Une Banque de Ressources Consacrées au Réveil 

Accueil
 
Articles et sermons
Auteurs
Biographies
Thèmes
Réveils

Ressources
Livres
Liens
Traduction
Le Ministère
Vision & Historique
Séminaires
Sentinelle de Prière
Contact
English
 

 

 

David et Gwen Wilkerson
UNE VOIX PROPHETIQUE MODERNE
compilé par Ensemble Rebâtissons la Maison

David Wilkerson est l'une des rares voix prophétiques encore en vie aujourd'hui. Ses messages sont puissants, décapants, sans compromission, et c'est pourquoi beaucoup aujourd'hui ne l'aiment pas et l'accusent d'être un "prophète de malheur". Parmi le corps des prophètes de renommée mondiale, il fut l'un des seuls à avoir reçu de la part du Seigneur un avertissement clair concernant la tragédie des Tours Jumelles de New York, plusieurs mois avant qu'elle ne se produise. L'Eglise devrait prendre au sérieux ses avertissements sur la dépression économique qui vient ainsi que sur les catastrophes mondiales que l'on pressent déjà venir. Leonard Ravenhill déclarait à son propos : "On me pose souvent la question suivante: David Wilkerson est-il un prophète? Eh bien, pas selon la classification de l'Ancien Testament, mais il en est sûrement un dans le cadre du Nouveau Testament. Je soutiens que Dieu l'a établi comme sentinelle sur notre nation (les Etats-Unis). [David] voit l'Eglise de Jésus-Christ blessée, violée et pillée; il sonne la trompette de Dieu pour nous faire voir le péché et l'incrédulité qui ont provoqué cette situation.(...) Un jour, je l'ai vu entrer dans mon bureau en chancelant; ses lèvres tremblaient et les larmes remplissaient ses yeux pendant qu'il me disait: 'Len, c'est à peine si j'ose mettre sur papier et publier le message que le Seigneur m'a donné'. Il l'a fait quand même, et je dois dire que j'en suis extrêmement heureux." Avec ses cheveux grisonnants, David Wilkerson est un homme de Dieu désespéremment brisé par la condition de l'Eglise. Le message qu'il nous livre ces dernières années est celui d'un appel à la sainteté et à la prière d'agonie en faveur d'un monde mourant. Ceux qui recherchent réellement le Seigneur reconnaîtront dans ce serviteur la voix de Dieu, du Père pleurant sur un monde en flammes et sur Son Eglise dévastée par la désolation. Aurons-nous des oreilles et un coeur pour entendre les pleurs de Jésus et Lui dire, à notre tour : "Seigneur Jésus, fais de moi un homme, une femme qui pleure" ?

David Wilkerson est le pasteur qui a fondé l'église Times Square Church. Il est l'auteur de plus de trente livres qui sont source d'inspiration. Il est peut-être le mieux connu pour les premiers temps de son ministère consacrés à de jeunes drogués et des membres de gangs de Manhattan, Bronx et Brooklyn, tel que le relate 'La Croix et le Poignard ". La Croix et le Poignard a été diffusé à plus de quinze millions d'exemplaires en trente-cinq langues depuis 1963 et en 1969 un film de cinéma du même titre est sorti. Teenager Challenge, le ministère que David Wilkerson a initié, continue à atteindre les jeunes désespérément dérangés dans le monde entier à travers plus de deux cents centres qui sont maintenant autonomes et financièrement indépendants. Son programme de restauration des drogués, fondé sur des bases bibliques, a été reconnu comme l'une des actions les plus efficaces parmi celles du même type.

 

Comment tout cela a commencé

Par David Wilkerson

"Toute cette étrange aventure débuta une nuit alors que j'étais assis dans mon bureau lisant le magazine Life. Je tournai simplement une page et à première vue rien ne semblait m'intéresser. La page montrait un dessin au stylo d'un procès ayant lieu à New York, à plus de 500 kilomètres de ma maison en Pennsylvanie rurale. Je n'avais jamais été à New York et je n'avais jamais voulu y aller, sauf peut-être pour voir la Statue de la Liberté. Je commençai à tourner à la page suivante. Mais alors que je le faisais, quelque chose attira mon regard. C'était les yeux d'un visage qui figurait sur le dessin - un garçon. C' était l'un des sept garçons jugés pour meurtre. Je rapprochai le magazine de mes yeux afin de mieux voir. L'artiste avait dépeint un air de confusion, de haine et de désespoir dans les traits du jeune garçon. Soudainement, je commençai à pleurer. "Qu'est-ce qui m'arrive ?" me demandai-je, chassant précipitamment une larme. Ensuite, je regardai l'image plus attentivement. Les garçons étaient tous des adolescents. C'étaient les membres d'un gang surnommé les Dragons.

Au-dessous de l'image il y avait le récit qui racontait comment ils avaient été à High bridge Park à New York lorsqu'ils attaquèrent et tuèrent brutalement une victime de polio de quinze ans nommée Michel Farmer. L'histoire me révolta. Elle fit littéralement tourner mon estomac. Dans notre petite ville de montagne, de telles choses sembleraient avec bienveillance incroyables. Pourtant, je fus ahuri par la pensée suivante qui surgit dans mon esprit. Elle vint sur moi en coup de vent, comme d'un autre endroit: "Va à New York pour aider ces garçons." La pensée me fit sursauter. "Je serais un imbécile si je le faisais" raisonnai-je. "Je ne connais rien des gosses comme eux. Et je ne veux rien en savoir." C'était inutile. L'idée ne partait pas. Je devais aller à New York. Et je devais le faire immédiatement, tandis que le procès était toujours en cours."

Le 28 février 1958, après ce qu'il croyait être la direction divine de Dieu, le pasteur David Wilkerson s'aventura dans une salle de tribunal de New York. Le pasteur d'une petite assemblée de la Pennsylvanie rurale voulut rencontrer les sept adolescents accusés qui étaient jugés pour le meurtre de Michel Farmer. Mais le juge présidant la séance jeta brusquement le pasteur hors de la cour, lui refusant l'accès aux garçons. Des années plus tard, cependant, le pasteur Wilkerson rencontrerait les jeunes hommes dans la prison. Ce jour-là, il fut refusé à David Wilkerson l'occasion de partager avec ces garçons le message brûlant de l'amour de Dieu et Sa puissance de changer des vies. Mais le pasteur continua à retourner à New York pour partager la Bonne Nouvelle avec d'autres jeunes.

 

Teen Challenge et Campagnes d'Evangélisation pour la Jeunesse

Dans les mois qui suivirent sa première visite à New York, le pasteur Wilkerson continua à effectuer des voyages dans la ville. Il passa des jours entiers à prier tandis qu'il marchait dans les rues, partageant l'amour de Dieu avec quiconque l'écoutait. Il organisa des rassemblements pour la jeunesse dans des auditoriums et des théâtres, accueillant des membres de gang, des drogués et des alcooliques qui venaient pour entendre un message d'espoir.

En 1959, il démissionna de son pastorat en Pennsylvanie et vint s'installer avec sa famille à New York, où il fonda le ministère de Teen Challenge (connu initialement sous le nom de Teenage Evangelism). Depuis lors, Teen Challenge touche, dans le monde entier par ses 490 centres, des adolescents et des adultes vivant sous l'addiction d'habitudes contrôlant leurs vies. Le programme de réhabilitation des drogués pratiqué par le ministère et fondé sur des bases bibliques, fut reconnu comme l'une des actions les plus efficaces de son espèce.

Une étude effectuée par l'Institut National d'Abus de Drogue du gouvernement américain établit un taux de guérison à Teen Challenge de 86 pour cent. Beaucoup de participants au programme dont d'anciens drogués, des alcooliques, des membres de gang, des prostituées et autres - furent non seulement réhabilités, mais servent aujourd'hui le Seigneur en tant que ministres ou missionnaires. Le succès phénoménal de Teen Challenge produisit une avalanche d'invitations de la part des églises à travers tout le pays, qui cherchèrent à avoir le pasteur Wilkerson comme orateur aux réunions de jeunesse. Les demandes affluèrent de la part de dirigeants civiques, de fonctionnaires dans des établissements scolaires, de célébrités nationales, de ministres de l'Evangile, de présentateurs d'émissions de télévision et de nouveaux médias de toutes sortes. C'est ainsi que commencèrent les Campagnes d'Evangélisation pour la Jeunesse de David Wilkerson en 1967, un ministère d'évangélisation qui a pour objectif d'atteindre directement les membres les plus indigents de la population, leur offrant de l'aide tant pour le corps que pour l'âme. Il sentit aussi le besoin d'atteindre les adolescents qu'il appelait "goodniks" - les enfants de familles aisées qui s'agitent à force de s'ennuyer - pour les empêcher d'être attirés dans une vie d'esclavage exercé par la drogue, l'alcool, la violence ou l'anarchie.

