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Consacrées au Réveil
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John
Wesley (1703-1791)
LE TISON ARRACHE DU FEU
par Orlando Boyer
"Si la valeur des hommes peut
être mesurée par l'oeuvre qu'ils ont accomplie, John Wesley
ne saurait être considéré autrement que comme la plus
grande figure qui ait paru dans l'histoire religieuse du monde depuis
les jours de la Réformation." - LECKY,
historien
"La figure de Wesley est une
des plus belles, et peut-être la plus belle, qui aient surgi dans
le monde chrétien, depuis les temps de la Réforme. C'est
une âme toute pénétrée du feu sacré
et qui demande, sous une impulsion divine, à faire partager à
un plus grand nombre possible de ses semblables, le bonheur dont elle
jouit. Intelligence supérieure et bien nourrie des meilleurs productions
de l'esprit humain, il met toutes ses acquisitions au service de son céleste
Maître, et ne les emploie que pour Lui gagner une multitude de disciples.
Son dévouement est sans limites. Je ne vois personne dans l'Eglise
des trois derniers siècles, qui ait déployé, dans
un laps de temps aussi long, et avec une ardeur qui ne s'est jamais ralentie,
une si merveilleuse activité. Et, bien que l'Eglise qu'il a fondée
soit restée dans une couche peu élevée de la société,
néanmoins le contre-coup de son oeuvre s'est fait sentir sur la
nation tout entière; clergé anglican ou dissident, prélats,
pasteurs et suffragants, tous en ont éprouvé les effets.
Il les a forcés à devenir plus pieux, plus moraux, plus
zélés, et par eux une nouvelle sève a circulé
dans le corps national tout entier." - C.
CAILLATTE, pasteur (Revue
Chrétienne)
A minuit, le ciel était
illuminé par le reflet sombre des flammes qui dévoraient
avec voracité la maison du pasteur Samuel Wesley. Dans la rue,
les gens criaient " au feu! au feu! " Cependant, à l'intérieur,
la famille du pasteur continuait à dormir tranquillement, jusqu'à
ce que quelques décombres en flamme tombent sur le lit de Betty,
l'une des filles du pasteur. L'enfant se réveilla en sursaut et
courut vers la chambre de son père. Sans rien pouvoir sauver des
flammes, la famille dut sortir de la maison en vêtements de nuit,
par une température glaciale.
La gouvernante, éveillée
par l'alerte, sortit rapidement de son berceau le plus jeune des enfants,
Charles. Elle appela les autres, insistant pour qu'ils la suivent et descendit
les escaliers; mais John, qui n'avait que cinq ans et demi, continua à
dormir.
A trois reprises, la mère,
Susan Wesley, qui était malade, tenta en vain de monter les escaliers.
Le père essaya deux fois, sans y parvenir, de traverser les flammes
en courant. Conscient du danger imminent, il rassembla toute sa famille
dans le jardin et tous s'agenouillèrent pour supplier Dieu de sauver
John resté prisonnier de l'incendie.
Pendant que la famille priait dans le jardin,
John se réveilla et après avoir essayé en vain de
descendre par les escaliers, il grimpa sur une malle qui se trouvait
devant une fenêtre, où l'un des voisins l'aperçut.
Celui-ci appela d'autres personnes et ils décidèrent de
faire la courte échelle pour atteindre l'enfant. C'est ainsi que
John échappa à la mort dans la maison en flammes, sauvé
à peine quelques instants avant que le toit ne s'effondre avec
fracas.
Les courageux voisins qui
l'avaient sauvé, apportèrent le petit garçon à
son père. " Venez, mes amis, s'écria Samuel Wesley
en recevant son fils dans ses bras, mettons-nous à genoux et rendons
grâces à Dieu! Il m'a rendu mes huit enfants; laissez la
maison brûler; j'ai assez de richesses ". Un quart d'heure
plus tard, la maison, les livres, les documents et les meubles avaient
disparu.
Des années plus tard,
dans une publication, parut le portrait de John Wesley, avec à
ses pieds l'image d'une maison en flammes et, à côté,
l'inscription suivante: " N'est-ce pas là un tison arraché
du feu? " (Zacharie 3:2).
