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L'Approche Puritaine de l'Adoration

Par J. I. Packer

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J. I. PackerOn dit quelquefois des évangéliques qu’ils ne sont pas intéressés par l’adoration. Si par adoration, on veut parler des technicités de l'étude liturgique, cette affirmation est certainement vraie. Mais je suppose que je ne suis pas le seul évangélique qui pense que l'exercice réel de l’adoration, c’est-à-dire le fait de détourner les yeux de l'homme et de ses erreurs et de les lever délibérément vers le ciel pour contempler Dieu et Sa gloire, devient de plus en plus précieux à mesure que les années s'écoulent, et apporte la consolation et le rafraîchissement à l'esprit d'une manière unique quand toutes les autres manières échouent. C'était certainement là l'expérience des grands puritains ; et ce que je désire, c'est leur permettre de la partager avec nous, afin de nous conduire plus profondément dans l’appréciation de cette expérience pour nous-mêmes. D’où mon choix du mot " approche " dans le titre de cette étude. Nous allons suivre les puritains dans leur approche de l’adoration, qui était, comme nous le verrons, elle-même une approche vers Dieu. Ma principale préoccupation ne concerne pas les controverses au sujet de l’adoration qui ont séparé les puritains à la fois du courant anglican officiel, et les uns des autres, mais plutôt la considération de la nature de l’adoration, et des principes qui gouvernent sa pratique, choses sur lesquelles, en fait, ils ont tous été d’accord.

Mais leurs controverses au sujet des aspects formels et extérieurs du culte étaient réelles et soutenues, et religieusement motivées et passionnément entretenues, et pour me conférer le droit de les contourner dans le corps de mon texte, il me faut d'abord les traiter brièvement maintenant. Je ne retracerai pas les détails historiques s’y rapportant, ni ne prendrai parti d’un côté ou d’un autre (car je ne souhaite pas initier ces controverses encore une fois !), mais j'essayerai de me concentrer sur les problèmes qui les ont occasionnés, de sorte que nous voyions juste combien profonde (et sur certains points, minime) était la divergence qui séparait les parties en conflit. Les problèmes eux-mêmes, comme nous le verrons, demeurent des problématiques toujours en vigueur pour nous aujourd'hui.

 

Les désaccords formels

Trois questions principales se trouvent à la racine de toute la discussion. Elles étaient comme suit :

1. Dans quel sens les Ecritures étaient-elles une règle d’autorité en matière du culte chrétien ?

On dit habituellement que, tandis que la règle de Luther dans les prescriptions du culte public était d’autoriser les choses traditionnelles qui n'étaient pas contraires aux Ecritures et qui semblaient utiles, c'était la règle de Calvin de ne rien admettre que la Bible n'ait pas directement prescrit ; et que l'Eglise d'Angleterre a officiellement suivi le principe de Luther, tandis que les puritains, dans leurs rangs, ont embrassé celui de Calvin. Cette manière d’arranger les choses donne l'impression que Luther et l'Eglise Réformée d'Angleterre ne considéraient pas du tout les Saintes Ecritures comme la règle d’autorité pour le culte - ce qui était, naturellement, l'accusation constante que les puritains formuleraient jusqu'à la Guerre Civile. Elle donne également l'impression que la critique puritaine du culte public anglican représentait un retour aux principes et aux pratiques de Calvin mis en œuvre à Genève – ce que, sans l’ombre d’un doute, les puritains eux-mêmes pensaient. Mais les deux impressions sont fallacieuses.

Les réformateurs allemands, suisses et anglais partageaient des principes de base communs au sujet du culte. Ils étaient d’accord sur le fait que le culte chrétien doit exprimer la réception par l'homme de la vérité évangélique, et sa réponse à cette vérité, et ils étaient substantiellement d'accord quant à ce qu'était cette vérité. Ils étaient tous d’accord de considérer le culte comme un exercice de la pensée et du cœur dans la louange, les actions de grâce, la prière, la confession des péchés, la confiance dans les promesses de Dieu, et l’écoute de la Parole de Dieu, lue et prêchée. Ils étaient d'accord également quant à la nature et au nombre des sacrements chrétiens, et à leur place dans le culte en assemblée. Ils adoptèrent la même vue concernant le mandat du ministre chrétien quant à la direction du culte au sein de l’assemblée. Ils étaient d’accord également que chaque église ou fédération d’églises (" chaque église particulière ou nationale " comme l'article XXXIV l’exprime) est responsable de l’élaboration des détails de son propre culte en conformité avec le principe apostolique que tout doit être fait " en vue de l’édification " (1 Corinthiens 14:26), et que, comme moyens pour atteindre ce but, tout doit être fait " décemment et dans l'ordre " (verset 40). En conclusion, ils étaient d’un commun accord sur le fait que chaque église a la liberté (ce que la responsabilité présuppose) d’arranger son culte de la manière la mieux adaptée pour édifier ses propres adorateurs, à la lumière de leur état, de leur arrière-plan et de leurs besoins ; de sorte qu'ils tenaient tous pour acquis le fait que le culte, dans différentes églises et dans des situations pastorales diverses, pouvait varier dans le détail.

