John
Newton
SOUS LA GRÂCE MERVEILLEUSE
par Dudley Reeves
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"La principale
occupation de Newton était la prière. Il dit à ce
sujet : "La prière est le moteur qui met en déroute
et anéantit tous mes ennemis spirituels. C’est le moyen par excellence
qui me procure cette grâce dans laquelle je me trouve constamment.
J’ai constaté que tous mes états d’âme ou toutes mes
expériences sont directement liés à la profondeur
de mes prières." "
Plus de deux cent cinquante
ans se sont écoulés depuis la naissance de John Newton.
Nous devons rendre hommage à ce personnage dont la vie valait vraiment
la peine d’être vécue.
De son vivant, John Newton
était connu pour plusieurs de ses attributs :
- il était le parfait exemple de
l’infidèle converti ;
- il était un grand compositeur de
chants chrétiens ;
- il était un sage conseiller spirituel ;
- il faisait preuve d’un grand amour pour
tous les chrétiens de sa génération ;
- il n’avait même pas conscience d’aimer
à ce point tous ses contemporains.
Ce sont ces singularités
que nous allons développer ci-après.
Le parfait exemple de l’infidèle
converti
A l’âge de six ans,
John Newton perdit sa mère. Elle avait fréquenté
à Londres, le mouvement des " Dissidents "
de la congrégation du Dr David Jenning. Elle lui laissa en héritage
une facilité pour la lecture et une solide connaissance de Dieu.
Elle lui avait appris à lire couramment et il aima les livres toute
sa vie. Par elle, il apprit aussi à connaître Dieu et les
lois de Dieu, enseignement qu’il n’oublia jamais.
A l’âge de onze ans,
son père l’emmena en mer. Il était capitaine d’un bateau
de commerce qui transitait en Méditerranée. Malheureusement,
son père, qui entre temps s’était remarié, ne donna
jamais à John le sentiment d’être vraiment aimé ;
ce qu’aurait tant souhaité ce jeune et gentil garçon privé
de sa maman. Il fit cinq voyages en mer Méditerranée au
cours desquels il apprit à jurer et blasphémer. Il tenta
plusieurs fois de changer de comportement ce qui l’amena pour un temps
à devenir végétarien et ascète.
A l’âge de dix-sept
ans, il rencontra Mary Catlett, une jeune fille de treize ans qu’il avait
vaguement connue dans son enfance. Il tomba amoureux d’elle. Le souvenir
de cette jeune fille l’aida à supporter les sept années
qui suivirent et à restreindre ses mauvaises actions.
A dix-huit ans, il devint
chef d’équipe dans la marine. Par l’influence de son père,
il fut rapidement élevé au grade d’aspirant. Mais un an
plus tard, il fut blâmé publiquement et rétrogradé
pour avoir déserté son navire. En pleine disgrâce,
il se réfugia à Madère où il fut autorisé
à embarquer pour le Sierra Leone. C’est là qu’il finit par
se décider à travailler pour un marchant d’esclaves.
Mais une terrible année
s’ensuivit. La maîtresse noire de son nouveau patron le traita avec
cruauté. Un jour, terrassé par la fièvre, il ne put
pas même obtenir d’elle le moindre verre d’eau. Il arriva que les
esclaves eux-mêmes lui fournirent de la nourriture à plusieurs
reprises. A demi mort de faim, il finit par se lever la nuit pour manger
quelques racines de légumes crus qu’il avait dérobées.
Son maître, qui s’imaginait le pire à son sujet, l’attacha
un jour sur le pont du navire alors que ce dernier approchait des côtes.
Dans ses vêtements en lambeaux, Newton supporta, des heures durant,
les coups cinglants d’une pluie torrentielle. Pendant toute cette période
passée sur la côte Ouest de l’Afrique, sa seule distraction
fut de tracer des figures et des formules mathématiques sur le
sable.
Finalement, un capitaine
de bateau anglais, à la demande de son père, prit Newton
à bord en tant qu’invité. Le sort de Newton s’améliorait.
