On
entend beaucoup dire aujourd'hui qu'il faut montrer de l'indulgence
pour les divertissements innocents. Il y a quelque temps, j'ai entendu
un pasteur dire à un grand rassemblement de jeunes gens qu'il
avait passé beaucoup de temps à organiser des divertissements
innocents à l'intention des jeunes. En l'espace de quelques années,
j'ai lu plusieurs sermons et de nombreux articles plaidant pour que
les chrétiens aient plus de divertissements que ce à quoi
nous étions habitués jusqu'ici. Si vous le voulez bien,
je souhaiterais faire quelques suggestions à ce sujet. J'aimerais
tout d'abord expliquer quels sont les divertissements qui ne sont pas
innocents, et quels sont ceux qui le sont.
1. C'est en premier lieu
une question morale.
2. Tout acte intelligent
accompli par un être moralement libre doit forcément être
bon ou mauvais. Il n'y a rien d'innocent dans les actes d'un être
moralement libre qui ne vit pas en accord avec la loi et l'Evangile
de Dieu.
3. Le caractère
moral de tous les actes accomplis par un être moralement libre
réside dans les motivations profondes de ces actes. Je considère
cette remarque comme évidente et universellement admise.
4. Quel est donc le critère
de jugement dans ce cas ? Comment décider qu'un certain divertissement
sera bon ou mauvais, innocent ou coupable ?
Voici ma réponse
:
a) Par la loi morale suivante
: "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton
prochain comme toi-même." Un acte intelligent accompli par un
être moralement libre ne peut être innocent ou juste que
s'il procède d'un amour suprême pour Dieu et pour le prochain.
Cet acte doit donc être un acte d'amour.
b) Par l'Evangile, qui
dit : "Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous
fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu." "Et
quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du
Seigneur Jésus."
c) Par une raison saine.
Celle-ci affirme les mêmes choses. A la lumière de ces
critères, il est clair qu'il n'est pas innocent de s'engager
dans des divertissements pour le seul désir de s'amuser. En voulant
satisfaire notre besoin de manger ou de boire, nous n'agissons pas innocemment.
Si nous étions
des animaux, nous agirions innocemment en voulant satisfaire notre appétit
pour la nourriture ou la boisson. Mais ceci est un péché,
pour un être moralement libre. Un être moralement libre
devrait avoir une motivation plus élevée. Il ne devrait
manger et boire que pour être plein de force et de santé
pour le service de Dieu. Dieu a fait en sorte que le fait de manger
et de boire puisse être un plaisir pour nous. Mais ce plaisir
de doit pas devenir notre raison essentielle de manger et de boire.
Les divertissements sont certes agréables. Mais cela ne justifie
pas que nous recherchions des divertissements simplement pour satisfaire
nos désirs. De simples animaux peuvent le faire en toute innocence,
parce qu'ils sont incapables d'avoir des motivations plus élevées.
Mais des êtres moralement libres doivent obéir à
une loi plus haute que celle de vouloir simplement satisfaire leur désir
de s'amuser. Par conséquent, un divertissement recherché
pour le seul plaisir de s'amuser n'est pas un divertissement innocent.
De même, il ne serait pas innocent de manger ou de boire pour
la seule recherche de notre plaisir. Ainsi, un divertissement n'est
pas innocent s'il n'est recherché que parce que nous avons besoin
de nous amuser. Nous avons besoin de manger et de boire. Mais cela ne
justifie pas que nous acceptions de manger et de boire simplement parce
que nous en éprouvons le besoin. La loi de Dieu ne dit pas :
"Faites tout parce que vous en avez besoin," mais : "Faites tout par
amour pour Dieu et pour les hommes." Un pécheur peut
manger et boire par égoïsme, c'est-à-dire qu'il peut
rendre son corps fort pour accomplir ses projets égoïstes.
Mais cela serait tout de même un péché, malgré
son besoin de manger et de boire.
Rien n'est innocent si
cela n'est pas motivé par un amour suprême pour Dieu et
pour le prochain, et si la motivation suprême n'est pas de plaire
à Dieu et de L'honorer. En d'autres termes, un divertissement,
pour être innocent, doit plaire à Dieu au moment où
nous nous y engageons. Il doit avoir pour but de
Lui rendre un service. Il doit L'honorer plus que tout autre chose que
nous aurions pu faire à ce moment-là. Je considère
cela comme une évidence. Qu'en résulte-t-il ?
