Les
hymnes de la Réforme furent comme un appel de la trompette, proclamant
au monde entier que le jour de l'émancipation spirituelle était arrivé.
Ce qui leur manquait au niveau de la qualité poétique était largement
compensé par le formidable zèle et la maturité spirituelle qu'ils communiquaient.
Ils
reflètent fidèlement l'esprit de l'époque dans laquelle ils virent le
jour, une période de luttes et de conflits. L'accent
strident qui apparaît souvent dans les hymnes de Luther peut facilement
être compris lorsque l'on sait que le grand réformateur considérait
le pape comme l'Antéchrist lui-même et tous ceux qui s'opposaient aux
enseignements luthériens comme des alliés du diable.
En
1541, quand l'invasion turque venue de l'Est menaça de dévaster toute
l'Europe, des journées spéciales d'humiliation et de prière furent tenues
dans toute l'Allemagne. Ce fut pour une de ces occasions que Luther
écrivit l'hymne : « Lord, keep us steadfast in thy word
» (« Seigneur, garde-nous fermes dans ta Parole »). Dans sa forme originale,
cependant, l'hymne était tout à fait différent de celui que nous chantons
aujourd'hui. La première strophe résonnait comme suit :
Seigneur,
garde-nous dans ta Parole et ton Suvre,
Retiens
le pape meurtrier et le Turc,
Qui
arracheraient volontiers de ton trône
Jésus-Christ,
ton Fils bien-aimé.
Quand
Luther, par ailleurs, chantait le don gratuit de Dieu aux hommes en
Jésus-Christ, ou vantait les mérites du Sauveur, ou encore rendait grâce
pour la Parole de Dieu restituée aux humains, il y avait
un si merveilleux mélange de confiance enfantine, de foi victorieuse
et de joie instantanée que toute l'Allemagne était absolument passionnée
par ce message.
La
popularité des hymnes luthériens était étonnante. D'autres auteurs d'hymnes
surgirent en grand nombre, les presses typographiques furent monopolisées,
et avant la mort de Luther, pas moins de soixante recueils d'hymnes
furent publiés. Des évangélistes itinérants furent souvent environnés
de foules bouleversées sur les places de marché, des hymnes imprimés
sur des tracts furent distribués et la population entière voulut se
joindre, en chantant, aux chants des réformateurs.
Paul
Speratus, Paul Eber et Justus Jonas furent les collaborateurs les plus
doués de Luther. Speratus contribua à trois hymnes du « Achtliederbuch
» (« Le livre des huit chants »), le premier recueil d'hymnes publié
par Luther. Son hymne le plus célèbre, « To us salvation now is come
» (« Chez nous le salut est maintenant venu ») fut appelé « The
poetic counterpart of Luther's preface to the Epistle to the Roman's
» (« La contrepartie poétique de la préface de Luther à l Epître
aux Romains »). Ce fut le grand hymne confessionnel de la Réforme.
On dit que Luther pleura des larmes de joie lorsqu'il entendit,
à travers sa fenêtre, son hymne chanté par un chanteur des rues à Wittenberg.
Speratus
écrivit l'hymne dans une prison morave dans laquelle il fut jeté à cause
de son adhésion audacieuse aux enseignements luthériens. Immédiatement
après sa sortie de prison, il passa à Wittenberg, pour se joindre aux
réformateurs. Il devint plus tard le responsable du mouvement de Réforme
en Prusse et avant sa mort en 1551, il fut élu évêque de Poméranie.
On peut voir se refléter son génie poétique dans la merveilleuse paraphrase
de la prière du Seigneur qui forme les deux strophes de conclusion de
son célèbre hymne :
Toute
bénédiction, tout honneur, tous remerciements et toute louange
Soient
donnés au Père, au Fils et au Saint-Esprit,
Le
Dieu qui nous a sauvés par sa grâce,
Toute
la gloire lui revienne :
Ô
Père dans le ciel là-haut,
Tes
Suvres glorieuses montrent nettement ton amour,
Que
ton digne nom soit sanctifié.
Que
ton règne vienne, ta volonté soit faite
Sur
la terre, comme dans le ciel :
Garde-
nous en vie, par la grâce que tu nous donnes,
Pardonnant
et pardonné,
Sauve-nous
à l'heure de la tentation,
Et
de tout mal ; à toi est la puissance
Et
toute la gloire, amen !
