Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
|
Par Arthur W. Pink Dans ce chapitre l'apôtre fait deux choses : D'abord, il montre ce que n'est pas et ce qu'est la relation entre la loi et le croyant - juridiquement, le croyant est affranchi de la malédiction ou de la condamnation de la loi (7:1-6); moralement, le croyant est captif des liens de la loi (versets 22 et 25). Deuxièmement, il met en garde contre une fausse déduction prenant sa source de ce qu'il a enseigné au chapitre 6. En 6:1-11, il met en évidence l'identification du croyant avec Christ, comme étant "mort au péché" (versets 2, 7, etc.). Puis, à partir du verset 11, il montre l'effet que cette vérité devrait avoir sur la marche du croyant. Au chapitre 7, il développe le même schéma de pensée. En 7:1-6, il traite de l'identification du croyant avec Christ, en tant que "mort à la loi" (voir versets 4 et 6). Puis, à partir du verset 7, il décrit les expériences du chrétien. Ainsi, la première moitié de Romains 6 et la première moitié de Romains 7 concernent la position du croyant, tandis que la deuxième moitié de chacun de ces chapitres traite de l'état du croyant, mais avec cette différence : la deuxième moitié de Romains 6 indique ce que devrait être notre état, tandis que la deuxième moitié de Romains 7 (versets 13-25) montre ce qu'est réellement notre état. La polémique qui s'est enflammée à propos de Romains 7 est en grande partie le fruit du perfectionnisme de Wesley et de ses disciples. Ces frères, que nous avons de bonnes raisons de respecter, auraient dû adopter cette erreur sous une forme modifiée, ce qui montre seulement combien généralisé aujourd'hui est l'esprit de Laodicée. Parler de "sortir de Romains 7 pour entrer dans Romains 8" est une folie inexcusable. Romains 7 et 8 s'appliquent tous deux, avec une force et une pertinence non diminuées, à chaque croyant d'aujourd'hui vivant sur la terre. La deuxième moitié de Romains 7 décrit le conflit des deux natures dans l'enfant de Dieu : elle présente simplement en détail ce qui est résumé dans Galates 5:17; Romains 7:14, 15, 18, 19, 21 sont maintenant vrais pour chaque croyant sur terre. Chaque chrétien est loin, loin en dessous de la norme qui est dressée devant lui - nous parlons de la norme de Dieu, pas celle des prétendus enseignants "de la vie victorieuse". Si vous lisez qu'un lecteur chrétien quelconque affirme que Romains 7:19 ne décrit pas sa vie, nous affirmons, en toute bonté, qu'il est tristement séduit. Par ceci, nous ne voulons pas dire que chaque chrétien transgresse les lois des hommes, ou qu'il est un transgresseur manifeste des lois de Dieu. Mais nous voulons dire que sa vie est loin, loin au-dessous du niveau de vie que notre Sauveur a vécu ici-bas. Nous voulons dire qu'il reste beaucoup "de la chair" évidente dans chaque chrétien - et non pas les aspects moindres dans ceux qui se font de tels étalages bruyants de leurs accomplissements spirituels. Nous voulons dire en réalité que chaque chrétien a besoin, de façon urgente, de prier pour le pardon de ses péchés quotidiens (Luc 11:4), car "dans beaucoup de choses nous bronchons" (Jacques 3:2). Dans ce qui suit, nous nous confinerons aux deux derniers versets de Romains 7, dans lesquels nous lisons : "Misérable que je suis ! qui me délivrera du corps de cette mort ? Mais je rends grâce à Dieu par Jésus-Christ, notre Seigneur. Ainsi donc, je suis par l'entendement captif de la loi de Dieu; mais je suis, par la chair, captif de la loi du péché "(versets 24 et 25). C'est le langage d'une âme régénérée, et il résume la signification des versets qui viennent juste avant. L'homme irrégénéré est misérable en effet, mais il est étranger à la "misère" ici exprimée, parce qu'il ne connaît rien de l'expérience qui suscite ces gémissements. Tout le contexte est consacré à une description du conflit entre les deux natures dans l'enfant de Dieu. "Je prends plaisir à la loi de Dieu d'après l'homme intérieur" (verset 22), n'est vrai que des personnes nées de nouveau. Mais celui qui ainsi "prends