Richard
et Sabina Wurmbrand
LA VOIX DE L'EGLISE DU SILENCE
Compilé par Ensemble Rebâtissons
la Maison
Biographie
de Richard Wurmbrand
Le
pasteur Richard Wurmbrand était un pasteur évangélique
qui passa quatorze années de sa vie emprisonné et torturé
par les communistes dans son pays natal de Roumanie. Il était l’un
des responsables les plus connus de croyants juifs en Roumanie. Il fut
aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur la persécution et la consécration
totale à Christ. En 1945, lorsque les communistes se saisirent
de la Roumanie et tentèrent de contrôler les églises
à leurs fins, Richard Wurmbrand commença immédiatement
un ministère "souterrain" efficace en faveur de son peuple opprimé
et des soldats de l’occupation russe. Il fut finalement arrêté
en 1948. Richard passa trois années de solitude totale, ne voyant
personne d’autre que ses tortionnaires communistes.
Sa femme, Sabina, également
juive, fut contrainte à travailler comme esclave ouvrière
agricole pendant trois ans. A cause de son statut international de responsable
juif messianique, les diplomates d’ambassades étrangères
s’enquirent de la sécurité de Richard auprès du gouvernement
communiste. On leur répondit qu’il s’était enfui de Roumanie.
La police secrète, déguisée en collègues prisonniers
relâchés, dit à son épouse d’assister à
son enterrement dans le cimetière de la prison. Le pasteur Wurmbrand
fut relâché à l'occasion d'une amnistie générale
en 1964. Réalisant le danger d’un troisième emprisonnement,
des chrétiens de Norvège négocièrent avec
les autorités communistes sa libération de Roumanie. Le
"prix pour la liberté" pour un prisonnier était de $1900.
Le prix qu’elles fixèrent pour Wurmbrand fut de $10 000. En mai
1966, il témoigna devant le Sous-comité Interne de Sécurité
du Sénat à Washington, et se mit torse nu pour montrer dix-huit
blessures profondes dues à la torture recouvrant son corps. Son
histoire fut rapportée par des journaux du monde entier, aux Etats-Unis,
en Europe et en Asie.
Le pasteur Wurmbrand a été
appelé "la Voix de l’Église Souterraine". Ses livres sont
des best-sellers dans plus de cinquante langues. Vous pouvez obtenir une
copie gratuite de son livre "Tortured for Christ" (Torturé pour
Christ) en vous abonnant à la lettre de nouvelles sur la liste
de diffusion de Voice of Martyrs.
Richard Wurmbrand fonda l'organisation
"Voix des Martyrs", œuvre destinée à venir en aide aux chrétiens
persécutés dans le monde entier. Il décéda
à l'hôpital dans l’après-midi du samedi 17 février
2001, aux Etats-Unis. Avec lui s’éteignit l’un de ces témoins
martyrs de la foi - dont parle Hébreux 11 - de notre époque
contemporaine.