Il continuait cependant à blasphémer, inventant quotidiennement
de nouveaux jurons. Et bien qu’il n’eût jamais montré un
réel penchant pour la boisson, il lui arrivait fréquemment
d’organiser des parties de beuveries entre amis. Le jour vint, où
son navire, rentrant à son port d’attache, connut une tempête
épouvantable. En ce jour terrible, Newton se mit, sinon à
prier, du moins à penser de nouveau à Dieu. Alors qu’il
effectuait des manœuvres à la pompe, il se remémora les
enseignements de la Bible. Finalement, il se mit à réfléchir
sur le nom de Jésus, ce nom qu’il avait si souvent porté
en dérision.
La lumière d’En Haut
semblait soudain mettre fin à la bataille qui avait pris place
dans l’âme de Newton. Cependant, au cours des six années
qui suivirent, il ne fut pas particulièrement touché par
l’Evangile. Mais l’irrésistible grâce de Dieu, ou plutôt
" l’invincible grâce de Dieu " selon son expression
personnelle, fit tomber la " citadelle " de son âme
et une longue et profonde opération de nettoyage fut amorcée
en lui.
John Newton se considérait
comme l’un des exemples le plus frappant au monde de la patience de Dieu.
C’est pour cela qu’il luttait constamment contre la suffisance de soi
et la négligence. Après la parution de son autobiographie
intitulée Un récit authentique, les gens le regardaient
avec stupéfaction… et il y avait toutes les raisons de le faire !
" Je suis, disait-il, un sujet d’étonnement pour beaucoup,
un sujet d’étonnement pour moi-même, et aujourd’hui encore,
je m’étonne de ne pas m’en étonner davantage… "
Un grand compositeur
de cantiques chrétiens
Newton a publié en
tout des millions de mots. Parmi ses lettres et ses livres, figurent 280
cantiques de louanges. Ceci est peu, comparé aux 600 hymnes d’Isaac
Watts et aux 6500 compositions de Charles Wesley. Mais la plupart des
cantiques de Newton ont traversé plus de deux cents ans sans jamais
paraître démodés.
Les mouvements des Dissidents
et des Méthodistes ont révélé de nombreux
compositeurs doués pour les hymnes spirituels. Le chant a tenu
une grande place dans le Réveil Evangélique du XVIIIème
siècle en Angleterre.
A trente ans, alors qu’il
travaillait pour les services hydrographiques de la marine de Liverpool,
Newton assistait régulièrement à une réunion
de prière matinale, présidée par un certain Whitefield
dont il avait fait agréablement la connaissance. Alors que le recueil
de prière anglican était encore largement utilisé
dans ces réunions, Newton fit remarquer que beaucoup de périodes
de silence pendant la réunion auraient pu être consacrées
à la louange. Lorsqu’il devint lui-même pasteur anglican
en dépit de son niveau scolaire limité, Newton encouragea
ses paroissiens à chanter. Il commença à leur composer
des chants adaptés à ses prédications. Ceci se passait
à Olney, un grand village situé à quatre-vingt kilomètres
au Nord-Ouest de Londres.
William Cowper, qui allait
devenir le plus célèbre poète chrétien de
son temps, déménagea volontairement et vint habiter tout
près de chez Newton. Les deux hommes aux passés si différents,
firent preuve d’un grand respect l’un pour l’autre et d’une profonde amitié.
Ils se rencontrèrent presque chaque jour pendant plus de douze
ans. Newton encouragea Cowper à composer des hymnes pour son assemblée.
Ils étaient chantés le mardi soir au cours de la réunion
de prière. En 1779, ce travail aboutit à la publication
d’un recueil de cantiques intitulé Olney Hymns qui fut vendu
par lots de mille. Les deux amis composèrent plus de 348 hymnes.
Mais c’est Newton qui en composa la plupart (au moins 280) car Cowper,
pour la deuxième fois de sa vie, passa par des périodes
de maladie et de dépression ponctuées de tentatives de suicide.