Dans les écrits de
Wesley, on trouve une référence intéressante à
cet incendie historique: "Le 9 février 1750, pendant une veillée
de prières, vers les onze heures du soir, je me souvins que c'était
exactement le jour et l'heure où, quarante ans plus tôt,
on m'avait arraché aux flammes. Je profitai donc de l'occasion
pour relater cet acte de la merveilleuse providence divine. Les louanges
et les actions de grâces montèrent vers le ciel et grande
fut l'allégresse qui s'éleva vers le Seigneur ". La
foule, tout comme John Wesley, savait pourquoi le Seigneur l'avait sauvé
de l'incendie.
D'après l'historien
Lecky, c'est l'influence du Grand Réveil qui sauva l'Angleterre
d'une révolution semblable à celle qui, à la même
époque, laissa la France en ruines. Des quatre personnages qui
se distinguèrent dans le Grand Réveil, c'est John Wesley
qui joua le plus grand rôle. Jonathan Edwards, qui naquit la même
année que Wesley, mourut trente-trois ans avant lui; George Whitefield,
né onze ans après Wesley, mourut vingt ans avant lui et
Charles Wesley prit une part active dans le mouvement pendant dix huit
ans seulement, alors que John continua pendant un demi-siècle.
Mais pour que la biographie
de ce célèbre prédicateur soit complète, il
faut y inclure l'histoire de sa mère, Susan. En effet, comme
l'écrivit un biographe: " On ne peut raconter l'histoire du
Grand Réveil qui eut lieu en Angleterre au siècle dernier
(XVIIIème) sans reconnaître à la mère
de John et Charles Wesley une grande part de l'honneur mérité;
non seulement en raison de l'éducation qu'elle inculqua profondément
à ses fils, mais aussi pour la direction qu'elle donna au réveil
".
La mère de Susan était
la fille d'un prédicateur. Dévouée à l'œuvre
de Dieu, elle épousa le célèbre pasteur, Samuel Wesley.
Des vingt-cinq enfants de cette union, Susan était la vingt-quatrième.
Au cours de sa vie, elle suivit l'exemple de sa mère, consacrant
une heure, matin et soir, à prier et à méditer les
Ecritures. D'après ce qu'elle écrivit un jour, on se rend
compte de la place que tenait la prière dans sa vie: " Loué
soit Dieu pour toute journée où nous nous conduisons bien.
Mais je ne suis pas encore satisfaite, parce que je ne profite pas beaucoup
de Dieu. Je sais que je suis encore trop loin de lui; je désire
tenir mon âme plus étroitement unie à lui par la foi
et l'amour ".
John était le quinzième
des dix-neuf enfants de Samuel et Susan Wesley. Ce qui suit, écrit
par la mère de John, montre comment elle s'appliquait à
" ordonner à ses fils et à sa maison après elle
" (Genèse 18:19).
"Pour former l’esprit d’un
enfant, la première chose à faire est de dominer sa volonté.
Instruire son intelligence prend du temps et doit se faire progressivement,
selon les capacités de l’enfant. Mais sa volonté doit être
subjuguée d’un seul coup, et le plus tôt est le mieux [ …]
Ensuite on peut diriger l’enfant en faisant appel au raisonnement et à
l’amour des parents, jusqu’à ce qu’il atteigne un âge où
il peut faire usage de sa raison. "
Le célèbre
commentateur de la Bible, Adam Clark, écrivit au sujet de Samuel
et Susan Wesley et de leurs enfants : " Je n’ai jamais rien
vu ni jamais rien entendu de pareil à cette famille, à laquelle
nous devons tant, et je ne sais pas non plus s’il en a existé de
semblable depuis Abraham et Sara ou Joseph et Marie de Nazareth. "
Susan Wesley croyait que
" celui qui ménage sa verge hait son fils " (Proverbes
13:24) et elle ne voulait pas entendre ses enfants pleurer. Grâce
à cela, bien que sa maison fût pleine d’enfants, il n’y avait
jamais ni scènes désagréables ni tapage au foyer
du pasteur. Jamais aucun de ses enfants n’obtint ce qu’il désirait
par les larmes dans la maison de Susan Wesley.