"Mes prisons avec Dieu"
Notre
christianisme en Occident, de par la liberté de culte et le confort
matériel dont nous jouissons, a exclu l'expérience de la
souffrance comme moyen divin de croissance à la fois individuelle
et collective. La profondeur du vide intérieur, l’adversité
des puissances démoniaques opposées à l’Évangile
de Jésus-Christ et animant les idéologies humaines qui contrôlent
les terres des martyrs –Corée du Nord, Birmanie, Chine, Laos, pays
islamistes, etc.- sont étrangères à notre expérience
chrétienne normale. Or les saints les plus consacrés, dans
toute l'histoire de l'Église, ont connu les épreuves les
plus atroces et les privations les plus pénibles. Le sang précieux
de ces hommes et femmes persécutés pour leur foi parle mieux
que celui d'Abel. Il nous transmet la transpiration de leur âme,
et nous communique les larmes qu’ils ont versées. Richard Wurmbrand
est l'un de ceux-ci. Il passa quatorze années dans les prisons
communistes de Roumanie, dont près de trois années de solitude
complète en cellule d'isolement. Les nombreuses expériences
qui furent les siennes sont décrites dans un grand nombre de livres
qui devinrent des best-sellers. Dans un de ses livres, il raconte dans
un poème ce qui fut l'une de ses plus profondes expériences
spirituelles :
"Seul dans ma cellule, maintenant,
je pouvais sentir presque physiquement la présence de Satan. Il
faisait sombre, froid, et il se moquait de moi. La Bible parle de lieux
retirés où les esprits mauvais dansent, et j'étais
dans un de ces lieux. J'entendais sa voix, jour et nuit : "Où donc
est ton Jésus? Ton sauveur ne peut pas te sauver. On t'a menti,
et tu as menti aux autres. Il n'est pas le Messie ! Tu t'es trompé
de personne!" Alors j'ai crié : "Et qui est le vrai Messie qui
doit venir?" La réponse fut simple, mais trop blasphématoire
pour être répétée ici. J'avais écrit
des livres et des articles prouvant que Jésus était le Messie,
mais je n'avais pas même un seul argument à présenter.
Le diable, qui était parvenu à faire douter en prison Nils
Hauge, le grand évangéliste norvégien, qui avait
fait de même à Jean le Baptiste dans son donjon, s'acharnait
contre moi. J'étais sans défense. Ma joie, et ma sérénité,
tout s'en était allé. J'avais senti le Christ si proche
de moi auparavant, enlevant mon amertume, illuminant mes ténèbres,
mais à ce moment je criais : "Eli, Eli, lama sabachtani". J'étais
totalement seul, abandonné. Durant ces jours effroyables de ténèbres,
lentement j'ai composé un poème, qui ne serait pas aisément
accepté par ceux qui n'ont pas connu les mêmes expériences
physiques et spirituelles. Ce poème me sauva. Avec ses mots, leur
rythme, et leur répétition, j'ai réussi à
vaincre Satan. Voici, sans les rimes, ni le rythme, le poème dans
son sens exact traduit du roumain :
Depuis mon enfance j'ai fréquenté
églises et temples,
En eux, Dieu est glorifié.
Différents prêtres
chantaient, avec zèle.
Ils disaient qu'il était
bon de T'aimer.
Mais en grandissant, je vis
tellement de malheurs
dans le monde de ce Dieu
que je me dis à moi-même :
"Il a un cœur de pierre.
Autrement, il ôterait les difficultés de notre chemin."
Des enfants malades luttant
contre la fièvre dans des hôpitaux,
pendant que leurs parents
prient pour eux.
Le Ciel reste sourd.
Ceux que nous aimons partent
pour la vallée de l'ombre et de la mort,
et pourtant nous avions prié
très longtemps.
De jeunes hommes innocents
brûlent vif dans une fournaise.
Et le Paradis est silencieux.
Il laisse les choses se faire.
Dieu ne s'est-Il jamais posé
la question de savoir si, même à voix basse,
les croyants eux-mêmes
ne commençent pas à douter?
Affamés, torturés,
persécutés dans leur propre patrie,
leurs questions demeurent
sans réponse.
Le Tout-Puissant n'est pas
concerné
par les horreurs qui sont
notre lot.
Comment puis-je aimer le
Créateur des microbes,
et des tigres mangeurs d'hommes?
Comment puis-je aimer Celui
qui torture tous ses serviteurs
parce que l'un d'eux une
fois a mangé d'un arbre?
Plus triste que Job, je n'ai
plus ni femme, ni enfants, ni consolateurs,
Et dans cette cellule, il
n'y a pas de lumière, pas même un peu d'air,
c'est trop dur à supporter.
De mon lit en planches, ils
me feront un cercueil.
Étendu sur mes planches,
je me demande encore
pourquoi mes pensées
vont vers Toi,
pourquoi mes écrits
vont vers Toi?
Pourquoi j'ai cet amour passionné
pour Toi,
pourquoi je n'arrive pas
à chanter à quelqu'un d'autre qu'à Toi?
