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L'Espérance Puritaine

Par Iain Murray

 

 


"Le mot espérance, je le saisis par la foi; et en effet l'espérance n'est rien d'autre que la constance de la foi." - Jean Calvin, Commentaires sur l'Épître de Paul aux Hébreux, chapitre 3, verset 6

"Mais notre suprême consolation est qu'il s'agit ici de la cause de Dieu et qu'Il la prendra en main pour l'amener vers une issue heureuse. Quand bien même tous les princes de la terre s'uniraient pour empêcher la progression de notre Évangile, nous ne devons néanmoins pas nous laisser ébranler dans le fondement de notre espérance. Ainsi, de même, quelle que soit la résistance que nous voyons aujourd'hui offerte par pratiquement le monde entier au progrès de la vérité, nous ne devons pas douter que notre Seigneur viendra en dernier pour accomplir une percée à travers toutes les entreprises des hommes et créer un passage pour Sa Parole. Espérons avec audace, alors, plus que ce que nous pouvons comprendre; Il surpassera notre opinion et notre espérance." - Jean Calvin, cité par J.H. Merle D'Aubigné, History of the Reformation in Europe in the time of Calvin (Histoire de la Réforme en Europe au temps de Calvin), 1876, volume 7, 49

"Forte et certaine était la conviction des chrétiens que l'Église sortirait triomphante de ses conflits, et, parce qu'elle était destinée à être un principe de transformation du monde, qu'elle parviendrait à dominer le monde." - J.A.W. Neander, History of the Christian Religion and Church (Histoire de la Religion Chrétienne et de l'Eglise) traduit par Joseph Torrey, volume 2, 1851, 395-6

"Même si nos personnes tombent, notre cause sera victorieuse aussi véritablement, sûrement et infailliblement que Christ est assis à la droite de Dieu. L'Évangile sera victorieux. Ceci me réconforte grandement et me rafraîchit." - John Owen, The Use of Faith, if Popery Should Return Upon Us (L'Utilisation de la Foi, si la Papauté Devait Revenir Sur Nous), 1680 [The Works of John Owen (Les Œuvres de John Owen), 1851, vol 9, 507-508]

"Il viendra un temps où la totalité de l'humanité, aussi bien les Juifs que les Gentils, viendra à Jésus-Christ. Il n'a eu que peu d'emprise encore sur le monde, mais Il en aura avant qu'Il ait achevé." - Thomas Goodwin, 1600-1679, Sermon xxxiv dans An Exposition of the First Chapter of the Epistle to the Ephesians (Un Exposé du Premier Chapitre de l'Epître aux Ephésiens) [Complete Works (Œuvres Complètes), 1861 vol I, 520]

"Il viendra un temps où dans ce monde la sainteté deviendra plus générale et plus éminente qu'elle ne l'a jamais été depuis qu'Adam a chuté dans le paradis." - Thomas Brooks, The Crown and Glory of Christianity (Le Couronne et la Gloire du Christianisme), 1662 [Complete Works (Œuvres Complètes), vol 4, 434]

"Il y a eu de grands et glorieux jours de l'Évangile dans ce pays; mais ils ont été petits en comparaison de ce qu'il y aura." - James Renwick, mort en martyr le 17 février 1688 - A Choice Collection of Prefaces, Lectures, and Sermons (Une Collection Sélectionnée de Préfaces, Discours et Sermons), James Renwick, 1777, 279

"Ceci est évident, il n'y a pas de chose plus stupéfiante et plus paralysante dans le monde que le pur désespoir: regarder un état et un aspect si tristes des choses dans le monde entier comme nous les avons devant nos yeux; les regarder avec désespoir et avec l'appréhension qu'elles ne deviendront jamais, qu'elles ne pourront jamais devenir meilleures… Mais l'espérance est une sorte de réjouissances anticipées et octroie une participation présente au bonheur attendu de ces jours-là, tout aussi éloignés qu'ils puissent encore être de nous… La religion ne sera pas indéfiniment une chose déshonorante dans le monde." - John Howe, Sermons sur The Prosperous State of the Christian Interest Before the End of Time (L'Etat Prospère de la Cause Chrétienne Avant la Fin des Temps), 1678 [Works (Œuvres), 1837, 578-579]

