Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
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Dwight
L. Moody
Célèbre Conquérant
d'Âmes (1837-1899)
par Orlando Boyer
Lorsque
le jeune Moody pleurait, ébranlé par la puissance d'en haut,
lors d'un message du jeune Spurgeon, il fut poussé à s'exclamer:
" Si Dieu peut se servir de Spurgeon, Il peut se servir de moi aussi!
"
Cela se passa lors d'une
célèbre campagne d'évangélisation de Moody
et Sankey. La soirée du lundi avait été prévue
pour un message qui s'adressait aux matérialistes. Charles Bradlaugh,
champion du scepticisme, qui se trouvait alors au sommet de sa gloire,
avait ordonné à tous les membres des clubs qu'il avait fondés
d'assister à la réunion. Ainsi, près de cinq mille
hommes, résolus à dominer le culte, entrèrent et
occupèrent tous les bancs.
Moody prêcha sur le
texte suivant: " Car leur rocher n'est pas comme notre Rocher, nos
ennemis en sont juges " (Deutéronome 32:31). Rapportant une
série d'incidents pertinents et émouvants de ses expériences
avec des personnes sur leur lit de mort, Moody laissa aux hommes le soin
de décider par eux-mêmes qui avait une meilleure fondation
sur laquelle baser sa foi et son espérance. A leur corps défendant,
de nombreuses personnes avaient les larmes aux yeux. La grande masse des
hommes, dont le visage portait la détermination et le défi
qu'ils lançaient à Dieu, affronta l'attaque répétée
aux points les plus vulnérables, c'est-à-dire, le cœur et
le foyer.
En conclusion, Moody dit:
" Levons-nous pour chanter: oh, venez, vous les affligés et
pendant que nous chanterons, les portiers ouvriront toutes grandes les
portes pour que ceux qui désirent sortir puissent le faire. Nous
continuerons ensuite le culte comme d'habitude, pour ceux qui veulent
accepter le Sauveur. " L'un de ceux qui avaient assisté à
ce culte dit: " J'espérais que tous allaient sortir aussitôt,
laissant la salle vide. Mais la grande masse des cinq mille hommes se
leva, chanta puis se rassit; aucun d'entre eux ne quitta sa place!"
Moody dit alors: "Je
désire expliquer quatre mots : recevez, croyez, ayez confiance
et acceptez le Seigneur. " Un large sourire apparut sur cette mer
de visages. Après avoir parlé quelques instants sur la Parole
reçue, Moody lança un appel : " Qui veut la recevoir?
Il suffit de dire : je le veux. " Une cinquantaine de personnes qui
se trouvaient debout le long des murs répondirent: " Je le
veux ", mais aucun de ceux qui étaient assis n'éleva
la voix. Un homme s'exclama: "Je ne peux pas", et Moody lui
répondit: " Tu parles bien et avec raison, ami. Tu as bien
fait de t'exprimer ainsi. Ecoute et ensuite tu pourras dire : je peux.
" Moody expliqua alors le sens du mot "croire " et lança
son second appel : " Qui dira : je veux croire en lui? " A nouveau,
quelques-uns de ceux qui étaient debout répondirent; mais
un chef de l'un des clubs s'écria : " Moi je ne veux pas.
" Alors Moody, submergé de tendresse et de compassion, répondit
d'une voix brisée : " Tous ceux qui sont ici ce soir doivent
dire : je veux ou je ne veux pas. "
Moody rappela alors à
l'auditoire l'histoire du fils prodigue et dit: " La bataille porte
sur le fait de vouloir et uniquement sur cela. C'est au moment où
il dit : "Je me lèverai" que le fils prodigue gagna la bataille,
parce que c'est alors qu'il prit l'ascendant sur sa propre volonté.
C'est de cela que tout dépend aujourd'hui. Messieurs, vous avez
au milieu de vous votre propre champion, l'ami qui a dit : moi je ne veux
pas. Je désire que tous ceux qui croient que ce champion a raison
se lèvent, suivent son exemple et disent : moi, je ne veux pas.
" Personne ne dit rien et il y eut un grand silence jusqu'à
ce qu'enfin, Moody le brise pour dire: " Grâce à Dieu!
Personne n'a dit : je ne veux pas. Et maintenant, qui va dire : je veux?
" Alors, il semble que le Saint-Esprit fondit soudain sur ce grand
auditoire d'ennemis de Jésus-Christ et près de cinq cents
hommes se levèrent, les joues ruisselantes de larmes et s'écrièrent:
"Je veux! je veux! ". Ils crièrent jusqu'à ce
que l'ambiance fût transformée.
La bataille était
gagnée.
Le culte se termina sans
plus attendre, afin que l'œuvre puisse commencer parmi ceux qui désiraient
recevoir leur salut. En l'affaire de huit jours, près de deux mille
personnes passèrent des rangs des ennemis dans ceux de l'armée
du Seigneur, par la soumission de leur propre volonté. Les années
qui suivirent apportèrent la preuve de la solidité de l'œuvre
accomplie car les clubs ne s'en remirent jamais. Dieu, dans sa miséricorde
et par sa puissance, les réduisit à néant par son
Evangile.
En tout, cinq cent mille
âmes précieuses gagnées au Christ, c'est là
la récolte que Dieu fit par l'intermédiaire de son humble
serviteur, Dwight Moody. R. A. Torrey, qui le connut intimement, le considérait
avec raison comme le plus grand homme du XIXe siècle,
c'est-à-dire l'homme dont Dieu s'était le plus servi pour
gagner des âmes.
Il n'est pas exagéré
de dire qu'aujourd'hui, plus d'un demi-siècle après sa mort,
les croyants se réfèrent à son nom plus qu'à
tout autre depuis l'époque des apôtres.
Que personne ne pense, cependant
que D. L. Moody fut grand en lui-même ou qu'il eut des occasions
que les autres n'avaient pas. Ses ancêtres étaient de simples
paysans, qui vécurent pendant sept générations, soit
environ deux cents ans, dans la vallée du Connecticut, aux Etats-Unis.