L'idée qu’une garantie biblique directe, sous la forme d’un précepte ou d’un précédent historique, est requise pour sanctionner chaque élément essentiel constitutif du culte public rendu à Dieu, était en fait une innovation puritaine, qui a donné lieu à une cristallisation au cours des débats prolongés qui ont suivi la réconciliation sous la reine Elisabeth. Cette idée est distincte du principe selon lequel les rites corrompus, qui cachent la vérité aux adorateurs et promeuvent l'erreur superstitieuse, doivent être abandonnés, du fait qu’ils déshonorent Dieu et empêchent l’édification de l’Eglise. Sur ce dernier principe, tous les réformateurs anglais se sont mis d’accord dès le début, comme le montre la Préface de 1549 " Of Ceremonies " du Livre de Prière (Prayer Book) ; bien qu'ils n'aient pas réussi à se mettre d’accord quant à son application, ce qui explique pourquoi, en 1550, Hooper s'est opposé aux autorités sur la question de l’habillement épiscopal, et pourquoi, dans les années 1560, ceux qui furent appelés la première fois puritains étaient obligés de faire campagne contre les surplis, les alliances de mariage, les baptêmes avec le signe de la croix, et les génuflexions lors de la Sainte Cène, tous rites institués dans le Livre de Prière. Mais ce nouveau principe de la garantie biblique est allé plus loin encore, en stipulant qu'aucune justification des rites et des cérémonies non-bibliques relatifs au culte, en tant que moyens commodes pour atteindre les buts prescrits par les Ecritures, ne pouvait être valide, du fait même de la nature du cas (en d'autres termes, que la position adoptée dans la préface " Of Ceremonies " était erronée) ; toutes les cérémonies devaient recevoir une base biblique directe, ou sinon elles étaient des intrusions impies.

La remarque suivante devrait aussi être faite que, lorsque les puritains choisissaient d’extirper certaines des inepties du Livre de Prière comme étant intolérables, lorsqu’ils remirent en cause le principe selon lequel chaque église avait la liberté de pratiquer des rites non-bibliques dans le culte là où ceux-ci semblaient favoriser l'édification et l’attitude de révérence, lorsqu’ils répudièrent toutes les prières récitées, lorsqu’ils rejetèrent l'agenouillement pendant le culte public, l'Année Chrétienne, la Communion Hebdomadaire, et la pratique de la confirmation, en fait ils ne retournaient pas à Calvin, mais s’en éloignaient, bien que, comme Horton Davies l’indique, [1] il soit permis de douter qu'ils aient réalisé la chose.

Même s’ils l'avaient réalisé, cela n'aurait cependant pas modifié leur position ; car leur souci premier n'était pas tellement de garantir une solidarité réformée en tant que telle (bien que cette idée ait été le sujet d’abondantes controverses), mais d’obéir simplement à la Parole de Dieu, source d’autorité. Mais la question au cœur du débat était : comment la suffisance des Ecritures devait-elle être comprise en relation avec le culte ? Les puritains pensaient que le point de vue anglican officiel sur cette question était relâché et mal orienté ; les porte-paroles anglicans comme Hooker critiquèrent le point de vue développé par les puritains comme étant légaliste et irrationnel. Qui avait raison? La question est toujours de vigueur aujourd'hui. Sommes nous d'accord avec John Owen que le culte rendu à Dieu ne comporte aucun élément accessoire et fortuit... tout ce qui s’y trouve et tout qui lui appartient, et la manière dont il est rendu, en font un culte faux, s'il ne procède pas d’une institution divine en particulier " ? Le problème n'est pas simple, et beaucoup de choses peuvent encore être dites des deux points de vue.

2. Quels règles sont-elles appropriées au culte chrétien ?

Il y avait, et il y a, trois manières possibles de régir le culte public : avoir une liturgie établie comme le Livre de Prière Courante (Book of Common Prayer), ou un manuel de conduite générale comme le Westminster Directory, ou laisser entièrement au ministre individuel ou à la congrégation le soin de réguler son propre culte à volonté.

Ces deux alternatives sont historiquement associées aux anglicans et presbytériens, et aux indépendants et Quakers respectivement. Laquelle est maintenant préférable ? Quelle force ont les objections qui peuvent être formulées à l’encontre de chacune d’elles ? La liturgie dans le culte favorise-t-elle nécessairement le formalisme et l'inactivité ? La prière spontanée est-elle nécessairement inégalable en qualité ? L’adoration est-elle mieux catalysée lorsque c'est une forme connue qui est employée, que lorsque le culte est vécu par l’assemblée entière ? Est-ce qu’un ordre régulier suivi dimanche après dimanche éteint l'Esprit ? Est-il nécessaire, si une assemblée désire honorer le Saint-Esprit, de refuser de s'attacher à un modèle établi de culte, et de simplement, à chaque réunion, s’attendre à une direction fraîche de l'Esprit ? Sur ces questions, les évangéliques auraient des avis très différenciés aujourd’hui, comme les puritains ont pu, en leur jour, se diviser. Baxter, par exemple, comme Calvin et Knox, approuvait la liturgie qui laissait place à la prière improvisée, à la discrétion du ministre, mais Owen maintenait que toutes les liturgies, en tant que telles, sont... un culte faux... utilisées pour annuler la promesse du Christ d’accorder des dons et l'Esprit de Dieu. " Qui avait raison ? C’est là encore une problématique qui n'est pas simple, et qui ne peut pas être considérée comme enterrée.

3. Quelle discipline est-elle appropriée en relation avec le culte ?

Il ne fait aucun doute à ce sujet qu’il y aurait un consensus général pour affirmer que les tentatives faites sous Elisabeth et les Stuarts pour imposer une uniformité nationale stricte au Book of Common Prayer ont été regrettables, et ont fait plus de mal que de bien. Personne, il est à espérer, ne souhaiterait défendre le genre de discipline administrée sur les non-conformistes, par les Cours de Haute Juridiction (Courts of High Commission2) et la Chambre Star3 avant la Guerre Civile, et par les juges et les JP4 de l'Angleterre pendant les années du Code Clarendon.

