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La Loi Chrétienne Biblique Par David A. Noebel
« Nous
n’ignorons pas que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage
légitime. » 1
Timothée 1:8 « La
loi est une justice organisée. »[1] Frédéric
Bastiat « Le
chrétien… voit la justice comme étant enracinée dans la volonté aimante de Dieu,
une volonté orientée vers le bien des êtres qu’Il a créés, et qu’Il manifeste
dans ses rapports avec les hommes. »[2] Peter
A. De Vos « Couper
la Loi de ses sources éthiques équivaut à porter un coup terrible à la règle de
droit. »[3] Russell
Kirk
Introduction
Jean-Jacques Rousseau, l’un des principaux philosophes
français des Lumières du XVIIIe siècle qui niait le christianisme
orthodoxe, croyait que l’humanité est incapable de créer un système de lois qui
puisse administrer ce qui pourrait ressembler même de très loin à la justice.
Les chrétiens sont d’accord avec Rousseau sur ce point. En effet, Rousseau s’est
remarquablement rapproché d’une description de l’attitude chrétienne face à la loi
lorsqu’il écrivait que pour découvrir les meilleures règles de société qui
conviennent aux nations, « il faudrait une intelligence supérieure qui vît
toutes les passions des hommes, et qui n'en éprouvât aucune. » Il faudrait
que cette intelligence, affirmait-il, « fût sans aucun rapport avec notre
nature, et la connût à fond; [une intelligence] dont le bonheur fût indépendant
de nous, et qui pourtant voulût bien s'occuper du nôtre; enfin, qui, dans le
progrès des temps se ménageant une gloire éloignée, pût travailler dans un siècle
et jouir dans un autre. Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes. »[4] Plus exactement, il faudrait le véritable seul Dieu qui a
créé l’humanité pour donner des lois aux hommes. La loi biblique offre à
Rousseau (et à quiconque cherche une source véritable pour le droit) un réel
Législateur, plus parfait que tout ce que pourrait imaginer Rousseau. John
Warwick Montgomery l’exprime comme suit : « ‘L’intelligence
supérieure’ comme le législateur dont parle Rousseau n’est pas qu’un pur idéal
– et, au lieu d’être froidement ‘sans aucun rapport avec notre nature’ et de
n’expérimenter aucune des passions humaines,’ Dieu lui-même est venu parmi
nous, a ‘été semblable à nous, mais sans péché,’ et nous a communiqué la
véritable nature de la loi éternelle dans son accomplissement. »[5] Les théoriciens du droit chrétiens croient que seul un être
supérieur à l’humanité pourrait créer un système véritablement juste de lois
répondant aux besoins moraux et juridiques de l’humanité. Contrairement à
Rousseau, cependant, les chrétiens croient que cet être existe sous la forme du
Dieu omniscient, omnipotent, omniprésent et aimant. Le Dieu présenté dans la
Bible est un être juridique, comme en témoigne 1 Jean 2:1 : « Et si
quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le
juste. » Fort heureusement pour l’humanité, Dieu est également la fontaine
de miséricorde, de grâce, d’amour et de pardon. Les chrétiens adhèrent à la vue selon laquelle Dieu a donné
des lois (et un moyen de découvrir ces lois) pour l’humanité. Ils croient qu’ils
adorent et prient la seule source véritable de la Loi. « Dieu est le seul
Législateur, » dit Carl F. H. Henry. « Les dirigeants comme les corps
législatifs terrestres sont responsables devant Lui et Lui doivent des comptes,
car de Lui proviennent toutes obligations – religieuses, éthiques et civiles. »[6] La Bible déclare :
« Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse ! Juges de la
terre, recevez instruction ! Servez l’Eternel avec crainte, et
réjouissez-vous avec tremblement. Baisez le fils, de peur qu’Il ne s’irrite, et
que vous ne périssiez dans votre voie, car sa colère est prompte à s’enflammer.
Heureux tous ceux qui se confient en Lui ! » (Psaumes 2:10-12). Si tout cela est vrai, il en découle de sérieuses
implications pour l’humanité tout entière, et non pas seulement dans la sphère juridique.
Cela devient évident lorsque l’on examine les hypothèses implicites, les
lacunes et les insuffisances associées à tout système de lois anthropocentré.
Les systèmes qui nient Dieu le Législateur finissent pas échouer et affecteront
toujours de manière adverse tout individu qui s’y est enlisé. Ils échouent
parce qu’ils ne reconnaissent ni la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu
ni la nature déchue de l’homme – une condition documentée dans la Bible et dans
l’histoire. Des
systèmes de lois centrés sur l’homme
Si Dieu existe et a créé les lois, alors toute société qui
ignore Ses lois sera en déphasage avec la réalité. En effet, une société ou un
état qui oublient Dieu promouvront des lois strictement arbitraires, ce qui
aura comme conséquence que leurs sujets perdront tout respect pour le système juridique.
John Whitehead croit que lorsque les principes fondamentaux de la loi sont
sapés, « la confiance publique dans la loi et la volonté publique de
respecter la loi sont aussi sapées. Et lorsque des règlementations
non-fondamentales sont élevées au rang de lois solennelles et contraignantes
dans l’absolu, la confiance publique tend à disparaître entièrement. »[7] Robert Bork aperçoit ce
même danger : « À mesure que nous nous éloignons de la Constitution bien
ancrée dans l’histoire pour la remplacer par une constitution créée par des
styles abstraits et universalistes de raisonnement constitutionnel, nous
ouvrons la porte à un certain nombre de dangers. L’un d’eux est que de tels
styles enseignent un manque de respect pour les véritables institutions de la
nation américaine. »[8] La raison pour laquelle la
confiance publique disparaît est simple : Quand la loi n’est plus
considérée comme sacrée, elle n’est pas considérée comme obligatoire. Si
l’homme déchu est en charge de la création des lois, il est certain qu’il
recréera constamment les lois qui s’adapteront le mieux à ses besoins égoïstes
innés ou aux besoins égoïstes innés de ses concitoyens. Cela entraîne le mépris
de l’état de droit. Le mépris de l’homme envers les lois créées par l’homme
entraîne les individus à adopter une attitude arbitraire à l’égard d’autres
domaines de leurs vies, notamment de l’éthique. En l’absence d’une loi qui soit
à la fois immuable et digne d’obéissance, où les individus pourront--ils
découvrir un code moral sinon dans l’homme ? L’homme a tôt fait de
réaliser que si Dieu n’existe pas, toutes choses sont permissibles. Francis
Schaeffer note que l’humaniste Will Durant a perçu ce point clairement. Voici
ce que dit Schaeffer : Will Durant et
son épouse Ariel ont ensemble écrit The
Story of Civilization. Les Durant ont reçu le Prix du Pionnier Humaniste de
1976. Dans le magazine Humanist de
février 1977, Will Durant a résumé comme suit le problème humaniste en ce qui
concerne l’éthique personnelle et l’ordre social : « De plus, nous
découvrons que ce n’est pas une tâche facile que de façonner une éthique
naturelle suffisamment forte pour exercer une retenue morale et maintenir l’ordre
social sans le secours de consolations, d’espoirs et de peurs surnaturels. »
Pauvre Will Durant ! Cela n’est pas seulement difficile, c’est
impossible ![9] Le vide touchant aux fondements du droit a créé également
un vide en ce qui concerne les fondements de la morale. Par conséquent, des
systèmes juridiques qui nient la réalité de Dieu en tant que Législateur ultime
sont des échecs à la fois sur le plan juridique et sur le plan éthique. Cela
est de mauvais augures pour les hommes dans les sociétés basées sur le
positivisme juridique, parce que de tels systèmes conduisent indéfectiblement à
des effondrements sociétaux. « De bonnes lois restreignent, »
explique Whitehead, « elles empêchent l’exercice d’un pouvoir arbitraire
par l’État et ses organes. Si, néanmoins, le fondement sur lequel s’appuient
les lois dans une société chrétienne passe d’un fondement chrétien à un fondement
humaniste [positivisme juridique], alors une ‘dépression nerveuse’ se produit.
L’anarchie peut émerger, et si cela arrive, l’histoire enseigne qu’un ordre
imposé sera inévitable. »[10] Malheureusement, de nombreux états modernes et les Nations
Unies[11] sont basés sur les lois
positives. Comme prédit, cette absence de fondement juridique correct crée de
graves défaillances dans de telles sociétés. En effet, la faillite des codes
juridique et éthique du monde moderne démontre pleinement le besoin d’une base
juridique en dehors et au-dessus de l’homme. « Les horreurs de notre
histoire récente, » écrit Montgomery, « nous ont forcés de reconnaître
l’inadéquation puérile de la démarche consistant à lier les normes juridiques ultimes
aux mœurs d’une société particulière, quand bien même cette société serait la
nôtre. »[12] Les règnes de V. I. Lénine, Joseph Staline, Adolf Hitler et
Mao Tsé-Toung sont des exemples effroyables de sociétés dans lesquelles la loi
a été tordue par l’État dans le but de permettre le meurtre de millions de
personnes. « Vous pourriez penser, » écrit Joseph Sobran, « que
le XXe siècle aurait fait de nous tous des anarchistes. L’État
moderne compte à son crédit deux guerres mondiales, les meurtres de masse sur
une échelle jamais imaginée, l’asservissement, la terreur, l’oppression et,
même dans sa forme la moins grave, un niveau constant de confiscation, de
corruption et de fraude. »[13] La plupart de ces maux
peuvent être ramenés à la loi positive basée sur des suppositions découlant des
visions du monde humaniste et marxiste. Les actions irresponsables,
destructrices des dirigeants des états basés sur le positivisme juridique ont
démontré le besoin d’un système de lois fondé sur des absolus. Edgar
Bodenheimer nous dit la chose suivante : « Après les événements
cataclysmiques de la période nazie et l’effondrement de l’Allemagne de la
Seconde Guerre mondiale, [Gustav] Radbruch entreprit de réviser ses anciennes
théories [relativistes]. Il exprima le point de vue selon lequel il existe un
certain nombre de postulats absolus auxquels le droit doit satisfaire s’il veut
en porter le nom. Le droit, déclara-t-il, requiert une certaine reconnaissance
de la liberté individuelle, et un reniement complet des droits individuels par
l’État est ‘une loi absolument fausse.’ »[14] Le point de vue chrétien
offre justement de tels absolus pour le droit. Une
norme absolue
De quoi a-t-on besoin pour restaurer en l’homme le sens de
l’obéissance éthique et juridique ? D’un fondement absolu pour le droit.
La plus grande faiblesse de toutes les théories du positivisme juridique est
très clairement le fait qu’il fonde le droit sur un fondement toujours
changeant : L’autorité du gouvernement. Les positivistes juridiques
croient qu’un système de lois « flexibles » est désirable, puisque
l’homme et ses lois sont enfermés dans le processus de l’évolution. Mais les déficiences
d’un tel système sont évidentes, comme A. E. Wilder-Smith l’indique : Pourquoi les
lois et l’ordre se sont-ils détériorés si rapidement aux États-Unis ?