Dwight naquit le 5 février 1837, de parents pauvres, le sixième
d'une famille de neuf enfants. Il était encore très jeune
à la mort de son père, lorsque les créanciers s'emparèrent
de tout ce que possédait la famille, jusqu'au bois qui servait
à chauffer la maison par temps de grand froid. L'histoire des années
de lutte de la mère de Moody est des plus émouvantes et
des plus dignes d'inspiration. Quelques mois après la mort de son
mari, elle mit au monde des jumeaux, alors que l'aîné n'avait
que douze ans. La famille lui conseilla alors de confier ses enfants à
d'autres qui les élèveraient à sa place. Mais avec
un courage invincible et un dévouement profond envers ses enfants,
elle réussit à élever les neuf enfants dans son propre
foyer. On a conservé, comme un précieux trésor, sa
Bible dans laquelle les paroles de Jérémie 49:11 était
soulignées: " Laisse tes orphelins, je les ferai vivre, et
que tes veuves se confient en moi".
Que peut-on attendre d'enfants
qui ont grandi auprès de leur mère, si ce n'est qu'ils deviennent
des hommes et des femmes attachés au même Dieu qu'elle? Ainsi
s'exprima Dwight, près du cercueil de sa mère, lorsque celle-ci
mourut à l'âge de quatre-vingt dix ans: " Si je parviens
à dominer mon émotion, je voudrais dire quelques mots. C'est
un grand honneur que d'avoir été le fils d'une telle mère.
J'ai beaucoup voyagé, mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un
comme elle. Elle était toujours si proche de ses enfants que c'était
un grand sacrifice pour chacun de nous de nous éloigner du foyer.
" Pendant la première
année après la mort de mon père, elle s'endormait
tous les soirs en pleurant. Et pourtant, elle était toujours gaie
et animée en présence de ses enfants. Ses regrets lui servaient
à se rapprocher de Dieu [...] Maintes fois je me réveillais
pour la trouver en train de prier ou parfois de pleurer. Je ne peux exprimer
la moitié de ce que je voudrais dire. Combien j'aime ce visage!
Pendant cinquante ans, je n'ai pas eu de plus grande joie que de revenir
chez moi. Sur le chemin de retour, alors que je me trouvais encore à
soixante-quinze kilomètres, je me sentais si anxieux et pressé
d'arriver, que je me levais et faisais les cent pas dans le wagon, jusqu'à
l'entrée du train en gare [...] Si j'arrivais la nuit, je cherchais
toujours à distinguer la lumière de la fenêtre de
ma mère. Je suis si heureux d'avoir pu arriver cette fois-ci à
temps pour qu'elle me reconnaisse. Je lui ai demandé : Mère,
tu me reconnais? et elle m'a répondu : Allons! comme si je pouvais
ne pas te reconnaître!
" Voici sa Bible, si
usée, parce que c'est la Bible du foyer; tout ce qu'elle avait
de bon, lui était venu de ce Livre et c'est de lui qu'elle tira
ce qu'elle nous apprit. Si ma mère fut une bénédiction
pour le monde, c'est parce qu'elle buvait à cette fontaine. La
lumière de la veuve Moody brilla dans cette maison sur la colline
pendant cinquante ans. Que Dieu te bénisse, mère; combien
nous t'aimons! Au revoir, à très bientôt, mère!
"
Quand on voit la réussite
de Dwight L. Moody, on se voit obligé d'ajouter : Qui peut prévoir
l'avenir que connaîtra un enfant élevé dans un foyer
où les parents aiment sincèrement le Père céleste,
au point de demander chaque jour à tous les enfants d'écouter
la voix de Dieu par la lecture de la Bible et de s'adresser à lui
avec respect par la prière?
Tous les enfants de la veuve
Moody assistaient aux cultes le dimanche; ils apportaient un casse-croûte
pour pouvoir passer la journée entière à l'église.
Ils devaient écouter deux longs sermons et assister entre temps
à l'école du dimanche. Dwight, après avoir travaillé
toute la semaine, trouvait que sa mère exigeait trop en l'obligeant
à assister aux sermons qu'il ne comprenait pas. Mais finalement,
il en vint à être reconnaissant à cette bonne mère
de sa consécration aux choses du Seigneur.
Lorsqu'il eut dix-sept ans,
Moody quitta la maison pour aller travailler à Boston, où
il trouva à s'employer dans la cordonnerie de l'un des ses oncles.
Il continua à assister aux cultes, mais il n'était pas encore
sauvé. Que ceux qui se consacrent à la tâche de gagner
des âmes le notent bien : ce ne fut pas lors d'un culte que Dwight
Moody fut amené au Sauveur. Son moniteur d'école du dimanche,
Edward Kimball, raconte:
" Je résolus
de lui parler du Christ et de son âme. J'hésitai un peu avant
d'entrer dans la cordonnerie, car je ne voulais par déranger le
jeune garçon pendant les heures de travail [...] Je finis par entrer,
décidé à lui parler sans plus attendre. Je trouvai
Moody dans le fond de la boutique en train d'envelopper des chaussures.
Je m'approchai de lui aussitôt, lui mis la main sur l'épaule
et lui adressai ce qui me parut par la suite un bien piètre discours,
une invitation à accepter le Christ. Je ne me souviens pas de ce
que je lui dis ensuite, et Moody lui-même, quelques années
plus tard, ne pouvait s'en souvenir. Je lui parlai simplement de l'amour
du Christ pour lui et de l'amour que le Christ attendait de lui en retour.
Il me semblait que le jeune garçon était prêt à
recevoir la lumière qui l'illumina à cet instant, et c'est
là, dans le fond de la cordonnerie qu'il s'abandonna au Christ.
"
Dans l'histoire du christianisme,
à travers les siècles, il n'y eut aucun croyant qui ne fut,
pour ce qui est du zèle, moins réticent, et en esprit, plus
fervent à servir le Seigneur, depuis sa conversion jusqu'au jour
de sa mort, que Moody de Northfield. D'innombrables fois par la suite,
Monsieur Kimball rendit grâces à Dieu de ce qu'il n'avait
pas désobéi à la vision céleste! Que se serait-il
passé s'il n'avait pas parlé au jeune homme ce matin-là
dans la cordonnerie?
A l'époque, c'était
la coutume pour les églises de louer les places. Moody, aussitôt
après sa conversion, transporté d'amour pour son Sauveur,
régla le loyer d'un banc. Puis, il parcourut les rues, les hôtels
et les pensions, à la recherche d'hommes et d'enfants pour remplir
ce banc à tous les cultes. Puis il loua un autre banc, encore un
autre, puis un autre et il finit par remplir quatre bancs tous les dimanches,
mais cela n'était pas suffisant pour apaiser l'amour qu'il ressentait
pour tous les gens égarés.
Puis, alors qu'il n'avait
pas vingt ans, il partit à Chicago, où il poursuivit avec
beaucoup de succès une carrière de vendeur de chaussures.