 

La Croix et le Poignard

L'histoire des premières années du ministère du pasteur Wilkerson à New York est racontée dans "La Croix et le Poignard". Le livre, qui fut publié en 1963, est devenu un succès et a été distribué à plus de 15 millions d'exemplaires dans plus de 30 langues. En 1969, un film de cinéma du même titre fut produit, mettant en scène Pat Boone dans le rôle de David Wilkerson et Erik Estrada dans le rôle de Nicky Cruz, l'adolescent membre de gang dont la vie avait été radicalement transformée par Christ. Le film relatait de nouveau l'histoire inoubliable des actes de la charité pleine de tendresse et de l'amour éternel de Dieu pour les adolescents de New York, à travers le ministère du pasteur Wilkerson. Aujourd'hui, le livre continue à être un classique à succès et le film est encore regardé par des milliers de gens dans le monde entier. La conversion de Nicky Cruz fut le résultat des prières ardentes de David Wilkerson. Nicky raconte ainsi son expérience de la conversion :

"L'amour est la clé. C'est facile à dire, mais je crois que ces mots auront le même effet sur des cœurs solitaires qu'ils ont eu sur le mien. Oui, j'avais besoin de quelqu'un qui m'aimerait tel que j'étais, un jeune voyou dans les rues de New York. Non, il m'était impossible d'aimer quiconque avant de me sentir aimé moi-même et en sécurité. Si l'on m'avait vraiment aimé et accepté tel quel, il y a bien des chances que je ne me serais pas senti si seul. Belles suppositions que tout ceci pour les milliers de personnes solitaires qui ne voient aucun espoir d'amour dans leurs vies.

Par exemple, les jeunes dans les gangs de New York de douze à dix-huit ans proviennent en général de parents alcooliques, de prostituées, ou de gens très pauvres qui ne voulaient pas d'eux en premier lieu. Ils sont entrés dans le monde sans avoir été désirés. Très jeunes ils se sont sentis réprouvés pour des raisons qu'ils ne pouvaient comprendre, et les cicatrices du rejet dont ils furent victimes s'approfondirent avec chaque année qui passait. Qui peut aimer ces inadaptés? Qui veut les aimer?

Il n'existe dans le monde entier qu'une seule perspective d'espoir pour ces gens. Passons maintenant à un point de vue plus large. Peu 'importe le degré d'amour ou de rejet que nous connaissions, la condition la plus solitaire que l'humanité connaisse est celle qui consiste à être privé de Dieu. Oui, l'amour est bien la clé. L'amour de Jésus Christ, dont je ne savais rien, était mon seul espoir. Mais, pour que cet espoir devienne réalité, il a fallu qu'il y ait de l'amour dans le cœur d'un être humain, qui est entré dans mon univers obscurci pour traduire ce message en termes que je puisse comprendre.

Cela s'est produit ainsi…

"Nicky, Jésus t'aime."

Trois fois, j'avais entendu cette déclaration de mauvaise augure, émanant d'un homme que nous surnommions tous "le pasteur maigrichon". Je connaissais son véritable nom. La première fois que je l'avais aperçu à l'école située juste en face de mon appartement, il s'était dirigé droit vers moi, en présence d'une multitude constituée par des membres de gangs; il avait tendu la main en disant: "Nicky, je m'appelle David Wilkerson. Je suis un pasteur de Pennsylvanie".

Je m'étais contenté de le regarder d'un air fixe et de dire: "Allez au diable, pasteur".

Sans se laisser démonter, cette petite mauviette chétive avait continué: "Je suis venu te parler de Jésus, Nicky. Il t'aime vraiment".

J'eus la sensation d'un animal piégé sur le point d'être mis en cage. Derrière moi, il y avait la foule. Devant moi, il y avait le visage souriant de cet homme maigrichon qui parlait d'amour. Personne ne m'aimait. Personne ne m'avait jamais aimé. Alors que je me tenais là, debout, mes souvenirs remontèrent dans le passé pour s'arrêter aux jours lointains, où j'avais entendu ma mère me dire: "Je ne t'aime pas, Nicky". Je pensais : "Si ma propre mère ne m'aime pas, alors personne ne m'aime, ou ne m'aimera jamais."

"Approche-toi de moi, pasteur, et je te tue," m'étais-je écrié en 'reculant pour retrouver la protection de la foule. J'avais peur et je ne savais pas quoi faire.

Ma seconde rencontre avec lui eut lieu le même jour; peu après la première. Effrayé, je me précipitai à travers la foule, j'empoignai ma petite amie Lydia, et m'éloignai de l'école dans la rue St Edward. Une fois en sécurité dans le sous-sol, où les Maus-Maus passaient leur temps, je mis le tourne-disques à plein volume, et me mis à danser avec Lydia. Pourquoi ne parvenais-je pas à couvrir le son de ces trois petits mots stupides: "Jésus t'aime"?

Bientôt, je me rendis compte qu'il y avait quelqu'un à la porte. En levant les yeux, j'aperçus le même pasteur maigrichon à l'entrée. Dans ce sous-sol crasseux, sa présence en chemise blanche, costume et cravate impeccables, paraissait vraiment déplacée.

"Où est Nicky?" demanda-t-il à un des garçons.

En faisant un signe de tête dans ma direction, Israël, mon meilleur ami s'empressa de quitter la pièce. Wilkerson la traversa comme si elle lui appartenait. Le visage éclairé d'un grand sourire, il avança encore la main dans ma direction et dit: "Nicky, je voulais simplement te serrer la main…"

Sans lui laisser le temps de finir, je le frappai durement au visage. Puis, je lui crachai dessus.

"Nicky, on a aussi craché sur Jésus", poursuivit avec obstination cette personne.

"Sortez d'ici !", hurlai-je, et je le poussai vers la porte.

Avant de partir, il dit : "Nicky, je veux simplement te dire encore que Jésus t'aime."

"Sortez d'ici, imbécile de prêtre. Vous ne savez pas de quoi vous parlez." Je hurlais à pleins poumons.

"Je vous donne vingt-quatre heures pour déguerpir des lieux, ou sinon je vous tuerai !"

En se dirigeant vers la porte, tout en souriant, il répéta avec calme: "Souviens-toi, Nicky, Jésus t'aime."

Ce cinglé ne savait-il pas que je pouvais vraiment le tuer? Je le regardai s'éloigner sur le trottoir. Il n'est pas près de m'effrayer, pensai-je. Personne n'est près de m'effrayer. Mais tout ce que je parvenais à entendre dans mon esprit, c'était la voix de ce pasteur maigrichon qui répétait sans cesse: "Nicky, Jésus t'aime"

Ma troisième rencontre avec lui eut lieu le lendemain matin de bonne heure. Toute la nuit, je m'étais tourné et retourné dans mon lit en regardant le plafond. J'avais fumé cigarette sur cigarette. Je n'arrivais pas à me reposer. Je ne pouvais dormir. Je fis tout pour faire taire cette voix, mais ces mots me résonnèrent dans la tête pendant toute la nuit. "Nicky, Jésus t'aime. Jésus t'aime". Enfin, j'allumai la lumière et consultai ma montre: 5 heures du matin. Inutile de continuer à essayer de m'endormir. Je me levai, m'habillai, ramassai mes cigarettes, descendis les trois étages, et ouvris la porte d'entrée du bâtiment.

Le ciel commençait à se colorer de gris. De loin, je percevais les bruits de la grande ville, qui s'éveillait en baillant et s'étirait. Je m'assis sur les marches, et me pris la tête entre les mains. "Jésus t'aime… Jésus t'aime… Jésus t'aime."

Une voiture s'arrêta et une portière claqua en se fermant. Lorsque ma tête lasse se releva, et que mes yeux fatigués se concentrèrent, le même pasteur maigrichon se tenait devant moi.

Il plaça la main sur mon épaule, et sans se départir de son sourire, il me dit: "Salut, Nicky!

Tu te souviens de ce que je t'ai dit hier soir? Je voulais venir te dire une fois encore, en passant, que Jésus t'aime".

J'en avais assez. Je me relevai d'un bond et essayai de lui donner un coup de poing. Il recula hors de ma portée; je lui jetai un regard flamboyant de colère, comme un animal prêt à bondir. Wilkerson me regarda droit dans les yeux et me dit: "Tu pourrais me tuer, Nicky. Tu pourrais facilement me couper en mille morceaux et les étaler dans la rue, mais chaque morceau crierait encore que Jésus t'aime".

Privé de tout moyen de défense, je le regardai fixement.

"Tu as peur, n'est-ce pas, Nicky? Tu en as assez de ton péché, et tu es solitaire." Il parlait tranquillement, mais avec grande force et conviction. "Jésus t'aime quand même", ajouta-t-il.

Comment savait-il que j'étais solitaire? C'est tout juste si je le savais. Quand il parlait de péché, je ne savais pas à quoi il faisait allusion et j'avais peur d'admettre ma crainte. Mais comment savait-il que j'étais solitaire? Le gang était toujours avec moi. J'avais toutes les filles que je pouvais désirer. Les gens avaient peur de moi. Lorsqu'ils me voyaient arriver, ils descendaient sur la chaussée pour m'éviter. J'avais été le chef du gang. Comment était-il possible à quiconque de penser que j'étais solitaire? Et cependant, je l'étais. Et à présent ce pasteur le savait.

"Vous vous figurez que vous allez me changer aussi facilement que ça?" fis-je, en faisant claquer mes doigts. Ignorant ma remarque insolente, il poursuivit comme s'il n'y avait eu aucune interruption. "Nicky, tu n'as pas beaucoup dormi la nuit passée, n'est-ce pas?"

Abasourdi, je me demandai comment il savait cela. "A dire vrai, tu sais, je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière moi non plus, poursuivit Wilkerson. Je suis resté éveillé la plus grande partie de la nuit à prier pour toi. Et je veux te répéter, Nicky, que quelqu'un s'intéresse vraiment à toi. C'est Jésus. Il s'arrêta quelques instants, puis ajouta avec un air de conviction et un ton d'autorité. Le jour est proche, Nicky, où l'Esprit de Dieu va te prendre en main, et où tu vas cesser de t'enfuir pour accourir vers lui."