"J'avais une grande espérance que Dieu "abaisserait les cieux et descendrait" et accomplirait une certaine œuvre merveilleuse parmi les païens." - David Brainerd, Life and Diary (Vie et Journal), note du 22 juillet 1744, Works of Jonathan Edwards (Œuvres de Jonathan Edwards), volume 2, 1840, 349

"L'espérance est l'une des principales sources qui gardent l'humanité en mouvement. Elle est vigoureuse, audacieuse et entreprenante. Elle rend les hommes capables d'affronter les dangers, d'endurer les épreuves, et de surmonter des difficultés innombrables, dans le but d'accomplir la fin désirée. En religion, elle a des conséquences qui ne sont certainement pas moindres. Elle constitue une part considérable de la religion de ceux qui craignent véritablement Dieu." - Andrew Fuller, premier Secrétaire de la Société Biblique Missionnaire, dans une lettre circulaire adressée aux églises de l'Association de Northamptonshire sur The Excellency and Utility of the Grace of Hope (L'Excellence et l'Utilité de la Grâce de l'Espérance), 1782 [Complete Works (Œuvres Complètes ), 1841, 714]

"J'aspire à être engagé dans l'œuvre bénie de dire aux païens: "Voici ton Dieu!". Ne pensez pas que les scènes futures m'abattent. Non! Voici, j'avance plein d'espérance." - Robert Moffat, missionnaire pionnier en Afrique du Sud, paroles adressées à ses parents avant son départ, 1816 - The Lives of Robert and Mary Moffat (La Vie de Robert et Mary Moffat), J. S. Moffat, 1896, 23

"Nous nous réjouissons aussi en espérance. Nous possédons de nombreuses assurances expresses garanties par l'Écriture, qui ne peuvent pas être réduites à néant, de l'extension et du règne universels du christianisme, qui ne sont pas encore accomplis. Rien n'a encore eu lieu dans l'histoire de la Grâce Divine, qui soit suffisamment large en étendue, suffisamment durable en continuité, suffisamment puissant en énergie, suffisamment béni en réjouissance, suffisamment splendide en gloire, et qui ait tant soit peu rendu justice à ces prédictions et ces promesses. Des jours meilleurs, par conséquent, sont devant nous, en dépit des pressentiments de beaucoup." - William Jay, 1769-1853, responsable spirituel non-conformiste, dans The Autobiography and Reminiscences of the Rev. William Jay (L'Autobiographie et Les Réminiscences du Pasteur William Jay), 1855, 162

"David n'était pas un adepte de la théorie selon laquelle le monde empirerait toujours plus, et que la dispensation se terminerait par des ténèbres générales et par l'idolâtrie. Le soleil de la terre devrait s'effondrer au milieu d'une nuit dix fois décuplée si nous devions accorder foi à certains de nos frères prophétiques. Ce n'est pas ce que nous attendons, mais nous attendons le jour où les habitants de tous les pays apprendront la justice, mettront leur confiance dans le Seigneur, T'adoreront Toi seul, ô Dieu, 'et glorifieront Ton nom'. Cette notion moderne a grandement miné le zèle de l'église pour les missions, et plus tôt il sera montré qu'elle est non scripturaire, le mieux cela sera pour la cause de Dieu. Elle ne s'accorde pas avec la prophétie, ni n'honore Dieu, ni n'inspire de l'ardeur à l'église. Qu'elle soit donc évacuée au loin." - C.H. Spurgeon, extrait d'un commentaire du Psaume 86.9: "Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant Ta face, Seigneur, et rendre gloire à Ton nom." The Treasury of David (Le Trésor de David), 1874


