"Faites-vous
un cœur nouveau et un nouvel esprit; pourquoi mourriez-vous, ô
maison d’Israël?" - Ezéchiel
18:31.
Ce qui suit est le résumé
d’un sermon prêché par Charles G. FINNEY. Cet extrait trouve
son origine dans la publication d’un pamphlet intitulé : la nouvelle
mise à l’épreuve divine, d’Asa Rand. Finney fit une réponse
et critiqua les positions théologiques exprimées dans le
pamphlet. Finney rapporta que l’action divine était d’enseigner
et de persuader, et que cette influence était de type morale et
non physique. Le président Edward, ainsi que Monsieur Rand, soutinrent
le contraire, en prétendant que l’action divine exerçait
une régénération physique et un changement de nature
au lieu d’être un changement volontaire d’attitude et de préférence
de l’âme.
"Monsieur
Rand jugea mon point de vue sur ce sujet comme hors de propos, écrivit
puis fit publier un petit article très sévère alors
que je m’opposais à ses vues. Il y avait également d’autres
points de doctrine sur lesquels il s’étendit d’une manière
critique, comme, par exemple, mon opinion sur l’aspect volontaire de
la dépravation morale, et la participation active du pécheur
dans la régénération". - Charles G. Finney
En accord
avec G. Rosell et A.G. Dupuis, Finney se sentit concerné par
la publication d’extraits peu clairs, écrits semble t-il par
des "preneurs de notes ", qui selon lui, auraient entièrement
déformé la pensée de ses sermons. Aussi, en 1834,
écrivit-il une nouvelle version intitulée: "des pécheurs
condamnés à changer leurs propres cœurs" (Rosell et Dupuis,
Mémoires de C. Finney, édition annotée et critiquée,
page 350).
Le mot cœur a de nombreux sens dans la
bible. Quelquefois le cœur est utilisé comme un synonyme de l’âme
ou de l’esprit. Quelquefois il représente la pensée toute
entière, quelquefois la compréhension ou encore la conscience.
A quelques endroits, il rappelle cette tendance constitutionnelle qui
appartient à la nature humaine, qu’elle soit sainte ou pécheresse;
quelquefois le mot cœur correspond aux affections sociales ou relationnelles;
souvent, il exprime toutes les affections ou l’exercice de la pensée;
et en beaucoup d’endroits, on en parle comme d’une source d’où
proviennent nos actes; comme "l’homme bon qui puise dans le trésor
de son bon cœur", etc.. Dans de tels cas, le cœur représente
la source qui régit nos actes moraux, et devrait par conséquent
correspondre à nos choix de règle de vie ou aux principes
qui gouvernent notre esprit. Voilà, je le pense, la signification
du mot cœur, sens que l’on retrouve dans tous les passages où
il est question de compréhension, de recommandations divines,
et d'une manière générale, des devoirs de l’homme.
Voilà le sens de ce texte, qui requiert des pécheurs,
et comme ils n’en ont jamais été invités auparavant,
un changement radical des principes qui les gouvernent, de choisir pour
leurs vies un nouvel objectif.
1. Ce que ne signifie pas ce commandement.
Il n’est pas demandé
au pêcheur de se faire une "nouvelle" âme ou un "nouvel"
esprit; bien que le mot esprit fût employé dans ce texte,
et bien que le terme cœur représente quelquefois l’âme.
Chaque homme possède une âme pour pouvoir aimer et servir
Dieu comme il lui est demandé. Et les chrétiens ne reçoivent
pas une nouvelle âme à leur conversion; par conséquent,
une "nouvelle" âme n’est pas nécessaire, et cela n’est
ni requis dans ce texte, ni dans la Bible. Il n’est pas demandé
non plus au pécheur d’acquérir une quelconque nouvelle
faculté d’âme ou d’esprit. Il n’a pas besoin d’une nouvelle
faculté. Et d’ailleurs le chrétien n’en reçoit
aucune, mais il consacre seulement à Dieu toutes celles qu’il
avait depuis le commencement de sa vie. De même, il ne se s’agit
pas d’acquérir un quelconque nouveau principe moral qui correspondrait
à une modification permanente de son caractère; cela ne
signifie rien d’autre qui ne soit distinct ou antérieur à
l’exercice moral. Rien qui n’agisse derrière la volonté
de l’homme (ou à sa place), pour lui donner la capacité
de vouloir. Il ne lui est pas demandé d’avoir un nouveau goût
des choses, ni de nouvelles dispositions. Cela ne devrait pas être,
comme quelques uns le prétendent, quelque chose qui appartienne
à la nature d’une personne, ce qui est impossible. La nature
ne peut être sainte. La nature d’Adam à sa naissance n’était
pas sainte. Qu’est-ce que la sainteté? C’est une vertu, c’est
l’action morale d’un être intelligent dirigée vers le bon
but. Il est absurde donc de parler de sainteté ou de vertu comme
une chose inhérente à sa nature.
