Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
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Jonathan
Goforth (1859-1936)
"PAR MON ESPRIT"
par Orlando Boyer
Un jour de l'année
1900 à Tchang-Tchéou, à l'intérieur de la
Chine, passa un courrier au grand galop. Il apportait une dépêche
de l'Impératrice au gouverneur, lui ordonnant de prendre toutes
les mesures nécessaires pour exterminer immédiatement tous
les étrangers. Lors de l'horrible massacre qui suivit, Jonathan
Goforth, sa femme et ses jeunes enfants se trouvèrent encerclés
par des milliers de Boxers déterminés à les tuer.
Le père de famille,
en tombant sur le sol victime d'un terrible coupe qui faillit lui faire
éclater le crâne, entendit une voix qui lui disait: " Ne
crains rien! Tes frères prient pour toi! " Avant de sombrer dans
l'inconscience, il vit arriver au galop un cheval qui menaçait
de le piétiner. Lorsqu'il revint à lui, il vit que le cheval
était tombé à côté de lui et qu'il trépignait
de telle sorte que ses attaquants furent obligés de renoncer à
leur dessein de le tuer. .
Ainsi, par la suite, le missionnaire
se rendit compte que la main de Dieu l'avait merveilleusement et constamment
protégé pendant toute la période des massacres des
Boxers, au cours de laquelle des centaines de croyants furent tués.
Jonathan Goforth et sa famille échappèrent à d'innombrables
situations angoissantes qu'ils rencontrèrent au milieu du peuple
en révolte avant de parvenir, vingt jours plus tard, sur la côte.
Rosalind et Jonathan Goforth
menaient une vie toute cachée en Dieu avec le Christ. D'après
Goforth lui-même, voici comment ils vivaient: " Non seulement, c'est
stupide d'accepter pour nous la gloire qui appartient à Dieu, mais
c'est aussi un grave péché, car le Seigneur a dit: Je ne
donnerai pas ma gloire à un autre. "
Alors qu'il était
encore jeune, Jonathan Goforth adopta les paroles de Zacharie 4:6 et en
fit la devise de sa vie: " Ce n'est ni par la puissance ni par la force,
mais c'est par mon Esprit, dit l'Eternel des armées. "
Quelqu'un qui le connaissait
intimement, écrivit:
" Avant tout, Jonathan Goforth
était un conquérant d'âmes. C'est pour cette raison
qu'il devint missionnaire à l'étranger; il n'avait pas d'autre
intérêt, il n'était attiré par aucune autre
activité, ni aucun autre ministère [...] Avec la flamme
de l'amour de Dieu dans son cœur, il manifestait un enthousiasme irrésistible
et une énergie infatigable. Rien ne pouvait mettre un frein à
ses efforts dynamiques dans l'œuvre à laquelle Dieu l'avait appelé.
Il était ainsi à 77 ans, comme il l'avait été
à 57. La chute de la vue au cours de ses trois dernières
années n'entama en rien son énergie, au contraire, il semble
même que celle-ci augmenta. "
Ses propres paroles nous
révèlent comment s'édifièrent les fondations
de sa vie, toute au service du Seigneur: " Ma mère, lorsque mes
frères et moi étions petits, nous enseignait les Ecritures
avec un dévouement de tous les instants et elle priait avec nous.
Une chose qui eut une grande influence sur ma vie fut le fait que ma mère
me demandait de lui lire des Psaumes à haute voix. J'avais à
peine cinq ans lorsque je commençai cet exercice et j'en trouvai
la lecture facile. Ainsi, je pris l'habitude de mémoriser les Ecritures,
ce que je fis toujours par la suite avec grand profit. "
Nous pourrions tous dire
que très facilement, la lecture des Ecritures et la prière
peuvent dégénérer en une formalité monotone.
Mais, au contraire, le visage de Jonathan Goforth s'illuminait du reflet
de la gloire des Ecritures qu'il recevait en son âme. Après
sa mort, une servante catholique romaine déclara: " Lorsque Monsieur
Goforth logeait dans la maison où je travaille, je regardais son
visage et je me demandais : le visage de Dieu sera-t-il ainsi? "
A propos de la conversion
de son père, Jonathan écrivit: " A l'époque de ma
conversion, je vivais avec mon frère William. Une fois, nos parents
vinrent nous rendre visite et passèrent environ un mois avec nous.
Depuis un certain temps, le Seigneur m'avait amené à tenir
un culte familial. Ainsi donc, j'annonçai un jour: Nous allons
avoir un culte de famille aujourd'hui et je demande à tous de se
réunir après le repas. Je m'attendais à ce que mon
père s'oppose à cette idée, parce que chez lui, nous
n'avions pas l'habitude de rendre grâces avant le repas, sans parler
d'un culte familial! Je lus un chapitre d'Esaïe et après quelques
minutes de discussion à ce sujet, nous avons prié ensemble,
à genoux. Nous avons continué à tenir ces cultes
toutes les fois où je me trouvais à la maison. Après
quelques mois, mon père fut sauvé. "
Lorsque le jeune Goforth
faisait ses études secondaires au lycée, son ambition était
de devenir avocat, jusqu'au jour où il tomba sur la biographie
du prédicateur Robert M'Cheyne qui l'inspira beaucoup. Non seulement
toutes ses ambitions s'évanouirent à jamais, mais il consacra
toute sa vie à amener les âmes au Sauveur. Vers cette époque,
le jeune garçon dévora les livres suivants: Les discours
de Spurgeon; Les meilleurs sermons de Spurgeon; La grâce abondante
(Bunyan) et Le repos des saints (Baxter). Naturellement, la
Bible était son livre de prédilection et il avait coutume
de se lever deux heures plus tôt afin d'étudier les Ecritures,
avant de se mettre à toute autre tâche de la journée.