Au fond de mon cœur, je savais qu'il disait la vérité. Je savais aussi que je me battrais jusqu'au bout. Je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avais été un bagarreur pendant trop longtemps pour abandonner la partie si rapidement.

Sans dire un mot, je me levai, lui tournai le dos, pénétrai dans le bâtiment encombré d'ordures, et refermai la porte derrière moi. Après avoir gravi l'escalier conduisant à ma chambre et y être entré, je m'assis sur mon lit et regardai par la fenêtre.

"La vie a-t-elle vraiment une autre signification que tout ceci? Est-ce que quelque chose, ou quelqu'un, est capable de noyer cette solitude insupportable?" Je cherchai plus avant en moi, mais aucune réponse ne se faisait jour. Vue de l'extérieur, la vie continuait comme avant, mais je savais que tout avait changé et que mon existence ne serait plus jamais la même.

Deux semaines passèrent, sans que je revoie Wilkerson, mais ses paroles perçantes continuaient à essayer d'entrouvrir mon cœur fermé. Je me mis à me douter qu'Israël, mon meilleur ami dans le gang, voyait en secret ce pasteur détesté. Il ne cessait de me rabattre les oreilles à son propos. Toutes les fois que je voyais Israël, il disait quelque chose à propos de Dieu.

Vers le milieu de cet été torride, Israël vint m'annoncer une grande réunion que Wilkerson organisait à l'arène St Nicholas. En fait, Wilkerson en avait parlé à Israël, et il avait personnellement invité les Maus-Maus à s'y rendre. Il allait envoyer un car pour nous amener, et nous réserverait une section spéciale aux premiers rangs. Israël et moi venions en tête du défilé, et tout le monde se retournait pour voir quelle était la cause de cette perturbation. Nous étions "sur scène" et nous en profitions au maximum.

Le chahut éclata bientôt sans retenue au sein de cette foule. L'arène était presque pleine et, en regardant autour de moi, je vis partout des membres appartenant à des gangs rivaux. Une bataille rangée était possible. Une chose était certaine, je ferais de mon mieux pour la favoriser.

Lorsque l'on se mit à jouer de l'orgue, plusieurs des gars et des filles qui se trouvaient dans les premiers rangs grimpèrent d'un bond sur la scène et commencèrent à se donner en spectacle: les filles en roulant des hanches à qui mieux mieux au rythme de la musique, et les garçons en dansant le boogie-woogie autour d'elles. Des applaudissements déchaînés, des sifflements et des cris d'approbation remplirent le lieu. La situation devenait incontrôlable.

A cet instant précis, une fille se dirigea vers le centre de la scène, et se tint derrière un microphone en attendant que le bruit s'atténue. Il s'amplifia au contraire. La fille se mit à chanter malgré tout, en dépit du fait qu'il était impossible de l'entendre. Elle termina sa chanson et quitta nerveusement la scène.

Alors Wilkerson apparut et s'avança vers le micro. Une accalmie momentanée, due à l'attente, s'abattit sur la foule, et il en profita vite pour commencer à parler: "Aujourd'hui, je vais demander à mes amis, les Maus-Maus, de recueillir l'offrande."

Je ne pouvais en croire mes oreilles. Il était décidé à nous faire confiance, à nous, tout en connaissant notre mauvaise réputation en matière d'argent! Le public se mit à rire tout haut et à applaudir. Cela allait être la plus grosse blague de toutes.

Me relevant d'un bond, je fis signe à certains des types du gang. "Allons-y", leur intimai-je d'un geste. Six d'entre nous montèrent les escaliers pour aller s'aligner en face du devant de la scène. Une grande boîte en carton ayant contenu de la glace nous fut distribuée à chacun, tandis que Wilkerson nous recommandait de nous tenir devant l'estrade pendant que les gens s'avançaient pour donner leur offrande.

"Lorsque ça sera fini, faites le tour derrière ce rideau" nous dit-il en nous le montrant du doigt, "et avancez vers la scène. Je vous y attendrai pour que vous m'apportiez l'offrande." .

Mon premier mouvement fut de prendre l'argent et de disparaître derrière ces rideaux. Ce serait de l'argent facilement gagné et en outre, tout le monde s'y attendait Cependant, un sentiment étrange commençait à me saisir au fur et à mesure que les gens, en défilé ininterrompu, remontaient l'allée centrale et les bas côtés pour venir déposer leur offrande, de l'argent qu'ils n'étaient pas obligés à donner dans les cartons. Je ne me souvenais pas que l'on m'ait déjà fait confiance pour quoi que ce soit, pas même lorsque j'étais petit. Quelqu'un avait confiance en moi maintenant, et cette confiance allumait une étincelle en moi. Au fur et à mesure que l'étincelle se faisait plus chaude, elle touchait mon cœur, et pour la première fois depuis des années, je me sentis bonne conscience. Ce sentiment était agréable.

Ce fut bien mieux lorsque je m'avançai vers la scène pour tendre l'argent à Wilkerson. "Merci, Nicky, je savais que je pouvais compter sur toi." Wilkerson sourit en me prenant le carton des mains. Le fait de choisir le bien plutôt que le mal semblait comporter sa propre récompense.

J'étais étonné.

Wilkerson se mit à prêcher. Au début je ne pouvais pas entendre ce qu'il disait. J'étais trop occupé par la sensation de chaleur intérieure qui semblait s'étendre à tout mon être, et pendant un certain temps la nouveauté de cette expérience absorba complètement mon attention.

Soudain, cependant, je commençai à entendre. Lorsque Wilkerson m'avait tout d'abord dit que Jésus m'aimait, je ne savais pas vraiment qui était Jésus. Maintenant, il racontait l'histoire de Jésus-Christ. C'était la première fois de ma vie que j'entendais cette histoire, d'où Il venait, ce qu'Il avait fait, la guérison des malades, comment Il avait redonné la vue aux aveugles, nourri les multitudes, comment on L'avait rejeté, comment Ses ennemis avaient payé quelqu'un pour le poursuivre, comment on L'avait crucifié. J'étais captivé! Je me mis à revivre la vie de Jésus, peu conscient de la présence de qui que ce soit dans cet auditorium, hormis Jésus et moi! Comme je haïssais ces crapules qui l'avaient trahi et tué! Je voulais me battre pour Jésus-Christ, tuer ses bourreaux.

Pour la première fois, je pris pleinement conscience du fait que moi, je méritais la mort, mais que Lui méritait la vie. Il n'était que pureté, honnêteté, vérité, et moi, j'étais un menteur, un bon à rien, un rejeté, un moins que rien. Le Saint-Esprit commença quelque chose en moi, toute l'atmosphère était chargée d'une puissance qui me fut insupportable.

Puis j'entendis une voix qui semblait venir d'un autre monde dire que les Maus-Maus étaient prêts à se battre. "Pas de panique, dis-je, d'un ton bourru. Personne ne va se battre maintenant". Après un moment, j'eus l'impression que quelqu'un d'autre à l'intérieur de moi ajoutait: "Cet homme a raison. Ça m'échappe, mais nous allons écouter". Tout le monde se rassit.

Je regardai tout autour de moi, et la gloire du Seigneur semblait avoir subjugué toute l'atmosphère. St Nicholas était une grande salle que l'on utilisait principalement pour les matches de catch et de boxe, mais, à présent, on aurait dit que Dieu avait pénétré avec tous Ses anges et avait exercé Son autorité dans ce lieu, en chassant toutes les forces mauvaises qui y résidaient. On voyait des chrétiens commencer à s'unir, des têtes se pencher dans la prière, et des mains se tendre vers d'autres mains. Comme l'action du Saint-Esprit se faisait manifeste, on se mit à prier pour David Wilkerson, qui cherchait ses mots.

"Il est ici, Il est ici," disait-il. Et chaque personne présente dans cette immense arène le savait. Il venait tout juste de parler de l'amour que Dieu avait manifesté en envoyant son Fils mourir pour nous. "Nous nous plaignons pour le moindre petit tort que l'on nous cause, déclara-t-il avec force. Pensez à Jésus. Il ne fit jamais le moindre mal à personne, cependant Il reçut une couronne d'épines sur la tête et porta sur le dos une lourde croix. Il aurait pu appeler dix mille anges à Sa rescousse s'Il l'avait voulu. La seule fois où Il a ouvert la bouche après avoir été cloué sur cette croix, cela fut pour pardonner à un voleur qui se trouvait à Ses côtés et qui méritait la mort. Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis, a-t-Il dit à ce voleur coupable. Jésus était meurtri dans Son corps, cependant, en mourant, ce fut de nous qu'Il s'inquiéta."

Une force d'une puissance inconnue agissait en moi, et je semblais entraîné malgré moi par un courant auquel je ne parvenais pas à résister. Je ne pouvais contrôler mes émotions, mes actions, mes pensées, ni même mes paroles. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui se passait en moi.