Je sais que je suis rejeté.
Dans un petit moment, je
serai dans un trou, en train de pourrir.
La fiancée du Cantique
des cantiques ne T'aime pas
lorsqu'elle demande si Tu
es "correctement aimé".
L'amour est à lui-même
sa propre justification.
L'amour n'est pas pour les
hommes sages.
Même si mille embûches
se dressaient sur sa route, elle continuerait d'aimer.
Même si le feu la brûlait
ou si les vagues l'emportaient,
elle continuerait d'embrasser
la main qui la blesse.
Si elle ne trouve aucune
réponse à ses questions, elle a confiance et elle attend.
Un jour, dans ces lieux retirés,
le soleil brillera
et tout ce qui est caché
sera révélé pleinement.
Le pardon de ses nombreux
péchés n'a fait qu'augmenter l'amour ardent de Madeleine.
Mais elle a donné
son parfum, et versé ses larmes
avant que Tu ne lui adresses
les mots du pardon.
Si ces mots n'étaient
pas sortis de Ta bouche, elle serait restée là,
à T'aimer, en restant
dans ses péchés.
Elle T'aimait avant que Ton
sang ne se mette à couler.
Elle T'aimait avant que Tu
ne la pardonnes.
Je ne demande pas non plus
s'il est bon et légitime de T'aimer.
Je ne T'aime pas pour obtenir
un jour le salut.
Je T'aimerai même si
mes malheurs durent éternellement.
Je T'aimerai jusque dans
le feu de l'enfer.
Si Tu avais refusé
de descendre jusqu'aux hommes,
Tu serais resté mon
rêve, lointain.
Si Tu n'avais pas voulu semer
Ta Parole,
je T'aurais aimé sans
l'avoir entendue.
Si le jour de la crucifixion,
Tu avais hésité et même si Tu T'étais enfui,
et que le salut n'existait
pas, je T'aimerais quand même.
Et si j'avais découvert
qu'il y avait du péché en Toi, je le couvrirais de mon amour.
Maintenant, je n'ai plus
peur de dire les paroles d'un fou,
pour que tous sachent combien
je T'aime.
Maintenant, je vais faire
vibrer des cordes que personne n'a jamais touchées
et je vais Te magnifier avec
une musique nouvelle.
Si des prophètes annonçaient
quelqu'un d'autre,
je les quitterais pour rester
avec Toi.
Qu'ils produisent un millier
de preuves, mon amour n'ira qu'à Toi.
Si j'étais divinement
averti que Tu fus un trompeur,
en pleurant je prierais pour
Toi,
Et même si je ne Te
suivais pas dans l'erreur,
mon amour ne diminuerait
pas pour Toi.
Pour Saül, Samuel passa
sa vie dans le jeûne et les larmes.
Même si j'apprenais
que Tu avais échoué, mon amour résisterait.
Si c'était Toi et
pas le diable qui T'étais révolté contre le ciel,
et avais perdu la sympathie
des anges,
Si Tu étais tombé
comme un archange, de haut, de très haut, sans espoir,
Moi je continuerais d'espérer
que le Père Te pardonne
Et qu'un jour Tu marcherais
de nouveau dans les rues pavées d'or du Ciel.
Si Tu n'étais qu'un
mythe, je fuirais la réalité et me réfugierais avec
Toi dans le rêve.
Si l'on me prouvait que Tu
n'existes pas, c'est mon amour qui Te donnerait la vie.
Mon amour est fou, sans motif
et sans raisons, comme le Tien.
Seigneur Jésus, trouve
un peu de bonheur dans ce lieu où je me trouve.
Je ne puis pas T'offrir plus.
Après avoir composé
ce poème, je n'ai plus jamais senti la proximité de Satan.
Il était parti. Dans le silence, je sentais le baiser de Christ.
Le monde entier est silencieux quand on l'embrasse. Le calme et la joie
revinrent. "
"…Je passai deux années,
isolé dans une cellule. Je n’avais rien à lire, rien pour
écrire. J’avais mes pensées pour seules compagnies. Or j’étais
un homme d’action plus qu’un contemplatif.