A propos de l'appel qu'il
reçut de Dieu à cette époque-là, il écrivit:
" Bien que je me sois senti entraîné à prêcher
la Parole, je me refusais formellement à être missionnaire
à l'étranger. Mais un collègue m'invita à
assister à une réunion missionnaire oùl'on lança
l'appel suivant: Depuis deux ans, je vais de ville en ville, décrivant
la situation à Formose et priant pour qu'un jeune se propose pour
m'aider. Il semble que je n'ai pas réussi à transmettre
la vision à qui que ce soit. Ainsi donc, je repars seul. D'ici
peu mes os iront blanchir au flanc de quelque colline de Formose. j'ai
le cœur serré en pensant qu'aucun jeune ne se sent appelé
à continuer le travail que j'ai commencé.
" En entendant ces paroles,
je me sentis envahi de honte. Si la terre m'avait englouti, j'aurais été
soulagé. Moi qui avais été racheté par le
précieux sang du Christ, j'osais organiser ma vie uniquement selon
ma volonté. j'entendis alors la voix du Seigneur qui me disait:
Qui enverrai-je et qui ira pour nous? et je répondis: Me voici,
envoie-moi. Depuis lors, je suis missionnaire. j'ai lu avec avidité
tout ce que j'ai pu trouver sur les missions à l'étranger
et je me suis efforcé de transmettre aux autres la vision que j'avais
eue, celle de millions d'êtres humains qui n'ont pas eu la chance
d'entendre un prédicateur."
Enfin, vint le moment de
commencer ses études à Toronto. Le premier dimanche, il
le passa à travailler parmi les détenus de la prison " Don
", une habitude qu'il garda pendant toutes ses années d'études
dans cette ville. Pendant la semaine, il consacrait beaucoup de temps
à aller de maison en maison pour gagner des âmes au Christ.
Lorsque le directeur de l'institut biblique où il faisait ses études
lui demanda dans combien de maisons il était allé frapper
du mois de juin au mois d'août, il répondit: " neuf cent
soixante ".
C'est pendant ses études
que Jonathan épousa Rosalind Bell-Smith. A propos de cet événement,
elle écrivit: "Depuis l'âge de vingt ans, j'ai prié
le Seigneur pour lui demander, si c'était sa volonté que
je me marie, de me diriger vers un jeune homme qui lui soit entièrement
dévoué, à lui et à son service [..,] Un dimanche,
j'assistais à une réunion des ouvriers de la Toronto
Mission Union. Un peu avant le commencement de la réunion,
quelqu'un, de la porte, appela Jonathan Goforth. Lorsque celui-ci se leva
pour sortir, il laissa sa Bible sur la chaise. Je fis alors quelque
chose que je ne pus jamais m'expliquer, et pour quoi je ne me suis pas
trouvé d'excuses; je me sentis poussée à aller jusqu'à
sa chaise, je pris la Bible et retournai à ma place. En la feuilletant
rapidement, je me rendis compte qu'elle était écornée
par un long usage et je la replaçai sur la chaise de son propriétaire.
Tout ceci se passa en quelques secondes. Assise là pendant le culte,
je me dis: Voici le jeune homme qu'il serait bon que j'épouse.
"
La jeune fille poursuivit:
" Ce même jour, je fus désignée, avec quelques autres,
pour ouvrir un avant-poste dans une autre partie de Toronto. Jonathan
Goforth faisait également partie de ce groupe. Au cours des semaines
suivantes, j'eus de nombreuses occasions de voir la vraie grandeur de
cet homme, que même son apparence insignifiante ne pouvait dissimuler.
Aussi, lorsqu'il me demanda: "Veux-tu unir ta vie à la mienne et
partir en Chine?", sans hésiter un seul instant, je répondis
oui. Mais quelques jours plus tard, grande fut ma surprise lorsqu'il me
demanda: Tu me promets que tu ne m'empêcheras jamais de faire passer
le Seigneur et son œuvre en premier, même avant toi? C'était
là exactement le genre d'homme que j'avais demandé à
Dieu de m'envoie comme mari et je répondis fermement: Je te
le promets. (Oh, combien le Maître fut bon de m'avoir caché
tout ce que cette promesse signifiait!).
"Quelques jours après
lui avoir promis ce qu'il me demandait, arriva la première épreuve.
j'avais toujours rêvé (en femme que j'étais) de la
belle alliance que j'allais avoir. Ce fut alors que Jonathan me demanda:
"Serais-tu très contrariée si je ne t'achetais pas d'alliance?"
Il se lança aussitôt dans une explication enthousiaste sur
la façon dont il s'efforçait de distribuer des livres et
des brochures et sur le travail qui se faisait en Chine. Il voulait économiser
tout ce qu'il pouvait pour cette œuvre importante. En l'écoutant
et après avoir contemplé la lumière qui illuminait
son visage, mes visions d'une belle alliance s'évanouirent. Ce
fut ma première leçon sur les vraies valeurs."
Le 19 janvier 1888, des centaines
de croyants se réunirent dans la gare de Toronto pour faire leurs
adieux au ménage Goforth qui partait travailler à l'œuvre
de Dieu en Chine. Avant le départ du train, tous baissèrent
la tête pour prier et, lorsque le train s'ébranla, tous se
mirent à chanter: " En avant, soldats de Christ ". Lorsqu'il se
fut éloigné de la gare, le jeune couple pria Dieu de les
prendre sous sa garde afin que leur vie soit éternellement digne
de la grande confiance que leurs frères avaient mise en eux.