Mon père était un chrétien qui croyait en la prière mais je ne connaissais et comprenais que peu de choses de ses prières jusqu'à après ma propre conversion à l'âge de dix-sept ans. À partir de ce moment-là, lorsque j'écoutais les supplications de mon père, j'étais en accord avec toutes - toutes, c'est-à-dire sauf une, et cette unique était quelque peu en rapport avec un sujet qui constituait une si grande part de ses prières que je ne pouvais pas ne pas voir la divergence dans nos pensées. La différence qui nous séparait concernait l'étendue du succès du royaume de Christ sur terre à laquelle on pouvait s'attendre. Mon père priait pour son extension universelle et son triomphe final, pour le jour où « une nation ne tirera plus l'épée contre une autre nation, et elles n'apprendront plus la guerre », et où de grandes multitudes dans tous les pays seront comptées parmi les bénéficiaires du travail d'enfantement de l'âme de Christ. D'après l'enseignement avec lequel j'étais alors en contact, je pensais que ces requêtes étaient mal dirigées, et le produit d'un libéralisme théologique qui croyait dans le progrès vers le bien de l'homme et dans la venue d'un monde meilleur. La foi évangélique, pensais-je alors, nous attachait à une conviction contraire, c'est-à-dire que le mal croissant devait dominer la scène mondiale jusqu'au retour de Jésus-Christ en puissance et en gloire. Jusqu'à ce temps-là, l'Évangile doit être prêché comme témoignage à toutes les nations, bien que nous ne puissions anticiper sa réception par un grand nombre de la race humaine.

J'étais par conséquent horriblement mal à l'aise sur cet aspect précis de nos prières familiales, et tout particulièrement parce que je supposais que la foi dans le deuxième avènement imminent de Christ était une nécessité dans l'expérience évangélique, tandis que les requêtes avec lesquelles j'étais en désaccord pouvaient à peine être offertes à moins de supposer que « ce n'est pas encore la fin ». Ceci n'était-il pas une supposition qui allait détruire notre préparation à Son apparition, que Christ a ordonnée?

Dans ses requêtes pressantes, je réalisais que mon père employait souvent un langage scripturaire. Je concevais que son erreur était qu'il appliquait à l'époque présente et à la marche présente de l'histoire ce qui décrit une période qui doit suivre le retour de Christ. Je croyais que ce serait seulement après Son apparition personnelle que des multitudes - ce qui inclut les Juifs en tant que nation – « entreront dans Son Royaume »; ce n'est qu'alors que s'ensuivra une ère de paix où « la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, comme l'eau couvre le fond des mers ».

Avec cette vision qu'avait mon père de l'avenir, l'on peut croire à la fois à la progression présente du mal et à une période encore à paraître où la prospérité prédite du royaume de Dieu dans le monde deviendra enfin une réalité. En conséquence, sa vision s’opposait à ma conception d’alors selon laquelle cette époque présente ne s'achèvera pas en étant témoin de la fin du monde mais du retour de Christ et de l'entrée dans une nouvelle ère - souvent appelée le millénium. Quand ce dernier aura achevé sa course, le dernier jugement aura lieu et le temps ne sera plus.

En acceptant cette vision d'ensemble de l'avenir - une vision d'ensemble connue sous le nom de millénarisme -, je n'avais pas conscience d'une objection qui a longtemps été exhibée à son encontre. Cette objection peut se formuler simplement de la manière suivante : le retour de Jésus-Christ est présenté dans le Nouveau Testament dans des termes qui excluent la possibilité d'une nouvelle ère intervenant entre Sa venue et la fin du monde. Son second avènement et « la fin » surviendront ensemble (1 Corinthiens 15:23,24). Le ciel doit Le retenir, non jusqu'au commencement d'un millénium, mais jusqu'au « temps du rétablissement de toutes choses » (Actes 3:21), dont il est parlé ailleurs comme de « la régénération » que Jésus identifie au dernier jugement (Matthieu 19:28). Quand Il reviendra, tous les morts seront ressuscités, les chrétiens seront glorifiés, le royaume sera rendu parfait et le jour de la patience de Dieu envers les pécheurs s’achèvera. Le témoignage d'un grand nombre de textes qui parlent de ces vérités rend impossible l'idée que l'apparition de Christ puisse être liée à une nouvelle ère de bénédiction spirituelle -ou la suivre- pour ces gens jusque-là non sauvés. Pour cette raison, toutes les déclarations confessionnelles des Eglises réformées d'il y a quatre cents ans refusaient d'identifier le millénarisme au christianisme historique et parlaient plutôt du retour de Jésus-Christ comme coïncidant avec le jour du jugement. Les Trente-Neuf Articles déclarent, en rapport avec la résurrection de Christ, qu'Il est monté au ciel « et que là Il siège jusqu'à Son retour pour juger tous les hommes au dernier jour ». La Confession de foi écossaise (1560), la Confession belge (1561) et le Catéchisme d’Heidelberg répètent tous la même vérité. « Nous croyons, d'après la Parole de Dieu, lorsque le temps désigné par le Seigneur (qui est inconnu de toutes les créatures) sera venu, et que le nombre des élus sera complet, que notre Seigneur Jésus-Christ viendra des cieux, corporellement et de façon visible, tout comme Il est monté avec grande gloire et majesté, pour Se déclarer juge des vivants et des morts, et qu’Il consumera cet ancien monde avec le feu et des flammes pour le purifier. Et alors tous les hommes comparaîtront personnellement devant ce grand Juge, hommes, femmes et enfants qui ont existé depuis le commencement du monde jusqu'à sa fin. » [1]

