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John NewtonJohn Newton
SOUS LA GRÂCE MERVEILLEUSE
par Dudley Reeves

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"La principale occupation de Newton était la prière. Il dit à ce sujet : "La prière est le moteur qui met en déroute et anéantit tous mes ennemis spirituels. C’est le moyen par excellence qui me procure cette grâce dans laquelle je me trouve constamment. J’ai constaté que tous mes états d’âme ou toutes mes expériences sont directement liés à la profondeur de mes prières." "

Plus de deux cent cinquante ans se sont écoulés depuis la naissance de John Newton. Nous devons rendre hommage à ce personnage dont la vie valait vraiment la peine d’être vécue.

De son vivant, John Newton était connu pour plusieurs de ses attributs :

  • il était le parfait exemple de l’infidèle converti ;
  • il était un grand compositeur de chants chrétiens ;
  • il était un sage conseiller spirituel ;
  • il faisait preuve d’un grand amour pour tous les chrétiens de sa génération ;
  • il n’avait même pas conscience d’aimer à ce point tous ses contemporains.

Ce sont ces singularités que nous allons développer ci-après.

 

Le parfait exemple de l’infidèle converti

A l’âge de six ans, John Newton perdit sa mère. Elle avait fréquenté à Londres, le mouvement des " Dissidents " de la congrégation du Dr David Jenning. Elle lui laissa en héritage une facilité pour la lecture et une solide connaissance de Dieu. Elle lui avait appris à lire couramment et il aima les livres toute sa vie. Par elle, il apprit aussi à connaître Dieu et les lois de Dieu, enseignement qu’il n’oublia jamais.

A l’âge de onze ans, son père l’emmena en mer. Il était capitaine d’un bateau de commerce qui transitait en Méditerranée. Malheureusement, son père, qui entre temps s’était remarié, ne donna jamais à John le sentiment d’être vraiment aimé ; ce qu’aurait tant souhaité ce jeune et gentil garçon privé de sa maman. Il fit cinq voyages en mer Méditerranée au cours desquels il apprit à jurer et blasphémer. Il tenta plusieurs fois de changer de comportement ce qui l’amena pour un temps à devenir végétarien et ascète.

A l’âge de dix-sept ans, il rencontra Mary Catlett, une jeune fille de treize ans qu’il avait vaguement connue dans son enfance. Il tomba amoureux d’elle. Le souvenir de cette jeune fille l’aida à supporter les sept années qui suivirent et à restreindre ses mauvaises actions.

A dix-huit ans, il devint chef d’équipe dans la marine. Par l’influence de son père, il fut rapidement élevé au grade d’aspirant. Mais un an plus tard, il fut blâmé publiquement et rétrogradé pour avoir déserté son navire. En pleine disgrâce, il se réfugia à Madère où il fut autorisé à embarquer pour le Sierra Leone. C’est là qu’il finit par se décider à travailler pour un marchant d’esclaves.

Mais une terrible année s’ensuivit. La maîtresse noire de son nouveau patron le traita avec cruauté. Un jour, terrassé par la fièvre, il ne put pas même obtenir d’elle le moindre verre d’eau. Il arriva que les esclaves eux-mêmes lui fournirent de la nourriture à plusieurs reprises. A demi mort de faim, il finit par se lever la nuit pour manger quelques racines de légumes crus qu’il avait dérobées. Son maître, qui s’imaginait le pire à son sujet, l’attacha un jour sur le pont du navire alors que ce dernier approchait des côtes. Dans ses vêtements en lambeaux, Newton supporta, des heures durant, les coups cinglants d’une pluie torrentielle. Pendant toute cette période passée sur la côte Ouest de l’Afrique, sa seule distraction fut de tracer des figures et des formules mathématiques sur le sable.

Finalement, un capitaine de bateau anglais, à la demande de son père, prit Newton à bord en tant qu’invité. Le sort de Newton s’améliorait. Il continuait cependant à blasphémer, inventant quotidiennement de nouveaux jurons. Et bien qu’il n’eût jamais montré un réel penchant pour la boisson, il lui arrivait fréquemment d’organiser des parties de beuveries entre amis. Le jour vint, où son navire, rentrant à son port d’attache, connut une tempête épouvantable. En ce jour terrible, Newton se mit, sinon à prier, du moins à penser de nouveau à Dieu. Alors qu’il effectuait des manœuvres à la pompe, il se remémora les enseignements de la Bible. Finalement, il se mit à réfléchir sur le nom de Jésus, ce nom qu’il avait si souvent porté en dérision.

