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Obstacles Doctrinaux au Réveil

Par A.W. Tozer

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Frank BartlemenTout chrétien de passage qui observerait la vie religieuse de notre temps remarquera très vite deux choses : l'une est que le sens du péché est plutôt rare parmi les non-croyants, et l'autre que la moyenne des chrétiens déclarés mène une vie si mondaine et si insouciante qu'il est difficile de les distinguer des inconvertis.

La puissance qui convainc le pécheur et rend le chrétien capable de remporter la victoire dans la vie de tous les jours se heurte quelque part à un obstacle infranchissable. Ce serait une trop grande simplification que d'attribuer cela à une seule et unique cause, car la pleine réalisation des privilèges offerts dans notre Nouveau Testament rencontre en fait de nombreux obstacles.

Une catégorie se détache toutefois nettement du lot au point que nous pouvons sans risques lui imputer une très grande partie de nos problèmes. Je veux parler des fausses doctrines ou encore de l'insistance excessive mise sur des doctrines correctes. Je décrirai ici certaines d'entre elles, avec le sincère espoir que cela ne suscitera aucune controverse, mais nous incitera plutôt à examiner avec respect notre propre position.

Le christianisme fondamental subit aujourd'hui en profondeur l'influence de ce vieil ennemi de la justice que constitue l'antinomisme. La croyance de l'antinomien est facile à définir :

"Nous sommes sauvés par la foi seule; les œuvres n'ont aucune place dans le salut; le comportement est du domaine des œuvres, et n'a donc aucune importance. Nos faits et gestes importent peu, pourvu seulement que notre doctrine soit correcte.

Le divorce entre la croyance et le comportement est absolu et définitif. La Croix a réglé la question du péché; la manière d'agir n'entre pas dans la sphère de la foi et ne peut s'interposer entre le croyant et Dieu."

Voici en bref, la doctrine de l'antinomien, doctrine qui a, par ailleurs, si bien infiltré le substrat du christianisme moderne, qu'elle est acceptée par l'ensemble des gens religieux comme étant la vérité même de Dieu.

L'antinomisme est la doctrine de la grâce qu'une fausse logique a poussée jusqu'à l'absurde. La doctrine de la justification par la foi subit des torsions qui finalement la déforment. Cette croyance a créé de graves difficultés à l'apôtre Paul dans l'Eglise primitive et occasionné du même coup quelques-unes de ses plus saisissantes dénonciations. A la question : " Devrions-nous continuer dans le péché pour que la grâce abonde? ", sa réponse est un " non " adossé au terrible argument du chapitre six de l'épître aux Romains.

Les défenseurs de l'antinomisme méritent notre respect au moins en ceci que leur motivation est bonne. L'erreur provient de leur empressement même à magnifier la grâce et à exalter la liberté de l'Evangile. Leur point de départ est bon, mais ils se laissent entraîner au-delà de ce qui est écrit par une sorte d'adhésion servile à une logique incontrôlée. Il est toujours dangereux d'isoler une vérité pour ensuite la pousser jusqu'à ses limites sans considération pour les autres vérités. Les Ecritures n'enseignent pas que la grâce nous rend libres de faire le mal. Elle nous rend plutôt libres de faire le bien. Un véritable abîme sépare ces deux conceptions de la grâce. Tout ce qui autorise le péché est l'ennemi de Dieu et l'ennemi de l'âme.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il y a eu une épidémie d'évangélisme populaire qui a mis l'accent sur ce qui fut alors appelé l'Evangile " positif ". Ses mots d'ordre étaient " croire ", " programme ", " vision ", dans une perspective purement objective. Les hommes fulminaient contre les obligations, les commandements et ce qu'ils appelaient " un décalogue d'interdictions ". Ils parlaient d'un Jésus " grand patron " " sympa " qui était venu pour nous aider, nous les pauvres pécheurs bien intentionnés, à remporter la victoire. Christ était présenté comme Celui qui, puissant certes mais pas trop exigeant, avait pour fonction de répondre à la prière. Le message était présenté de manière à encourager une attitude du type " pains et poissons " à l'égard de Christ. La partie du Nouveau Testament propre à stimuler une vie de sainteté fut soigneusement écartée des publications sous le prétexte de présenter un aspect " négatif ", et ne fut donc pas tolérée. Des milliers cherchaient du secours et ne manifestaient aucun désir de tout quitter pour suivre le Seigneur.

La volonté de Dieu était interprétée en termes de " viens et accepte ". Christ devenait ainsi quelqu'un d'utile, qui convenait, mais son incontestable droit à régner en Seigneur sur le croyant fut tacitement supprimé.