Simplement parce que depuis de nombreuses années il a été couramment enseigné
que la vie est un phénomène aléatoire, accidentel n’ayant aucune autre
signification que celle du matérialisme. Les lois sont purement une affaire de
convenance humaine. Puisque les humains sont des accidents, ainsi en est-il
également de leurs lois.[15] Les positivistes juridiques ne l’exprimeraient sans doute
pas de la sorte. Ils croient que les lois sont logiquement formulées par l’État
de manière à correspondre au mieux aux besoins évolutifs. Cependant, cela
n’enlève rien au fait que les lois deviennent arbitraires dans un tel système.
En effet, cette approche crée un danger suprême : L’État tout-puissant.
« Toutes les fois où la loi, qui constitue la condition de la vie humaine,
se trouve dans le pouvoir de l’État et est la création de l’État et sans
référence transcendante, » dit Rousas Rushdoony, « l’homme également
devient la créature de l’État et se place sous son pouvoir, et ce en dépit de
la bienveillance des buts qu’affiche ostensiblement cet État. »[16] Par conséquent, que les systèmes de lois athées créent des
lois évolutives ou des lois totalitaires, il est clair qu’ils sont instables et
se destinent à l’échec. La raison en est simple : Les systèmes de lois
athées doivent nier l’existence d’un code légal absolu. Sans un code légal
absolu, il n’est pas possible de s’attendre à ce que de tels systèmes
développent des lois absolues, moralement contraignantes. « Pour parvenir
à des normes juridiques absolues, » dit Montgomery, « il faudrait se
désengager du monde et de ses normes limitées pour aller ‘hors du monde’ vers
un royaume ‘transcendant’ de valeurs… L’eau ne monte pas au-dessus de son
propre niveau; pourquoi devrions-nous penser que des normes légales absolues
émergeront des situations humaines relativistes ? »[17] La société fait face à un choix : « … s’il n’y a
pas de fixité dans la loi, ni de point de référence, » écrit Whitehead,
« alors la loi peut être ce qu’un juge dit qu’elle est. Si néanmoins il y
a une loi fixe, alors il y a une référence absolue à partir de laquelle le
jugement peut être prononcé. »[18] La société doit décider
s’il existe une norme légale absolue. Il importe peu que la société préfère des lois fixes ou des lois
flexibles; ce qui importe c’est si un code absolu est réel. Si un tel code existe, nous, en tant que mortels, devons le
découvrir et y obéir, car il dirige l’attention vers un Législateur digne de
notre obéissance et de notre adoration. Bien entendu, les chrétiens croient qu’une telle loi et un
tel Législateur existent. « La vision du monde chrétienne enseigne une
conception unifiée de la vérité, » affirme Whitehead. « Ses principes
concernent des absolus qui ne varient pas suivant les circonstances mais
devraient, en fait, gouverner les actions de l’homme alors qu’il répond à des
conditions qui changent constamment. »[19] Pour les chrétiens, la loi est fondée sur la plus ferme des
fondations et ne peut donc ni s’infléchir ni évoluer. La loi demeure constante,
et place les mêmes attentes sur tout homme à toutes les époques. Whitehead
insiste sur le fait que la loi au sens chrétien a quelque chose de plus qu’un
aspect formel. « La loi possède un contenu dans le sens éternel. Elle a un
point de référence. Comme un navire qui est bien ancré, la loi ne peut pas
s’écarter de son point d’ancrage. »[20] La perspective chrétienne
sur la loi crée un système juridique qui ne fluctue pas suivant les caprices de
l’homme, et qui est plus juste, par voie de conséquence. Dans un sens, les théoriciens du droit doivent accepter la doctrine chrétienne d’un fondement absolu s’ils
veulent attacher la moindre signification réelle au concept de loi. La
perspective chrétienne octroie plus de signification à la loi que toute autre
vision du monde. Cela devient évident quand nous observons les problèmes créés
dans les sociétés bâties sur le positivisme juridique. Henry affirme la chose
suivante : Tout aussi
offensante qu’elle puisse être aux yeux des humanistes laïques, la référence
théologique gagne une pertinence double à travers l’effondrement flagrant des
théories des droits modernes. Elle dote la loi d’un sentiment transcendant d’émerveillement
et de crainte et d’autorité objective, et elle correspond à la condition
humaine de par son explication de la confusion [qui existe] à propos de la
nature et du contenu de la loi par le fait de la rébellion morale [de l’homme].[21] L’approche chrétienne de la loi non seulement offre-t-elle
à la loi un fondement absolu en Dieu en tant que le Législateur ultime, mais dissipe-t-elle
aussi toute confusion à propos de la nature de la loi. Tandis que les
positivistes juridiques ne peuvent expliquer pourquoi les lois doivent exister,
ni pourquoi l’homme ne peut jamais élaborer un système juste de lois, les
théoriciens du droit chrétiens offre une réponse simple et logique : L’homme
est en rébellion contre Dieu et Sa loi; des lois terrestres sont nécessaires
pour freiner cette rébellion; mais la mise en application de ces lois seront
toujours imparfaites, puisque la nature déchue de l’homme l’empêche de formuler
et d’appliquer un système juridique juste. Mais si l’homme est véritablement corrompu par le péché,
comment peut-il jamais découvrir une quelconque loi parmi les lois de
Dieu ? Si la nature de l’homme est déchue et que l’homme n’est plus en contact
avec la volonté de Dieu, comment l’humanité peut-elle savoir ce que Dieu lui
ordonne de faire ? La réponse se trouve à la fois dans la révélation
générale et dans la révélation spéciale. La
loi naturelle et la loi biblique
Dieu a révélé Sa loi à l’humanité, généralement à travers
la loi naturelle. Chaque homme possède un sens inhérent du bien et du mal.
L’apôtre Jean dit : « Cette lumière était la véritable lumière, qui,
en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). L’apôtre Paul
déclare : « Quand les païens, qui n’ont point la loi, font
naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une
loi pour eux-mêmes » (Romains 2:14). Le christianisme enseigne que
l’humanité peut, dans une certaine mesure, percevoir la volonté de Dieu, et que
cette volonté perçue est la loi naturelle. William Blackstone, un chrétien qui était
l’une des figures les plus influentes dans l’histoire du droit, décrit la loi
naturelle comme suit : Lorsque l’Être
suprême forma l’univers et créa la matière à partir de rien, Il imprima
certains principes sur cette matière… Lorsqu’Il mit en mouvement cette matière,
Il établit certaines lois du mouvement… Si nous progressons plus loin et
observons maintenant les végétaux et la vie animale, nous trouverons qu’ils
sont encore gouvernés par des lois… L’homme, considéré comme une créature, doit
nécessairement être assujetti aux lois de son créateur, car il est un être
entièrement dépendant… Et par voie de conséquence, comme l’homme dépend
absolument de son créateur pour toutes choses, il est nécessaire qu’il soit en
tous points conforme à la volonté de son créateur. Cette volonté du créateur
est appelée la loi naturelle.[22] Cette vue est cohérente avec ce que rapporte la Bible à
propos du Créateur, de la création, de l’ordre moral et de la loi. L’apôtre
Paul discute spécifiquement du concept de loi naturelle dans Romains 1-2,
affirmant que chaque homme possède une connaissance essentielle de ce qu’il y a
une loi transcendante à laquelle il devrait se conformer mais à laquelle il ne
parvient pas à obéir. La déchéance de la nature de l’homme n’a pas détruit sa
conscience de cette révélation générale. Saint Paul, parlant des hommes et
femmes qui se sont détournés de Dieu, déclare : « C’est pourquoi Dieu
les a livrés à des passions infâmes : Car leurs femmes ont changé l’usage
naturel en celui qui est contre nature » (Romains 1:26). Gary Amos développe plus loin cette idée, remarquant que
« pour l’apôtre Paul, les hommes qui ont sombré dans l’état le plus bas
possible de dépravation continuent pourtant de ‘comprendre pleinement’ les
‘ordonnances justes’ de Dieu et – en tant que transgresseurs de la loi –
méritent la mort. Cette affirmation de Paul en Romains 1:32 est remarquable,
car il déclare que même les plus vils des hommes non seulement connaissent,
mais connaissent pleinement les ‘ordonnances justes’ de Dieu. C’est là une loi
de Dieu qui est connue partout de tous les hommes. Ils possèdent cette loi ‘par
nature,’ et les ‘exigences de la loi’ est ‘écrite dans leur cœur.’ »[23] Très clairement, la Bible
affirme que Dieu a donné aux hommes une loi naturelle à laquelle ils peuvent
intuitivement comprendre qu’ils doivent obéir. Certains chrétiens, cependant, préfèrent ne pas discuter du
concept de loi naturelle, parce que les théoriciens du droit modernes ont dans
une grande mesure séparé le concept de loi naturelle de celle de Dieu en tant
que le divin Législateur. À l’évidence, un chrétien doit nier qu’une loi
naturelle puisse exister d’une façon ou d’une autre en dehors de Dieu.
Néanmoins, tant que nous comprenons le concept de loi naturelle dans son sens
traditionnel, en tant que révélation générale de Dieu, ce dernier joue un rôle
important dans la théorie chrétienne du droit. « L’ancienne loi naturelle ne
reposait pas sur la nature seule, » remarque Whitehead, « du moins
pas dans l’époque chrétienne. Elle était fondée sur la doctrine de la création,
sur la conviction selon laquelle un Dieu de sagesse infinie avait établi le
monde et son ordre. »[24] Ou, comme l’exprimerait
Montgomery, les lois naturelles « pointent vers quelque chose au-dessus
d’elles. » C’est là le contexte dans lequel nous utilisons le terme loi naturelle, et c’est aussi le
contexte dans lequel les pères fondateurs de l’Amérique envisageaient ce terme. La loi naturelle ne peut pas être mise de côté simplement
parce qu’elle est victime d’une mauvaise représentation. En effet, la théorie
selon laquelle la loi naturelle est fondée en Dieu en tant que révélation
générale est cruciale pour toute la perspective chrétienne du droit. Comprise
correctement, la loi naturelle explique pourquoi tous les hommes sont
considérés comptables devant Dieu de leurs actions : Parce que tous les
hommes sont conscients d’une loi transcendante tout en continuant de lui désobéir
consciemment. Si le théoricien chrétien du droit désire rester cohérent avec
l’explication biblique de la loi, il doit incorporer cette vérité dans sa
théorie du droit. Gary Amos écrit : Paul a dénoncé
une erreur de certains légalistes qui affirmaient que la seule « loi de
Dieu » valide était la législation de Moïse du Pentateuque. Ils niaient la
révélation générale de Dieu dans la nature. Ils ne croyaient pas que Dieu avait
écrit Sa loi morale sur les cœurs des incroyants. Ils essayaient d’honorer la
loi de Dieu en faisant des lois bibliques la seule loi de Dieu. L’apôtre fit
remarquer que dire cela ne protégeait pas la loi de Dieu, mais la niait, parce
que Dieu lui-même donne une révélation générale dans la nature et dans les cœurs
des hommes. Au nom de l’honneur pour la loi de Dieu, les légalistes répudiaient
en fait la loi de Dieu et, par conséquent, attaquaient la souveraineté et
l’omnipotence de Dieu.[25] Il en découle que la loi chrétienne repose à la fois sur la
révélation générale et sur la révélation spéciale. Dieu a fait connaître Sa loi
à l’homme à travers la révélation spéciale dans la Bible. Mais la révélation
générale joue aussi un rôle important dans l’ordre divin des choses. D’une
part, Dieu est le juge de tous les hommes, mais tous les hommes n’ont pas accès
à la loi révélée de Dieu. Ceux qui n’y auront pas accès seront jugés d’après la
loi naturelle écrite sur leur cœur. L’apôtre Paul dit : « Quand les
païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils
sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes; ils montrent que
l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant
témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour »
(Romains 2:14-15). « La ‘loi naturelle,’ imposée aux hommes par Dieu
lui-même, » dit Gary Amos, « est une loi immuable du bien et du mal
devant laquelle tous les hommes sont comptables. Les hommes doivent avoir la
Bible, la révélation spéciale, pour la connaître complètement. Mais ils la
connaissent aussi à travers la nature, la révélation générale de Dieu.