Quelques-uns des chants composés
par Newton, et qui nous sont si familiers, sont encore chantés
aujourd’hui, sous une forme un peu différente. Parmi eux,
ce magnifique chant centré
sur Christ :
Comme le nom de Jésus
est doux
A l’oreille du croyant !
ou encore ce chant de louange
écrit par Newton :
Des choses glorieuses
sont invoquées sur toi,
Sion, ville de notre
Dieu.
et ce chant si connu :
Viens, mon âme,
prépare ton vêtement,
Avance-toi vers ton
Roi,
Apporte toutes tes
requêtes,
Sa grâce et
son pouvoir sont si grands
Que nul ne peut trop
lui demander.
et encore cette mélodie
si familière :
Approche-toi mon âme,
du trône de la grâce
Où Jésus
répond à toutes tes prières.
Parmi beaucoup d’autres,
tous ces chants étaient écrits spécialement pour
la réunion de prière hebdomadaire.
Pour finir, nous devons mentionner
le chant qui a donné son titre à ce document et qui est
devenu très populaire par le biais des joueurs de cornemuse de
la Garde Royale Ecossaise :
Amazing grace
How sweet the sound
That saved a wretch
like me!
Quelle étonnante
grâce
Comme est douce la
voix
De Celui qui a sauvé
Une épave telle
que moi !
S’il est vrai que Watts,
Doddrige, les Wesley, Martin Madan et tant d’autres ont commencé
à introduire les chants évangéliques dans l’adoration,
nous pouvons affirmer que Newton et Cowper en ont définitivement
fixé la coutume.
La comtesse de Huntington
et Rowland Hill utilisèrent beaucoup le recueil d’Olney Hymns.
Grande fut la popularité de ce recueil de chants au XIXème
en Amérique. Newton n’avait pas le don de poète ni l’imagination
d’Isaac Watts mais ses compositions étaient claires et convaincantes.
Simples, directes et vraiment chrétiennes. C’est pourquoi ses cantiques
sont encore aujourd’hui pleins de vie.
Un sage conseiller spirituel
Newton prodiguait ses conseils
de deux manières : par ses lettres et par ses entrevues privées.
Curieusement, il demandait
à ses correspondants de lui retourner ses lettres afin qu’il pût
les publier ! Il était convaincu d’avoir un appel pour la
correspondance et il publia effectivement 199 lettres. En 1759, il disait :
" J’ai été particulièrement béni
par les chrétiens avec qui j’ai entretenu une correspondance."
Ce sont d’honorables, de pieux amis avec qui je partage volontiers lorsque
j’en ai le loisir. Cinq années plus tard, il commençait
à se plaindre que sa correspondance s’était accrue à
un tel point qu’elle lui prenait tout son temps. Plus de soixante lettres
à la fois pouvaient se trouver sur son bureau en attente d’une
réponse. A la fin de sa vie, Newton s’exprimait ainsi : " Oui,
le Seigneur savait parfaitement qu’à travers toutes ces lettres,
je pouvais me rendre utile. "
La plupart des lettres de
Newton ont été publiées dans un livre intitulé
Cardiphonia. Plusieurs d’entre-elles ont été
également traduites en allemand et en néerlandais car elles
transmettaient des conseils avisés. Un jeune Ecossais, attiré
par le titre du livre ainsi traduit : " Déclaration du
cœur ", et pensant qu’il s’agissait d’un roman, acheta en fait
un exemplaire du livre Cardiphonia dans une librairie itinérante
en Jamaïque. Après l’avoir lu, il devint un chrétien
authentique. Il s’agissait de John Aikman, qui plus tard contribua au
réveil de l’Ecosse du Nord en 1797. Il fut également un
pasteur des plus efficaces pour la congrégation d’Edinburg pendant
plus de trente trois ans.
Toutes les lettres de Newton
s’adressaient à des personnes très différentes :
à son beau-frère, à son domestique, à des
pasteurs de diverses dénominations, à la tante de William
Wilberforce, à Thomas Scott ou encore à Lord Dartmouth.
