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Soupirer Après Dieu

Par A. W. Tozer

Texte au format PDF à télécharger (174 Ko).

Frank BartlemenImaginez qu'un ange qui a connu la profondeur et la sainte quiétude de la présence divine depuis la création apparaisse sur terre pour vivre quelque temps parmi nous chrétiens. Ne pensez-vous pas qu'il serait étonné par ce qu'il verrait? Il pourrait, par exemple, être étonné de nous voir nous contenter d'un niveau si faible et si pauvre d'expérience spirituelle. Après tout, nous disposons d'un message de Dieu qui non seulement nous invite à sa sainte communion, mais nous donne en plus des instructions détaillées afin d'y parvenir. Après avoir joui d'une communion avec Dieu faite de plénitude, comment cet être pourrait-il comprendre l'esprit léger et si facilement satisfait qui caractérise la plupart des chrétiens évangéliques de notre temps? Si de plus, notre visiteur hypothétique connaissait ces hommes au cœur embrasé qu'étaient Moïse, David, Esaïe, Paul, Jean, Etienne, Augustin, Rutherford ou Newton, il pourrait en déduire en toute logique que les chrétiens du XXe siècle sont passés à côté de quelque chose de vital quant à la portée de la doctrine de la foi, et se sont arrêtés en chemin avant même de vraiment connaître Dieu.

Imaginez encore qu'il s'assoie dans une de nos grandes réunions et note les prétentions extravagantes que nous, chrétiens, affirmons pour nous-mêmes et qu'il les compare ensuite à la réalité de nos expériences spirituelles. Il en déduirait sûrement qu'il existe une sérieuse contradiction entre ce que nous pensons être et ce que nous sommes en réalité. Nous affirmons audacieusement que nous sommes fils de Dieu, que nous sommes ressuscités avec Christ et assis avec lui dans les lieux célestes, que l'Esprit de vie nous habite, que nous sommes membres du corps du Christ et de nouvelles créatures, mais tout cela est contredit par nos attitudes, notre comportement et, plus que tout, par notre manque de ferveur et par l'absence d'un esprit d'adoration dans nos vies.

Peut-être que si notre visiteur céleste faisait remarquer la grande différence entre nos croyances doctrinales et nos vies, il devrait se contenter d'un sourire et d'une explication sur la différence normale qui existe entre notre position en Christ et notre "condition variable". Il serait alors certainement stupéfait de voir que des créatures faites à l'image de Dieu puissent se permettre de jouer ainsi avec les mots et avec leur âme.

N'est-il pas significatif de constater que nombre de chrétiens évangéliques se réclament souvent de l'enseignement de Paul tout en étant les moins pauliniens de tous quant à l'esprit ? Il y a tout un monde de différence entre croire l'enseignement de Paul et vivre la vie de Paul. Certains d'entre nous qui ont observé attentivement le monde chrétien depuis des années pourraient paraphraser les paroles de cette reine mourante et s'écrier : "O Paul! Paul! Que de maux ont été commis en ton nom!" Des dizaines de milliers de croyants qui se vantent de leur compréhension des Romains et des Ephésiens ne peuvent cacher la contradiction spirituelle profonde qui existe entre leur cœur et celui de Paul. Cette différence réside en ce que Paul savait chercher, trouvait, pour ensuite continuer de chercher. Eux cherchent, trouvent, mais ne cherchent pas davantage. Après avoir "accepté" Christ, ils ont tendance à substituer la logique à la vie, et la doctrine à l'expérience.

La vérité devient pour eux comme un voile qui leur cache la face de Dieu; pour Paul, elle était une porte qui l'introduisait dans sa présence-même. L'esprit de Paul était celui d'un explorateur passionné. Il était comme un prospecteur à la recherche de l'or de l'intimité spirituelle personnelle dans les montagnes de Dieu. Nombreux sont ceux aujourd'hui qui sont attachés à la doctrine de Paul sans être prêts à le suivre dans sa quête enthousiaste de l'intimité spirituelle. Un tel attachement pour Paul n'est rien de plus que théorique.

 

Si Paul prêchait aujourd'hui

Paul répondait aux sollicitations de la chair en disant : "Mon but est de le connaître" et courait vers la perfection. Il considérait tout comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ le Seigneur et il était prêt à accepter la souffrance et même la mort s'il le fallait afin de mieux le connaître. Devenir conforme au Christ n'avait pour lui aucun prix. Il soupirait après Dieu comme la biche après un courant d'eau, et ce qu'il vivait n'avait pas grand chose à voir avec une quelconque logique froide.