Pourtant un problème subsiste. Tout en reconnaissant que la discipline que nous avons mentionnée était impie dans sa rigidité et manquait de respect et de considération envers les consciences fragiles, devons-nous en conclure pour autant qu’il ne doit y avoir aucune discipline du tout dans le domaine du culte public? Aujourd'hui, dans quelques églises protestantes où les prières récitées sont la règle, des rituels et des prières de la messe catholique romaine sont introduits, et dans d'autres où la prière spontanée est pratiquée, l’on entend des ministres élever leurs intercessions publiques en se basant sur l’hérésie selon laquelle tous les êtres humains sont des enfants de Dieu rachetés. Dans ces deux exemples, le culte est corrompu par l'aberration doctrinale du ministre. N'y a-t-il pas besoin de discipline dans de tels cas ? Mais de quelle sorte de discipline? Quelles procédures sont aujourd'hui appropriées face à des défigurations du culte telles que celles relevant de ces deux exemples ? Le problème avait tracassé les Puritains à leur époque, et ce sera une bonne chose s'il continue à nous tracasser dans la nôtre.

 

La gloire du culte

Mais ces problèmes concernaient uniquement les formes extérieures du culte, tandis que nous nous intéressons actuellement plutôt à la réalité intérieure du culte, telle que les puritains l'avaient comprise. Sur ce point-là, alors que sur toutes les autres questions leurs opinions divergeaient sinon, ils étaient unanimes, et les ressources écrites qu'ils nous ont laissées présentent une homogénéité complète, comme nous espérerons le montrer à travers un éventail assez large de citations. Qu’est-ce que l’adoration ? C'est essentiellement une doxologie, le fait de donner gloire, louange, honneur et hommage à Dieu. Dans le sens le plus large du mot, toute vraie piété est adoration. La " piété est une adoration ", écrivait Swinnock :

" L’adoration comprend tout ce respect que l’homme doit et donne à son Créateur... C’est le tribut que nous versons au Roi des rois, par lequel nous reconnaissons Sa souveraineté au-dessus de nous, et notre dépendance à Son égard... Toute cette révérence et tout ce respect qui proviennent de l’intérieur, et toute cette obéissance extérieure à Dieu et tout le service que nous Lui rendons, auxquels le mot [piété] nous enjoint, sont inclus dans ce seul mot adoration. " [2]

Habituellement, cependant, les puritains employaient le mot dans son sens plus étroit et plus courant, celui simplement de toute notre communion directe avec Dieu : invocation, adoration, médiation, foi, louange, prière et la réception de l'instruction par Sa Parole, en public comme en privé.

L’adoration doit être, comme notre Seigneur l’a dit, " en esprit et vérité " (Jean 4:24). Les puritains avaient compris cela comme voulant dire, d'une part, que l’adoration doit être tournée vers l’intérieur, une question " d’œuvre dans le cœur, " et, de l'autre, que l’adoration doit être une réponse à la réalité révélée de la volonté et de l’œuvre de Dieu, appliquée au cœur par le Saint-Esprit. Par conséquent, ils insistaient sur le fait que le culte devait être simple et scripturaire. La simplicité était pour eux le garde-fou du caractère intérieur, tout comme l’Ecriture était la source d’où jaillit la vérité. La simplicité austère du culte puritain a été souvent critiquée comme grossière, mais pour les puritains cela constituait une partie essentielle de la beauté du culte chrétien. Ceci ressort bien de deux sermons prêchés par Owen sur Ephésiens 2:18, intitulé " La nature et la beauté du culte chrétien ", dans lequel le plus influent de tous les théologiens puritains formule à la perfection l'idéal puritain du culte en antithèse à peine voilée au formalisme du Livre de Prière de Laud (la beauté de la sainteté " comme Laud l’aimait à l’appeler) [3]. Cela vaut la peine d’extraire de cet exposé quelques citations à certains endroits. Owen commence en faisant la remarque que la vraie " décence ", le véritable " ordre " et la véritable " beauté " du culte chrétien tiennent dans son caractère trinitaire et évangélique, en tant qu’exercice de la foi de la part des adorateurs.

C'est un principe profondément établi dans l’esprit des hommes que le culte rendu à Dieu doit être ordonné, plein de grâce, beau et glorieux... et qu’en effet il est bien à suspecter que l’adoration où ces propriétés font défaut ne soit pas selon la pensée de Dieu... J'ajouterai uniquement à ceci cette affirmation raisonnable, à savoir que c’est Dieu Lui-même qui est le plus apte à juger de ce qui revêt ce caractère dans l’adoration et le service qui Lui sont voués. Si alors nous ne démontrons pas que le culte spirituel évangélique, dans sa propre simplicité brute, sans aucun autre ajout ni aucune aide externe et fortuite, est le plus ordonné, grâcieux, beau et glorieux, le Saint-Esprit dans les Ecritures étant juge, nous serons heureux de chercher ces choses là où, comme on le prétend, elles peuvent être trouvées.