Peu après leur arrivée
en Chine, Hudson Taylor leur écrivit: " Cela fait dix ans que notre
mission s'efforce de pénétrer dans le sud de la province
du Honan et nous venons juste d'y parvenir [...] Frère, si vous
voulez entrer dans cette province, vous devrez avancer à genoux".
Mais, si la Mission de la Chine intérieure, qui avait des missionnaires
et des aides qui connaissaient la langue et les coutumes du pays, avait
échoué pendant dix ans dans cette province, comment pourrait-il
y parvenir, lui un jeune homme sans expérience et sans aucune connaissance
de la langue? Les paroles de Hudson Taylor, " avancer à genoux
", devinrent la devise de la mission de Goforth pour entrer dans le sud
du Honan.
Il fallut à Jonathan
Goforth plus longtemps pour apprendre la langue qu'à son compagnon,
arrivé un an après lui. Un jour, avant d'aller prêcher,
en proie au désespoir, il dit à sa femme: " Si le Seigneur
ne fait pas un miracle pour que je puisse apprendre cette langue, j'échouerai
complètement comme missionnaire! " Deux heures plus tard, il revint
en disant: "Oh, Rosa! C'est merveilleux! Dès que j'ai commencé
à prêcher, les mots et les phrases sont sortis si facilement
que les gens m'ont bien compris. " Deux mois plus tard, ils reçurent
une lettre des étudiants de l'université Knox à Toronto,
dans laquelle ils racontaient comment un jour et à une heure donnés,
ils s'étaient réunis afin de prier pour eux, " seulement
pour les Goforth ", et comment il avaient eu la conviction qu'ils avaient
reçu la bénédiction de Dieu parce qu'ils avaient
ressenti fortement la présence de Dieu et sa puissance pendant
leur prière. Goforth ouvrit son journal et découvrit que
c'était ce même jour et à cette même heure que
Dieu lui avait donné le talent de parler avec facilité.
Quelques années plus tard, un de ses compatriotes, qui parlait
bien chinois, lui déclara à propos de sa façon de
s'exprimer: " On vous comprend très bien lorsque vous parlez, mieux
que toute autre personne que je connaisse ".
Un missionnaire chevronné
donna ce conseil à Goforth : "Les Chinois ont tant de préjugés
à l'encontre du nom de jésus qu'il faut commencer par vous
efforcer de détruire les faux dieux, et seulement ensuite vous
pourrez prononcer le nom de Jésus si vous en avez l'occasion."
En rapportant ceci à sa femme, Goforth s'écria avec indignation:
" Jamais! jamais! JAMAIS! " Jamais il ne prêcha sans tenir sa Bible
ouverte à la main.
Lorsque, des années
plus tard, les missionnaires novices lui demandèrent le secret
des fruits extraordinaires de son ministère, il répondit:
"Je laissai Dieu parler aux âmes de ceux qui écoutaient par
l'intermédiaire de sa propre Parole. Mon seul secret pour toucher
le cœur des pires pécheurs est de leur montrer ce dont ils ont
tant besoin et de leur parler du Sauveur puissant qui peut les sauver
[…] C'était le secret de Luther, c'était le secret de John
Wesley et personne n'a plus tiré profit de ce secret que D. L.
Moody." Afin de manier le "glaive de l'Esprit" avec une grande habileté,
Goforth " l'affilait" par rhude quotidienne, sans relâche. Au lieu
de se dresser contre les idoles, il exaltait le Christ crucifié
qui attirait les pécheurs et les persuadait de renoncer à
leurs désirs vains.
En 1896, il écrivit:
" Depuis notre arrivée à Tchang-Tchéou, il y a cinq
mois, le pouvoir du Saint Esprit s'est manifesté presque chaque
jour à notre grande joie. Au cours de tous ces mois, plus de 25
000 personnes nous ont rendu visite et nous avons prêché
l'Evangile à tous. Nous avons prêché en moyenne huit
heures par jour. Il y a parfois plus de 50 femmes réunies sur la
terrasse (il parlait aux hommes, tandis que sa femme s'adressait aux femmes)
[…] Presque chaque fois que nouS proclamons le Christ comme notre Rédempteur
et notre Sauveur, le Saint-Esprit convertit quelqu'un et parfois, dix
ou vingt personnes".
Cependant, il ne faut pas
penser que les épreuves manquèrent à ces missionnaires.
Peu après leur arrivée en Chine, un incendie détruisit
tous leurs biens matériels. L'été, la chaleur était
si forte que leur fille aînée, Gertrude mourut et il fallut
transporter son corps à soixante-quinze kilomètres de là,
en un lieu où la sépulture des étrangers était
autorisée. Lorsque un second enfant, Donald, mourut, il fallut
faire le même long voyage avec le petit cadavre. Après douze
années passées en Chine, ils perdirent à nouveau
tout ce qu'ils possédaient lorsqu'au cours d'une 'inondation, les
eaux envahirent la maison et montèrent à plus de deux mètres.
En 1900, peu après
la mort d'une autre fille, Florence, à la suite d'une méningite,
survint l'insurrection des Boxers, dont nous avons parlé au début
de cette biographie. Pendant le soulèvement des Boxers, plusieurs
centaines de missionnaires et de croyants furent sauvagement assassinés.