Ce dernier, qui pouvait avoir six ans de moins que Newton, fut l’un des
premiers aristocrates à se convertir dans les salons de la comtesse
de Huntingdon. Il s’éleva au rang de secrétaire d’Etat pour
les Colonies. En 1764, c’est lui qui proposa à Newton, le poste
de pasteur pour la ville d’Olney, et qui lui fit rencontrer John Thornton,
un des plus riches négociants du pays et un chrétien aussi
efficace que Nuffield pendant le Grand Réveil Evangélique.
Comme nous l’avons déjà
mentionné, Newton prodiguait de judicieux conseils. En 1774, un
jeune curé fut honteux d’apprendre que deux de ses paroissiens,
sur le point de mourir, avaient reçu plusieurs fois la visite de
Newton alors que lui-même ne leur avait pas rendu visite une seule
fois. Plus tard, il tenta de discréditer Newton - ce " méthodiste
évangélique anglican " qu’il regardait avec dédain
- au cours d’une réunion où s’étaient retrouvés
plusieurs pasteurs et ministres de différentes dénominations.
Mais alors que le curé commençait à s’exprimer, Newton
détourna la conversation. Quelques jours plus tard, il reçut
une lettre accompagnée d’un petit livre que le curé lui
conseillait de lire attentivement. Comme le raconta Newton, " c’était
exactement ce que je souhaitais et je saisis joyeusement l’opportunité
de lui répondre. En accord avec mes désirs, et Dieu sait
dans quelle expectative, j’entrevoyais que mes arguments seraient convaincants
et que j’aurais le plaisir de sauver une personne sincère de ses
grandes illusions. "
Les deux hommes échangèrent
plusieurs lettres et devinrent amis. Cependant, le curé se sentait
toujours mal à l’aise lorsqu’on le voyait en compagnie de Newton,
à cause de ses sermons un peu " fanatiques "
qu’il ne comprenait pas vraiment. Pourtant, petit à petit ce fut
le curé qui changea de point de vue. Devenu serviteur de Christ,
il eut un grand respect pour la Parole de Dieu. Et, toujours prêt
à glorifier Jésus, il insistait tout particulièrement
sur le salut individuel dont parle clairement l’Evangile.
Cet homme était Thomas
Scott. Il débuta dans la vie comme berger et devint un grand érudit.
Son commentaire sur la Bible fut presque aussi populaire que celui de
Matthew Henry. Son livre La porte de la vérité relatait
avec une grande sincérité le changement qui s’était
opéré dans sa vie. Il rivalisait avec celui de Newton, Un
récit authentique, et chacun s’accordait pour dire qu’il s’agissait
de l’autobiographie la plus extraordinaire de l’époque.
Mais Scott ne fut pas la
seule personnalité qui se tourna vers Dieu par l’influence de Newton.
En 1785, un riche et brillant
jeune homme passa d’un pas hésitant devant sa maison. Il se décida
finalement à entrer et prit rendez-vous pour le surlendemain. Plus
tard, il raconta qu’il avait fait plusieurs fois le tour du square, avant
de se décider pour de bon à entrer dans la maison. Il fut
surpris de la conversation qu’il eut avec Newton et très touché
par son humilité.
Newton l’impressionna davantage
lorsqu’il lui avoua n’avoir cessé de prier pour lui. Et cela depuis
la toute première fois qu’il l’avait vu, c'est-à-dire chez
sa tante, une chrétienne de Wimbledon. Il lui avait aussi, à
cette époque, conseillé de s’intéresser à
la politique et à la haute société.
Que se serait-il passé
si ce jeune homme n’avait pas eu le courage d’entrer chez Newton ?