2. Ce qui est attendu dans ce texte.
Ce que l’on attend du pécheur,
c’est qu’il change l’objectif, le but directeur de sa vie. Un homme
résolut d’être avocat. Il dirigea tous ses efforts et planifia
sa vie pour atteindre cet objectif, sans se laisser distraire par toutes
les choses qui auraient pu le faire dévier du but ultime. Après
un temps, il changea d’avis et voulut être marchand. Il dirigea
donc tous ses efforts vers ce nouveau but terrestre, et changea son
cœur ou l’objectif qui le faisait vivre.
Les pécheurs, de même, ont choisi comme sens à leur
vie la recherche de leur bien-être, dans leur propre intérêt,
et ont vécu sans Dieu dans ce monde. Il leur est demandé
de se détourner d’eux même et de choisir de servir Dieu:
et quand ils s'exécutent, ils se font eux même un cœur
nouveau, selon le sens que leur donnent les Ecritures. Dieu est infiniment
saint; non pas parce que sa nature est sainte mais parce que le but
de sa vie est infiniment saint ou vertueux. Il est immuablement saint
parce que son objectif est infiniment fort. Il connaît également
toutes choses et cela depuis toute éternité. Il ne peut
donc avoir aucun autre nouvel objectif et par conséquent pas
de nouvelle motivation. Pour les temps à venir, il ne peut être
conduit à changer le but de sa vie. Adam ne fut fait avec une
nature ni sainte ni pécheresse. Quand il commença à
agir, il choisit, comme but ultime pour sa vie, de servir Dieu. Il a
été, après coup, dévié de son but
initial par Satan, qui lui a suggéré qu’il pourrait devenir
comme Dieu. Souhaitant connaître cette position, il choisit de
se faire plaisir. En faisant cela, il transgressa le commandement divin
et devint un être égoïste, et par conséquent
un pécheur. Ainsi résolvons-nous aisément les questions
qui ont longtemps empoisonné les théologiens: "Comment
Adam, qui était saint, put devenir un pécheur? Comment
le péché a pu entrer dans l’univers, sur la terre et au
paradis, alors que Dieu a fait toutes ses créatures à
sa ressemblance?" Adam changea son cœur ou le but de sa vie, en passant
du bien au mal. Maintenant imaginons qu’après la transgression,
Dieu, lorsqu’Il est venu réprimander Adam, lui ait aussi intimé
de se repentir et de se faire un cœur nouveau. Et qu'Adam Lui ait répondu:
"Je ne puis me faire un nouveau cœur". Dieu lui aurait alors dit:
"Pourquoi ne pourrais-tu pas? C’est justement ce que tu viens de faire.
Tu as changé ton cœur, ou le but de ta vie, en passant du but
de Me servir, Moi, à celui de satisfaire tes intérêts
égoïstes. Maintenant, changes-en encore et reviens à
Moi".