La lumière d’En Haut semblait soudain mettre fin à la bataille qui avait pris place dans l’âme de Newton. Cependant, au cours des six années qui suivirent, il ne fut pas particulièrement touché par l’Evangile. Mais l’irrésistible grâce de Dieu, ou plutôt " l’invincible grâce de Dieu " selon son expression personnelle, fit tomber la " citadelle " de son âme et une longue et profonde opération de nettoyage fut amorcée en lui.

John Newton se considérait comme l’un des exemples le plus frappant au monde de la patience de Dieu. C’est pour cela qu’il luttait constamment contre la suffisance de soi et la négligence. Après la parution de son autobiographie intitulée Un récit authentique, les gens le regardaient avec stupéfaction… et il y avait toutes les raisons de le faire ! " Je suis, disait-il, un sujet d’étonnement pour beaucoup, un sujet d’étonnement pour moi-même, et aujourd’hui encore, je m’étonne de ne pas m’en étonner davantage… "

 

Un grand compositeur de cantiques chrétiens

Newton a publié en tout des millions de mots. Parmi ses lettres et ses livres, figurent 280 cantiques de louanges. Ceci est peu, comparé aux 600 hymnes d’Isaac Watts et aux 6500 compositions de Charles Wesley. Mais la plupart des cantiques de Newton ont traversé plus de deux cents ans sans jamais paraître démodés.

Les mouvements des Dissidents et des Méthodistes ont révélé de nombreux compositeurs doués pour les hymnes spirituels. Le chant a tenu une grande place dans le Réveil Evangélique du XVIIIème siècle en Angleterre.

A trente ans, alors qu’il travaillait pour les services hydrographiques de la marine de Liverpool, Newton assistait régulièrement à une réunion de prière matinale, présidée par un certain Whitefield dont il avait fait agréablement la connaissance. Alors que le recueil de prière anglican était encore largement utilisé dans ces réunions, Newton fit remarquer que beaucoup de périodes de silence pendant la réunion auraient pu être consacrées à la louange. Lorsqu’il devint lui-même pasteur anglican en dépit de son niveau scolaire limité, Newton encouragea ses paroissiens à chanter. Il commença à leur composer des chants adaptés à ses prédications. Ceci se passait à Olney, un grand village situé à quatre-vingt kilomètres au Nord-Ouest de Londres.

William Cowper, qui allait devenir le plus célèbre poète chrétien de son temps, déménagea volontairement et vint habiter tout près de chez Newton. Les deux hommes aux passés si différents, firent preuve d’un grand respect l’un pour l’autre et d’une profonde amitié. Ils se rencontrèrent presque chaque jour pendant plus de douze ans. Newton encouragea Cowper à composer des hymnes pour son assemblée. Ils étaient chantés le mardi soir au cours de la réunion de prière. En 1779, ce travail aboutit à la publication d’un recueil de cantiques intitulé Olney Hymns qui fut vendu par lots de mille. Les deux amis composèrent plus de 348 hymnes. Mais c’est Newton qui en composa la plupart (au moins 280) car Cowper, pour la deuxième fois de sa vie, passa par des périodes de maladie et de dépression ponctuées de tentatives de suicide.

Quelques-uns des chants composés par Newton, et qui nous sont si familiers, sont encore chantés aujourd’hui, sous une forme un peu différente. Parmi eux,

ce magnifique chant centré sur Christ :

Comme le nom de Jésus est doux

A l’oreille du croyant !

ou encore ce chant de louange écrit par Newton :

Des choses glorieuses sont invoquées sur toi,

Sion, ville de notre Dieu.

et ce chant si connu :

Viens, mon âme, prépare ton vêtement,

Avance-toi vers ton Roi,

Apporte toutes tes requêtes,

Sa grâce et son pouvoir sont si grands

Que nul ne peut trop lui demander. 

et encore cette mélodie si familière :

Approche-toi mon âme, du trône de la grâce

Où Jésus répond à toutes tes prières.

Parmi beaucoup d’autres, tous ces chants étaient écrits spécialement pour la réunion de prière hebdomadaire.

Pour finir, nous devons mentionner le chant qui a donné son titre à ce document et qui est devenu très populaire par le biais des joueurs de cornemuse de la Garde Royale Ecossaise :

Amazing grace

How sweet the sound

That saved a wretch like me!

