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Consacrées au Réveil
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Ira
D. Sankey
LA PRIERE FACONNE L'HISTOIRE
par Wayne W. Porter
Traduit de l'anglais par Venance
Koffi et ERM
"Nous réclamons la saine
doctrine de la foi, et nous faisons bien. Ces hommes [Moody et Sankey]
prêchent la saine doctrine. Nous recherchons une vie humble et intègre,
nous faisons bien. Ces hommes sont intègres et humbles. Nous voulons
le renoncement, eh bien ! ces hommes pratiquent le renoncement, ce
sont des hommes qui connaissent le dur labeur, qui sont assidus, dépensent
et se dépensent dans une œuvre qui, pour eux, n’est pas humaine
mais divine. Nous voulons avoir des objectifs précis, un ultimatum
dans lequel l'ego n’aura aucune place, nous faisons bien. Ces hommes ont
le plus précis des objectifs précis : gagner des âmes
en vue de la joie éternelle ; de plus ils ne recherchent ni
récompense ni célébrité, si ce n’est l’approbation
du Maître, la récompense réservée à
ceux qui en amènent beaucoup à la justice." - Dr Horatius
Bonar
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Introduction
Cette étude examine
la vie d’un soliste, conducteur de chant et fervent serviteur de Christ
vivant vers la fin du XIXème siècle : Ira
D. Sankey. Nul autre que lui, à son époque, n’a probablement
pu chanter le Seigneur à un aussi grand nombre de personnes. On
put recenser jusqu’à 17000, réunies dans un seul bâtiment,
le nombre d’âmes qui composèrent son auditoire et qu’il conduisit
dans les chants.
Pendant plus d’un quart de
siècle, Ira Sankey travailla étroitement avec l’évangéliste
Dwight L. Moody qu’il a plu à Dieu d’utiliser admirablement. On
estima à pas moins de cent millions le nombre d’individus ayant
entendu l’Evangile de la bouche de Dwigth Moody tout au long de son ministère.
Ira Sankey accompagna Dwight Moody durant la plus grande partie de son
ministère; il draina également des foules, les attirant
non seulement aux rassemblements, mais également à Christ
une fois qu’elles étaient sur les lieux.
Cette présente étude
scrute différents aspects de la vie spirituelle de Sankey.
Tout jeune encore, Ira Sankey
se vit forcé à prendre des résolutions radicales
aux retombées éternelles. Il était entièrement
résolu à suivre les plans de Dieu au lieu des siens, et
sa foi fut à juste titre récompensée par les bénédictions
de Dieu.
Œuvrant avec D.L. Moody,
Sankey passait un temps considérable au service des gens, et son
désir de gagner des âmes s’accroissait de façon très
significative. Il acquit une grande habilité à conduire
les âmes à Christ, non seulement pendant les réunions,
mais aussi dans l'évangélisation personnelle.
Ira Sankey était également
un homme de la Parole, un homme de prière et un homme de caractère.
Son caractère devint clairement visible dans ses décisions
financières, car, de façon récurrente, il sacrifiait
son profit personnel en vue de l’accomplissement du parfait plan de Dieu
pour sa vie.
Bien qu’il y eût de
nombreux autres musiciens qui avaient reçu une formation plus approfondie,
nul n’éprouvait autant que Sankey le désir d’être
utilisé par Dieu dans un ministère de louange. A travers
les solos, la pratique du chant en assemblée, les chorales et la
composition, Sankey utilisa la musique pour toucher les cœurs par la Parole
de Dieu. L’usage que Moody et Sankey firent de la musique a encore une
grande influence sur nous aujourd’hui, et l’on apprendrait beaucoup à
étudier leurs méthodes musicales et l'objectif qu’ils assignaient
à ce ministère.
Ira Sankey vécut une
vie heureuse et riche de signification, sans connaître de relâchement
dans son service pour Christ. Son exemple nous interpelle et nous invite
à mettre, de tout notre cœur, à la disposition du Seigneur
Jésus-Christ, notre musique et nos vies.
Les décisions et les désirs
spirituels de Sankey
Ira Sankey naquit de David
et Mary Leeper Sankey, le 28 août 1840, dans le village d'Edinburgh,
en Pennsylvanie, aux Etats-Unis. Bien que leur église fût
à plusieurs kilomètres de la maison, son amour pour le chant
le poussait à s’y rendre régulièrement.
Sankey releva que le tout
premier souvenir qu’il garda de ce qui pouvait avoir trait à une
vie sainte était lié à un vieux fermier écossais
du nom de Frazer. Ce dernier avait l’habitude de prendre Ira par la main
pour le conduire, en compagnie de ses propres enfants, au vieux bâtiment
scolaire où se tenait l'École du Dimanche. Il était
modeste mais avait un grand cœur très chaleureux, et il était
aimé de tous les enfants. Bien des années plus tard, Sankey
pouvait encore le voir prier, debout, pour les enfants. Bien que Sankey
n'acceptât Christ comme Sauveur que quelques années plus
tard, ses premières impressions sur la foi lui vinrent de Monsieur
Frazer, alors qu’il était encore très jeune.
Lorsqu'Ira eut seize ans,
on l’invita à participer à des réunions de réveil
dans une église appelée The King's Chapel, située
à environ cinq kilomètres de sa maison. Bien qu’il y prît
part tous les soirs, il ne s’y intéressait pas réellement.
Il s’asseya en compagnie d’autres garçons, et ensemble ils dissipèrent
leur ennui par des chuchotements et en lançant des bouts de papier.
Un soir, cependant, un ancien de l’église, un homme âgé,
s’approcha de lui, au moment de l'appel et lui parla du salut de son âme.
Bien qu’Ira ne réagît pas, le vieil homme continua, après
cela, de lui parler tous les soirs. Finalement, Ira s’avança et
formula une prière de repentance, mais il n’était toujours
pas satisfait. Après plusieurs nuits et de nombreuses et longues
sessions, Ira finit par recevoir l’assurance de son salut.
Ayant accepté Christ
dans sa jeunesse, Sankey affirma, plus tard, que sa voix fut très
tôt consacrée au Seigneur. Le résultat en fut qu’il
continua à mettre ses capacités musicales au service du
Seigneur dans les églises, lors des conventions et des rencontres
de la YMCA (Youth Ministry Christian Association), ministère auprès
de la jeunesse.
A l’âge d’environ vingt
ans, on l’établit responsable d’une classe hebdomadaire d’adultes
âgés de soixante à quatre-vingt ans. Mis face à
ses devoirs, cette responsabilité l’amena à étudier
sérieusement les fondements de sa propre foi dans le Seigneur.
Réalisant que, comme bien d’autres, il avait placé les sentiments
avant la Parole de Dieu, il décida d’étudier la Bible avec
une détermination sans précédent.
Après une brève
période de service militaire, Sankey prit une décision spirituelle
vitale concernant le mariage, en se mariant à une chrétienne
pieuse, membre de la chorale. A peu près sept ans plus tard, Ira
ferait face à une autre des plus grandes décisions de sa
vie, après avoir rencontré Dwight L. Moody.
En 1870, Sankey fut envoyé
comme délégué à la Convention Internationale
de la YMCA d'Indianapolis. Il avait entendu parler de Moody et fut heureux
d’apprendre que ce dernier y serait aussi. On annonça que Moody
qui n'était pas intervenu durant les tout premiers jours et que
Sankey n’avait ni vu, ni entendu encore, conduirait une réunion
de prière matinale à l’Eglise Baptiste à six heures
précises. Dans son autobiographie, Sankey décrit cette prière
matinale dans les termes suivants :
"J’étais quelque
peu en retard, et je pris alors place, non loin de la porte, près
d’un pasteur presbytérien, le Révérend Robert
MacMillan, délégué originaire de mon propre comté,
qui me confia : "Monsieur Sankey, ici, les chants ont été
abominables; si seulement vous pouviez entonner quelque chose dès
la fin de la prière de cet homme, si, bien sûr, la prière
se termine." Je lui en fis la promesse et quand la possibilité
s’offrit à moi, j’entonnai l’hymne bien connu : There Is
A Fountain Filled With Blood (Il y a une fontaine remplie de
sang). L’assemblée, se joignant à moi, l’entonna
d’un cœur fervent, et la rencontre sembla prendre de meilleures couleurs.
A la fin de la rencontre,
Monsieur MacMillan me dit : "Je voudrais vous présenter
à Monsieur Moody." Nous rejoignîmes alors la petite
file de personnes qui allaient lui serrer la main. Je venais ainsi
de rencontrer, pour la première fois, l’homme avec lequel,
par la providence divine, j'allais m’associer le reste de mes jours,
c’est-à-dire pendant environ trente ans.
Les premières
paroles de Moody, après que je lui fus présenté
furent : "D’où êtes-vous originaire ? Êtes-vous
marié ? Que faites-vous dans la vie ?" Quand
je répondis que j’habitais en Pennsylvanie, que j’étais
marié, que j’avais deux enfants et que je travaillais pour
le compte du gouvernement, il dit de façon abrupte : "Vous
devriez abandonner tout cela."
Je fus stupéfait,
incapable de comprendre pourquoi cet homme m’avait dit que j’aurais
à abandonner le poste qui m’était pourtant favorable.
"Pourquoi ?" lui demandai-je. "Venez à Chicago
pour m’aider dans ma tâche." Telle fut sa réponse.
Lorsque je lui laissai
entendre que je ne pouvais abandonner mon travail, il répliqua :
"Vous devez le faire; cela fait huit ans que je vous cherche."
Je lui demandai du temps pour réfléchir et lui confiai
que, pour l’instant, je n’avais aucune intention de quitter mon poste.