Ainsi, j’en vins à voir qu'il y a une objection insurmontable à la vue de la prophétie que j'avais acceptée dans mes premières années de ma vie chrétienne. Je garde tout mon respect et mon affection envers ceux qui ont soutenu et soutiennent encore cette vue; je sais aussi qu'ils revendiquent l'Écriture pour la soutenir mais, quand l'Écriture est avancée contre l'Écriture, il est d'une importance capitale que la dépendance que nous attachons à des textes qui sont obscurs dans leur signification ou qui peuvent recevoir plus d'un sens soit moins forte que celle que nous attachons à des textes doctrinaux dont le sens est clair et confirmé par des écritures parallèles. Comme la Confession de Westminster le dit : « Toutes choses dans l'Écriture ne sont pas également évidentes en elles-mêmes, ni également claires en tout. » Par conséquent, étant donné la totale absence de preuves soutenant la thèse dans le Nouveau Testament, il est excessivement hasardeux d'affirmer que mille ans s'intercalent entre le retour de Christ et la fin du monde sur la base qu'Apocalypse 20 enseigne un millénium. La vérité est qu'Apocalypse 20 contient ce qui a été appelé « le passage le plus obscur de toute la Bible »; des significations largement divergentes lui ont été données par ceux qui partagent une foi commune dans l'inerrance des Ecritures, et il est préférable d'admettre que notre point de vue sur ce difficile chapitre soit incertain plutôt que de nous engager sur une interprétation qui peut être harmonisée avec le reste de l'Écriture uniquement en introduisant une confusion dans la signification de nombreux passages qui sinon sont clairs [2].

En réponse à cet appel à commencer avec ce qui est évident, et non ce qui est obscur, et à construire sur ce qui est écrit en gros dans la Parole de Dieu, la question peut être posée de savoir qui doit décider de ce qui est « évident ». En dernier recours, chaque chrétien doit former son propre jugement, mais dans ce domaine il est sage de considérer ce qu'a été le consensus de l'opinion chrétienne dans le passé. Quand, par exemple, nous lisons le même témoignage dans le Credo de Nicée du quatrième siècle – « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » - comme dans les Confessions de la Réforme - professant toutes que l'avènement de Christ est le jugement final - il devrait y avoir de fortes preuves avant que nous concluions que cette foi-là ne représente pas le clair témoignage du Nouveau Testament.

Pendant quelque temps après mon abandon de cette vision millénariste de l'histoire future, la seule vérité respectant la prophétie inaccomplie que je pusse considérer comme claire était celle que le retour de Christ aurait lieu à la consommation de Son royaume. Par conséquent, toute œuvre de conversion que l'on pourrait encore voir doit survenir avant le Deuxième Avènement. En ce qui concerne la certitude ou l'étendue d'une quelconque œuvre future de la grâce, j'étais entièrement dans le doute. Je maintenais toujours la conviction que le témoignage de l'Écriture sur la dépravation humaine requiert que l'on s'attende à un monde à jamais obscur, et les signes du XXe siècle semblaient m'indiquer la même conclusion.

