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Evangélisation Oecuménisante : Nos Réserves

Par Jean Hoffmann

Nous appelons campagnes d'évangélisation œcuménisante les efforts d'évangélisation entrepris sur un plan interconfessionnel, non par l'œcuménisme proprement dit, mais par des groupements évangéliques en collaboration avec les églises multitudinistes de toutes nuances théologiques telles qu'on les voit représentées au sein du Conseil Oecuménique des églises (les églises multitudinistes sont celles qui recrutent leurs adaptes sur une base autre que celle de la conversion). Nous nous abstenons généralement de ce genre d'entreprises pour plusieurs raisons dont voici les principales :

1. Il n'y a pas d'identité de vue sur la notion de "chrétien"

Dans la chrétienté officielle on considère comme chrétienne toute personne "baptisée" dans son enfance et parfois tout citoyen, sans qu'il soit généralement question de repentance, de conversion et de nouvelle naissance. On ne fait donc pratiquement pas de distinction entre les sauvés et les perdus et nous ne pouvons que constater qu'il y a là un désaccord fondamental sur un point essentiel entre les milieux vraiment évangéliques et les autres. Avant d'entreprendre une évangélisation commune, il conviendrait de s'entendre sur fa définition du chrétien et d'agir en conséquence au- sein des communautés engagées.

2. Il n'y a pas d'identité de vue sur la notion d'"Eglise"

Une fausse notion de chrétien donne inévitablement une fausse notion d'Eglise. Ainsi on prête le nom d'"Eglise" à des mouvements religieux nationaux ou internationaux qui ont pratiquement abandonné les principes bibliques, mais qui jouissent d'une reconnaissance officielle et qui groupent à travers le monde des centaines de millions de personnes dont on estime que 90 ou 95 % ne sont pas de véritables chrétiens ("Christ seul", n°3, 1962 : Après l'Assemblée Oecuménique à New Dehli). Collaborer dans de telles conditions serait faire une œuvre de confusion car "quelle part a le fidèle avec l'infidèle? Sortez du milieu d'eux et séparez-vous, dit le Seigneur" ( 2 Corinthiens 6:15-17).

3. Nous n'avons pas la même foi

Les églises multitudinistes ont abandonné partiellement ou totalement d'autres vérités et principes bibliques fondamentaux. La plupart de leurs théologiens ont sapé l'autorité des Saintes Ecritures en semant le doute et l'erreur. A côté de croyants sincères, on trouve dans ces milieux des hommes qui pour les récits bibliques sont des légendes ou des mythes, niant les miracles et jusqu'à l'œuvre expiatoire de Jésus-Christ. Nous ne pensons pas devoir nous associer dans une activité spirituelle quelconque à des groupements qui ont ainsi ouvert la porte à l'incrédulité et au blasphème. On ne saurait sainement collaborer que sur une base biblique pratiquement reconnue de toutes les parties intéressées.

4. Nous n'avons pas le même but

Pour les milieux qui considèrent comme chrétiennes des personnes qui n'ont pas fait l'expérience de la nouvelle naissance, l'évangélisation doit forcément être autre chose que pour nous. Il en est qui croient au salut de tous les hommes et qui pensent que le progrès nous amènera un règne de justice sociale et de paix mondiale. Pour nous, il ne s'agit pas simplement de faire 'revenir aux temples des gens devenus indifférents, de réveiller les forma istes, de créer une ambiance de ferveur religieuse, de faire accréditer ou de sauver le Protestantisme, de travailler à l'amélioration de la condition humaines, à l'unité des religions ou à l'entente entre les peuples. Nous désirons la conversion du pécheur et son incorporation dans une église fidèle en vue de son perfectionnement et de l'édification du Corps de Christ (Ephésiens 4:12). Un tel chrétien s'il est fidèle, brillera comme un flambeau au milieu d'une génération perverse (Philippiens 2:15), hâtant l'avènement du jour de Dieu (2 Pierre 3:11-12) en appelant les pécheurs à la repentance et à la foi en Jésus-Christ.

5. Notre témoignage doit être sans équivoque

Nous avons une grande responsabilité à l'égard des âmes que le Seigneur nous a confiées. Comment pourrions-nous délibérément les exposer à l'influence d' "Eglises" qui ont abandonné les positions bibliques? Notre collaboration pourrait faire croire à une entente générale et à l'équivalence de tous les milieux représentés. Aussi préférons-nous par notre abstention protester contre ce qui nous paraît être une apostasie et montrer qu'il existe encore des églises qui ne suivent pas la tendance générale.

6. Le recours occasionnel à un évangéliste fidèle à la doctrine ne change rien à la situation

Le fait que les églises multitudinistes font exceptionnellement appel à des hommes qui prêchent la Vérité ne change pas le fond du problème, car la théologie, les institutions, les principes et les pratiques des églises en question demeurent les mêmes. Le jour où de réels changements se produiraient en faveur d'un retour à l'enseignement biblique, il y aurait lieu de réviser notre position, ce que nous ferions alors avec joie. Mais tel n'est malheureusement pas le cas pour le moment. Nous voulons néanmoins nous réjouir de ce qu'en ces occasions l'Evangile soit prêché à des foules qui ne l'auraient peut-être jamais entendu autrement : "Christ n'est pas moins annoncé, je m'en réjouis, et je m'en réjouirai encore" (Philippiens 1:18).

Nous pouvons aussi prier pour que la semence jetée porte des fruits, que des âmes soient sauvées et qu'elles cherchent et découvrent malgré tout, une famille spirituelle selon l'Ecriture.