Là, un dimanche, il se rendit à une école du dimanche
et il demanda l'autorisation d'enseigner une classe. Le directeur lui
répondit: " Il y a douze moniteurs et seize élèves.
Mais vous pouvez enseigner à tous les élèves que
vous réussirez à amener à l'école. "
Ce fut une grande surprise pour tous, lorsque le dimanche suivant, Moody
entra avec dix-huit enfants ramassés dans la rue, sans chapeau
et pieds nus, les vêtements sales et râpés mais, comme
il le dit : " Tous ont une âme qu'il faut sauver ".
Il continua à amener
toujours plus d'élèves à l'école du dimanche,
si bien que quelques semaines plus tard, l'édifice était
trop petit pour les contenir tous. Il résolut alors d'ouvrir une
autre école dans un autre quartier de la ville. Moody n'enseignait
pas, mais il engageait des moniteurs et il fournissait l'argent pour le
loyer et les autres frais. En quelques mois, cette école du dimanche
devint la plus importante de la ville de Chicago. Comme il ne jugeait
pas convenable de payer quelqu'un pour travailler le dimanche, Moody,
très tôt le matin, sortait les tonneaux de bière (le
local servait à autre chose dans la semaine), balayait et préparait
tout ce qu'il fallait pour l'école. Ensuite, il sortait chercher
les élèves. A deux heures de l'après-midi, lorsqu'il
revenait après avoir lancé son invitation, il trouvait le
local plein d'élèves.
Après avoir terminé
le culte à l'école du dimanche, il allait rendre visite
à ceux qui n'étaient pas venus et il invitait tout le monde
à se rendre au culte du soir. Dans son appel à la fin du
sermon, il invitait tous ceux qui étaient intéressés
à rester pour un culte spécial, où il s'occupait
individuellement de chacun. Moody participait aussi à cette récolte
des âmes.
Avant la fin de l'année,
en moyenne six cents élèves assistaient à l'école
du dimanche, répartis en quatre-vingt classes. Par la suite, le
nombre des élèves passa à mille et parfois même
à quinze cents.
Le succès de Moody
à l'école du dimanche attira l'attention d'autres qui s'intéressaient
aussi à ce travail. Il était de temps en temps invité
à prendre part aux grandes conventions des écoles du dimanche.
Une fois, après un
message de Moody à l'une de ces conventions, un orateur lui fit
la critique sévère de ne pas savoir s'adresser à
un auditoire. Moody s'avança jusqu'au premier rang, et après
avoir expliqué qu'il reconnaissait ne pas être instruit,
il remercia le pasteur de lui avoir montré ses défauts et
il lui demanda de prier que Dieu l'aide à faire de son mieux. Tout
en se consacrant à l'école du dimanche avec de si bons résultats,
Moody s'efforçait de réussir aussi bien tous les jours dans
le commerce. Le grand but de sa vie était de devenir l'un des premiers
commerçants du monde, un multimillionnaire. Il n'avait pas vingt-trois
ans qu'il avait déjà mis de côté sept mille
dollars! Mais son Sauveur avait un plan beaucoup plus noble pour son serviteur.
Un jour, l'un des moniteurs
de l'école du dimanche entra chez le chausseur où travaillait
Moody. Il l'informa qu'il était tuberculeux et que, le médecin
lui ayant ôté tout espoir, il avait décidé
de retourner à New York pour y mourir. Il avoua se sentir très
troublé, non pas parce qu'il devait mourir, mais parce qu'il n'avait
toujours pas réussi à amener au Sauveur une seule des jeunes
filles de sa classe de l'école du dimanche. Moody, profondément
ému, lui proposa d'aller avec lui rendre visite chez elles à
chacune des jeunes filles. Ils allèrent chez l'une d'elles et le
moniteur lui parla sérieusement du salut de son âme. La jeune
fille écouta, regretta sa légèreté et se mit
à pleurer en se confiant à son Sauveur. Toutes les jeunes
filles à qui ils rendirent visite ce jour-là firent de même.
Dix jours plus tard, le moniteur
retourna chez le chausseur. Empli de joie, il apprit à Moody que
toutes les jeunes filles s'étaient tournées vers le Christ.
Ils décidèrent alors de les inviter toutes à un culte
de prière et d'adieux, la veille du départ du moniteur pour
New York. Tous se mirent à genoux et Moody, après avoir
prié, allait se lever lorsqu'une des jeunes filles se mit aussi
à prier. Toutes supplièrent Dieu en faveur du moniteur.
Avant de partir, Moody supplia: " Oh, Dieu, fais que je meure avant
de perdre la bénédiction que j'ai reçue ici aujourd'hui.
"
Plus tard, Moody avoua :
"Je ne savais pas le prix que j'allais devoir payer pour avoir pris
part à l'évangélisation individuelle de ces jeunes
filles. Je perdis toute ardeur pour les affaires; je n'avais plus aucun
intérêt pour le commerce. j'avais fait l'expérience
d'un autre monde et je ne voulais plus gagner d'argent [...] Quel bonheur
de tirer une âme des ténèbres de ce monde pour l'amener
à la glorieuse lumière et à la liberté de
l'Evangile! "
Alors, âgé de
vingt-quatre ans, peu après son mariage, Moody décida de
laisser un bon emploi avec un salaire de cinq mille dollars par an, salaire
fabuleux à l'époque, pour travailler à plein temps
au service du Christ, sans avoir la moindre promesse d'une rétribution
financière quelconque. Après avoir pris cette résolution,
il se rendit en toute hâte à la société B.
F. Jacobs et, très ému, il annonça :
" - J'ai décidé
d'employer tout mon temps au service de Dieu!
- Et de quoi vivrez-vous?
lui demanda-t-on.
- Eh bien, c'est Dieu qui
y pourvoira, répondit-il, s'il veut que je continue; et je continuerai
jusqu'à ce que je me vois obligé de renoncer ".
Il est très intéressant
de noter ce qu'il écrivait peu après à son frère
Samuel : " Cher frère, les heures les plus joyeuses que j'ai
vécues sur terre, furent celles que j'ai consacrées à
l'œuvre de l'école du dimanche. Samuel, réunis un groupe
d'enfants perdus, amène-les à l'école du dimanche
et demande à Dieu de te donner la sagesse nécessaire pour
leur montrer le chemin de la vie éternelle. " A l'époque
où Moody décrivait ainsi sa joie, il se vit obligé
de quitter sa pension, de se nourrir très simplement et de dormir
sur l'un des bancs de la salle.