Puis, j'entendis Wilkerson parler de la repentance. A cet instant-là, je vis à nouveau toute ma vie défiler devant mes yeux. Je me sentais presque détaché des scènes qui se projetaient devant moi, et cependant je savais que ce n'était pas le cas. Je fermai les yeux en voyant les mensonges que j'avais dits, la souffrance que j'avais infligée à d'autres personnes, les vols que j'avais commis, les luttes sanglantes, les agressions à coups de couteau, les filles, la luxure, les coucheries, la haine que j'avais ressentie pour mes parents. Mes parents!

"Comme cette vie humaine est dure lorsqu'on n'a pas de but pour vivre," pensai-je. A ce moment, j'essayai de comprendre pourquoi ma mère m'avait détruit par sa haine. Puis soudain je compris que durant tout ce temps je m'étais trompé, que le portrait que j'avais fait d'elle devant tout le monde était faux, et cela me laissa bouche bée.

J'entendais tout autour de moi les gens pleurer, et Israël, qui se trouvait à côté de moi, se mouchait bruyamment. Quelque chose de vraiment mystérieux se produisait. Wilkerson dit avec un nouveau ton d'autorité dans la voix: "Que ceux qui veulent recevoir Jésus-Christ pour être changés se lèvent et s'avancent."

Sur le champ, Israël se leva d'un bond, en annonçant: "Les gars, je m'avance. Qui est-ce qui vient avec moi?" Vingt-cinq ou trente Maus-Maus répondirent à cet appel. .

"Viens donc, Nicky," m'implora-t-il, comme je restais assis.

D'un geste de tête négatif, je fis non. Israël continua à insister, et finalement je me levai et descendis l'allée centrale en compagnie des autres.

Lorsque nous sommes arrivés devant, les larmes ruisselaient sur le visage d'Israël, alors qu'il disait à Wilkerson: "Je veux que vous priiez pour moi. Je veux recevoir Christ dans ma vie". Wilkerson congédia l'assemblée et nous emmena au sous-sol pour prier avec nous.

Tandis que Wilkerson priait pour tout le groupe, je l'observais les yeux ouverts. Je pouvais ressentir sa sincérité, sa compassion et sa tendresse. Il était clair qu'il aimait vraiment Jésus-Christ, et que l'amour de Jésus parvenait jusqu'à nous. Ce type n'avait rien d'un charlatan.

"Nicky, je prie pour toi jour et nuit depuis quinze jours, me dit enfin Wilkerson. Permets-moi de prier avec toi. Jésus désire t'aider, ôter ta solitude, vivre en toi, te rendre fort, t'amener à t'aimer et même à aimer tes ennemis." .Ces paroles furent trop fortes pour moi. J'avais envie de pleurer, mais je me mordis les lèvres afin que la souffrance m'empêche de répondre. Je me tournai délibérément avec l'intention de partir, mais, à ce moment précis, le Saint-Esprit s'empara complètement de moi.

Quinze ou seize de ces types, des durs à cuire, des vicieux, que je n'avais jamais vus dans un moment de faiblesse, tombaient à genoux et pleuraient. Je jetai un coup d'œil à Carlos, ce bagarreur sanguinaire, insensible, vicieux, qui n'avait jamais ressenti de compassion pour personne et voilà qu'il pleurait et appelait:

"Jésus, Jésus, Jésus." Puis je jetai un bref coup d'œil à Israël, qui semblait noyé dans ses propres larmes. Je dis à mon meilleur ami: "Qu'est-ce qui ne va pas?

"Je viens de donner ma vie à Jésus, Nicky, et je ne me sens plus seul, dit Israël, le visage rayonnant. Je me sens si bien, Nicky."

Je commençai à me sentir envieux. "Je ne me sens plus seul" , avait dit Israël. Ma propre solitude se mit à me peser lourdement, et une force formidable s'empara de moi. D'un seul coup, je tombai à genoux et me mis à pleurer. Je n'avais pas pleuré depuis l'âge de huit ans, mais à présent, le barrage se rompit, les vannes s'ouvrirent, et ce fut littéralement une averse de larmes qui me coula sur les joues. Mon cœur se sentait puni par tout un fardeau de culpabilité, et je me sentais honteux, embarrassé, accablé. Je me couvris le visage afin que personne ne me voie pleurer, mais les larmes roulèrent entre mes doigts, me lavant à la fois le visage et les mains. J'avais si mal à la poitrine que je pouvais à peine respirer. Je me sentais indigne. En sanglotant, je sentis tout mon univers s'effondrer, mais en même temps je me rendis compte que quelqu'un le reconstruisait à neuf, le restaurait. C'était comme si l'on m'avait transporté dans la salle d'opération, étendu sur le billard et endormi; Jésus avait pratiqué une incision et m'avait ouvert la poitrine, Il avait ôté mon cœur ancien pour le remplacer par un cœur nouveau.

La paix la plus merveilleuse que j'aie jamais connue remplit ce cœur nouveau, et bien que la journée fût lourde et chaude, de l'eau glacée semblait se déverser sur moi, et je me sentis rafraîchi. Mon esprit fut guéri. Instantanément, tous les souvenirs de mon passé furent purifiés, et j'eus l'impression que je venais tout juste de sortir du sein de ma mère et de renaître. Je m'écriai tout haut: "Je ne sais pas qui tu es, Jésus-Christ. Tu dis que tu m'aimes. Est-ce que tu m'aimes? Est-ce que tu m'aimes vraiment? Oh, Dieu, je ne crois même pas à l'amour. Je ne sais pas ce qu'est l'amour. Est-ce que tu es amour? Mon esprit est si embrouillé, mais je sais que tu es vraiment ici. Je ne sais quoi faire ni quoi dire. Tout ce que je peux te dire, c'est, est-ce que tu veux bien, s'il te plaît, m'aider, me pardonner, oh, pardonne-moi."

Puis, je sentis qu'Il me disait en mon for intérieur: "Oui, Nicky, je t'aime." Dans ce lieu même, lI me remplit d'un pardon et d'un amour que je n'avais jamais connus. Je me sentis si bien que je me mis à rire et à pleurer tout à la fois. Certains des gars coururent vers moi pour m'embrasser.

Je m'avançai enfin vers le pasteur, l'étreignis, et lui dis que je savais que Jésus m'aimait parce que je pouvais sentir Sa présence dans mon cœur.

"Oh, Nicky!, s'exclama David. C'est le paradis, c'est le royaume de Dieu. Tu ne vas plus jamais cheminer seul, tu ne vas plus jamais souffrir dans ton coin. Dieu est ton Père céleste, et Il sera avec toi dans tous les orages que tu traverseras, dans tous les doutes, toutes les craintes, tous les sentiments d'insécurité que tu connaîtras, Il sera là dans toutes les circonstances".

Avant que je ne quitte l'arène Saint Nicholas ce soir-là, qui remonte à tant d'années, David Wilkerson me donna une Bible, une grosse Bible qui semblait peser 10 kilos. Lorsque je sortis dans la rue, j'étais une personne toute nouvelle, avec Jésus dans mon cœur et une grosse Bible noire dans les bras."

 

Gwen Wilkerson: Par Sa Force

Par Gwen Wilkerson

Remarques d'ERM:

Si la plupart d'entre nous connaissons l'histoire de David Wilkerson, bien peu connaissent celle de sa femme, Gwen. Un groupe d'amies lui fit cette remarque avec instance: "Beaucoup d'autres femmes souffrent de problèmes semblables à ceux que vous avez subis, Gwen. Je suis sûre que David et vous avez découvert des solutions compatibles avec la volonté divine et nous aimerions bien que vous nous fassiez part de ces réponses." Dans les lignes qui suivent, Gwen nous raconte comment sa foi a été éprouvée par la terreur et la souffrance de plusieurs interventions chirurgicales pour le cancer; le chagrin et le choix de leur mariage en danger qui a été miraculeusement guéri par Christ. Elle nous montre comment vivre par Sa force est toujours possible. Ce récit nous fait également plonger dans l'expérience profondément humaine d'un homme de Dieu vue selon la perspective de l'épouse souvent cachée mais ô combien précieuse au ministère. Les plus grands serviteurs de Dieu sont souvent ceux qui ont été éprouvés dans leur vie personnelle et conjugale d'une façon toute particulière. Ce témoignage aidera beaucoup de serviteurs de Dieu et leurs épouses éprouvés dans leur ministère et leur vie de couple à reconsidérer la vision originelle de l'harmonie du mariage selon l'intention divine, en vue d'un service fructifié pour le Maître. Nous recommandons avec insistance ce livre à tous les couples chrétiens, en particulier ceux qui se savent destinés à un service puissant, comme un appel à consolider ou reconsolider les liens de leur mariage avant toutes choses - car la volonté de Dieu est d'avoir des couples solides, forts et unis dans lesquels chacun des conjoints se soutient mutuellement. Cette exigence est d'autant plus cruciale aujourd'hui que le couple humain selon l'ordre divin est attaqué dans ses fondements même et que d'innombrables hommes et femmes de Dieu vivent avec souffrance le contrecoup de ces stratégies diaboliques. Puisse ce témoignage apporter guérison dans les cœurs et faire renaître le premier amour chez les conjoints!

Une Véritable Prison

Le Dr. Berguis essaya de nous mettre en garde. David séjournait chez lui pendant mon hospitalisation, aussi notre ami eut-il l'occasion de nous présenter en détail ce qu'il fallait attendre de ma santé après l'opération. II nous parla ensemble, puis séparément; il était évident qu'il parlait d'expérience et avec la plus grande sagesse. Comme nous allions l'apprendre plus tard, à notre grande tristesse, son message contenait bien des points prophétiques.

