et d'avoir l’impression d'une église vivante, sans cependant sa réalité fondamentale et indubitable. Nous représentons un christianisme qui cherche la sensation de la puissance de Dieu et des dons de Dieu, mais qui rejette la Croix de Dieu.

J'ai entendu parler de la Croix d'une manière qui m'a laissé totalement indifférent. La seule fois où la prédication de la Croix devient réellement la question de la Croix, c'est lorsque l'homme qui en parle se suspend à cette croix; et cela, peu de prédicateurs le font. En fait, les hommes sont habiles à éviter le sujet, et ils ne s'en privent pas; spécialement s'ils n'ont aucune connaissance pratique de cette souffrance et de cette mort. Par la simple écoute et par la simple réaction de notre propre esprit, il est facile de dire si ce que nous entendons est une parole de vérité. La vérité est puissante, elle produit une exigence; elle provoque un défi et apporte la conviction. La vérité nous appelle en fait à la Croix !

J'ai été enseignant pendant sept ans et ce qui est la base de tout le système éducatif, c'est la simple satisfaction de la verbalisation des choses et la capacité à les répéter ou à les restituer, sans l’actualisation de ces connaissances. Nous n'avons pas été suffisamment existentiels, et nous n’avons pas exigé des élèves une authentique appropriation de ces connaissances. Si nous ne sommes capables que de les réciter exactement comme une doctrine, alors nous possédons une foi confessante, au lieu d’une foi existentielle, et nous nous satisfaisons des credos, en leur conférant le statut de la vérité, alors qu'en fait cette démarche la transforme un mensonge. Il s'agit, le plus souvent, d'un acquiescement tacite de la part de nos responsables : "Vous présentez un message biblique, et nous réglerons la note, ainsi nous aurons un culte du dimanche qui laissera nos vies libres de toute exigence qui pourrait toucher nos véritables motivations et nos intérêts personnels." En d'autres termes, nous ne voulons pas d’un message qui risque de remettre en question la véritable position de notre cœur. Nous préférons plutôt pouvoir dire "Amen" et "Nous sommes allés à l'église".

Lorsque nous avons démarré la vie communautaire, l’une des premières choses que j'ai entendue de mes propres enfants a été ceci : "Papa, pouvons-nous aller au centre commercial?" Il s'avérait qu'ils ne désiraient rien acheter, ils voulaient seulement voir les produits. Plus tard, j'ai constaté la même chose dans la communauté. Les gens voulaient s'en aller à cause de la monotonie de l'endroit. Il y avait toujours les mêmes visages et un manque de plaisirs variés et de distraction. Le besoin était là : nos yeux sont avides de voir des choses diversifiées et différentes. On ressent un certain plaisir à marcher le long d'une galerie marchande, à regarder par les vitrines, à voir les marchandises, à voir la diversité des objets, à voir, à voir… La communauté est un lieu simple et sobre. Il n'y a rien à voir, pas de distraction; c'est vous et Dieu - le plat total !

L'un des tests de la vie communautaire est de savoir si l'on est capable d’apprécier la communion des saints et la richesse de notre vie communautaire sans avoir nécessairement à échanger des banalités. Même dans le silence, nous pouvons nous apprécier réciproquement. Nous avons dépassé le stade des paroles échangées à la va-vite, y compris sur le plan religieux, car nous chérissons le silence autant que nous chérissons la communication, et nous avons un tel respect de Dieu et de Sa gloire que nous savons que les banalités n'ont pas lieu d’être.

Nous avons également besoin de discerner par l'Esprit qui le Seigneur nous envoie. Il n'y a pas d'autre qualification que celle-ci. Vous n'avez pas besoin d’être mature ou d’être un grand disciple ou de venir avec de l'argent - venez simplement. La seule question que vous devez vous poser est : " Dieu m’a-t-Il envoyé?" La personne a besoin de le savoir et la communauté doit le savoir, parce qu’elles auront à traverser des épreuves et certaines conditions très exigeantes. Si vous savez que vous avez été appelé, alors vous pourrez supporter toutes sortes d'épreuves qui surviendront. Nous devrions nous abandonner à la confiance complète en la souveraineté de Dieu, quelles que soient les circonstances qui surviendront, et nous les accueilleront dans une paix et une joie totales. Sommes-nous à cet endroit maintenant ? Serions-nous jamais allés jusque là par la seule voie par laquelle cet endroit puisse être atteint, à savoir par le sacrifice et la souffrance du Corps de Christ, en communauté, dans les concessions, dans la gestion courageuse des relations et des conflits, sans avoir reçu un tel appel?

Référence: The True Fellowship, Arthur Katz – Chapitre 4.

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