Bien sûr, de multiples excuses subtiles pouvaient être invoquées pour le ralentir, qui sont toujours d'actualité. "Fais attention à ta santé", dira un ami prudent. "Fais attention de ne pas tomber dans un déséquilibre mental", dira un autre. "Tu risques de te faire une réputation d'extrémiste", s'écriera un troisième, pendant qu'un enseignant biblique des plus sobres — qui connaît tant la théologie et si peu la soif de Dieu — se précipitera pour l'assurer qu'il n'y a plus rien à rechercher : "Tu es accepté par son Fils bien-aimé", dit-il, "et béni de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ. Que veux-tu de plus? Il te suffit de le croire et d'attendre le jour de son triomphe". C'est ainsi que nous exhorterions Paul de nos jours s'il vivait parmi nous; c'est ainsi en substance que j'ai vu étouffer et éteindre les aspirations à s'élever vers une plus grande intimité avec Dieu chez bien des croyants. Mais nous connaissons suffisamment Paul pour oser affirmer qu'il aurait ignoré de telles incitations à la facilité et qu'il aurait persévéré vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ-Jésus. Nous ferions bien de suivre son exemple.

Quand l'apôtre s'écrie : "Mon but est de le connaître", il utilise le verbe connaître non pas dans le sens intellectuel, mais dans celui d'une expérience vécue. Sa signification nous ramène au cœur plutôt qu'à la pensée. La connaissance théologique est la connaissance concernant Dieu. Celle-ci est indispensable, mais insuffisante. Elle répond aux besoins spirituels de l'homme dans la même mesure qu'un puits répond à son besoin physique. Le voyageur fatigué n'aspire pas à un trou pavé de pierre, un puits, mais à l'eau fraîche et désaltérante que l'on y puise. Ce n'est pas la connaissance intellectuelle de Dieu qui étanche la soif de toujours du cœur de l'homme, mais la personne et la présence-même de Dieu lui-même. Elle nous parvient par la doctrine chrétienne, mais elle est plus que la doctrine. La vérité chrétienne nous est donnée pour nous conduire à Dieu, et non pour devenir un substitut à Dieu.

 

Une soif nouvelle parmi les évangéliques

Depuis quelques temps déjà, une soif nouvelle d'une expérience spirituelle au-dessus de la moyenne a rempli le cœur d'un nombre croissant de croyants. La majorité se tient cependant toujours à l'écart, avançant des objections qui révèlent soit une mauvaise compréhension, soit de la crainte, voire de l'incrédulité. Ils montrent du doigt les neurotiques, les psychotiques et autres fanatiques soi-disant chrétiens et en font un amalgame de disciples du mouvement dit de la "vie plus profonde".

Bien que cela soit bien sûr tout à fait absurde, le fait qu'une telle confusion existe oblige ceux qui croient à une vie de plénitude dans l'Esprit à définir leurs expressions et à expliquer leur position. En fait, de quoi parlons-nous donc? Et que cherchons-nous à défendre? Pour ma part, j'attache la plus grande attention à n'enseigner que le Christ crucifié. Avant d'accepter un enseignement ou même de mettre l'accent sur tel aspect de la vérité, je veux m'assurer qu'il est biblique et résolument apostolique dans son esprit et sa teneur. Il doit également être tout à fait en harmonie avec l'Eglise historique et la tradition telle qu'elle s'exprime dans de grands ouvrages de piété, dans les cantiques les plus radieux et les plus doux, ainsi que dans les expériences les plus profondes rapportées dans les biographies chrétiennes.

Cet enseignement doit s'inscrire dans la droite ligne de vérité qui a donné à l'Eglise des saints tels que Bernard de Clairvaux, Jean de la Croix, Molnos, Nicolas de Cuza, Jean de la Fléchère, David Brainerd, Réginald Héber, Evan Roberts, le Général Booth et une armée d'autres, peut-être moins doués et moins connus, mais qui ont tous contribué à constituer ce que le Dr Paul Rees appelle (quoique dans un autre contexte) "la semence de survie". Et ce terme est très approprié, car ce sont de tels chrétiens extraordinaires qui ont empêché la chrétienté de s'effondrer sous le poids de la médiocrité spirituelle qu'elle a été contrainte de supporter.

Parler de "la vie plus profonde", c'est ne parler de rien de plus profond que le christianisme du Nouveau Testament pur et simple. Cela revient en fait à insister pour que les croyants explorent la profondeur de l'Evangile du Christ et les richesses qu'il contient, richesses que beaucoup ignorent. La "vie plus profonde" n'est plus profonde que par rapport à la superficialité de la vie chrétienne moyenne. Ceux qui plaident aujourd'hui pour cette vie plus profonde sont sans doute eux-mêmes loin de l'exemple laissé par les chrétiens qui côtoyèrent Paul ou Pierre dans les premiers temps. Même s'ils n'ont fait encore que peu de progrès, ils ont porté leur regard vers la lumière et nous appellent à les suivre. Il serait difficile de trouver des excuses pour ne pas répondre à leur appel. En fait, ceux qui recherchent cette vie plus profonde nous invitent à aller de l'avant dans notre expérience intérieure personnelle pour jouir des précieux privilèges qui sont les nôtres en Christ-Jésus; à chercher ardemment à goûter la douceur de l'adoration intérieure en esprit comme en vérité; à tendre vers ce but en dépit de l'opposition que nous pouvons rencontrer de la part de nos frères qui, eux, sont satisfaits de leur expérience.