Seuls sont innocents les
divertissements motivés par l'amour. La chasse ou la pêche
ne sont pas des divertissements innocents, si elles sont pratiquées
pour le seul plaisir. Nous sommes autorisés à chasser
et à pêcher, mais pour les mêmes raisons que le manger
et le boire, pour fournir des aliments à
notre corps, afin d'être forts pour le service de Dieu. Nous pouvons
chasser pour détruire des animaux nuisibles, pour la gloire de
Dieu et les intérêts de Son Royaume. Mais chasser et pêcher
pour satisfaire une passion, cela n'est pas innocent. De même,
si nous nous amusons en gaspillant un temps précieux,
qui pourrait être mieux employé pour la gloire de Dieu
et le bien des hommes, cela n'est pas innocent. La vie est courte. Notre
temps est précieux. Nous n'avons qu'une seule vie à vivre.
Nous avons beaucoup à faire. Le monde est dans les ténèbres.
Un monde de pécheurs doit être éclairé et,
si possible, sauvé. Dieu nous demande de travailler tant qu'il
fait encore jour. Notre mission et notre travail exigent de la diligence.
Nous ne devons perdre aucune minute. Si nos cœurs sont droits, nous
prenons plaisir à notre travail. Si nous le faisons avec une
juste motivation, il nous procurera la plus grande joie et constituera
en soi un divertissement suprême.
Si nous allons nous amuser
en perdant inutilement notre temps, cela ne peut pas être une
activité innocente. Si nous comprenons la grandeur de la tâche
à accomplir, et si nous aimons cette tâche, nous n'accepterons
jamais d'aller nous amuser si nous savons que nous allons perdre notre
temps. De même, si un divertissement implique une dépense
inutile de l'argent du Seigneur, cela n'est pas innocent. Tout notre
temps et tout notre argent appartiennent au Seigneur. Nous appartenons
nous-mêmes au Seigneur. Nous pouvons en toute innocence utiliser
notre temps et notre argent pour servir les intérêts du
Seigneur et les intérêts suprêmes des hommes, qui
sont aussi les intérêts de Dieu. Mais si nous le faisons
pour notre propre plaisir et notre satisfaction, cela n'est plus innocent.
Si nous dépensons beaucoup d'argent à voyager pour notre
plaisir, sans nous préoccuper le moins du monde de la gloire
de Dieu, nous n'aurons pas le droit de dire que nous nous engageons
dans des divertissements innocents. Nous péchons.
A la lumière des
critères que nous avons définis, nous voyons donc qu'aucun
divertissement n'est innocent, pour un pécheur inconverti. Rien
n'est innocent pour lui. Tant qu'il ne se repent pas, tant qu'il reste
incrédule, tant qu'il n'aime ni Dieu ni son prochain comme le
Seigneur le demande, il ne peut rien faire d'innocent, ni dans son travail
ni dans ses loisirs. Tout est péché. Sur ce point précis,
je crains fort que beaucoup n'agissent dans une grande séduction.
Je suis surpris et alarmé de voir avec quelle légèreté
les chrétiens et même les pasteurs considèrent ce
sujet. Il y a quelque temps, dans l'un de mes sermons, j'ai dit qu'il
n'y avait rien d'innocent ni de juste dans tout ce que pouvaient faire
des pécheurs. Un pasteur âgé me dit, après
la réunion, qu'il était ridicule de soutenir qu'un pécheur
impénitent ne pouvait rien faire de juste ou d'innocent. Je lui
répondis : "Je croyais que vous connaissiez la saine doctrine.
Ne croyez-vous donc pas que tous les hommes ont besoin d'être
régénérés par le Saint-Esprit?" Il répondit
: "Si !" J'ajoutai : "Croyez-vous qu'une âme non régénérée
puisse faire quoi que ce soit d'agréable à Dieu ? Avant
d'avoir son cœur changé, un pécheur peut-il agir avec
une motivation que Dieu juge acceptable, dans n'importe quel domaine
? N'est-il pas totalement dépravé ? Puisque son cœur est
mauvais, ses actions ne sont-elles donc pas toutes mauvaises ?" Il parut
embarrassé, comprit l'argument, et s'esquiva.