plaisir" découvre une "autre loi dans ses membres." Cette mention ne doit pas être limitée à ses membres physiques, mais doit être comprise comme incluant toutes les diverses parties de sa personnalité charnelle. Cette "autre loi" est également à l'œuvre au niveau de la mémoire, l'imagination, la volonté, le cœur, etc.. Cette "autre loi," dit l'apôtre, fait la guerre contre la loi de son entendement (la nouvelle nature), et non seulement cela, elle le rendait "captif de la loi du péché" (verset 23). Dans quelle mesure était-il rendu "captif", cela n'est pas défini. Mais il était rendu captif, de même que chaque croyant. Les errements de l'esprit lors de la lecture de la Parole de Dieu, les pensées mauvaises qui sortent du cœur (Marc 7:21) quand nous nous consacrons à la prière, les horribles images qui se présentent parfois à nous lorsque nous sommes dans un état de sommeil, pour ne pas en nommer d'autres - sont ainsi autant d'exemples du fait d' "être rendu captif de la loi du péché." "Si le principe mauvais de notre nature prévaut, en excitant une seule mauvaise pensée, il nous a rendus captifs. Jusqu'à présent, il a triomphé, et jusqu'à présent nous avons échoué, et avons été faits prisonniers" (Robert Haldane). C'est la conscience de cette lutte sans merci en lui et du fait qu'il est rendu captif du péché, qui fait s'exclamer le croyant : "Misérable que je suis!" C'est un cri provoqué par une profonde prise de conscience du péché demeurant dans l'homme intérieur. C'est la confession de quelqu'un qui sait que dans son homme naturel il n'habite aucune bonne chose. C'est la complainte pleine de gémissements de quelqu'un qui a découvert quelque chose de l'horreur abyssale de l'iniquité qui existe dans son propre cœur. C'est le gémissement d'un homme divinement éclairé qui maintenant se hait lui-même, son moi normal, et désire ardemment en être délivré. Ce gémissement : "Misérable que je suis!" exprime l'expérience normale du chrétien, et tout chrétien qui ne gémit pas de cette façon est dans un état anormal de maladie spirituelle. L'homme qui ne pousse pas ce cri quotidiennement est, ou bien si en dehors de la communion avec Christ, ou bien si ignorant de l'enseignement des Ecritures, ou bien enfin séduit à ce point au sujet de son état réel, qu'il ne sait pas les corruptions de son propre cœur et l'abject échec de sa propre vie. Celui qui s'attache à l'enseignement solennel de la Parole de Dieu dans un esprit de recherche de Dieu, celui qui, là, apprend à connaître la terrible épave dans laquelle le péché a amené la constitution humaine, celui qui voit la norme exaltée de la sainteté que Dieu a fixée devant nous, ne peut pas manquer de découvrir quel vil misérable il est. S'il lui est donné de voir combien loin en deçà de la norme de Dieu il échoue dans sa quête de l'atteindre; si, à la lumière du sanctuaire divin, il découvre combien peu il ressemble au Christ de Dieu; alors trouvera-t-il ce langage le plus convenable pour exprimer sa pieuse douleur. Si Dieu lui révèle la froideur de son amour, l'orgueil de son cœur, les égarements de son esprit, le mal qui s'immisce dans ses actes les plus pieux, il s'écriera : "Misérable que je suis !" S'il est conscient de son ingratitude, de son manque de reconnaissance pour les bontés quotidiennes de Dieu; s'il remarque l'absence de cette profonde et véritable ferveur qui devrait toujours caractériser sa louange et son adoration de Celui qui est "glorieux dans la sainteté", s'il identifie cet esprit hautement condamnable de la rébellion, qui le fait tellement souvent murmurer ou du moins s'aigrir contre les dispensations de Dieu dans sa vie quotidienne; s'il essaye d'énumérer sur le papier non seulement les péchés de commission mais également les péchés d'omission dont il se rend quotidiennement coupable, il s'écriera en effet : "Misérable que je suis!" Ce n'est pas seulement non plus le chrétien rétrograde, maintenant en proie à une conviction de péché, qui pleurera ainsi. Celui qui est vraiment en communion avec Christ, poussera également ce