Seule la main de Dieu les guida et les soutint pendant leur fuite, un
périple de mille cinq cents kilomètres, par une chaleur
intense en portant l'un des quatre enfants qui était malade. D'innombrables
fois, ils se virent entourés de foules qui criaient: "Tuons-les!
Tuons-les! "
Une fois, la foule en fureur
leur jeta des pierres si grosses qu'elles cassèrent des côtes
aux chevaux qui tiraient la voiture, mais tous les membres de leur groupe
s'en tirèrent sains et saufs! Goforth reçut plusieurs coups
d'épée, dont l'un pénétra jusqu'à l'os
de son bras gauche qu'il avait levé pour se protéger la
tête. Bien que le casque grossier qu'il portait ait été
pratiquement mis en pièces, il réussit à ne pas tomber
jusqu'au moment où il reçut un coup qui faillit lui faire
éclater le crâne. Mais Dieu ne permit pas que les mains des
hommes le détruisent, car il avait encore une grande œuvre à
accomplir en Chine par l'intermédiaire de ces serviteurs fidèles.
Ainsi donc, sans pouvoir soigner ses blessures et les vêtements
ensanglantés, le groupe affronta les multitudes déchaînées
jour après jour, jusqu'à l'arrivée à Shanghaï.
De là, toute la famille s'embarqua pour le Canada.
Lorsque le danger eut diminué
en Chine, nos héros infatigables revinrent et se remirent au travail
à Tchang-Tchéou. La région fut divisée en
trois: la partie qui échut à Goforth fut le vaste territoire
qui s'étend au nord de la ville, occUpé par d'innombrables
bourgs et villages.
L'idée de Goforth
était de louer une maison dans un centre important, d'y passer
un mois à évangéliser, puis de partir s'installer
dans un autre centre. Il désirait que sa femme prêche dans
la cour de la maison dans la journée, tandis que ses aides et lui
prêcheraient dans les rues et dans les villages voisins. Le soir,
ils célébraient un culte ensemble, et elle jouait de l'harmonium.
A la fin du mois, ils pourraient laisser l'un de leurs aides pour instruire
les nouveaux convertis, tandis que le groupe irait s'installer dans un
autre centre. A propos de ce plan, la femme de Goforth écrivit:
" En fait, le plan avait
été bien conçu, à une chose près: il
n'avait pas pensé aux enfants [u.] Je me souvins comment, à
Ho-pei, les enfants, qui avaient attrapé la varicelle, se pressaient
autour de moi tandis que je tenais le plus petit dans mes bras. Je me
souvins des quatre tombes de nos enfants et j'endurcis mon cœur contre
ce plan. Comme mon mari me supplia jour après jour! Rosa, assurément,
le plan vient de Dieu et je crains que quelque chose n'arrive à
nos enfants si nous lui désobéissons. L'endroit le plus
sûr pour toi et pour nos enfants est le chemin de l'obéissance.
Tu penses à garder nos enfants en sécurité à
la maison, mais Dieu peut te montrer que tu te trompes. Il protègera
nos enfants si tu lui obéis et si tu lui fais confiance. Peu après,
Wallace tomba malade de dysenterie asiatique et pendant quinze jours,
nous luttâmes pour le sauver. Mon mari me dit: Oh, Rosa! soumets-toi
à Dieu, avant que nous les perdions tous, mais moi, je trouvais
Jonathan dur et cruel. Puis, notre petite Constance tomba elle aussi victime
de la même maladie. Alors, Dieu se révéla à
moi comme un Père en qui je pouvais me confier pour sauver mes
enfants. Je baissai la tête et dis: "Ô, Dieu, il est trop
tard pour Constance, mais j'ai confiance en toi, protège mes enfants.
J'irai où tu me l'ordonneras." Dans la soirée du jour où
mourut la petite fille, je fis venir madame Wang, une croyante fervente
et une amie et je lui dis: Je ne peux tout vous raconter maintenant, mais
je suis résolue à accompagner mon mari dans ses tournées
d'évangélisation. Voulez-vous venir avec moi? Les larmes
aux yeux, elle répondit: Je ne peux pas, car ma fille risque de
tomber malade dans de telles conditions. Je ne voulus pas insister et
lui demandai simplement de prier et de me répondre après.
Le lendemain, elle revint, les yeux pleins de larmes, mais avec un sourire,
elle me dit: J'irai avec vous. "
Il est important de noter
qu'à partir de ce moment, les Goforth ne perdirent aucun autre
enfant en Chine, en dépit des nombreuses années de cette
vie nomade qu'ils passèrent à évangéliser.
Goforth gardait son habitude de se lever à cinq heures le matin
pour prier et étudier les Ecritures, aussi fidèlement que
lorsqu'il était chez lui à Tchang-Tchéou. En général,
pour étudier, il devait rester debout devant la fenêtre,
le dos tourné à sa famille.
Au sujet de l'œuvre accomplie
à Tchang-Tchéou, Goforth lui-même déclara:
" Pendant les premières années de mon travail en Chine,
la pensée qu'il faut semer avant toute moisson suffisait à
me satisfaire. Mais il s'était déjà écoulé
plus de treize ans, et la moisson semblait encore bien loin. j'étais
sûr qu'un meilleur résultat était possible si je possédais
la vision et la foi nécessaires pour le réclamer. Les paroles
du Maître dans Jean 14:12 m'obsédaient: En vérité,
en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi
les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en
vais au Père. Je ressentais profondément combien 'les plus
grandes œuvres' faisaient défaut dans mon ministère".