Avais-je vraiment vécu
pour servir Dieu, ou simplement exercé ma profession [de pasteur]?
Les gens s’attendent à ce que les pasteurs soient des modèles
de sagesse, de pureté, de sincérité; ils ne peuvent
pas toujours l’être véritablement, parce que ce sont aussi
des hommes; ils commencent donc, à un degré plus ou moins
grand, par jouer le jeu, puis au fur et à mesure que le temps passe,
ils sont incapables de dire quelle part de comédie il se trouve
dans leur comportement.
Je me souvenais du profond
commentaire qu’écrivit Savonarole sur le Psaume 51 alors qu’il
était en prison et tellement roué de coups qu’il ne put
signer ses propres "aveux" que de la main gauche. Il disait qu’il y a
deux sortes de chrétiens : ceux qui croient sincèrement
en Dieu et ceux qui, tout aussi sincèrement, croient qu’ils croient.
On peut les reconnaître à leur comportement dans les moments
décisifs. Si un voleur qui avait projeté de cambrioler une
riche demeure aperçoit dans les parages un inconnu qui pourrait
être un policier, il se cache. Si, réflexion faite, il pénètre
quand même dans la maison, cela prouve qu’il ne croit pas que l’homme
est un représentant de la loi. Nos actes témoignent de nos
convictions.
Croyais-je en Dieu ? L’heure
de vérité avait sonné. J’étais seul. Il n’y
avait pas de salaire à gagner, pas d’avis précieux à
prendre en considération. Dieu ne m’offrait que la souffrance :
allais-je continuer à l’aimer ?
…J’appris peu à peu
que sur l’arbre du silence pousse le fruit de la paix. Je commençais
à prendre conscience de ma vraie personnalité, et à
être sûr qu’elle appartenait au Christ. Je découvris
que même dans cette cellule mes pensées et mes sentiments
se tournaient vers Dieu et que je pouvais passer nuit après nuit
en prières, exercices spirituels et louanges. Je savais à
présent que je ne jouais pas la comédie et que je croyais
à ce que je croyais.
Je mis au point une routine
à laquelle je me tins durant les deux années suivantes.
Je restais éveillé toute la nuit. Lorsqu’à dix heures
la sonnerie donnait le signal du sommeil, je me mettais à l’œuvre.
Quelquefois j’étais triste, quelquefois joyeux, mais les nuits
n’étaient jamais assez longues pour tout ce que j’avais à
faire.
Je commençais par
une prière d’où les larmes, des larmes de reconnaissance
souvent, étaient rarement absentes. Les prières, comme les
signaux radio, s’entendent mieux la nuit; c’est alors que se livrent les
plus grandes batailles spirituelles. Ensuite, je prononçais un
sermon comme je l’aurais fait à l’église, débutant
par "frères bien-aimés", dans un chuchotement que nul garde
ne pouvait entendre, et terminais par "amen". Je prêchais avec la
plus grande sincérité. Je n’avais pas besoin de me préoccuper
de ce que penserait l’évêque, de ce que dirait l'assemblée,
de ce que les mouchards répéteraient. Je ne prêchais
pas dans le vide. Chaque sermon est entendu par Dieu, ses anges et ses
saints; mais je sentais qu’il y avait aussi parmi mes auditeurs invisibles
ceux qui m’avaient amené à la foi, mes ouailles vivantes
ou mortes, ma famille et mes amis. Ils étaient "cette nuée
de témoins" dont parle la Bible. Je faisais l’expérience
de la "communion des saints" du credo."
Après quatorze années
d’emprisonnement, de sévices et de tortures dans les prisons communistes
de Roumanie, Richard Wurmbrand, retrouvant finalement la liberté,
dit qu’il eut l’impression, en quittant ce monde carcéral où
il fit de puissantes expériences spirituelles au milieu de ses
souffrances, que c’était comme redescendre de la montagne de Dieu.