C'est seulement très lentement que j’arrivai à croire que l'Église chrétienne a en effet un grand avenir dans le monde, et cette conviction vint comme le résultat de plusieurs lignes de pensée. La première est que tous les textes de l'Écriture qui sont revendiqués comme des preuves de ce que le retour de Jésus-Christ doit maintenant être imminent ont aussi été avec confiance utilisés de cette façon dans les générations passées. Ce ne sont pas quelques chrétiens dans le passé qui étaient convaincus de façon erronée que leur époque devait être témoin de la fin. Lorsque les barbares teutoniques renversèrent Rome et réduisirent un monde stable en chaos au Ve siècle après Jésus-Christ, beaucoup dans l'Église tirèrent, par désespoir, la conclusion erronée que le monde pourrait ne pas avoir d'avenir. De plus grands nombres encore firent de même à l'approche de l'année 1000, croyant que le millénium qui s'achevait clôturerait le monde. Dans l'obscurité du IVe siècle, des tracts comme « La dernière ère de l'Église » firent leur apparition, et un grand nombre d'écrivains ont depuis écrit dans des termes très similaires à cet ancien titre.

Tout ceci ne fait pas des prédictions de l'Écriture un sujet de scepticisme légitime, mais prouve que les signes de la fin ne sont pas tout à fait aussi clairs que certains hommes voudraient qu'ils soient. Croire que « ce n'est pas encore la fin » n'est pas, par conséquent, non-scripturaire de façon aussi patente que cela est souvent représenté. En l'absence d'une quelconque preuve certaine du contraire, la possibilité que l'histoire ne soit pas sur le point de s'achever ne peut pas être autre que réelle. Le fait d'accepter ceci ne changera peut-être pas les pensées de quelqu'un de manière profonde, mais il peut ouvrir la voie à d'autres considérations. Supposons que l'Église, après tout, va avoir un avenir dans l'histoire, et que notre fin individuelle ne coïncidera pas avec la fin du monde, que pourrait être cet avenir? Se désintéresser d'une telle question simplement parce qu'elle n'affecte pas notre propre salut individuel ne serait pas une attitude digne d'un chrétien.

Un autre sujet qui augmentait mes doutes à propos de la justesse de mon pessimisme était la signification des réveils. Une raison courante de croire que le monde doit aller en empirant a toujours été l'évidence de l’abondante décadence morale. Confronté à cette évidence, on a trop souvent supposé que la seule œuvre qui restait à Dieu était le jugement. Pourtant, l'histoire des réveils devrait nous enseigner que même de l'iniquité prédominante il est possible de se former la conviction contraire. Par exemple, quand John Wesley arriva à Newcastle-sur-Tyne en mai 1742, il écrivit ces paroles mémorables : « J’étais surpris; tant de gens ivres qui maudissent et qui lancent des jurons (même venant de la bouche des enfants) que je ne me souviens pas en avoir jamais vus et entendus dans un intervalle de temps aussi court. Certainement, cet endroit est mûr pour Celui qui n'est pas venu appeler les justes à la repentance, mais les pécheurs. » (The Journal of the Rev. John Wesley, Edition standard, volume 13).

Et le grand réveil évangélique qui pointait alors donna raison à cette conviction. L'Évangile de la grâce n'a pas besoin de conditions prometteuses pour que sa réception soit une certitude. Un tel résultat dépend de la volonté de Celui qui déclare Son amour aux impies. Ainsi, dans de nombreux siècles, les réveils du christianisme apostolique éclatèrent dans les circonstances les plus improbables et affectèrent puissamment, rapidement et de façon étendue des communautés entières. « Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’Esprit de l’Éternel le mettra en fuite. » (Ésaïe 59:19). Les merveilles des œuvres divines du salut devraient par conséquent rendre les chrétiens lents à croire que la vaste population de cette terre inique doit s'attendre uniquement à des tragédies et à des catastrophes. Si, comme les hommes le prédisent, la population mondiale doit doubler dans les trente prochaines années, pourquoi ne serait-il pas possible que Dieu soit sur le point de démontrer, sur une échelle plus grande encore, que la vérité est plus puissante que l'erreur, la grâce plus puissante que le péché, et que ceux donnés à Christ sont en effet « comme le sable qui est sur le bord de la mer » à cause de leur multitude?