A propos de son désintéressement
vis-à-vis de l'argent, R. A. Torrey fit cette observation: "
Il (Moody) m'a dit que s'il avait accepté les gains provenant de
la vente des livres d'hymnes qu'il publia, cette somme s'élèverait
à un million de dollars. Toutefois, Moody refusa de toucher cet
argent, même s'il lui revenait de droit [...] Dans une ville où
se trouvait Moody au cours des dernières années de sa vie,
alors que j'étais avec lui, il fut annoncé publiquement
qu'il n'accepterait aucune rétribution pour sa prédication.
Mais le fait est qu'il n'avait pratiquement pas d'autres moyens de subsistance,
si ce n'est ce qu'il recevait pour ses conférences. Cependant,
il ne fit aucun commentaire et il quitta la ville sans avoir reçu
un sou pour son difficile travail; et je crois même qu'il régla
lui-même sa note à l'hôtel où il avait logé.
"
La partie de la biographie
de D. L. Moody qui se rapporte aux premières années de son
ministère est pleine de prouesses faites dans la chair. Nous n'en
rapporterons qu'une, à savoir le fait que Moody fit un nombre incroyable
de visites en une seule journée. Plus tard, il dira lui-même
à propos de ces années qu'elles témoignaient d'un
grand " zèle au service de Dieu, mais aussi d'un grand manque
de jugement", ajoutant: " Il y a cependant davantage d'espoir
pour l'homme qui fait preuve de zèle, même sans jugement
que pour l'homme de jugement dépourvu de zèle." Lorsqu'éclata
la terrible Guerre de Sécession, Moody arriva au camp militaire
avec les premiers soldats, et il y dressa une vaste tente pour les cultes.
Ensuite, il réunit de l'argent et construisit une église
où il célébra plus de mille cinq cents cultes au
cours de la guerre. Quelqu'un qui le connaissait, commenta ainsi sur sa
façon d'agir : " Moody paraissait être partout à
la fois, de jour comme de nuit, le dimanche comme tous les autres jours
de la semaine, à prier, exhorter, parler avec les soldats de leur
âme et à se réjouir de l'occasion qui lui était
donnée de travailler et de récolter le fruit qui était
à sa portée en raison de la guerre. "
Après la fin de la
guerre, il dirigea une campagne pour la construction à Chicago
d'un bâtiment pour les cultes, capable d'accueillir trois mille
personnes, Plus tard, lorsque cet édifice fut détruit par
un incendie, lui et deux autres hommes lancèrent une autre campagne,
avant même que les décombres ne fussent refroidis, pour la
construction d'un nouveau bâtiment. Ce fut le Farwell Hall Il, qui
devait devenir un grand centre religieux à Chicago. Le secret de
cette réussite fut les réunions de prière qui se
tenaient tous les jours, à midi, précédées
d'une heure que Moody passait à prier, caché sous un escalier.
Au milieu de ces grandes
entreprises, Moody résolut subitement de se rendre en Angleterre.
Son principal intérêt dans ce voyage à Londres était
d'aller entendre Spurgeon prêcher dans le " Metropolitan Tabernacle
". Il avait déjà lu bon nombre des écrits du
" Prince des prédicateurs ", mais sur place il put se
rendre compte qu'il ne s'agissait pas de l'œuvre de Spurgeon, mais de
celle de Dieu et il revint de sa visite avec une vision différente.
Il alla également
voir George Müller et visiter son orphelinat à Bristol. A
partir de cette date, l'autobiographie de Müller eut autant d'influence
sur lui qu'en avait eu le Voyage du Pèlerin de Bunyan.
Mais, ce qui dans ce voyage,
poussa Moody à rechercher une expérience plus profonde avec
le Christ, furent ces paroles prononcées par un grand conquérant
des âmes de Dublin, Henry Varley : " Le monde n'a pas encore
vu ce que Dieu fera avec, pour, et par l'homme qui s'en remet entièrement
à lui. " Moody se dit en lui-même : " Il n'a pas
dit par un grand homme, ni par un sage, ni par un riche, ni par un orateur,
ni par un intelligent, mais tout simplement par un homme. Je suis un homme
et il revient à l'homme et à lui seul de décider
s'il désire ou non se consacrer de cette manière. Je suis
résolu à faire tout mon possible pour être cet homme.
" Malgré tout, après son retour en Amérique,
Moody continua ses efforts à l'aide de méthodes charnelles.
C'est à cette époque, en 1871, que la ville de Chicago fut
réduite en cendres par un immense incendie.
La nuit où se déclara
cet épouvantable sinistre, Moody avait dans la soirée prêché
sur le thème : " Que ferai-je donc de Jésus, appelé
le Christ? " En conclusion de son sermon, il dit à l'auditoire,
le plus grand auquel il se soit adressé à Chicago: "Je
désire que vous emportiez ce texte chez vous et que vous le méditiez
au cours de la semaine, et dimanche prochain nous irons au Calvaire, au
pied de la croix, et nous déciderons ce que nous ferons de Jésus
de Nazareth ".
" Combien je me trompais!
" dit plus tard Moody. " Je ne me suis plus jamais risqué
à accorder une semaine de délai aux égarés
pour décider de leur salut. S'ils se perdent, ils seront en droit
de se dresser devant moi le jour du jugement. Je me souviens de ce que
chantait Sankey et comme sa voix résonnait lorsqu'il arrivait à
la strophe de l'appelé : Le Sauveur appelle au refuge; la tempête
éclate et bientôt vient la mort.
" Plus jamais je ne
vis un tel auditoire. Encore aujourd'hui j'ai envie de pleurer [...] Je
préfèrerais me faire couper la main droite plutôt
que d'accorder à l'auditoire une semaine pour décider de
ce qu'il fera de Jésus. Beaucoup me critiqueront en disant : Moody,
vous préférez que les gens se décident immédiatement.
Pourquoi ne leur laissez-vous pas le temps de réfléchir?
"J'ai demandé
à Dieu maintes et maintes fois de me pardonner pour avoir dit ce
soir-là qu'ils pouvaient passer huit jours à étudier
la question, et s'il me prête vie, je ne le ferai plus jamais. "
Un grand incendie fit rage
et ravages pendant quatre jours. Il détruisit Farwell Hall, l'église
de Moody ainsi que sa maison. Les membres de l'église furent tous
dispersés. Moody reconnut que la main de Dieu s'était abattue
sur lui pour lui enseigner une leçon, et cela devint pour lui un
motif de grande joie. Il se rendit à New York afin de réunir
de l'argent pour tous les sinistrés du grand incendie. A propos
de ce qui s'y passa, il écrivit: "Je ne ressentais dans mon
cœur aucun désir de demander cet argent. Tout le temps, je criais
vers Dieu pour lui demander de m'envoyer son Saint-Esprit. Puis, un jour,
dans la ville de New York, quel jour! je ne peux le décrire, et
je ne veux pas en parler; ce fut une expérience presque trop sacrée
pour être rapportée.