Si un être moralement
libre s'engage dans ce qui est permis par Dieu ou conforme à
la loi de Dieu, il fait bien. Si donc nous nous engageons dans une activité
ou un divertissement que Dieu permet, nous devons le faire par amour
suprême pour Dieu et pour le prochain. Nous ne sommes pas des
pécheurs impénitents, mais des chrétiens. Il est
absurde de dire qu'un pécheur impénitent puisse faire,
dire, ou omettre quoi que ce soit, avec un cœur droit. C'est une contradiction.
S'il est impénitent, toutes ses motivations sont nécessairement
mauvaises. Par conséquent, il n'y a rien d'innocent en lui. Tout
est nécessairement souillé par le péché.
Qu'est-ce donc qu'un divertissement
innocent ? Cela ne peut être qu'une activité entièrement
faite pour la gloire de Dieu et pour les intérêts de Son
Royaume. Si tel n'est pas son unique et suprême objectif, il ne
s'agit pas d'un divertissement innocent, mais d'un péché.
C'est là que beaucoup sont séduits. Quand ils parlent
des divertissements, ils disent : "Quel mal y a-t- il à faire
cela ?" En répondant à cette question, ils ne vont pas
jusqu'au fond des choses. Parce qu'ils ne voient en apparence rien de
mal à ce divertissement, ils en concluent qu'il est innocent.
Ils ne cherchent pas à connaître quelle est la motivation
profonde et unique qui est à la source de cette activité,
et qui seule permet de juger si elle est innocente ou coupable. Si l'on
ne considère pas la nature de cette motivation, on ne peut juger
du caractère bon ou mauvais d'un divertissement, pas plus qu'on
ne pourrait dire que l'activité d'une machine ou d'un animal
soit bonne ou mauvaise en soi. Il faut donc absolument connaître
la motivation de la personne qui agit. Enseigner, directement ou implicitement,
que les divertissements d'un pécheur impénitent ou d'un
chrétien rétrograde sont des divertissements innocents,
revient à enseigner une grossière et mortelle hérésie.
Les parents ne devraient jamais l'oublier quand ils observent les divertissements
de leurs enfants inconvertis. Il y a des moniteurs d'école du
dimanche qui organisent des activités amusantes pour leurs groupes,
des pasteurs qui passent leur temps à programmer des divertissements
pour leurs jeunes, qui conduisent leurs assemblées à des
pique-niques, des excursions agréables, et qui justifient la
pratique de toutes sortes de jeux. Ils devraient se rappeler que
ces activités doivent être faites avec un cœur pur, par
amour pour Dieu, et pour Sa plus grande gloire. Si cela n'est pas le
cas, non seulement ces passe-temps ne sont pas innocents, mais ils représentent
des activités parfaitement criminelles. Ceux qui entraînent
les autres dans ces activités les conduisent dans des chemins
qui encourageront tous leurs mauvais penchants à se manifester.
N'oublions jamais, il faut le répéter, que toutes ces
choses, pour être considérées comme innocentes,
doivent être motivées par un amour pur pour Dieu, et faites
uniquement pour Sa seule gloire. Il ne suffit pas que ces activités
soient celles qui plaisent le plus à Dieu, au moment où
on les pratique. Il faut surtout que notre motivation fondamentale soit
un amour suprême pour Dieu, et le désir de Le glorifier.
Si telle est la véritable
définition d'un divertissement innocent, il est donc impossible
à un pécheur impénitent ou à un chrétien
rétrograde de supposer qu'il puisse s'engager dans un quelconque
divertissement innocent. S'ils pouvaient le faire, comme le croyait
le pasteur âgé dont j'ai parlé, cela signifierait
que l'inconverti aurait eu d'abord son cœur changé, et que le
chrétien rétrograde serait retourné à Dieu.
Un divertissement innocent est un service d'amour rendu à Dieu,
le meilleur service que l'on puisse Lui rendre à ce moment précis.
Il faut bien se rappeler
tout cela quand on se propose de s'engager dans un divertissement quelconque.
Il ne faut pas se demander : "Quel mal y a-t-il à cela ?" Mais
: "Quel bien cela peut-il faire ?" "Est-ce la meilleure façon
pour moi de passer mon temps ?" "Est-ce la meilleure activité
que je puisse faire en ce moment pour glorifier Dieu et étendre
Son Royaume ?" Sinon, il ne s'agit pas d'un divertissement innocent,
mais d'un péché. Si l'on pose la question : "Ne devons-nous
donc jamais chercher à nous amuser ?" je répondrais :
"C'est notre privilège et notre devoir de nous élever
au-dessus du désir de nous amuser. Tous nos désirs doivent
être soumis à notre soif de vivre dans la lumière
de Dieu, et d'être dans une communion si profonde avec Lui que
nous n'aurons plus aucun intérêt pour toute forme divertissement."