Cependant, les hommes ne peuvent pas connaître la loi de Dieu de manière
adéquate à travers la révélation générale seule, parce que leur intelligence a
été corrompue par le péché. »[26] Ainsi, la Bible
« bouche les trous » laissés ouverts par la loi naturelle. Montgomery
écrit que « les vagues généralités de la Loi naturelle sont rendues
concrètes et visibles à travers une révélation scripturaire spécifique de la
volonté divine pour l’homme. »[27] C’est uniquement en comprenant et en appliquant la
révélation spéciale dans le contexte de la révélation générale de Dieu que
l’humanité peut développer un système de lois cohérent avec la volonté de Dieu.
La loi issue de la révélation générale est importante parce qu’elle équipe
l’humanité d’un sens général des valeurs. C. S. Lewis, qui réfère à la loi
naturelle comme à l’ordre moral ou au « Tao, » insiste sur
l’importance de la révélation générale divine des valeurs : Il n’y a jamais
eu et il n’y aura jamais un jugement de valeur radicalement nouveau dans
l’histoire du monde. Ce qui passe pour être de nouveaux systèmes ou (comme ils
les appellent maintenant) des « idéologies » nouvelles consiste en
fragments du Tao lui-même,
arbitrairement arrachés de leur contexte dans l’ensemble et amplifiés
séparément jusqu’à la folie, tout en devant au Tao et à lui seul la validité qu’ils possèdent. »[28] La loi naturelle offre donc à l’homme un concept général du
bien et du mal. La Bible donne des détails sur ce squelette afin que l’homme
puisse connaître ce que Dieu considère comme en accord avec Sa loi. Un exemple
classique de cela peut être trouvé en Lévitique 18. Dieu avertit Moïse des
structures légales d’Égypte et de Canaan – « vous n’observerez jamais
leurs ordonnances » - et recommande avec insistance à Israël de ne pas
permettre légalement l’inceste, l’adultère, l’infanticide (l’avortement),
l’homosexualité et la bestialité. Ces pratiques captivent encore l’attention de
l’homme naturel déchu, mais Dieu les considère comme des abominations parce
qu’elles sont contraires à sa nature (Romains 1:26-27) et minent la dignité et
la sainteté du foyer institué par Dieu. La révélation générale et la révélation spéciale ensemble donnent à l’homme suffisamment d’informations pour lui permettre de mettre en œuvre un système de lois qui ne dépende pas de la sagesse des hommes. En effet, cette révélation est disponible pour tous les hommes, indépendamment de leurs capacités intellectuelles. La révélation générale et la révélation spéciale procurent à l’homme les directives nécessaires pour créer un système de lois raisonnablement juste. Blackstone dit la chose suivante : De ces deux
fondements, la loi naturelle et la loi de la révélation [la Bible], dépendent
toutes lois humaines; c’est-à-dire qu’aucune loi humaine ne devrait les
contredire.[29] Ces deux fondements pourraient être appelés la loi
chrétienne ou la loi divine. Les États-Unis ont été un des rares pays dans
toute l’histoire à tenter de fonder leur système juridique sur la loi divine.
« Il peut être affirmé sans risque de se tromper, » dit Bodenheimer,
« qu’il n’existe pas d’autres pays dans le monde que les États-Unis
d’Amérique où l’idée d’une loi naturelle, comprise comme une garantie de
liberté et de propriété contre les ingérences gouvernementales, a acquis une aussi
grande signification pour le développement politique et social et le façonnage
de toutes les institutions politiques et juridiques. »[30] Pour comprendre l’impact de la loi chrétienne sur les
institutions politiques et juridiques américaines, il suffit de considérer
l’influence sur l’établissement de notre système de droit qu’eurent le
concept biblique d’alliance, la Magna Charta, le droit commun anglais, John
Locke, Charles de Montesquieu, William Blackstone et les hommes impliqués dans
la convention constitutionnelle. Tous ces hommes et événements ont été
influencés par le christianisme. Par exemple, le chercheur en droit John C. H.
Wu dit à propos du droit commun anglais : « Le droit commun possède
un avantage sur le système de lois de tout autre pays : Il était chrétien
dès le commencement de son histoire. »[31] Également,
cinquante-et-un des cinquante-cinq hommes qui constituaient le comité
rédactionnel de la Constitution américaine étaient chrétiens,[32] tels Locke, Blackstone et
Montesquieu. Cette loi divine qui a constitué le socle du système légal
américain procure à l’humanité un moyen précis de juger des lois promulguées
par les hommes. Tandis que les positivistes juridiques ne possèdent aucun
critère pour juger du bien-fondé d’une loi autrement que par les besoins perçus
de l’homme, les chrétiens peuvent (et doivent) référer à la loi divine comme à
une norme permettant de déclarer une loi juste ou injuste. Cela entraîne un certain
nombre d’implications pour la théorie chrétienne du droit. La
loi divine
Si Dieu a pourvu l’homme d’un moyen de découvrir et de
mettre en œuvre la loi divine, alors le véritable système de lois juste doit
être basé sur cette loi révélée. D’après Carl Henry, « une des raisons qui
expliquent pourquoi la loi a perdu de sa puissance dans la vie moderne est la
non-reconnaissance de la loi divine comme la loi fondamentale. »[33] Sans la loi divine,
l’individu ne possède aucune norme à l’aune de laquelle il peut juger un
quelconque système de lois qui lui est imposé. « Si l’homme ne peut pas
savoir, d’après une loi plus élevée, ce qui est juste ou bien dans une
situation donnée, » dit Whitehead, « il ne peut protester
légitimement contre aucune ligne d’action comme étant injuste, ni la critiquer. »[34] Néanmoins, parce qu’une loi supérieure existe, le concept
de justice est rendu évident pour l’humanité, et tout ce que nous devons faire consiste
à promulguer cette norme de justice dans nos systèmes juridiques. Ainsi, le
gouvernement existe non pas tant pour créer
de nouvelles lois que pour garantir
des lois, pour appliquer les lois de Dieu à des situations générales et
spécifiques, et pour agir comme le promulgateur impartial de telles lois.
Whitehead soutient que le terme même de « législateur » signifie non
pas celui qui fait des lois mais celui qui les translate – les translate « depuis la loi divine écrite dans
la nature ou dans la Bible vers les statuts et les codes de loi d’une société
particulière. Tout comme un traducteur est supposé translater fidèlement la
signification d’une langue originale vers la nouvelle, le législateur doit
translater les lois et non en créer de nouvelles. Quand la législation perd de
vue sa limitation fondamentale (le fait qu’elle doit être effectuée en
référence à la loi supérieure, fondamentale), elle devient le créateur des
lois. »[35] Le gouvernement, d’après le plan divin, devrait s’occuper
d’encourager le peuple à obéir à la volonté de Dieu, et de punir les
transgresseurs de la loi et les malfaiteurs. Cela vaut la peine d’examiner une
fois de plus le mandat biblique qui esquisse la relation entre l’État et la
loi : « Ce n’est
pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à
redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras
son approbation. Le magistrat est
serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n’est
pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la
vengeance et punir celui qui fait le mal. » (Romains 13:3-4.) Les systèmes juridiques devraient consister en des lois se
conformant à la loi divine de telle sorte que les malfaiteurs soient punis par
le système et que ceux qui marchent selon la volonté de Dieu soient protégés. Paul
dit en 1 Timothée 1 que les justes ne craignent pas la loi de l’État parce
qu’ils obéissent déjà à la loi naturelle qui est la loi éternelle de Dieu, de
manière interne et externe. Les injustes ont besoin de la loi pour les maintenir
à l’intérieur de certaines limites de comportement acceptable, ce qui par
là-même protège les citoyens innocents de l’anarchie, du désordre et de
l’iniquité. Les cours de justice devraient refléter cette attitude.
Plutôt que de se préoccuper de créer des lois, les cours de justice doivent
simplement promulguer des lois visant à servir la justice de Dieu. Dans le
passé, une telle attitude était implicite dans les théories du droit. Les
chrétiens appellent à un retour à cette approche. Ainsi, « le fait que les
cours de justice étaient autrefois vues comme des institutions de justice (et
non comme des corps légiférants) ne peut pas être suffisamment souligné, »
dit Whitehead. « La fonction de la cour de justice était de parvenir à un
résultat juste, mais en termes de la loi supérieure [de Dieu]. »[36]L’homme, dans cette
perspective, est vu comme étant capable de répondre à la loi divine. Avec cette compréhension selon laquelle l’homme est sous la
loi et non pas le créateur de la loi, le rôle de l’homme dans le système
juridique est rétabli. La relation de l’homme à la loi est premièrement
ministérielle et non pas législative. Il ne crée pas la loi. « Bien
plutôt, » affirme Rushdoony, « l’homme cherche, quand il crée des
lois, à approximer et à administrer la loi fondamentale, loi en termes de loi
de Dieu, le bien et le mal absolus. Ni les souhaits de la majorité ni ceux de
la minorité ne sont en eux-mêmes bons ou mauvais; tous deux sont sujets à
jugement en termes de la loi absolue de Dieu, et la plus grande majorité ne
peut pas rendre valide et vraie une loi contraire à la Parole de Dieu. Toute la
procédure législative humaine doit être en conformité avec la loi plus élevée
de Dieu, sans quoi elle est fausse. »[37] Une fausse procédure législative – telle que des
« concessions à la majorité » servant d’appui à la légalisation de
l’avortement, de l’homosexualité, de la pédophilie ou de l’inceste – ne sera
pas tolérée par Dieu. Une société qui se détourne consciemment de la loi divine
en souffrira les conséquences. « La ‘loi plus élevée’ bibliquement
révélée, » déclare Montgomery, « représente le seul guide fiable pour
obtenir la santé personnelle et nationale, et donc pour préserver la vie
individuelle et la vie collective. La règle claire qui apparaît dans toute l’Écriture
est que ceux qui font la volonté de Dieu vivront et ceux qui font fi de Ses
commandements périront. »[38] Par conséquent, il est évident que l’homme doit choisir
s’il veut s’appuyer sur la loi divine ou sur un système juridique positif
mouvant. « ‘La loi supérieure,’ » affirme Montgomery, « est
nécessaire non seulement pour prendre une décision légale appropriée, mais
aussi pour la préservation même du système légal lui-même; faire fi de la loi
de Dieu signifie l’effondrement tant de la société que de la loi positive qui
en forme le ciment. »[39] Il est du grand intérêt pour l’homme d’enraciner le système
juridique d’une société dans la loi divine. En effet, c’est doublement dans
l’intérêt de l’homme, parce que l’obéissance à la loi divine est la seule vraie
liberté – toute désobéissance résulte en un esclavage personnel ou politique. Tout
cela est cohérent avec l’affirmation de Paul : « Mais maintenant,
étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la
sainteté et pour fin la vie éternelle » (Romains 6:22). La loi chrétienne consiste en cinq préceptes
fondamentaux : (1) La source de toute la loi divine est le caractère ou la
nature de Dieu. Francis Schaeffer l’exprime comme suit : « Dieu
possède un caractère, et Son caractère est la loi de l’univers. »[40] Toutes choses ne sont pas
égales à Ses yeux. Certaines sont conformes à Son caractère, et d’autres non.
