Tout
grand mouvement religieux a été témoin de la manifestation d'un flot
de chants. Ceci a été particulièrement vrai de la Réforme luthérienne
en Allemagne et dans d'autres pays, et du réveil méthodiste en Angleterre.
John et Charles Wesley, comme Martin Luther, avaient compris quelque
chose de la valeur du chant sacré en gravant des vérités religieuses
dans le coeur et l'esprit des hommes. Tandis que John Wesley était incontestablement
un prédicateur d'une merveilleuse puissance spirituelle, le vrai secret
du succès du mouvement wesleyen doit plus probablement être cherché
dans les sublimes hymnes écrits par son frère Charles.
Avec
Isaac Watts, Charles Wesley détient la place la plus importante dans
le domaine de l'hymnodie anglaise. On dit que pas moins de six
mille cinq cents hymnes ont été écrits par ce « doux poète du méthodisme
». Naturellement, ils ne sont pas tous du niveau le plus élevé, mais
il est surprenant de voir combien d'entre eux s'érigent jusqu'à une
réelle excellence poétique. Sur les sept-cent soixante-dix hymnes du
recueil d'hymnes wesleyen, six cent vingt-trois ont été écrits de la
plume de Charles Wesley.
Charles
Wesley n'écrivait pas des hymnes par devoir, ni pour se distraire non
plus. Son âme semblait être pleine de musique et de poésie, et lorsque
son génie fut touché par l'étincelle divine de l'Esprit de Christ, il
s'enflamma complètement. On a dit de Franz Schubert qu' « il avait à
écrire de la musique ». Il en était de même à propos de Charles Wesley.
Lorsque son âme était remplie de chants, il était poussé à en donner
l'expression en écrivant ses hymnes immortels. L'inspiration lui venait
en toutes sortes d'occasions. Quelques-uns de ces hymnes ont été écrits
lorsqu'il était à cheval, d'autres dans une diligence ou encore sur
le pont d'un navire. Même lorsqu'il était couché sur son lit de mort,
à l'âge de quatre-vingt ans, il dicta son dernier hymne à son épouse
fidèle et consacrée. Celui-ci débutait par les mots : « Dans l'âge et
la faiblesse extrême ».
Charles
Wesley était le plus jeune des dix-neuf enfants du Révérend Samuel
Wesley et de sa remarquable épouse Susannah. Le père, qui était un ecclésiastique
de l'Eglise d'Angleterre, possédait plus que des dons littéraires ordinaires.
Il est l'auteur d'au moins un hymne qui a survécu au temps, « Behold,
the Saviour of mankind » (« Contemplez le Sauveur de l'humanité »).
La mère présidait le presbytère d'Epworth, où les deux éminents
fils naquirent, et elle s'occupait également de l'éducation des plus
jeunes enfants de la famille nombreuse. Concernant cette mère vraiment
exceptionnelle et l'influence spirituelle qu'elle exerça sur ses enfants,
beaucoup de livres ont été écrits.
La
pauvreté et d'autres tourments s'abattirent sur le presbytère d'Epworth
comme les afflictions de Job. Le désastre suprême survint en 1709, lorsque
la maison des Wesley fut complètement détruite par le feu. John, qui
n'avait que six ans à cette époque, y resta piégé, et alors que la maison
entière était en flammes, il fut aperçu à une fenêtre du second étage.
Le père, dans l'agonie de l'âme, tomba sur ses genoux et implora
Dieu de sauver son enfant. Immédiatement, un voisin monta sur les épaules
d'un autre homme et réussit à s'emparer du garçon à l'instant où la
toiture s'effondrait. Ainsi fut épargné l'enfant qui fut destiné à devenir
le responsable de l'un des plus grands mouvements spirituels de l'Eglise
chrétienne.
Pendant
leurs études à l'université d'Oxford, John et Charles Wesley commencèrent
à se sentir insatisfaits des conditions spirituelles qui existaient
parmi les étudiants. Très vite, ils formèrent alors une organisation
consacrée à des exercices spirituels. A cause de leur règles strictes
et de leurs méthodes précises, ils furent surnommés « les Méthodistes
», un nom qui fut attribué ensuite à leur mouvement de réforme.
Les
hymnes de Charles Wesley sont si nombreux que seuls quelques-uns des
plus éminents peuvent être mentionnés ici. « Hark ! the herald angels
sing » (« Ecoutez ! Les anges chantent »), « Love divine, all love excelling
» (« Amour divin, surpassant tout amour »), et « Jesus, Lover of my
soul » (« Jésus, Amant de mon âme ») forment un triumvirat d'hymnes
jamais surpassé par un seul auteur. Ajoutez à ceux-ci, des hymnes tels
que « A charge to keep I have » (« La responsabilité qui est mienne
»), « Arise, my soul arise » (« Elève-toi mon âme, élève-toi » ), «
Christ, whose glory fills the sky » (« Christ dont la gloire remplit
le ciel »), « Come, Thou long-expected Jesus » (« Viens, Toi Jésus si
longuement attendu »), « Soldiers of Christ, arise » (« Soldats de Jésus,
levez-vous »), « Hail the day that sees Him rise » (« Saluez le jour
qui l'a vu s'élever »), et « Suffering Son of Man, be near me » (« Fils
de l'homme souffrant, sois près de moi »), et on peut aisément comprendre
pourquoi le nom de Charles Wesley est gravé en de si grandes lettres
dans l'hymnodie de l'Eglise chrétienne.