Quelle étonnante grâce

Comme est douce la voix

De Celui qui a sauvé

Une épave telle que moi !

S’il est vrai que Watts, Doddrige, les Wesley, Martin Madan et tant d’autres ont commencé à introduire les chants évangéliques dans l’adoration, nous pouvons affirmer que Newton et Cowper en ont définitivement fixé la coutume.

La comtesse de Huntington et Rowland Hill utilisèrent beaucoup le recueil d’Olney Hymns. Grande fut la popularité de ce recueil de chants au XIXème en Amérique. Newton n’avait pas le don de poète ni l’imagination d’Isaac Watts mais ses compositions étaient claires et convaincantes. Simples, directes et vraiment chrétiennes. C’est pourquoi ses cantiques sont encore aujourd’hui pleins de vie.

 

Un sage conseiller spirituel

Newton prodiguait ses conseils de deux manières : par ses lettres et par ses entrevues privées.

Curieusement, il demandait à ses correspondants de lui retourner ses lettres afin qu’il pût les publier ! Il était convaincu d’avoir un appel pour la correspondance et il publia effectivement 199 lettres. En 1759, il disait : " J’ai été particulièrement béni par les chrétiens avec qui j’ai entretenu une correspondance." Ce sont d’honorables, de pieux amis avec qui je partage volontiers lorsque j’en ai le loisir. Cinq années plus tard, il commençait à se plaindre que sa correspondance s’était accrue à un tel point qu’elle lui prenait tout son temps. Plus de soixante lettres à la fois pouvaient se trouver sur son bureau en attente d’une réponse. A la fin de sa vie, Newton s’exprimait ainsi : " Oui, le Seigneur savait parfaitement qu’à travers toutes ces lettres, je pouvais me rendre utile. "

La plupart des lettres de Newton ont été publiées dans un livre intitulé Cardiphonia. Plusieurs d’entre-elles ont été également traduites en allemand et en néerlandais car elles transmettaient des conseils avisés. Un jeune Ecossais, attiré par le titre du livre ainsi traduit : " Déclaration du cœur ", et pensant qu’il s’agissait d’un roman, acheta en fait un exemplaire du livre Cardiphonia dans une librairie itinérante en Jamaïque. Après l’avoir lu, il devint un chrétien authentique. Il s’agissait de John Aikman, qui plus tard contribua au réveil de l’Ecosse du Nord en 1797. Il fut également un pasteur des plus efficaces pour la congrégation d’Edinburg pendant plus de trente trois ans.

Toutes les lettres de Newton s’adressaient à des personnes très différentes : à son beau-frère, à son domestique, à des pasteurs de diverses dénominations, à la tante de William Wilberforce, à Thomas Scott ou encore à Lord Dartmouth. Ce dernier, qui pouvait avoir six ans de moins que Newton, fut l’un des premiers aristocrates à se convertir dans les salons de la comtesse de Huntingdon. Il s’éleva au rang de secrétaire d’Etat pour les Colonies. En 1764, c’est lui qui proposa à Newton, le poste de pasteur pour la ville d’Olney, et qui lui fit rencontrer John Thornton, un des plus riches négociants du pays et un chrétien aussi efficace que Nuffield pendant le Grand Réveil Evangélique.

Comme nous l’avons déjà mentionné, Newton prodiguait de judicieux conseils. En 1774, un jeune curé fut honteux d’apprendre que deux de ses paroissiens, sur le point de mourir, avaient reçu plusieurs fois la visite de Newton alors que lui-même ne leur avait pas rendu visite une seule fois. Plus tard, il tenta de discréditer Newton - ce " méthodiste évangélique anglican " qu’il regardait avec dédain - au cours d’une réunion où s’étaient retrouvés plusieurs pasteurs et ministres de différentes dénominations. Mais alors que le curé commençait à s’exprimer, Newton détourna la conversation. Quelques jours plus tard, il reçut une lettre accompagnée d’un petit livre que le curé lui conseillait de lire attentivement. Comme le raconta Newton, " c’était exactement ce que je souhaitais et je saisis joyeusement l’opportunité de lui répondre. En accord avec mes désirs, et Dieu sait dans quelle expectative, j’entrevoyais que mes arguments seraient convaincants et que j’aurais le plaisir de sauver une personne sincère de ses grandes illusions. "

Les deux hommes échangèrent plusieurs lettres et devinrent amis. Cependant, le curé se sentait toujours mal à l’aise lorsqu’on le voyait en compagnie de Newton, à cause de ses sermons un peu " fanatiques " qu’il ne comprenait pas vraiment. Pourtant, petit à petit ce fut le curé qui changea de point de vue. Devenu serviteur de Christ, il eut un grand respect pour la Parole de Dieu. Et, toujours prêt à glorifier Jésus, il insistait tout particulièrement sur le salut individuel dont parle clairement l’Evangile.