Il me parla de ses activités religieuses à Chicago, et
conclut en disant que ce qui lui causait le plus d’ennui lors de ses
réunions était l'interprétation des chants. Il
me confia qu’il ne savait pas chanter lui-même et, de ce fait,
devait dependre de toutes sortes de personnes pour conduire les moments
de chant; que souvent, après avoir prêché à
une foule de personnes, et qu’il était sur le point de faire
le plein du filet, quelqu’un entonnait un hymne sur une mauvaise tonalité,
ce qui bouleversait la réunion tout entière.
Monsieur Moody me demanda
alors si j’acceptais de prier avec lui à ce sujet, et, cette
fois-ci, j’y consentis – par simple politesse. Après la prière,
je retournai dans ma chambre, fortement marqué par la prière
de Moody, mais toujours indécis." (1)
Durant tout ce jour-là
et durant toute la soirée, Sankey n’avait cessé de penser
aux paroles de Moody, mais au petit matin du jour suivant, il optait toujours
pour son poste au gouvernement et pour sa situation sécurisée
qui lui garantissait son salaire. Ce même matin, Sankey reçut
une invitation de l’évangéliste l’invitant à venir
à un certain coin de rue, dans la soirée, à dix-huit
heures. Sankey s’y rendit avec quelques amis, puis Moody arriva quelques
minutes plus tard.
Tout en continuant à
parler, Moody entra dans une épicerie toute proche et demanda à
utiliser un gros caisson pendant seulement quelques instants. La permission
accordée, il emporta le caisson dans la rue et demanda à
Sankey de s’y tenir debout et d’entonner quelque chose.
Sankey chanta Am
I A Soldier Of The Cross? (Suis-je un soldat de la croix ?),
et en un court instant, une grande foule s’assembla autour de lui (dans
un témoignage, environ trente ans plus tard, Sankey affirma que
plus de trois cents personnes les avaient entourés). Quand il s’aperçut
qu’il avait un auditoire, Moody monta sur le caisson et se mit à
prêcher. Les ouvriers des usines et des moulins rentraient précisément
chez eux après leur journée de travail et beaucoup s’arrêtèrent
pour l’écouter. La foule, qui se tenait debout, était figée
sur place sans pouvoir dire un mot, et Sankey affirme que l’effet des
paroles de Moody sur la foule était quelque chose de merveilleux
à voir. Après avoir parlé pendant vingt-cinq minutes
environ, il annonça que la rencontre se poursuivrait à la
Maison de l’Opéra (Opera House), et il invita l’auditoire à
les y accompagner tandis que Sankey et ses amis leur ouvriraient la voie
en chantant un hymne connu. Il chantèrent Shall We Gather at
the River (Nous rencontrerons-nous à la rivière ?).
Ensemble, ils traversèrent les rues, suivis de plusieurs personnes
qui, emportées par le sermon de Moody prêché sur le
caisson de l’épicier, leur emboîtèrent le pas.
Ils entrèrent dans
l’Opéra qu’ils remplirent de fond en comble. Après que Moody
se fut assuré que les ouvriers étaient tous assis, Sankey
entendit Moody prêcher comme jamais il ne l’avait entendu prêcher
auparavant. Au moment où les délégués de la
convention arrivaient à la session du soir, Moody conclut la réunion
en disant :
"Nous
sommes maintenant dans l’obligation de mettre fin à ce moment
puisque nos frères de la conventions souhaiteraient venir discuter
sur la question de savoir comment atteindre les foules." (2)
Voilà un homme qui,
avec succès, pouvait atteindre les foules tandis que d’autres ne
font qu’en parler.
Lorsque Moody demanda de
nouveau à Sankey de travailler avec lui, Sankey resta toujours
indécis. Moody insista encore mais Sankey refusa de s’engager.
Il répéta une nouvelle fois qu’il devait rentrer à
la maison pour prier à ce propos. Mais intérieurement, il
souhaitait que le Seigneur le conduisît à rester à
New Castle. Toutefois, il était ouvert aux directives du Saint-Esprit.
Une fois rentré chez
lui, Sankey expliqua la proposition de Moody à sa femme qui, à
son tour, en fut très ébahie. Ils prirent le sujet à
cœur et prièrent ensemble pour cette décision importante.
Six mois après son retour chez lui à New Castle, et suite
à beaucoup d’insistance de la part de Moody, Sankey accepta de
passer une semaine avec lui à Chicago. Un peu plus tôt, il
avait confié à sa femme que ce serait pure folie pour lui
d’abandonner son travail actuel. Lorsqu’il partit, elle attendit avec
anxiété la décision qu’il allait prendre.
Arrivé à Chicago,
Sankey participa aux cultes familiaux tenus dans la maison de Moody et
s’imprégna de l’atmosphère de piété qui y
régnait. Ensuite, il commença à faire des visites
avec Moody. Moody visitait beaucoup de malades à ce moment là,
et il demanda à Sankey de chanter pour eux. En plus des visites
aux malades, ils achevèrent la semaine par une série de
réunions comprenant les réunions de prière du midi,
des réunions d'évangélisation et une réunion
de masse à Farwell Hall. A ce rassemblement, Sankey chanta son
premier solo interprété lors d'une des grandes réunions
d’évangélisation organisées par Moody.
Comme Sankey devait partir
le lendemain matin, Monsieur Moody lui dit :
"Tu
vois que j’avais raison; tes chants ont été utiles durant
toutes les réunions et j’ai la conviction que tu devrais venir
sans tarder à Chicago et abandonner ton travail." (3)
En retournant chez lui, Sankey
espérait que quelque chose surviendrait qui le retiendrait à
New Castle. Certes, il ne voulait pas entraver les efforts d’évangélisation
que Moody déployait dans l’œuvre de Dieu, mais il se disait que
ce dernier pouvait faire appel à d’autres chantres susceptibles
de saisir cette opportunité de travailler à ses côtés.
De plus, son église, qui enregistrait déjà une véritable
croissance grâce à sa musique, avait besoin de lui. Il se
demandait ce qui pourrait bien arriver à son groupe d’étude
biblique et à sa chorale s’il devait partir. Il devait également
tenir compte de l’entretien de sa famille. Moody lui-même refusait
de recevoir un salaire, mais il avait promis à Sankey mille deux
cent dollars par ans. Il lui était déjà difficile
de faire face aux dépenses avec son salaire annuel de mille cinq
cent dollars, et qu’adviendrait-il si les gens venaient à se lasser
de ses chants, ou si Moody mourait ou s'il s’en allait, ou encore s’il
changeait de travail ? Ces questions, comme bien d’autres, lui traversèrent
l’esprit pendant qu’il réfléchissait à la décision
qu’il devait prendre.
Alors Sankey se résolut
intérieurement à faire volontiers tout ce que Dieu voudrait
qu’il fasse, et qu’il chercherait conseil auprès de ceux qui connaissaient
le Seigneur et se laissaient conduire par le Saint-Esprit.
De retour à New Castle,
Sankey consulta son pasteur, espérant plutôt l’entendre lui
suggérer de rester. Cependant, après que son pasteur et
tous ses amis ressentirent qu’il était clairement de son devoir
de partir, Sankey donna sa démission au Secrétaire de la
Trésorerie.
Ce fut au début de
l’année 1871 que Sankey et Moody se mirent à travailler
ensemble à Chicago. Ensemble, ils travaillèrent sans relâche
à gagner des milliers d’âmes au Seigneur Jésus par
la prédication, la conquête des âmes et le chant. Par
rapport à leur œuvre, il fut dit que
"ce
fut une grande grâce pour D.L. Moody d’avoir croisé Ira
D. Sankey dont le nom allait pour toujours être associé
au sien, et qui, dorénavant, partageait ses efforts déployés
dans le pays même et à l'étranger, et contribua,
d'une manière dont il est impossible d'exagérer l'importance,
au succès de l’œuvre qu’il allait laisser après lui."
(4)
En octobre 1871, l’incendie
de Chicago perturba les efforts d’évangélisation de Sankey
et Moody. Toutefois, deux mois plus tard, Moody envoya un télégramme
à Sankey lui demandant de venir, et ce dernier était déterminé
à continuer de servir le Seigneur avec Moody. Dieu bénit
considérablement leur travail à Chicago, mais Moody fit
bientôt une nouvelle proposition à Sankey.
Ayant visité l’Angleterre,
Moody sentit Dieu l’appeler à y retourner dans le but de tenir
un certain nombre de réunions. Avec le refus de Philip Philips
et de Philip Bliss de partir avec lui, il lui sembla que c’était
la volonté de Dieu qu’il sollicitât Sankey.
Moody en parla à Sankey,
mais, pratiquement au même moment, Philips sollicita l’aide de Sankey
pour une tournée de six mois sur la Côte Ouest. Philips revenait
d’Europe où il avait chanté cent nuits d’affilée
durant. A ce moment là, il était le plus célèbre
des chantres de l'Evangile aux États-Unis. Sankey avait un grand
respect pour Philips à cause de ses talents vocaux, et parce qu’il
était celui-là même qui l’avait inspiré à
chanter l’Evangile. Ajouté à cela, Philips proposa à
Sankey un salaire substantiel et une prise en charge totale s’il l’accompagnait
à sa tournée dénommée ‘evenings of song’
(soirées du chant). Sankey accorda une sérieuse considération
à cette offre car elle pouvait lui procurer bien des avantages
pour son ministère spirituel et musical futur. De plus, un autre
enfant était sur le point de naître, et lui et son épouse
avaient besoin de l’argent que leur procurerait cette opportunité.
Mais avant de prendre cette importante décision, Sankey décida
premièrement d’en parler à Moody et de prier avec lui.