" L'apôtre Paul
vécut une expérience dont il ne parla pas pendant quatorze
ans. Je peux seulement dire que Dieu se révéla à
moi et je ressentis son amour de façon si forte que je dus le supplier
de retirer sa main de sur moi. Je me suis remis à prêcher.
Mes sermons n'étaient pas différents; je n'exposais pas
d'autres vérités; et pourtant, des centaines de personnes
se convertissaient. Je ne voudrais pas recommencer à vivre comme
autrefois, même si je devais posséder le monde entier! "
A propos de cette expérience,
l'un de ses biographes ajouta : " Le Moody qui se promenait dans
la rue paraissait autre. Il ne s'était jamais enivré, mais
maintenant il connaissait la différence entre la joie donnée
par Dieu et la fausse joie de Satan. Lorsqu'il marchait, il semblait qu'un
de ses pieds disait à l'autre : Gloire, et l'autre répondait
: Alléluia. Le prédicateur éclata en sanglots, balbutiant:
Ô, Dieu! force-moi à marcher près de toi aujourd'hui
et toujours. "
A propos de ce même
événement, un autre écrivit : " Le fruit de
sa prédication avait été rare. Le cœur plein d'angoisse,
il marchait la nuit dans les rues de la grande ville en priant : Ô,
Dieu! oins-moi de ton Esprit! Dieu l'entendit et lui accorda, dans la
rue, ce qu'il demandait. On ne peut expliquer avec des mots ce qui se
passa. Dans sa vie antérieure, il semble qu'il essayait de tirer
de l'eau d'un puits qui semblait vide. Il actionnait la pompe de toutes
ses forces, mais il ramenait très peu d'eau [...]. Maintenant,
Dieu a changé son âme en un puits artésien, où
l'eau ne manque jamais. Ainsi le sens des paroles suivantes lui devint
clair : " L'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau
qui jaillira jusque dans la vie éternelle " (Jean 4:14). "
Le Seigneur procura à
Moody l'argent dont il avait besoin pour construire un bâtiment
provisoire pour célébrer les cultes à Chicago. Ce
bâtiment était en bois grossier, isolé avec un papier
très épais pour empêcher le froid d'entrer; le toit
était soutenu par des rangées de poteaux placés au
centre. C'est dans cette église provisoire que se célébrèrent
les cultes pendant près de trois ans, au milieu d'un désert
de cendres. La plus grande partie du travail de construction se fit avec
l'aide des membres de l'église qui vivaient dans des cabanes ou
des abris creusés dans les décombres. Au premier culte il
y eut plus de mille enfants avec leurs parents!
Cette église provisoire
servit également de demeure à Moody et à Sankey,
son chanteur évangéliste; ils étaient aussi pauvres
que ceux qui vivaient autour d'eux, mais si pleins d'espérance
et de joie qu'ils étaient riches spirituellement, bien que ne possédant
rien. Le réveil se propagea par vagues successives. Les cultes
se poursuivirent jour et nuit, presque sans interruption, pendant plusieurs
mois. Des foules pleuraient sur leurs péchés, parfois des
journées entières et, le lendemain, pardonnées, elles
louaient Dieu et proclamaient leur gratitude. Des hommes et des femmes
jusqu'alors découragés, participaient à la joie débordante
de Moody, transformés par le baptême du Saint-Esprit.
Peu après la construction
de l'église permanente (qui contenait deux mille places, et sans
avoir contracté la moindre dette!), Moody fit son second voyage
en Angleterre. Lors de ses premiers cultes en ce pays, l'accueil fut très
froid dans des églises presque vides et les personnes présentes
ne faisaient montre d'aucun intérêt pour ses messages. Mais
l'onction du Saint-Esprit que Moody avait reçue dans les rues de
New-York emplissait toujours son âme et Dieu en fit son instrument
pour provoquer un réveil mondial. Moody n'aimait pas faire appel
au sensationnel, il employa toujours les mêmes humbles méthodes
jusqu'à la fin de sa vie : le sermon adressé directement
à son auditoire; l'application pratique du message de l'Evangile
aux besoins individuels; les solos chantés avec l'onction de l'Esprit;
l'invitation aux perdus à accepter le Christ et à s'en remettre
à lui immédiatement; une salle contiguë pour y recevoir
ceux qui avaient des " difficultés" à accepter
le Christ; l'œuvre de suite faite par les croyants auprès des personnes
intéressées et des nouveaux convertis; et chaque jour, une
heure de prière à midi et des cultes qui duraient la journée
entière.
Moody lui-même déclara:
" Si nous sommes remplis de l'Esprit et de puissance, un jour de
service pour le Seigneur vaut plus qu'une année de service sans
cette puissance. " Une autre fois, il ajouta: " Si nous sommes
remplis de l'Esprit et oints, nos paroles parviendront à pénétrer
le cœur des gens. "
En Angleterre, les villes
de Yord, Sunderland, Bishop, Auckland, Carlisle et Newcastle furent revivifiées
comme du temps de Whitefield et de Wesley. A Edimbourg, en Ecosse, les
cultes furent célébrés dans le plus grand édifice
et " la ville entière fut émue ". A Glasgow, l'œuvre
commença par une réunion des moniteurs de l'école
du dimanche, à laquelle assistèrent plus de trois mille
personnes. La réunion du soir fut annoncée pour six heures
et demie, mais bien avant l'heure prévue, le grand édifice
était déjà comble et la foule qui ne put entrer,
fut dirigée vers les quatre églises les plus proches. Cette
série de cultes transforma radicalement la vie quotidienne des
gens. Le dernier soir, Sankey chanta pour sept mille personnes qui se
trouvaient à l'intérieur de l'édifice, et Moody qui
se trouvait à l'extérieur, sans pouvoir entrer, monta sur
une voiture et prêcha pour les vingt mille personnes qui se trouvaient
rassemblées dehors. Le chœur dirigea les hymnes du haut d'un hangar.
En un seul culte, plus de deux mille personnes répondirent à
l'appel et s'en remirent définitivement au Christ.