Cet homme était Thomas Scott. Il débuta dans la vie comme berger et devint un grand érudit. Son commentaire sur la Bible fut presque aussi populaire que celui de Matthew Henry. Son livre La porte de la vérité relatait avec une grande sincérité le changement qui s’était opéré dans sa vie. Il rivalisait avec celui de Newton, Un récit authentique, et chacun s’accordait pour dire qu’il s’agissait de l’autobiographie la plus extraordinaire de l’époque.

Mais Scott ne fut pas la seule personnalité qui se tourna vers Dieu par l’influence de Newton.

En 1785, un riche et brillant jeune homme passa d’un pas hésitant devant sa maison. Il se décida finalement à entrer et prit rendez-vous pour le surlendemain. Plus tard, il raconta qu’il avait fait plusieurs fois le tour du square, avant de se décider pour de bon à entrer dans la maison. Il fut surpris de la conversation qu’il eut avec Newton et très touché par son humilité.

Newton l’impressionna davantage lorsqu’il lui avoua n’avoir cessé de prier pour lui. Et cela depuis la toute première fois qu’il l’avait vu, c'est-à-dire chez sa tante, une chrétienne de Wimbledon. Il lui avait aussi, à cette époque, conseillé de s’intéresser à la politique et à la haute société.

Que se serait-il passé si ce jeune homme n’avait pas eu le courage d’entrer chez Newton ? La réponse restera gravée dans les " si " de l’histoire. Car il entra bel et bien et ce fut le début d’une grande amitié. Ce jeune homme, qui avait rapidement atteint les hautes sphères de la société anglaise se nommait William Wilberforce. Au printemps 1786, il retourna au Parlement où son ami le plus proche, William Pit, était premier ministre. Wilberforce était maintenant un homme nouveau qui ne vivait plus dans la dépression. Complètement transformé, il avait trouvé un sens à sa vie et était pleinement conscient de sa responsabilité d’homme politique chrétien. Il devint rapidement l’authentique gardien de la " conscience de la nation " et contribua au bien-être de milliers de personnes tant sur le continent qu’à l’outremer.

Au début de la campagne en faveur des esclaves noirs menée par Wilberforce - campagne qui dura plus de quarante six ans - Newton écrivit ses Pensées sur le commerce des esclaves africains. Ce livre apaisa la mauvaise conscience qu’il gardait de la période où il avait été commandant d’un bateau transportant des esclaves. Il écrivit entre autre : " Je n’ai jamais eu d’aussi douces et nombreuses heures de communion avec Dieu qu’au cours de mes voyages en Guinée. "

En 1787, Newton rencontra encore une autre personne. Elle avait énormément apprécié son livre Cardiphonia. Elle en disait ceci : " J’ai vraiment aimé ce livre, il est plein d’expériences spirituelles extraordinaires. "

La première fois qu’elle se rendit à une de ses rencontres, elle parla avec lui durant une heure et rentra chez elle les poches pleines de ses sermons. Newton devint rapidement son correspondant et son conseiller. Il s’agissait de Hannah More qui fut connue pour ses écoles renommées dans les collines de Mendip de la région du Sommerset. Elle écrivit plusieurs tracts publiés sous le titre The Cheap Repository Tracts. Cette compilation fut tirée à plus d’un million d’exemplaires. La parution de ce livre contribua à affaiblir le mouvement athée prôné par Thomas Paine et par bien d’autres dans les années qui suivirent la Révolution Française.

