Un
prophète est quelqu’un qui connaît son temps et ce que
Dieu est en train de dire aux gens de son époque.
Quelle que soit l’époque
donnée, ce que Dieu dit à Son Eglise dépend entièrement
de sa condition morale et spirituelle et du besoin spirituel du moment.
Les responsables religieux qui continuent mécaniquement à
exposer les Ecritures sans aucun rapport avec la situation religieuse
ne sont pas meilleurs que les scribes et les maîtres de la loi
de l’époque de Jésus, qui mimaient fidèlement la
Loi sans avoir la moindre notion de ce qui se passait autour d’eux spirituellement.
Ils soumettaient tout le monde au même régime et semblaient
totalement inconscients de l’existence d’une chose telle que la viande
à des périodes propices. Les prophètes ne faisaient
jamais cette erreur ; ils ne gaspillaient pas non plus leurs efforts
de cette manière. Ils parlaient invariablement en relation avec
la condition des gens de leur temps.
Nous avons besoin aujourd’hui
de prédicateurs prophétiques ; pas simplement des
prédicateurs de prophétie, mais des prédicateurs
avec le don de prophétie. La parole de sagesse fait défaut.
Nous avons besoin de nouveau du don de discernement sur nos chaires.
Il ne s’agit pas de la capacité à prédire ce dont
nous avons besoin, mais de l’œil oint, de la puissance de pénétration
et d’interprétation spirituelles, de la capacité d’évaluer
la scène religieuse telle qu’elle est vue de Dieu, et de nous
dire ce qui se passe réellement.
Il n’y a jamais eu probablement
dans l’histoire du monde d’autre époque où tant de gens
savent une si grande quantité de choses concernant les affaires
religieuses, qu’aujourd’hui. Les journaux s’empressent de diffuser des
informations religieuses. Les magazines d’informations séculaires
consacrent plusieurs pages dans chaque numéro aux faits relatifs
à l’Eglise et à la Synagogue. Un certain nombre d’associations
de presse rassemblent des informations sur l’Eglise et les mettent à
la disposition des journaux religieux à un petit prix. Il est
même devenu courant de voir les publicistes professionnels utiliser
tel ou tel prédicateur ou un mouvement religieux dans leur publicité.
Les boîtes aux lettres sont bourrées de circulaires et
de " communiqués de presse ", tandis que la radio et
la télévision s’unissent pour dire au public bien attentif
ce que les gens religieux font à travers le monde entier.
Plus de publicité
pour la religion ferait sans doute du bien, et je n’ai rien à
reprocher à cela (…). Ce qui me dérange, c’est qu’au milieu
de tout ce tumulte religieux, il s’élève rarement des
voix pour dire ce que Dieu pense de toutes ces choses (…).
Je ne parle pas du fait
que les églises sont inhabituellement actives en ces jours, ni
de ce que les gens religieux font. Cela ne devrait pas attirer notre
attention. Mais je parle de la raison qui fait que les choses sont ainsi.
La grande question
est pourquoi ? Et personne ne semble avoir de réponse à
cela. Non seulement y a t-il rarement de réponse, mais rarement
y a t-il quelqu’un pour poser la question. Il se trouve simplement que
jamais cette question parmi nous n’a mérité d’être
posée. Les chrétiens continuent à faire des commérages
avec un langage d’initiés sans avoir la plupart du temps un regard
déconcerté. La bonne santé du christianisme actuel
est un fait acquis pour les masses religieuses comme c’était
le cas pour le judaïsme quand Christ est apparu. Les gens savent
qu’ils voient une certaine activité, mais ce que cela signifie,
cela, ils ne le savent pas. Ils n’ont pas du reste la moindre idée
d’où se trouve Dieu ou de la relation qu’Il a avec toutes ces
choses.
Le grand besoin aujourd’hui,
c’est le discernement prophétique. Les érudits sont capables
d’interpréter le passé; c’est le rôle des prophètes
d’interpréter le présent. L’instruction permettra à
un homme d’avoir un jugement juste sur nos jours passés, mais
attribuer un jugement juste sur notre propre temps requiert un don d’acuité
claire. Dans cent ans, les historiens sauront déterminer ce qui
s’est passé au niveau religieux dans cette année-ci ;
mais ce sera trop tard pour nous. Nous devrions savoir maintenant même.
Si le christianisme consiste
à subir un rajeunissement, cela doit se faire par un moyen autre
que ceux utilisés aujourd’hui. Si l’Eglise dans la deuxième
moitié de ce siècle doit se remettre des blessures dont
elle a souffert pendant la première moitié, un autre type
de prédicateur doit voir le jour. Le genre de prédicateur
correct, maître de sa synagogue, ne fera jamais l’affaire, ni
le genre d’homme sacerdotal qui accomplit ses devoirs, touche sa paie
et ne se pose aucune question, ni encore le genre de pasteurs délivrant
des messages à l’eau de rose qui savent rendre la religion chrétienne
acceptable aux yeux de tous. Tous ces genres ont été éprouvés
et trouvés défectueux.
Un autre genre de responsable
spirituel doit se lever parmi nous. Ce dernier doit être de la
trempe des anciens prophètes, un homme qui a reçu des
visions de la part de Dieu et entendu une voix venant du trône.
Quand il viendra (et je prie Dieu qu’il y en ait non pas un seul mais
plusieurs), il s’élèvera en opposition avec tout ce que
notre souriante et tranquille civilisation chérit. Il apportera
la contradiction, dénoncera et protestera au nom de Dieu et s’attirera
la haine et l’opposition d’une grande partie de la chrétienté.
Il y a de fortes chances qu’un tel homme soit étroit, rugueux
et qu’il ait le franc-parler et qu’il soit un petit peu en colère
contre le monde. Il aimera Christ et les âmes humaines au point
d’être prêt à mourir pour la gloire de l’Un et le
salut des autres. Mais il ne craindra rien de ce qui respire d’une respiration
mortelle.
Nous avons besoin d’avoir
de nouveau les dons de l’Esprit restaurés dans l’Eglise, et je
crois personnellement que s’il y a un don dont nous avons le plus besoin,
c’est bien le don de prophétie.
Référence:
"Of God and Men" (De Dieu
et Des Hommes), A.W. Tozer
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