" ...Dans le culte spirituel évangélique, toute la Trinité bénie, et chacune des personnes qui la composent distinctement, dans cette économie et cette dispensation, dans lesquelles elles agissent de manière plurielle et singulière dans l’œuvre de notre rédemption, offrent une communion distincte avec elles-mêmes aux âmes des croyants qui adorent. [Owen montre comment ceci est mis en avant dans son texte, qui parle de l'accès au Père à travers le Fils par l'Esprit.] C'est l'ordre général du culte évangélique, la grande rubrique de notre service... Si nous ne venons pas adorer par Jésus-Christ, ou n’offrons pas notre adoration par la force du Saint-Esprit, ou que dans l’adoration, nous n’allons pas à Dieu en tant que Père, nous transgressons toutes les règles de cette adoration. C'est le grand canon sans lequel, s'il était négligé, il n’y a aucune décence dans quoi que ce soit d’autre qui soit accompli de cette façon. Et c'en là en général que se trouve la gloire de l’adoration... La foi agissante en Christ qui nous donne l’assurance d’être admis dans la présence de Dieu, et dans le Saint-Esprit, comptant sur Son aide, continuant ainsi dans Sa force; et en Dieu, le Père même, pour qu’Il accepte notre adoration, voilà le travail de l'âme dans cette adoration. Je doute fort qu'il y ait encore quelque chose de plus glorieux à connaître... " [4].

En termes semblables, Owen, à partir de son texte, donne une substance théologique à l'idée d'uniformité dans le culte :

" Les saints... ont tous leur accès " dans un seul Esprit " : et c'est là le ressort de toute l'uniformité que Dieu requiert. Ainsi l'apôtre nous dit que concernant les dons eux-mêmes [c’est-à-dire les capacités données par Dieu pour conduire l'Eglise dans l’adoration collective], il y a diversité et des différences entre eux; I Corinthiens xii. 4-6. Mais où est alors l'uniformité?... L'apôtre répond au verset 11. (" Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme Il veut. "). Voici où se trouve l'uniformité du culte chrétien : bien que les charismes accordés aux hommes pour le culte public soient divers... c'est pourtant un seul Esprit qui les accorde tous parmi les hommes... un seul et même Esprit leur révèle à tous la volonté et l’adoration de Dieu; un seul et même Esprit applique les mêmes grâces pour leur roi à leurs cœurs; un seul et même Esprit accorde et distribue les dons qui sont nécessaires pour la célébration du culte du Nouveau Testament dans les assemblées publiques... Et que dirions-nous s'il lui plaisait de répandre Ses dons... de diverses manières... " les distribuant à chacun séparément selon sa volonté? " Cependant, ceci ne constitue pas un obstacle [à l’adoration], mais permet que, comme les saints l’ont mentionné, qu’ils s'approchent de Dieu par le même Esprit, et qu’ils aient ainsi l'uniformité dans leur culte à travers le monde entier. C'est une uniformité catholique... " [5]

Finalement, Owen examine l'idée que les bâtiments sophistiqués et les rituels aient ou puissent avoir un quelconque rapport avec la " beauté " que Dieu recherche dans le culte que lui offre Son peuple fidèle. Il nous rappelle que les chrétiens sont eux-mêmes le temple et l'habitation de Dieu et que la véritable adoration, bien qu’offerte sur la terre dans leurs corps, " a lieu réellement dans le ciel " puisque " ceux qui ont un accès à la présence immédiate de Dieu et au trône de la grâce, entrent dans le ciel même ". (Owen avance comme preuve de cette affirmation Hébreux 5:20; 9:24; 10:19, 21; Apocalypse 4.) L'idée que la grande pompe ritualiste qui marque les réunions et la décoration des bâtiments d'église est en elle-même un enrichissement apporté au culte, apparaît comme une irrévérence ridicule envers Dieu. " Quelles pensées pitoyables ont les hommes de Dieu et de ses voies, qui pensent que se trouvent une gloire et une beauté acceptables dans un peu de peinture et vernis. " [6]

Complémentaire à l'analyse d'Owen est l’anatomie que dresse Charnock de l’adoration dans son sermon intitulé " Spiritual Worship " (Adoration spirituelle) sur Jean 4:24.

" L’adoration est un acte de l’entendement, qui s'applique à connaître l'excellence de Dieu, et qui s’efforce de fixer ses pensées sur Sa majesté.... Elle est également un acte de la volonté, par lequel l'âme adore et tient en révérence Sa majesté, est ravie de Son amabilité, embrasse Sa bonté, pénètre elle-même dans une communion intime avec cet objet le plus beau, et porte toutes ses affections sur lui. " [7]

Seul les régénérés peuvent adorer Dieu d’une manière acceptable, dit Charnock, car eux seuls ont des cœurs qui s’élancent vraiment vers Lui dans l'adoration et l’auto-soumission. Par conséquent, " nous devons trouver la guérison sous les ailes de Christ, avant que Dieu ne puisse trouver nos réunions spirituelles. Toute adoration issue d'une nature morte n’est qu’un culte mort " [8].

Charnock poursuit en montrant que l’adoration spirituelle n’est rendue à Dieu que par le secours actif de l'Esprit, puisqu'elle requiert la sincérité et la mobilisation entière du cœur (Charnock l'appelle un " cœur entier " (unitedness); le terme " concentration " exprimerait sa signification). Elle comporte des actes de foi, l'amour, l’humiliation, et la perte de confiance en soi-même, et doit être une expression du désir du cœur pour Dieu.

" Un adorateur spirituel aspire réellement, dans chaque devoir, à connaître Dieu… Désirer l’adoration en tant que fin est charnel; la désirer en tant que moyen, et mettre en œuvre ses désirs dans l’adoration en vue de la communion avec Dieu est spirituel et le fruit d'une vie spirituelle.... " [9].