C'est certainement notre privilège d'enfant de Dieu, de marcher
si près de Lui, et de rester en communion si étroite avec
Lui, que nous n'aurons plus besoin de nous engager dans tout ce qui
fait la joie et l'excitation du monde : sports, passe-temps et loisirs
de toutes sortes. Nous n'aurons pas besoin de cela pour être comblés
et joyeux. Quand un chrétien apprécie vraiment son privilège
de pouvoir être en communion avec Dieu, il repoussera instinctivement
toute sollicitation de s'engager dans des divertissements mondains.
De tels passe-temps lui apparaîtront bien ternes, bien peu satisfaisants,
et même répugnants. S'il est attiré par les choses
d'en haut, comme il devrait l'être, il lui semblera qu'il ne peut
pas se permettre de descendre au niveau du monde pour en rechercher
les plaisirs.
Un chrétien qui
met sa joie à pratiquer les sports et les passe-temps de ce monde,
ou qui a besoin de les pratiquer, a certainement abandonné son
premier amour pour retourner dans le monde. Un homme spirituel ne peut
trouver aucune joie dans la compagnie du monde. Une telle compagnie
ne provoque
en lui que de la répulsion. La compagnie du monde est pleine
d'hypocrisie, elle est superficielle, elle est souvent même une
honte. Quel plaisir un homme spirituel peut-il retirer des bavardages
insipides d'une réunion mondaine ? Certainement aucun. Pour un
homme qui est en communion avec Dieu, l'esprit, les pratiques, les conversations
et la folie du monde sont une cause de répulsion et de douleur.
Cela ne fait que lui rappeler la tendance des pécheurs à
s'enfoncer toujours plus bas, et le sort affreux qui les attend. J'ai
pleinement vécu des deux côtés de la barrière,
et je suis certain de ne pas me tromper à ce sujet. Peu de gens
ont plus que moi profité des plaisirs du monde avant leur conversion.
Mais ma conversion, ainsi que le baptême du Saint-Esprit qui l'a
immédiatement suivi, ont complètement éteint en
moi tout désir de m'engager dans les divertissements et les sports
de ce monde. J'ai été instantanément transporté
sur un autre plan, où j'ai connu une tout autre joie. Auparavant,
je recherchais avec délice la pratique des divertissements, des
sports et des passe-temps du monde. Après ma conversion, ces
choses ne m'ont plus intéressé. Bien plus, je les avais
à présent complètement en aversion. Je ne les ai
jamais considérées comme nécessaires à une
joie véritablement rationnelle, ni même comme compatibles
avec une telle joie.
Je ne dis pas cela pour
me vanter. Je peux dire, pour l'honneur de Christ et de la foi chrétienne,
que j'ai eu une vie chrétienne heureuse. J'ai éprouvé
autant de joie qu'il est sans doute possible à un homme d'en
éprouver sur cette terre. Pas un instant je n'ai eu le désir
de retourner en arrière, pour mettre mon plaisir dans tout ce
que le monde peut offrir. Quelqu'un pourrait demander : "Supposez que
nous ne puissions pas trouver assez de joie dans notre foi, et que nous
ayons réellement le désir de nous amuser comme le fait
le monde. Si nous avons les dispositions nécessaires, n'est-il
pas bon de le faire ? Si l'on cherche seulement à s'amuser, sans
entretenir un désir ardent de le faire, est-ce un péché
?" Je répondrais que nous ne devons jamais entretenir le désir
ardent de nous amuser. C'est le privilège et le devoir de tous
les chrétiens de s'élever, par la grâce de Dieu,
au-dessus du désir de consommer les viandes de l'Egypte, et de
ne pas perdre leur temps dans les divertissements et les passe-temps
du monde. Se laisser aller à pratiquer ces choses n'est pas innocent.
Ce qu'il faut faire, c'est se demander non pas comment satisfaire ce
besoin, mais comment le remplacer par le besoin de glorifier Dieu et
de chercher Son Royaume !