(2) Du caractère de Dieu est issu l’ordre moral. Cet ordre est aussi réel que
l’ordre physique et reflète le caractère de sainteté, de justice, de vérité, d’amour
et de miséricorde de Dieu. (3) L’homme est créé à l’image de Dieu et a par
conséquent une signification. La vie n’est pas le résultat d’événements
accidentels. Parce que l’homme est créé à l’image de Dieu, la vie humaine, les
droits humains et la dignité humaine en découlent. Dieu a établi les
gouvernements humains pour protéger la vie humaine, les droits et la dignité de
l’homme (Genèse 9:6). (4) Lorsque Jésus-Christ a pris la forme humaine (Jean
1:14), la vie humaine a revêtu une bien plus grande signification encore. Dieu
le Créateur était maintenant Dieu le Rédempteur. (5) La loi chrétienne est
aussi basée sur le fait qu’il viendra un jour où Dieu à travers Christ jugera
toute la race humaine (Actes 17:31; Romains 2:16) d’après une norme du bien et
du mal (2 Corinthiens 5:10). Les chrétiens, réalisant qu’ils sont coupables
devant un Dieu si redoutable et majestueux, se réfugient en Jésus-Christ pour trouver
leur sécurité. La Bible déclare que Christ est le chemin, la vérité et la vie.
Psaumes 2:12 enseigne clairement notre besoin de la faveur de Christ : « Baisez
le fils, de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne périssiez dans votre voie, car
sa colère est prompte à s’enflammer. Heureux tous ceux qui se confient en
lui ! » Le degré de reconnaissance de la loi divine et d’obéissance
à cette loi par la société et les individus affecte puissamment la structure
entière et le cœur de leur existence. Nulle part la vérité de cette assertion n’est
plus évidente que dans le domaine des droits de l’homme. Comme Gary Amos le remarque,
« le modèle biblique des droits ne peut pas être séparé de l’enseignement
biblique sur la justice. »[41] La réponse d’un peuple à
la loi divine crée une attitude spécifique envers les droits de l’homme. Devoirs
et droits
La réponse chrétienne à la loi divine appelle l’homme à
découvrir les droits de l’homme dans la Parole révélée de Dieu, la Bible. En
effet, les chrétiens croient que la Bible est la seule véritable source des
droits, puisqu’elle est la seule révélation spéciale de la vérité de Dieu. Si
les chrétiens ont raison avec cette hypothèse, alors sous ce système-là l’homme
se verra garantir plus certainement des droits spécifiques que sous tout autre
système proposé dans n’importe quelle autre vision du monde. La raison en est simple. Si, comme la Bible l’affirme,
l’homme est créé à l’image de Dieu, alors chaque vie humaine devient
inestimablement précieuse et pleine de signification. Cela, à son tour, établit
un ferme fondement sur lequel un système de droits de l’homme peut être
construit. Jerome Shestack déclare que le concept de l’homme « créé à
l’image de Dieu dote les hommes et les femmes d’une valeur et d’une dignité
desquelles peuvent découler logiquement les éléments d’un système complet de
droits de l’homme. »[42] Gary Amos est d’accord de
dire que l’idée selon laquelle l’homme est créé à l’image de Dieu et exerce
l’autorité et la domination sur la terre « est la clé de la notion moderne
des droits subjectifs. » Les droits subjectifs, renchérit Amos,
« sont ceux qui sont inhérents aux individus; ils font inséparablement
partie de la personnalité humaine. Le fait que l’homme soit créé à l’image de
Dieu lui donne une valeur immense et une valeur personnelle inhérente. »[43] Montgomery va dans le même sens : Si les droits
des personnes étaient leur propre création, elles pourraient aussi facilement
les déconstruire. Puisque les droits viennent comme un don divin d’en-haut,
leur inaliénabilité est sûre. « Toute grâce excellente et tout don parfait
descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement
ni ombre de variation » (Jacques 1:17). Et puisque nos droits viennent
comme un don et non par notre mérite, notre seul espoir se trouve dans le fait
de nous placer et de placer notre société entre les mains du Donateur, afin que
nous soyons transformés à Sa ressemblance.[44] Ainsi, puisque l’homme est fait à l’image de Dieu, certains
droits lui sont conférés. Ces droits sont liés au concept de la loi chrétienne
de manière bien plus étroite que dans d’autres systèmes juridiques. Dans la
perspective chrétienne, Dieu ordonne aux hommes d’obéir à la loi divine, et cette
obéissance est ce qui garantit la protection des droits pour tous les hommes.
Dieu donne à l’homme la responsabilité de défendre les droits de l’homme en
liant les devoirs de l’homme aux droits de l’homme. Si l’homme vit de manière
biblique, chaque personne possèdera tout l’éventail des droits accordés par
Dieu. Mais si l’homme désobéit à Dieu, alors le système des droits révélés dans
la Bible en souffrira. « Dans la perspective chrétienne, » note Carl Henry,
« les droits inaliénables sont des droits créationnels régissant la
communauté et l’individu, droits implicites dans les commandements sociaux du
Décalogue. »[45]
Ainsi, certains commandements bibliques impliquent certains droits spécifiques
pour tous les hommes. Par exemple, « Tu ne tueras pas » implique que
la vie est un droit humain spécifique. « Tu ne voleras pas » implique
que la propriété est un droit humain spécifique, etc. « Bien sûr, »
dit Henry, « de nombreux devoirs bibliques, si ce n’est tous, impliquent
un droit exécutoire correspondant. L’interdiction divine du vol ou de la
suppression d’une borne implique un droit implicitement formulé de propriété et
de possession. »[46] Les droits sont donnés à l’homme par Dieu, mais l’humanité
a besoin de reconnaître l’existence de Dieu et d’obéir à Ses commandements pour
garantir la protection de ces droits. Gary Amos soutient que les devoirs
inaliénables des hommes envers Dieu se traduisent en droits inaliénables entre
les hommes. « Dieu, » dit Amos, « a donné et ordonne la vie, la
liberté, la propriété et une vie de bénédictions et de bonheur pour l’homme. Chaque
homme est un intendant sous l’obligation absolue de respecter ses devoirs
envers Dieu pour ces choses. En tant qu’intendant, administrateur et protecteur
sous Dieu, un homme doit résister à l’interférence d’autres hommes iniques sur l’accomplissement
de ce devoir. »[47] Remarquez que ce concept d’intendance place aussi des
limitations spécifiques sur les droits de l’homme. L’homme n’a pas le loisir de
proclamer : « J’ai mes droits ! » pour ensuite agir d’une
manière qui lui plairait. La loi divine ordonne constamment à l’humanité d’agir
selon le véritable ordre de l’univers, de marcher dans la volonté de Dieu. Gary
Amos en fournit un excellent exemple : Les hommes ont
des droits comme le droit à la vie. Mais parce qu’un homme a le droit de vivre
sa vie pour Dieu, le droit est inaliénable. Il peut défendre sa vie contre
toutes les autres, mais non la détruire lui-même. Aucun homme n’a le droit de
s’infliger le mal à lui-même, de se suicider, ni de gaspiller sa vie. Il a un intérêt
de propriété – la domination – dans sa propre vie, mais pas le contrôle total.[48] Les chrétiens croient que la loi divine et les droits
absolus basés sur les devoirs spécifiques révélés dans la Bible offrent le seul
cadre possible garantissant un système judiciaire conforme à la loi de Dieu.
Montgomery écrit ce qui suit : Pourquoi les
Juifs et les noirs et les membres d’autres groupes minoritaires devraient-ils
recevoir une égale protection devant la loi ? Pourquoi le racisme nazi
était-il juridiquement condamnable ? Non pas en raison de nos valeurs
sociales américaines actuelles – puisqu’elles n’ont pas plus de permanence ni plus
de validité absolues que celles d’autres peuples – mais parce que le Dieu
tout-puissant a déclaré une fois pour toutes qu’« Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang,
habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des
temps et les bornes de leur demeure” [Actes 17:26] et qu’ « il n’y a ni
Juif, ni Grec, il n’y a plus d’esclave ni libre. » Telles sont l’égalité
humaine et la position légale des hommes indépendamment de leur race ou de leur
couleur, établies sur le rocher de « la loi supérieure, » au-dessus
des sables mouvants des changements culturels.[49] L’exemple classique emprunté à la jurisprudence américaine
fut, bien entendu, le problème de ségrégation scolaire (Brown vs. Board of Education). Comme l’explique Harold O. J. Brown,
les lois sur la ségrégation furent renversées par Brown en raison de la
« conviction selon laquelle la ségrégation raciale, même lorsqu’elle
s’appuie sur des lois correctement adoptées, est en elle-même injuste et
mauvaise, » conviction partagée par toute l’humanité. Il dit que la source
de sa conviction se trouve dans « les sentiments moraux formés par la
doctrine chrétienne et la loi naturelle, » et il conclut comme suit :
« Il y a une loi supérieure à la loi du pays, à laquelle la loi du pays
doit se conformer : Il s’agit, dans les termes de la Déclaration
[d’Indépendance], de ‘la loi naturelle et du Dieu de la nature.’ »[50] Montgomery énumère de nombreux droits humains dont il croit
qu’ils sont enracinés dans la révélation spéciale, parmi lesquels : (1) Les
droits au recours procédural qui impliquent l’impartialité du tribunal, une
audition impartiale, des procès réalisés dans de brefs délais, la confrontation
de témoins et l’absence de la double incrimination. Il voit ces droits décrits
dans des passages tels que 1 Timothée 5:21, Malachie 2:9, Exode 22:9, Esdras
7:26, Esaïe 43:9 et Nahum 1:9. (2) Application
régulière du droit quant aux règles du fond du droit, ce qui implique l’égalité
devant la loi pour toutes les races et pour tous les sexes, pour les riches et
les pauvres, les citoyens et les étrangers, les dirigeants et le peuple, etc.