En outre, l’adoration spirituelle sera joyeuse :

" L’adoration évangélique est une adoration spirituelle, et la louange, la joie et les réjouissances sont prophétisées comme étant d’importants ingrédients dans l’accomplissement des prescriptions de l'Evangile, Esaïe xii.3-5... L’approche est à Dieu aussi aimable, et non pas troublée, que la relation d’un fils avec son père, au contraire du rapport entretenu par un criminel avec un juge... Le plaisir en Dieu est un cadre posé par l'Evangile, et donc plus l’adoration est joyeuse, plus elle est spirituelle... " [10]

Dans l’adoration, nous devons chercher à refléter de nouveau vers Dieu, par notre réponse, la connaissance que nous avons reçue de Lui par Sa révélation.

" Dieu est un Esprit infiniment heureux, nous devons donc nous approcher de lui dans la gaieté; Il est un Esprit d’infinie majesté, nous devons donc venir devant Lui avec révérence; Il est un Esprit infiniment élevé, nous devons donc offrir en élévation nos sacrifices avec la plus profonde humilité; Il est un Esprit infiniment saint, donc nous devons nous adresser à Lui dans la pureté; Il est un Esprit glorieux, nous devons donc reconnaître son excellence... Il est un Esprit infiniment sensible à nos péchés, nous devons donc Lui offrir notre adoration au nom d'un médiateur et d'un intercesseur qui nous accorde Sa paix. " [11]

" Que tous les vrais croyants dont l’esprit est spirituellement renouvelé aient un plaisir singulier dans toutes les institutions et les ordonnances du culte divin, cela est entièrement évident ", écrit Owen, qui cite les psaumes 42:1-4, 63:1-5, 84:1-4 pour établir son affirmation [12]. Que les saints aiment le culte public, c’est un thème puritain qui revient constamment. Pourquoi y trouvent-ils leur plaisir? Parce que, dans l’adoration, non seulement les saints cherchent Dieu, mais ils Le trouvent également. L’adoration est non seulement une expression de gratitude, mais également un moyen de grâce, par lequel les affamés sont nourris, de sorte que ceux qui sont vides sont renvoyés riches. Car " il y a, dans l’adoration, Dieu qui s’approche de l’homme " [13]. La présence de Dieu dans Ses ordonnances est une réalité; Dieu est en essence présent dans le monde, présent dans Son Eglise par Sa grâce. " Dieu prend plaisir à s'approcher des hommes et à converser avec eux dans le culte institué dans l’Evangile. " [14]. Et les hommes honorent Dieu le plus quand ils viennent pour L’adorer, affamés et pleins d’expectative, conscients de leur besoin et regardant à Dieu pour les satisfaire et pour les combler.

Les prescriptions du culte chrétien, déclare Owen, sont des " moyens de communication d'un sentiment de l'amour divin, et des sources de grâce divine qui se déversent vers les âmes qui croient ". Elles sont des " moyens pour nous approcher de Dieu " et " nous devons toujours venir à Dieu, comme si nous venions vers une source éternelle de bonté, de grâce et de miséricorde, et de tout ce dont nos âmes ont besoin. "Feindre de venir à Dieu, sans l'espérance de recevoir de bonnes et grandes choses de Lui, c’est mépriser Dieu. " L’habitude routinière, sans but, négligente, occasionnelle, d'aller à l’église n'est ni raisonnable ni respectueuse envers Dieu. Owen pose la question suivante, avec une rhétorique qui transperce le cœur :

" Pourquoi les hommes viennent-ils écouter la Parole de Dieu ? Pourquoi prient-ils ? Que comptent-ils recevoir de Lui ? Viennent-ils à Dieu comme la fontaine éternelle d’eaux vives ? Comme le Dieu de toutes grâces, de paix et de consolation ? Ou viennent-ils L’adorer sans aucune intention, comme à un spectacle sec et vide?...Ou pensent-ils apporter quelque chose à Dieu, sans rien recevoir de Lui?... A recevoir quoi que ce soit de Lui ils ne s’attendent pas, ils ne s’examinent jamais non plus pour savoir s’ils s’y attendent ou pas... Ce n'est pas pour les personnes qui marchent de telles manières, sans jamais atteindre une délectation due dans les ordonnances du culte. " [15]

L'application qu’en fait Owen nous saisit de manière inconfortable :

" Beaucoup de professeurs de la meilleure sorte sont trop négligents dans cette affaire. Ils ne désirent pas ardemment et ne soupirent pas, dans leur homme intérieur, après des dépôts renouvelés de l'amour de Dieu en eux; ils ne considèrent pas combien ils en ont besoin... ils ne préparent pas leur esprit à les recevoir, ni ne viennent avec l'espérance que Dieu les leur communiquent; ils n’ont pas leur foi correctement fixée sur cette vérité, à savoir que ces saints administrations et devoirs sont désignés par Dieu, en premier lieu, comme la voie et le moyen qu’Il utilise pour transmettre Son amour et un sentiment de Son amour dans nos âmes. De ce fait, jaillit tout ce que ce que nous voyons croître parmi nous de tiédeur, froideur et indifférence vis-à-vis des devoirs de l’adoration sacrée. " [16]

Ceci constitue sûrement une parole pour les temps que nous vivons.