Newton aida encore un jeune homme qui s’était enfui de l’université de Glasgow et de sa famille pour venir à Londres. Quatre ans plus tard, sur le conseil de sa mère, il assista aux réunions de Newton dans son église du centre de Londres près de la banque d’Angleterre. (Newton était alors recteur de St Mary Woolnoth – Janvier 1780). Après l’avoir entendu prêcher, il écrivit à Newton de façon anonyme : " Alors que vous prêchiez, j’ai entendu des paroles qui parlent de vie éternelle. Je vous aurais volontiers écouté jusqu’à minuit. "

Plus tard, du haut de sa chaire, Newton invita ce correspondant anonyme à lui rendre visite. Après l’avoir rencontré, le jeune homme écrivit à sa mère : " Je suis allé le voir, et je n’oublierai jamais cette heure merveilleuse passée en sa compagnie. Il s’est inquiété de mon bien-être aussi bien, sinon mieux que mon propre père l’aurait fait. Ce Monsieur Newton m’a énormément encouragé. "

Ce jeune homme se nommait Claudius Buchanan. Newton le présenta à Henry Thornton qui finança ses études jusqu’à sa licence obtenue à Cambridge. A partir de 1796, Buchanan servit le Seigneur en tant qu’aumônier de la Compagnie des Indes de l’Est. Il fut également doyen du collège de Fort William où il travailla en collaboration avec William Carey à la traduction de la Bible.

John Campbell, jeune croyant et homme de loi à Edinburgh, et William Jay of Bath, un prédicateur prometteur, reçurent aussi une aide conséquente : Newton fut le conseiller spirituel de John. Quand à William Jay, il reçut les encouragements de Newton qui lui rendit visite dans sa paroisse de la chapelle de Rowland Hill à Londres, où il donna sa première prédication, à l’âge de dix neuf ans seulement.

On pouvait toujours approcher Newton malgré la notoriété qu’il avait acquise tout au long sa vie. Dans ce petit groupe influent et grandissant des anglicans évangéliques (mouvement qui fut à l’origine de la Société de l’Eglise Missionnaire de 1799), Newton ne s’était jamais mis en avant. Souvent vêtu de sa vieille veste bleu-roi, il avait un mot ou un sourire pour chaque personne qui venait assister à ses cultes ou à ses déjeuners du mardi qu’il organisait chez lui. On avait beaucoup de plaisir à le rencontrer car il s’intéressait à chacun, individuellement. Il avait aussi le sens de l’humour, une grande expérience de la vie, et un don naturel pour conseiller quiconque l’approchait.

 

Newton faisait preuve d’un grand amour pour tous les chrétiens de sa génération

D’un point de vue théologique, Newton se définissait comme calviniste. C’est dans cette optique qu’il écrivit : " Le Seigneur lui seul a un droit sur nous car c’est Lui notre créateur, c’est Lui notre rédempteur, notre victoire, c’est Lui qui nous a délivrés du pouvoir de Satan et qui a pris possession de nos cœurs dans sa grâce. Il a un droit sur nous depuis le jour ou nous avons capitulé devant Lui, depuis le jour où nous l’avons choisi pour maître et pour héritage. "

Mais bien que calviniste, Newton n’était en aucun cas un extrémiste. Lorsqu’il rencontrait le méthodiste John Wesley - avec qui il entretint une correspondance - ni l’un ni l’autre ne cachait ses convictions, mais chacun savait exprimer son point de vue de façon modérée. Wesley écrivit une fois à Newton : " L’amour est la chose la plus sacrée qui soit au monde. Je connais tous les préceptes de vos écrits, est-il besoin, entre nous, de faire encore des manières ? "

Dans un tout autre ordre d’idées, et de façon très sage, Newton préféra se tenir à l’écart de la controverse qui éclata en 1770 entre les calvinistes et les arminiens après le décès de Whitefield. Et à la demande de Charles Wesley, il accepta d’être au nombre de ceux qui portèrent son cercueil.

Des années avant de devenir pasteur, Newton avait écrit : " Je remercie Dieu de n’avoir aucun parti pris. Je ne crains ni ne désire me réclamer du nom de quiconque. "

Newton usait de " son calvinisme " avec sagesse. William Jay se souvient l’avoir entendu dire : " Je suis plus calviniste que n’importe qui. Mais j’use de mon calvinisme aussi parcimonieusement que j’utilise le sucre pour mon café. Je ne le prends jamais seul, mais dilué et bien mélangé. "

Newton savait parfaitement que toutes les convictions théologiques n’étaient pas primordiales dans le christianisme : " Si un homme n’a pas mon propre point de vue sur l’élection, mais s’il me semble de toute évidence être appelé par Dieu, celui-ci est mon frère. "