-Gwen, vous avez traversé des moments difficiles depuis deux ans, me dit-il (il n'avait pas à me le rappeler!). Je suis sûr que vous avez une idée du temps qu'il faudra pour retrouver vos forces physiques. On ne peut aller plus vite que la nature dans le procédé de guérison. C'est Dieu qui dirige aussi le temps.

Je le savais. Les périodes de convalescence après mes autres opérations avaient varié. Mon rétablissement avait été particulièrement long après la naissance de Greg. J'assurais le Dr. Berguis que cette fois, je serais patiente.

-Ce que je crains pour vous, ajouta-t-il, est du domaine psychologique. Cela s'explique en partie par une transformation physiologique: changement d'hormones, etc.. Mais la plupart des femmes ne comprennent pas les conséquences d'une hystérectomie sur l'équilibre émotionnel.

Je ne les comprenais pas, en effet. Pourquoi attendre un bouleversement psychologique après cette opération? Mais le Dr. Berguis avait autre chose à dire et j'essayais de le suivre.

-Voyez-vous, Gwen, alors que beaucoup de femmes surmontent les petites difficultés qui suivent une hystérectomie, certaines, et en particulier celles qui sont relativement jeunes comme vous, ont le sentiment qu'elles ne servent plus à rien. Elles croient que le fait de ne plus pouvoir enfanter les prive du sens même de la vie quotidienne. D'autres pensent que leur mari ne les aime plus, qu'elles ont perdu tout attrait physique et la capacité de garder l'affection de leur époux. D'autres encore parlent de sentiments incontrôlables de solitude, de dépression, de jalousie, de dégoût personnel.

Le Dr. Berguis avait maintenant toute mon attention. Son expression était si solennelle que je ressentais quelque appréhension intérieure. Devant mon visage angoissé, il réchauffa le ton de sa voix.

-Si je vous parle ainsi, Gwen, c'est parce que je veux que vous soyez préparée à lutter dans les mois à venir. Je suis convaincu que vous allez bien à présent, mais je suis tout autant convaincu que vous aurez à livrer des batailles intérieures avant de retrouver votre état normal. Après tout, vous avez eu quatre opérations en deux ans et vous êtes plus vulnérable aux suites d'une hystérectomie.

Satisfait de m'avoir bien avertie, le Dr. Berguis sourit et me donna une petite tape amicale.

"Souvenez-vous que vous êtes une femme charmante et respectable, avec un mari qui vous aime et des enfants qui ont besoin de vous. Par-dessus tout, n'oubliez pas que Jésus prend soin de vous. Appuyez-vous sur lui quand tout sera sombre. Il est le seul qui puisse vous aider à traverser cette période aussi rapidement et facilement que possible."

J'appréciais les paroles bienveillantes de notre ami, mais j'étais presque certaine que ses avertissements étaient inutiles. J'avais survécu à des mois de convalescence après la naissance de Greg. J'étais sûre d'être capable d'affronter à présent quoi que ce soit. J'avais de l'aide à la maison et David s'était montré plus attaché que jamais en restant avec moi pendant mon séjour à l'hôpital du Michigan. Non, je n'étais pas comme les femmes dont il parlait. Si j'avais appris quelque chose au cours de nos treize années de mariage, c'était bien à dominer ces sentiments, dont parlait le Dr. Berguis. Je me sentais affaiblie physiquement, mais je me rétablirais avec l'aide du Seigneur. Je connaissais bien Sa fidélité.

Pendant notre voyage de retour, notre conversation tourna autour des conseils du Dr. Berguis. Nous appréciions son désir de nous aider à éviter les pièges éventuels, mais nous tendions à minimiser ses craintes. Une remarque de David résumait assez bien mes propres sentiments: "Le Dr. Berguis a vu tant de gens qui ne savent pas mettre leur confiance dans le Seigneur au moment de l'épreuve qu'il croit devoir avertir tout le monde. Si nous devons affronter des difficultés, nous pouvons le faire."

Et avec le sourire, nous rappelions les moments difficiles que nous avions connus. C'est la main dans la main, et échangeant les souvenirs du passé que notre voyage se termina.

En débarquant à l'aéroport Kennedy, notre esprit se débarrassa de tous les avertissements du docteur. Nous nous réjouissions du retour à la maison, du succès de l'opération et de toutes les bénédictions du Seigneur. Il était merveilleux de retrouver les enfants, si joyeux de nous revoir. Debbie qui venait d'avoir douze ans à l'automne commençait à se plaindre de l'autorité d'une "gouvernante" comme elle s'appliquait à appeler Sondra. Elle trouvait qu'elle et Bonnie étaient assez grandes pour s'occuper de la maison et des deux garçons. Elle espérait que mon retour à la maison amènerait le départ de Sondra.

Sondra, elle, était toujours aussi gentille et prétendait ne pas avoir remarqué la froideur des filles à son égard. Je pensais moi-même que nous n'aurions bientôt plus besoin d'aide, mais sur le moment, j'étais heureuse de l'avoir à la maison. Il est difficile de trouver quelqu'un pour ce genre de travail et j'étais encore trop faible pour prendre en mains les responsabilités d'une maison et les soins de deux petits garçons turbulents: Gary sept ans, et Greg, un an.

Nous avions à peine retrouvé un semblant de vie familiale normale que le ministère de David repartit "à plein gaz". On appelait mon mari de partout dans le pays et dans le monde, suite à la parution de son livre La Croix et le Poignard. Don Murray voulait en tirer un film et Pat Boone offrait de jouer le rôle de David.

A l'ouïe de ces nouvelles, je comprenais que David devenait une célébrité, une personnalité publique. C'est alors que les premières attaques de mécontentement firent leur apparition dans mes pensées. Tout en sachant que David ne cherchait pas à se mettre en avant, je commençais à me demander dans quelle mesure cette attention pouvait l'affecter. Il avait lancé cette œuvre sous la direction de l'Esprit de Dieu, mais un homme peut-il rester indifférent devant la gloire? Je me mis alors à surveiller s'il n'y avait pas chez lui quelque signe d'orgueil. J'avais honte de mes pensées, c'était injuste à l'égard de mon mari, qui ne manifestait d'ailleurs aucun changement. David continuait à marcher avec le Seigneur. Et pourtant, je ne pouvais chasser mes craintes et mes soupçons.

Avec les voyages répétés de David, mon impatience augmentait, mais à un tout autre rythme que mon rétablissement. Mes forces étaient encore très limitées et je me disais parfois que je ne serais plus jamais comme avant. Je restais à la maison alors que David voyageait sans cesse. Cela me troublait profondément. Je voulais connaître ces milieux où il exerçait un ministère, rencontrer ceux qui étaient devenus ses amis. Je me demandais même parfois s'ils savaient que David était marié. Mais il était hors de question que je l'accompagne. Un rien me fatiguait.

En peu de temps, mes frustrations affectèrent mon entourage. J'étais tatillonne pour le ménage et reprenais Sondra si elle ne le faisait pas comme je l'entendais ou si elle s'organisait à sa manière. Quand les enfants dérangeaient un jouet ou entraient dans la maison avec les mains ou les chaussures sales, je les sermonnais: il était impossible d'avoir une maison propre s'ils n'y mettaient pas du leur. . .

Sondra était assez sage pour accepter mes critiques sans commentaire, et même les enfants supportaient relativement bien mes colères. Je savais que mon attitude n'était pas bonne et ma honte augmentait un sentiment croissant de culpabilité. Les avertissements du Dr. Berguis sur la mauvaise humeur me revenaient à l'esprit. Mes réactions n'étaient pas surprenantes, mais je m'en voulais de ne pas me discipliner davantage.

Au début, ma prière constante était: "Seigneur, aide-moi". Je voulais prier davantage, faire part à Jésus de mes pensées, de mes craintes, lui demander une abondance de Son amour et de Sa force dont j'avais tant besoin pour affronter les sentiments qui menaçaient de m'écraser. Mais la prière était devenue soudain difficile à formuler, et mon recueillement avec Dieu presque impossible. Alors que j'avais de plus en plus besoin du Seigneur, le temps que je passais avec lui diminuait. J'en souffris au début considérablement, mais petit à petit, j'accordais moins d'importance à ma vie de prière personnelle.

Il fallait absolument que je ne me laisse pas aller à chaque déception, ou frustration de la vie quotidienne. Les petits désaccords entre les enfants devenaient, dans ma pensée, de véritables batailles et je ne pouvais supporter de les entendre se taquiner. Lorsque Debbie et Bonnie faisaient fi de l'autorité de Sandra, je ne pouvais ou ne voulais venir à son secours. Je m'énervais, et les reprenais toutes trois par de violentes paroles.

Mon langage et mes sarcasmes surprenaient mon entourage. Ils me surprenaient moi aussi. "Enfin, Gwen, ce n'est pas toi, me disais-je, tu n'as jamais parlé ainsi de ta vie." Alors, je me mettais à pleurer et décidais à nouveau de me discipliner.

Au début, David n'assista pas à ce bouleversement. Il était si souvent absent qu'il ne voyait pas mes colères, et Sondra comme les enfants étaient trop fidèles pour lui parler de moi. Quand il était à la maison, je me mettais en quatre pour jouer le rôle d'un bonne mère et d'une épouse aimante.