Au cours de l'été,
il prêcha dans une douzaine de villes; des milliers de personnes
assistèrent à tous ces cultes.
En Irlande, Moody prêcha
dans les grands centres urbains avec les mêmes résultats
qu'en Angleterre et en Ecosse. Les cultes à Belfast se poursuivirent
pendant quarante jours. Le dernier culte fut réservé aux
nouveaux convertis qui furent les seuls à pouvoir entrer sur présentation
d'une carte délivrée gratuitement. Ils furent deux mille
trois cents à y assister. Belfast avait été le centre
de nombreux réveils, mais tous furent d'accord pour dire qu'ils
n'avaient jamais vu un réveil semblable avec des résultats
si durables. Après la campagne d'Irlande, Moody et Sankey revinrent
en Angleterre et dirigèrent des cultes inoubliables à Sheffield,
Manchester, Birmingham et Liverpool. Pendant de nombreux mois, les plus
grands édifices de ces villes ne désemplirent pas de foules
désireuses d'entendre l'Evangile présenté de façon
claire et hardie, par un homme dégagé de tout intérêt
et sans ostentation. Le pouvoir de l'Esprit se manifesta lors de tous
ces cultes et produisit des résultats qui sont encore tangibles
aujourd'hui.
La tournée entreprise
par Moody et Sankey en Europe se termina après quatre mois de réunions
à Londres. Moody prêchait alternativement dans quatre centres.
Les chiffres suivants nous aident à comprendre quelque peu la grandeur
de l'œuvre réalisée au cours de ces quatre mois : il y eut
soixante cultes au Agricultural Hall, auxquels assistèrent 720
000 personnes en tout; au Bow Road Hall, soixante cultes auxquels assistèrent
600 000 personnes; au Camberwell Hall, soixante cultes, et une assistance
de 480 000 personnes; à l'Haymarket Opera House, soixante cultes
et une assistance de 330 000 personnes; au Victoria Hall, quarante-cinq
cultes et une assistance de 400 000 personnes!
Qu'il est merveilleux de
pouvoir ajouter ici : " Les différences qui existent entre
les confessions disparurent presque entièrement. Les pasteurs de
toutes les églises participèrent en une plate-forme commune
pour le salut des âmes perdues. Les gens recommencèrent à
ouvrir leurs bibles et manifestèrent un grand intérêt
pour l'étude de la Parole de Dieu. "
Lorsque Moody quitta les
Etats-Unis en 1873, on le connaissait dans quelques Etats seulement en
tant qu'ouvrier de l'école du dimanche et de l'Association Chrétienne
des jeunes. Mais lorsqu'il rentra de la campagne effectuée en Grande-Bretagne
en 1875, il était connu comme le plus célèbre prédicateur
du monde. Néanmoins, il resta le même humble serviteur de
Dieu. Quelqu'un qui le connaissait intimement décrivit ainsi sa
personnalité: " Je crois que c'est l'être le plus humble
que j'aie jamais connu [...] Il ne simula jamais l'humilité. Au
plus intime de son cœur, il se rabaissait et grandissait les autres. Il
mettait les autres en valeur et, chaque fois que c'était possible,
il s'arrangeait pour qu'ils prêchent [...] il faisait tout son possible
pour rester dans l'obscurité. "
De retour aux Etats-Unis,
Moody reçut de nombreuses invitations à venir prêcher
dans tous les coins du pays. Sa première campagne à Brooklyn
servit de modèle à toutes les autres. Toutes les confessions
participèrent; elles louèrent un local pouvant contenir
trois mille personnes. Le résultat fut une œuvre immense et durable.
Pendant vingt ans, Moody
dirigea des campagnes avec grand succès dans les principales villes
des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. En certains endroits, la campagne
dura six mois. Partout, Moody proclamait le message de l'Evangile de façon
claire et pratique.
Au cours de ses campagnes,
il se trouva confronté à des situations réellement
dramatiques. A Chicago, par exemple, le cirque Forepaugh, dont la tente
de toile pouvait contenir dix mille personnes assises et dix mille debout,
annonça des représentations pour deux dimanches. Moody loua
la tente pour les cultes du matin, ce qui lui valut la reconnaissance
des propriétaires. Mais lors du premier culte, la tente fut complètement
pleine. Ensuite, l'après-midi il y eut si peu de monde aux représentations
du cirque, que les propriétaires décidèrent de ne
pas faire de représentation le deuxième dimanche. Cependant,
le culte eut lieu le second dimanche sous la tente, par une si grande
chaleur qu'on avait l'impression que toute l'assistance allait suffoquer.
Néanmoins, dix-huit mille personnes restèrent debout baignées
de sueur et sans faire attention à la chaleur. Dans le silence
qui régnait pendant que Moody prêchait, la puissance de l'Esprit
descendit et des centaines de personnes furent sauvées. A propos
de l'un de ces cultes, une personne qui y avait assisté déclara:
" Je n'oublierai jamais le sermon que prêcha Moody. C'était
dans le cirque Forepaugh pendant l'Exposition mondiale. Il y avait dix-sept
mille personnes sous la tente, appartenant à toutes les classes
sociales. Le texte du sermon était : Pourquoi le Fils de l'homme
vint rechercher et sauver ce qui était perdu. L'onction du prédicateur
était impressionnante; il semblait être en contact intime
avec le cœur de chaque personne de cette immense foule. Moody répéta
plusieurs fois : Pourquoi le Fils de l'homme est venu aujourd'hui au cirque
Forelaugh chercher et sauver ce qui était perdu. Ecrit et imprimé,
cela paraît un sermon ordinaire, mais ses paroles, par la sainte
onction qui le marquait, se changèrent en paroles d'esprit et de
vie. "
Pendant l'Exposition mondiale,
la journée désignée en l'honneur de la ville de Chicago,
tous les théâtres de la ville fermèrent leurs portes
parce qu'on s'attendait à ce que tout le monde se rende à
l'Exposition qui se trouvait à six kilomètres de distance.
Cependant, Moody loua le Central Music Hall et R. A. Torrey témoigna
que l'assistance était si grande qu'il ne parvint à entrer
que par une fenêtre du fond. Les cultes de Moody continuèrent
à attirer tant de monde que l'Exposition mondiale n'ouvrit pas
ses portes le dimanche car le public n'était pas assez nombreux.
Henry Moorehouse, prédicateur écossais, donne l'opinion
suivante à propos des discours de Moody : " Il croit fermement
que l'Evangile sauve les pécheurs, quand ils croient et ont confiance
en la simple histoire du Sauveur crucifié et ressuscité.