gémissement, et le pousse quotidiennement et d'heure en heure. Oui, plus il se rapproche de Christ, plus il découvre la corruption de sa vieille nature, et plus sincèrement aspirera-t-il à en être délivré. Ce n'est que lorsque la lumière du soleil inonde une pièce que la crasse et la poussière sont pleinement révélées. Ainsi, c'est seulement lorsque nous pénétrons réellement dans la présence de Celui qui est la lumière, qu'il nous est fait la grâce de prendre conscience des souillures et de la méchanceté qui habitent en nous, et qui se logent dans chaque partie de notre être. Et une telle découverte nous fera chacun nous écrier : "Misérable que je suis!" "Mais," répliquera quelqu'un, "la communion avec Christ ne produit-elle pas la joie plutôt que les pleurs?" Nous répondons qu'elle produit les deux. Ce fut le cas avec Paul. Au verset 22 de notre chapitre, il dit : "Je prends plaisir à la loi de Dieu." Pourtant à peine deux versets plus loin, il s'écrie : "Misérable que je suis!" Et ce passage n'est pas un passage isolé. Dans 2 Corinthiens 6, le même apôtre dit : "Attristés, et nous sommes toujours joyeux" (verset 10). Attristé en raison de ses échecs, en raison de ses péchés journaliers. Joyeux en raison de la grâce qui l'accompagne toujours, et en raison de la disposition bénie que Dieu a prise même à l'égard des péchés de Ses saints. Ainsi, encore une fois, dans Romains 8:1, après avoir déclaré : "Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour eux qui sont en Christ Jésus," et après avoir dit : "L'Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu; or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers avec Christ" (versets 16-17), l'apôtre ajoute : "Mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps" (verset 23). L'enseignement de l'apôtre Pierre est identique : "C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves" (1 Pierre 1:6). Tristesse et gémissements ne sont pas, par conséquent, absents de la plus haute spiritualité. Dans ces jours de complaisance et d'orgueil laodicéens, on discute considérablement et se vante beaucoup de la communion avec Christ, mais combien peu de sa manifestation en voyons-nous! Là où il n'y a aucun sentiment de totale bassesse, là où il n'y a aucun chagrin sur la dépravation de notre nature, là où il n'y a aucune affliction au sujet de notre manque de conformité à Christ, là où il n'y a aucun gémissement sur notre captivité par rapport au péché; en bref, là où ne s'élève jamais cette exclamation : "Misérable que je suis!", il est sérieusement à craindre qu'il n'y ait aucune communion avec Christ du tout. Quand Abraham marcha avec le Seigneur, il s'exclama : "Voici, j’ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poudre et cendre" (Genèse 18:27). Quand Job se trouva face à face avec Dieu, il dit : "Voici, je suis trop peu de chose" (Job 40:4), et encore : "Je me condamne" (Job 42:6). Quand Esaïe pénétra dans la Présence divine, il s'écriera: "Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées" (Esaïe 6:5). Quand Daniel eut cette vision merveilleuse de Christ (Daniel 10:5-6), il déclara : "Je restai seul, et je vis cette grande vision; les forces me manquèrent, mon visage changea de couleur et fut décomposé, et je perdis toute vigueur" (Daniel 10:8) et dans une des dernières épîtres de l'apôtre bien-aimé destinée aux Gentils, nous lisons : "C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier" (1 Timothée 1:15). Ces paroles n'émanaient pas d'hommes irrégénérés, mais furent prononcées par les lèvres des saints de Dieu. Elles n'étaient pas non plus les confessions de croyants rétrogrades. Bien plutôt furent-elles exprimées par les personnes des plus éminentes parmi le peuple du Seigneur. Où, aujourd'hui, en trouverons-nous qui pourraient être dignes d'être placées aux côtés d'Abraham, de Job, d'Esaïe, de Daniel et de Paul ? Où donc en effet ! Et cependant, c'étaient des hommes qui étaient si conscients de leur bassesse et de leur indignité qu'ils disaient : "Misérable que je suis!" C'est ainsi le langage