7. La charité n'exclut pas la vérité

Les impératifs de l'amour chrétien ne sauraient annuler les exigences de la Vérité; aussi ne pensons-nous pas manquer de charité en adoptant une attitude si ferme. C'est par amour que nous désirons autant que possible protéger les âmes des dangers de la confusion œcuménique et leur faire connaître tout le conseil de Dieu tel qu'il nous a été révélé dans la Bible. Nous savons aussi que la Vérité n'exclut pas la charité et nous aimerions, selon l'expression de l'apôtre Paul, "professer la vérité dans la charité" (Ephésiens 4:15).

Si par un illogisme incompréhensible d'autres mouvements évangéliques collaborent avec ceux dont ils sont pourtant décisivement séparés sur le plan spirituel, nous ne pouvons que le regretter tout en respectant les opinions de tous.

Conclusion

En résumé, nous pouvons dire que les mêmes raisons qui nous empêchent de nous joindre au Conseil Œcuménique nous obligent de nous abstenir de toute organisation ou entreprise de même nature ou de même tendance.

Source: Centre de Recherches, d'Information et d'Entraide (CRIE)

Note: Il est bien entendu que l'union de coeur est possible entre tous les chrétiens réellement nés de nouveau, car cette union spirituelle est une affaire de Vie Divine infusée dans les coeurs des rachetés et doit être conforme à la Parole de Dieu, et non une affaire de théologie ou d'opinions. Nous pouvons expérimenter l'unité avec des frères et soeurs, mais non avec des personnes irrégénérées. Cependant, nous pouvons être en communion d'esprit avec tous les chrétiens, même avec ceux qui ont une position anti-scripturaire du fait de leur ignorance. Un défaut de compréhension ne devrait jamais être un obstacle à la communion. Des croyants réveillés cherchent la communion avec d'autres chrétiens unis d'un même coeur, des chrétiens ayant faim de Dieu et mus d'un profond désir d'unité parmi le peuple de Dieu. Là où se trouvent des croyants, ils peuvent et devraient se rassembler dans des réunions ouvertes à tous les chrétiens. Ces réunions devraient être informelles, vécues dans la simplicité et la chaleur et dans le partage ouvert de la joie et de la communion dans l'Agneau. Cette vérité est rappelée avec force ici dans le but de préciser que l'article qui précède n'est en rien un plaidoyer pour une théologie offensive produisant la division, l'animosité et la haine parmi les chrétiens. L'article dénonce simplement la fausse unité religieuse qui se construit de nos jours par la volonté seule de l'homme, par l'intermédiaire de tractations théologiques et de compromissions spirituelles, et qui englobe même des corps étrangers à l'Esprit de Christ.

A propos du CRIE :

Quelques croyants de divers milieux évangéliques, préoccupés par l'évolution de leurs églises, de leurs pasteurs ou autres responsables, se sont regroupés au sein de l'association Centre de Recherches, d'Information et d'Entraide (CRIE). En raison des dangers que courent les églises chrétiennes en cette fin du XX° siècle, ils se sont engagés dans le combat spirituel et le ministère d'avertissement contre les séductions et autres actions de l'Adversaire (Jude 3). Les initiateurs du CRIE sont conscients que leur organisme n'a pas de précédent biblique. Sa raison d'être, comme celle de nombreuses sociétés missionnaires, se trouve dans la carence ou dans les déviations des églises, par rapport à l'enseignement ou aux pratiques néo-testamentaires.

Le ministère prophétique, ou de sentinelle, n'est généralement plus accepté. Le mal n'est souvent plus identifié, ni condamné, ni abandonné. Le CRIE voudrait être, dans ces temps de la fin, un organisme qui encourage le maintien ou la reconquête de l'idéal biblique. L'un des objectifs du CRIE est ainsi de diffuser, en même temps que l'Évangile de la grâce (vocation de tout groupe chrétien), l'information religieuse pour mettre les chrétiens et les églises au courant - et en garde contre -des dangers que l'Adversaire fait courir à l'oeuvre de Dieu, tels que le relativisme, le néo-évangélisme, le syncrétisme, le libéralisme, le pluralisme doctrinal, le laxisme doctrinal ou moral, l'œcuménisme, la mondanité, le féminisme, les déviations charismatiques, musicales et théâtrales, les collaborations dangereuses ou compromettantes, le légalisme, etc..

Le CRIE s'inscrit dans un courant fondamentaliste le plus souvent respectueux des Ecritures et de l'Esprit, courant qui fut autrefois, après le déclin des réveils morave et méthodiste, un réel courant suscité par Dieu pour ramener l'Eglise à l'autorité des Ecritures, à une foi biblique épurée et à Dieu Lui-même. A notre époque où l'orthodoxie chrétienne et les précieuses vérités de la Bible sont battues en brèche, sous l'effet de l'apostasie ambiante, ERM soutient qu'un véritable réveil se doit d'être enraciné dans des doctrines bibliques. Ainsi, le fondamentalisme, c'est-à-dire une appréciation correcte de l'inspiration, de l'autorité, de l'inerrance et de l'infaillibilité des Saintes Ecritures dans la vie pratique des églises et des croyants, est une condition nécessaire de réveil. ERM affirme cependant, qu'il ne constitue pas une condition suffisante au réveil. Car le réveil est bien plus que des doctrines correctes. Il est la Vie et la Présence même de Dieu déversées dans toute leur puissance et leur pureté. Par ailleurs, ERM ne soutient pas toujours la position doctrinale du CRIE, mais a pris la liberté de diffuser certains de ses articles qui nous semblaient susceptibles d'édifier l'Eglise.

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