"Comment en un plomb
vil l'or pur s'est-il changé?" (Racine)
Des
tendances étrangères au christianisme primitif se manifestent déjà
au sein des églises apostoliques. L’apôtre Paul doit lutter contre
l'influence du légalisme juif (importance des œuvres, en vue du salut)
et contre l'influence de la philosophie (vaines et dangereuses spéculations
de l'intelligence : gnosticisme).
Matérialisation:
du
symbole au sacrement
La
réalité spirituelle intérieure représentée
par un signe extérieur dans le cas du baptême et de la cène
est insensiblement, mais presque entièrement, remplacée par le signe.
Ce qui n'était qu'un symbole devient un sacrement. Puis, partant de certaines
pratiques, d'autres sacrements font leur apparition. Finalement, le Concile de
Trente (1545-1563) fixe leur nombre à sept : le baptême, la confirmation,
l'eucharistie (ancienne cène), la pénitence, l'extrême onction,
l'ordre, le mariage. Ces cérémonies ne symbolisent plus des grâces
déjà reçues, mais confèrent des grâces. Les
actes eux-mêmes deviennent méritoires et exercent un pouvoir magique
indépendamment des dispositions de cœur et d'esprit.
Cléricalisation:
de
la fraternité initiale à la hiérarchie
organisée
Les
chrétiens s'éloignent de la familiarité et de la fraternité
primitives. Pour administrer les sacrements, il faut des spécialistes,
les anciens deviennent des évêques, d'autres fonctions sont instituées.
Une hiérarchie s'établit, l'évêque de Rome devient
le chef suprême des églises. Les simples fidèles ont finalement
besoin de ces intermédiaires humains pour se mettre en règle avec
Dieu. La médiation unique de Jésus-Christ est remplacée par
la médiation du clergé, des saints et de la Vierge. Le clergé
est une classe spéciale qui se reconnaît au costume. L'ordre est
un sacrement. La succession apostolique ne réside plus dans la fidélité
à l'enseignement des apôtres, mais dans la transmission des pouvoirs
par le clergé actuel au clergé de demain. L'autorité du pouvoir
ecclésiastique s'affirme : l'usage de la force et de la contrainte physique
se répand de plus en plus dans la répression de l'hérésie
(considérée telle à tort ou à raison).
Fixation
de la doctrine:
de
la révélation divine aux inventions
humaines
En face
des adversaires juifs et païens et devant l'éclosion des hérésies,
le christianisme doit fixer sa doctrine. On tente de la rendre systématique.
De grandes controverses ont lieu, des conciles sont appelés à prendre
des décisions. La Bible ne suffit plus comme source doctrinale. On y joint
progressivement la tradition (Pères de l'Église, Décrets
des conciles, Dogmes pontificaux). Cette tradition possède la même
autorité que la Bible (Concile de Trente). En fait, elle est considérée
comme étant supérieure aux Écritures puisque c'est elle qui
en donne la véritable interprétation. De toute cette évolution
est né un système d'inspiration humaine, sinon diabolique, de doctrines
généralement étrangères, et souvent contraires aux
enseignements de la Bible. L'autorité ecclésiastique prétend
être aujourd'hui seule capable d'interpréter les Écritures
et d'enseigner la vérité.
Universalisation:
de
l'ecclésia biblique à l'Eglise de multitude
Par
le développement des sacrements dans lesquels l'acte extérieur seul
suffit (sinon en doctrine, du moins dans la pratique), la différence entre
les églises et le monde s'estompe, puis s'efface. On ne devient plus chrétien
par la nouvelle naissance mais on naît chrétien ou on le devient
par le baptême des nourrissons. Aussi ne faut-il pas s'étonner de
la reconnaissance du christianisme comme religion d'état (sous Théodose
en 391) et des conséquences qui en découlent. Tous les citoyens
de l'empire sont alors chrétiens, au moins de nom. Le christianisme est
devenu héréditaire. Les bébés sont accueillis dans
l'église par la "régénération" baptismale. Les églises
de professant sont remplacées par des églises de multitude. Ces
sociétés de chrétiens de nom ne sont plus des "églises"
au sens biblique du terme.
Localisation:
du
culte en esprit et en vérité aux manifestations localisées
dans l'espace et dans le temps
Comme
sous l'ancienne alliance on adorait à Jérusalem, de même insensiblement
on adore dans les lieux saints consacrés au culte. Comme autrefois aussi,
on adore plus spécialement à certaines époques. Des fêtes
sont instituées, leur date est fixée d'une manière ou d'une
autre. Il y a un calendrier ecclésiastique. On a donné aux fêtes
païennes un contenu "chrétien". Mais dans ces fêtes se révèle
tout de même le paganisme de l'homme naturel. La théorie des lieux
saints et des temps consacrés permet aux "fidèles" d'avoir des temps
et des lieux où ils échappent aux exigences divines.