d'une âme régénérée. C'est la confession du chrétien normal (qui ne s'est ni séduit, ni illusionné). Sa substance peut être trouvée non seulement dans les paroles conservées des saints des Ancien et Nouveau Testaments, mais également dans les écrits des plus éminents chrétiens qui vécurent pendant les cinq cents dernières années. Combien les confessions et les témoignages donnés par les éminents saints du passé étaient en effet différents des vantardises pleines d'ignorance et d'arrogance des Laodicéens modernes! C'est stimulant de nous détourner des biographies actuelles pour nous tourner vers celles écrites il y a bien longtemps en arrière. Considérez les extraits suivants : M. Bradford, qui fait partie de la mémoire sainte, et fut martyrisé sous le règne de la sanglante Reine Marie, dans une lettre à un camarade prisonnier accusé d'un autre crime, souscrivait à l'autoportrait suivant : "John Bradford le pécheur : un hypocrite très distingué, le plus malheureux, le plus impitoyable, et le plus ingrat des pécheurs, John Bradford" (1555 après Jésus-Christ). Le pieux Rutherford écrivait : "Ce corps de péché et de corruption rend amère et empoisonne notre joie. Oh! comme je désirerais me trouver là où je ne pècherai plus" (1650 après Jésus-Christ). L'évêque Berkeley écrivait : "Je ne peux pas prier, mais je pèche; je ne peux pas prêcher, mais je pèche; je ne peux pas administrer ni recevoir le saint sacrement, mais je pèche. Ma repentance même, je dois m'en repentir; et les larmes que je verse ont besoin d'être lavées dans le sang de Christ" (1670 après Jésus-Christ). Jonathan Edwards, dans la maison duquel mourut cet homme remarquable, David Brainerd (le premier missionnaire parmi les Indiens, et qui possédait une consécration à Christ dont tous ceux qui le connaissaient rendaient témoignage), de qui il avait une connaissance intime, dit dans ses "Mémoires de M. Brainerd" : "Ses illuminations, affections et carrure religieuses, semblaient, dans une grande mesure, aller de pair avec l'humiliation évangélique, qui consistait dans un sentiment de ses propres insuffisance, ignominie et abjection; avec une disposition et un état de cœur portés à répondre avec douceur. Combien profondément était-il affecté presque continuellement par ses grandes défaillances en religion; avec son grand éloignement de cette spiritualité et de ce saint état d'esprit qui conviennent à un enfant de Dieu; avec son ignorance, son orgueil, sa mort spirituelle, sa stérilité ! Il était non seulement affecté par le souvenir de son ancien état de péché d'avant sa conversion, mais également par la conscience aiguë de ses bassesse et pollutions morales présentes. Il était non seulement disposé à penser que les autres saints étaient meilleurs que lui; mais de surcroît à se regarder comme étant le pire et le moindre des saints; et, très souvent, comme étant le plus vil et le pire homme de toute l'humanité." Jonathan Edwards lui-même, qui était honoré de Dieu comme peu d'hommes l'ont été, aussi bien dans leurs accomplissements spirituels que dans la mesure dans laquelle Dieu les a utilisés pour en bénir d'autres, vers la fin de sa vie, écrivit la chose suivante : "Quand j'examine mon cœur et considère sa méchanceté, il ressemble à un abîme infiniment plus profond que l'enfer. Et il m'apparaît que, s'il n'avait pas été par pure grâce, exalté et élevé jusqu'à la hauteur infinie de toute la plénitude et de toute la gloire du grand Yahvé, je devrais paraître m'enfoncer dans mes péchés en dessous de l'enfer même; loin en dessous de la vue de tout, mais l'œil de la grâce souveraine, lui seul, peut transpercer une telle profondeur. Et cela m'affecte de penser à quel point j'étais ignorant, lorsque j'étais jeune chrétien [quel dommage, hélas, que tant de chrétiens plus âgés ignorent encore cela. - A.W. Pink], des profondeurs sans fond de la méchanceté, de l'orgueil, de l'hypocrisie et de la duperie restant dans mon cœur" (1743 après Jésus-Christ). Auguste Toplady, l'auteur du "Rocher des Siècles," écrivit ce qui suit dans son