Il trouve ces droits dans Actes 10:34, Galates 3:28, Jacques 2:1-7, Amos 9:7,
Exode 21:2 et Esaïe 1:16-17. (3) Des
droits fondamentaux qui comprennent le droit à la vie, le droit à la vie de
famille, la liberté de religion, le droit au travail et le droit de la
propriété. Il voit ces droits dans les passages tels que 1 Timothée 5:8,
Matthieu 5:21-22, Luc 1:15, 1 Corinthiens 6:19-20, Exode 20:13-16, Jean 7:17,
Actes 5:1-4, Éphésiens 4:28 et Deutéronome 23:25-26. Seule une telle conception des droits peut offrir à l’homme
une source ultime de ses droits tout en lui conférant un degré de responsabilité
dans la garantie de l’existence de ces droits sur la terre. Tout comme avec la
loi divine, la nature absolue de ce système de droits le place à part de tous
les autres. « Les droits et libertés personnels viennent de Dieu et sont
inaliénables, » écrit Gary Amos, « ils n’existent pas simplement par
commodité civile ni à la discrétion de ceux qui tiennent le pouvoir civil.
C’est pourquoi seule l’éthique biblique maintient un équilibre correct entre
l’ordre dans la vie publique et la liberté individuelle. »[51] La Déclaration d’Indépendance d’Amérique fut construite sur
un tel fondement immuable pour les droits, et le philosophe moral français du
XIXe siècle Frédéric Bastiat y fait écho lorsqu’il écrit :
« Chacun de nous possède un droit naturel venant de Dieu pour défendre sa
personne, sa liberté et sa propriété. Ce sont là les trois exigences
élémentaires de la vie, et la préservation de l’une quelconque d’entre elles
dépend entièrement de la préservation des deux autres. »[52] Thomas Jefferson, l’auteur
de la Déclaration, proclamait le besoin d’un tel fondement absolu lorsqu’il
demandait de façon rhétorique : « Les libertés d’une nation
peuvent-elles être considérées comme étant garanties quand nous avons ôté leur
seul fondement ferme, à savoir la conviction ancrée dans l’esprit du peuple selon
laquelle ces libertés sont le don de Dieu ? »[53] La
suppression du fondement chrétien
Bien que Jefferson fût un déiste, il aurait été choqué de
voir la loi positive remplacer la loi chrétienne en Amérique. Le fondement
ferme qu’il croyait essentiel pour replacer dans l’esprit du peuple la
conviction selon laquelle ses libertés étaient le don de Dieu a été remplacé
par un fondement étranger pas du tout favorable à la liberté. Aujourd’hui, les
lois américaines rendent le gouvernement impie, en exemptant les dirigeants des
lois qui s’appliquent au peuple, en déclarant légales des actes proclamés
immoraux par la révélation générale (au nombre desquels l’avortement et
l’homosexualité), en ôtant Dieu et les Dix Commandements des salles de classe,
en accordant plus de droits aux coupables qu’aux victimes, et en relâchant les
coupables qui font alors des innocents leurs proies. Cependant, peu de temps après la Guerre Civile, les racines
théologiques et éthiques chrétiennes du droit américain furent coupées avec
l’acceptation de l’Origine des espèces de
Darwin. Ce dont Russell Kirk avertit lorsqu’il écrivit : « Couper le
Droit de ses sources éthiques, c’est porter un coup fatal à la règle de droit »[54] se produisit en Amérique entre
1869 et 1909. La théorie du droit américaine moderne possède toujours un socle
théologique, mais ce socle est maintenant l’athéisme. Elle a toujours un fondement
éthique, mais ce fondement est maintenant le relativisme. Un des hommes largement responsables de ce changement dans
les théories du droit américaines est Christopher Langdell, un fervent
darwiniste. Pour Langdell, le droit n’était ni statique ni fixé par Dieu. Le
droit évoluait avec l’homme. De ce fait, Langdell choisit de substituer « les
lois de Dieu par les opérations de la loi de l’évolution. »[55] Le professeur de droit de
Harvard, Harold J. Berman, remarque que Avec
l’enseignement langdellien du droit, l’idée ancienne selon laquelle le droit
dépend de manière ultime de la providence divine, c’est-à-dire qu’il possède
une dimension religieuse, s’estompait graduellement, et je crois que nous
pouvons le dire, a presque entièrement disparu.[56] Virginia Armstrong l’exprime de la manière suivante :
« De plus en plus dans l’Amérique moderne, la tradition occidentale
chrétienne a été remplacée par un système humaniste, notamment parmi les élites
des corps enseignant et juridique américains. Sur les 125 dernières années
(depuis la publication de l’Origine des
espèces de Darwin), la forme « rationnelle/laïque » a prévalu la
plupart du temps.[57] Armstrong affirme que généralement il est enseigné aux
étudiants de droit que : (1) Il n’y
a pas de Dieu transcendant, personnel. (2) Tant le monde que l’homme résultent
des forces évolutives qui continuent à diriger leur évolution. (3) Les
institutions sociétales telles que la famille et les lois civiles n’ont pas
d’origine théiste. (4) Des normes absolues établies et commandées par Dieu n’existent
pas pour servir de guide à la fois pour les individus et les institutions. (5)
La Bible est fausse et n’est d’aucune utilité comme source de directions et de
conseils pour l’homme dans sa recherche de progrès. (6) Les efforts propres de
l’homme sont le principal si ce n’est l’unique moyen disponible dans sa
recherche de progrès. « A partir de ces principes fondamentaux, » dit
Armstrong, « les principes de la jurisprudence sont logiquement déduits. »[58] Bien entendu, les chrétiens ne croient pas qu’il soit
« logique » que les écoles de droit américaines forment leurs
conclusions sur la base de l’hypothèse selon laquelle Dieu n’existe pas et que
la Bible est fausse. Les chrétiens voient l’homme comme créé à l’image d’un
Dieu personnel, saint, et ont la conviction que les théories de droit athées
modernes sont fondées sur des hypothèses fausses. Un excellent exemple de la
faillite des théories de droit modernes peut être illustré par l’insistance des
théoriciens du droit modernes sur l’idée de ce que l’individu n’est pas
responsable de ses actions. Les chrétiens, en revanche, propose une théorie du
droit qui octroie à l’homme le droit d’être responsable. Le
droit de l’homme d’être responsable
Les humanistes comme les marxistes dépeignent l’homme comme
une créature résultant de son environnement – né bon de façon inhérente et
perfectible, tout en étant incapable d’atteindre cette bonté ou cette
perfection parce qu’il vit dans une société défaillante. Comme nous l’avons vu
tout au long de ce texte, cette conception de l’homme absout l’individu de toute
responsabilité pour ses actions. Les chrétiens, néanmoins, croient que l’homme
est responsable de ses actions et que Dieu donne à l’homme le droit d’être
traité comme un agent moral, capable de choisir entre le bien et le mal. Comme nous l’avons noté, les humanistes portent jusqu’à sa
conclusion logique leur point de vue selon lequel l’homme n’est pas
responsable, appelant à remplacer un système juridique basé sur la punition par
un système qui met l’accent sur la rééducation des criminels. Les chrétiens,
cependant, croient que cette approche de la théorie du droit dénie à l’homme un
droit fondamental et est, en un mot, inhumain. Lewis affirme ce qui suit :
« Ce que j’affirme, c’est que cette doctrine [celle qui réclame
l’abolition des punitions], bien qu’elle paraisse manifester de la miséricorde,
signifie en réalité que chacun de nous, dès le moment où il transgresse la loi,
est privé des droits d’un être humain. »[59] Lewis fonde sa conclusion sur le fait qu’un système qui se
contente de rééduquer les criminels fait fi de la responsabilité morale de
l’homme, et par là même nie un aspect crucial de la nature humaine. Être
« guéri » contre sa volonté et guéri d’états qu’il est possible de ne
pas considérer comme étant des maladies équivaut à être placé sur le même pied
d’égalité que ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge de la raison ou ceux qui
ne l’atteindront jamais; c’est être classé parmi les enfants, imbéciles et
animaux domestiques. Mais être puni, bien que sévèrement, parce que nous
l’avons mérité, parce que nous « aurions dû le savoir, » c’est être
traité comme une personne humaine créée à l’image de Dieu.[60] C’est pourquoi un chrétien embrasse un système légal
punitif : Tout autre système, même s’il vise à être miséricordieux,
déshumanise l’homme. Les chrétiens embrassent également un système légal
punitif parce qu’il est cohérent avec le moyen divin de dispenser la
justice au Jour de Jugement final. Ce jour-là (Actes 17:31), l’homme devra
rendre compte de ses actions devant Dieu, « afin que chacun reçoive selon
le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps » (2 Corinthiens
5:10; Apocalypse 20:11-15). Les chrétiens reconnaissent que les concepts de justice et
de miséricorde sont complémentaires, et non mutuellement exclusifs. Selon Lewis,
les théories des humanistes visent simplement à abolir la justice pour lui
substituer la miséricorde. « Cela, » dit-il, « signifie que vous
commencez par être ‘gentil’ avec les gens avant de considérer leurs droits, et qu’ensuite
vous leur imposez une gentillesse supposée que personne en dehors de vous ne
reconnaîtra comme de la bonté et que les destinataires ressentiront comme des
cruautés abominables. Vous avez manqué votre objectif. La miséricorde, détachée
de la justice, devient impitoyable. »[61] C’est là le point clé : Un droit octroyé à l’homme par
Dieu, le droit de posséder le libre arbitre et par conséquent d’être tenu
responsable de ses décisions, est mis à l’écart par les humanistes pour tenter
de substituer à la justice la miséricorde. Les chrétiens reconnaissent,
toutefois, que la justice ne peut pas être renversée. Sans la justice, la loi
n’a pas de sens. Rushdoony avertit que « lorsque nous réduisons la loi à
la cruauté inhumaine et assimilons la justice à cette dernière, nous avons
alors remplacé la justice par la pitié et substitué à la loi la
sentimentalité. »[62] Plutôt que de remplacer
la justice par la miséricorde, nous devons défendre la justice, afin de
protéger les hommes en vertu de la miséricorde. Cette insistance sur la justice et sur la responsabilité
morale de l’homme envers Dieu s’engrène logiquement avec les concepts chrétiens
de loi divine et de droits de l’homme. Sur ces fondations, et avec l’aide de la
révélation spéciale qui se trouve dans la Bible, un système juridique chrétien
peut être construit. Applications
bibliques de la théorie du droit
La Bible contient les directions de Dieu concernant un
système terrestre de lois. Dieu s’attend à ce que l’homme mette au point un
système légal ordonné, en lui donnant un exemple d’un tel système dans l’Exode.