Il attend le salut des âmes quand il prêche.
" Il prêche comme
s'il ne devait plus jamais y avoir de culte et comme si les pécheurs
ne devaient plus jamais avoir l'occasion d'entendre le message de l'Evangile.
Ses appels à prendre une décision pour le Christ à
l'instant même sont émouvants.
" Il réussit
à convaincre les croyants de travailler avec ceux qui sont intéressés
après le sermon. Il insiste pour qu'ils demandent à ceux
auprès de qui ils sont assis s'ils sont sauvés ou non. Tout
dans son œuvre est simple et il conseille aux ouvriers de la moisson du
Seigneur d'apprendre de notre frère bien-aimé quelques leçons
précieuses sur la façon de gagner les âmes. "
Le docteur Dale dit : "
Quant au pouvoir de Moody, je crois qu'il est très difficile d'en
parler. Il est si réel et en même temps, si différent
du pouvoir des autres prédicateurs que je ne sais comment le décrire.
Sa réalité est indéniable. Un homme qui peut captiver
l'intérêt d'un auditoire de trois à six mille personnes
pendant une demi-heure le matin, à nouveau pendant quarante minutes
à midi et qui peut retenir l'intérêt d'un troisième
auditoire de treize à quinze mille personnes pendant quarante minutes
le soir, doit avoir un pouvoir extraordinaire cela ne fait aucun doute
".
A propos de ce merveilleux
pouvoir, Torrey affirma : "J'ai souvent entendu dire par diverses
personnes : Nous avons parcouru de grandes distances pour voir et entendre
D. L. Moody, qui, en effet, était un prédicateur extraordinaire.
Certes, c'était un merveilleux prédicateur; tout bien considéré,
le meilleur que j'ai jamais entendu; c'était un grand privilège
de l'entendre prêcher, comme lui seul savait le faire. Ceci dit,
l'ayant connu intimement, je désire témoigner que Moody
était plus grand encore comme intercesseur que comme prédicateur.
En face d'obstacles apparemment insurmontables, il savait vaincre toutes
les difficultés. Il savait et il croyait du plus profond de son
âme, que rien n'était trop difficile pour Dieu, que tout
lui était possible et que la prière pouvait tout obtenir
de lui. "
Un jour, pendant sa grande
campagne de Londres, Moody était en train de prêcher dans
un théâtre comble, où l'auditoire appartenait à
la haute société et comptait un membre de la famille royale.
Moody se leva et lut Luc 4:27: " Il y avait aussi plusieurs lépreux
en Israël du temps d'Elisée le prophète [...]."
Arrivé au mot " Elisée ", il ne put le prononcer
et se mit à bégayer et à balbutier. Il recommença
à lire le verset, niais arrivé à " Elisée",
il ne put poursuivre. Il essaya une troisième fois sans plus de
succès. Alors il ferma le livre et très ému, il leva
les yeux et dit : " Ô Dieu! Sers-toi de cette langue maladroite
pour proclamer le Christ crucifié à cette foule. "
La puissance de Dieu descendit sur lui et son âme se répandit
en un tel torrent de paroles que l'auditoire tout entier fut comme enflammé
par le feu divin.
Ce fut au cours de ce deuxième
voyage aux lIes Britanniques qu'il accomplit son œuvre chez les étudiants
des deux célèbres universités, Oxford et Cambridge.
On a souvent raconté l'histoire selon laquelle lui, un homme sans
instruction, mais plein de diplomatie et de bon sens, vint à bout
de la censure et accomplit parmi les intellectuels ce que certains considèrent
comme la plus grande œuvre de sa vie.
Bien que Moody n'ait pas
fait d'études universitaires, il reconnaissait la grande valeur
de l'instruction et il conseillait toujours aux jeunes de se préparer
afin de bien utiliser la Parole de Dieu. Il reconnaissait le grand avantage
de l'instruction pour ceux qui prêchaient avec la puissance du Saint-Esprit.
Il existe encore trois grands monuments qui témoignent de ses convictions
à ce sujet, les trois écoles qu'il fonda :
(1) l'Institut biblique
Moody de Chicago, avec trente-huit édifices et seize mille
élèves inscrits aux classes de jour ou du soir et aux
cours par correspondance;
(2) le Séminaire
de Northfield, avec quatre cent quatre-vingt-dix étudiants;
(3) l'école de
Mount Hermon, et ses cinq cents élèves.
Cependant, ne nous trompons
pas comme l'ont fait certains de ces élèves, et certains
d'entre nous, en pensant que le pouvoir de Moody était plus intellectuel
que spirituel. Sur ce point, lui-même insista beaucoup. Pour plus
de clarté, citons ce passage pris dans ses Brèves Causeries
. "Je ne connais rien de plus important dont ait besoin l'Amérique,
si ce n'est d'hommes et de femmes en qui brûle le feu du ciel; je
n'ai jamais rencontré d'hommes ni de femmes enflammés de
l'Esprit de Dieu qui aient échoué. Je crois que cela est
véritablement impossible; de telles personnes ne se sentent jamais
découragées. Elles vont toujours de l'avant et s'enhardissent
toujours plus. Mes bien-aimés, si vous n'avez pas obtenu cette
lumière, essayez de l'acquérir en priant : Oh Dieu, remplis-moi
de la lumière de ton Saint-Esprit!"
Dans les écrits de
R. A. Torrey, apparaît l'esprit de ces écoles fondées
par Moody : " Moody avait l'habitude de m'écrire avant d'entamer
une nouvelle campagne, en me disant : "J'ai l'intention de commencer le
travail en tel endroit et tel jour; je vous prie de réunir les
étudiants pour une journée de jeûne et prière."
Je lisais cette lettre aux étudiants et je leur disais : "Moody
désire que nous consacrions un jour au jeûne et à
la prière pour demander les bénédictions divines
premièrement sur nos âmes à nous et pour notre travail
et ensuite, pour lui et pour son œuvre." Souvent nous restions dans la
salle de classe jusque tard dans la nuit, ou tôt le matin si on
préfère, à implorer Dieu parce que Moody nous exhortait
à prier jusqu'à ce que nous recevions la bénédiction.
Combien d'hommes et de femmes ai-je connus qui ressentirent une véritable
transformation de leur vie et de leur caractère grâce à
ces nuits de prière, et combien ont réussi de grandes choses
grâce, en grande partie, à ces heures passées à
supplier Dieu?