La réponse restera gravée dans les " si "
de l’histoire. Car il entra bel et bien et ce fut le début d’une
grande amitié. Ce jeune homme, qui avait rapidement atteint les
hautes sphères de la société anglaise se nommait
William Wilberforce. Au printemps 1786, il retourna au Parlement où
son ami le plus proche, William Pit, était premier ministre. Wilberforce
était maintenant un homme nouveau qui ne vivait plus
dans la dépression. Complètement transformé, il avait
trouvé un sens à sa vie et était pleinement conscient
de sa responsabilité d’homme politique chrétien. Il devint
rapidement l’authentique gardien de la " conscience de
la nation " et contribua au bien-être de milliers de personnes
tant sur le continent qu’à l’outremer.
Au début de la campagne
en faveur des esclaves noirs menée par Wilberforce - campagne qui
dura plus de quarante six ans - Newton écrivit ses Pensées
sur le commerce des esclaves africains. Ce livre apaisa la mauvaise
conscience qu’il gardait de la période où il avait été
commandant d’un bateau transportant des esclaves. Il écrivit entre
autre : " Je n’ai jamais eu d’aussi douces et nombreuses
heures de communion avec Dieu qu’au cours de mes voyages en Guinée. "
En 1787, Newton rencontra
encore une autre personne. Elle avait énormément apprécié
son livre Cardiphonia. Elle en disait ceci : " J’ai
vraiment aimé ce livre, il est plein d’expériences spirituelles
extraordinaires. "
La première fois qu’elle
se rendit à une de ses rencontres, elle parla avec lui durant une
heure et rentra chez elle les poches pleines de ses sermons. Newton devint
rapidement son correspondant et son conseiller. Il s’agissait de Hannah
More qui fut connue pour ses écoles renommées dans les collines
de Mendip de la région du Sommerset. Elle écrivit plusieurs
tracts publiés sous le titre The Cheap Repository Tracts.
Cette compilation fut tirée à plus d’un million d’exemplaires.
La parution de ce livre contribua à affaiblir le mouvement athée
prôné par Thomas Paine et par bien d’autres dans les années
qui suivirent la Révolution Française.
Newton aida encore un jeune
homme qui s’était enfui de l’université de Glasgow et de
sa famille pour venir à Londres. Quatre ans plus tard, sur le conseil
de sa mère, il assista aux réunions de Newton dans son église
du centre de Londres près de la banque d’Angleterre. (Newton était
alors recteur de St Mary Woolnoth – Janvier 1780). Après l’avoir
entendu prêcher, il écrivit à Newton de façon
anonyme : " Alors que vous prêchiez, j’ai entendu
des paroles qui parlent de vie éternelle. Je vous aurais volontiers
écouté jusqu’à minuit. "
Plus tard, du haut de sa
chaire, Newton invita ce correspondant anonyme à lui rendre visite.
Après l’avoir rencontré, le jeune homme écrivit à
sa mère : " Je suis allé le voir, et je n’oublierai
jamais cette heure merveilleuse passée en sa compagnie. Il s’est
inquiété de mon bien-être aussi bien, sinon mieux
que mon propre père l’aurait fait. Ce Monsieur Newton m’a énormément
encouragé. "
Ce jeune homme se nommait
Claudius Buchanan. Newton le présenta à Henry Thornton
qui finança ses études jusqu’à sa licence obtenue
à Cambridge. A partir de 1796, Buchanan servit le Seigneur en tant
qu’aumônier de la Compagnie des Indes de l’Est. Il fut également
doyen du collège de Fort William où il travailla en collaboration
avec William Carey à la traduction de la Bible.
John Campbell, jeune croyant
et homme de loi à Edinburgh, et William Jay of Bath, un prédicateur
prometteur, reçurent aussi une aide conséquente : Newton
fut le conseiller spirituel de John. Quand à William Jay, il reçut
les encouragements de Newton qui lui rendit visite dans sa paroisse de
la chapelle de Rowland Hill à Londres, où il donna sa première
prédication, à l’âge de dix neuf ans seulement.