Il explique plus loin, dans
son ouvrage "Mes prisons avec Dieu" (p. 41) :
"…Tous les chrétiens
ne sont pas des disciples du Christ, dans le vrai sens du terme. L’homme
qui entre chez le coiffeur pour se faire raser ou qui commande un costume
chez le tailleur n’est pas un disciple, mais un client. De même
celui qui va au Sauveur seulement pour être sauvé est le
client du Sauveur, non son disciple. Le disciple est celui qui dit au
Christ : "Comme j’aimerais faire le même travail que toi ! Aller
d’un endroit à un autre pour en chasser la peur et lui substituer
la joie, la vérité, la consolation et la vie éternelle
! "
" … Des millions d’êtres
humains invoquent le Père chaque jour. Mais puisque nous sommes
les enfants de Dieu, et puisque les enfants partagent les responsabilités
de leur père, alors ces prières s’adressent aussi à
nous. Le Père que tous prient n’est-il pas dans mon cœur ?
Ainsi lorsque je dis "Que
ton nom soit béni", j’ai moi-même à bénir le
nom de Dieu. "Que ton règne vienne", je dois lutter pour abattre
les puissances du mal qui régissent une grande partie du monde.
"Que ta volonté soit faite", et la volonté des bons, non
celle des méchants. "Pardonne-nous nos péchés", il
faut aussi que je pardonne; "Délivre-nous du mal", je dois donc
faire tout ce que je peux pour libérer l’homme du péché".
Biographie de Sabina Wurmbrand
Peu de femmes ont été
éprouvées dans leur foi comme Sabina Wurmbrand. Pendant
les quatorze années d’emprisonnement de son mari, Richard Wurmbrand,
les communistes lui dirent à de nombreuses reprises : "Divorce
d’avec lui, il est mort." Mais Sabina écouta la petite voix calme
de Dieu, sachant que son mari était vivant. Pendant ce temps, Sabina,
de façon désintéressée, s’occupa des autres
croyants de l’Église souterraine qu’ils avaient démarrée
ensemble tout en se battant durement pour sa survie et celle de leur petit
garçon. Sabina fut assujettie à des privations et des souffrances
incroyables.
Les Nazis assassinèrent
ses parents, quatre de ses frères et sœurs et cinq enfants adoptés,
et pourtant elle ne devint jamais amère ou pleine de ressentiment
mais continua à manifester de l’amour envers tous. Sabina ne réfréna
jamais ses efforts pour poursuivre l’œuvre que son mari avait initiée,
celle d’unir l’Église souterraine. Vivant dans la crainte quotidienne
d’être découverte, sa foi fut testée jusqu’à
ses limites et elle demeura ferme dans son amour pour le Dieu d’Israël.
Elle fut elle-même arrêtée en 1948 pour avoir évangélisé
de façon subversive en Roumanie et passa trois années comme
esclave ouvrière agricole sur le Canal du Danube qui ne fut jamais
achevé. Néanmoins, elle survécut afin de raconter
son histoire. Elle est véritablement une remarquable femme de Dieu.
Son livre "The Pastor’s Wife" (La femme du pasteur) est un livre incontournable
que tous devraient lire.
Se préparer à la souffrance
et à la persécution en Occident
De tels témoignages
nous aident à ressentir, en tant qu'Église libre d'Occident,
une partie de l'agonie et de l'affliction des chrétiens de l'Église
du silence, pour lesquels suivre Jésus-Christ équivaut à
une sentence de mort. En face d'un engagement si total pour le Sauveur,
nos modèles d'adoration, de consécration et de maturité
chrétiennes dans nos pays libres, ne semblent-ils pas en réalité
bien fades? Qu’avons-nous fait de la croix du Sauveur? Que signifie pour
nous "renoncer à tout pour suivre Christ"? Quels sont nos modèles
de foi et d'excellence chrétiennes? Avons-nous un seul moment intégré
l'idée de la souffrance et de la persécution dans notre
croix quotidienne et dans notre vie communautaire d'Église? Y sommes-nous
préparés?...