John Eidsmoe insiste sur ce point, faisant remarquer que la Bible appelle à
« un système ordonné de justice. » Les juges étaient institués (Exode
18:13-16; cf. Deutéronome 1:16-17; 19:15-21), en même temps qu’un système
judiciaire à plusieurs niveaux avec (pour employer la terminologie moderne) une
justice de la paix sur les dix, un magistrat local sur les cinquante,
un juge de tribunal de district sur les cent, et Moïse lui-même comme Cour
Suprême. « Il était ordonné aux juges d’être honnêtes et non d’accepter
des pots-de-vin de la part des riches ni de les favoriser (Exode
23:1-8), » dit Eidsmoe. « Et ils ne devaient pas non plus montrer un
favoritisme spécial en faveur des pauvres. ‘Tu ne favoriseras point le pauvre
dans son procès’ (Exode 23:3). Tous avaient droit à une égale justice devant la
loi – ni plus ni moins. »[63] De tout cela nous pouvons conclure que le système juridique
divin idéal est non seulement ordonné mais aussi équitable. À chaque homme est
accordé le droit d’être jugé d’après la norme de justice. Gerald R. Thompson
dit que la Bible insiste sur le fait que l’égalité est une question
d’opportunité légale, et non de similarité factuelle. Il cite Deutéronome
1:17 : « Vous n’aurez point égard à l’apparence des personnes dans
vos jugements; vous écouterez le petit comme le grand, » et Lévitique
19:15 : « Tu ne commettras point d’iniquité dans tes jugements :
Tu n’auras point égard à la personne du pauvre, et tu ne favoriseras point la
personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice. » Et il
conclut : « Dans chaque cas, Dieu ordonne de juger en fonction de ce
que fait une personne, et non de ce qu’elle est. Chaque personne a une égale opportunité
de prouver son innocence, et une égale opportunité de payer la peine de ses
fautes. »[64]
La Bible adresse également un message pertinent pour la
théorie du droit en ce qui concerne l’attribution de la culpabilité. Simon
Greenleaf affirme la chose suivante : « L’importance d’une extrême
prudence dans la détermination et la confirmation de la véridicité de chaque
accusation pénale, tout particulièrement lorsque la vie est en jeu, peut être
considérée comme une règle de droit. Elle se trouve dans différents endroits du
Code mosaïque, notamment dans la loi concernant l’idolâtrie, qui n’inflige pas
la peine de mort avant que le crime ne soit ‘dénoncé par trois témoins,’
(c’est-à-dire dans une accusation formelle), ‘et que tu en entendes parler,’
(lors d’un procès), ‘et que tu aies fait des recherches diligentes, et découvert
que la chose est vraie,’ (prouvée de manière satisfaisante), ‘et que la chose
est certaine,’ (au-delà de tout doute raisonnable). »[65] La théorie chrétienne du droit reconnaît qu’un juge
terrestre ne devrait pas condamner un homme précipitamment. Parce que l’homme
est déchu et que sa raison existe dans un état qui est loin d’être parfait, il
lui est tout à fait possible de se tromper quand il rend justice. D’après la
position chrétienne, il est préférable que le juge terrestre se trompe en
faveur de la partie de la défense que de punir un homme innocent, parce que
tous les transgresseurs de la loi seront ultimement jugés par Dieu. Là où la
justice n’est pas rendue par des tribunaux terrestres, elle sera rendue, de la
manière la plus certaine, au Jour du Jugement final. Montgomery écrit ce qui
suit : Nos systèmes
juridiques souffrent de la faillibilité de la situation pécheresse de
l’homme : Des absurdités sont transformées en lois; des coupables sont
innocentés; des innocents sont punis. Mais l’Ecriture Sainte promet une Cour
d’assises finale où « il n’y aura rien de secret qui ne soit pas révélé,
ni de caché qui ne doive être connu. » Le Juge qui jugera ce Jour-là sera
en même temps omniscient et juste, et les ambiguïtés et échecs de la justice
humaine tout au long de l’histoire seront rectifiés.[66] Par conséquent, la justice sera rendue un jour,
correctement et sans erreur – et en ce jour-là, combien l’homme aspirera-t-il à
se réfugier en Christ pour se protéger de la terrible face de la justice !
La certitude du Jour du Jugement devrait dissuader l’homme de transgresser la
loi de Dieu, comme le remarque Adam Smith : « L’idée que, bien que
nous puissions échapper à l’observation de l’homme ou être placés hors d’atteinte
des punitions humaines, nos actes soient cependant toujours sous la
surveillance de l’œil de Dieu et exposés à ses punitions, le grand vengeur de
l’injustice, est un motif qui a le pouvoir de réfréner les passions les plus
obstinées… »[67] Malheureusement, l’homme moderne a perdu la foi dans un
Juge ultime et dans un Jour du Jugement, et beaucoup de ses « passions
obstinées » ne sont pas contrôlées. La Bible indique clairement de quelle
manière un système juridique devrait répondre à de tels actes criminels : Non
seulement par des punitions, mais aussi par un effort sincère de restauration
de l’ordre divin qui a été perturbé par l’acte criminel. Rushdoony remarque que
la loi biblique requiert non seulement la restitution envers la personne
offensée, mais ce qui est encore plus fondamental dans la loi est l’exigence de
la restauration de l’ordre divin. « Le rôle de restitution ne se confine
pas simplement aux cours de justice. Dans la loi biblique, la restitution, en
effet, a) doit être requise par les cours de justice de la part de tous qui ont
commis une offense, mais, bien plus, b) est le but et la direction de la loi
dans son intégralité, savoir la restauration de l’ordre divin, une création
glorieuse et bonne qui sert et glorifie son créateur. »[68] Les chrétiens croient qu’il est approprié de tenter de restaurer
l’ordre divin dans le monde. Cette conviction, néanmoins, ne devrait pas amener
les chrétiens à conclure que tout péché doit être rendu explicitement illégal. Est-il
possible de légiférer la morale ?
Dans un sens, la loi et la morale sont inséparables. Quand
on déclare que le vol est illégal, l’on prononce un jugement moral – le vol est
condamné comme immoral, parce que soit (si l’on croit le récit biblique) il
viole les lois divines, soit (si l’on nie l’existence de Dieu) il viole un
certain droit humain injustifiable. Rushdoony, une fois de plus, aborde le
problème : D’après une
demi-vérité très populaire et dangereuse, « l’on ne peut pas légiférer la
morale. » Cela est vrai tant que cela réfère au fait que la loi ne peut
pas gouverner le cœur de l’homme, qui est la source de la véritable morale, et
que la loi ne peut produire un changement du cœur. La loi ne peut pas régénérer
l’homme; elle ne peut pas rendre bon un homme mauvais. D’un autre côté, nous
devons légiférer la morale – et nous le faisons – dans la mesure où toute loi consiste en
l’application de la morale ou de la mise en forme procédurale de la morale.[69] Cela ne signifie pas que tous les principes moraux doivent
être mis en application à travers des lois spécifiques. Un système rendant illégal
tout péché, parmi d’autres choses, ferait devenir le gouvernement encore plus
boursoufflé et pesant dans son effort de promulguer et d’appliquer une grande
variété de nouvelles lois. Ainsi, l’homme doit se concentrer sur la formulation
d’un système juridique qui ne légifère la morale que dans la mesure où l’ordre
est maintenu et les droits de l’homme protégés. Comme l’écrit Montgomery, Notre tâche
n’est pas de corriger toute défaillance morale par une législation humaine; nous
devrions plutôt légiférer là où un préjudice prouvable causé au corps politique
apparaîtra en l’absence de loi. Par conséquent, nous devons sanctionner le vol,
mais pas la vulgarité; le parjure et les déformations des clauses d’un contrat,
mais non le mensonge en général; la maltraitance des enfants, mais non
l’enseignement de l’athéisme; le meurtre, mais non la croyance à la
sorcellerie. Dieu est encore dans Son ciel, et en accord avec Sa Parole Il ne
manquera pas de remédier, au dernier jour, aux maux que nous ne sommes pas en
mesure de corriger.[70] Ailleurs, John Warwick Montgomery affirme la chose
suivante : « Les prophètes de l’Ancien Testament insistent sur
l’incorporation des normes éthiques de Dieu dans la structure même du
gouvernement, et puisque toute loi reflète nécessairement un certain type de
système de valeurs morales, tout milite pour qu’il reflète le bon système de
valeurs (absolu et révélé). »[71] La fonction des lois terrestres, dans la perspective
chrétienne, n’est pas d’inciter l’homme à toujours agir moralement. Aucune loi
ne pourrait jamais espérer accomplir cette tâche. Néanmoins, si la loi est si
étroitement associée à la morale, elle doit affecter la nature morale de
l’homme à un niveau plus profond que simplement l’amener à se comporter de
manière ordonnée et à respecter les droits de l’homme. Comment donc la loi
sert-elle à amener l’homme à une compréhension correcte de l’univers de
Dieu ? La réponse en est qu’aucun homme n’est capable de vivre une
vie complètement conforme à la loi. Cette incapacité de l’homme d’agir toujours
moralement est rendue évidente par ses violations de la loi divine telle
qu’elle est affirmée dans l’Écriture ou appliquée par les systèmes judiciaires
terrestres. « En bref, » dit Rousas Rushdoony, « le but d’une
loi, quelle qu’elle soit, n’est pas de rendre les hommes bons; cela, l’homme ne
pourra jamais l’accomplir, ni pour l’homme, ni pour la société, car la droiture
est intérieure et non pas un contrôle externe, autrement les prisons seraient les
meilleures écoles de la morale. La loi énonce la norme morale et les sanctions
associées aux offenses, protège la société, sape le moralisme humain, et est un
guide pour les hommes pieux. Le caractère et la justice doivent venir d’une
autre source que la loi. Ainsi, décrier la loi parce qu’elle ne rend pas
l’homme bon, c’est se méprendre sur le but de la loi. Dans toutes les cultures,
d’après Paul, la loi amène les hommes aux mêmes conclusions, à savoir que nul
n’est juste, et que tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et à
cela tout homme doit donner son assentiment (Romains 3:10-18). »[72] Par conséquent, un système de lois chrétien, tout en
stabilisant la société et en promouvant la justice (par la protection des
faibles et des innocents et par la punition des coupables), amène aussi l’homme
à la connaissance de ce qu’il est une créature déchue qui a désespérément
besoin d’un Sauveur. D’une manière similaire à la révélation générale de la loi
naturelle, les lois terrestres, ordinaires et imparfaites aident les incroyants
à reconnaître la nature corrompue de l’homme et par là à rechercher les raisons
de cette corruption ainsi que son remède. Dieu, dans Sa justice, utilise la loi
non seulement pour garantir la justice, mais également pour démontrer à l’homme
que, dans son état déchu, ce serait pure folie que de réclamer les justes
récompenses de la loi. Bien plutôt, l’homme devrait implorer la miséricorde de
Dieu et se tourner vers Jésus-Christ pour obtenir le salut, et devenir ainsi un
enfant de Dieu (voir Éphésiens 2). Les
chrétiens et la loi de Moïse
Lorsque les chrétiens parlent de légiférer la morale, la