Les chrétiens doivent
vivre une vie qui soit compatible avec leur engagement. Pour l'honneur
de leur foi, ils doivent renoncer aux convoitises mondaines. Ils ne
doivent pas donner à ceux du monde l'occasion de se moquer des
chrétiens, ni de dire que les chrétiens aiment le monde
tout autant qu'eux. Si des chrétiens sont rétrogrades
dans leur cœur, et s'ils désirent se lancer dans les divertissements
et les sports de ce monde, ils devraient absolument, par décence
et par devoir, s'abstenir de manifester leurs convoitises cachées.
Certains prétendent
que nous devrions nous conformer à certaines pratiques du monde,
du moins dans une certaine mesure, pour prouver aux pécheurs
que nous sommes capables d'être spirituels tout en profitant des
plaisirs du monde. Ils disent que nous ne devrions pas dégoûter
les inconvertis de se convertir, en arrêtant complètement
de pratiquer ce qu'ils appellent leurs divertissements innocents. Je
dis que nous devons plutôt représenter la foi chrétienne
telle qu'elle est en réalité : une vie au-dessus du monde,
une attirance pour les choses célestes. Nous devons prouver que
cette vie nous procure une joie tellement spirituelle et céleste,
que nous aurons du dégoût et de la répulsion pour
les plaisirs que recherche ce monde. Il est triste de constater que
beaucoup de chrétiens sont des pierres d'achoppement pour les
inconvertis, quand ceux-ci les voient chercher leur plaisir et leur
bonheur dans ce monde.
Cela donne une très
mauvaise image de la foi en Jésus. Cela trompe, confond et stupéfie
les observateurs extérieurs. S'ils lisent une Bible, ils ne peuvent
que s'étonner de voir des âmes, nées de Dieu et
en communion avec Lui, avoir encore le besoin de rechercher les plaisirs
du monde.
En réalité,
les inconvertis qui savent réfléchir n'ont aucune confiance
en ces chrétiens qui mettent leur plaisir dans ce monde. Ils
peuvent faire semblant d'avoir confiance en eux. Ils peuvent à
la rigueur penser que ce sont des chrétiens larges d'esprit ou
de bons chrétiens. Ils peuvent même les flatter, et leur
dire que leur religion est à l'opposé de la bigoterie
et du fanatisme. En réalité, c'est une religion qui leur
convient très bien. Mais ils n'y a aucune sincérité
dans de telles déclarations faites par des pécheurs.
Au début de ma vie
chrétienne, j'ai entendu un évêque Méthodiste,
originaire du Sud, raconter une histoire qui m'a profondément
impressionné. C'était l'histoire d'un homme de distinction,
fortuné, propriétaire d'esclaves, homme gai et agréable,
très adonné à la pratique de divers sports et divertissements.
Il fréquentait beaucoup son pasteur, et l'invitait souvent à
dîner ou à l'accompagner dans ses pratiques sportives ou
ses diverses excursions. Le pasteur se pliait de très bonne grâce
à ces demandes. Une amitié se développa entre le
pasteur et son paroissien, jusqu'au moment où cet homme jovial
et riche contracta une maladie incurable. Quand l'épouse de cet
homme mondain apprit qu'il n'avait que peu de temps à vivre,
elle s'inquiéta beaucoup de l'état de son âme, et
lui demanda tendrement s'il ne voulait pas appeler son pasteur pour
avoir un entretien et prier avec lui. Il lui répondit avec émotion
: "Non, ma chérie. Ce n'est pas l'homme dont j'ai besoin en ce
moment. Il a été mon compagnon, tu le sais, pour la pratique
du sport et la recherche des plaisirs. Il aimait la bonne chère
et la vie facile. J'ai apprécié sa compagnie. Il a été
pour moi un compagnon agréable. Mais je vois à présent
que je n'ai jamais eu vraiment confiance en sa piété.
Et je n'ai maintenant aucune confiance en l'efficacité de ses
prières. Je vais bientôt mourir. J'ai besoin des instructions
et des prières de quelqu'un qui a vraiment foi en Dieu. J'ai
été souvent avec lui, mais notre pasteur n'a jamais pris
au sérieux le salut de mon âme. Ce n'est pas lui qui pourra
m'aider en ce moment." Son épouse fut très affectée,
et lui dit : "Que dois-je donc faire ?" Il répondit : "Tom, mon
cocher, est un homme pieux. J'ai confiance en ses prières. Je
l'ai souvent entendu prier dans la grange ou dans les écuries.