Sankey pria et demanda conseil
à un ami auquel il avait expliqué la situation. L’ami lui
fit la suggestion suivante :
"Deux
ouvriers sur le même front, et surtout deux chantres, pourraient
certainement ne pas s’entendre. Va avec Moody puis tu pourras
accomplir ton œuvre, et lui la sienne sans qu’il y ait de situations
conflictuelles entre vous." (5)
Comme il avait résolu
de le faire, Sankey rencontra Moody qui expliqua que, bien qu’il n’eût
pas envisagé d'itinéraire précis à emprunter
pour le voyage, il avait été appelé par trois personnes
dignes de confiance. Moody poursuivit en exposant les autres raisons enthousiasmantes
qui le motivaient à saisir cette opportunité. Sur le plan
financier, ils mettraient entièrement leur confiance en l'Éternel
qui pourvoirait à leurs besoins.
Moody et Sankey fléchirent
le genou pour prier. Quand le temps de la prière s'acheva, ils
se relevèrent, et Sankey annonça qu’il irait avec Moody.
A propos de cette décision,
tout comme de celle d’abandonner son travail, l’on dit à juste
titre :
"Sankey
se rendit avec Moody en Angleterre et en Écosse où il
chanta en présence de la Reine Victoria, puis il reçut
un nom et une couronne impérissables, à travers la moisson
d’âmes gagnées à Christ au moyen de ses chants."
(6)
Les aspirations spirituelles,
les personnalités et l’influence de Moody et Sankey sont bien décrites
dans cet extrait d’une lettre de Monsieur Horatius Bonar, éminent
prédicateur et compositeur d’hymnes d'Autriche :
"Ces
frères américains ne nous amènent pas un nouvel
Évangile, ils ne prétendent pas non plus innover d’aucune
manière dans leurs programmes; leur seule innovation réside
peut-être dans le fait qu'ils donnent plus d’importance à
la pratique des hymnes qui communiquent la bonne nouvelle à
leur auditoire à travers cette musicalité. Nous pouvons
volontiers leur faire confiance. Ils le méritent entièrement;
plus nous apprenons à les connaître personnellement,
plus nous les apprécions, et plus nous nous sentons solidaires
d'eux et sommes poussés à partager leur sort. Nous réclamons
la saine doctrine de la foi, et nous faisons bien. Ces hommes prêchent
la saine doctrine. Nous recherchons une vie humble et intègre,
nous faisons bien. Ces hommes sont intègres et humbles. Nous
voulons le renoncement, eh bien ! ces hommes pratiquent le renoncement,
ce sont des hommes qui connaissent le dur labeur, qui sont assidus,
dépensent et se dépensent dans une œuvre qui, pour eux,
n’est pas humaine mais divine. Nous voulons avoir des objectifs précis,
un ultimatum dans lequel l'ego n’aura aucune place, nous faisons bien.
Ces hommes ont le plus précis des objectifs précis :
gagner des âmes en vue de la joie éternelle ; de
plus ils ne recherchent ni récompense ni célébrité,
si ce n’est l’approbation du Maître, la récompense réservée
à ceux qui en amènent beaucoup à la justice.
Ils
n’entretiennent aucunément ni funeste ni sordide dessein comme
le montre leur histoire passée et comme le ressentent tous
ceux qui se joignent à eux. A coté de cela, c’est en
vain qu’on essaierait de les arrêter. Sans cesse ils travailleront
et prêcheront, peu importe qui leur dira non. Qui s’y opposera?
Travaillons avec eux.
On
demanda une fois à Rowland Hill : ‘Quand avez-vous prévu
de vous arrêter ?’ Il répondit : ‘Pas avant
d’avoir accompli tout le travail qui nous attend devant nous.’ Il
en est de même pour nos frères de Chicago. Que tout le
monde dise : Amen ! Que ce monde nécessiteux dise : Amen !
Que la méchanceté humaine et la malice disent : Amen !
Que le ciel et la terre disent : Amen !
L’œuvre
est grande mais le temps est insuffisant; le pouvoir de l’accomplir
n’est pas humain mais divin." (7)
Le message présenté
par Moody et Sankey fut largement commenté dans l’éditorial
du New York Tribune en ces termes :
"…Troisièmement,
en ce qui concerne leur message, ils n’ont prêché ni
doctrine ni dogme d’aucune secte; rien que Christ et la nécessité
que le zèle pour Son œuvre s’accroisse parmi nous. Lequel de
nous nierait cette vérité ? Qu’est-ce que la religion
chrétienne, sinon le seul espoir que nous ayons pour nos vies
individuelles et pour la société?" (8)
Il est évident que
Sankey avait entendu Moody prêcher encore à maintes reprises,
mais il affirma qu’il n'avait jamais ressenti la moindre aversion de l’entendre
parler.
La santé de Sankey
se dégrada considérablement les dernières années
de sa vie; il perdit également la vue. Ses aspirations se portèrent
de plus en plus vers sa demeure finale, le ciel. George Stebbins, un proche
ami de Sankey, fit la remarque suivante à propos des deux dernières
années de sa vie :
"Il
était évident que ses pensées et son cœur se
portaient ardemment, depuis longtemps, vers son retour à la
maison, car ce sujet revenait trop souvent dans nos conversations.
Un jour, il me dit : ‘George, tu me trouveras à Spurgeon
Street quand tu y seras.’ Souvent, à la fin de mes visites,
il me disait : ‘George, je veux que tu sois à l’église
(celle du docteur Cuyler, dont il avait été membre de
nombreuses années durant) dimanche prochain. J’y serai car
je rentre à la maison.'
Il
avait tellement longtemps désiré être absent de
corps pour être avec Christ qu’il en était obsédé."
(9)
Fanny Crosby, une autre amie
personnelle de Sankey, vécut l'expérience suivante le jour
qui allait être celui de sa dernière visite à Sankey
:
"Quand
elle lui dit : "Les chrétiens du monde entier prient
pour ton rétablissement", le malade remua la tête
et lui demanda de transmettre à ses amis : "J’espère
les rencontrer très bientôt, là où la tristesse
et la douleur n’existent pas, et où Dieu essuiera toutes larmes
de nos yeux." Ira demanda à Fanny de le rejoindre au ciel,
"à la porte perlée située à l’Est de
la cité. Là-bas, disait-il, je te tiendrai par la main
et je te conduirai sur la rue d’or qui mène au trône
de Dieu et nous nous y tiendrons debout et lui dirons : ‘Et maintenant
nous te voyons face à face, sauvés par Ton incommensurable
Grâce.’ " (10)
Avant que son désir
de rejoindre le Seigneur ne pût s’accomplir, il plongea dans un
coma tout en chantant les premières paroles de Saved by Grace
(Sauvé par Grâce) de Fanny :
Un jour, le cordon d’or se brisera
Et je ne chanterai plus comme maintenant
Mais, oh quelle joie, quand
je me réveillerai
Dans le palais du Roi !
A la tombée de la
nuit, il était parti. (11)
Sankey était finalement
en présence de Celui qu’il avait si longtemps et tant loué.
Pendant sa vie, Ira Sankey
connut un succès considérable dans l’œuvre du Seigneur,
mais il l'attribuait entièrement à l'œuvre du Saint-Esprit.
Dès le début de son ministère, il se laissa guider
et aider par le Saint-Esprit, et souvent il parlait de la plénitude
de l’Esprit en lui.
Les décisions et les
désirs spirituels d’Ira D. Sankey permirent à Dieu de l’utiliser
pour amener des milliers d'âmes au salut en Jésus-Christ
seul. Sa vie se présente comme un défi nous enseignant à
attentivement considérer et suivre les directives de Dieu dans
chaque décision que nous prenons.
C’est à juste titre
que l’on a dit :
"Quel
gâchis aurait-ce été, si Ira Sankey, l’un des
plus grands chantres et musiciens de l'Evangile, était resté
simplement un bureaucrate du gouvernement en Pennsylvanie - un collecteur
d’impôt ! Mais tout comme Zachée et Matthieu, il y a
des générations de cela, il choisit la part de Dieu
et reçut à la fois une gloire séculaire et
une récompense éternelle." (12)
Sankey et la Bible
Une des plus grandes raisons
motivant Sankey à connaître la Parole de Dieu était
son groupe d'étude biblique pour adultes, comme mentionné
plus haut. Ce groupe se réunissait chaque semaine, et les participants
y partageaient leur expérience religieuse et écoutaient
les instructions données par l'enseignant concernant la marche
dans la sainteté. Sankey réalisa qu'il avait mesuré
son état de grâce, non pas au moyen des passages de la Bible
qui ont été écrits pour décrire la condition
réelle des enfants de Dieu, mais à travers ce que les autres
disaient lors des diverses réunions du groupe d’étude et
lors des réunions de prière. Les quelques soixante à
quatre-vingt hommes qui étaient sous ses soins semblaient représenter
pour lui une lourde responsabilité, et il ne voulait pas les induire
en erreur. Sondant les Ecritures plus que jamais, il cherchait à
prodiguer l'instruction correcte à chaque membre du groupe selon
leurs besoins spécifiques. Au sujet de Sankey et de son groupe
d’étude, il fut rapporté la chose suivante :
" Le
groupe était dirigé sur des principes strictement bibliques;
leurs membres étaient enracinés et fondés dans
l'amour, se reposant non sur eux-mêmes, ni sur l'expérience
des uns et des autres, mais sur les promesses sans faille de la Parole
de Dieu. Il disait au groupe : "Décrivez votre condition
en langage biblique. Les Ecritures abondent de descriptions de sentiments
religieux de toutes sortes. Il n'y aucun état de grâce
qui ne puisse être décrit par un texte de la Bible."