Pour Susan, le jour de son
cinquième anniversaire, chaque enfant devait apprendre l’alphabet,
et tous, à l’exception de deux, accomplirent la tâche au
moment fixé. Le lendemain de ses cinq ans, ayant maîtrisé
l’alphabet, l’enfant commençait à apprendre à lire
et ce, avec le premier verset de la Bible.
Tout petits, les enfants,
au foyer de Samuel Wesley et de sa femme, apprirent à assister
fidèlement au culte. Dans aucun récit, on ne trouve des
faits aussi profonds et émouvants que ceux que l’on raconte au
sujet des enfants de Samuel et Susan Wesley, car, avant même de
pouvoir se mettre à genoux ou de savoir parler, on leur apprenait
à rendre grâces pour leur nourriture par des gestes appropriés.
Lorsqu’ils commençaient à parler, ils récitaient
le Notre Père matin et soir; on leur apprenait en outre à
prier pour d’autres choses selon leurs désirs [ …] Arrivés
à l’âge approprié, on attribuait à chaque enfant
un jour de la semaine afin de pouvoir parler en particulier avec sa mère
de ses " doutes et de ses problèmes ".
Dans la liste, le nom de
John figure le mercredi et celui de Charles le samedi. Pour chacun des
enfants " son jour " devenait une journée précieuse
et mémorable [ …] .
Il est émouvant de
lire ce que John Wesley, vingt ans après avoir quitté la
maison paternelle, disait à sa mère : "En beaucoup
de choses, vous, ma mère, avez intercédé en ma faveur
et vous l’avez emporté. Qui sait même maintenant si votre
intercession pour que je renonce entièrement au monde a été
couronnée de succès [ …] . Elle sera sans doute efficace
pour corriger mon cœur comme elle le fut autrefois pour former mon caractère. "
Après le sauvetage
spectaculaire de John de l’incendie, sa mère, profondément
convaincue que Dieu avait de grands projets pour son fils, prit la ferme
résolution de l’éduquer pour servir et être utile
à l’œuvre du Christ. Susan écrivit dans ses méditations
particulières : "Seigneur, je ferai des efforts encore plus
fermes pour cet enfant que tu as sauvé si miséricordieusement.
J’essaierai de lui transmettre fidèlement, pour qu’ils se gravent
dans son cœur, les principes de Ta religion et de Ta vertu. Seigneur,
donne-moi la grâce nécessaire pour mener à bien ce
but avec sincérité et sagesse et bénis mes efforts
en les couronnant de succès. "
Elle mit tant de constance
à mettre en pratique sa résolution qu’à l’âge
de huit ans, John fut admis à participer à la Cène
du Seigneur.
Au foyer de Samuel Wesley,
on n’omettait jamais le culte domestique dans le programme de la journée.
Quelle que fût l’occupation
des membres de la famille ou des serviteurs, tous se réunissaient
pour adorer Dieu. Lorsque son mari s’absentait, Susan, le cœur enflammé
par le feu du ciel, dirigeait les prières. On raconte qu’un jour,
alors que l’absence de son mari se prolongeait plus que de coutume, trente
à quarante personnes assistèrent au culte célébré
dans la maison des Wesley et la faim de la Parole de Dieu augmenta tellement
que la maison se remplit de voisins qui vinrent assister à la réunion
de prières.
La famille du pasteur Samuel
Wesley était très pauvre, mais grâce à l’influence
du duc de Buckingham, John fut admis dans une école à Londres.
Ainsi, le jeune garçon,
qui n’avait pas onze ans, quitta l’atmosphère de prière
fervente pour affronter les disputes de l’école publique. Cependant,
John ne se laissa pas contaminer par l’ambiance de péché
qui l’entourait.
A propos de l’influence que
John en vint à exercer sur ses camarades d’école, on raconte
qu’un jour, le portier, voyant que les élèves n’étaient
pas dans la cour de récréation, se mit à leur recherche
et les trouva dans l’une des classes, rassemblés autour de John.
Celui-ci leur racontait des histoires édifiantes qui leur plaisaient
davantage que la récréation.