Notre capacité à
ne pas changer le but de notre vie dépend de la force et de la
permanence de cette intention. Les anges n’ont pas transgressé
ce but, ni ne se sont révoltés, en raison de leur entière
dévotion à aimer Dieu et à Le servir. La nouvelle
dévotion du jeune converti est bien un objectif de vie, mais
elle est faible. Il sera bientôt parfait, s’il adhère complètement
à cet objectif, en avançant résolument dans la
vie chrétienne. Mais s’il abandonne cet objectif, il vivra de
manière inconstante. Cela explique l’instabilité de nombreux
chrétiens. Il apparaît que le changement maintenant décrit,
effectué par la simple volonté du pécheur sous
l’influence de ces motifs, est un changement suffisant; et c’est tout
ce que la Bible demande. Voilà ce qui est nécessaire pour
faire d’un pécheur un chrétien. C’est là tout le
changement qui peut-être fait sur un agent moral. Je garantis
que le changement est très différent pour les pécheurs
qui ont été habitués à attendre quelque
chose d’autre, et cela conformément aux enseignements qu’ils
ont pu recevoir. Ils ont attendu sans bouger, oubliant par là
qu’ils avaient à changer leur cœur; ils ont attendu que Dieu
vienne soudainement et fasse sur leur âme une sorte de travail
merveilleux, comme un homme qui va être électrocuté
pour la première fois. Il doit tenir le câble électrique
et attendre avec crainte ce choc soudain et indescriptible, qui va le
changer sans qu’il sache comment. Un pécheur peut ainsi attendre
jusqu’à la fin des temps sans jamais être converti. Le
sentiment qui conduit à un tel enseignement et à cette
attente passive est ainsi calculé pour envoyer les âmes
à la mort et en enfer.
3. Ce commandement est raisonnable.
- Parce qu’Il demande aux hommes d’utiliser
leur force d’une manière raisonnable. S’il est juste que Dieu
requiert des hommes qu’ils Lui obéissent, il est donc juste
qu’Il leur en fixe l’objectif.
- Parce que les hommes ont actuellement
le contrôle de leurs facultés mentales et morales.
- Parce qu’ils ont constamment l’habitude
de contrôler leurs facultés et parce qu’ils changent
chaque jour le but et l’objectif de leurs vies. Ce qui serait très
étrange alors, c’est que les raisons de ces changements soient
infinies, sans que les pécheurs en aient la capacité.
- Parce qu’il est aussi facile de se fixer
comme but le bien que le mal. Et l’un, lorsqu’on y pense, infiniment
plus que l’autre. Comment vient alors la pensée que les hommes
n’ont pas la capacité de faire le bien ? La réalité,
c’est qu’il serait infiniment impossible de ne pas le faire, si les
hommes ne résistaient pas sans cesse aux injonctions de vouloir
le bien.
- Parce que c’est indispensable à
leur bien; et qu’il leur est demandé, en d’autre terme, d’être
heureux.
REMARQUES
1. Comme Adam l’a fait, les pécheurs se sont faits eux-mêmes
un mauvais cœur, sans l’intervention de l’influence divine. Les enfants,
quand ils commencent à agir, se font un cœur mauvais, en choisissant
comme but ultime leur propre gratification. Recherchant leur propre
bien-être, ils ont très tôt violé le commandement
de Dieu et sont devenus pêcheurs.
2. L’idée
que l’être du pécheur est passif dans sa régénération
est une idée qui détruit les âmes. Elle conduit
à l’absurdité suivante: une volonté passive.
3. Chaque pécheur
impénitent est infiniment coupable de ne pas s’être fait
un nouveau cœur. De ne pas avoir fait tout ce travail lui-même.
4. Dire "je ne
peux pas aimer Dieu et me repentir", c’est se servir devant Dieu d’un
péché pour excuser tous les autres.
5. Cette vue illustre
de quel ordre est la dépendance du pécheur à l’Esprit
de Dieu. La seule nécessité de son aide ou de son influence
se trouve dans l’obstination pernicieuse du pécheur. Et quand
il convertit le pécheur, il vient seulement à bout de
cette obstination.
6. L’Esprit use
de moyens pour produire la conversion. Il ne vient pas et ne prend pas
le contrôle du cœur pour exécuter une quelconque opération
sur lui. Mais il lui présente des arguments par le moyen de la
foi. L’Esprit le persuade et le pécheur se soumet à cette
persuasion. Beaucoup ont supposé que l’Esprit agit par une action
directe et immédiate, en agissant à la fois sur les motivations,
pour leur donner de l’efficacité, ou pour faire en sorte que
l’esprit de l’homme veuille ce que Dieu veut. Mais il n’y a ici aucun
mystère. Chaque chrétien sait comment il a été
conduit à changer de conduite, de but de vie, ou de cœur. Il
a été convaincu, persuadé, et amené à
donner librement et sans contrainte son cœur à Dieu. Et je ne
sais pas qui est le plus grand infidèle, celui qui dénie
l’action de l’Esprit lors de la conversion ou celui qui croit que Dieu
a donné des moyens qui ne sont pas adaptés au but pour
lequel ils sont employés.