La sclérose de la
foi en Occident ne peut être imputée qu'à la pléthore
de nos richesses et à la multitude de nos occupations individuelles
ou ecclésiales, en apparence légitimes et nécessaires,
mais ne constituant certainement, en vérité, que des œuvres
inutiles et mortes dont nous ne pouvons pas nous passer. Il est fort probable
que nous soyons devenus si riches en nous-mêmes que nous n'avons
plus besoin de Dieu, et que nous ne le désirons pas au point que
ce désir soit devenu une question de survie, et même de vie
ou de mort. Nos maisons sont remplies d'abondance et fleurissent dans
le confort de notre société de consommation et de hautes
technologies - et dehors, le monde soupire et agonise, croule dans la
misère et meurt dans ses péchés! Notre christianisme
rejette vigoureusement la promesse des persécutions que nous a
laissée Jésus (Marc 10:30). Notre piété est
bien souvent un vêtement de paille qui n’a pas en elle la force
pénétrante de l’amour sacrificiel véritable pour
Christ. Cette parole du pieux Sadhou Sundar Singh ne peut être plus
appropriée ici : "Dire que le christianisme est un échec
en Europe et en Amérique est une grave erreur et n'est pas basé
sur l'expérience. Pourtant, dans mes voyages en Occident, j'ai
trouvé les gens si occupés par leur travail, leurs affaires,
leur bureau, leur commerce, qu'ils n'ont plus de temps pour prier et recevoir
les bénédictions de l'Évangile."
Richard Wurmbrand a dit :
"Dans un pays libre, pour être membre d’une église, il est
suffisant de croire et d’être baptisé. Dans l’Église
souterraine, ce n’est pas suffisant d’en être membre. Vous pouvez
être baptisé et vous pouvez croire, mais vous ne serez pas
un membre de l’Église souterraine à moins que vous ne sachiez
comment souffrir... Il est fort probable que vous ayez la foi la plus
puissante du monde, mais si vous n’êtes pas préparé
à souffrir, alors le jour où vous êtes pris par la
police, vous aurez deux claques et vous ne déclarerez rien. Ainsi
la préparation à la souffrance est l’un des éléments
essentiels dans la préparation du travail souterrain. Un chrétien
ne panique pas s’il est jeté en prison. Pour le croyant ordinaire,
la prison est un nouvel endroit où il peut témoigner pour
Christ. Pour un pasteur, la prison est une nouvelle paroisse. C’est une
paroisse sans grands revenus mais avec de grandes opportunités
de travail. Je parle un peu de cela dans mon livre "With God In Solitary
Confinement" (Avec Dieu en cellule d'isolement)."
Dans nos propres pays démocratiques,
nous hésitons à témoigner de Christ ouvertement de
peur d’être traités de sectes ou de fanatiques; la crainte
des hommes nous entraîne même à dénoyauter l’Évangile
de sa substance vivifiante, pour ne communiquer à la place qu’un
message sans force en nous rabaissant à employer des méthodes
impies du monde du spectacle, du marketing ou de la publicité pour
"faire passer le message sans choquer" et pour éviter de porter
l'opprobre de Jésus-Christ. Combien faible sera notre foi lorsque
la persécution ouverte fondra sur les enfants de Dieu !