 

Les éléments de l’adoration

Les listes puritaines des éléments du culte et des activités le constituant incluent normalement ce qui suit : la louange (particulièrement les psaumes chantés), la prière (la confession, l’adoration, l’intercession), la prédication, les sacrements (" ordonnances ") et également la catéchèse et l'exercice de la discipline ecclésiale. Dans toutes ces activités, affirmaient les puritains, Dieu vient rencontrer Son peuple rassemblé ensemble dans le nom de Son Fils, mais par-dessus tout dans la prédication. La prédication est l'action la plus solennelle et la plus exaltée et donc le test suprême du ministère d'un homme :

" Ils [les puritains] soutiennent que le ministère et l'autorité les plus élevés et suprêmes du pasteur sont de prêcher l'Évangile solennellement et publiquement à l’assemblée en interprétant la Parole écrite de Dieu, et en s’appliquant pareillement à l’exhortation et à la réprimande. " [17]

Car la prédication dans l'Eglise est le ministère suprême de l'Esprit, si bien (n’en déplaise à Richard Hooker) que la lecture seule de la Parole à l’esprit des puritains ne pourrait jamais suffire ni l’égaler; donc c'est le moyen suprême de grâce. Ainsi Thomas Goodwin écrit :

" Ce n'est pas la lettre de la Parole qui ordinairement convertit, mais sa signification spirituelle, lorsqu’elle est révélée et exposée... Il y a la lettre, l’enveloppe; et il y a l'esprit, le noyau, et quand, en exposant la Parole, nous ouvrons l’enveloppe, sort le noyau. C'est la signification de la Parole qui est la Parole en effet, c’est sa signification qui est l'âme... Maintenant, la prédication, d'une façon plus spéciale, révèle la Parole de Dieu. Quand une boîte de pommade est ouverte, alors son parfum se répand tout autour; et quand le jus d'une herbe médicinale est obtenu en la pressant et qu’il est appliqué sur la plaie, alors cette dernière guérit. Et ainsi c'est la signification spirituelle de la Parole pénétrant dans le cœur qui le convertit et le fait se tourner vers Dieu. " [18]

Dans la vie des assemblées, par conséquent, l’écoute des sermons est l'événement le plus important, et les puritains plaidaient avec les adorateurs en faveur de ce fait, et écoutaient la Parole prêchée avec crainte, attention et sentiment d’attente. Baxter expose ce point de la façon suivante, au cours de ses " Directions for Profitably Hearing the Word Preached " (Directions pour écouter avec profit la Parole prêchée) dans le Christian Directory (Annuaire chrétien) :

" Venez non pas pour écouter avec un cœur négligent, comme si vous deviez entendre parler d’une question qui vous concernerait peu, mais venez avec un sens du poids, de la nécessité et de la conséquence indescriptibles de la sainte Parole que vous devez entendre; et quand vous comprenez combien vous êtes concerné dans cette Parole, cela vous aidera considérablement dans la compréhension de chaque vérité particulière...

Veillez à mettre en application la Parole comme vous l'entendez... Ne rejetez pas toute la responsabilité sur le ministre, comme ceux qui n’iront pas plus loin que là où on les porte comme par la force... Vous avez du travail à faire aussi bien que le prédicateur, et devriez être tout le temps aussi occupé qu'il ne l’est... vous devez ouvrir vos bouches, et digérer la Parole, parce que les autres ne peuvent pas la digérer pour vous... Par conséquent soyez à tout moment au travail, et abhorrez un cœur oisif dans l’écoute, aussi bien qu'un ministre oisif.

Ruminez-la, et ressortez-la quand vous rentrez à la maison dans le secret, et par la méditation prêchez-la encore à vous-mêmes. Si elle a été froidement délivrée par le prédicateur, alors... prêchez-la plus sincèrement encore une fois à vos propres cœurs... " [19]

Nous nous plaignons aujourd'hui de ce que les ministres ne savent pas prêcher; mais n'est-il pas également vrai que nos églises ne savent pas écouter? Remédier à la première déficience sera sûrement un travail à pure perte à moins qu’un remède ne soit apporté également à la seconde déficience.

Cependant, ce n’est pas que l’écoute des sermons soit une fin en soi, ou que le fait de goûter ardemment à un sermon, et la recherche du bon prédicateur soient le summum de la piété chrétienne. Thomas Adams critique sévèrement la prétention de mettre l’écoute des sermons sur un piédestal exclusif, nous rappelant que la prédication doit nous conduire ensuite la prière et à la louange :

" Beaucoup viennent à ces endroits saints, et sont si transportés d’un désir d’écouter qu'ils oublient l'ardeur de la prière et de la louange à Dieu... Toute notre prédication doit uniquement engendrer chez vous la prière; vous conduire à louer et adorer Dieu... L’objet de ma plainte, ce n’est pas que nos églises soient des auditoires, mais qu'elles n’aient pas l’art de la prière; ce n’est pas que vous veniez aux sermons (pour l’amour de Dieu, venez plus rapidement), mais que vous négligiez la prière publique : comme si Dieu seul devait vous bénir, et que vous ne deviez pas bénir Dieu... Bien-aimés, ne vous trompez-pas. Ce n'est pas le seul exercice d'un chrétien d’entendre un sermon; le Sabbat n’est pas bien vécu non plus s’il ne distribue pas d’autres activités pour le ciel... Le service pour Dieu ne doit pas être restreint à la seule écoute, il a une plus grande latitude; il doit y avoir la prière, la louange, l'adoration... [20]

C’est là, également, une parole destinée au peuple chrétien d’aujourd'hui.