On pouvait toujours approcher
Newton malgré la notoriété qu’il avait acquise tout
au long sa vie. Dans ce petit groupe influent et grandissant des anglicans
évangéliques (mouvement qui fut à l’origine de la
Société de l’Eglise Missionnaire de 1799), Newton ne s’était
jamais mis en avant. Souvent vêtu de sa vieille veste bleu-roi,
il avait un mot ou un sourire pour chaque personne qui venait assister
à ses cultes ou à ses déjeuners du mardi qu’il organisait
chez lui. On avait beaucoup de plaisir à le rencontrer car il s’intéressait
à chacun, individuellement. Il avait aussi le sens de l’humour,
une grande expérience de la vie, et un don naturel pour conseiller
quiconque l’approchait.
Newton faisait preuve d’un
grand amour pour tous les chrétiens de sa génération
D’un point de vue théologique,
Newton se définissait comme calviniste. C’est dans cette optique
qu’il écrivit : " Le Seigneur lui seul a un droit
sur nous car c’est Lui notre créateur, c’est Lui notre rédempteur,
notre victoire, c’est Lui qui nous a délivrés du pouvoir
de Satan et qui a pris possession de nos cœurs dans sa grâce. Il
a un droit sur nous depuis le jour ou nous avons capitulé devant
Lui, depuis le jour où nous l’avons choisi pour maître et
pour héritage. "
Mais bien que calviniste,
Newton n’était en aucun cas un extrémiste. Lorsqu’il rencontrait
le méthodiste John Wesley - avec qui il entretint une correspondance
- ni l’un ni l’autre ne cachait ses convictions, mais chacun savait exprimer
son point de vue de façon modérée. Wesley écrivit
une fois à Newton : " L’amour est la chose la plus
sacrée qui soit au monde. Je connais tous les préceptes
de vos écrits, est-il besoin, entre nous, de faire encore des manières ? "
Dans un tout autre ordre
d’idées, et de façon très sage, Newton préféra
se tenir à l’écart de la controverse qui éclata en
1770 entre les calvinistes et les arminiens après le décès
de Whitefield. Et à la demande de Charles Wesley, il accepta d’être
au nombre de ceux qui portèrent son cercueil.
Des années avant de
devenir pasteur, Newton avait écrit : " Je remercie
Dieu de n’avoir aucun parti pris. Je ne crains ni ne désire me
réclamer du nom de quiconque. "
Newton usait de " son
calvinisme " avec sagesse. William Jay se souvient l’avoir entendu
dire : " Je suis plus calviniste que n’importe qui. Mais
j’use de mon calvinisme aussi parcimonieusement que j’utilise le sucre
pour mon café. Je ne le prends jamais seul, mais dilué et
bien mélangé. "
Newton savait parfaitement
que toutes les convictions théologiques n’étaient pas primordiales
dans le christianisme : " Si un homme n’a pas mon propre
point de vue sur l’élection, mais s’il me semble de toute évidence
être appelé par Dieu, celui-ci est mon frère. "
Newton était un pasteur,
mais il savait apprécier le travail des laïcs. Parmi les quatre
principaux membres de la société qu’il avait fondée
figuraient un laïc, et à une certaine période, des
Dissidents. Lorsqu’il entendit parler du réveil spirituel
du Nord de l’Ecosse en 1797, instigué par des laïcs, il fit
quelques mises en garde sur les risques encourus de prêcher sans
être pasteur, cependant il se réjouit de l’avancement du
Royaume de Dieu : " Peu importe les formes ou les dénominations,
pourvu que la vérité soit prêchée et que des
pêcheurs se convertissent. "
De par sa dénomination,
Newton était anglican. Mais il avait beaucoup de sympathie pour
ces chrétiens d’Angleterre, qualifiés de Dissidents
- sa propre mère avait été des leurs dans le passé.
Avant de devenir le pasteur de l’église d’Olney, on lui avait proposé
de diriger la congrégation des églises presbytériennes
d’Angleterre où il avait été très apprécié.
Il fréquenta également les baptistes de Liverpool et d’Olney
et participa à la grande campagne baptiste qui donna naissance
à la Société Missionnaire Baptiste de 1792.
Newton conseilla à
Buchanan, s’apprêtant à partir en Inde, de ne pas mépriser
les premiers missionnaires baptistes qui se trouvaient déjà
sur place.