Newton était un pasteur, mais il savait apprécier le travail des laïcs. Parmi les quatre principaux membres de la société qu’il avait fondée figuraient un laïc, et à une certaine période, des  Dissidents. Lorsqu’il entendit parler du réveil spirituel du Nord de l’Ecosse en 1797, instigué par des laïcs, il fit quelques mises en garde sur les risques encourus de prêcher sans être pasteur, cependant il se réjouit de l’avancement du Royaume de Dieu : " Peu importe les formes ou les dénominations, pourvu que la vérité soit prêchée et que des pêcheurs se convertissent. "

De par sa dénomination, Newton était anglican. Mais il avait beaucoup de sympathie pour ces chrétiens d’Angleterre, qualifiés de Dissidents - sa propre mère avait été des leurs dans le passé. Avant de devenir le pasteur de l’église d’Olney, on lui avait proposé de diriger la congrégation des églises presbytériennes d’Angleterre où il avait été très apprécié. Il fréquenta également les baptistes de Liverpool et d’Olney et participa à la grande campagne baptiste qui donna naissance à la Société Missionnaire Baptiste de 1792.

Newton conseilla à Buchanan, s’apprêtant à partir en Inde, de ne pas mépriser les premiers missionnaires baptistes qui se trouvaient déjà sur place.

Il avait fréquenté l’Association Baptiste d’Olney et sympathisé avec plusieurs pasteurs baptistes qu’il recevait chez lui. Il y eut même une période où Newton changea les horaires de ses propres prédications afin de permettre à ses paroissiens (et à lui-même) d’assister aux cultes des Dissidents dans les églises de son quartier. Ses lettres publiées dans son livre  Cardiphonia  étaient envoyées à des chrétiens de toutes dénominations, incluant des baptistes et des moraves. Il eut l’occasion de participer à des réunions de louange avec les moraves et les indépendants (ou congrégationalistes). Il créa une méthode de préparation au ministère pour les futurs pasteurs indépendants.

Bien que calviniste, anglican et évangélique, Newton savait que Dieu ne regarde pas aux dénominations. Il dit un jour à un presbytérien : " Comment Christ nous reçoit-Il ? Attend-Il que nous soyons parfaits ? Accorde-t-Il son attention, sa présence ou sa grâce au chrétien d’une dénomination particulière ? Est-Il le Dieu des presbytériens ou des indépendants uniquement ? " Newton essayait d’être aussi large d’esprit que possible. Il souhaitait aimer autant que Dieu Lui-même peut le faire. Il aimait tous ceux qu’il considérait comme de vrais chrétiens. Il écrivit un jour à un ami Ecossais : " Si vous connaissez un papiste qui aime sincèrement Jésus et qui pense que Lui seul peut le sauver, saluez-le chaleureusement de ma part. "

 

Newton n’avait même pas conscience d’aimer à un tel point tous ses contemporains

L’Ecossais Duncan Campbell considérait que la chose la plus grave chez tout être humain est l’influence inconsciente de sa personnalité. Jour après jour, notre personnalité attire ou éloigne de Dieu les personnes que nous côtoyons. Dans ce domaine de la personnalité, celle de Newton, soumise au Saint-Esprit, ne pouvait que plaire à Dieu. William Jay considérait Newton comme le plus fantastique chrétien soumis au Saint-Esprit qu’il ait jamais rencontré.

Sans exception ? Si. Peut-être aurait-il pu citer également Cornélius Winter.

Des défauts, Newton en avait certainement. Quelques chrétiens d’Olney prétendaient que son entourage avait souffert d’un peu trop de familiarité de sa part. Peut-être avait-il fait preuve d’un excès de bonté, ce qui l’amenait à mettre son esprit de jugement de côté. Pourtant, son ami et biographe Richard Cécil admettait que Newton avait un grand discernement des esprits. Cécil déplorait cependant l’imprécision de ses sermons et un certain manque d’habileté à les délivrer. Et puis, Newton paraissait idolâtrer sa femme. Non seulement du vivant de celle-ci mais aussi après sa mort. On lui reprochait encore de ne pas avoir eu l’esprit d’aventure ou l’ambition qu’on aurait pu lui attribuer, connaissant son passé de marin.

Bien qu’il eût surmonté la perte de sa femme et de sa nièce, et traversé des années d’épreuves avec courage, il disait de lui-même : " Je n’ai rien d’un héro. " Il avait certainement une nature très pacifiste et se montrait trop souvent coupable de vouloir obtenir la paix à n’importe quel prix.