A vrai dire, j'avais une peur horrible de ce qui pourrait arriver si mon mari commençait à se douter de ma situation. Après tout, raisonnais-je, je n'étais plus bonne à rien. J'avais maintenant l'habitude d'être "en mauvais état" deux ou trois fois par an; j'avais besoin de réparations importantes! Quel homme supporterait une épouse pareille? Si David savait dans quel état j'étais, il m'abandonnerait! Les paroles de Sonia au sujet des tentations que mon mari pouvait éventuellement rencontrer dans son ministère me revenaient à l'esprit. David travaillait avec toutes sortes de jeunes gens et de jeunes filles. Comment pouvais-je rivaliser avec eux s'il savait quelle femme je devenais? A force de raisonner, je finissais par passer beaucoup de temps à mon apparence physique et à cacher au maximum le désespoir qui m'envahissait. Il le fallait. Ma vie entière, me semblait-il, en dépendait.

Mais ce jeu ne fit qu'éloigner mon mari, au moment même où j'avais tant besoin de son aide et de son affectueuse compréhension. L'effort de mettre un masque était plus épuisant que je ne l'imaginais et David finit par se rendre compte de mes tensions.

Lorsqu'il était à la maison, il essayait de me faire participer à ses prières au Seigneur pour m'aider à rechercher la force divine. Ses efforts échouaient toujours; mais il continuait à prier pour moi, me soutenant pendant de longues heures devant le trône de grâce. Il donnait aussi des conseils à Sondra et essayait de faire comprendre ma situation aux enfants. Il faisait enfin des efforts surhumains pour être disponible à chacun. Mais le problème numéro 1, c'était moi et j'étais hors d'atteinte!

Dans toutes ces épreuves, je suivais la routine familiale habituelle, m'appliquant à donner de moi la meilleure image possible aux yeux du public. Je maintenais mes activités à l'Eglise, mais des observateurs attentifs auraient pu remarquer mon air fatigué et distant. J'étais présente, mais sur le plan physique seulement. Mon esprit, emprisonné par la crainte, la culpabilité et les soupçons, était loin du Seigneur. Je me savais hypocrite de jouer ainsi à l'épouse chrétienne. J'étais sûre que si tous les paroissiens connaissaient ma vie intérieure, ils m'excluraient de leur assemblée une fois pour toutes.

Je craignais tellement qu'on ne découvre mes pensées que je gardais tout le monde à distance. Ma propre mère habitait tout près de chez nous et j'avais des amis comme Bunny et Sonia qui auraient volontiers pris le temps de m'aider. Mais je ne voulais pas en faire mes confidentes. Il est certain que je ne trompais personne. Ma mère en particulier me connaissait trop bien pour ne pas se rendre compte du masque que je portais. Mais comme elle n'était pas le genre de personne qui donne des conseils ou fait des visites sans y être invitée, il m'était facile de ne pas avoir de contact avec elle. Toutes trois ne pouvaient que me surveiller de loin et attendre que j'ouvre la porte.

Au début, mon entourage, moi y compris, pensait que cette attitude disparaîtrait en quelques semaines.

Même dans ces moments de honte personnelle, j'étais sûre que tout le mal qui m'assaillait me quitterait un jour. Le docteur avait dit que beaucoup de femmes souffraient des mêmes difficultés après une hystérectomie. Mon cas n'était pas plus désespéré que les autres. Cela passerait avec le temps -le temps et le Seigneur.

Mais le temps passait et aucune amélioration n'intervenait. Mes proches commençaient à être fatigués de cette mauvaise humeur constante. Je pouvais noter les expressions réservées sur le visage des enfants qui attendaient mon prochain accès de colère.

Même le petit Greg craignait que je l'embrasse; il avait été si souvent effrayé par mes brusques changements d'humeur. Tout le monde avait assez de mon attitude dont on ne voyait pas venir la fin.

Je crois connaître le moment où David abandonna tout espoir. Pendant plus d'une année après mon hystérectomie, il avait essayé de me comprendre et de supporter mon irritabilité. Il le démontrait de mille manières: il me répétait combien il m'aimait, m'envoyait des fleurs sans raison particulière, me téléphonait tous les jours quand il s'absentait.

Comme c'est souvent le cas dans un mariage, spécialement un mariage qui traverse un conflit aussi long, l'incident qui amena la crise fut banal. Il eut lieu un soir où David était à la maison. Je lisais dans mon lit (pour éviter de parler). Ce soir-là, jouer un rôle d'épouse aimante était un trop gros effort. David s'approcha de moi en souriant, et après avoir prié pour moi, je suis sûre. Il m'avait préparé une tasse de thé, comme j'aimais souvent en boire dans la soirée.

-Voilà chérie, dit-il en posant la tasse et en s'asseyant sur le bord du lit.

Sans lever les yeux de mon livre, je dis d'un ton indifférent: "Non merci, je ne veux pas de thé." Ce qui voulait dire en réalité: "Arrête David, je n'ai pas envie de parler et de faire croire que je me sens bien." Mais David entendit un autre message: "A quoi bon David? Tu ne peux rien faire pour me plaire. Je serai toujours ainsi. Ne cherche pas à me changer. Va-t-en."

Il quitta la pièce sans ajouter un mot. J'entendis qu'il posait la tasse dans l'évier après l'avoir vidée. Je cherchai dans mon esprit quelque chose à dire, une excuse à formuler, mais les larmes me remplirent les yeux. J'éteignis la lumière en pleurant.

Dès lors, David abandonna plus ou moins la partie. Il était poli et aimable, mais une certaine distance avait refroidi nos relations. Je découvris que mes essais limités d'amélioration dépendaient de la bonne volonté et de l'attitude de David. Lorsqu'il s'arrêta de faire attention à moi, il devint la cible de tous mes caprices. Sachant qu'il était sensible au fait qu'on le considérait à présent comme une personnalité, je pouvais facilement le peiner en l'appelant Monsieur le Grand Important - ou Monsieur Show Biz. Je le disais en plaisantant, mais nous savions tous deux que ces paroles cherchaient à le blesser. Alors qu'il se préparait un jour à partir en voyage à l'autre bout du pays, je lui fis remarquer qu'il était une bénédiction à des millions de gens, mais que sa famille était à la maison en se demandant à quoi il ressemblait. Il partait le plus souvent le visage irrité. Dès que la porte se refermait, je fondais en larmes parce que je l'avais laissé partir une nouvelle fois sans le soutien d'une épouse aimante.

J'étais sûre à présent d'être un cas désespéré. Je ne pouvais me supporter, pas plus que les autres ne le faisaient. Mon mari, mes enfants et Dieu lui-même n'avaient pas accès à ma prison intérieure. Il me semblait parfois devenir folle. Je n'étais plus Gwen, celle que David avait épousée. J'eus même la pensée qu'il serait mieux sans moi. Je me demandais pourquoi il ne me quittait pas; mais David semblait résolu à préserver, du moins extérieurement, l'apparence d'un mariage réussi.

La froideur de David persista pendant un mois environ, puis il m'invita à l'accompagner dans un de ses voyages en Californie. J'aurais dû être contente, mais j'étais sûre qu 'il voulait seulement créer l'illusion d'un couple harmonieux. Il l'appela une deuxième lune de miel, un terme' qui me semblait ridicule.

Néanmoins, j'acceptai sa proposition. S'il voulait qu'on nous croit unis, je trouverais bien la force de le faire croire, moi aussi. Du moins, je donnerais une trêve aux enfants.

Des guérisons simultanées

David s'appliqua beaucoup plus que moi à rendre agréable ce voyage en Californie. Il fit de son mieux pour m'entretenir du ministère qui se développait sur la côte Ouest parmi les hippies qui s'étaient installés en divers points de cette région. Son enthousiasme pour ce ministère et l'œuvre parmi les "Jesus People" de cette époque était évident. Préoccupée par mes ennuis, je n'essayais guère de m'y intéresser ou de commenter ce qu'il me racontait. J'avais parfaitement conscience qu'il voulait se donner entièrement à la mission que le Seigneur lui confiait. Je me demandais seulement pourquoi il ne pouvait agir de la même manière dans notre vie conjugale.

J'avais si souvent envisagé la séparation et le divorce au cours des dernières semaines que cette idée finissait par m'attirer. Si mon mari devait passer le restant de sa vie à s'occuper des problèmes des autres plutôt que des miens, il valait mieux vivre des vies séparées. Avec de telles pensées pendant ce voyage, je parvins à arrêter David dans ses efforts de me faire participer à sa vie et à son ministère.

En arrivant à l'hôtel, le contraire se produisit. David avait plusieurs messages téléphoniques qui l'attendaient. Il devait répondre et confirmer les plans de la soirée. C'était à mon tour d'être arrêtée, et je commençais à bouillonner intérieurement. Je ne sais exactement ce qui mit le feu aux poudres, mais je me souviens que pendant quelques minutes incroyables, les insultes fusèrent de part et d'autre et soudain je me retrouvai seule. David était sorti en claquant la porte de telle manière que j'étais sûre qu'il ne reviendrait pas me chercher pour le banquet prévu ce soir-là.

Comment allait-il expliquer mon absence à ses amis? me demandais-je. Il leur dirait sans doute que j'étais fatiguée du voyage. Il sauverait la face et en sortirait frais et pimpant, le vieil hypocrite!