À cela, il peut être rétorqué, néanmoins, que bien qu'un tel avenir brillant soit possible à la lumière du caractère de Dieu, on est cependant empêché d'y accorder foi comme faisant partie des desseins de Dieu tels que révélés dans la Parole prophétique des Écritures. La question clé ici est de savoir si oui ou non les Écritures nous poussent à espérer dans une quelconque époque de plus grande bénédiction pour l'Église avant l'Avènement. J'avais de nombreuses hésitations sur ce point, conscient qu'il est parlé abondamment dans les descriptions symboliques de l'Ancien Testament d'une période de bénédiction à l'échelle mondiale qui pourrait déjà s’être accomplie, et également que certaines des anticipations exaltées des prophètes peuvent très bien se référer davantage à l'état éternel qu'à une quelconque période définie du temps. Y a-t-il un quelconque événement prédit par les Écritures qui doit avoir lieu dans l'histoire et dont nous pouvons dire avec une absolue certitude qu'il ne s'est pas encore accompli? En considérant cette question, j’en arrivai à croire qu'il y a au moins un événement, en l'occurrence, un grand réveil qui à la fois nous est promis, et reste encore inaccompli.

On ne peut pas dire que les prédictions des Écritures concernant la conversion d'Israël, en particulier celles de Romains 11 se soient accomplies. Elles peuvent encore moins se référer à l’état éternel. Elles doivent attendre leur accomplissement dans l'histoire. Cette conclusion n'est pas un détail qui peut être traité à part en dehors de notre vision générale de l'avenir de l'Église de Christ, car Paul lui-même fait remarquer les répercussions spirituelles de la future conversion d'Israël sur le monde (Romains 11:12,15) et, en se référant à Ésaïe 29:20 comme une confirmation scripturaire de son propre témoignage apostolique respectueux du salut des Juifs (Romains 11:26), il nous enseigne que nous devons nous attendre à un bien plus grand accomplissement dans l'histoire de certaines des plus grandioses prédictions de l'Ancien Testament. Lorsque je vis cela, comme le Pèlerin de Bunyan, j'étais prêt à émerger du Château du Doute. Les hommes avaient trop vite fait de déclarer que le monde est maintenant rentré dans une époque post-chrétienne et nous avons été stupides de les avoir crus.

La mention de John Bunyan me conduit à dire quelque chose sur l'école des chrétiens à laquelle il appartenait et dont nous parlerons plus largement dans les pages qui suivent. J. C. Ryle dans Une évaluation de Thomas Manton (An Estimate of Thomas Manto') écrit en 1870 dit : « Les puritains, en tant que corps, ont fait plus pour élever le caractère national que toutes les autre classes d'Anglais qui aient jamais existé. » La source de cette influence était leur théologie, et dans cette théologie il y avait une attitude vis-à-vis de l'histoire et du monde qui les distinguait comme des hommes d'espérance. De leur propre temps, cette espérance trouvait son expression sur les chaires et dans les livres, dans les parlements et sur les champs de bataille, mais cela ne s'arrêtait pas à ces endroits-là. La vision qu'ils avaient cherché à inspirer par tant d'efforts se poursuivit pendant presque deux cents ans après leur propre époque et ses résultats furent multiples. Elle colora la pensée spirituelle des colonies américaines; elle enseigna aux hommes à s'attendre à de grandes effusions du Saint-Esprit; elle prépara la voie à la nouvelle ère des missions mondiales; et elle contribua largement à ce sens de la destinée qui en vint à caractériser les nations protestantes anglophones. Quand des responsables chrétiens du XIXe siècle tels que William Wilberforce envisageaient le monde non pas tant comme un désastre d'où les âmes individuelles devaient fuir, mais plutôt comme la propriété de Christ, à qui le royaume, la terre et sa plénitude devaient appartenir, leur pensée portait la véritable marque distinctive de la vision puritaine.