J'ai été toujours frappé par le sérieux
et la sincérité de ses prières. Je ne l'ai jamais
entendu dire quelque chose d'insensé. Il a toujours été
un chrétien honnête et sérieux. Appelle-le."
Tom fut appelé,
et se présenta à la porte. Il ôta son chapeau et
regarda avec tendresse et compassion son maître mourant. Le mourant
étendit la main, et dit : "Approche-toi, Tom. Prends ma main.
Tom, peux-tu prier pour ton maître qui est en train de mourir
?" Tom mit toute son âme dans une prière sincère.
Je ne me rappelle plus le nom de cet évêque, cela fait
si longtemps. Mais je me rappelle très bien cette histoire. Elle
illustre l'erreur dans laquelle tombent tant de chrétiens et
de pasteurs, qui croient pouvoir amener des inconvertis à la
foi en partageant leurs plaisirs et en se précipitant avec eux
dans leurs divertissements. J'ai souvent été le témoin
de telles erreurs. Les chrétiens doivent vivre bien au-dessus
de ce monde. Ils ne doivent pas avoir besoin des plaisirs qu'il offre,
ni les rechercher. Ils doivent démontrer au monde que leur foi
est la source du bonheur le plus grand et le plus pur. Un inconverti
doit être attiré à la foi par l'apparence paisible,
l'aspect joyeux, la sérénité spirituelle et la
bonne humeur d'un chrétien plein de vie ! Quand les païens
voient un chrétien heureux en Dieu, rempli d'une sainte joie,
vivant au-dessus du monde et fuyant ses divertissements, il ne peut
manquer d'être impressionné. Il ressent la nécessité
et l'attrait de la vie chrétienne. Mais que personne se pense
influencer les inconvertis en manifestant de la sympathie pour leurs
aspirations mondaines ! Peut-on dire qu'une telle règle soit
un joug et un esclavage ? Cela ne m'étonne pas qu'elle ait profondément
troublé certains esprits ! Les chrétiens qui aiment et
recherchent le plaisir considèrent cette règle comme impraticable.
Pour eux, elle est un corset ou une chaîne. Mais qui sont donc
ces chrétiens ? Sûrement pas ceux qui aiment Dieu de tout
leur cœur et leur prochain comme eux-mêmes ! Les vrais chrétiens
ne trouvent pas cette règle impraticable, car les vrais chrétiens
aiment Dieu par-dessus tout. Leurs intérêts et leur plaisir
ne sont rien comparés aux intérêts et au bon plaisir
de Dieu. Ils ne recherchent donc pour eux-mêmes aucun divertissement,
à moins que Dieu ne le leur demande. Il est naturel pour nous
de chercher à plaire à ceux que nous aimons par-dessus
tout. Nous trouvons notre plus grand bonheur à leur faire plaisir.
Et nous éprouvons un plaisir suprême à rechercher
non pas notre propre plaisir, mais le plaisir de ceux qui sont l'objet
de toute notre affection. Les chrétiens éprouvent donc
leur plus grande joie et leur plus grand plaisir quand ils peuvent plaire
à Dieu, et quand ils peuvent faire du bien à leurs semblables.
Leur joie est d'autant plus grande qu'ils ne le font pas pour être
joyeux, mais parce qu'ils obéissent à la loi de leur nouvelle
nature. Ceci est une réalité de la conscience chrétienne.
Le meilleur et le plus pur divertissement d'un chrétien est de
faire la volonté de Dieu. Les divertissements du monde sont insipides
et sans valeur aucune, comparés à la joie que nous éprouvons
à faire la volonté de Dieu. Celui qui aime Dieu plus que
tout trouvera naturel de ne rechercher que la gloire de Dieu dans ses
divertissements, comme dans tout ce qu'il fait. Pourquoi donc considérer
cette règle comme trop stricte, comme un carcan et un esclavage
? Comment comprendre ceux qui plaident pour plus de divertissements
mondains ?
D'après tout ce
qu'ont dit et écrit ces dernières années ceux qui
veulent plus de divertissements, j'ai constaté qu'ils prétendent
trouver plus de plaisir dans ces divertissements que dans le service
de Dieu. Cela me rappelle le texte d'une rédaction qui m'a été
donnée quand j'étais écolier : "A toujours travailler
les enfants s'abrutissent." Ils semblent croire que le service de Dieu
est un travail pénible et imposé. Comme si prier, prêcher,
gagner des âmes à Christ, communier avec Dieu et accomplir
nos devoirs spirituels était tellement ennuyeux, voire ingrat,
qu'il nous fallait beaucoup de bonnes journées de détente
pour récupérer ! Comme si notre amour pour Christ ne nous
apportait aucune satisfaction ! Comme si nous devions avoir fréquemment
recours aux divertissements mondains pour rendre notre vie tolérable
!