Comme je n'avais personne autour de moi pour servir de cible à mon amertume, je tournais et retournais mes pensées jusqu'à une grande décision: lorsque je rentrerais à la maison, je commencerais les formalités du divorce. Je ferais ainsi comprendre à David qu'il ne pouvait abuser de ma patience. Un divorce ternirait son image de marque et lui montrerait que Gwen Wilkerson demandait des comptes. Mais cette décision ne parvint pas à me calmer.

David ne téléphona ni ne revint à la chambre de tout l'après-midi. Un quart d'heure avant le banquet, j'entendis frapper à la porte. J'allai ouvrir, prête à lancer quelques paroles dures au visage de David, mais à sa place était un étranger qui me salua avec un sourire. Après s'être présenté, il m'apprit qu'il venait me chercher pour aller au banquet. Comme je ne trouvais aucun moyen de refuser son offre sans paraître ridicule, je me préparai à la hâte en méditant ce que j'allais dire à David à la première occasion. Nous partîmes pour une soirée que je n'allais jamais oublier. David devait être l'orateur du banquet avant de se rendre à la salle des fêtes de la ville pour prêcher. En arrivant, j'aperçus mon mari déjà assis à la table principale, le visage serein comme s'il n'avait aucun problème. Cette attitude ne fit qu'ajouter à ma colère. Mais je me forçais à sourire aux personnes à qui je fus présentée. "Quel hypocrite, me dis-je, c'est bien ce qu'il est." Je voulais le crier à haute voix. "Il va se lever et parler de Dieu, et tout le monde pensera que c'est un merveilleux prédicateur. Personne ne saura qu'il se soucie fort peu de sa femme."

Tout au long du repas, je m'efforçais d'écouter mes voisins de table. Tous étaient ravis de me dire quel homme extraordinaire j'avais épousé et combien les chrétiens de la région étaient reconnaissants de son ministère parmi eux. En me mordant la langue pour ne pas raconter ce qui se passait à l'autre bout du pays quand David était absent, je gardais le silence. Mon sourire fut certainement interprété comme une approbation. Pendant le repas, David se leva pour sortir, comme il le faisait souvent avant de parler. Je savais qu'il était allé prier. "Il a bien raison, pensais-je. Il a vraiment besoin de l'aide divine pour s'en sortir cette fois-ci".

Bien que je n'eusse pas noté le moment exact où David avait quitté la table, son absence me parut plus longue que d'habitude. Le président commençait à se sentir mal à l'aise quand David revint. "Il s'est peut-être rendu compte que Dieu n'écoute pas les hypocrites", me dis-je, quand il commença à parler. Mais il ne semblait pas gêné. De temps en temps, je croyais même qu'il me regardait comme pour s'excuser.

"S'il croit que je vais pardonner et oublier la scène de l'hôtel, il se trompe", ruminais-je en silence. Absorbée par une "juste" indignation et un sentiment d'apitoiement, je n'entendis pas son message. Mais par contre, je me joignis à la foule avec politesse quand des applaudissements enthousiastes crépitèrent de toute part.

Soudain, je me rendis compte qu'on avait conduit David à la salle des fêtes où il devait parler une demi-heure plus tard. J'avais espéré que je pourrais éviter la réunion sous prétexte de fatigue, mais cela aurait gêné les personnes charmantes qui m'entouraient. Il fallait me résigner et supporter deux heures encore la célébrité de mon mari.

Je me retrouvai assise aux premiers rangs d'une immense salle. Quelque cinq mille personnes étaient réunies pour entendre le message de la puissance et de l'amour de Dieu annoncé par un homme dont j'allais divorcer. Les gens qui m'entouraient étaient jeunes pour la plupart, des adolescents en quête de réponses à leurs problèmes. Ils pensaient que David Wilkerson avait ces réponses et leur visage exprimait leur attente. Des larmes me montèrent aux yeux en les regardant. Comment David pouvait -il les amener à Celui qui détient la clé, alors qu'il était incapable de trouver l'aide dont nous avions besoin? Je n'aurais pas dû venir, c'est sûr! Mais le programme avait commencé, je ne pouvais y échapper.

Ce qui suivit reste merveilleusement inexplicable. Le message de David s'adressait aux jeunes, un simple message sur l'amour de Jésus. Je l'avais souvent entendu dans des réunions semblables. Les paroles qu'il prononçait étaient simples, et sa façon de les présenter n'avait rien de spécial. Tout en écoutant d'une oreille distraite, je me mis à le regarder avec une attention qui pouvait sembler exceptionnelle. Soudain, j'eus l'impression qu'il était auréolé de lumière. C'était indiscutablement la main du Seigneur qui revêtait du Saint-Esprit cet homme que je repoussais dans mes pensées.

"Comment est -il possible, me demandais-je, que le Seigneur se serve de lui si tout va mal dans sa vie privée? Comment Dieu peut -Il remplir de son Esprit quelqu'un d'aussi indigne?"

C'est alors que Dieu lui-même répondit à ma question. La lumière qui entourait David s'approcha de moi et j'eus soudain conscience de la présence de Jésus. Je fus immergée de la tête aux pieds dans une merveilleuse chaleur, jusqu'à me sentir complètement unie à Dieu.

Je compris que la guérison intervenait, sans pouvoir en saisir la nature profonde. Je relevai la tête pour regarder David. Il avait les yeux sur moi et une étincelle jaillit à nouveau entre nous. Le Saint-Esprit œuvrait dans nos cœurs en même temps. Les larmes coulèrent sur mes joues et sur ma robe. Pour la première fois depuis des mois, je pouvais bénir Dieu pour Sa bonté et Sa miséricorde.

Quelques instants plus tard, David termina son message, presque brusquement. Oubliant les gens qui m'entouraient et sans me préoccuper de mon attitude quelque peu surprenante, je courus dans les coulisses à la recherche de mon mari. Il venait de quitter la salle et me cherchait lui aussi. Nous tombâmes dans les bras l'un de l'autre. Riant et pleurant à la fois, nous étions comme deux jeunes amoureux qui se retrouvent après des mois d'absence, et c'était bien le cas!

En constatant soudain que les responsables de la réunion nous regardaient sans comprendre, David se détacha et alla saluer diverses personnes. Puis, bras dessus, bras dessous, le cœur en fête, nous reprîmes le chemin de l'hôtel. Nous avions hâte de nous retrouver seuls et de jouir à nouveau l'un de l'autre. David décrocha même le téléphone.

Avec deux ou trois jours de plus à l'hôtel, la deuxième lune de miel que nous attendions depuis si longtemps devint une réalité. Cela avait valu la peine d'attendre! Au début, nous nous réjouissions simplement de la guérison de notre mariage sans chercher à analyser ce qui s'était passé. Nous savions que Jésus avait fait pour nous ce que nous avions été incapables de faire nous-mêmes: déverrouiller la porte de notre amour mutuel, amour qu'Il nous avait donné au début et qui ne s'était jamais vraiment éteint.

En reprenant le chemin de la maison, nous étions suffisamment remis pour parler objectivement de notre vie conjugale. Nous reconnaissions que le Seigneur venait de nous donner un nouveau départ, mais qu'Il voulait que nous nous appliquions à marcher avec lui dans Ses voies. Il nous avait rendus conscients de nos erreurs de la dernière année, et des années précédentes. Nous savions que ces mêmes erreurs, si elles n'étaient pas corrigées, ou si elles se répétaient, pouvaient à nouveau détériorer nos relations. Pour la première fois, nous parlâmes de notre responsabilité mutuelle pour une vie conjugale réussie.

Nous étions effrayés de découvrir à quel point nous avions été près d'une séparation.

Lorsque j'ai quitté la table du banquet pour prier, j'étais si bouleversé par nos relations que je décidai de partir pour le Mexique et de tout abandonner, confessa David. Je suis encore émerveillé de voir comment le Seigneur m'a ramené!

En apprenant ces nouvelles déconcertantes, je racontai à David ma résolution de demander le divorce dès notre retour à Long Island. "Tu sais David, dis-je un peu rêveuse, seule la grâce du Dieu pouvait nous arrêter à temps."

-C'est bien vrai, acquiesça-t-il. Mais la même grâce qui nous a guéris nous est offerte pour l'avenir. Notre souffrance cette dernière année n'a pas été vaine. Je suis sûr que le Seigneur a encore beaucoup à nous apprendre. Demandons-lui de nous montrer le profit que nous pouvons en tirer.

Et nous avons prié. Nous avons demandé à Dieu d'éclairer nos problèmes. La guérison commencée à Los Angeles devait continuer pendant des mois. Nous avions beaucoup à rattraper.

-Je sais que ma maladie a joué un grand rôle dans mes problèmes, dis-je à David; mais je ne sais comment nous aurions pu l'éviter. Il fallait que je subisse cette hystérectomie, n'est-ce pas? J'étais sincèrement perplexe car je pensais que nous avions recherché la volonté de Dieu, davantage même que pour mes opérations précédentes. Pourquoi cette fois avais-je perdu la bataille du rétablissement? Tout cela restait un mystère.

-Je ne sais si nous apprendrons un jour pourquoi il te fallait cette opération, répondit David. Mais, chérie, je crois que c'était une bonne décision. Toutefois, nous avons, petit à petit, pris l'habitude de te voir malade. Cela faisait partie de notre couple. J'ai oublié quelque part dans ce cheminement, que tu étais ma femme qui venait d'être très ébranlée dans sa santé. Je commençais à te considérer comme une invalide chronique. Je suppose que tu es tombée dans le même piège. Dès que nous nous sommes arrêtés de considérer ta maladie comme une rechute temporaire et que nous l'avons acceptée comme faisant partie de notre vie, nous lui avons laissé la liberté de diriger nos relations personnelles. Les problèmes de santé, les finances, les enfants ou même mon ministère ne doivent en aucune manière prendre le dessus dans notre vie conjugale.