 

Afin que je t'aime parfaitement et que je te loue dignement

L'auteur du célèbre livre sur la piété intitulé The Cloud Of Unknowing (La Nuée de l'Inconnu) commence ce petit livre par une prière qui exprime bien l'esprit de l'enseignement sur la vie plus profonde :

"Dieu, devant qui tous les cœurs sont ouverts... et devant qui rien ne reste secret, je te supplie de purifier les intentions de mon cœur par le don indicible de ta grâce, afin que je t'aime parfaitement et que je te loue dignement. Amen."

Quel croyant vraiment né de l'Esprit pourrait émettre des objections à une telle demande de purification en vue d'aimer Dieu parfaitement et de le louer dignement, si ce n'est à cause de quelque idée préconçue ou de quelque enseignement erroné? C'est pourtant exactement ce que nous voulons dire quand nous parlons de l'expérience d'une "vie plus profonde". Mais c'est une manière d'insister sur le fait que cela doit littéralement toucher le cœur, et ne pas se borner à être accepté intellectuellement.

Dans un petit traité sur la vie remplie de l'Esprit, Nicéphore, un père de l'Eglise orientale, commence par lancer un appel qui peut nous paraître étrange du fait que nous sommes habitués depuis si longtemps à suivre Jésus de loin, tout comme la plupart des gens.

"Vous qui désirez saisir la merveilleuse illumination divine de notre Sauveur Jésus-Christ; vous qui cherchez à sentir le feu divin dans votre cœur; vous qui luttez pour connaître le sentiment de la réconciliation avec Dieu; vous qui, afin de déterrer le trésor enfoui dans le champ de votre cœur et de le posséder, avez renoncé à tout ce qu'offre ce monde; vous qui désirez voir la lampe de vos cœurs briller avec éclat dès à présent, et qui, pour cela, avez renoncé à ce monde; vous qui aspirez à connaître et à recevoir le royaume des cieux qui existe en vous par une expérience consciente : venez, et je vous transmettrai la science de la vie éternelle céleste...".

Nous pourrions multiplier de telles citations au point de remplir une demi-douzaine de volumes. Cette soif de Dieu n'a jamais complètement disparu de chaque génération. Il y a toujours eu de ceux qui méprisaient les sentiers battus et insistaient à fouler la route élevée de la perfection spirituelle. Cependant, ce mot perfection n'a paradoxalement jamais signifié un aboutissement spirituel, ni un état de pureté tel que la vigilance et la prière seraient rendues inutiles. En fait, l'opposé est vrai.

 

Entendre... mais ne pas obéir

Tous les grands chrétiens sont unanimes pour dire que plus ils s'approchaient de Dieu, plus ils devenaient conscients du péché et de leur indignité personnelle. Les âmes les plus pures n'étaient pas conscientes de leur pureté, pas plus que les grands chrétiens n'étaient conscients de leur grandeur. Ils auraient rejeté la simple pensée qu'ils puissent être bons ou grands comme une tentation venue du diable! Ils étaient tellement transportés dans la contemplation de la face de Dieu, qu'ils n'avaient plus le temps de regarder à eux-mêmes. Ils étaient comme suspendus à cet étrange paradoxe : d'une part, la conscience spirituelle qu'ils se savaient purs par le sang de l'Agneau et d'autre part le sentiment qu'ils ne méritaient que la mort et l'enfer comme juste récompense. Ce sentiment est très fort dans les écrits de Paul et se trouve également dans la plupart des livres traitant de la piété, ainsi que dans les cantiques les plus appréciés. La qualité du christianisme évangélique doit être grandement améliorée si l'on ne veut pas que l'intérêt religieux actuel ne laisse l'Eglise dans un état pire qu'avant cet intérêt. Si nous sommes attentifs, je crois que nous entendrons le Seigneur nous dire ce qu'il dit un jour à Josué : "Maintenant, lève-toi, traverse le Jourdain que voici, toi et tout ce peuple, en direction du pays que je donne aux Israélites" (Josué 1:2). Ou peut-être entendrons-nous l'auteur de l'épître aux Hébreux nous dire : "C'est pourquoi, laissant l'enseignement élémentaire de la parole du Christ, tendons vers la perfection" (Hébreux 6:1). Et nous entendrons certainement Paul nous exhorter à être "remplis de l'Esprit".

Si nous sommes assez attentifs pour entendre la voix de Dieu, nous ne devons pas nous contenter de "croire" cette parole. Comment quelqu'un peut-il croire en un commandement? Les commandements sont donnés pour être exécutés et, tant que nous n'y obéissons pas, nous n'en faisons aucun cas. Les avoir entendus sans y obéir est infiniment plus grave que de ne les avoir jamais entendus du tout! Cela est particulièrement vrai à la lumière du proche retour du Christ et du jugement à venir.

Référence: Aiden Wilson Tozer, Les clefs d'une vie plus profonde, Vida, 1996.

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