Tout cela ou presque est aujourd'hui du domaine de l'histoire. La Grande Dépression des années 30 en a hâté la fin en rendant improfitables les immenses réunions qui en avaient favorisé la propagation. Mais les résultats (néfastes) demeurent. Le courant de la pensée évangélique avait été souillé et ses eaux en charrient encore la boue. L'une des menaces encore perceptible au lendemain de ces festivités n'est autre que la confortable habitude de tout mettre sur le compte du diable. Personne n'était supposé ressentir la moindre culpabilité; c'était le diable, le coupable. Alors pourquoi reprocher au pécheur les méfaits du diable ? Celui-ci devint alors le bouc émissaire universel, endossant sans exception tous les comportements répréhensibles depuis Adam jusqu'à nos jours. Il fallait comprendre que nous, aimables pécheurs, dignes d'être aimés, ne sommes pas vraiment mauvais; nous sommes simplement égarés, entraînés par les flatteries de ce Vieux Filou qui habite les lieux célestes. Nos péchés ne sont nullement l'expression de notre volonté rebelle; ce ne sont que les bleus laissés par le diable qui nous a malmenés. Les pécheurs ne peuvent bien sûr se sentir coupables, puisqu'ils se savent victimes de la méchanceté d'un autre.

Si ce genre d'enseignement rend toute condamnation de soi-même impossible, il peut y avoir – et c'est le cas - beaucoup d'apitoiement sur soi quant au traitement que le diable nous inflige, à nous pauvres pécheurs. Il est certain qu'aucun étudiant de la Bible ne sous-estimera l'œuvre sinistre de Satan, mais le rendre responsable de nos péchés équivaut à entretenir une illusion mortelle sur notre propre nature. Et l'illusion que l'on s'impose à soi-même est la plus difficile à guérir.

Une autre doctrine opposée à l'œuvre de Dieu, et peut-être la plus répandue, stipule que la perdition du pécheur n'a pas pour cause le péché, mais est plutôt imputable au refus du pécheur d'accepter Jésus. " Les hommes ne sont pas perdus pour cause de meurtre; ils ne vont pas en enfer en raison de leurs mensonges, de leurs vols et de leurs blasphèmes; ils vont en enfer pour avoir rejeté un Sauveur. " Nous sommes constamment exposés aux foudres de cette prédication à courtes vues, qui est rarement contestée. Voici un argument parallèle que sa stupidité suffirait à rejeter à condition d'en prendre conscience : " Cet homme se meurt d'un cancer, mais il n'en est pas la victime; il est victime de son refus d'accepter le remède. "

La seule raison qui rende le remède nécessaire n'est-elle pas de pouvoir ainsi échapper à la mort ?

La seule raison qui rende un Sauveur nécessaire, dans sa capacité de Sauveur, est que mes péchés me destinent à la mort. Le refus de croire en Christ est un symptôme du mal ancré dans notre vie, des péchés non confessés et des mauvais chemins jamais abandonnés. La culpabilité résulte des péchés commis, alors que cette culpabilité est démontrée par le rejet du Sauveur.

Si quelqu'un avait envie d'écarter l'argument comme purement rhétorique, qu'il veuille bien d'abord faire une pause : la doctrine qui présente le rejet de Jésus comme le seul péché entraînant la perdition est en tout état de cause ce qui contribue à notre faiblesse actuelle et à notre absence d'autorité morale. Ce n'est rien de plus qu'un habile sophisme théologique qui a fini par se confondre avec l'orthodoxie dans l'esprit du chrétien moderne, ce qui le rend très difficile à corriger. Mais sous une apparence inoffensive, la croyance n'en est pas moins injurieuse et dommageable, car elle détruit notre sens de la responsabilité au niveau de notre conduite morale. Elle dépouille le péché de son caractère effrayant et réduit le mal à une catégorie technique. Et en l'absence de remède contre le péché, la puissance de Dieu ne peut se manifester.

Il existe une autre position doctrinale selon laquelle les hommes sont si faibles par nature qu'ils sont dans l'incapacité de respecter la loi de Dieu. Notre impuissance est martelée dans les sermons et les chants jusqu'au moment où nous cédons et abandonnons la partie par désespoir. Et pour couronner le tout il nous est demandé d'accepter Jésus afin d'être sauvés de la colère encourue par ceux qui ont transgressé la loi! Sans même nous arrêter aux objections de l'intellect, le cœur humain ne peut jamais admettre l'idée d'être tenu pour responsable d'avoir enfreint une loi qu'il nous est impossible de respecter. Un père chargerait-il sur le dos de son fils de trois ans un sac de grains de 200 kg pour le battre ensuite s'il ne pouvait pas le porter?