7. Il y a un sens
où les pécheurs se font vraiment un nouveau cœur. Il y
a un sens où c’est Dieu qui le fait. Un autre où c’est
le prédicateur. Et enfin un autre où c’est la vérité
ou la Parole de Dieu qui le fait. La Bible, pour parler de la conversion,
emploie ces quatre assertions. La conversion peut-être imputée
au sujet - le pécheur - qui change son propre cœur. Ou à
l’instrument - le prédicateur - qui convertit les pécheurs
et sauve les âmes de la mort. Elle peut l’être également
au moyen - la Parole; les hommes sont engendrés par la parole
de la vérité. Et enfin, elle peut être imputée
à Dieu ou à l’Esprit. Ils sont nés de nouveau par
l’Esprit. Prenons un exemple. Une personne se promène près
des chutes du Niagara. Elle aperçoit devant elle un homme insouciant,
perdu dans ses pensées, et qui marche vers les chutes. Sans prendre
garde où ses pas le mènent, il avance directement vers
le précipitc, inconscient du danger. Il est sur le point de basculer
dans le vide lorsque l’autre personne, voyant le danger, lui crie "Stop
!". Il sort subitement de sa rêverie, et se détourne promptement
du précipice et est sauvé. La foule l’entoure, et l’homme
qui vient d’être sauvé, en proie à une très
grande agitation, relate l’événement. "Cette personne
que voilà m’a sauvé; elle a sauvé ma vie". "Mais
comment ?" Oh !, elle a crié stop ! au moment où j’allais
passer par-dessus le parapet; et ce mot, stop, m’a arraché de
la destruction. Oh ! si je n’avais pas détourné mes pas
à cet instant, j’aurais été mis en pièce;
Oh! c’est la miséricorde de Dieu qui m’a gardée d’une
mort horrible". Cela illustre l’utilisation des quatre sortes d’expressions
que l’on trouve dans la Bible, en rapport avec la conversion des pécheurs,
avec seulement une exception. Dans le cas précédent, il
n’y a eu que la voix de la personne qui donna l’alarme; mais, en ce
qui concerne la conversion, il y a à la fois la voix du prédicateur
et celle de l’Esprit. Le prédicateur crie "Stop" et l’Esprit
crie également "stop".
8. Si les pécheurs
ne se soumettent pas à la vérité, ils sont inévitablement
perdus.
9. Nous voyons
la pertinence d’utiliser les moyens appropriés pour la conversion
des pécheurs.
10. Il est plus
probable que le pécheur soit converti par le prédicateur
au moment où il lui parle, qu’après un temps de réflexion.
Quelques uns ont supposé que presser le pécheur à
se repentir sans délai serait plus difficile, et qu’il pourrait
en résulter un faux espoir. Ils ont pensé qu’il valait
mieux le laisser s’en retourner réfléchir et prier chez
lui, pour le laisser donner avec plus de libéralité son
cœur à Dieu. Mais comment fait l’avocat, lorsqu’il s’attache
à changer le cœur des jurés et qu’il veut les gagner à
sa cause ? Est-ce qu’il dit: "Je leur parlerai pendant une demi-heure
ou trois quarts d’heure, j’exposerai la loi, les faits, les arguments,
et je les renverrai dans leurs foyers pour qu’ils puissent bénéficier
d’une délibération plus calme?" Non. Il portera tous ses
efforts pour changer leurs cœurs pendant qu’il leur parle. Ainsi en
devrait-il être des prédicateurs, lorsqu’ils plaident devant
des pécheurs.
11. Quand les ministres
du culte ne comprennent pas ce sujet, ils utilisent des moyens pour
la conversion des pécheurs qui sont soit trop faibles, soit inadaptés.
12. Si vous vous
attendez à d’autres actions, que celles qui accompagnent les
moyens, vous attendez en vain.
13. Comme vous
êtes capable de changer votre propre cœur, vous en portez toute
la responsabilité. Changer vos cœurs vous sauvera; et rien d’autre
ne le pourra. C’est sur ce point que se joue votre destiné éternelle.
Traduction de l’anglais:
Christophe TANI
Source: Eglise
Evangélique de Pompignane
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