Une espérance qui a conduit à de tels résultats mondiaux vaut sûrement la peine d'être examinée. À la lumière de l'histoire, il nous est difficile d’affirmer que les sujets prophétiques sont trop secondaires pour justifier notre attention. Le fait est que ce que nous croyons ou ne croyons pas sur ce sujet aura une influence continuelle sur la façon dont nous vivons. Les plus grands accomplissements et tentatives spirituels du passé étaient stimulés par la foi et l'espérance. En comparaison, combien nos efforts sont faibles! Et pouvons-nous évacuer la possibilité que cela provienne de la petitesse de nos anticipations et de la faiblesse de notre foi dans les promesses de Dieu? Comme l'un des derniers grands représentants de la théologie puritaine, J.H. Thornwell, écrivait il y a plus d'un siècle :

« Si l'Église pouvait être éveillée à un sentiment plus profond de la gloire qui l'attend, elle entrerait avec plus de ferveur d'esprit dans les combats qui sont devant elle. L'espérance inspirerait l'ardeur. Elle se lèverait maintenant même de la poussière, et comme l'aigle, accrocherait ses pignons pour des envolées plus nobles que ce qu'elle a entrepris jusqu’à présent. Ce qu'elle veut, et ce que chaque chrétien individuel veut, c'est la foi - la foi dans sa sublime vocation, dans ses ressources divines, dans la présence et l'efficacité de l'Esprit qui habite en elle - la foi dans la vérité, la foi en Jésus, et la foi en Dieu. Avec une telle foi, il n'y aurait pas besoin de spéculer sur l'avenir. Ce dernier se révèlerait lui-même promptement. C'est notre manque de foi, notre négligence et notre incrédulité, nos buts faibles et charnels, qui retardent le char de notre Rédempteur. L'Époux ne peut pas venir tant que l'épouse ne s'est pas préparée. Que l'Église recherche ardemment une plus grande sainteté parmi ses membres, et dans la foi et l'amour entreprenne la conquête du monde, et elle règlerait bientôt la question de savoir si ses ressources sont compétentes pour changer la face de la terre. » (Collected Writings, 1871, volume 2, 48.)

Ce livre est issu d'un discours que j’ai donné à la Conférence puritaine de Londres en 1967. À cette époque, je connaissais peu de volumes qui octroyaient aux puritains le crédit des croyances qui étaient leurs concernant la prophétie inaccomplie. La plupart des auteurs attribuait la croissance de l'espérance dans une bénédiction mondiale touchant les extrémités de la terre, non pas du tout au XVIIe siècle mais à Daniel Whitby qui publia son Traité du véritable millénium en tant qu'annexe de son livre Paraphrase et commentaire sur le Nouveau Testament (Paraphrase and Commentary on the New Testament) de 1703. Christopher Hill dans Le puritanisme et la Révolution (Puritanism, and Revolution) publié en 1958 donne l'impression, tout comme d'autres écrivains, que les puritains, bien loin d'être caractérisés par une espérance, attendaient la fin imminente du monde! La raison de ces erreurs est due en partie au caractère diffus de la littérature du XVIIe siècle, ce qui rend difficile la tâche d'estimer lequel de ces deux points de vue prédominait. Ce n'était pas dans la nature des hommes d'Église du puritanisme majoritaire - dont la théologie est représentée par la Confession de Westminster (1647) et les volumes de la Déclaration de Savoie (1658) - de produire des livres traitant spécialement de la prophétie inaccomplie. Les volumes du XVIIe siècle qui traitent exclusivement de la prophétie sont le plus souvent les produits d'hommes à l'imagination acrobatique ou au fanatisme frisant la folie. Ils ne sont en rien un guide sûr de la pensée puritaine, et quand ils étaient traités comme tels, ils constituaient l'erreur dont je faisais mention tout à l'heure et qui se produisait aisément [3].