En 1905, Jonathan lut dans
la biographie de Charles Finney que les croyants ne peuvent pas attendre
une grande moisson d'âmes, en réponse à leurs prières,
sans respecter les lois qui gouvernent la moisson spirituelle, pas plus
qu'un paysan ne peut demander une moisson matérielle, sans tenir
compte des lois de la nature. Il résolut alors de découvrir
quelles étaient ces lois et il décida de les observer, quel
qu'en soit le prix.
Il se lança alors
dans une étude approfondie, à genoux, du Saint Esprit et
nota ses remarques dans les marges de sa bible chinoise. Lorsqu'il commença
à enseigner ces leçons aux croyants, il y eut un grand ébranlement
qui amena la confession des péchés. Ce fut lors de la grande
exposition idolâtre de Hsun Hsien que Dieu montra pour la première
fois sa grande puissance dans le ministère de Goforth. Pendant
le sermon, un ouvrier de la mission s'exclama à voix basse: " Ces
gens sont aussi émus par le message que le fut la foule le jour
de la Pentecôte par le sermon de Pierre. " Le soir de ce même
jour, dans une salle louée et qui ne pouvait contenir la foule
des païens qui voulaient l'entendre, Goforth prêcha sur le
thème: "Celui qui porta lui-même nos péchés
en son corps sur le bois de la croix ". Presque tous se sentirent ébranlés
et convaincus de péché, et lorsque le prédicateur
lança l'appel, ils se levèrent en criant: "Nous voulons
suivre ce Jésus qui est mort pour nous! " L'un des ouvriers présents
exprima ainsi ce qu'il vit: " Frère, Celui que nous avons prié
si longtemps pour qu'il vienne, est enfin venu cette nuit ". Dans les
jours qui suivirent, de nombreux pécheurs furent sauvés
dans tous les avant-postes et au cours de tous les cultes.
A propos du réveil
qui eut lieu vers cette époque en Corée, l'un des missionnaires
écrivit ceci sur ce qu'il vit: "Les missionnaires étaient
comme les autres croyants; aucun d'entre eux n'avait de talent extraordinaire.
Ils vivaient et travaillaient comme 'tous 1es autres, lorsqu'ils n'étaient
pas en prière [...] Jamais je n'ai ressenti la présence
divine comme je la ressentis dans leurs supplications à Dieu. Il
semblait que ces missionnaires nous portaient jusqu'au trône du
ciel [n.] Je fus aussi très impressionné en voyant comment
ce réveil était pratique [...] Il Y avait des dizaines de
milliers d'hommes et de femmes complètement transformés
par le feu divin. De grandes églises qui pouvaient contenir mille
cinq cents personnes étaient combles; il fallait célébrer
un culte pour les hommes et ensuite un autre pour les femmes, afin que
tous puissent y assister. Chez tous, brûlait le désir de
répandre la bonne nouvelle. Les enfants s'approchaient des passants
dans la rue pour leur demander d'accepter Jésus-Christ comme leur
Sauveur et Seigneur. La pauvreté du peuple de Corée est
connue du monde entier. Malgré cela, les offrandes étaient
si généreuses que les missionnaires ne voulaient plus parler
du devoir de donner. Il y avait une grande dévotion pour la Bible:
presque tous en avaient un exemplaire dans leur poche. Le merveilleux
esprit de la prière imprégnait toute leur existence. "
De retour de Corée,
Goforth fut appelé en Mandchourie. Plus tard, il écrivit:
" Lorsque je commençai le long voyage, j'étais convaincu
que j'avais un message de Dieu à remettre aux gens, mais je n'avais
aucune idée sur la façon de présider à un
réveil. Je savais faire un discours et je savais amener les gens
à prier, mais je ne savais rien de plus [...] "
Goforth eut une grande désillusion
à son arrivée en Mandchourie. Les croyants ne priaient pas
comme ils l'avaient promis et l'Eglise était divisée! Après
le ,premier culte, seul dans sa chambre, il tomba à genoux, découragé
et désespéré. Dieu répondit à son insistance,
en envoyant un désir si grand de prier dans les églises
et une contrition si profonde du péché, que non seulement
les gens furent purifiés de tout péché, mais les
âmes perdues vinrent en grand nombre et trouvèrent leur salut.
Le thème du réveil
de l'année 1850 avait été: " Il faut naître
de nouveau "; ce1iü de 1870 : " Crois au Seigneur Jésus ".
Mais le thème de Goforth fut: " Ni par la puissance, ni par la
force, mais par mon Esprit " (Zacharie
4:6). L'œuvre accomplie par l'Esprit en divers endroits de Mandchourie,
en réponse aux prières insistantes et malgré les
difficultés de toutes sortes ressort clairement de ce que Goforth
écrivit à propos de l'œuvre accomplie dans la ville de Newchang:
"Une fois monté en
chaire, je me suis agenouillé un moment, comme de coutume, pour
prier. Lorsque je regardai l'assistance,
il me sembla que tous, hommes, femmes et enfants présents dans
l'église, étaient en proie aux douleurs du remords et du
jugement. Les larmes coulaient en abondance et il y eut confession de
toutes sortes de péchés. Comment expliquer cela? L'église
avait la réputation d'un église morte et sans aucune espérance;
néanmoins, avant que je n'ai prononcé une seule parole,
chanté un seul hymne et avant toute prière, cette œuvre
merveilleuse commença. Il n'y a pas d'autre explication: ce fut
l'Esprit de Dieu qui œuvra en réponse aux prières des églises
de Moukden, Leao-yang et autres lieux de Mandchourie, qui avaient déjà
vécu ce même réveil et furent amenées à
intercéder pour leur pauvre et malheureuse église sœur.