« Jésus,
Amant de mon âme » est généralement reconnu comme étant le meilleur
hymne de Wesley. Ceci est d'autant plus remarquable que c'était l'un
des tout premiers hymnes qu'il écrivit. Il fut publié pour la première
fois en 1740 dans un recueil de cent trente-neuf hymnes connu sous le
nom de « Hymns and Sacred Poems, by John and Charles Wesley » (« Hymnes
et poèmes sacrés, de John et Charles Wesley »). Cela se passa au début
du mouvement wesleyen, qui commença vite à se propager comme un feu
de savane partout en Angleterre.
Il
existe plusieurs récits relatant l'origine de l'hymne. La version la
plus digne de confiance raconte comment, un jour, l'auteur était profondément
confus concernant les difficultés spirituelles, lorsqu'il remarqua,
par sa fenêtre de sa chambre d'étude ouverte, un petit oiseau qui chantait
poursuivi par un faucon affamé. Peu après, l'oiseau s'abattit épuisé
à travers la fenêtre et directement dans les bras de Wesley, où il trouva
un refuge sûr. Considérant cet incident inhabituel, la pensée vint à
Wesley que, de la même manière, l'âme des hommes doit se réfugier en
Christ quand viennent les doutes et les craintes. Alors il prit son
stylo et écrivit :
Jésus,
Amant de mon âme,
Laisse-moi
m envoler vers ton sein.
Il
est possible que la référence à la « tempête » et à la « tempête de
la vie » ait été inspirée par le souvenir d'une expérience antérieure,
lorsque lui et son frère John étaient en route pour la colonie de Géorgie
lors d'un voyage missionnaire. Ce fut en l'an 1735, où les frères nouèrent
une amitié avec un groupe de Moraves qui naviguait sur le même bateau
en destination de l'Amérique. Durant la traversée, ils firent pris dans
une terrible tempête, et pendant quelques temps on craignit que le bateau
ne coulât. Pendant que tous les autres passagers étaient remplis de
terreur, les frères Wesley furent impressionnés par le calme et le courage
des Moraves qui chantaient des hymnes au milieu de la tempête qui faisait
rage.
Recherchant
la raison de leur force spirituelle, les frères trouvèrent que les Moraves
semblaient posséder la certitude profonde de leur salut à travers la
foi en Jésus-Christ. Les frères Wesley firent également la triste découverte
qu'eux-mêmes ne possédaient pas réellement cette assurance, mais qu'ils
avaient essayé de travailler à leur salut par leurs propres méthodes.
John Wesley, plus tard, fit la confession que lui et son frère étaient
allés en Géorgie pour y convertir les gens, alors qu'eux-mêmes avaient
besoin d'être convertis.
De
retour à Londres, les frères fréquentèrent d'autres Moraves et à travers
eux ils devinrent familiers avec les enseignements de Luther. Charles
finit par venir à la foi salvatrice en Christ lors d une grave maladie,
et une semaine plus tard son frère vécut une expérience spirituelle
similaire. Ce fut le 24 mai 1738. Ce jour-là, John Wesley assistait
à une réunion à Aldersgate Street, où quelqu'un lut la préface de Luther
à l'Epîtres aux Romains. Alors, pour la première fois, son âme s'éclaira
et il trouva la paix avec Dieu à travers Christ.
Peu
après, John Wesley partit pour Halle en Allemagne, le siège du mouvement
piétiste, dans l'intention de se familiariser davantage avec les enseignements
de Luther et les méthodes évangéliques des piétistes. A Halle, il devint
aussi profondément imprégné de zèle missionnaire. A son retour en Angleterre,
il lança avec John Whitefield le plus grand mouvement spirituel que
son pays ait jamais connu. Des réveils éclatèrent partout. Aucun bâtiment
n'était assez grand pour contenir les foules qui se réunissaient pour
écouter les évangélistes, et, comme le clergé anglais était hostile
au mouvement, la plupart des réunions se tenaient en plein air.
Au
début, Charles apporta son aide dans les prédications, mais il finit
par consacrer la plus grande partie de son temps aux hymnes principalement.
On a estimé que John Wesley ne tint pas moins de quarante mille
services de prédication et parcourut, à travers ses voyages, près de
quatre cent mille kilomètres. C'était lui qui disait : « The world
is my parish » (« Le monde est ma paroisse »). John écrivit quelques
hymnes originaux, mais ses traductions d'hymnes allemands furent plus
nombreuses. Nous lui devons les versions anglaises de l'hymne de Paul
Gerhardt, « Commit thou all thy griefs » (« Remets-toi de tous tes chagrins
»), de l'hymne de Tersteegen, « Thou hidden love of God whose height
» (« Toi, amour de Dieu caché dont la hauteur »), de l'hymne de Freylinghausen,
« O Jesus, Source of calm repose » (« O Jésus, source de repos
calme »), de l'hymne de Zinzendorf, « Jesus, Thy blood and righteousness
» (« Jésus, ton sang et ta justice »), et de l'hymne de Scheffler, «
Thee will I love, my Strength, my Tower » (« Je veux t'aimer, Toi ma
force, ma forteresse »).