 

Les sphères du culte

Il y a, disaient les puritains, trois sphères dans le culte chrétien : publique, dans l'église locale; domestique, dans le cercle familial; privée, dans la chambre de prière. De ces trois sphères, le culte public est le plus important. David Clarkson exprimait une vue entièrement typique quand, prêchant, à partit du psaume 87:2, le message intitulé " Le culte public doit être préféré au culte privé ", il avançait, avec l’Ecriture que " le Seigneur est davantage glorifié par le culte public ", " la présence du Seigneur est plus forte dans le culte public ", " c’est là que les manifestations de Dieu sont les plus évidentes ", " il y a plus d’avantage spirituel à retirer de l'utilisation des ordonnances publiques " et " le culte public est plus édifiant " [21]. De façon saisissante, mais pourtant caractéristique (car beaucoup d'autres ont fait la même remarque), il nous rappelle que le culte public est

" le reflet le plus fidèle du ciel que la terre connaisse : car dans le ciel, autant que les Ecritures nous le décrivent (...) toute l’adoration de cette assemblée glorieuse est publique… Ils forment un rassemblement glorieux, et chantent ensemble dans une telle unité les louanges de Celui qui est assis sur le trône, et les louanges de l'Agneau, et continuent à s’employer dans cette adoration publique jusque dans l’éternité " [22].

De manière similaire, Swinnock insiste sur le fait que, lors du jour du Seigneur, l'Eglise doit venir d'abord, et tout le reste doit être construit autour d’elle.

" Tenez en estime les ordonnances publiques les considérant comme l’œuvre suprême du jour, et que vos devoirs secrets et privés soient observés de telle sorte que votre âme y soit préparée, et en tire avantage. " [23]

Mais le culte familial était également, pour les puritains, extrêmement important. Chaque maison devait être une église, avec le chef de la maison comme son ministre. Quotidiennement, et en effet deux fois par jour, les puritains recommandaient que la famille en tant que famille dût entendre la lecture de la Parole, et prier Dieu. Dimanche après dimanche, la famille devrait chercher à mettre au profit de ses membres les ordonnances publiques; jour après jour, ses membres devraient chercher à s'encourager dans la voie de Dieu. Les parents doivent enseigner à leurs enfants les Ecritures; à tous les membres du foyer, il devait être accordé du temps et un endroit pour prier. Ainsi, officieusement, mais consciencieusement, l’adoration et le service de Dieu dans la maison devaient se poursuivre.

 

Reproduire la beauté du culte puritain

Aussi inachevé que cet aperçu ait nécessairement été (nous n'avons rien dit, par exemple, à propos des sacrements), il a au moins esquissé les principaux contours des idéaux puritains pour les adorateurs - révérence, foi, hardiesse, ardeur, expectative, plaisir, cœur entier, concentration, auto-abaissement, et surtout une passion pour rencontrer et connaître Dieu Lui-même en tant que père affectueux par la médiation de Son Fils. Cet idéal leur était commun à eux tous – commun à ceux, comme Sibbes et l'archevêque Usher, qui se conformaient à la liturgie du Livre de Prière; commun à ceux, comme Owen, qui estimaient toutes les liturgies illégitimes; et commun à ceux, comme Baxter, qui étaient heureux d'alterner entre les prières " libres " et les prières " récitées ", et étaient également à l’aise dans l'une ou l'autre forme de prière. Là, dans leur conception de ce que devraient être l'esprit et le but des adorateurs, les puritains étaient unanimes; et peut-être pourrions-nous oser émettre le jugement que leurs accords à cet endroit étaient plus significatifs que leurs différences, et que c'est dans le domaine de leurs accords que leur enseignement peut nous aider le plus aujourd'hui.

Mais il subsiste toujours une question. Comment pouvons-nous commencer à parvenir, depuis l’endroit où nous sommes, à l’endroit où les puritains nous montrent que nous devrions être dans notre propre pratique de l’adoration ? Comment pouvons-nous, les cœurs froids et tout formels que nous sommes tellement souvent – à notre honte – dans les réunions d’église, nous rapprocher des idéaux puritains ? Les puritains auraient répondu à notre question en nous en posant d’autres. Comment nous préparons-nous au culte ?

Là, peut-être, se trouve notre propre faiblesse majeure. Les puritains inculquaient aux fidèles une discipline pour la préparation personnelle spécifique au culte – pas simplement au repas du Seigneur, mais à tous les services –, préparation qui faisait partie de la discipline intérieure du chrétien dans la prière et la communion avec Dieu. L'Annuaire de Westminster dit la chose suivante :

" Quand l’assemblée doit se réunir pour célébrer le culte public, le peuple (y ayant auparavant préparé son cœur) devrait tous venir... "

Mais nous négligeons la préparation de nos cœurs; car, comme les puritains auraient été les premiers à nous le dire, trente secondes de prière privée au moment de nous asseoir sur notre siège dans le bâtiment de l'église ne constituent pas un temps suffisant pour faire cette préparation. C'est ici que nous devons nous prendre nous-mêmes en main. Ce que nous devons à l'heure actuelle approfondir dans nos cultes, ce ne sont pas de nouvelles formes ou formules liturgiques, ni de nouveaux hymnes, de nouvelles mélodies, ou de styles de louange, mais un " travail du cœur " plus préparatoire avant que nous employions les anciennes formes.