Humanisation:
de
la condescendance de Dieu à l'exaltation de
l'homme
L’incarnation
et la mort du Fils a été la manifestation la plus éclatante
de la condescendance de Dieu à l'égard de ses créatures souillées
et rebelles. Mais le Christ ressuscité a été souverainement
élevé. Le culte et l'activité missionnaire de l'église
primitive sont centrés sur la gloire de Dieu et de son Fils. L’homme n'est
que néant devant son Créateur et son Rédempteur. Insensiblement,
on évolue vers l'exaltation de l'homme. Les prêtres et les dignitaires
de l' "Église" s'arrogent ce qui ne revient qu'à Dieu. La créature
est glorifiée jusqu'à être appelée dans le cas de l'évêque
de Rome "Saint-Père" et dans le cas de Marie "Reine du ciel". Dans d'autres
sphères, on célèbre les conquêtes de la "Science" ou
on espère la venue par l'effort conjugué des hommes (libéralisme,
oecuménisme) du royaume de Dieu sur la terre, âge d'or de paix et
de prospérité universelles.
Paganisation:
du
christianisme primitif à un système
pagano-chrétien
L’ensemble
de ces tendances ramène le christianisme au niveau d'une religion païenne.
Les pratiques magiques, l'organisation centralisée, l'usage de la force,
les traditions humaines, la localisation du culte sont des traits dont l'origine
remonte soit aux pratiques du paganisme ou du judaïsme, soit à l'administration
civile ou religieuse de l'empire romain. En devenant terrestre, humain et temporel,
le christianisme perd ses caractères spirituel, divin et éternel
qu'il possédait à l'origine. Cette étrange et diabolique
association du christianisme avec le paganisme a donné naissance aux grands
mouvements catholiques romain ou orthodoxe, anglican ou réformé
dans lesquels, malgré les déviations de leur système, de
vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité, pendant que
dans des communautés dont le système religieux est plus conforme
à l'idéal primitif, des croyants individuels manifestent à
des degrés variés cette même union pagano-chrétienne
par leurs erreurs doctrinales ou les égarements de leur vie chrétienne.
Cela s'explique par
l'ingérence constante de la vieille nature païenne dans tous les domaines
de la vie spirituelle des croyants véritables.
C'est
pourquoi cette parole s'adresse à tous : "Veillez et priez".
Souviens-toi
donc
d'où
tu es tombé,
repens-toi,
et pratique
tes
premières œuvres.
Apocalypse
2:5
Source:
Centre de Recherches, d’Information et d’Entraide - C.R.I.E.
A propos du CRIE :
Quelques
croyants de divers milieux évangéliques, préoccupés par l'évolution de leurs églises,
de leurs pasteurs ou autres responsables, se sont regroupés au sein de l'association
Centre de Recherches, d'Information et d'Entraide (CRIE). En raison des dangers
que courent les églises chrétiennes en cette fin du XX° siècle, ils se sont engagés
dans le combat spirituel et le ministère d'avertissement contre les séductions
et autres actions de l'Adversaire (Jude 3). Les initiateurs du CRIE sont conscients
que leur organisme n'a pas de précédent biblique. Sa raison d'être, comme celle
de nombreuses sociétés missionnaires, se trouve dans la carence ou dans les déviations
des églises, par rapport à l'enseignement ou aux pratiques néo-testamentaires.
Le ministère prophétique, ou de sentinelle,
n'est généralement plus accepté. Le mal n'est souvent plus identifié,
ni condamné, ni abandonné. Le CRIE voudrait être, dans ces temps de
la fin, un organisme qui encourage le maintien ou la reconquête de l'idéal
biblique. L'un des objectifs du CRIE est ainsi de diffuser, en même
temps que l'Évangile de la grâce (vocation de tout groupe chrétien),
l'information religieuse pour mettre les chrétiens et les églises au
courant - et en garde contre -des dangers que l'Adversaire fait courir
à l'oeuvre de Dieu, tels que le relativisme, le néo-évangélisme, le
syncrétisme, le libéralisme, le pluralisme doctrinal, le laxisme doctrinal
ou moral, l'œcuménisme, la mondanité, le féminisme, les déviations charismatiques,
musicales et théâtrales, les collaborations dangereuses ou compromettantes,
le légalisme, etc..
Le CRIE s'inscrit dans un courant fondamentaliste
le plus souvent respectueux des Ecritures et de l'Esprit, courant qui
fut autrefois, après le déclin des réveils morave
et méthodiste, un réel courant suscité par Dieu
pour ramener l'Eglise à l'autorité des Ecritures, à
une foi biblique épurée et à Dieu Lui-même.
A notre époque où l'orthodoxie chrétienne et les
précieuses vérités de la Bible sont battues en
brèche, sous l'effet de l'apostasie ambiante, ERM soutient qu'un
véritable réveil se doit d'être enraciné
dans des doctrines bibliques. Ainsi, le fondamentalisme, c'est-à-dire
une appréciation correcte de l'inspiration, de l'autorité,
de l'inerrance et de l'infaillibilité des Saintes Ecritures dans
la vie pratique des églises et des croyants, est une condition
nécessaire de réveil. ERM affirme cependant, qu'il
ne constitue pas une condition suffisante au réveil. Car
le réveil est bien plus que des doctrines correctes. Il est la
Vie et la Présence même de Dieu déversées
dans toute leur puissance et leur pureté. Par ailleurs, ERM ne
soutient pas toujours la position doctrinale du CRIE, mais a pris la
liberté de diffuser certains de ses articles qui nous semblaient
susceptibles d'édifier l'Eglise.
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