Et les membres, ainsi instruits, furent habitués à rechercher
leurs portraits dans la Bible, et également à s'enquérir
des paroles de consolation ou de conseil qu'elle contenait pour qu'elles
pussent être utilisées dans leurs besoins particuliers. "
(13)
Après l'incendie de
Chicago et durant la période de difficultés qui suivit,
Moody et Sankey devinrent tous les deux plus dévoués au
Seigneur et à Sa Parole :
" Ces
serviteurs du Seigneur firent sortir ainsi le doux de ce qui est amer,
et devinrent plus consacrés que jamais à l'œuvre de
la prédication de Christ Jésus et Christ crucifié.
Chacun d'eux fut plus profondément animé du désir
ardent d'étudier la Bible comme étant elle-même
son propre et seul interprète. " (14)
Sankey réalisa qu'il
était important que l'instruction par la musique fût biblique
au même titre que l’enseignement apporté dans la prédication
usuelle; et qu’une fois qu'une doctrine ou une pensée était
mise en musique, il était beaucoup plus probable qu'elle fût
mémorisée et assimilée que si elle était simplement
formulée oralement. Pour cette raison, il cherchait à composer
des chants qui enseignaient clairement les vérités et les
doctrines de la Bible.
A une occasion, Sankey, Moody
et d'autres hommes montèrent sur quelques collines proches de l’endroit
où avait lieu la convention de Northfield et eurent un pique-nique
sur le sommet. Moody demanda aux hommes quelle était la montagne
de la Bible qu’ils chérissaient le plus, et Sankey répondit
que son choix se portait sur le Mont des Oliviers.
Lorsque Sankey eut la réelle
possibilité d'entreprendre un voyage pour visiter la Terre Sainte,
il avait une bonne connaissance de nombreux lieux remarquables en Palestine,
du fait de son étude fidèle de la Parole de Dieu. Voyageant
de lieu en lieu, il décrivit des incidents liés au récit
biblique à ceux qui l'accompagnaient. A certains moments, il fut
si touché par les événements historiques associés
au lieu où il se trouvait qu'il s'arrêta pour chanter un
chant approprié.
En 1875, Moody et Sankey
furent invités à tenir une série de réunions
à New York. En vue de la préparation des réunions,
le sentiment des Presbytériens fut exprimé dans The New
York Observer. Cet article exprime l'assurance qu'ils avaient de ce
que les doctrines et l'enseignement de Moody et de Sankey étaient
en harmonie avec la Parole de Dieu :
"Les
hommes qui ont été invités à New York
ont donné la parfaite preuve de l’efficacité de leur
ministère par leurs labeurs dans d'autres lieux, et nos pasteurs
savent à qui ils ont affaire lorsqu'ils demandent leur aide.
Ces évangélistes ont été approuvés
par les ministres et les églises qui, entre tous, auraient
été les plus susceptibles de les condamner si leurs
doctrines et leurs mesures n'avaient pas été en harmonie
avec la Parole de Dieu et approuvées par un sain jugement.
Ils ont été au milieu des communautés religieuses
les plus orthodoxes et les mieux instruites en Grande Bretagne. Des
pasteurs excellents, instruits et réfléchis et les plus
éminents personnalités civiles, hommes d'Etat, juristes
et banquiers, ont assisté à leurs réunions et
ont donné leur opinion favorable par écrit.
Les
presbytères, les synodes, les assemblées générales,
les dignitaires de l'Eglise d'Angleterre et les fonctionnaires du
gouvernement, hommes qui ne sont ni émotionnels ni enthousiastes,
qui sont on ne peut plus éloignés du fanatisme religieux,
attestent de la grande valeur des labeurs de ces évangélistes.
Leurs
discours ont été publiés et largement lus par
ceux qui désapprouvent de tels labeurs, ainsi que par leurs
auditoires. "Aucun défaut constaté" est le verdict
général. Ils sont comme des appels simples et scripturaires
lancés aux inconvertis. La bénédiction de Dieu
les a suivis, et il a plu à Dieu de les utiliser afin de détourner
les pécheurs de leurs mauvaises voies, et de les amener à
Christ. Nous avons également des témoignages personnels
venant d'hommes remplis de sagesse qui ont été à
terre un an après que les évangélistes sont partis,
et ils nous assurent que l'œuvre de la grâce continue sans réaction
d'insatisfaction et avec toutes les preuves d'effets bénéfiques
durables." (15)
En 1889, l'année où
Moody rejoignit son Sauveur, Sankey écrivit un bref résumé
de ce qu'avait été la foi de Moody :
"Il
s'accrochait fermement aux anciens sentiers de nos pères; il
croyait à la vieille bonne Bible du début jusqu'à
la fin… Je n'ai pas trouvé de nouveau chemin pour aller au
ciel." (16)
En 1907, un an avant sa propre
mort, il écrivit une lettre à la YMCA de New Castle, exprimant
sa foi en Dieu et dans le salut tel que l'explique la Bible :
"J'éprouve
une grande joie en Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.
Ces trois sont un, et Son nom est Amour. Je crois que "Dieu a tant
aimé le monde, qu'Il a donné Son Fils unique engendré,
afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la
vie éternelle."
Je
crois en Celui qui a dit : "En vérité, en vérité,
Je vous le dis : Celui qui croit en Moi a la vie éternelle."
Je
crois dans le Fils de Dieu de toute mon âme, de toute ma force,
de toute ma pensée et de toute ma force, et je suis, par conséquent,
sauvé par la Parole de Celui qui ne peut pas mentir. Je n'ai
plus qu'un court chemin d’obscurité sur la terre à parcourir
avant d'entrer dans le soleil levant du trône du Père.
Je suis si certain de rencontrer au ciel ceux de mes amis qui suivent
l'Agneau, que je leur transmets ce message final que Dieu est amour.
Bonne nuit, bonne nuit." [17]
Sankey et la prière
Dans Jérémie
33:3, Dieu déclare : "Invoque-moi et je te répondrai,
je te montrerai des choses cachées, des choses que tu ne connais
pas."
La façon dont Ira
Sankey cherchait continuellement Dieu dans la prière nous montre
qu'il croyait aux instructions données dans ce verset et les mettait
en pratique.
On dit que lorsque Sankey
servit à l'armée pendant trois en tant que réserviste,
il servit le Seigneur de façon très active et diligente
à travers des réunions de prière destinées
aux soldats. Il devait certainement y avoir beaucoup de prières
sérieuses durant ces jours de Guerre Civile.
Nous avons déjà
vu que Sankey, alors qu’il était jeune homme, prit un certain nombre
de décisions cruciales concernant l'œuvre de Dieu et le ministère
que Dieu lui confiait. Lorsque Moody mit Sankey en demeure de le rejoindre
à Chicago, Sankey pria à ce sujet seul, mais également
avec d'autres.
Concernant les prières
que lui et Moody firent, Sankey dit :
"Je
présume que j'ai prié d'une manière et qu'il
a prié d'une autre; pourtant, il ne lui a fallu que six mois
de prière pour que Dieu me fasse quitter mon travail." (18)
Plus tard, Moody demanda
à Sankey de l'accompagner en Angleterre et, une fois de plus, Sankey
rechercha les directives du Seigneur dans la prière.
Dans leur travail commun
pour le Maître, quelques différences entre Moody et Sankey
se présentèrent comme c’est le cas dans la plupart des relations.
Néanmoins, refusant de permettre à celles-ci d'obstruer
l'œuvre de Dieu, ils présentaient leurs différences à
Dieu dans la prière.
Le ministère de musique
d'Ira Sankey n'en était pas un fondé sur sa confiance en
lui-même. Sankey était conscient de son entier besoin de
la bénédiction de Dieu, et la crainte qu’il avait de faire
face à une situation difficile le poussait encore plus à
déposer tous ses soucis aux pieds du Seigneur.
Tout jeune homme encore,
lorsqu'il était à New Castle, Sankey priait continuellement
pour que le Saint-Esprit bénissât les paroles qu'il chantait
afin d'amener au salut de nombreuses personnes qui venaient l'écouter.
Sankey croyait fermement
que, pour les chants, " l'on devrait prier autant que pour la
prédication. " (19)
Mettant en pratique cette
conviction, il priait pour ses propres chants tout comme un prédicateur
prie pour son message. Bien souvent, Sankey chanta devant des assemblées
qui généralement s'opposaient aux "hymnes humains." Néanmoins,
il découvrit que si ces hymnes étaient chantés dans
un esprit de prière, le Seigneur pouvait les utiliser pour communiquer
la vérité de l'Evangile.
A une de ces occasions, Sankey
fut spécialement soucieux de la réaction de l’assemblée,
mais à travers la prière, il reçut la paix pour chanter
le chant.
" Le
chant en solo, quant à la question de son adéquation
et de son utilité, n'était pas encore pleinement compris
ni admis; ce fut donc avec beaucoup de crainte et de trépidation
que nous rentrâmes réellement, cette troisième
nuit, dans notre campagne de trois mois.
Lorsque
je repris ma place devant l'instrument, cette nuit-là qui,
à mes yeux, était la plus mémorable, je découvris,
à ma grande surprise, que le Dr Horatius Bonar était
assis à côté de mon orgue, juste devant la chaire.
Le premier morceau de musique pour hymne chrétien que j'eusse
jamais composé, écrit depuis ma venue à Edinburgh,
était associé aux paroles qu'il composa - Yet There
Is Room (Il y a encore de la place).
Parmi
tous les Ecossais, il était l'homme dont je sollicitais le
plus les décisions. Il était, en effet, mon parfait
compositeur d'hymnes, le prince parmi les compositeurs d'hymnes de
son époque et de sa génération. Et pourtant,
il ne chantait pas un seul de ses propres hymnes magnifiques dans
sa propre assemblée, tels que " I Heard the Voice
of Jesus Say " (J’ai entendu la voix de Jésus dire),
ou " I Was a Wandering Sheep " (J’étais
une brebis errante), parce qu'il servait une église qui croyait
que seuls les psaumes pouvaient être utilisés dans les
hymnes.