Vivre "les mêmes souffrances
qui sont imposées à nos frères dans le monde" (1
Pierre 5:9) ne peut pas s'improviser du jour au lendemain. Une préparation
est nécessaire. Mais pour beaucoup d'entre nous, l'éventualité
même de la persécution est à jamais bannie : nous
faisons tous nos efforts pour chasser de nos pensées cette terrible
réalité que vivent déjà des millions de chrétiens
ailleurs, et nous nous cramponnons fébrilement à une théologie
moins offensante qui se focalise sur l'enlèvement de l’Église
comme but suprême. Et ceci, non pas parce qu'il nous tarde tant
d'être avec le Seigneur, mais plutôt parce que nous voulons
nous soustraire à nos responsabilités et refusons de reconnaître
que nos cœurs sont morts et froids! Bien-aimés saints de Dieu,
armons-nous de la pensée de souffrir pour la cause de Christ et
pour son nom, car le moment vient bientôt où chacun de nous
devra se trouver confronté à la décision ou non de
suivre Christ quoi qu'il en coûte. Reconnaissons comme l'apôtre
Pierre notre confiance excessive en nous-mêmes et notre humble besoin
de la grâce de Dieu. Oh! que nous soyons déterminés
à nous repentir de nos tiédeurs et compromis, en prenant
le sac et la cendre, et en nous humiliant nous-mêmes sous sa main
puissante car l’heure est déjà avancée, et la fournaise
ardente annoncée par les prophètes vient !
Il est quelque chose de grave
et de solennel que le Seigneur veut nous faire revivre en Occident, c'est
l'épreuve de notre foi, plus précieuse que l'or périssable
(1 Pierre 1:7), à travers la souffrance et la persécution.
Les plus grands saints dans l'histoire de l'Église, ceux qui nous
ont transmis les révélations les plus profondes sur la beauté
de Christ, l'immensité infinie de sa grâce et le mystère
des dispensations de Dieu et de son Royaume éternel, sont ceux
qui ont été purifiés, façonnés, et
travaillés dans les détresses les plus inimaginables et
les prisons les plus solitaires : Daniel, Joseph, Elie, Jérémie,
Esaïe, l'apôtre Paul, Jean-Baptiste, Jérôme Savonarole,
John Bunyan, Watchman Nee, Samuel Rutherford, etc.. Tertullien avait raison
d'affirmer que le sang des martyrs a toujours été la semence
de l'Église. Tiendrons-nous devant lui à l’heure de l’épreuve,
de la maladie, de la persécution, du rejet, de la famine?
Souvenons-nous de ces quelques
pensées que John Bunyan nous livre à propos de son incarcération
lorsque viendra la persécution :
"Avant mon incarcération,
j'avais prévu ce qui devait m'arriver et deux choses brûlaient
dans mon cœur à propos de la façon dont je pourrais faire
face à la mort, si j'en arrivais là. Je fus poussé
à prier, à demander à Dieu de me fortifier "à
tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez
toujours et avec joie persévérants et patients. Rendez grâces
au Père."
Pendant toute l'année
qui précéda mon arrestation, je ne priais presque jamais
sans que ce verset des Écritures me revienne à l'esprit
et sans que je comprenne que pour souffrir avec patience et surtout avec
joie, il fallait une grande force d'âme.
"La seconde considération
fut dans le passage suivant : "Et nous regardions comme certain notre
arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes,
mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts." Grâce à
ce verset, je compris que si j'en arrivais à souffrir comme je
le devais, premièrement je devais condamner à mort tout
ce qui appartenait à notre vie, considérant ma femme, mes
enfants, ma santé, les plaisirs, tout, enfin, comme morts pour
moi et moi pour eux.
"Je résolus, comme
dit Paul, à ne pas regarder les choses qui se voient, mais celles
qui ne se voient pas; parce que les choses qui se voient sont temporelles
alors que celles qui ne se voient pas sont éternelles. Et je compris
que si je m'étais préparé seulement à la prison,
je pourrais à l'improviste être appelé aussi à
être fouetté ou attaché au pilori. De même,
si je m'attendais seulement à ces châtiments, je ne supporterais
pas celui de l'exil. La meilleure façon de supporter les souffrances
était d'avoir confiance en Dieu, pour ce qui était du monde
à venir, et pour celui-ci, il fallait considérer le tombeau
comme ma demeure, dresser ma couche dans les ténèbres et
dire à la décomposition : "C'est toi mon père" et
à la vermine : "Ma mère et ma sœur" (Job 17:13-14)."