Eber
fut le chantre le plus doux parmi les réformateurs. En tant que professeur
d'hébreu à l'Université de Wittenberg et assistant de Melanchthon, il
eut une part active dans les évènements exaltants de la Réforme. Il
possédait plus de la douceur de Melanchthon que de la rudesse de Luther,
et ses hymnes sont tendres et attrayants dans leur simplicité
enfantine. On trouve une merveilleuse consolation dans ses hymnes pour
les mourants comme en témoigne son pieux chant du cygne :
Dans
tes chères blessures je m'endors,
Ô
Jésus, nettoie mon âme du péché :
Ta
mort amère, ton précieux sang
Pour
moi, victoire à la gloire éternelle.
Par
toi racheté, je n'ai aucune crainte,
Quand
maintenant, je quitte cette argile mortelle,
Avec
joie, devant ton trône je viens ;
Ce
qui est à Dieu doit mourir et pourtant vivre toujours.
Bienvenue,
ô mort ! tu m'emportes
Pour
demeurer avec Dieu éternellement ;
A
travers Christ, mon esprit est libéré du péché,
Oh,
prends-moi maintenant, cher Seigneur, vers Toi !
Un
autre hymne pour les mourants, « Lord Jesus Christ, true man and God
» (« Seigneur Jésus-Christ, vrai homme et Dieu »), respire le même esprit
d'espoir et de confiance en Christ. Durant les années de persécution
et de souffrance qui suivirent la Réforme, les protestants trouvèrent
beaucoup de réconfort dans le chant d'Eber « When in the hour of utmost
need » (« Dans l'heure du besoin extrême »).
Justus
Jonas, l'ami de cSur de Luther qui adressa les derniers mots de paix
et de consolation au réformateur mourant et qui prêcha également lors
du sermon funéraire, nous a laissé l'hymne « If God were not upon our
side » (« Si Dieu n'était pas de notre côté ») basé sur le psaume
124.
De
cette période, nous avons également gardé le merveilleux hymne du matin,
« My inmost heart now raises » (« Mon cSur intime maintenant s'élève
») de Jean Mathesius, élève et biographe de Luther, et un très bel hymne
équivalent du soir « Sunk is the sun's last beam of light » (« Il a
disparu, le dernier rayon de lumière du soleil ») de Nicholas Hermann.
Mathesius était pasteur de l'église de Joachimsthal, en Bohême, et Hermann,
organiste et chef de chSur. On dit que chaque fois que Mathesius prêchait
un sermon particulièrement bon, Hermann était immédiatement inspiré
pour écrire un hymne sur le même thème ! Il était un
poète et un musicien doté d'une très grande capacité, et ses mélodies
sont parmi les meilleures de la période de la Réforme.
L'exemple
des compositeurs d hymnes de Wittenberg fut rapidement suivi par des
évangéliques dans d'autres régions de l'Allemagne, et des recueils d'hymnes
commencèrent à voir le jour partout. Dès 1526, un petit volume d'hymnes
fut publié à Rostock dans le dialecte allemand appelé « Platt-Deutsch
». Dans cette collection, nous trouvons l'un des plus glorieux hymnes
de la Réforme « All glory be to Thee, Most High » (« A toi toute la
gloire, le Très Haut »), ou, comme cela fut aussi traduit, « All glory
be to God on high » (« Toute la gloire au Dieu Très Haut »), une version
métrique du cantique antique « Gloria in Excelsis ». Cinq
ans plus tard, une autre édition fut publiée, dans laquelle apparaissait
une interprétation métrique de l'Agnus Dei :
Ô
Agneau de Dieu, infiniment saint,
Au
calvaire, en offrande tu t es donné ;
Méprisé,
doux, et humble,
Tu
as, dans ta mort et tes souffrances,
Porté
nos péchés, notre angoisse ;
Vaincu
la puissance de la mort;
Donne-nous
ta paix, ô Jésus !
L'auteur
de ces deux perles d'hymnodie évangélique était Nicolas Decius, un moine
catholique du cloître de Steterburg qui embrassa l'enseignement luthérien.
Il devint plus tard pasteur de l'église Saint Nicolas à Stettin, où
il mourut dans des circonstances suspectes en 1541. En plus d'être un
prédicateur populaire et un poète doué, il semble qu'il ait également
composé quelques morceaux de musique. Les deux magnifiques chorales
au cours desquelles ses hymnes furent chantés lui sont généralement
attribuées, bien qu'il y ait beaucoup d'incertitudes
entourant leur composition. Luther attacha une très grande valeur aux
deux hymnes et les inclut dans sa liturgie allemande.
Référence:
Ernest Edwin Ryden, The Story
of Our Hymns.
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