journal intime en date du 31 décembre 1767 : "En examinant la dernière année passée, je désire confesser que mon infidélité a été excessivement grande; mes péchés encore plus grands et les miséricordes de Dieu plus grandes que tous les deux." Et une fois de plus, "mes imperfections et mes actes grossiers, mon incrédulité et mon manque d'amour, me feraient descendre au plus profond de l'enfer, si Jésus n'avait pas été ma justice et mon Rédempteur." Écoutez les paroles de cette femme pieuse, l'épouse de cet éminent missionnaire, A. Judson : "Oh! combien je me réjouis de ce que je suis hors du tourbillon! Trop gaie, trop superficielle pour une femme de missionnaire ! C'est peut-être vrai, mais après tout, la gaieté est le moins grave de mes péchés. C'est ma froideur de cœur, ma nonchalance, mon manque de foi, mon inefficacité et mon inertie spirituelles, à cause de mon amour propre, le caractère dépravé, choyé journalièrement, inhérent à ma nature, qui font que je ne suis qu'un simple enfant dans la cause du Christ - et non dans les plaisirs du monde." John Newton, l'auteur de cet hymne béni, "Grâce merveilleuse, quelle douce musique, que celle qui sauva un misérable comme moi; j'étais autrefois perdu, mais maintenant je suis retrouvé, aveugle, mais maintenant je vois" (Amazing grace, how sweet the sound, that saved a wretch like me; I once was lost, but now am found, was blind, but now I see), en se rapportant aux espérances qu'il chérissait dans son cœur au commencement de sa vie chrétienne, écrivit la chose suivante : "Mais hélas ! ces espérances dorées ont été comme des rêves de la Mer du Sud. J'ai vécu jusqu'ici comme un pauvre pécheur, et je crois que je mourrai en tant que tel. N'ai-je donc rien gagné? Si, j'ai gagné la chose même avec laquelle, par le passé, j'aurais aimé ne pas avoir été ! Une telle accumulation de preuves de la fausseté et de la méchanceté désespérée de mon cœur, m'a, comme je l'espère par la bénédiction du Seigneur, dans une certaine mesure, enseigné à savoir ce que je veux dire quand je dis : Voici, je suis vil… J'avais honte de moi-même quand j'ai commencé à les chercher, j'ai encore plus honte maintenant." James Ingliss (l'éditeur de Wayrnarks in the Wilderness) à la fin de sa vie, écrivait à M. J.H. Brookes : "Alors que je suis amené à adopter une nouvelle vision de la fin, ma vie semble à ce point constituée d'occasions gaspillées, et si stérile en résultats, que c'est parfois très douloureux; mais la grâce entre en scène pour tout résoudre, et Il sera glorifié dans mon humiliation également" (1872). Suite à quoi, M. Brookes fit la remarque : "Combien je lui ressemble, et combien ceci diffère des vantardises de ceux qui se glorifient dans leurs accomplissements imaginaires!" Une dernière citation, cette fois venant d'un sermon du défunt C. H. Spurgeon. Voici ce que dit le prince des prédicateurs : "Il y a un certain nombre de chrétiens professants qui peuvent parler d'eux-mêmes en termes laudatifs; mais, depuis les entrailles de mon cœur, je déteste de tels discours de plus en plus chaque jour que je vis. Ceux qui parlent d'une manière si pleine de vantardise, doivent être constitués très différemment de moi. Tandis qu'ils se félicitent, je dois me coucher humblement au pied de la croix de Christ, et m'émerveille de ce que je sois simplement sauvé, parce que je sais que je suis sauvé. Je dois me demander pourquoi je ne crois pas en Christ davantage, et me demande également pourquoi j'ai le privilège de simplement croire en Lui - me demander pourquoi je ne L'aime pas davantage, et me demander également pourquoi simplement je L'aime - me demander pourquoi je ne suis pas plus saint, et me demander également pourquoi j'ai simplement le désir ardent d'être saint, compte tenu de la nature si polluée, dépravée et abjecte que je trouve toujours dans mon âme, malgré toute l'œuvre que la grâce divine a opérée en moi. Si Dieu devait jamais permettre aux fontaines des grandes profondeurs de la dépravation de se déverser chez le meilleur homme qui existe, ce