Avec
crainte et tremblement, j'annonçai comme solo le chant " Free
from the Law, Oh, Happy Condition " (Libre de la loi, oh,
quelle heureuse condition).
Comme
aucune prière n'avait été offerte pour cette
partie de la réunion, et ressentant que l'interprétation
du chant pourrait s'avérer n’être qu'une distraction
au lieu d’être une bénédiction spirituelle, je
demandai à toute l'assemblée de se joindre à
moi dans une parole de prière, demandant à Dieu de bénir
la vérité qui allait être chantée.
Dans
la prière, mon anxiété fut apaisée. Croyant
allègrement à la glorieuse vérité contenue
dans le chant, je la chantai avec conviction à travers tout
le chant, du début jusqu'à la fin.
A
la fin du message de Monsieur Moody, le Dr Bonar se tourna vers moi,
avec un sourire sur son vénérable visage, et étendant
la main, il me dit : "Eh bien, Monsieur Sankey, vous avez chanté
l'Evangile ce soir." "
C'est
ainsi que la voie fut ouverte pour la mission à travers les
chants sacrés en Ecosse." (20)
Sankey trouvait également
que les assemblées acceptaient mieux son orgue s'il avait prié
avant d'interpréter son chant.
Avant de s'asseoir pour s'accompagner
lui-même avec son petit orgue Estey à cuivre, Sankey priait
toujours avec l'assemblée pour que Dieu bénît son
chant et utilisât la musique pour amener de nombreuses âmes
affamées et perdues au salut. Cette approche intime, introduite
par la prière, contribua à dissiper l'antagonisme des opposants
qui haïssaient vivement l'orgue autant qu'ils haïssaient le
péché. (21)
Concernant les chorales,
Sankey croyait qu’elles devaient commencer et terminer leurs répétitions
par la prière.
En janvier 1877, Moody et
Sankey furent attendus à une série de réunions planifiées
à Boston. Il y eut parmi les habitants un grand sentiment d’attente
et d’anticipation, les cœurs étant désireux d’entendre Sankey
chanter, et après l'annonce du chant The Ninety and Nine (La
quatrevingt-dix-neuvième), Sankey fit la prière suivante
:
"Notre
Père céleste, au nom du Seigneur Jésus, nous
venons Te voir à cet instant, Te demandant de faire reposer
Ta bénédiction sur les chants qui ont déjà
été chantés et qui seront chantés, dans
ce grand Tabernacle. Bénis, nous Te prions, le message de Ton
amour qui se trouve dans ces chants. Et nous prions, notre Père,
que Tu bénisses les chantres qui viennent de venir ici, et
qui viendront jour après jour, pour élever leurs voix
en louange à Ton nom. Et comme dans les jours anciens, lorsque
les chantres étaient appelés à faire éclater
un bruit joyeux devant l'Eternel, viens à la rencontre, je
T'en prie, de Ton peuple dans ce temple dédié à
Ton service. Et, notre Père, ne Te demanderons-nous pas que,
dans un futur proche, nous puissions même voir les fils prodigues
ramenés à la maison par le Bon Berger Lui-même?
Ayant erré loin de Toi, ils entendront Ta voix mélodieuse,
et diront : "Je me lèverai et j'irai vers mon Père."
Seigneur Jésus, bénis-nous maintenant dans tout ce que
nous ferons ici, et nous Te donnerons la louange pour toujours. Amen."
(22)
Ira Sankey fut un gagneur
d'âmes fidèle et grandement utilisé par Dieu, et quand
il parlait avec des individus, il s'appuyait sur le Seigneur pour obtenir
la sagesse nécessaire. Dans son autobiographie, il décrivit
une conversation avec un jeune homme qui était venu dans la salle
réservée aux âmes en recherche. Lorsque le jeune homme
parla de son besoin, Sankey dit plus tard qu'il éleva son cœur
dans la prière afin de ne pas faire d'erreur alors qu'il s'occupait
de ce jeune homme. Sankey comprenait l'importance de Jacques 1:5 :
"Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu."
Le compte-rendu suivant d'une
réunion de prière stimulante et touchante fut donné
par Sankey :
"Mon
cœur fut touché, hier soir, à la réunion des
jeunes hommes. Je peux dire, en vérité, que pendant
tous mes errements je n'ai jamais assisté à une meilleure
réunion que celle tenue hier soir à l'église
Roby Chapel — à une réunion plus remplie de l'esprit
de prière et d'espérance. Je m'attends à de grands
résultats depuis ce lieu.
Mon
cher ami, Monsieur Drummond, y était; son père, que
vous connaissez tous, a fait un si grand travail en publiant et distribuant
des tracts en Ecosse, et je dois dire même, partout dans le
monde. Quand Monsieur Drummond ouvrit la réunion, il demanda
à tous ceux qui s'étaient convertis depuis peu de le
dire. Beaucoup se levèrent et racontèrent ce que le
Seigneur avait fait pour leur âme. Des hommes âgés
se levèrent, des jeunes hommes et même des garçons.
Lorsque
nous rentrâmes dans la prière silencieuse, Monsieur Drummond
dit à quiconque souhaitait que l'on priât pour lui-même,
ou pour des amis, de se lever et de le demander, tandis que les chrétiens
prieraient. L'une après l'autre, de quatre coins de la chapelle,
vinrent les requêtes : "Priez pour moi", "priez pour mon âme",
"priez pour mon père," "pour ma mère, "pour des frères,"
"pour des sœurs," "pour les épouses." Mères ! Pères
! Vos fils étaient là à l'église Roby
Chapel la nuit dernière, priant pour vous, suppliant Dieu pour
vous. N'allez-vous pas les rejoindre?" (23)
Il est évident que
la musique d'Ira Sankey était un ministère en soi et pas
simplement une distraction. Sankey avait mis toute sa vie au service des
autres. Il avait abandonné la sécurité financière
afin que, par le chant, il pût parler aux autres de la véritable
sécurité qui ne se trouve qu'en Christ. Comme conséquence
de sa totale dépendance du Seigneur, ses efforts furent bénis
et des milliers d’âmes sauvées.
Le caractère chrétien
de Sankey
Tout enfant, Ira Sankey était
connu par ses amis et sa famille comme ayant vécu une jeunesse
honorable et honnête. Il était aussi reconnu comme un meneur
parmi les garçons avec lesquels il s'associait. Ceux qui travaillaient
avec Sankey dans la période où il occupait un emploi séculier,
ainsi que ceux qu'il servait, avaient une très haute considération
de lui.
Pendant preque dix années,
il travailla pour le gouvernement, et un homme qui avait travaillé
dans le bureau à côté du sien, donne ce beau témoignage
à propos de Sankey :
" Dans
le service civil, comme dans d'autres départements du travail,
il était remarqué pour son attitude consciencieuse et
pour son sens du devoir qu’il veillait à entretenir d’une façon
patiente et fidèle. Dans son grade, il figurait au premier
rang dans le district et avait l'entière confiance de tous
les fonctionnaires et de tous les contribuables avec lesquels il avait
des relations officielles.
Ses
supérieurs au bureau le considéraient comme l'un des
fonctionnaires les plus prompts, les plus corrects et les plus dignes
de confiance qu'ils eussent, et ils étaient toujours disposés
à lui accorder les honneurs d’un fidèle serviteur de
la nation. Dans le long rapport qu’il entretint avec le service, jamais
aucune irrégularité dans ses relations avec le gouvernement
ni de dommages causés à ce dernier ne furent constatés.
Il ne tira jamais avantage de sa position pour son propre compte ou
pour sa propre promotion, mais se souciait fidèlement et honnêtement
des intérêts du gouvernement.
C'est
sur cette appréciation fort honorable qu'il quitta le service,
avec le regret de ceux qui lui étaient associés.
Il
trouvait aussi la faveur des gens du district dont il avait en charge
la supervision officielle des affaires. Il s’était proposé,
à une certaine époque, de rentrer de nouveau à
l'armée afin de servir son pays; mais des quatre coins du pays,
tous les contribuables qui entretenaient des relations officielles
avec lui exprimèrent par courrier des remontrances instantes
s'opposant à son départ du service civil, et il fut
contraint de demeurer dans ce département du gouvernement,
où ses services étaient si grandement demandés. "
(24)
Un pasteur baptiste européen,
Monsieur Rees, déclara, après avoir travaillé avec
Moody et Sankey : " Ces deux frères sont véritables
jusqu'à la moëlle des os. " (25)
William Hoyt Coleman également
fit le commentaire suivant à leur propos : " Les deux
hommes impriment en vous la claire impression qu'ils sont honnêtes
et bons, chaleureux et tout entiers dans leur corps et leur pensée,
et profondément fervents. " (26)
Il fut dit que Sankey avait
le pouvoir de changer les vies, et que ses trente-trois années
de vie sans reproche l'y avaient aidé.
En ce qui concerne l'amitié,
George Stebbins affirma que Sankey " était un de ces
hommes dont la compagnie est des plus appréciable, et un de ces
amis les plus loyaux. " (27)
Sankey avait beaucoup de
succès dans ses relations personnelles avec les gens, et il semble
que cela fût spécialement vrai avec les femmes. Il usait
néanmoins de beaucoup de prévenance dans ces situations,
comme cela peut se voir dans ce commentaire :
" Il
doit être dit avec insistance, néanmoins, que Sankey
comme Moody, faisait très scrupuleusement attention dans de
telles relations, et dans toute l'hostilité acharnée
qui prévalait contre lui dans beaucoup de directions, je ne
trouve pas une seule mention de scandale à propos du chantre,
pas plus qu'à propos de son plus grand ami. " (28)
En dépit de toute
la grandeur et de l'envergure mondiale de la célébrité
qu'il gagna, son désir n'était rien d'autre que d'être
un ambassadeur de Christ. Gamaliel Bradford fit quelques observations
intéressantes à ce sujet :
" Ce
qui intéresse l'observateur psychologique dans tout cela, comme
avec Moody, c'est l'effet qu'il crée sur le chantre lui-même.