discussion conduit invariablement à une question qui lui est liée, à
savoir : La morale et la loi sont-elles inséparables ? Un chrétien
est-il moralement obligé d’obéir à chaque loi établie dans l’Ancien et le Nouveau
Testaments ? Certes, non. De nombreuses lois de l’Ancien Testament ont
été conçues spécifiquement pour mettre en valeur l’identité unique d’Israël en
tant que peuple élu distinct de tous les autres peuples de la terre (par
exemple, par la circoncision et les lois alimentaires). Ces lois ne sont plus
en vigueur, puisqu’en Christ le mur de séparation entre Juifs et Gentils a été
anéanti (Actes 10:9-16; 28-29; Éphésiens 2:11-18). D’autres lois avaient été
spécifiquement établies comme des types de l’œuvre d’expiation de Christ à la
croix à venir (par exemple, toutes les lois portant sur les sacrifices). Ces
lois ne sont plus en vigueur non plus, car Son grand sacrifice est maintenant
un fait passé, et un nouveau symbole a été institué pour en rappeler le
souvenir – la Cène (1 Corinthiens 5:7-8; Hébreux 8-10). En outre, de nombreuses
lois judiciaires, dont toutes ont certainement un fondement moral, sont
limitées à certaines cultures dans leur application. Par exemple, l’exigence qui stipule qu’un mur de parapet doive
être construit autour du toit d’une maison (Deutéronome 22:8) avait pour but de
protéger la vie dans une culture où les toits plats servaient de lieux de repos,
de distraction ou même de repas ou encore pour dormir pendant les étés chauds; mais
dans les pays du Nord où les toits des maisons sont construits avec une forte inclinaison
de manière à éviter l’amoncellement de la neige, construire un mur de parapet
autour du toit pourrait en réalité représenter un danger vital pour ceux qui
s’abritent sous le toit. De même, l’interdiction : « On ne prendra
point pour gage les deux meules, ni la meule de dessus » (Deutéronome
24:6) a un sens dans le contexte d’une société dans laquelle tout foyer avait
une petite meule qui servait à moudre le grain quotidien. Dans une telle culture, la meule était un
outil essentiel pour la vie, et la prendre pour gage signifiait traiter la
propriété octroyée par le gage comme ayant une valeur équivalente aux vies
mises en danger par l’absence d’une meule. Mais dans une société moderne dans
laquelle des meules antiques seraient des objets de curiosité qui auraient de
la valeur dans un musée mais n’ont aucune utilité pour assurer la vie, nous
pourrions défendre le même principe (la vie est plus importante que la
propriété) en interdisant de prendre en gage l’instrument de travail d’un artisan. Dans les exemples donnés précédemment et d’autres cas
similaires, le chrétien est appelé à comprendre le fondement moral des lois
judiciaires spécifiques pour ensuite appliquer avec précaution, dans le
contexte de sa propre culture, ce principe moral découvert. Dans le cas des
lois civiles ou judiciaires, le principe juste sous-tendant l’application
spécifique devrait être alors tout ce qui nous préoccupe maintenant. Comme la
Confession de foi de Westminster (1647) le déclare : « … Il a plu à
Dieu de donner au peuple d’Israël… en tant que corps politique… diverses lois
judiciaires, qui ont expiré en même temps que l’état de ce peuple, et qui
n’obligent personne d’autre, aujourd’hui, au-delà de ce que l’équité générale
peut ainsi requérir » (XIX.iii-iv). Montgomery résume remarquablement l’attitude correcte à
avoir à l’égard à la fois des lois cérémoniales/nationales et des lois
judiciaires : En raison de la
nature unique d’Israël en tant que véhicule de la venue du Messie, sa
législation nationale et cérémoniale n’est pas obligatoire pour les autres
peuples ni pour l’Église du Nouveau Testament… En outre, quand bien même les
principes généraux de la législation de l’Ancien Testament demeurent en vigueur
en raison de leur contenu moral absolu (justice en appel, restitution
équitable, etc.), leurs aspects légaux procéduraux (tels qu’une organisation
particulière de la cour d’appel) ou les remèdes détaillés (par exemple
restitution avec l’ajout d’un cinquième supplémentaire dans des circonstances
spécifiées) sont si étroitement liés à la vie nationale du peuple hébreu qu’il
se pourrait qu’ils n’aient pas un caractère obligatoire pour l’avenir.[73] Cependant, il est nécessaire de distinguer soigneusement
les lois judiciaires et les lois morales. La « loi de Christ » (Galates
6:2) incorpore l’ordre moral éternel
de Dieu. Comme Charles F. Baker l’exprime : « De nombreux principes
moraux et spirituels contenus dans le sermon sur la montagne [de l’Ancien
Testament] peuvent être appliqués au Corps de Christ. »[74] La loi morale de l’Ancien Testament, qui est
renforcée dans le Nouveau Testament, demeure en vigueur de façon permanente. Par
exemple, l’apôtre Paul réitère essentiellement les Dix Commandements dans
Romains 13:8-10, où il conclut que l’amour lui-même, qui est requis pour tous
les chrétiens, est l’accomplissement total de la loi morale – et non son
remplacement, mais ce qui l’amène tout ensemble complètement sous une seule
tête. La Confession de Westminster (XIX.v) déclare la même chose : « Tous
sont tenus d’obéir à la loi morale, aussi bien les personnes justifiées que les
autres; et ceci, non seulement en ce qui concerne son contenu, mais aussi au
regard de l’autorité de Dieu le Créateur qui l’a donnée. Christ, dans l’Évangile,
n’a jamais non plus dissous cette obligation, mais l’a beaucoup
renforcée. » Néanmoins, personne ne peut s’appuyer sur la loi morale
comme un moyen de salut : « Tous ceux qui sont sous les œuvres de la loi
sont sous la malédiction; car il est écrit : ‘Maudit soit quiconque ne
pratique pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi.’ Mais que nul ne
soit justifié par la loi aux yeux de Dieu, cela est évident, car ‘le juste
vivra par la foi.’ Cependant, la loi n’appartient pas à la foi, mais ‘l’homme
qui les mettra en pratique vivra par elles.’ Christ nous a rachetés de la
malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (car il est
écrit : « Maudit soit quiconque est pendu sur un bois »), afin
que la bénédiction d’Abraham puisse s’étendre aux Gentils, de sorte que nous
puissions recevoir la promesse de l’Esprit par la foi » (Galates 3:10-12). Cela ne signifie pas que les croyants puissent ignorer ou
défier la loi morale. Loin de là ! La grâce de Dieu qui justifie les
hommes par la foi (Romains 3:21-4:8) opère simultanément un changement dans
leurs cœurs, brisant leur esclavage du péché
(Romains 6:6-14), et les rendant esclaves de Dieu et de la justice
(Romains 6:15-22), et les rendant ainsi capables de satisfaire aux justes
exigences de la loi en marchant par l’Esprit plutôt que par la chair (Romains
8:3-4). Les croyants sont appelés à accomplir toute la loi par le fait même que
Christ les appelle à aimer Dieu et leur prochain, car toute la loi est résumée
dans le commandement d’aimer (Matthieu 22:37-40; Romains 13:8-10; Galates
5:13-14). Si donc les croyants ne doivent pas voir la loi comme un chemin vers
la justification devant Dieu, ils la voient correctement comme un guide
indispensable et infaillible pour comprendre ce que l’amour requiert. Cela
aussi, la Confession de foi de Westminster l’affirme (XIX, vi) : Bien
que les véritables croyants ne soient pas sous la loi en tant qu’alliance des
œuvres pour être, par elle, justifiés ou condamnés; elle est cependant d’une
grande utilité pour eux, ainsi que pour d’autres; dans la mesure où, en tant
que règle de vie, les informant de la volonté de Dieu et de leur devoir, elle
les dirige et les contraint à marcher en conséquence; découvrant également les
pollutions pécheresses de leur nature, de leurs cœurs et de leurs vies; de
sorte qu’en s’examinant ainsi eux-mêmes, ils puissent parvenir à une conviction
de péché plus profonde, s’en humilier, et à une haine de ce dernier; tout cela,
avec une vue plus claire de leur besoin de Christ, de la perfection de Son
obéissance. Elle est pareillement d’utilité pour les régénérés, servant à
restreindre leurs corruptions, du fait qu’elle interdit le péché; et ses menaces
servent à montrer que même leurs péchés méritent Ses jugements, et quelles
sortes d’afflictions dans cette vie-ci ils peuvent s’attendre à recevoir, bien
qu’ils soient libérés de la malédiction dont les menace la loi. Les promesses
de la loi, de manière similaire, leur montrent que Dieu approuve leur
obéissance, et le type de bénédictions qu’ils peuvent s’attendre à recevoir en
retour; bien que la loi ne leur les doive pas comme un dû, comme sous une
alliance des œuvres; ainsi, qu’un homme fasse le bien et se retienne de faire
le mal, parce que la loi encourage la première chose et dissuade de la seconde,
n’est pas la preuve de ce qu’il est sous la loi et non sous la grâce. La Confession de foi baptiste du New Hampshire (1833)
résume cette position clairement : Nous
croyons que la Loi de Dieu est éternelle et la règle immuable de Son
gouvernement moral; qu’elle est sainte, juste et bonne; et que l’incapacité que
les Écritures attribuent aux hommes déchus d’accomplir ses préceptes vient
entièrement de leur amour du péché; leur délivrance du péché et leur
restauration à travers un Médiateur les amenant à une obéissance sincère à la
sainte Loi sont le grand but de l’Évangile et des moyens de grâce dépendant de
l’établissement de l’Église visible. (XII) Conclusion
La loi chrétienne est basée sur la loi divine naturelle et
révélée dans la Bible. Cette source crée un fondement absolu pour les lois, ce
qui à son tour démontre que le christianisme est mieux équipé pour offrir un
système législatif que toutes les visions du monde qui nécessitent des lois
flexibles, évolutives et arbitraires. Les lois chrétiennes garantissent des
droits de l’homme absolus et spécifiques qui ne peuvent pas être garantis par
des visions du monde qui nient l’existence de Dieu. Les droits de l’homme
chrétiens sont basés sur des devoirs spécifiques prescrits dans la Bible –
ainsi, Dieu octroie des droits spécifiques à tous les humains, mais l’homme
devient responsable de son obéissance envers Dieu et de la protection de ces
droits pour lui-même et pour son prochain. A l’évidence, une des façons de
protéger ces droits est l’établissement d’un gouvernement humain. Une autre
façon est d’internaliser la volonté de Dieu dans nos cœurs. Certains humanistes laïcs accusent le christianisme d’être
non-démocratique et hostile à la liberté religieuse. En réalité, la Bible
insiste sur le fait que croyants et incroyants doivent avoir leur place dans
une nation. « Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et
les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher ?
Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps
le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à
l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie,
et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon
grenier. » (Matthieu 13:28-30.) Alfred North Whitehead comprenait ce
passage comme une pleine affirmation de la liberté religieuse. Dieu a laissé des dispositions spécifiques dans la Bible
pour la mise en place des systèmes judiciaires terrestres.