Ceci dit, l’amour de Newton était évident. C’est d’ailleurs à cause de cet amour inconditionnel qu’il se laissait influencer par beaucoup de ceux qui le côtoyaient. Il considérait qu’il valait la peine d’aimer, même au risque d’ébranler ses propres convictions. En dépit de ses imperfections dans son rôle de prédicateur, un grand nombre de ses auditeurs s’accordaient pour reconnaître son impressionnante personnalité, en tant que chrétien. Lorsqu’il parlait de sa relation avec sa femme, il disait que cette relation était le plus bel exemple du véritable amour chrétien.

Comme tout chrétien authentique, Newton apprit aussi l’art difficile de l’autocritique. Il disait à ce propos : " J’ai beaucoup lu au sujet de méchants papes, mais le plus méchant que j’aie jamais rencontré c’est le pape ‘Moi-même’. " Et qui n’aurait aimé sympathiser avec lui, après cet incident qu’il vécut peu après son installation à Londres : " J’étais invité à dîner chez l’un de mes paroissiens, hier soir. C’était d’ailleurs la première fois que je recevais une invitation de la part d’un paroissien qui ouvertement ne se considérait pas comme très engagé. Au cours du repas, tous les invités se comportèrent à merveille. Mais moi, j’eus un comportement minable. Je ne fus capable, à aucun moment, de trouver le bon sujet de conversation. Et j’avoue que cela m’arrive souvent – heureusement que le Seigneur me donne après coup d’autres opportunités - Ah ! C’est vraiment une honte que de se montrer aussi prompt et aussi convaincant du haut d’une chaire et d’être aussi mou et aussi maladroit autour d’une table ! "

Newton avait bien d’autres qualités. Comme tout chrétien qui recherche la sanctification, il était parfaitement honnête. Il demanda par exemple à un évêque de ‘l’examiner’ afin d’être sûr de pouvoir entrer dans le cercle des diacres. Il n’hésitait pas à descendre de son piédestal quitte à changer parfois d’avis sur certains points. Il était résolu à ne jamais se laisser prendre en faux après avoir pris une quelconque décision…

Newton était un homme humble, prêt à recevoir des leçons. Le succès ne lui montait pas à la tête. Il savait se tenir aux pieds de Jésus car il gardait en mémoire la déchéance de sa jeunesse. On peut encore voir aujourd’hui ce qu’il avait écrit au dessus de la cheminée de la pièce où il travaillait à Olney : " Souviens-toi que tu as été esclave au pays d’Egypte et que l’Eternel ton Dieu t’a libéré " (Deutéronome 15:15). Et en 1778, il écrivit ces quelques lignes au sujet de Thomas Scott, dans son journal intime, après avoir pris un petit déjeuner avec lui : " Seigneur, je pense que Scott m’a largement dépassé spirituellement. Si autrefois j’ai été tant soit peu utile à son avancement, s’il Te plaît, fais en sorte qu’il me soit utile à son tour maintenant. "

La principale occupation de Newton était la prière. Il dit à ce sujet : "La prière est le moteur qui met en déroute et anéantit tous mes ennemis spirituels. C’est le moyen par excellence qui me procure cette grâce dans laquelle je me trouve constamment. J’ai constaté que tous mes états d’âme ou toutes mes expériences sont directement liés à la profondeur de mes prières."

Finalement, la principale qualité de Newton, c’était l’amour. Il ne se contentait pas d’être sympathique avec ses paroissiens ou avec les personnes à qui il écrivait. Il les entourait, il partageait leurs épreuves, les conseillait, leur apportait un soutien pratique. Aidé financièrement par Thornton, il survenait chaque dimanche aux besoins des paroissiens qui venaient de loin. Il avait également ouvert un foyer, où pouvaient, à tout moment, venir des personnes en difficultés. Et peu lui importait leur dénomination. "Dire la vérité avec amour" fut le sujet de sa toute première prédication, dans son église de Londres. Son amour pour ses semblables ne fit que s’accroître au fil du temps car les besoins étaient considérables.

Selon William Jay, Newton avait réellement un cœur bien disposé. Josiah Bull, le petit-fils de son meilleur ami disait de lui : " C’était sa gentillesse bien plus que sa notoriété qui le rendait si attirant. L’abondance de la grâce de Dieu reposait sur lui. Il avait reçu gratuitement de la part de Dieu, il donnait et se donnait gratuitement. Qui, aujourd’hui, se montre capable de marcher à sa suite ?

Source: Banner of Truth

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