"
Lorsque Jonathan Goforth
partit en Mandchourie, il était presque inconnu hors du petit cercle
de sa propre confession. Quelques semaines plus tard, lorsqu'il revint,
les yeux des croyants du monde entier étaient fixés sur
lui. Malgré tout, il resta l'humble _ serviteur de Dieu, conscient
que l'œuvre n'était pas sienne, mais qu'elle appartenait à
l'Esprit de Dieu.
Chan-si est connue comme
la " province des martyrs ". Un docteur chinois raconta à Goforth
qu'il avait assisté dans cette province, au cours de l'insurrection
des Boxers, à la mort de cinquante-neuf missionnaires. Tous avaient
fait face au bourreau avec le plus grand calme. Une petite fille aux cheveux
roux demanda au gouverneur: " Pourquoi devons-nous mourir? Nos médecins
ne sont-ils pas venus de pays lointains pour consacrer leur vie à
servir votre peuple? Est-ce que de nombreux malades condamnés n'ont
pas été guéris? Est-ce que des aveugles n'ont pas
retrouvé la vue? Est-ce à cause du bien que nous avons fait
que nous devons mourir? " Le gouverneur baissa la tête et ne répondit
pas, mais un soldat saisit l'enfant par les cheveux et lui trancha la
tête d'un seul coup de sabre. Tous furent mis à mort les
uns après les autres; tous moururent avec un sourire de paix. Ce
même docteur raconta qu'il vit au milieu du groupe une femme qui
parlait gaiement à son petit garçon. Un seul coup de sabre
l'abattit, mais l'enfant continua à lui tenir la main; tout de
suite après, un autre coup tomba, et un petit cadavre glissa à
côté de celui de la mère.
C'est dans cette même
" province des martyrs " que Dieu envoya ses serviteurs, les Goforth,
huit ans plus tard, et voici ce qui se passa: " A Chuwahsien, peu après
avoir commencé à parler, je vis de nombreux auditeurs qui
baissaient la tête, convaincus de péché, tandis que
les larmes coulaient sur leur visage. Après le sermon, tous ceux
qui s'étaient mis à prier étaient ébranlés.
Le réveil, qui commença ainsi, se poursuivit pendant quatre
jours. Toutes sortes de péchés furent .confessés.
Le délégué régional s'étonna vivement
en entendant confesser des meurtres, des vols et des crimes de toutes
sortes, aveux que lui ne pouvait arracher que par le fouet appliqué
au point de laisser les victimes à demi mortes. Parfois, après
un culte de trois heures et plus, les gens rentraient chez eux pour continuer
à prier. Même aux petites heures de la nuit, on trouvait
de petits groupes réunis en divers endroits et. qui priaient jusqu'au
lever du jour. "
Dans le lycée de jeunes
filles de Chuwu, dans cette même " province des martyrs ", " les
élèves insistèrent pour qu'on leur accorde du temps
pour jeûner et prier [...] Le lendemain, lorsque les jeunes filles
se réunirent le matin pour prier, l'Esprit descendit sur elles
et elles restèrent à genoux jusqu'au soir. "
Parmi les centaines d'exemples
qui prouvent le puissant travail du Saint-Esprit dans les cœurs, en de
multiples lieux, nous ne citerons que les suivants:
Tchang-Tchéou :
" Près de sept cents personnes étaient là dès
le matin. Il y avait une ferveur telle parmi les hommes qui essayaient
de s'avancer que Goforth ne réussit à prêcher que
l'après-midi. Le culte se poursuivit pendant la journée
entière, avec seulement quelques interruptions pour les repas.
"
Kwangchow : " L'église,
qui comptait mille quatre cents places, ne pouvait contenir les foules.
Le Saint-Esprit descendit avec une puissance extraordinaire. Il y avait
parfois des centaines de pécheurs contrits qui pleuraient [...]
Deux possédés du diable furent délivrés et
devinrent des croyants fervents en l'œuvre de Dieu. En quarante ans, le
nombre des croyants passa de deux mille à huit mille. "
Shuntehfu : " Subitement,
une douzaine d'hommes se mirent à prier et à pleurer ['00]
sans pouvoir résister à la puissance du Saint-Esprit […].
De vieux disciples de Confucius s'avancèrent, émus et pleins
d'humilité pour reconnaître le Christ comme leur Seigneur.
En tout, cinq cents hommes et femmes furent sauvés. Ce fut, peut-être,
la plus grande œuvre du Saint-Esprit qu'il m'ait été donné
de voir. "
Nanking : Il y avait
plus de mille cinq cents auditeurs. Des centaines de personnes qui voulaient
aussi assister ne purent entrer et durent retourner chez elles. Le culte
du matin dura quatre heures. Le reste du temps fut consacré à
la prière et à la confession des péchés. La
foule qui désirait arriver jusqu'à l'estrade pour confesser
ses péchés était si grande, qu'il fut nécessaire
d'édifier un autre escalier […]. Je revins sur l'estrade à
trois heures de l'après-midi pour commencer le second culte. A
ce moment-là des centaines de personnes s'approchèrent et
je ne pus prêcher [...] A neuf heures du soir, six heures
après le début du culte, je fus obligé de me retirer
et de partir pour Pékin, où les croyants m'attendaient pour
une autre série de cultes. "
Shantung: "Le
réveil fut si grand que près de trois mille membres vinrent
s'ajouter à l'église en trois ans."