Charles
Wesley mourut le 29 mars 1788 après cinquante ans de service pour l'Eglise.
Le jour précédant sa mort due à la maladie, il prêchait à la Chapelle
de City Road à Londres. L'hymne qui précédait le sermon était celui
de Watts, « I'll praise my Maker, while I've breath » (« Je louerai
mon Créateur, tant que je respirerai »). Le matin suivant, quoique très
malade, il stupéfia ses amis en chantant l'hymne entier d'une voix forte.
Dans la nuit de sa mort, il essaya plusieurs fois de répéter l'hymne,
mais il pouvait seulement dire : « I'll praise, I'll praise » («
Je louerai, je louerai ») et, avec la louange de son Créateur sur ses
lèvres, il retourna auprès de Dieu. John Wesley survécut trois ans à
son frère, et entra dans son repos éternel le 2 mars 1791. Le
texte de son dernier sermon fut : « Seek ye the Lord while He may
be found » (« Cherchez le Seigneur tant qu'Il peut être trouvé
»).
Lequel
de Charles Wesley ou d'Isaac Watts devait se voir attribuer la première
place parmi les compositeurs d'hymnes anglais, ce fut-là sujet de bien
de discordes. Le fait est que chacun d'entre eux occupe une place unique,
et l'un complète l'autre. Tandis que Watts met l'accent sur la formidable
majesté et la gloire de Dieu dans des phrases sublimes, Wesley touche
le bord du vêtement de Christ dans l'adoration pleine d'affection et
la louange. Le Dr Breed compare les deux hommes de la façon saisissante
suivante :
«
Watts est plus révérencieux ; Wesley plus tendre. Watts est plus dur
; Wesley plus doux. Watts a profondément recours à l'intellect ; Wesley
s'empare du coeur.
Watts continuera de chanter pour les Paul et les Pierre de l'Eglise
; Wesley pour les Thomas et les Jean. Chacun étant si formidable dans
son domaine propre, il serait vain d'essayer de les mettre en compétition.
Soyons seulement reconnaissants que Dieu, dans sa gracieuse providence,
les ait donnés tous deux à l'Eglise pour exprimer les louanges dans
des catégories diverses. »
Henry
Ward Beecher prononça l'un des plus beaux de tous les hommages concernant
« Jésus, Amant de mon âme » lorsqu'il disait :
«
Je voudrais plutôt avoir écrit cet hymne de Wesley qu'avoir la renommée
de tous les rois qui ont jamais régné sur la terre. Cela est plus glorieux,
il y a plus de puissance. Je voudrais plutôt être l'auteur de cet hymne
que posséder la fortune de l'homme le plus riche de New-York. Celui-ci
mourra. Il est mort, et ne le sait pas... Mais cet hymne se chantera
jusqu'à ce que la dernière circonstance mette en lumière l'orchestre
des anges, et ensuite, je pense, il montera sur quelques lèvres vers
la présence de Dieu. »
Georges
Duffield, auteur de « Stand up, stand up for Jesus » (« Levez-vous,
levez-vous pour Jésus) appela le poème de Wesley « l'hymne de tous
les siècles » (« the hymn of the ages »).
Personne
ne saura jamais quelle aide et quelle consolation il apporta aux âmes
dans l'affliction. Allan Sutherland parle de l'incident émouvant suivant
:
«
Lors d'une journée de chaleur intense, alors que je me tenais au coin
d'une rue de Philadelphie, par un jour où le soleil tapait fort, attendant
une voiture pour m'emmener aux fraîches retraites du parc de Fairmount,
j'entendis une voix basse et tremblotante chanter, avec une douceur
indicible, « Jésus, Amant de mon âme ». Regardant en haut vers une fenêtre
ouverte d'où provenait le son, je vis sur le rebord une plante à demi
fanée, une pathétique oasis verte au milieu d'un désert de brique et
de mortier, et sur elle reposait tendrement et avec douceur une main
décharnée. Je ne pouvais pas voir la personne à laquelle appartenaient
la voix et la main, mais cela n'était pas nécessaire car l'histoire
me fut trop clairement révélée : je savais que dans cette chambre fermée
et inconfortable, une âme humaine luttait avec la grande énigme de la
vie et de la mort, et atteignait lentement mais sûrement sa délivrance
; je savais qu'en dépit de son humble condition sa vie s'en allait sereinement
mais triomphalement. Je n'oublierai jamais la grave et poignante requête
pleine de supplication dans la jeune voix frêle tandis que ces paroles
me parvenaient à travers l'air oppressant :
D'autre
refuge, je n'en ai pas ;
Accroche
mon âme désemparée à Toi ;
Ne
me laisse pas, oh ! ne me laisse pas seul,
Soutiens-moi
et console-moi encore! »
Référence: Ernest Edwin
Ryden, The Story of Our Hymns.
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