Dans les pages qui suivent, j'ai cherché, lorsque j'ai traité la foi puritaine concernant la prophétie, à fonder mes conclusions sur les preuves tirées d'un nombre considérable de puritains appartenant au courant principal. Les preuves doivent être extraites soigneusement de leurs sermons et commentaires, et bien qu'il ait fallu plusieurs années de travail pour rassembler le matériel que j'ai utilisé dans ce livre, le domaine est si vaste que beaucoup a été inévitablement non-abordé. J'espère, cependant, que je ne me trompe pas en pensant que la plupart des conclusions que j'ai tirées sont largement fondées sur des preuves qui sont substantielles. Je ne dis pas cela pour impressionner quelqu'un avec l'idée que les points de vue soutenus par de si nombreux orateurs doivent nécessairement être vrais, mais simplement comme un commentaire sur la méthode que j'ai employée en cherchant à formuler ce que la majorité des puritains croyaient réellement.

Je regrette de n'avoir pas pu aller plus loin en retraçant le développement de la pensée puritaine anglaise, et en particulier concernant sa relation avec celle des Églises réformées du XVIIe siècle. Pour cette raison, j'ai abordé quelques points concernant l'Église écossaise dans ces pages, et de ceci il émerge le fait important qu'avant la fin des années 1640, il y avait une conviction commune sur la prophétie inaccomplie à la fois en Angleterre et au Nord de la frontière. Si cela avait été remarqué par quelques auteurs récents, cela leur aurait évité de conclure que cette conviction relevait plus des indépendants que des presbytériens. De la même façon, je ne doute pas que si davantage d'attention pouvait être accordée à la pensée des Églises réformées des Pays-Bas, et à la littérature latine d’hommes d’Église tels que Gisbertus Voetius (1589-1676) d'Utrecht, l'on découvrirait que la foi que j'ai nommée « l'Espérance Puritaine » est plus internationale que ce que suggère mon propos.

Je ne formule aucune excuse pour avoir traité les Écossais sous le terme générique de « puritains ». Le fait que le mot a été utilisé par référence aux Écossais du XVIIe siècle mêmes en est une justification suffisante. Par exemple, Robert Boyd, principal de l'Université Glasgow, fut accusé d'être un puritain en 1621.

Notes:

[1] La Confession belge, article 37, The Creeds of the Evangelical Protestant Churches (Les crédos des Eglises protestantes évangéliques), édité par H. B. Smith et P. Schaff, 1877, 433).

[2] Il ne serait pas juste de déduire que seuls les millénaristes se sont trompés en plaçant une trop forte emphase sur ce qui est incertain. Certains parmi les puritains étaient également influencés à l'excès par leur vision des chapitres finaux du livre de l'Apocalypse - appliquant trop à la terre ce qui appartient au ciel - et certains parmi les post-millénaristes des XVIIIe et XIXe siècles vont plus loin dans cette démarche quand ils parlent d'un monde conquis par la sainteté durant mille ans avant le Second Avènement dans un langage incohérent avec ce qu'ailleurs l'Écriture déclare à propos des conditions spirituelles mélangées qui demeureront jusqu'à la fin. Que de plus grandes bénédictions attendent le témoignage de l'Église dans l'avenir ou non, le fait demeurera toujours que le blé et l'ivraie doivent grandir ensemble tant que le monde durera (Matthieu 13:30). C'est une erreur de traiter la vision puritaine et la vision post-millénariste de la prophétie inaccomplie comme si elles étaient synonymes.

[3] Je pense en particulier à des auteurs tels que John Archer et Robert Maton dont je n'ai pas, à dessein, considéré les livres dans ce volume.

Référence: The Puritan Hope, Iain Murray, 1971.

Source: The Revival Library.


Iain H. Murray, né à Lancashire, en Angleterre, en 1931, reçut une formation dans l'Isle of Man et à l'Université de Durham. Il entra dans le ministère chrétien en 1955. Il servit le Seigneur comme assistant du Dr Martyn Lloyd-Jones à l'église Westminster Chapel entre 1956 et 1959, et ensuite à l'église Grove Chapel à Londres, entre 1961 et 1969, et à l'église presbytérienne St-Giles à Sydney, entre 1981 et 1984. Pendant des périodes intermittentes, il a travaillé à plein temps avec Banner of Truth, organisation dont il fut le co-fondateur (avec Jack Cullum) en 1957 et dont il occupe encore la charge d'éditeur en chef.

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