Au sujet des cultes célébrés
parmi les soldats du général Feng, la femme de Goforth écrivit:
"Dès le commencement, nous avons ressenti la présence de
Dieu. Deux fois par jour, Goforth avait des auditoires de deux mille personnes.
principalement des officiers qui faisaient preuve d'un grand intérêt.
Leurs épouses étaient autorisées à assister
à trois cultes et Dieu me donna l'onction de leur parler. Presque
toutes déclarèrent qu'elles étaient prêtes
à recevoir le Christ. Le général Feng, en se mettant
à prier, fut ébranlé [...] A sa suite, d'autres officiers,
l'un après l'autre, se mirent à implorer Dieu entre leurs
sanglots et leurs larmes."
Ainsi se poursuivit l'œuvre,
année après année, avec en général
trois cultes par jour, en dépit des grands obstacles rencontrés.
Pendant la grande sécheresse de 1920, de trente à quarante
millions d'habitants autour de nous moururent de faim. En 1924, Goforth
écrivit à sa femme qui, pour raison de santé, avait
été obligée de rentrer au Canada: "J'ai 65 ans aujourd'hui
[…] Oh, comme je désire, plus que tout avare ne convoite de l'or,
avoir encore 20 ans, pour gagner des âmes! "
Alors qu'il avait 68 ans
et sa femme 62, âge auquel la majorité des hommes quittent
le service actif, tous deux furent envoyés dans un champ missionnaire
entièrement nouveau, en Mandchourie, dans une région perdue,
immense et froide qui s'étendait jusqu'aux frontières de
la Russie et de la Mongolie. A propos de ce départ, Goforth écrivit:
"Un jour, au mois de février
1926, ma femme était couchée et attendait l'ambulance qui
devait la conduire à l'hôpital général de Toronto.
Soudain, la sonnette de la porte et du téléphone retentirent
en même temps. Par téléphone, on nous annonçait
qu'il n'y aurait pas de place à l'hôpital avant trois jours.
A la porte, on nous apportait un télégramme du général
Feng, de Chine, dans lequel il me priait de venir sans tarder. Je dis
alors à me femme: Que faire? Je ne peux te laisser, car nous pensions
tous qu'il ne lui restait que quelques mois à vivre. Ma femme,
après avoir prié, me dit: Je viens avec toi. Les membres
de l'association étaient réunis à ce moment-là;
je leur montrai donc le télégramme du général
Feng et ils furent d'accord pour que je parte. Mais lorsque je leur annonçai
que ma femme voulait m'accompagner, ils furent horrifiés et s'écrièrent
qu'elle allait mourir en route. Je leur répondis alors: Vous, frères,
vous ne connaissez pas cette femme comme moi je la connais. Si elle dit
qu'elle va venir, c'est qu'elle le feraI Ainsi, ils acceptèrent
qu'elle parte."
Pendant longtemps, sur les
conseils du consul, ils vécurent dans le nouveau champ de Mandchourie,
avec leurs valises toujours prêtes, afin de pouvoir partir immédiatement,
au cas où se produirait une seconde insurrection des Boxers, comme
tout le monde s'y attendait. Cependant, dès le début, Dieu
récompensa ses serviteurs fidèles, comme on le lit dans
ce que Goforth écrivit a l'âge avancé de 70 ans: "
Les missionnaires prêchent trois heures le matin et quatre l'après-midi
[...]
" Dès le premier jour,
il y a eu des conversions; parfois jusqu'à douze en un seul jour.
Grande a été notre joie de voir près de deux cents
personnes accepter le Christ au cours du mois de mai. "
Cela faisait longtemps que
des amis insistaient pour qu'il écrive l'histoire de l'œuvre du
Saint-Esprit dans son ministère. Par très grand froid, il
dut se faire arracher les dents; pendant quatre mois il souffrit d'atroces
douleurs dans les maxillaires au point de ne pouvoir prêcher. C'est
à cette époque que son plus jeune fils vint du Canada. Alors
Goforth parvint à dicter la matière d'un livre que son fils
tapa à la machine. C'est ainsi qu'il réussit à composer
le livre Par mon Esprit, œuvre à grand tirage et qui a jouir
d'une grande influence dans le monde chrétien.
Après quatre années
de service, il dut rentrer au Canada en raison de la cécité
de sa femme. C'est à cette époque que Goforth lui-même
commença à perdre la vue. Au cours de sa convalescence,
après les opérations pratiquées sans succès
pour rendre la vue à un de ses yeux, il fit, un par un, les récits
de l'œuvre accomplie en Chine, récits que son infirmière
prit en sténographie et qui constituent aujourd'hui le fameux livre
intitulé: Vies miraculeuses en Chine.
En 1931, Goforth et sa femme,
elle âgée de 67 ans et lui de 73, mais avec dans le cœur
le désir toujours brûlant de gagner des âmes, retournèrent
une fois de plus continuer leur œuvre en Mandchourie. Quatre cent soixante-douze
convertis furent baptisés en 1932. Un jour qu'il revenait d'une
tournée évangélique, il dut entrer chez lui à
tâtons. Après être resté un moment à
côté de _a femme, il lui dit à voix basse: " Je crains
que la rétine de mon œil gauche ne se soit déplacée.
" C'était le cas. La perte complète de la vue lui causa
une grande tristesse, ce fut une tragédie ressentie par tous. Au
même moment, une lettre leur parvint qui leur annonçait la
nécessité de réduire fortement la somme qu'ils recevaient
pour la subsistance des missionnaires et les frais des tournées
évangéliques au point qu'il semblait impossible de continuer
l'œuvre. Ce fut la plus grande crise dans toute la vie de Jonathan Goforth.