Voilà un homme né dans une obscurité relative,
qui a passé ses premières années à occuper
une fonction pénible et exigeante dans un petit bureau du gouvernement.
Soudainement,
il se trouve propulsé dans l'une des positions les plus visibles
du monde. Il s'attire la reconnaissance de ministres distingués
qui se tournent vers lui. Des hommes et des femmes de rang et de fortune
le saluent humblement, et attribuent à son œuvre le plus grand
confort et la plus grande satisfaction de leur vie.
Les
journaux le montrent en première page. Des foules affluent
vers lui, où qu'il aille, avec vive adulation, ou avec moquerie
bruyante, ce qui est presque aussi stimulant et savoureux. Il est
un grand homme et il le sait, ne peut s'empêcher de le savoir.
Aucun acteur triomphant, ni ténor d'opéra, ni orateur
public, n'a jamais galvanisé autant d'auditoires enthousiastes
ou autant de louange et de flatterie. Quel en fut l'effet sur lui
et comment le géra-t-il? Recherchait-il l'admiration, s'en
souciait-il ou y était-il sensible? Etait-il sensible aux critiques?
Son déclin relatif de ses dernières années le
déprimait-il, ou bien l'ombre de la gloire passée était-elle
suffisante pour que l'homme continuât à vivre?
Il
n'y a pas la moindre trace d'aucune de ces choses, et encore moins
qu'avec Moody, parce qu'il n'y a pas la moindre auto-analyse évidente
que l'on puisse obtenir dans l'homme. Même la formule d'une
telle analyse comme je l'ai suggéré plus haut aurait
été rejetée avec indignation. Ils avaient résolu,
par principe, d'être indifférents à toute idée
de gloire et de succès mondains, cette idée avait été
mise aux oubliettes. Le désir de ces hommes était d'être
au service du Maître, et toutes considérations personnelles
sombraient complètement loin de leur vue. Et ainsi nous entendons
maintes et maintes fois dire qu'ils ne pensaient absolument pas à
leur ego, et n'étaient préoccupés que de faire
quelque chose pour la gloire du Seigneur. Il se peut qu'il en soit
ainsi. Il est très probable qu'ils aient pensé que cela
a été entièrement le cas. Tout ce que je peux
dire, si ceci était entièrement vrai, c'est qu'ils étaient
différents de tous les hommes auxquels j'ai été
habitué, et profondément différents de moi. "
(29)
En tant qu'un des amis personnels
les plus proches de Sankey, George Stebbins est bien qualifié pour
parler de l'authenticité de l'humilité de Sankey. Alors
que Sankey était engagé avec Moody dans leur œuvre menée
en Grande Bretagne, Stebbins affirme :
" Je
recevais, à l'occasion, des lettres de lui couchées
dans les mêmes termes cordiaux et amicaux si caractéristiques
de lui, sans jamais la plus légère insinuation qu'il
était conscient d'être l'un des hommes dont on parlait
le plus dans l'Empire; et à son retour dans sa terre natale,
après deux années d'absence au bout desquelles il avait
émergé d'une obscurité relative pour atteindre
une célébrité internationale, les relations amicales
se pousuivirent sans jamais s'interrompre durant le reste de sa vie. "
(30)
Foi et détermination dans
les épreuves
Au début de l'année
1871, Ira Sankey quitta sa famille à New Castle pour rejoindre
Moody à Chicago. Ensemble ils prêchèrent et chantèrent
devant les grandes foules qui vinrent les écouter. Et en raison
de la manière dont ils se complétaient, les gens commencèrent
à se reférer à eux comme Jonathan et David.
Sankey avait, en effet, abandonné
un bon emploi, mais dorénavant il avait découvert que le
travail le plus heureux du monde était celui de conduire d'autres
personnes à Jésus-Christ. Il chanta à beaucoup d'individus
non-sauvés, et ceci augmenta sa passion pour les âmes.
Le dimanche soir du 8 octobre
1871, Moody cloturait son message adressé à la foule immense
de Farwell Hall, en posant la question figurant dans le titre du message
"Que ferais-je de Jésus?" Avant que Sankey ne chantât, Moody
dit : "Maintenant, je veux que vous emportiez cette question chez vous
et que y réfléchissiez, et, dimanche prochain, je veux que
vous reveniez me dire ce que vous allez en faire." (31) (Moody dit
plus tard que "cette déclaration fut l'une des plus grandes
erreurs de sa vie et qu'il donnerait joyeusement son bras droit s'il pouvait
la révoquer." (32))
Sankey termina la réunion
par un hymne, mais avant la fin du troisième couplet :
Aujourd'hui le Sauveur appelle
Accours sous Son refuge;
L'orage de la justice frappe
Et la mort est proche, (33)
sa voix fur noyée
par le bruit des camions de pompiers, des cloches et du grand clocher
de la ville qui sonnait l'alarme.
Entendant la grande confusion
au dehors, la foule devint agitée et se mit dans un état
de frayeur, et Moody mit immédiatement fin à la réunion.
Comme les gens partaient, Moody et Sankey sortirent du bâtiment,
et purent alors voir le reflet de l'incendie sur le côté
Ouest de la ville, à environ 800 mètres plus loin.
Quand il se sépara
de Moody, Sankey se rendit à l'endroit où le feu brûlait,
et y passa plusieurs heures tentant de contribuer à empêcher
l'extension des flammes. Après avoir réalisé qu'ils
ne pouvaient pas les arrêter, il retourna dans sa chambre d'hôtel
et son bureau au Farwell Hall Building pour sauver ce qu'il put de ses
biens. Grâce à des efforts formidables ainsi quà de
multiples voyages réalisés par lui-même et par d'autres
personnes dont il put louer le travail, Sankey parvint finalement à
acheminer un grand nombre de ses biens (incluant sa musique) en direction
du bord du Lac Michigan.
Au bord du lac, Sanley trouva
quelques bateaux à rames à louer et demanda au propriétaire
s'il pouvait en utiliser un. L'homme lui répondit qu'il pouvait
en avoir un s'il était capable de prendre en main la situation,
puisqu’il était très peu probable, pendant un certain temps,
que les autorités autorisassent beaucoup de bateaux à naviguer
dans cette zone. Sankey chargea ses affaires dans le bateau et rama pour
s’éloigner un peu de la rive. Arrivé à un certain
endroit, il put voir l'incendie se propager dans la grande ville de Chicago,
et médita sur ce que cela signifiait pour son avenir.
Repassant dans son esprit
toute sa carrière de chantre de l'Evangile, Sankey se remémora
ses remous personnels vécus à l'époque du grand incendie
de Chicago et s'attarda longuement sur le fait que le diable, d'une façon
très réelle et spécifique, était venu dans
sa vie et dans celle de Moody, tentant, semblait-il, d'interrompre et
de détruire leur ministre réuni… La carrière de Sankey
avec Moody avait à peine commencé, cette année-là,
qu'elle sembla déjà condamnée à s'achever
comme conséquence de la conflagration qui balaya Chicago. Assis
dans le bateau, alors qu'il scrutait les étincelles, observant
les flammes qui s’élevaient dans un ciel effroyablement noir, rempli
de fumée, Sankey se sentit désorienté par ce qui,
à ce moment précis, sembla être le dérapage
d’une nouvelle carrière musicale excitante pour le Seigneur. Néanmoins,
en même temps, il trouva réconfort en se rappelant les paroles
de l’hymne Dark is the Night (Sombre est la nuit) de Fanny
J. Crosby :
Sombre est la nuit, et un vent
froid souffle,
Plus près de moi s’approche
le rugissement du destructeur ;
Où irais-je, vers quel lieu
m’envoler pour trouver refuge?
Cache-moi, mon Père, jusqu’à
ce que l’orage soit passé.
Les paroles et le souvenir
des âmes sauvées pendant sa carrière pourtant brève
avec Moody relevèrent son âme. Remerciant Dieu des miracles
survenus dans sa vie, il Lui demanda de continuer à le diriger
dans son service pour Christ.
" Je savais que
Dieu était au contrôle de la situation, " se rappela-t-il
plus tard, " et qu’Il l’est toujours, peu importe où
ou dans quel état nous puissions nous trouver. "
En communiquant avec Dieu
dans la prière cette nuit-là – depuis un bateau naviguant
sur un lac – il reçut une foi renouvelée et Dieu lui donna
une nouvelle assurance que le Seigneur avait encore beaucoup de travail
à lui confier. (34)
Sans entrevoir aucun avenir
immédiat à Chicago, Sankey prit le train en direction de
l’Est pour rentrer chez lui. Pourtant, au bout de deux mois après
l’incendie qui avait détruit Farwell Hall (l’église de Moody),
Moody fit ériger un nouveau tabernacle et envoya un télégramme
à Sankey pour qu’il vînt le rejoindre. En dépit des
efforts de Satan de contrecarrer l’œuvre de Dieu, ces hommes étaient
déterminés à continuer de l’avant avec l’aide de
Dieu. Concernant ce désastre et la foi de Moody et Sankey, il fut
dit :
" Ce
désastre au lieu d’émietter la foi confiante de ces
évangélistes, la raffermit, car il ouvrit le cœur des
gens pour qu’ils reçussent plus promptement leur message de
l’amour du Sauveur, et fit du bâtiment un sanctuaire pour soulager
les besoins physiques et spirituels d’une multitude de sans-logis. "
(35)
Du fait que la nouvelle structure
était construite au milieu de la section détruite, le doute
subsistait quant à la question de savoir si le bâtiment se
remplirait ou non. Cependant, le jour de la dédicace, plus d’un
millier d’enfants vinrent.