Il n'y a rien de mauvais avec les nouveaux hymnes, les nouvelles mélodies et les nouveaux styles de louange – il peut y avoir de très bonnes raisons de les introduire – mais sans " travail du cœur ", ceux-ci ne rendront pas notre adoration plus fructueuse et plus apte à honorer Dieu; ils renforceront seulement le syndrome que C. S. Lewis appelait " l’agitation liturgique ". Le travail du cœur doit avoir la priorité ou sinon spirituellement notre adoration n’arrivera nulle part. Ainsi je clos la réflexion sur une remontrance de George Swinnock au sujet de la préparation pour le service du jour du Seigneur, qui, malgré toute son apparente étrangeté, est, je pense, une parole à propos pour un grand nombre d’entre nous :

" Prépare-toi à rencontrer ton Dieu, ô chrétien ! Enferme-toi dans ta chambre la nuit du samedi, confesse et lamente-toi de ton infidélité sous les prescriptions de Dieu; honteux, condamne-toi toi-même pour tes péchés, supplie Dieu de préparer ton cœur à l’accomplissement des devoirs et actes religieux, et de t’y assister; passe du temps à considérer la majesté, la sainteté, la jalousie, et la bonté infinies de ce Dieu, avec qui tu as affaire dans des devoirs sacrés; considère le poids et l'importance de ses saints commandements (…); médite sur la brièveté du temps dont tu disposes pour apprécier les sabbats; et continue de te plonger dans ces méditations... jusqu'à ce que le feu brûle; tu ne peux pas imaginer le bien que tu peux retirer de telles méditations préparatoires, et combien agréable et profitable le jour du Seigneur te serait après une telle préparation. La fournaise de ton cœur ainsi rallumée, comme elle a été la veille au soir, serait facilement réchauffée le lendemain au matin ; le feu a été si attisé quand tu es allé au lit, serait allumé plus tôt quand tu te lèverais. Si tu voulais abandonner ainsi ton cœur à Dieu la nuit du samedi, tu le trouverais avec lui le matin du Jour du Seigneur. " [24]

Références:

[1] Horton Davies, The Worship of the English Puritans, (Dacre Press: London, 1948), p. 48.

[2] George Swinnock, Works, (Edinburgh: James Nichols, 1868), I:31.

[3] John Owen, Works, ed. William Goold (Edinburgh: Johnsone and Hunter, 1850-53) IX: 53-84.

[4] Ibid, IX:56f.

[5] Ibid, IX:76f.

[6] Ibid, IX:77f.

[7] Stephen Charnock, Works, (Edinburgh: James Nichols, 1864), I: 298.

[8] Ibid, I: 299.

[9] Ibid, I: 307.

[10] Ibid, I: 308.

[11] Ibid, I: 315.

[12] Owen, Works, VII: 430f.

[13] Charnock, Works, I: 319.

[14] Ibid.

[15] Owen, Works, I: 319.

[16] Ibid, VII: 439.

[17] William Bradshaw, English Puritanism, (1605), p. 17.

[18] Thomas Goodwin, Works, ed. J. Miller (London: James Nichol, 1861) XI: 364.

[19] Richard Baxter, Works, (London: George Virtue, 1838) I: 473,475.

[20] Thomas Adams, Works, (Edidburgh: James Nichols, 1861-62) I: 103.

[21] David Clarkson, Works, (Edinburgh: James Nichols, 1864) III: 190ff.

[22] Ibid, III: 194.

[23] Swinnock, Works, I:234.

[24] Ibid, I: 229f.

Article original en anglais protégé par copyright © 1990, utilisé avec permission de Good News/Crossway Books, Westchester, Illinois 60154.

Notes:

1. Le Dr J. I. Packer, qui fit ses études à l’Université d’Oxford, est actuellement Professeur de Systématique et de Théologie Historique à l’Université Regent à Vancouver, dans la Colombie Britannique, au Canada. Son livre le plus récent est A Quest for Godliness: The Puritan Vision of the Christian Life. Une version plus étendue de cet article est incluse dans A Quest for Godliness.

2. Court of High Commission : cour ecclésiastique anglaise instituée par Henry VIII dans le but d’imposer l’Acte de Suprématie (1534) qui le déclarait et le reconnaissait comme le " seul chef suprême de l’Eglise d’Angleterre". Elle devint un instrument controversé de répression, utilisé contre ceux qui refusaient de reconnaître l’autorité de l’Eglise d’Angleterre. Sa fonction principale, et la plus controversée, était de faire prêter serment ex officio (à titre d’office), obligeant une personne à répondre même à des questions qui l’incrimineraient; ceux qui refusaient de prêter serment étaient renvoyés à la très redoutée Cour de la Chambre Star. L’opposition représentée principalement par les puritains et les hommes de loi ordinaires a donné lieu à l’abolition de la Cour par le Parlement en 1641.

3. Justice Peace, c’est-à-dire officiel public ayant une autorité judiciaire limitée.

4. Star Chamber : cour de prérogative anglaise (dans le droit anglais, cour à travers laquelle les pouvoirs, les privilèges et les exemptions réservés au souverain étaient exercés) qui exerçait une juridiction civile et criminelle étendue et était marquée par le secret, l’absence de jurés et un système de justice inquisitoire plutôt qu’accusatoire.

Elle se réunissait dans une pièce du palais de Westminster, dont le plafond était décoré d’étoiles. On y recourait de manière considérable sous Henry VIII du fait qu’elle avait le pouvoir de faire respecter la loi quand d’autres cours en étaient incapables en raison de la corruption et du pouvoir d’influence. Lorsque Charles I l’utilisa pour imposer des politiques impopulaires, elle devint un symbole d’oppression aux yeux de ses opposants puritains et des opposants parlementaires de l’archevêque William Laud (bien qu’elle n’ait jamais imposé la peine de mort), et elle fut abolie en 1641.

Copyright © Covenant Community Church of Orange County 1991 1-19-96.

Source : http://www.reformed.org/webfiles/antithesis/index.html?mainframe=/webfiles/antithesis/v2n1/ant_v2n1_puritan.html

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