Néanmoins, sans hésiter, il tourna son cœur vers Dieu. La
cécité elle-même semblait être davantage une
bénédiction qu'une affliction pour lui; en effet les croyants
se montraient bien plus unis qu'auparavant. Un fois vaincu le découragement
inévitable chez tous ceux qui perdent la vue, il ne cessa de prêcher,
la Bible qu'il aimait toujours ouverte à la main. En 1933, sept
cent soixante dix-huit convertis furent baptisés.
Enfin, les Goforth cédèrent
à l'insistance des croyants du Canada qui demandaient leur retour
afin d'exhorter les églises à envoyer davantage de missionnaires.
Pendant les préparatifs du 'voyage, on apprit que neuf cent soixante-six
convertis avaient été baptisés cette année-là,
en 1934. Le culte d'adieux fut l'un des plus émouvants de toute
l'histoire de l'œuvre missionnaire. En raison de sa cécité,
le missionnaire tant aimé des croyants ne pouvait pas voir les
décorations de l'église, mais ceux-ci se firent un plaisir
de lui décrire en détail les jolies bannières de
soie et de velours qui couvraient entièrement les quatre murs de
l'église. Les prédicateurs qui prirent la parole, le firent
en pleurant. L'un d'eux dit: " Maintenant Elie va nous quitter et chacun
de nous doit se transformer en un Elisée. "
A l'heure des adieux, sur
le quai de la gare, s'était réunie une foule de croyants
qui pleuraient. Goforth, assis près de la fenêtre dans le
train, le visage tourné vers ses croyants qu'il aimait tant, mais
qu'il ne pouvait voir, continuait à leur faire des signes de la
tête de temps en temps, levant les yeux vers le ciel, leur rappelant
ainsi la bienheureuse espérance d'une réunion au ciel. Lorsque
le train partit, les croyants, les yeux pleins de larmes, tentèrent
de le suivre en courant sur le quai afin de voir une dernière fois
le visage de leurs missionnaires bien-aimés.
Pendant dix-huit mois, Goforth
prêcha à de grands auditoires au Canada et aux Etats-Unis.
Jour après jour, ce vieillard se tenait debout devant ses auditoires,
avec sa bible ouverte entre les mains. Pendant le sermon, il ouvrait le
livre, approximativement à la page dont il citait les passages
de mémoire. Ille faisait les yeux ouverts et avec tant d'adresse
qu'il était difficile de croire qu'il ne lisait pas comme autrefois.
Le point principal de ses
messages apparaît dans ces paroles qu'il dit un jour à sa
femme: " Chérie, je viens de faire un calcul mental qui
prouve avec certitude le résultat obtenu quand on donne à
l'Evangile la chance d'agir. Si chacun des missionnaires envoyés
en Chine avait amené à Dieu autant d'âmes que les
six missionnaires de notre groupe au cours de l'année 1934, la
dernière année de notre séjour en Mandchourie, c'est-à-dire
cent soixante-six pour chaque missionnaire, le nombre de conversions en
Chine aurait atteint le' chiffre d'un million d'âmes, au lieu d'à
peine 38 724. C'est-à-dire qu'il aurait été vingt-cinq
fois supérieur! "
Un jour qu'il devait prêcher
seulement dans la soirée, il dit à sa femme: " Au
lieu de sortir aujourd'hui, je crois qu'il est préférable
de prendre part à un festin de la parole. Lis-moi le précieux
Evangile de Jean. Elle lui lut seize chapitres de ce livre. On se rendait
compte que pour lui, c'était un vrai festin, par l'attention qu'il
accordait à la lecture et parce que son visage s'illuminait en
entendant certains passages. " Avant de mourir, il avait lu la Bible,
de bout en bout, plus de soixante-treize fois.
Dans la nuit du 7 octobre
1936, Jonathan Goforth, après avoir prononcé un discours
long et fervent sur le thème: "Comment le feu de l'Esprit
balaya la Corée ", se coucha tard. A sept heures du matin le lendemain,
sa femme se leva et s'habilla. Elle se rendit compte immédiatement
qu'à peu près au moment où elle se levait, il s'était
endormi ici sur la terre, et au même instant s'éveillait,
la vue retrouvée, dans la gloire. "
Peu de jours auparavant,
il avait dit qu'il se réjouissait de ce que le premier visage qu'il
verrait serait celui de son Sauveur.
Cinq ans et demi après
que Jonathan Goforth se soit endormi dans le Seigneur, Rosalind Goforth
alla rejoindre son mari tant aimé et son compagnon de luttes. Ses
dernières paroles furent: " Le Roi m'appelle. Je suis prête
".
On peut leur appliquer à
tous les deux ce que l'on a dit de lui: "Il se voua à la prière
et à l'étude de la Parole afin de connaître la volonté
de Dieu. Ce fut cet amour pour la lecture de la Bible et la communion
avec Dieu qui lui donna la puissance nécessaire pour émouvoir
ses auditoires et les convaincre du péché et de la nécessité
du repentir. En toutes occasions, il domina sa propre personne et s'en
remit entièrement à la puissance du Saint-Esprit pour dévoiler
les choses de Jésus aux auditeurs. "
Faisons nôtre pour
toujours ce même cri de guerre: "Ce n'est ni par la puissance, ni
par la force, mais c'est par mon Esprit." -" Mais vous recevrez
une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous.
Références: Les
Héros de la Foi, Orlando Boyer - Editions VIDA
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