Moody et Sankey continuèrent
à tenir des réunions, en même temps qu’ils aidaient
les pauvres et nécessiteux qui avaient tout perdu. Tous les deux
dormaient dans un coin du nouveau tabernacle, n’ayant pour lit qu’un simple
fauteuil. Souvent, les forts vents d’hiver, en soufflant, ramenaient de
la neige dans leur chambre.
Avant que le nouveau bâtiment
ne fût construit, Moody vécut une expérience spirituelle
très spéciale, et dorénavant un grand réveil
se produisit. Tant de personnes assistaient au culte qu’ils furent forcés
de tenir huit réunions chaque dimanche, et beaucoup de ces personnes
prirent des décisions bien fermes pour Christ. Bien que ce ne fût
pas aisé, la foi déterminée de Moody et de Sankey
fut récompensée par le biais des bénédictions
divines. Ensemble, ils expérimentèrent la promesse de Galates
6:9 : " Ne nous lassons pas de faire le bien, car au
temps convenable, nous moissonnerons. "
Tout au long de leur ministère,
Moody et Sankey firent face à de nombreuses et diverses épreuves.
Ces épreuves vinrent souvent sous la forme de critiques ou d’opposition
dirigées vers les hommes eux-mêmes, leurs motivations ou
leurs méthodes.
Dans les Îles britanniques,
les gens disaient que Moody et Sankey étaient des agents haut placés
de P.T. Barnum, et que Sankey était venu pour vendre des orgues
américains. De surcroît, il fut affirmé et publié
dans une brochure que ni Moody ni Sankey n’avaient une bonne réputation
à Chicago. Quand cette nouvelle fut connue à Chicago, les
ministres les plus influents de la ville rédigèrent immédiatement
une lettre qu’ils signèrent et dans laquelle ils démentirent
la rumeur.
A peu près à
la même période, Sankey apprit que le navire qui transportait
son amie Madame Spafford et ses quatre enfants avait coulé. Après
avoir atteint la terre ferme dix jours plus tard, Madame Spafford transmit
un télégramme à son mari qui se trouvait à
Chicago, disant : " Seule sauvée. "
En entendant la nouvelle
de la mort de ses enfants, Moody et Sankey eurent tous les deux le cœur
brisé. Les enfants avaient tous reçu Christ comme résultat
de l’œuvre de Sankey à Chicago.
Toutes ces choses affligèrent
les évangélistes mais ils poursuivirent les réunions
avec la force de Dieu et furent encouragés par les grands résultats
obtenus. Plus d’un millier de personnes assistèrent aux réunions
de prière quotidiennes, et aucun bâtiment de la ville n’était
assez grand pour contenir tous ceux qui venaient entendre la Parole de
Dieu lors des réunions du soir.
Sankey fut l’objet d’accusations
supplémentaires liées au fait qu’il utilisait l’orgue. Certains
dirent de lui qu’il était envoyé en Angleterre par une société
fabriquant des orgues, qui lui garantissait un salaire élevé
aussi longtemps qu’il utiliserait leurs orgues dans ses réunions.
Ceci fut, bien évidemment, démenti à la fois par
la société d’orgues et Sankey.
La plus grande critique faite
au sujet de l’orgue, néanmoins, émana de ceux qui pensaient
que l’orgue en lui-même était mauvais. Ce n’était
pas en fait un problème nouveau avec Sankey, car il avait expérimenté
une situation similaire dans son église à New Castle :
" Lorsque
la première fois je pris la charge du chant, beaucoup de membres
de l’église pensèrent que l’usage d’un orgue ou de tout
autre instrument de musique pour accompagner la voix des chantres
était mauvais et mondain.
On
ne faisait pas objection à l’emploi d’un vieux diapason qu’il
fallait faire vibrer au dos d’un recueil d’hymnes, ni à l’usage
d’entonner la gamme complète à voix basse de manière
à trouver la bonne clé, ni au fait que la chorale tente
de trouver la note correcte dans leurs parties respectives, à
l’aide de l’inoubliable " Do, Mi, Sol, Mi, Do ",
avant de commencer un hymne.
Pendant
plusieurs années, nous gardâmes cette manière
de faire, mais, bientôt, nous vîmes que la majorité
était favorable à avoir un orgue dans la chorale. Je
n’oublierai jamais le jour où l’orgue fut, pour la première
fois, introduit. J’eus l’honneur d’inaugurer l’instrument, et je me
souviens bien avec quel soin je jouai le morceau d’introduction. Seuls
un ou deux parmi les membres âgés quittèrent l’église
pendant le chant. On rapporta qu’un vieil homme qui avait quitté
l’église du fait de l’introduction de l’orgue, fut vu, le lendemain,
au volant de son camion, traversanttra la rue principale de la ville,
assis au-dessus d’un grand coffret de bouteilles de rhum, chantant
à tue-tête : " Une responsabilité
à tenir je dois, " etc. (36)
De pair avec l’orgue, le
fait de chanter des solos fut également un objet d’opposition de
la part de beaucoup en Europe. A Sunderland, en Angleterre, Sankey ne
réalisait pas que le pasteur qui les accueillait était un
de ceux qui manifestaient une telle opposition :
" Tout
au début de la campagne, le pasteur demanda à Sankey
d’aller avec lui à la maison de son trésorier, Monsieur
Longstaff, l’auteur de " Take Time to Be Holy. "
Rentrant dans le salon, Sankey remarqua un petit orgue similaire au
sien. On lui apprit que ce dernier avait été utilisé
par Philip Phillips dans une récente tournée de concerts.
Ils lui demandèrent de chanter ; il s’assit donc devant
l’orgue et chanta " Come Home, O Prodigal "
(Rentre à la maison, ô fils prodigue), " Free
from the Law " (Libre de la loi), et " More to
Follow " (A suivre). Il ne s’imaginait pas le moins du monde
que le ministre, un conservateur extrême, était fortement
opposé aux solos, chorales et orgues et ne les permettaient
pas dans son église sous aucune circonstance.
Quand
Sankey découvrit le point de vue intolérant de Monsieur
Rees à propos de la musique et des instruments de musique,
il fut très perplexe. Quelques jours plus tard, cependant,
son anxiété disparut lorsqu’il vit de larges affiches
couvrant toute la ville sur lesquelles on pouvait lire : " D.L.
Moody de Chicago prêchera l’Evangile, et Ira D. Sankey de Chicago
chantera l’Evangile à la chapelle Bethesda chaque après-midi
et chaque soir cette semaine, excepté samedi, à 15 et
19 heures. Tous sont bienvenus. "
L’annonce
avait été rédigée par le pasteur Rees !
Et ce fut dans cette déclaration que l’expression " chanter
l’Evangile " fut utilisée pour la première
fois. Monsieur Sankey fut spécialement impressionné
d’apprendre que l’auteur de cette annonce était connu dans
tout le quartier sous le nom du " pape du Nord. "
(37)
Ainsi, la situation qui,
au départ, avait causé beaucoup de soucis, donna lieu à
l’une des meilleures références que Moody et Sankey pussent
obtenir.
A une autre occasion, D.
L. Moody parla du besoin pour l’Eglise d’accorder une plus grande attention
à la louange. Il reconnaissait que certains ne croyaient que dans
les cantiques dont les paroles venaient des psaumes et refusaient d’utiliser
des hymnes " humains." Il croyait qu’ils devraient également
chanter des " chants nouveaux ", qui étaient
aussi bons que les sermons. De cette manière, l’Evangile pourrait
être chanté et pénétrer dans les cœurs de beaucoup
d’hommes. Il désirait que l’Eglise fût ranimée dans
son attitude envers la louange, au lieu d’être tenue captive par
des préjugés qui sont les frères jumeaux de l’incrédulité.
A Edinburgh, en Ecosse, les
gens se réjouirent des magnifiques résultats obtenus dans
les réunions tenues par les évangélistes, mais certains
d’entre eux n’apprirent pas à apprécier les hymnes " humains " :
" Lors
d’une réunion, Sankey venait tout juste de commencer un solo
lorsque " la voix perçante d’une femme se fit entendre
dans la gallerie, alors qu’elle se frayait un chemin vers la porte,
en criant : " Laissez-moi sortir ! Laissez-moi
sortir ! Qu’est-ce que John Knox penserait de ces choses là-bas? "
Lorsqu’il eut fini son chant, il traversa la rue pour chanter à
un rassemblement plein à craquer à l’église The
Tolbooth Church. Il venait à peine de commencer à chanter
que la même voix se fit entendre : " Laissez-moi
sortir ! Laissez-moi sortir ! Qu’est-ce que John Knox penserait
de ces choses là-bas? "
Dans son autobiographie,
Sankey rapporte que sa première réunion à Edinburgh
fut effectivement une période éprouvante pour lui. Moody
ne put pas y être présent en raison d’un rhume sévère,
ansi un autre ministre devait prêcher et Sankey conduire les cantiques.
En Ecosse, beaucoup
de paroles furent prononcées et beaucoup d’encre coula à
l’encontre des hymnes " humains " utilisés
dans les cultes publics, et davantage encore de critiques furent émises
en opposition au "kist o' whistles," terme utilisé par les détracteurs
pour désigner son petit orgue. (Par consentement universel, les
orgues n’avaient pas pu s’introduire dans les églises d’Ecosse
pendant plus de trois cents ans).