Je savais que David avait raison. J'avais commencé à considérer la fatigue et la mauvaise humeur comme des maîtres auxquels j'étais soumise et qui décidaient de mon attitude et de mes actions. C'était en quelque sorte une troisième personne qui s'intercalait entre David et moi, un être désagréable, capricieux qui faisait tout mal aller, par sa simple présence.

Il était vrai aussi que le travail de David pouvait s'imposer dans nos relations si nous ne prenions pas garde. J'avais déjà connu la jalousie et le ressentiment au cours des années. Nous avions à nous efforcer de trouver le juste équilibre des priorités dans notre vie de famille. Et pourtant, je savais que David était le serviteur du Seigneur. Dès notre première rencontre, j'avais compris qu'il était appelé par Dieu pour une mission spéciale. Mais les exigences de son ministère ne seraient pas un problème si je gardais à l'esprit que Dieu était le véritable Chef de notre famille.

Je rendis alors David au Seigneur. En voulant occuper la première place dans la vie de mon mari, j'avais cherché à le séparer de son Seigneur. C'est ainsi que je l'avais presque perdu moi-même!

Nous avons aussi parlé du déclin de ma vie spirituelle. En considérant honnêtement la distance que j'avais laissé s'installer entre mon Sauveur et moi, j'étais effrayée. J'avais abandonné la discipline de toute une vie. David s'était senti partiellement responsable de cet état de choses; il pensait qu'il aurait dû insister pour que je prie et lise la Parole de Dieu avec lui, mais je me jugeais responsable de mes actions dans ce domaine. C'était à moi de faire passer en priorité ce qui devait l'être; j'étais la seule à blâmer d'avoir laissé la fatigue dominer mes relations avec le Seigneur et avec mon mari. Après avoir demandé à Jésus de nous pardonner de ne pas avoir cherché en lui les ressources nécessaires, je résolus de ne plus jamais laisser quoi que ce soit me couper de Son amour et de Sa force.

Pendant les mois qui suivirent notre retour à la maison, David et moi prenions le temps, à intervalles fréquents, de parler longuement de chaque aspect de notre vie conjugale. Nos conversations abordaient les enfants, Sondra, mes parents et le ministère de David. Chaque détail de notre vie à deux et individuelle était examiné pour y découvrir les points faibles de nos relations. Ces examens étaient difficiles, mais en valaient la peine. Le Seigneur nous montra ce que nous devions savoir et comment prévenir une répétition des tristes événements passés. Nous pouvions enfin travailler ensemble à notre principal investissement: notre vie conjugale. Ce fut une époque de croissance et de grandes découvertes.

Fidèle à son conseil de ne pas nous cacher mutuellement le moindre problème de santé, David m'apprit un jour qu'il souffrait d'un ulcère depuis quelque temps, ulcère dû sans doute en partie aux pressions qu'il avait subies, et en partie à une tendance héritée de son père. Nous avons prié ensemble et l'un pour l'autre, demandant à Dieu la guérison physique, lui qui avait opéré un tel miracle dans notre vie spirituelle.

Nos prières pour mon rétablissement furent bientôt exaucées. Petit à petit, la fatigue et la faiblesse me quittèrent et je retrouvai la vitalité d'autrefois. J'appris aussi à mieux m'organiser et à accepter l'aide de Sondra et de ma famille. Etre tout à tous me parut soudain moins important que de m'occuper de moi, afin de donner chaque jour le meilleur de mes ressources aux occasions de service pour le Seigneur.

En découvrant sans cesse une joie nouvelle dans notre vie conjugale et notre foyer, David et moi étions plus que jamais amoureux l'un de l'autre. C'était un véritable miracle que d'être aussi heureux ensemble, après quinze ans de mariage et au bord d'une séparation. Nous savions qu'à l'avenir, quel que soit le chemin où Jésus nous conduirait, nous serions unis pour répondre à Son appel.

Cette conviction ne vint pas trop tôt, car nous allions connaître un changement de direction dans nos vies. Cette fois, Dieu se servit des problèmes de santé de David pour nous montrer le nouveau ministère qu'I! attendait de nous.

 

Les débuts de l'église Times Square Church

Par David Wilkerson

"En 1986, je suis revenu pour un rassemblement dans la rue. J'ai vu des gosses de 9, 10 et 11 ans bombardés par la cocaïne de première classe. J'ai arpenté la 42ème rue et on vendait de la cocaïne. Len Bias, le célèbre basketteur, venait de mourir d'une surdose de cocaïne et le trafiquant hurlait: "Hé, j'ai la substance qui a tué Len." J'ai pleuré et j'ai prié: "Dieu, Tu dois lever un témoignage dans cet endroit diabolique. Il semble que le diable ait établi son royaume à New York. C'est le trône de Babylone."

La réponse n'a pas été ce que j'aurais voulu entendre. "Bien, tu connais la ville. Tu as été ici. Fais-le." Cela m'a choqué parce que j'étais sur le point de partir à la retraite. J'étais sur le point d'aller dans le Colorado pour écrire des livres. Ou en Russie ou en Europe de l'Est pour prêcher. Ce n'était pas que j'étais las; c'était juste que j'avais fait mon temps, avec 30 années passées dans les rues et les centres de drogués dans le monde entier.

Pendant deux nuits, j'ai seulement marché dans les rues en pleurant et priant que Dieu amène quelqu'un d'autre. "Et ensuite j'ai eu la pensée suivante : " Supposons que je le fasse, comment le dirai-je à ma femme ? Nous avons une belle maison dans le Texas sur un lac. Nous avons aménagé notre quartier général là-bas. Comment vais-je lui dire que nous allons nous installer dans la ville ?" Quand je suis retourné à l'hôtel, elle avait prié. "Nous retournons à New York, n'est-ce pas ?" a t-elle dit. Je suis retourné au Texas et j'ai passé trois mois sur ma face. J'ai juste tout fermé et je me suis enfermé dans ma chambre à la recherche de Dieu. C'était à ce moment-là que le Seigneur nous a fait la promesse que si nous venions à Times Square et que nous faisions Sa volonté, Il nous mettrait dans un beau bâtiment qui nous couperait le souffle. Ce bâtiment serait au-delà de ce que nous pourrions imaginer. Et Il le remplirait de personnes. Le Seigneur nous a aussi promis que nous ne devrions pas nous inquiéter des finances - que Lui, notre grand Dieu pourvoirait aux besoins."

 

La Vision et les Autres Ecrits

La Vision de David Wilkerson, éditions VIDALa première vision que Dieu donna au pasteur Wilkerson survint en 1958. Dans cette vision, le Seigneur lui ordonna d'aller à New York. La deuxième fut une vision de catastrophes tragiques qui frapperaient la Terre. Le message était si effrayant, si apocalyptique et si dérangeant que le pasteur Wilkerson ne put vraiment rien faire d'autre que de se mettre à genoux, le cœur transpercé. Dieu le guida divinement pour qu'il mît par écrit la vision et un an plus tard, en 1974, "La Vision" fut publiée sous forme de livre. Parmi les presque quarante livres que le pasteur Wilkerson a écrits, plusieurs des titres récents portent un message prophétique : "Sonne la Trompette et Avertis Mon Peuple", "Le Dernier Appel pour l'Amérique" et "Le Plan de Dieu Pour Protéger Son Peuple Dans la Dépression Qui Vient". Ces livres d'avertissement sont tous centrés sur un fort message biblique d'espoir. Ses autres livres comprennent : "Revival on Broadway" (Réveil à Broadway), "Hungry for More of Jesus" (Une Plus Grande Faim de Jésus), "I'm Not Mad at God" (Je ne suis pas Fou de Dieu), "Have You Felt Like Giving Up Lately?" (Avez-Vous Eu Envie de Renoncer Récemment?), "Suicide and Sipping Saints" (Suicide et Saints Buvant à Petites Gorgées). Son livre le plus récent, "The New Covenant Unveiled" (Voile Levé sur l'Alliance Nouvelle), traite de la vérité de l'alliance de Dieu avec Son peuple, alliance qui détruit le péché et donne la vie.

Pour tout contact:

World Challenge, BP 260, Lindale, TX 75771-0260, Etats-Unis - Tél.: +1 903-963-8626 - Fax: +1 903-963-5186 - Email: Texas@worldchallenge.org - Librairie de World Challenge

Times Square Church, 1657 Broadway, New York, NEW YORK 10019, Etats-Unis - Tél.: +1 212-541-6300

Références:

  • Site Web officiel de David Wilkerson
  • "Solitaire mais jamais seul", Nicky Cruz - Editions VIDA - Utilisé avec permission
  • "Par Sa Force" (Abiding In Him), Gwen Wilkerson - Editions VIDA, 1979 - Utilisé avec permission

Revenir en haut

 


Accueil | Auteurs | Biographies | Thèmes | Réveils | Livres/K7/CD | Liens | Traduction | Sentinelle 24-7 |  
Vision & Historique | Séminaires | E-mail

Copyright © 2003. Ensemble Rebâtissons la Maison.