Il avait fréquenté
l’Association Baptiste d’Olney et sympathisé avec plusieurs pasteurs
baptistes qu’il recevait chez lui. Il y eut même une période
où Newton changea les horaires de ses propres prédications
afin de permettre à ses paroissiens (et à lui-même)
d’assister aux cultes des Dissidents dans les églises de son quartier.
Ses lettres publiées dans son livre Cardiphonia
étaient envoyées à des chrétiens de toutes
dénominations, incluant des baptistes et des moraves. Il eut l’occasion
de participer à des réunions de louange avec les moraves
et les indépendants (ou congrégationalistes). Il créa
une méthode de préparation au ministère pour les
futurs pasteurs indépendants.
Bien que calviniste, anglican
et évangélique, Newton savait que Dieu ne regarde pas aux
dénominations. Il dit un jour à un presbytérien :
" Comment Christ nous reçoit-Il ? Attend-Il que
nous soyons parfaits ? Accorde-t-Il son attention, sa présence
ou sa grâce au chrétien d’une dénomination particulière ?
Est-Il le Dieu des presbytériens ou des indépendants uniquement ? "
Newton essayait d’être aussi large d’esprit que possible. Il souhaitait
aimer autant que Dieu Lui-même peut le faire. Il aimait tous ceux
qu’il considérait comme de vrais chrétiens. Il écrivit
un jour à un ami Ecossais : " Si vous connaissez
un papiste qui aime sincèrement Jésus et qui pense que Lui
seul peut le sauver, saluez-le chaleureusement de ma part. "
Newton n’avait même pas conscience
d’aimer à un tel point tous ses contemporains
L’Ecossais Duncan Campbell
considérait que la chose la plus grave chez tout être humain
est l’influence inconsciente de sa personnalité. Jour après
jour, notre personnalité attire ou éloigne de Dieu les personnes
que nous côtoyons. Dans ce domaine de la personnalité, celle
de Newton, soumise au Saint-Esprit, ne pouvait que plaire à Dieu.
William Jay considérait Newton comme le plus fantastique chrétien
soumis au Saint-Esprit qu’il ait jamais rencontré.
Sans exception ? Si.
Peut-être aurait-il pu citer également Cornélius Winter.
Des défauts, Newton
en avait certainement. Quelques chrétiens d’Olney prétendaient
que son entourage avait souffert d’un peu trop de familiarité de
sa part. Peut-être avait-il fait preuve d’un excès de bonté,
ce qui l’amenait à mettre son esprit de jugement de côté.
Pourtant, son ami et biographe Richard Cécil admettait que Newton
avait un grand discernement des esprits. Cécil déplorait
cependant l’imprécision de ses sermons et un certain manque d’habileté
à les délivrer. Et puis, Newton paraissait idolâtrer
sa femme. Non seulement du vivant de celle-ci mais aussi après
sa mort. On lui reprochait encore de ne pas avoir eu l’esprit d’aventure
ou l’ambition qu’on aurait pu lui attribuer, connaissant son passé
de marin.
Bien qu’il eût surmonté
la perte de sa femme et de sa nièce, et traversé des années
d’épreuves avec courage, il disait de lui-même : " Je
n’ai rien d’un héro. " Il avait certainement une nature
très pacifiste et se montrait trop souvent coupable de vouloir
obtenir la paix à n’importe quel prix.
Ceci dit, l’amour de Newton
était évident. C’est d’ailleurs à cause de cet amour
inconditionnel qu’il se laissait influencer par beaucoup de ceux qui le
côtoyaient. Il considérait qu’il valait la peine d’aimer,
même au risque d’ébranler ses propres convictions. En dépit
de ses imperfections dans son rôle de prédicateur, un grand
nombre de ses auditeurs s’accordaient pour reconnaître son impressionnante
personnalité, en tant que chrétien. Lorsqu’il parlait de
sa relation avec sa femme, il disait que cette relation était le
plus bel exemple du véritable amour chrétien.