En parlant de cette époque,
John Wesley écrivit:
"Je prenais part à
des choses que je savais être des péchés, même
si elles ne faisaient pas scandale aux yeux du monde. Malgré tout,
je continuais à lire les Ecritures et à prier matin et soir.
Je considérais les points suivants comme les bases de mon salut :
(1) je ne me jugeais pas aussi mauvais que mes semblables; (2) je conservais
le désir d’être religieux; (3) je lisais la Bible, j’assistais
aux cultes et je priais ".
Après avoir poursuivi
ses études à l’école secondaire pendant huit ans,
Wesley alla étudier à Oxford et y apprit le latin, le grec,
l’hébreu et le français, mais son principal intérêt
n’était pas de cultiver son intelligence. A ce sujet, il dit :
"Je commençais à me rendre compte que le cœur est la source
de la vraie religion [ …] je décidai donc de passer deux heures
chaque jour seul avec Dieu. Je prenais part à la Cène du
Seigneur tous les huit jours. Je me gardais de tout péché,
tant en paroles qu’en actes. Ainsi, sur la base des bonnes actions que
je faisais, je me considérais comme un bon croyant ".
John s’efforçait de
se lever tous les matins à quatre heures. Grâce à
ses notes rendant compte de tout ce qu’il faisait dans la journée,
il réussissait à organiser son temps, de façon à
ne pas perdre un seul instant. Il garda cette bonne habitude presque jusqu’à
son dernier jour.
Alors qu’il faisait ses études
à Oxford, un petit groupe d’étudiants avait pris l’habitude
de se réunir tous les jours pour prier ensemble et étudier
les Ecritures; en outre, ils jeûnaient le mercredi et le vendredi,
rendaient visite aux malades et aux prisonniers et réconfortaient
les condamnés à l’heure de leur exécution. Tous les
matins et tous les soirs, chacun passait une heure seul, à prier.
Pendant les prières, ils s’arrêtaient de temps en temps pour
vérifier s’ils priaient avec la ferveur voulue. Ils priaient toujours
avant et après les cultes de l’église.
Plus tard, trois des membres
de ce groupe devinrent célèbres parmi les croyants :
(1) John Wesley, qui fit
peut-être plus que tout autre pour donner ses racines à la
vie spirituelle, non seulement chez ses contemporains, mais encore de
nos jours.
(2) Charles Wesley, qui devint
l’auteur très célèbre d’hymnes évangéliques
et
(3) George Whitefield qui
devint un prédicateur en plein air et avait le don d’émouvoir
les foules.
A cette époque, on
ressentait l’influence de John Wesley dans toute l’Amérique, qui
dure encore aujourd’hui, en dépit du fait qu’il y restât
moins de deux ans, et que cette période de sa vie fût perturbée
par le doute. Il répondit à un appel de venir prêcher
l’Evangile aux habitants de la colonie de Géorgie, avec le désir
de gagner son salut au moyen de bonnes œuvres. Il pensait que la vanité
et l’ostentation du monde n’existaient pas dans les forêts d’Amérique.
Pendant la voyage, sur le
navire qui l’amenait en Amérique du Nord, il suivit,- pratique
caractéristique de sa vie - avec d’autres personnes de son groupe,
un programme de travail afin de ne pas perdre un seul instant de ses journées.
Il se levait à quatre heures du matin et se couchait après
neuf heures. Les trois premières heures de la journée étaient
consacrées à la prière et à l’étude
des Ecritures. Après avoir accompli tout ce qui était prévu
au programme de la journée, il était si fatigué que
ni le mugissement de la mer ni le roulis du bateau ne réussissaient
à perturber son sommeil, bien qu’il dormît sur le pont, enveloppé
dans une couverture.
En Géorgie, la population
entière se pressa en masse à l’église pour l’entendre
prêcher. L’influence de ses sermons fut telle que dix jours plus
tard, une salle de bal resta presque vide, alors que l’église se
remplissait de personnes qui priaient et recevaient leur salut.