A la suite de la prière
d’introduction, Sankey demanda à tous de chanter une partie du
Psaume 100. La réponse de l’assemblée fut bonne, puisque
la pratique de chanter les psaumes était un terrain connu et sûr
pour tous. S’ensuivirent alors la lecture de la Bible et la prière.
A cette période-là,
Sankey fut confronté au problème de " chanter
l’Evangile ", et pour son premier solo, il choisit Jesus
of Nazareth Passeth By (Jésus de Nazareth Passe sur
votre Chemin). Pendant son chant, il y eut un profond silence sur l’assemblée,
ce qui était, pour Sankey, l’indication que le Seigneur pouvait
même utiliser des hymnes " humains " chantés
dans un esprit de prière pour apporter l’Evangile dans les cœurs
des hommes d’Ecosse tout comme ailleurs. Après un puissant message
et la prière finale, on demanda à Sankey de chanter un solo
supplémentaire. Choisissant Hold the Fort, cantique relativement
nouveau en Ecosse, il demanda à l’assemblée de se joindre
à lui pour le refrain. La ferveur et la force avec lesquelles elle
le chanta indiquèrent à Sankey, une fois de plus, l’utilité
qu’allaient avoir les hymnes chrétiens dans le futur, à
Edinburgh.
Les gens mémorisaient
aisément les hymnes chrétiens, et ceci semblait importuner
certaines personnes :
" De
temps à autres, certains anciens des églises de Highland
se sentaient un peu troublés par rapport aux hymnes de Monsieur
Sankey, contrairement aux psaumes dans la version de Rouse. L’un d’eux,
avec une inquiétude non dissimulée, vint trouver son
pasteur, lui disant : " Je ne peux rien faire contre
les hymnes. Ils sont tout le temps dans ma tête, et je ne parviens
pas à les en déloger. Les psaumes ne me perturbent jamais
de cette façon. "
" Alors
je pense que vous devriez vous en tenir aux hymnes, " lui
répondit le pasteur. " (39)
Il est apparent que les hymnes
étaient efficaces pour conserver l’Evangile et d’autres vérités
scripturaires dans l’esprit.
Une fois de plus, nous avons
vu la foi et la détermination à la fois de Moody et de Sankey
dans leurs efforts diligents de répandre l’Evangile. Ils ne se
privèrent pas d’utiliser quelque chose de nouveau ou de différent,
même en dépit de beaucoup d’opposition à son encontre.
Pour autant que la méthode était scripturaire et utile à
la cause de Dieu, ils en faisaient librement usage dans un esprit de prière.
Après la deuxième
campagne d’évangélisation menée à Londres,
Sankey rentra chez lui malade d’un voyage en bateau. Durant cette campagne,
le fils aîné de Sankey et son père décédèrent.
Commentant la réaction de Sankey à la mort de son père,
Whittle écrivit :
" La
réalité de la consécration de Sankey au Seigneur
s’est imprimée à mon cœur lors d’un échange avec
lui que j’eus cet hiver. La mort de son père fut une bénédiction
dans le sens où elle l’amena plus près de Dieu, et Christ
et l’Evangile sont plus précieux pour lui que jamais. Sa prière
avec nous ce matin a été très réelle et
bénie. " (40)
Durant ses dernières
années, Sankey passa de nombreuses heures à travailler sur
son autobiographie et sur les récits au sujet des hymnes. Sankey
avait collecté et écrit une mine de ressources pendant des
années, quand le manuscrit fut détruit dans un incendie
alors qu’il était à Battle Creek. Sankey dut tout recommencer
de mémoire depuis le début, et il ne put achever l’œuvre
lorsque sa vue commença à rapidement décliner en
janvier 1903. En dépit de ces difficultés, Sankey fut encouragé
par des amis à terminer le livre, et c’est ce qu’il fit. Il a déjà
été fait la remarque plus haut que, pendant les épreuves
des dernières années de la vie de Sankey, ses désirs
se détournèrent de façon marquée de cette
terre pour se tourner vers sa demeure céleste finale. Ces moments
furent des temps éprouvants pour le chantre, mais Ed Reese fit
les commentaires suivants :
" Lorsque
la cécité prit le contrôle de lui en 1903, il
termina ses jours dans sa maison de Brooklyn, à New York, dans
la rue de South Oxford Street. Durant ses cinq dernières années,
il était extrêmement faible et ressentait une grande
douleur du fait qu’un glaucome avait détruit le nerf optique.
Sankey garda un doux esprit de patience et une pensée claire
jusqu’à la fin. De tous ses amis terrestres, qui lui remontaient
le moral durant ses heures solitaires, personne ne se révéla
être en plus grande bénédiction pour lui que sa
bien-aimée amie Fanny Crosby. Ils chantèrent, prièrent
et partagèrent ensemble dans leur cécité et leurs
douleurs. Combien ils se réjouissaient de savoir que bientôt
ils seraient ensemble dans la gloire avec le Sauveur qu’ils adoraient,
et qu’ils seraient réunis avec D.L. Moody et d’autres bien-aimés. "
Bibliographie :
(1) Ira D.
Sankey, My Life and the Story of the Gospel Hymns and of Sacred Songs
and Solos, (Philadelphia: The Sunday School Times Company, 1906) pp.
18-22.
(2) Sankey,
My Life and the Story of the Gospel Hymns and of Sacred Songs and Solos,
p. 23.
(3) Sankey, My Life and
the Story of the Gospel Hymns and of Sacred Songs and Solos, p. 26.
(4) Henry
Drummond, Dwight L. Moody, (New York: McClure, Phillips and Co.,
1900) p. 67.
(5) Rev.
W.H. Daniels, D.L. Moody and His Work, (Hartford, American Publishing
Co., 1876) p. 395.
(6) Caroline
Leonard Goodenough, Highlights on Hymnists, (no title page), p.
395.
(7) William
R. Moody, The Life of Dwight L. Moody, (Murfreesboro, Tennessee,
Sword of the Lord Publishers), p. 191.
(8) William
R. Moody, The Life of Dwight L. Moody, p. 264.
(9) George
C. Stebbins, Reminiscences and Gospel Hymn Stories, (New York,
George H. Doran Co., 1924), pp. 119-120.
(10) Bernard
Ruffin, Fanny Crosby, (n.p. , United Church Press, 1976) p. 225.
(11) Ibid,
p. 226.
(12) Roger
Swanson, "When Satan Lost Out to Sankey," Faith for the Family,
December 1980, p. 25.
(13) Rev.
W.H. Daniels, D.L. Moody and His Work, pp. 232-233.
(14) M.
Laird Simons, Holding the Fort, (Philadelphia, John C. Winston
Co., 1877) p. XXX.
(15) William
R. Moody, The Life of Dwight L. Moody, pp. 275-276.
(16) Robert
M. Stevenson, Patterns of Protestant Church Music, (n.p., Duke
University Press, 1953) p.158.
(17) Charles
Ludwig, Sankey Still Sings, (Grand Rapids, Michigan, Baker Book
House, 1947, 1974) p. 193.
(18) Rev.
J. Wilbur Chapman, The Life and Work of Dwight L. Moody, p. 124.
(19) Richard
Ellsworth Day, Bush Aglow, (Philadelphia, The Judson Press, 1936)
p. 160.
(20) Charles
Ludwig, Sankey Still Sings. pp. 92-93.
(21) Robert
M. Stevenson, Patterns of Protestant Church Music, p. 156.
(22) Elias
Nason, The Lives of Moody, Sankey and Bliss, (n.p. B.B. Russell,
1877) pp. 255-256.
(23) John
Hall and George H. Stuart, The American Evangelists Moody and Sankey,
(New York, Dodd and Mead Publishers, 1875), pp. 316-317.
(24) Rev.
E. J. Goodspeed, A Full History of the Wonderful Career of Moody and
Sankey, (New York, Henry S. Goodspeed and Company, 1876), pp. 49-50.
(25) William
R. Moody, The Life of Dwight L. Moody, p. 165.
(26) Ibid.,
p. 278.
(27) George
C. Stebbins, Reminiscences and Gospel Hymn Stories, p. 212.
(28) Gamaliel
Bradford, D.L. Moody A Worker in Souls, (New York, George H. Doran
Company, 1927) p. 151.
(29) Gamaliel
Bradford, D.L. Moody: A Worker in Souls, pp. 173-175.
(30) George
C. Stebbins, Reminiscences and Gospel Hymn Stories, p. 204.
(31) Charles
Ludwig, Sankey Still Sings, p. 48.
(32) Ibid.,
p. 48.
(33) Ira
D. Sankey, My Life and the Story of the Gospel Hymns and of Sacred
Songs and Solos, p. 27.
(34) Roger
Swanson, Faith for the Family, p. 25.
(35) Richard
S. Rhodes, Dwight Lyman Moody's Life Work and Latest Sermons, (Chicago,
Rhodes and McClure Publishing Co., 1900) p. XLVII.
(36) Ira
D. Sankey, My Life and the Story of the Gospel Hymns and of Sacred
Songs and Solos, pp. 14-15.
(37) Charles
Ludwig, Sankey Still Sings, pp. 71-72.
(38) Charles
Ludwig, Sankey Still Sings, p. 95.
(39) Rev.
W.H. Daniels, A.M., Moody: His Words, Work, and Workers, (New York,
Boston, Pittsburgh, San Francisco, Nelson and Phillips, 1878) p. 485.
(40) J.C.
Pollock, Moody, (New York, MacMillan Co., 1963) p. 248.
Référence
: The Life and Music of Ira
D. Sankey by Wayne W. Porter, 1983 – Chapter 1: Ira D. Sankey’s Spiritual
Life.
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