"Jusqu'au jour de ma mort,
je me souviendrai du 8 juillet 1894. C'était le dernier jour de
l'assemblée des étudiants de Northfield […]. A trois heures
de l'après-midi, nous nous sommes réunis devant la maison
de la mère de Moody […]. Il y avait quatre cent cinquante-six personnes
dans ce groupe […]. Après avoir marché quelques minutes,
Moody décida que nous pouvions nous arrêter. Nous nous sommes
assis sur les troncs d'arbres tombés, sur les rochers ou par terre.
Moody nous donna alors la parole afin que n'importe quel étudiant
pût s'exprimer. Quelques soixante-quinze d'entre eux se levèrent,
l'un après l'autre, pour dire : "Je n'ai pas pu attendre jusqu'à
trois heures de l'après-midi, mais je suis resté seul avec
Dieu depuis le culte du matin, et je crois pouvoir dire que j'ai reçu
le baptême du Saint-Esprit." En entendant le témoignage de
ces jeunes gens, Moody suggéra : "Jeunes gens, pourquoi ne nous
mettrions-nous pas à genoux, maintenant, ici même, pour demander
à Dieu de manifester en nous la puissance de Son Esprit de façon
spéciale, comme Il le fit pour les apôtres, le jour de la
Pentecôte?" Et là, sur la montagne, nous avons prié.
"En montant, nous avions
remarqué les nuages noirs qui s'accumulaient dans le ciel; au moment
où nous commençâmes à prier, la pluie se mit
à tomber sur les hauts pins et sur nous. Mais depuis dix jours,
il s'était accumulé au-dessus de Northfield une autre sorte
de nuée, une nuée pleine de la miséricorde, de la
grâce et de la puissance divines, de sorte qu'en cette heure, nos
prières avaient percé ces nuées, et que la vertu
du Saint-Esprit se déversait sur nous avec grande force. Hommes
et femmes reçurent, c'est là ce dont nous avons besoin,
le baptême dans le Saint-Esprit.
"Moody lui-même était
un étudiant infatigable, cela ressort clairement de ce qui suit
: "Tous les jours de sa vie, jusqu'à la fin, à ce que je
crois, il se levait très tôt pour méditer la Parole
de Dieu. Il avait l'habitude de se lever à quatre heures du matin
pour étudier la Bible. Un jour, il me dit : "Pour étudier,
je dois me lever avant quiconque dans la maison." Il s'enfermait dans
une pièce à l'écart de la famille, seul avec sa Bible
et Dieu.
"On peut parler avec puissance,
mais malheur à celui qui néglige le seul Livre donné
par Dieu, qui sert d'instrument au moyen duquel Il donne et exerce Son
pouvoir! Un homme peut lire un nombre incalculable de livres et assister
à de grandes conventions; il peut organiser des réunions
de prière qui durent des nuits entières, implorer la puissance
du Saint-Esprit, mais si cet homme ne reste pas en contact étroit
et constant avec le Livre unique, la Bible, il ne recevra pas cette puissance.
S'il a déjà quelque force, il ne pourra pas la conserver,
si ce n'est par l'étude quotidienne, sérieuse et intense
de ce Livre." "
Toutes choses en ce monde
doivent avoir une fin; et ainsi arriva l'heure de la fin du ministère
de D. L. Moody sur cette terre. Le 16 novembre 1899, au milieu de la campagne
qu'il prêchait à Kansas City, à des auditoires qui
atteignaient quinze mille personnes, il prêcha son dernier sermon.
Il est probable qu'il se soit douté que c'était le dernier;
ce qui est sûr, c'est que son appel au salut fut béni de
la puissance d'en haut et des centaines d'âmes furent gagnées
à Christ.
Pour tout le pays, le vendredi
22 décembre 1899 fut le jour le plus court de l'année, mais
pour D. L. Moody, l'aube qui se levait était celle du jour qui
n'aurait pas de fin. A six heures du matin, il s'endormit d'un sommeil
léger. Puis ses proches l'entendirent s'écrier d'une voix
très claire: " Si c'est cela la mort, il n'y a pas de vallée.
C'est glorieux. J'ai passé le seuil et j'ai vu les enfants! (Deux
de ses petits-enfants étaient décédés). La
terre est derrière; le ciel s'ouvre devant moi. Dieu m'appelle!
" Puis il se tourna vers sa femme, qu'il aimait plus que personne
au monde, à l'exception de Christ et lui dit : " Tu as été
pour moi une bonne épouse. "
Lors du culte funèbre,
célébré très simplement, Torrey, Scofield,
Sankey et les autres s'adressèrent à la grande foule émue
qui y assistait. Ensuite, le cercueil fut transporté par les élèves
de l'Ecole Biblique de Mount Hermon vers un point élevé
tout proche. C'est là qu'ils l'enterrèrent.
Trois ans plus tard, la fidèle
servante de Dieu, Emma Moody son épouse, s'endormit elle aussi
en Christ et elle fut enterrée à ses côtés,
au même endroit, jusqu'au jour glorieux de la résurrection.
Arrêtons-nous un instant
sur la vie extraordinaire de ce grand conquérant d'âmes.
Lorsque le jeune Moody pleurait, ébranlé par la puissance
d'en haut, lors d'un message du jeune Spurgeon, il fut poussé à
s'exclamer: " Si Dieu peut se servir de Spurgeon, Il peut se servir
de moi aussi! "
La biographie de Moody est
l'histoire d'une vie complètement soumise à Dieu. R. A.
Torrey dit: " Le premier facteur qui fit de Moody un instrument si
utile entre les mains de Dieu, était que c'était un homme
totalement soumis à la volonté divine. Chaque gramme de
ce corps de cent vingt-sept kilos appartenait au Seigneur; tout ce qu'il
était et tout ce qu'il possédait appartenait entièrement
à Dieu [...] Si nous, vous et moi, désirons être utilisés
par Dieu, nous devons nous soumettre à Lui absolument et sans restriction.
"
Cher lecteur, décidez-vous
maintenant avec la même détermination et grâce à
l'aide divine : " Si Dieu a pu se servir de Dwight Moody, il peut
se servir de moi aussi. " Qu'il en soit ainsi!
Référence: Les
Héros de la Foi, Orlando Boyer - Editions VIDA, Chemin du Moulin
de Vedel Mas des Rosiers, 30900 Nîmes, FRANCE - Email: vida-editions@wanadoo.fr
- Site Web: http://www.vida-editions.com/
- Tél.: +33 (0)4.66.29.73.73 - Fax: +33 (0)4.66.29.73.72
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