Whitefield, qui débarqua
en Géorgie quelques mois après le retour de Wesley en Angleterre,
décrivit ainsi ce qu’il vit : " Le succès de
John Wesley en Amérique est indescriptible. Son nom est très
apprécié du peuple où il jeta des fondations que
ni les hommes ni les démons ne pourront ébranler. Oh !
si seulement je pouvais marcher sur ces traces comme lui marcha sur les
traces de Christ ! " Malgré tout, il manquait une chose
très importante à Wesley, comme on le voit d’après
les événements qui le poussèrent à quitter
la Géorgie, et qu’il décrivit ainsi :
" Il y a presque deux
ans et quatre mois que j’ai laissé ma terre natale pour aller prêcher
le Christ aux Indiens de Géorgie, mais qu’ai-je découvert ?
La chose à laquelle je m’attendais le moins : moi qui suis
venu en Amérique pour convertir les autres, je ne me suis jamais
converti à Dieu. "
De retour en Angleterre,
John Wesley se mit à servir Dieu avec la foi d’un enfant et non
plus celle d’un simple serviteur. A ce sujet, voici ce qu’il écrivit :
" Je ne me rendais pas compte que la foi nous était donnée
instantanément, que l’homme pouvait passer directement des ténèbres
à la lumière, du péché et de la misère
à la justice et à la joie de l’Esprit Saint. J’étudiai
les Ecritures sur ce point, en particulier les Actes des Apôtres.
Je fus émerveillé en y trouvant presque uniquement des conversions
instantanées; pratiquement aucune aussi tardive que celle de Saul
de Tarse." A partir de ce moment-là, Wesley commença à
éprouver une plus grande faim et une plus grande soif de justice,
la justice de Dieu par la foi.
Il avait pour ainsi dire
échoué dans sa première tentative de prêcher
l’Evangile en Amérique parce qu’en dépit de son zèle
et de sa bonté naturelle, le christianisme qui était le
sien était quelque chose qui lui avait été enseigné.
Mais la seconde étape de son ministère se distingue par
un succès phénoménal.
Pourquoi ? Parce que
le feu de Dieu brûlait dans son âme; il était parvenu
à un contact direct avec Dieu grâce à une expérience
personnelle.
Nous rapportons ici, selon
ses propres paroles, l’expérience par laquelle l’Esprit Saint donna
la preuve à son esprit qu’il était fils de Dieu, expérience
qui transforma complètement sa vie :
" Il était près
de cinq heures ce matin-là, lorsque j’ouvris le Nouveau Testament
et tombai sur ces phrases: ‘[ …] nous assurent de sa part les plus grandes
et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez
participants de la nature divine (2 Pierre 1:4).’ Avant de sortir, j’ouvris
le Nouveau Testament et je lus ces phrases : ‘Vous n’êtes pas
éloignés du royaume de Dieu.’ [ …] La nuit dernière,
je me suis senti poussé à aller à Aldersgate [ …]
Je me sentis le cœur embrasé; je me confiai au Christ, seulement
au Christ, je crus dans le salut; la certitude me fut donnée qu’il
enlevait mes péchés et qu’il me sauvait de la loi du péché
et de la mort. Je me mis à prier de toutes mes forces [ …] et je
donnai témoignage à tous ceux qui étaient là
de ce que je ressentais dans mon cœur ".
Après cette expérience
à Aldersgate, Wesley aspirait à recevoir des bénédictions
encore plus grandes du Seigneur, comme il l’écrivit : "Je
suppliais Dieu d’accomplir toutes Ses promesses dans mon âme. Peu
de temps après, le Seigneur répondit en partie à
ce désir, alors que je priais avec Charles, Whitefield et près
de soixante-dix croyants à Fetter Lane". Les paroles suivantes
sont également de John Wesley : "Il était près
de trois heures du matin et nous persévérions dans nos prières
(Romains 12:12) lorsque la puissance de Dieu se manifesta de telle façon
que nous nous sommes exclamés, sous l’effet d’une grande joie et
nombre de ceux qui étaient là tombèrent sur le sol.
Puis, une fois atténuées la peur et la surprise que nous
ressentions en présence de Sa majesté, nous nous sommes
exclamés d’une seule voix : ‘Nous te louons, ô Dieu,
nous t’acceptons comme notre Seigneur!’ "
Cette onction du Saint-Esprit
élargit considérablement les horizons spirituels de Wesley;
son ministère porta un nombre exceptionnel de fruits et il travailla
sans interruption pendant cinquante-trois ans, le cœur empli de l’amour
divin.
