Les
réveils figurent parmi les droits privilégiés de
l'Eglise. Ils sont la preuve de sa nature divine, les marques de la
présence de Dieu, le témoignage de Sa puissance. La fréquence
et la puissance de ces saisons extraordinaires de grâce sont les
tests et les éléments préservateurs de la force
vitale de l'Eglise. L'Eglise qui n'est pas visitée par ces saisons
est aussi stérile dans tous ses produits spirituels qu'un désert,
et ne satisfait pas, ni ne peut satisfaire aux vocations de l'Eglise
de Dieu. De telles églises peuvent avoir tout le spectacle et
la parade de la vie, mais il s'agit seulement d'une vie de façade.
L'élément
du réveil appartient à l'individu comme à l'Eglise
: la vie. Le prédicateur dont l'expérience n'est pas marquée
par ces influx de la grâce merveilleuse devrait se demander avec
une anxieuse attention s'il est dans la grâce. Le prédicateur
dont le ministère ne trouve pas encore et encore son paroxysme
du succès et de puissance dans ces visitations de la grâce
de Dieu devrait bien douter de la véracité de son appel,
ou s'inquiéter de la question de savoir s'il doit le poursuivre.
Les réveils ne sont
pas simplement la régénération d'une Eglise rétrograde.
Ils aboutissent à cette fin en effet, mais n'accomplissent pas
leur fin la plus élevée dans ce résultat important.
Ils sont destinés à revigorer et rendre mûrs, par
un acte de puissance, les saints faibles; ils transportent aussi dans
des régions sublimes de la foi et de l'expérience les
plus avancés parmi les élus de Dieu. Ils sont les baptêmes
tout frais - la plus puissante consécration d'une Eglise en attente,
disposée, à l'œuvre; ils l'entraînent dans un zèle
plus profond, et une plus ferme capacité d'accomplir une œuvre
plus puissante. Ces réveils sont les batailles rangées
et les victoires décisives pour Dieu quand les morts du Seigneur
sont nombreux, et ils constituent Son glorieux triomphe.
Il existe des réveils
contrefaits bien exécutés, bien calculés pour séduire
les plus tièdes. Ceux-ci sont trompeurs et superficiels, comportant
de nombreux traits agréables, divertissants et séducteurs,
manquant entièrement des caractéristiques offensives qui
distinguent les véritables. La douleur de la pénitence,
la honte de la culpabilité, l'affliction et l'humiliation dues
au péché, la crainte de l'enfer - ces caractéristiques
des véritables réveils font défaut dans les réveils
contrefaits. Le test d'un véritable réveil se trouve dans
ses qualités qui restent. Le réveil contrefait n'est rien
d'autre qu'une giclée d'hiver, aussi évanescente et agitée
que le nuage de la matinée ou la rosée précoce
- tous les deux éphémères, et le soleil n'en est
que plus brûlant comme pour se moquer du nuage et à cause
de la rosée fugitive. Ces réveils de surface font plus
de mal que de bien, comme le dégel en surface au milieu de l'hiver
qui ne fait qu'accroître la dureté et l'âpreté
de la gelée du jour suivant. Un réveil véritable
pénètre jusqu'au fond des choses, l'épée
n'est pas emmaillotée dans le coton, ni festonnée de fleurs,
mais tranche jusqu'à partager âme et esprit, jointures
et moelles.
Un réveil véritable
marque une ère dans la vie de l'Eglise. Il plante les germes
des grands principes spirituels qui croissent et mûrissent tout
au long des saisons changeantes qui suivent. Les saisons de réveil
sont des périodes de faveur privilégiées où
les vagues du salut atteignent leur plus forte crue, où toutes
les ondées et tous les vents se déplacent en direction
du ciel… des jours d'émancipation, et de retour et d'extase.
L'Eglise a besoin des réveils, elle ne peut pas vivre, elle ne
peut pas faire son travail sans eux. Des réveils qui la soulèveront
par-dessus les sables de la mondanité qui engloutit le courant
et entrave la navigation. Des réveils qui radicaliseront les
grands principes spirituels qui sont battus en brèche jusque
dans leur substance dans nombre d'églises. Il est vrai que dans
l'œuvre la plus profonde, certains s'échopperont et tomberont,
mais quand l'œuvre est véritable et atteint en profondeur, comme
elle devrait le faire, le gâchis sera à peine ressenti
en présence du bien qui reste.