Par la bouche de Paul, le
Saint-Esprit nous dit expressément que c'est par les tribulations
du Royaume que la profondeur incommensurable de l'amour de Christ pourra
être expérimentée pleinement dans nos cœurs. Par dessus
tout, le Seigneur lui-même saura nous fortifier et nous affermir
afin que notre foi ne défaille pas. Même dans les tragédies
les plus sombres, nous serons cachés dans l'amour du Sauveur, ayant
l'espérance de l'éternité de gloire avec celui qui
nous a tant aimés.
"Qui nous séparera
de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution,
ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée?
selon qu’il est écrit : "C’est à cause de toi qu’on nous
met à mort tout le jour, qu’on nous regarde comme des brebis destinées
à la boucherie." Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que
vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que
ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes
ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la
profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer
de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur."
(Romains 8:35-39).
Ainsi, la souffrance est
l'unité de mesure de l'amour de Dieu révélé
à nos cœurs, dans la dimension de l'éternité divine,
ainsi que l'instrument de choix de Dieu pour nous rendre semblables à
son Fils. La glorification des fils de Dieu passe par cette pédagogie
divine, douloureuse mais purificatrice - seuls l'amour véritable
pour Jésus et notre abandon confiant à sa grâce feront
de nous des vainqueurs de la foi tels ceux de Hébreux 11.
"L'amphithéâtre
de Rome… Une poignée d'hommes et de femmes firent leur entrée.
Certains priaient, certains chantaient, même des chants de louange
! Ils ne semblaient pas voir les yeux injectés de sang des bêtes
rendues folles par la faim. Tous les yeux étaient levés.
Ils lèvent les yeux haut, haut vers les montagnes d'où leur
viendra le secours, et jetés entre les mains d'un sacrifice sanglant,
ils élèvent une foi que toute la puissance de la terre et
de l'Enfer n'a pas été capable de détruire (...).
En plongeant notre regard
dans cette image venue des siècles, une grande question remplit
nos cœurs : D'où venait leur force? D'où venait leur courage
? (...) Ne les trouvons-nous pas dans cette source qui envoya dix mille
fois, dix mille des âmes les plus brillantes, les plus précieuses
dans notre monde désertique - la source de l'Amour? Plantée
il y a dix-neuf siècles sur le mont du Calvaire, en s'élevant
tout droit à côté de la tombe et détruisant
l'aiguillon de la mort, et apportant la guérison aux nations, son
essence n'a t-elle pas été la motivation de tout vrai renoncement
offert par les disciples du Crucifié, à la fois au temps
des martyrs et à notre propre époque?
C'était l'amour !
C'était l'amour qui endurait. A travers les longues nuits sans
sommeil des froides prisons, à deux pas de la torture, lorsque
le corps était affaibli par le manque et la faim, c'étaient
les pulsations de l'amour qui battaient fort; c'était l'amour qui
tenait ferme à travers les feux et n'était pas brûlé.
C'était l'amour qui traversait la mort et n'était pas anéanti.
Serez-vous trouvé
parmi ce nombre? La même grâce, la même victoire, le
même Ciel sont nôtres pour le temps présent et l'éternité
par la puissance du même amour. Des batailles aussi sombres peuvent
être livrées, des luttes aussi longues et plus longues peuvent
être menées, et des conquêtes aussi grandes peuvent
être gagnées, afin qu'ici et dans l'au-delà devant
son trône, nous puissions nous joindre à la grande et éternelle
chorale de louange qui célèbre la grâce victorieuse."
- Love Is All (L'amour est tout), Evangeline Booth.
Références:
- Article rédigé par Michael
Wurmbrand, le fils de Richard Wurmbrand.
- Article "Croire en prison" paru dans le
numéro 34 du bulletin "Le Sarment" édité par Jérôme
Prékel (http://www.lesarment.com).
- Biographie de Richard et Sabina Wurmbrand,
diffusée sur le site Internet suivant: http://home.pacbell.net/andrea/wurmbrandbio.html.
- Biographie de John Bunyan, par Orlando
Boyer.
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