Un jour, Christ a dit à
Ses disciples : "Venez à l'écart dans un lieu désert,
et reposez-vous un peu." N'est-il pas merveilleux de voir qu'ils étaient
si souvent pressés de toute part qu'ils n'avaient même
pas le temps de prendre leurs repas habituels ! Mais ce n'étaient
pas les divertissements qu'ils recherchaient.
Ils devaient simplement se reposer des fatigues qu'ils avaient acceptées
avec amour. C'est dans leur labeur qu'ils trouvaient leur plus grande
joie. Je me demande souvent : "Pourquoi donc tant de nos prédicateurs
les plus populaires et les plus repus réclament-ils plus de divertissements
?" Ils semblent conduire l'Eglise dans une direction où elle
court les plus grands dangers. Ils n'est pas étonnant que tant
de chrétiens soient si facilement entraînés dans
cette direction. Car ces enseignements vont parfaitement dans le sens
des tentations innombrables qui assaillent l'Eglise, et qui cherchent
à l'entraîner dans le monde. Sur ce sujet, la Bible est
pleine d'enseignements qui sont en contradiction directe avec ces appels
à s'engager dans des divertissements mondains. Ces docteurs chrétiens
appellent à faire la fête, à rire, à gesticuler,
à jouer, et à rechercher tout ce que monde aime. Mais
la Bible nous exhorte à rechercher la sobriété,
à penser aux choses d'en haut, à prier sans cesse, et
à marcher constamment tout près de Dieu. La Bible affirme
partout que nous pouvons trouver une joie véritable dans cette
vie, mais que toute véritable paix de l'esprit réside
dans notre communion avec Dieu et dans notre consécration à
rechercher Sa gloire. Cela doit être le seul et unique but de
notre vie. La Bible nous exhorte à veiller, et nous affirme que
nous devrons rendre compte de toute parole vaine, au Jour du Jugement.
Elle ne nous dit nulle part que la fête et l'hilarité sont
la source de notre joie. Elle ne nous promet nulle part de pouvoir rester
tout près de Dieu et de garder la paix de l'esprit et la joie
dans le Saint-Esprit, si nous courons partout à la recherche
de divertissements.
D'ailleurs, cet enseignement
de la Bible n'est-il pas en accord complet avec l'expérience
humaine ? Avons-nous besoin que ceux qui nous enseignent nous poussent
à rechercher les divertissements mondains ? La dépravation
de la nature humaine ne suffit-elle pas à nous entraîner
dans cette direction, sans avoir besoin d'y être stimulée
par la voix d'un prédicateur ? Si l'Eglise a besoin que ses conducteurs
la poussent à se divertir et à s'amuser un peu, est-ce
parce qu'elle a trop travaillé pour Dieu et pour le salut des
âmes ? Est-ce parce que les chrétiens sont trop surmenés
par les efforts qu'ils font pour arracher les pécheurs aux flammes
de l'enfer ? Est-ce parce que leur ferveur spirituelle risque de les
rendre fous ? Qu'est-ce que cela peut signifier ? N'est-il pas vrai
qu'une telle attitude ouvre la porte à presque tous les dangers
que nous courons ? La nature humaine n'a que trop tendance à
aller dans cette direction. Ne devons-nous donc pas être sur nos
gardes, et constamment exhorter l'Eglise à ne pas chercher à
faire la fête et à se divertir, au péril de son
âme ? Est-ce donc un esclavage que de rechercher uniquement le
bon plaisir et la gloire de Dieu dans tout ce que nous faisons ? Qui
donc trouve cela difficile ? Christ a dit que Son joug était
doux, et Son fardeau léger. Devoir tout faire pour la gloire
de Dieu, voilà certainement le joug de Christ ! C'est Sa volonté
clairement exprimée. Qui dira que c'est un joug dur et un fardeau
pesant ? Cela n'est ni dur ni pesant pour celui qui aime Dieu et qui
veut faire Sa volonté. Ce qui est demandé ici est naturel
à tous ceux qui aiment véritablement Dieu et qui sont
consacrés à leur Sauveur. Aimer Jésus, n'est-ce
pas avoir un cœur décidé à Lui obéir en
toutes choses ? La liberté chrétienne n'est-elle pas le
privilège de faire ce que les chrétiens aiment le plus,
c'est-à-dire plaire en toutes choses à leur Seigneur ?