Le premier élément,
dans un réveil dont les effets persistent, est que le réveil
prend sa source depuis l'intérieur de l'Eglise, l'excroissance
native de la condition spirituelle de l'Eglise. Les soi-disant réveils
ne tirent pas leur source de la repentance, de la foi et des prières
de l'Eglise, mais sont induits par des forces étrangères
et externes. Un grand nombre de mouvements religieux de notre époque
ne trouvent en rien leur fondement dans les affres de l'enfantement
de l'Eglise. Par des pressions extérieures, la présence
et la réputation d'un évangéliste, de chanteurs
importés ou de chants importés, un intérêt
est éveillé, une impression de passage est produite, mais
tout ceci est bien différent des préoccupations éveillées
par la présence de Dieu et par la puissante force de Son Esprit
tout-puissant. Dans un réveil fabriqué, il y a un intérêt
qui ne s'approfondit pas pour donner lieu à une conviction, qui
n'est pas dominé jusqu'à devenir une crainte respectueuse,
qui ne peut pas entrer dans le moule de la prière, et qui n'est
pas agité par des craintes. Il y a absence notoire d'esprit de
prière; l'esprit de repentance n'y a non plus aucune place. La
légèreté et la frivolité règnent;
les larmes sont des visiteurs étranges et malvenus. Les membres
d'Eglise, au lieu d'être sur leurs genoux dans l'intercession,
ou de mélanger leurs pleurs pleins de combat avec les pénitents
en lutte, ou de se joindre, dans une louange qui élève
l'âme vers le ciel, à leur délivrance pleine d'extase,
sont simplement des spectateurs d'un agréable divertissement,
dans lequel ils ne trouvent un intérêt que momentané,
dont les résultats, observés d'un point de vue spirituel,
sont loin en deçà du zéro. Un réveil signifie
une Eglise sous le poids d'un fardeau et un pasteur en proie à
un fardeau, et des pénitents accablés par un fardeau.
Le réveil dont les
résultats sont remplis de grâce et demeurent doit jaillir
du contact spirituel qu'entretient une église ou un pasteur avec
Dieu. Une période de jeûne et prière, de profonde
humiliation et de confession, constitue les conditions d'où une
œuvre véritable et puissante tire sa source. La nature de la
prédication est de première importance. Son caractère
fera croître les convertis et mesurera la profondeur de l'œuvre.
La Parole de Dieu dans sa pureté et sa force doit être
proclamée. La loi de Dieu dans ses exigences spirituelles doit
réveiller la conscience, percer et mettre à nu le cœur.
S'il devait jamais y avoir un temps pour les anecdotes sentimentales,
pour l'exercice de l'ironie d'esprit, si le prédicateur devait
jamais être justifié de s'interrompre pour adoucir les
sympathies ou enflammer les imaginations, ce ne serait pas à
cette période-là.
L'objectif ne doit pas
être d'accroître les impulsions ou de se mouvoir en surface,
ou de travailler les tendres émotions, mais de convaincre la
conscience, d'aller à la recherche du pécheur pour le
faire sortir de sa cachette et mettre en évidence ses péchés,
d'avertir l'âme coupable, et de revigorer la foi et l'effort du
croyant. La Parole de Dieu est la semence impérissable et revitalisante.
L'Esprit de Dieu est l'énergie revivifiante qui doit être
relâchée. La Parole de Dieu est l'épée de
l'Esprit. L'épée doit être dégainée
et couper des deux tranchants.
L'esprit de prière
doit être celui qui doit être évident et prévalent.
L'esprit de prière n'est autre que l'esprit de foi, l'esprit
de révérence, l'esprit de supplication, de grâce,
et de miséricorde, et il s'accroît. Cet esprit s'attache
à maintenir le succès de la parole et de la puissance
du Saint-Esprit; quand l'esprit de prière fait défaut,
ces choses font défaut. Si l'esprit de prière est absent
ou attristé, Dieu n'est pas dans l'assemblée. Il vient
et demeure uniquement dans le nuage de la gloire formé par l'encens
d'une Eglise dont les flammes de la prière s'élèvent
vers Lui.
Tous les réveils
sont simplement le fait que Dieu vient dans une grande grâce rencontrer
Son Eglise. Le réveil qui jaillit d'un contact de cœur à
cœur entre l'Eglise et Dieu, qui est dirigé et intensifié
par la pure prédication de la pure Parole de Dieu, et dans laquelle
et par laquelle la prière, la prière puissante, prévaut,
sera un réveil qui demeurera lorsqu'il viendra.
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