Comme tout chrétien
authentique, Newton apprit aussi l’art difficile de l’autocritique. Il
disait à ce propos : " J’ai beaucoup lu au
sujet de méchants papes, mais le plus méchant que j’aie
jamais rencontré c’est le pape ‘Moi-même’. " Et
qui n’aurait aimé sympathiser avec lui, après cet incident
qu’il vécut peu après son installation à Londres :
" J’étais invité à dîner chez l’un
de mes paroissiens, hier soir. C’était d’ailleurs la première
fois que je recevais une invitation de la part d’un paroissien qui ouvertement
ne se considérait pas comme très engagé. Au cours
du repas, tous les invités se comportèrent à merveille.
Mais moi, j’eus un comportement minable. Je ne fus capable, à aucun
moment, de trouver le bon sujet de conversation. Et j’avoue que cela m’arrive
souvent – heureusement que le Seigneur me donne après coup d’autres
opportunités - Ah ! C’est vraiment une honte que de se montrer
aussi prompt et aussi convaincant du haut d’une chaire et d’être
aussi mou et aussi maladroit autour d’une table ! "
Newton avait bien d’autres
qualités. Comme tout chrétien qui recherche la sanctification,
il était parfaitement honnête. Il demanda par exemple à
un évêque de ‘l’examiner’ afin d’être sûr de
pouvoir entrer dans le cercle des diacres. Il n’hésitait pas à
descendre de son piédestal quitte à changer parfois d’avis
sur certains points. Il était résolu à ne jamais
se laisser prendre en faux après avoir pris une quelconque décision…
Newton était un homme
humble, prêt à recevoir des leçons. Le succès
ne lui montait pas à la tête. Il savait se tenir aux pieds
de Jésus car il gardait en mémoire la déchéance
de sa jeunesse. On peut encore voir aujourd’hui ce qu’il avait écrit
au dessus de la cheminée de la pièce où il travaillait
à Olney : " Souviens-toi que tu as été
esclave au pays d’Egypte et que l’Eternel ton Dieu t’a libéré
" (Deutéronome 15:15). Et en 1778, il écrivit ces quelques
lignes au sujet de Thomas Scott, dans son journal intime, après
avoir pris un petit déjeuner avec lui : " Seigneur,
je pense que Scott m’a largement dépassé spirituellement.
Si autrefois j’ai été tant soit peu utile à son avancement,
s’il Te plaît, fais en sorte qu’il me soit utile à son tour
maintenant. "
La principale occupation
de Newton était la prière. Il dit à ce sujet :
"La prière est le moteur qui met en déroute et anéantit
tous mes ennemis spirituels. C’est le moyen par excellence qui me procure
cette grâce dans laquelle je me trouve constamment. J’ai constaté
que tous mes états d’âme ou toutes mes expériences
sont directement liés à la profondeur de mes prières."
Finalement, la principale
qualité de Newton, c’était l’amour. Il ne se contentait
pas d’être sympathique avec ses paroissiens ou avec les personnes
à qui il écrivait. Il les entourait, il partageait leurs
épreuves, les conseillait, leur apportait un soutien pratique.
Aidé financièrement par Thornton, il survenait chaque dimanche
aux besoins des paroissiens qui venaient de loin. Il avait également
ouvert un foyer, où pouvaient, à tout moment, venir des
personnes en difficultés. Et peu lui importait leur dénomination.
"Dire la vérité avec amour" fut le sujet de sa
toute première prédication, dans son église de Londres.
Son amour pour ses semblables ne fit que s’accroître au fil du temps
car les besoins étaient considérables.
Selon William Jay, Newton
avait réellement un cœur bien disposé. Josiah Bull, le petit-fils
de son meilleur ami disait de lui : " C’était sa
gentillesse bien plus que sa notoriété qui le rendait si
attirant. L’abondance de la grâce de Dieu reposait sur lui. Il avait
reçu gratuitement de la part de Dieu, il donnait et se donnait
gratuitement. Qui, aujourd’hui, se montre capable de marcher à
sa suite ?
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