Un pasteur prêche en
moyenne cent fois par an, mais pour John Wesley, cette moyenne fut de
sept cent quatre-vingts fois par an pendant cinquante-quatre ans. Ce petit
homme, qui mesurait à peine un mètre soixante-six, qui pesait
moins de soixante kilos, s’adressa à des foules énormes
et ce, dans des conditions très difficiles. Lorsque les églises
lui fermèrent leurs portes, il continua à prêcher
en plein air.
En dépit d’une apathie
spirituelle presque générale chez les croyants et d’une
vague de perversion et de crimes qui s’étendait dans tout le pays,
des foules de cinq à vingt mille personnes affluaient pour écouter
ses sermons. Il était chose courante au cours de ces cultes que
les pécheurs se sentent la proie de telles angoisses qu’ils se
mettaient à crier et à gémir. Si la confrontation
avec Dieu sur leur lit de mort arracha des cris à de célèbres
matérialistes, comme Voltaire et Thomas Paine, enfin convaincus,
il n’est pas étonnant que des centaines de pécheurs se soient
mis à gémir, à crier et soient tombés sur
le sol, comme morts, lorsque l’Esprit Saint leur faisait sentir la présence
de Dieu. C’est ainsi que des multitudes de mécréants se
convertirent en de nouvelles créatures en Christ-Jésus pendant
les cultes de John Wesley. Souvent, les auditeurs étaient transportés
au comble de l’amour, de la joie et de l’admiration, et ils avaient également
des visions de la perfection divine et de l’excellence de Christ au point
de rester plusieurs heures comme morts (Apocalypse 1:17).
Comme tous ceux qui envahissent
le territoire de Satan, les frères Charles et John Wesley durent
subir de terribles persécutions. A Morfield, les ennemis de l’Evangile
mirent fin au culte en brisant la table sur laquelle John était
monté pour prêcher, ils l’insultèrent et le maltraitèrent.
A Sheffield, la maison s’écroula sur la tête des croyants.
A Wednesbury, on saccagea les maisons, les vêtements et les meubles
des croyants, les laissant exposés aux intempéries, à
la neige et à la tempête. A maintes reprises, John Wesley
fut lapidé et traîné comme mort dans la rue. Une fois,
il reçut des soufflets sur la bouche et en plein visage et reçut
des coups sur la tête qui le laissèrent couvert de sang.
Mais la persécution
de la part de l’Eglise en pleine décadence était sa plus
grande croix. Ils furent dénoncés comme "faux prophètes",
"charlatans", "imposteurs arrogants" , "fanatiques", etc. [ …] A
son retour à Epworth, sa ville natale, John assista le dimanche
au culte du matin et de l’après-midi dans l’église dont
son père avait été le pasteur fidèle pendant
de nombreuses années; mais on ne lui donna pas l’autorisation de
s’adresser à l’assistance. A six heures du soir, John, debout sur
le monument qui marquait le lieu où était enterré
son père, à côté de l’église, prêcha
devant une assistance telle qu’on n’en avait jamais vu à Epworth,
et Dieu y sauva beaucoup d’âmes.
Quelle était la cause
d’une telle opposition ? Les croyants de l’Eglise endormie prétendaient
que cela était dû aux prédications de Wesley sur la
justification par la foi et la sanctification. Les incroyants ne l’aimaient
pas parce qu’ " il faisait lever les gens à cinq heures du
matin pour chanter des hymnes. " Non seulement John Wesley prêchait
davantage que les autres prédicateurs, mais il les surpassait comme
pasteur, exhortant et consolant les croyants, allant de maison en maison.
Lors de ses voyages, il allait
tantôt à cheval tantôt à pied, qu’il fasse beau
temps, qu’il pleuve ou qu’il neige, alors que la plupart des prédicateurs
se déplaçaient en bateau ou en voiture à cheval.
Pendant les cinquante-quatre années de son ministère, il
parcourut en moyenne plus de sept mille kilomètres par an, pour
se rendre là où il devait prêcher.