Oser se détourner du salut des âmes pour chercher à
se divertir ! Comme s'il existait un plus grand plaisir que celui de
travailler au salut des âmes ! Cela n'est pas possible ! Notre
plus grande joie, dans ce monde, est d'arracher des âmes aux flammes
et de les amener à Christ ! Je suis stupéfait d'entendre
ces appels adressés à l'Eglise pour qu'elle se tourne
encore plus vers les divertissements du monde. Avons-nous besoin d'autre
chose que de marcher tout près de Dieu, dans l'amour et la sincérité,
en coopérant avec Lui pour attirer des âmes au ciel ?
Ceux qui encouragent le
peuple de Dieu à se divertir me semblent animés de l'esprit
du monde. Ils ne sont pas spirituels. Quand on est rempli de compassion
pour des hommes qui vont à la mort, quand on lutte et qu'on agonise
chaque jour dans la prière pour qu'ils soient sauvés,
peut-on encore chercher à
s'amuser ? Est-il possible qu'un pasteur, dont l'assemblée comprend
beaucoup d'inconvertis et de chrétiens charnels, cherche à
entraîner son Eglise en arrière, pour rechercher les plaisirs
du monde ? Il y a déjà bien assez de gens, dans toutes
les églises, qui ont naturellement tendance à aller dans
cette direction ! Qui sont ceux qui tombent le plus facilement dans
ce piège ? Qui sont les premiers à proposer un pique-nique,
une excursion agréable, une fête comme celles du monde,
ou toute autre activité plaisante ? Est-ce que ce sont ceux qui
fréquent le plus les réunions de prière et qui
sont toujours réveillés ? Est-ce que ce sont les chrétiens
spirituels, ceux qui parlent des choses célestes et qui ne pensent
pas aux choses de la terre ? Qui donc ignore que ce sont les chrétiens
mondains qui sont les premiers à se joindre aux activités
mondaines et à se divertir ? Les chrétiens vraiment spirituels,
les chrétiens qui prient, qui sont attachés aux choses
d'en haut, n'aiment pas ces activités. Il faut les forcer à
s'y engager. Ils pleurent en secret en voyant leur pasteur encourager
ce qui est sans doute une si grande pierre d'achoppement pour l'Eglise
et pour le monde.
Charles Finney, en remettant à l'impression
les épreuves de cet article, après les avoir revues,
écrivit une courte note à l'intention du Dr Cullis,
en ces termes :
"Ces pages sont un résumé
de trois courts articles que j'ai écrits pour le journal Independant.
L'éditeur du journal Advance, et l'un des éditeurs
de l'Independant, qui avaient publié des articles que
je considère comme mauvais, parce qu'ils approuvaient les divertissements
du monde et les recommandaient aux chrétiens, avaient critiqué
mes articles avec une aigreur qui me semblait indiquer que j'avais touché
juste. Ils en ont tellement tordu le sens qu'ils ont fait croire que
j'enseignais l'ascétisme, et que je voulais interdire tout repos,
toute détente, et toute forme de divertissement. Je considère
mon article comme strictement conforme à la Bible, et comme étant
la vérité. Mais, pour éviter toute interprétation
injuste et toute chicane, veuillez ajouter le texte suivant :
Que personne ne dise que
cet article cherche à interdire tout repos, toute détente,
et toute forme de divertissement. Ce serait faux. Je considère
toutes ces choses comme parfaitement licites, pourvu que ceux qui les
pratiquent les envisagent comme des moyens de s'assurer la vigueur et
la santé de leur corps et de leur esprit, pour mieux servir Dieu.
Cet article insiste seulement, comme le fait la Bible, sur le fait que
l'on doit tout faire comme un service rendu à Dieu, que ce soit
manger, boire, se reposer ou s'amuser. Nous ne devons jamais perdre
Dieu de vue. Notre but est de Lui plaire en toutes choses, sinon nous
péchons. "
Référence:
La Puissance d'En Haut, Charles Finney - Editions Parole
de Vie, 1997
Source: Parole
de Vie - Utilisé avec permission
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