dernier ferait un aussi mauvais diable que le diable lui-même. Je ne me préoccupe en rien de ce que ces vantards disent au sujet de leurs propres perfections; je suis sûr qu'ils ne se connaissent pas eux-mêmes, sinon ils ne pourraient pas parler comme ils le font souvent. Il y a assez de matière inflammable dans le saint le plus proche du ciel pour allumer un autre enfer si Dieu devait permettre qu'une étincelle tombât sur lui. Dans le meilleur des hommes, il y a une profondeur infernale infinie et tout proche de la dépravation. Certains chrétiens ne semblent jamais faire cette découverte. Je souhaite presque qu'ils ne la fassent pas, car c'est une découverte douloureuse pour quiconque la fait; mais elle présente l'effet bénéfique de nous faire cesser d'avoir confiance en nous-mêmes, et de nous glorifier seulement dans le Seigneur." D'autres témoignages venant de la bouche et de la plume d'hommes également pieux et éminents pourraient être donnés, mais j'ai donné suffisamment de citations pour montrer la raison qui a amené les saints de tous les temps à faire leurs ces paroles : "Misérable que je suis!" Quelques mots maintenant sur le verset clôturant Romains 7. "Qui me délivrera du corps de cette mort?" "Qui me délivrera?" Ce n'est pas le langage du désespoir, mais du fervent désir d'obtenir de l'aide de l'extérieur et au-delà de lui-même. Ce dont l'apôtre désirait être délivré est appelé "le corps de cette mort." C'est une expression figurée car la nature charnelle est appelée "le corps du péché," et est décrite comme ayant des "membres" (Romains 7:23). Nous supposons par conséquent que la signification du cri de l'apôtre est : Qui me délivrera de ce mortel et nocif fardeau - mon ego pécheur ? Dans le verset suivant, l'apôtre répond à sa question : "Je rends grâce à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur." Cela devrait être évident à n'importe quel esprit impartial que ceci est une projection dans le futur. Sa question était : "Qui me délivrera?" Sa réponse est : Jésus-Christ le fera. Combien ceci fait ressortir l'erreur de ceux qui enseignent une "délivrance" présente de la nature charnelle par la puissance du Saint-Esprit. Dans sa réponse, l'apôtre ne dit rien au sujet du Saint-Esprit; au lieu de cela, il mentionne seulement "Jésus-Christ notre Seigneur." Ce n'est pas par l'œuvre actuelle de l'Esprit en nous que les chrétiens seront délivrés "du corps de cette mort," mais au retour encore à venir du Seigneur Jésus-Christ pour nous. C'est alors que ce corps mortel revêtira l'immortalité, et que ce corps corruptible revêtira l'incorruptibilité. Mais, comme s'il voulait dissiper tout doute sur le fait que cet "affranchissement" est relégué au futur, l'apôtre conclut en disant : "Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché" (Romains 7:25). Que chaque lecteur note soigneusement que ceci vient après qu'il a rendu grâce à Dieu qu'il "serait délivré." La dernière partie du verset 25 résume ce qu'il avait dit dans la deuxième partie de Romains 7. Elle décrit la vie duale du chrétien. La nouvelle nature sert la loi de Dieu; la vieille nature, jusqu'à la fin de l'histoire, servira "la loi du péché." Que ce fût ainsi pour Paul lui-même, cela est clairement mis en évidence par ce qu'il a écrit à la fin de sa vie, quand il s'est désigné sous l'expression du "plus grand des pécheurs (1 Timothée 1:15). Ce n'était pas le fruit d'une ferveur évangélique exacerbée, encore moins la fausse modestie de l'hypocrisie. C'était la conviction pétrie d'assurance, l'expérience ressentie, la conscience éprouvée de quelqu'un qui a pénétré jusqu'au fond des profondeurs de la corruption se trouvant en lui-même, et qui savait à quelle longue, longue distance il se tenait par rapport à la norme de sainteté que Dieu avait placée devant lui. Telles seront aussi la prise de conscience et la confession de tout autre chrétien qui n'est pas aveuglé par la vanité. Et les résultats d'une telle prise de conscience seront qu'elle l'incitera à languir plus ardemment de la délivrance promise lorsque