L'alternative est celle-ci : ou bien les hommes ont la capacité de plaire à Dieu, ou ils ne l'ont pas. Dans ce dernier cas, ils ne sont pas moralement responsables, et n'ont donc rien à redouter. Si par contre ils ont cette capacité mais refusent d'en tenir compte, ils sont vraiment coupables et en tant que pécheurs coupables, ils finiront par aller en enfer. C'est là un fait certain. Si nous laissons parler la Bible, elle enseignera haut et fort que l'homme est personnellement responsable des péchés qu'il commet. Les hommes pèchent parce qu'ils le veulent bien. Dieu est en contestation avec les hommes parce qu'ils refusent même ce qui dans sa volonté est compréhensible et qu'ils pourraient faire. S'ils le voulaient.

L'incapacité morale est une doctrine élaborée par certains enseignants à partir du chapitre sept de l'épître aux Romains. Mais quelle que soit l'interprétation donnée au combat intérieur et au témoignage de Paul, croire qu'il avait été, par principe et de façon cohérente, un transgresseur de la loi et des Dix Commandements contredit la vérité connue dans son intégralité. Il a très précisément déclaré avoir vécu en toute bonne conscience devant Dieu, ce qui pour un juif ne pouvait se référer à autre chose qu'à l'observation des préceptes de la loi. Dans l'épître aux Romains, le cri de Paul ne traduit pas un désir de puissance visant à satisfaire à la morale simple des Dix Commandements, mais exprime plutôt un désir de sainteté, de pureté intérieure que la loi ne pouvait octroyer.

Il est grand temps de revoir notre conception de la loi. La faiblesse de la loi revêtait trois aspects distincts :

(1) elle ne pouvait pas effacer les péchés du passé – autrement dit, elle n'avait pas le pouvoir de justifier le pécheur;

(2) elle ne pouvait donner la vie à des morts – autrement dit, elle ne pouvait régénérer personne;

(3) elle ne pouvait pas faire que des cœurs mauvais deviennent bons – autrement dit, il lui était impossible de sanctifier qui que soit.

En conséquence, enseigner que l'insuffisance de la loi est imputable à l'incapacité morale de l'être humain de se plier à ses exigences les plus simples est une profonde erreur. L'incapacité d'observer la loi met en effet Dieu dans une position intenable : après avoir chargé l'homme d'un fardeau impossible à porter, il le rend responsable de son échec et le châtie. Je crois tout ce que lis dans la Bible, mais rien ne peut me contraindre à endosser une doctrine dont le point de départ est à l'évidence une fausse déduction, et qui d'un même mouvement contredit les Ecritures et fait injure à la raison.

La Bible assume toujours et partout la capacité d'Israël à obéir à la loi. Il est tombé sous le coup du jugement en raison de son refus de s'y soumettre alors qu'il le pouvait. Son péché ne résulte pas d'une faiblesse aisément compréhensible mais d'une révolte délibérée contre la volonté de Dieu. Telle est la caractéristique intrinsèque et permanente du péché, en d'autres termes un refus intentionnel d'obéir à Dieu. Malgré cela, certains veulent absolument persuader les pécheurs qu'ils ne pouvaient résister au péché.

Cette volonté d'excuser le péché, de chercher des justifications théologiques au lieu de voir là un affront à Dieu, ressemble à un phénomène de mode mais aboutit parmi nous à de terribles conséquences. Seuls un profond retour sur soi et une volonté affirmée de se détourner du mal permettront à l'Eglise de Christ de recouvrer sa puissance. Il faut, à ce sujet, faire entendre une prédication pleine d'amour et de larmes de repentance avant que ne vienne le réveil.

Les contradictions inhérentes aux doctrines analysées ici sont une autre source de faiblesse. De façon générale, les chrétiens ne peuvent pas connaître une grande puissance en raison de l'absence d'une véritable intégrité de pensée. Que les méthodistes aient ou non eu raison en chaque point de doctrine peut se discuter; mais leurs conducteurs spirituels avaient si clairement pensé les choses qu'ils évitaient aux chrétiens de tourner en rond.

A tout prendre, la philosophie méthodiste de la foi ne présentait pas de contradictions, de sorte qu'ils y puisaient une véritable force. La même remarque vaut pour les réveils liés à Finney. Dieu a employé cet homme pour redonner aux gens des idées justes sur la religion. Même si ses conclusions ne sont pas toujours correctes, il a supprimé les pierres d'achoppement de type doctrinal et a incité les auditoires à se rapprocher de Dieu. La rigueur de l'alternative morale (ceci ou cela) permettait à tous de se situer par rapport aux vérités de la foi. La confusion créée par des contradictions latentes n'avait aucune place dans sa prédication. Un nouveau Finney serait nécessaire de nos jours.

Traduit de l'anglais par Christiane Pagot.

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