Ce petit homme qui parcourait
sept mille kilomètres par an, trouvait cependant du temps à
consacrer à la vie littéraire. Il lut au moins mille deux
cents livres, la plupart alors qu’il voyageait à cheval. Il écrivit
une grammaire d’hébreu, une grammaire latine, ainsi que d’autres
de français et d’anglais. Il occupa pendant des années le
poste de rédacteur d’une revue de cinquante-six pages. Le dictionnaire
complet de la langue anglaise qu’il compila fut très populaire
et son commentaire sur le Nouveau Testament est encore tiré à
de nombreux exemplaires. Il écrivit une bibliothèque de
cinquante volumes qu’il révisa et publia sous forme abrégée
en trente volumes. Son livre sur la philosophie naturelle fut bien accueilli
par le clergé. Il écrivit quatre volumes sur l’Histoire
de l’Eglise. Il écrivit et publia un livre sur l’Histoire de Rome
et un autre sur l’Angleterre. Il prépara et publia trois volumes
sur la médecine et six livres de musique pour les cultes. Après
l’expérience qu’il vécut à Fetter Lane, il écrivit
avec son frère Charles cinquante-quatre recueils d’hymnes qu’ils
publièrent. On dit qu’il écrivit en tout plus de deux cent
trente livres.
Cet homme au physique chétif
écrivit peu avant ses quatre-vingt-huit ans : "Jusqu’à
mes quatre-vingt-six ans et même après, je n’ai jamais ressenti
la moindre indisposition propre à la vieillesse; mes yeux ne se
sont jamais voilés et je n’ai pas perdu ma vigueur." A soixante-dix
ans, il prêchait devant un auditoire de trente mille personnes en
plein air et était entendu de tous. A quatre-vingt-six ans, il
fit un voyage en Irlande, où, en plus de prêcher seize fois
en plein air, il fit cent sermons dans soixante villes. Un auditeur dit
de Wesley : "Son esprit était aussi vif qu’à cinquante-trois
ans, lorsque je l’ai rencontré pour la première fois."
Il attribuait sa bonne santé
à l’observance des règles suivantes : " (1) l’exercice
constant et l’air pur; (2) au fait que jamais, malade ou en bonne santé,
sur terre ou sur mer, il ne perdit une nuit de sommeil de toute sa vie;
(3) sa faculté de dormir, le jour ou la nuit, lorsqu’il se sentait
fatigué; (4) se lever depuis plus de soixante ans à quatre
heures du matin; (5) l’habitude de prêcher toujours à cinq
heures du matin pendant plus de cinquante ans; (6) au fait qu’il ne souffrit
presque jamais ni de douleurs ni de découragement ni de maladie
grave au cours de sa vie."
Il ne faut pas oublier la
source de cette vigueur que possédait John Wesley. Il passait au
moins deux heures par jour en prière. Il commençait sa journée
à quatre heures du matin. Un croyant qui le connaissait très
bien écrivit à son propos : "Il considérait
la prière comme la chose la plus importante de sa vie et je l’ai
vu sortir de sa chambre, l’âme si sereine que cela se reflétait
sur son visage qui resplendissait."
Aucune histoire de la vie
de John Wesley ne serait complète si on ne mentionnait pas les
veillées de prière qui avaient lieu une fois par mois chez
les croyants. Ces veillées commençaient à huit heures
du soir et se poursuivaient au-delà de minuit, ou jusqu’à
ce que l’Esprit Saint descende sur eux. Ces veillées se fondaient
sur les références faites par le Nouveau Testament à
des nuits entières passées à prier. En effet, quelqu’un
fit le commentaire suivant à ce sujet :
" Le pouvoir de Wesley
s’explique par le fait que c’était un homo unius libri, c’est-à-dire,
l’homme d’un seul livre, et ce livre était la Bible ". Wesley
écrivit peu avant sa mort : "Aujourd’hui, nous avons passé
la journée dans le jeûne et la prière pour que Dieu
étende Son œuvre. Nous nous sommes retirés seulement après
une nuit de veille dans laquelle le cœur de nombreux frères a reçu
un grand réconfort."