notre Sauveur et Seigneur reviendra, et à en rendre grâce à Dieu avec plus de ferveur, quand Il "transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de Sa gloire, par le pouvoir qu’Il a de s’assujettir toutes choses" (Philippiens 3:21); et après cela, Il nous "préservera de toute chute et nous fera paraître devant Sa gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse" (Jude 1:24). Alléluia, quel Sauveur ! Il est remarquable que le seul autre endroit où le mot "misérable" (le seul autre endroit en Grec également) apparaît dans le Nouveau Testament se trouve dans Apocalypse 3:17, où aux Laodicéens Christ dit : "Et tu ne sais pas que tu es misérable!" Leur vantardise consistait dans le fait qu'ils n'avaient "besoin de rien." Ils étaient si pétris d'orgueil, si satisfaits de leurs accomplissements, qu'ils ne connaissaient pas leur misère. Et n'est-ce pas ce dont nous sommes témoins sur chaque lèvre aujourd'hui ? N'est-il pas évident que nous vivons aujourd'hui dans la période laodicéenne de l'histoire de la chrétienté ? Beaucoup étaient conscients du "besoin," mais maintenant ils s'imaginent avoir reçu "la deuxième bénédiction," ou "le baptême de l'Esprit," ou qu'ils sont rentrés dans la "victoire;" et, s'imaginant cela, ils s'imaginent idylliquement que leur "besoin" a été comblé. Et la preuve en est qu'ils sont ceux-là mêmes qui ne "savent pas" qu'ils sont "misérables." Avec un air de supériorité spirituelle, ils vous diront qu'ils "sont sortis de Romains 7 et qu'ils sont rentrés dans Romains 8." Avec une satisfaction pitoyable, ils diront que Romains 7 ne dépeint plus leur expérience. Avec une satisfaction pleine de suffisance, ils regarderont sur un air de pitié mêlée de mépris le chrétien qui s'écrie : "Misérable que je suis!", et comme le Pharisien dans le temple, ils rendront grâce à Dieu qu'il en est autrement pour eux. Pauvres âmes aveugles ! C'est justement à de telles âmes que le Fils de Dieu ici dit : "Et tu ne sais pas que tu es misérable." Nous disons âmes "aveugles" pour souligner que c'est à ces Laodicéens que Christ dit : "Je te conseille d’acheter de moi (…) un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu VOIES" (Apocalypse 3:18). Il doit être remarqué que dans la deuxième moitié de Romains 7, l'apôtre parle au singulier. Ceci est frappant et constitue une riche bénédiction. Le Saint-Esprit nous intime que les accomplissements les plus élevés dans la grâce n'exemptent pas le chrétien de l'expérience douloureuse décrite ici. L'apôtre dépeint avec le pinceau d'un artiste - lui-même posant comme modèle - les luttes spirituelles de l'enfant de Dieu. Il illustre, en se référant à sa propre expérience personnelle, le conflit incessant qui se livre sans merci entre les natures antagonistes dans celui qui est né de nouveau. Que Dieu dans Sa miséricorde nous délivre ainsi de l'esprit d'orgueil qui souille maintenant l'air de la chrétienté moderne, et qu'Il nous accorde une vue si humiliante de notre propre impureté que nous irons rejoindre l'apôtre en nous écriant avec une ferveur toujours plus profonde : "Misérable que je suis!" Oui, que Dieu accorde autant à l'auteur qu'au lecteur une telle vision de leurs propres dépravation et indignité qu'ils pourront en effet ramper dans la poussière devant Lui, et là Le louer pour Sa grâce merveilleuse accordée à de tels pécheurs méritant l'enfer. Source: Sermon Index Revenir en haut![]() A propos de l'auteur : Arthur W. Pink (1886-1952) naquit en Grande-Bretagne et immigra aux Etats-Unis dans le but d'étudier à l'Institut Biblique Moody. Il avait la charge de pasteur dans différentes églises au Colorado, en Californie, au Kentucky et en Caroline du Sud avant de devenir enseignant itinérant de la Bible en 1919. Il retourna dans son pays natal en 1934, établissant sa résidence dans l'Île de Lewis, en Ecosse, en 1940, et y resta jusqu'à sa mort. La plupart de ses œuvres parurent d'abord sous la forme d'articles dans Studies in Scriptures, un magazine mensuel ayant uniquement pour objet l'exposition de la Bible.
|