Il attend de ces derniers qu’ils soient à la fois ordonnés et équitables. Dieu
s’attend, de plus, à ce que les systèmes législatifs humains tiennent l’homme
responsable de ses actes et restaurent l’ordre de Dieu toutes les fois et dans
tous les lieux où cela est possible. Dieu ne s’attend pas, néanmoins, à ce que
chaque péché soit déclaré illégal dans un gouvernement humain. Bien plutôt Il
s’attend à un système judiciaire qui maintienne à la fois l’ordre et la liberté
en promouvant la justice d’une manière aussi humaine que possible. La Bible nous dit ce qu’est le bien et ce que Dieu demande
de l’humanité : « Que tu pratiques la justice, aimes la miséricorde
et marches humblement devant ton Dieu » (Michée 6:8). Ce qui motive un
chrétien à « pratiquer la justice » est sa connaissance de ce que
« l’Éternel est lent à la colère, et grand en puissance, et ne laissera
pas impunis les méchants » (Nahum 1:3). Ce qui le motive à « aimer la
miséricorde » et à « marcher humblement » est l’exemple suprême
du Législateur lui-même – Jésus-Christ – qui a manifesté la miséricorde et a
marché humblement et a dit à la femme prise en flagrant délit d’adultère :
« Je ne te condamne pas non plus : Va, et ne pèche plus » (Jean
8:11). Comme chrétiens nous savons que nous ne pouvons pas vivre la vie parfaite
que Christ a vécue pour nous montrer l’exemple, mais nous pouvons aussi être
assurés qu’en raison de la grâce de Dieu, Christ dira ces mêmes paroles à Ses
disciples le Jour du jugement. [1]
Frédéric Bastiat, The Law
(Irvington-on-Hudson, New York: The Foundation for Economic Education, 1990),
p. 24. [2]
Peter A. De Vos, « Justice, » dans Baker’s Dictionary of Christian Ethics, édité par Carl F. H. Henry
(Grand Rapids, Michigan: Baker Book House, 1973), p. 362. [3]
Russell Kirk, “The Christian
Postulates of English and American Law,” Journal
of Christian Jurisprudence (Tulsa, Oklahoma: O. W. Coburn School of
Law/Oral Roberts University, 1980), p. 66. [4]
Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social
ou principes de droit politique (1762), Livre 2, chapitre 7. Version
numérique développée en 2002 par Jean-Marie Tremblay, dans le cadre de la
collection « Les classiques des sciences sociales » en collaboration
avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi,
p.30. [5] John Warwick Montgomery, The Law Above the Law, p. 42. [6] Carl F. H. Henry, Twilight of a Great Civilization
(Westchester, Illinois: Crossway Books, 1988), p. 147. [7] John W. Whitehead, The Second American Revolution
(Westchester, Illinois: Crossway Books, 1988), p. 80. [8] Robert Bork, The Tempting of America (New York: Free Press, 1990), p. 352. [9]
Francis Schaeffer, A Christian Manifesto,
dans The Complete Works of Francis A.
Schaeffer: A Christian Worldview, 5 volumes (Westchester, Illinois: Crossway Books, 1982), volume
5, p. 439. [10] John W. Whitehead, The Second American Revolution
(Westchester, Illinois: Crossway Books, 1988), p. 20. [11] Montgomery affirme, dans Human Rights and Human Dignity, que la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies (10 décembre
1948) a été établie par René Cassin et est inspirée des Dix Commandements.
Montgomery pense que la lecture qu’en fait Johannes Morsink, qui conclut que la
Déclaration était basée sur « l’humanisme laïque du XXe
siècle, » va trop loin. Nous pensons que Morsink est plus proche de la
vérité, mais ce qui est très perturbant, c’est que l’organe chargé de
l’application des décisions des Nations Unies est sous contrôle marxiste/léniniste
et l’a été depuis la création de l’ONU. Le Département des Affaires Politiques
et du Conseil de Sécurité, qui contrôle le Comité de l’état-major militaire, le
plus important département du Secrétariat des Nations Unies, a été dirigé par
les individus suivants : 1946-1949, Arkady Sobolev (URSS) ;
1949-1953, Konstantin Zinchenko (URSS) ; 1953-1954, Ilya Tchernychev
(URSS) ; 1954-1957, Dragoslav Protitch (Yougoslavie) ; 1958-1960,
Anatoly Dobrynin (URSS) ; 1960-1962, Georgy Arkadev (URSS) ;
1962-1963, E. D. Kiselve (URSS) ; 1963-1965, V. P. Suslov (URSS) ;
1965-1968, Alexei E. Nesterenko (URSS) ; 1968-1973, Leonid N.
Kutakov (URSS) ; 1973-1978, Arkady N. Shevchenko (URSS) ; 1978-1981,
Mikhail D. Sytenko (URSS) ; 1981-1986, Viacheslav A. Ustinos (URSS) ;
1987-1990, Vasiliy S. Safronchuk (URSS). Notre préoccupation sur ce sujet a été
alimentée par le discours du 11 septembre 1990 du Président George Bush devant
le Congrès et le peuple américain, dans lequel il avait déclaré :
« De ces temps troublés, notre cinquième objectif – un nouvel ordre
mondial – peut émerger… Nous voyons maintenant des Nations Unies qui œuvrent
comme l’avaient envisagé leurs fondateurs. » Un de leurs fondateurs était
Alger Hiss, un espion marxiste/léniniste du Département d’État américain – voir
Whittaker Chambers, Witness
(Chicago : Regnery-Gateway, 1978) et Time,
22 octobre 1990, p. 73. En 1944, Hiss exerçait la fonction de secrétaire
exécutif de la Conférence Dumbarton Oaks, où pratiquement toutes les décisions
critiques au sujet des Nations Unies étaient prises. Lors de la conférence
inaugurale des Nations Unies qui eut lieu à San Francisco en 1945, Hiss assura
le rôle de secrétaire général en exercice et de membre important des comités
exécutif et directeur en charge de la rédaction de la Charte des Nations Unies.
[12] John Warwick Montgomery, The Law Above the Law, p. 26. [13] Colorado Springs Gazette Telegraph, 13
décembre 1990, p. B7. [14] Edgar Bodenheimer, Jurisprudence: The Philosophy and Method of
the Law (Cambridge: Harvard University Press, 1974), p. 141. [15] A. E. Wilder-Smith, The Creation of Life (Costa Mesa, CA:
TWFT Publishers, 1970), p. ix. [16] Rousas Rushdoony, The Politics of Guilt and Pity (Fairfax,
VA: Thoburn Press, 1978), pp. 126-127. [17] Montgomery, The Law Above the Law, pp. 35-36. [18] Whitehead, The Second American
Revolution, p. 21. [19] Ibid, p. 26. [20] Ibid, p. 73. [21]
Carl Henry, Twilight of a Great Civilization, p.
159. [22] William Blackstone, Commentaries on the Laws of England,
dans Blackstone’s Commentaries with Notes
of Reference to the Constitution and Laws of the Federal Government of the
United States and of the Commonwealth of Virginia, 5 volumes, édité par Saint
George Tucker (Philadelphie: William Young Birch and Abraham Small, 1803;
réimpression, South Hackensack, New Jersey: Rothman Reprints, 1969), volume 1,
pp. 38-39. [23] Gary T. Amos, Defending the Declaration (Brentwood, Tennessee: Wolgemuth and
Hyatt, 1989), p. 178. [24] Whitehead, The Second American Revolution, p. 74. [25] Gary T. Amos, Defending the Declaration, p. 44. [26] Ibid., pp. 42-73. [27] Montgomery, The Law Above the Law, p. 42. [28] C. S. Lewis, The Abolition of Man (New York: Macmillan, 1973), p. 46. [29] John Eidsmoe, Christianity and the Constitution (Grand Rapids: Baker Book House,
1987), p. 58. [30] Edgar Bodenheimer, Jurisprudence, p. 52. [31] John C. H. Wu, cité dans Virginia
Armstrong, « The Flight from America’s Foundations: A Panoramic
Perspective on American Law, » dans Restoring
the Constitution, édité par H. Wayne House (Dallas, Texas: Probe Books,
1987), p. 116. [32] John Eidsmoe, « The Judeo-Christian Roots of the Constitution, » dans
Restoring the Constitution, édité par H. Wayne House (Dallas, Texas: Probe
Books, 1987), p. 77. [33] Henry, Twilight of a Great Civilization, p. 79. [34] Whitehead, The Second American Revolution, p. 88. [35] Ibid., p. 76. [36] Ibid., pp. 87-88. [37] Rushdoony, Politics of Guilt and Pity, p. 143. [38] John Warwick Montgomery, The Law Above the Law, p. 47. [39] Ibid., p. 48. [40][40] Francis Schaeffer, « Joshua and the Flow
of Biblical History, » The Complete
Works, volume 2, p. 249. [41] Gary Amos, Defending the Declaration, p. 109. [42] Jerome Shestack, Essays on Human Rights (Philadelphie:
Jewish Publication Society of America, p. 76). [43] Gary Amos, Defending the Declaration, pp. 106-107. [44] Ibid., pp. 217-218. [45] Carl Henry, Twilight of a Great Civilization, p.
158. [46] Ibid., p. 149. [47] Gary Amos, Defending the Declaration, p. 108. [48] Ibid., p. 117. [49] John Warwick Montgomery, The Law Above the Law, pp. 46-47. [50]The Religion and Society Report,
novembre 1990, pp. 6-7. Ce rapport est édité par Harold O. J. Brown, Trinity
Evangelical Divinity School, Deerfield, Illinois 60015. [51] Gary Amos, Defending the Declaration, p. 126. [52] Frédéric Bastiat, The Law, p. 6. [53] Rousas Rushdoony, Politics of Guilt and Pity, p. 135. [54] Russell Kirk, “The Christian
Postulates of English and American Law,” p. 66. [55] Herbert Titus, God, Man, and Law: The Biblical Principles, p. 13. [56]
Ibid., p. 2. [57]
Armstrong, « The Flight from America’s Foundations: A Panoramic
Perspective on American Law, » p. 122. [58]
Ibid., pp. 122-123. [59] C. S. Lewis, God in the Dock (Grand Rapids, Michigan: Eerdmans, 1972), p. 288. [60] Ibid., p. 292. [61] Ibid., p. 294. [62] Rousas Rushdoony, Politics of Guilt and
Pity, pp. 97-98. [63] John Eidsmoe, God and Caesar (Westchester, Illinois: Crossway Books, 1985), p.
197. [64] Gerald R. Thompson, “Legal
Equality: No Respecter of Persons,” Journal
of Christian Jurisprudence, 1987, p.
140. [65] Simon Greenleaf, A Treatise on the Law of Evidence
(1824), Partie V, Section 29, n. 1, cité dans Herbert Titus God, Man, and Law: The Biblical Principles
(seconde édition provisoire, 1983), p. 85. [66] John Warwick Montgomery, The Law Above the Law, p. 53. [67] Adam Smith, The Theory of Moral Sentiments
(Indianapolis: Liberty Press/Liberty Classics, 198x), à compléter. [68] Rousas John Rushdoony, The Institutes of Biblical Law (Nutley,
New Jersey: Craig Press, 1973), p. 13. [69]
Rousas John Rushdoony, Politics of Guilt and
Pity, p.139. [70]
John Warwick Montgomery, The
Law Above the Law, pp. 81-82. [71] John Warwick Montgomery,
Human Rights and Human Dignity,
p.180. [72] Rousas Rushdoony, Politics of Guilt and Pity, p. 114. [73] John Warwick Montgomery, Human Rights and Human
Dignity, pp. 165-166. [74] Charles F. Baker, Dispensational Theology (Grand Rapids, Michigan:
Grace College Bible Publications, 1971), p. 323. Référence : David A. Noebel, Understanding the Times. The Story of the
Biblical Christian, Marxist/Leninist and Secular Humanist Worldviews.
Summit Press, Manitou Springs, CO, Etats-Unis, 1991, chapitre 23, “Biblical
Christian Law”, pp. 539-571.
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