Dans son journal, John Wesley
écrivit ce qui suit sur la prière et le jeûne: " Lorsque
je faisais mes études à Oxford [ …] , nous jeûnions
le mercredi et le vendredi, comme le faisaient les premiers chrétiens
partout. Epiphane (310-403) écrivit: ‘Qui ignore que les croyants
du monde entier jeûnent le mercredi et le vendredi?’ " Wesley
poursuivit: "Je ne sais pas pourquoi ils choisirent ces deux jours-là,
mais c’est une bonne règle et si elle était bonne pour eux,
elle le sera aussi pour moi. Cependant, je ne veux pas faire croire que
ces deux jours sont les seuls jours de la semaine où l’on peut
jeûner, car il est souvent nécessaire de le faire plus de
deux jours. Il est très important de rester seuls et en la présence
de Dieu lorsque nous jeûnons et que nous prions, afin de pouvoir
percevoir la volonté de Dieu et afin qu’Il puisse nous guider.
Les jours de jeûne, nous devons faire tout notre possible pour nous
tenir à l’écart de nos amis et des distractions, même
si celles-ci sont permises en d’autres occasions".
La joie qu’il ressentait
à prêcher en plein air ne diminua pas avec la vieillesse;
le 7 octobre 1790, il prêcha ainsi pour la dernière fois,
sur le texte : "Le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez
à la bonne nouvelle." La Parole se révéla avec une
grande force et les larmes de la foule coulèrent en abondance.
Un par un, ses fidèles
compagnons de lutte, y compris sa femme, furent appelés au repos
mais John Wesley continua à travailler. A l’âge de quatre-vingt-cinq
ans, son frère Charles fut également rappelé et John,
assis devant la foule, se couvrit le visage de ses mains pour cacher les
larmes qui coulaient. Son frère, qu’il avait tant aimé pendant
si longtemps, était parti et il devait maintenant travailler seul.
Le 2 mars 1791, alors qu’il
allait avoir quatre-vingt-huit ans, sa carrière terrestre s’acheva.
Toute la nuit précédente, ses lèvres n’avaient cessé
de prononcer des paroles d’adoration et de louange. Son âme était
inondée de joie devant les gloires du foyer éternel et il
s’exclama : "Ce qu’il y a de mieux, c’est que Dieu est avec nous."
Puis, levant la main comme un signe de victoire, il répéta
à nouveau : " Ce qu’il y a de mieux, c’est que Dieu est
avec nous." A dix heures du matin, entouré de croyants qui priaient
autour de son lit, il dit : "Adieu" et comparut ainsi en la présence
du Seigneur.
Un croyant qui assista à
sa mort, rapporta cet événement de la façon suivante :
"Nous ressentions tous la présence divine; il n’y a pas de mots
pour décrire ce que nous vîmes sur son visage! Et plus nous
le contemplions, plus nous voyions reflété sur son visage
un ciel indescriptible."
On estima à dix mille
le nombre de ceux qui défilèrent devant son cercueil pour
voir le visage qui arborait un sourire céleste. En raison de la
foule immense qui affluait pour lui rendre hommage, on fut obligé
de l’enterrer à cinq heures du matin.
John Wesley naquit et grandit
dans un foyer où il n’y avait pas abondance de pain. Par la vente
de ses livres, il gagna une fortune qu’il utilisa pour la cause de Christ;
à sa mort, il laissa au monde : "deux cuillères, une
théière d’argent, un vieux manteau " et des dizaines
de milliers d’âmes sauvées en une époque de décadence
spirituelle dramatique.
La torche que l’on avait
arrachée du feu à Epworth, commença à flamber
avec intensité à Aldersgate et Fetter Lane et depuis lors,
elle continue à éclairer des millions d’âmes dans
le monde entier.
Référence: Les
Héros de la Foi, Orlando Boyer, éditions VIDA - Utilisé
avec autorisation.
Contact VIDA:
Jean-Luc COSNARD - VIDA Editions - Chemin
du Moulin de Vedel, Mas des Rosiers, 30900 NIMES, France - Tél.:
04.66.29.73.73 - Fax: 04.66.29.73.72 Email: vida-editions@wanadoo.fr
- Web: http://www.vida-editions.com/
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