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Jean-Marc BetthoudNazisme ou Communisme?

Le Faux Débat Qui Occulte un Monde Athée

Par Jean-Marc Berthoud

Au cours d'une bonne partie du siècle écoulé, et tout particulièrement depuis la seconde guerre mondiale, de multiples débats ont contrasté, opposé ou identifié nazisme et communisme comme des aspects incontournables du totalitarisme contemporain. Ces discussions, en se limitant aux seuls totalitarismes violents, nazisme et communisme, ont souvent apporté plus de confusion que de clarté. Ce débat, souvent fastidieux, est conduit comme si ces tumeurs sociales et politiques malignes étaient apparues par hasard dans notre civilisation et n’avaient en fait aucun rapport organique avec le pluralisme, agnostique ou athée, de la démocratie occidentale qui a présidé à leur naissance.

Un ouvrage récent de l'historien canadien James Bacque nous aide à acquérir une compréhension plus équilibrée de l’histoire du XXème siècle. Dans son livre Crimes and Mercies ainsi que dans son ouvrage précédent Other Losse, James Bacque décrit comment les vainqueurs occidentaux de la Seconde Guerre Mondiale se sont montrés incapables de résister à la contamination des mœurs totalitaires de leurs ennemis nazis et fascistes, comme d'ailleurs de celles de leur allié soviétique. De telles pratiques n'étaient guère surprenantes venant de la part des soviétiques qui étaient depuis longtemps des experts en cette matière. Ce qui est bien plus intéressant (et plus effrayant), c’est la lumière jetée par le travail de Bacque sur l’histoire du comportement tout aussi totalitaire (une histoire aujourd’hui encore occultée) des vainqueurs occidentaux de la guerre : les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France et le Canada. Bacque décrit comment les crimes de guerre des nazis ont tout d'abord trouvé une prolongation systématique dans la façon dont les alliés ont traité les prisonniers de guerre allemands, ceci en dépit de toutes les clauses des conventions internationales dont le respect aurait dû assurer leur protection. Puis Bacque expose la manière inimaginable dont la population civile allemande a elle-même été traitée par des vainqueurs dont rien ne semblait retenir la brutalité.

Le résultat ? L’extermination de plus de 900 000 prisonniers de guerre allemands par des mesures de privation systématique de toute nourriture et d'hygiène dans des camps dont l'aménagement se limitait souvent aux simples barbelés qui les entouraient. Ils étaient parfois pires que - mais à peine différents - ceux de Dachau, Birkenau et Auschwitz. Les Français et les Américains ont poursuivi ainsi une politique particulièrement déterminée de vengeance à outrance. De plus, pour la population civile, l’application délibérée de méthodes de privation de nourriture, ici totales, ailleurs partielles, a provoqué, entre 1944 et 1950 la mort parfaitement inutile et gratuite de plus de 7 000 000 civils allemands. Ces rigueurs vengeresses semblent avoir été le fruit empoisonné du plan Morgenthau qui fut officiellement adopté par Roosevelt et Churchill, puis publiquement rejeté, pour finalement être appliqué en partie et dans le plus grand secret par le commandant suprême des forces alliées occupant l'Allemagne de l’Ouest, le général Dwight Eisenhower.

En fait, la totalité du territoire allemand fut pour plus de cinq ans transformé par les puissances d’occupation en quelque chose comme un immense camp d'occupation militaire largement retranché du monde extérieur. Le nettoyage ethnique de tous les Allemands de la Prusse orientale (attribuée à la Pologne en compensation de la perte définitive de ses territoires orientaux accaparés par l’Union soviétique) et du Sudetenland (rendu à la Tchécoslovaquie) a provoqué l’émigration forcée de quelque 15 000 000 civils allemands. Et cela en dépit des efforts désespérés d’hommes comme Herbert Hoover et Victor Gollancz, qui ne voyaient aucun sens dans cet assouvissement d’une vengeance horrible perpétrée par les alliés sur une population allemande totalement à la merci des puissances conquérantes .

Une différence capitale entre les atrocités commises par les Occidentaux et celles perpétrées par les communistes et les nazis réside dans l’hypocrisie dont se couvrait la brutalité des alliés. Dans son étude magistrale sur la nature de la politique moderne intitulée La tête coupée, Aaron Upinsky montre que le modèle des politiciens modernes n’est pas Machiavel ou Robespierre, ou même Lénine, mais Tartufe. Car, comme le fameux hypocrite professionnel de Molière, le politicien moderne dissimule sous un masque sa conduite brutale, amorale et totalement égoïste des affaires publiques; mais il ne s'agit plus ici du masque de pureté et de piété chrétiennes, comme c’était le cas pour Tartufe et ses émules, mais c'est sous le couvert du souci humanitaire apparemment le plus généreux qu'aujourd'hui s'accomplissent les pires exactions. Cet usage fort avisé d'un masque d'hypocrisie humanitaire pour couvrir une politique parfaitement crapuleuse a encore une fois pu être constaté lors de la mise en scène médiatique de bons sentiments couvrant la récente agression brutale de l’OTAN dans les Balkans. La politique de La case de l’oncle Tom est devenue universelle.

Ces considérations nous amènent à réexaminer la réaction que nous devons préconiser par rapport au phénomène totalitaire moderne. Nous ne pouvons pas simplement dresser un cordon sanitaire moral autour de nations que, dans notre propre justice, nous jugeons comme intrinsèquement perverses comme l’Allemagne, la Russie, la Chine ou le Japon. Ce phénomène totalitaire doit être vu comme propre au développement de la civilisation moderne elle-même, du moins depuis son avènement au XVIIIème siècle, siècle des "Lumières" sans Dieu, au cours duquel elle prit sa forme définitive. C'est alors que les traits fondamentaux de notre monde post-moderne apostat, avec sa tendance innée au totalitarisme et à la terreur publique, se fixèrent. Car le refus de la transcendance divine et de la stabilité de l'ordre créé qui en découle, point central des Lumières, mène ou bien à la domination par un seul, unité et totalité étant concentrées dans l’État, ou alors à l’absolutisme du grand nombre qui n’est rien de moins que le pluralisme démocratique menant à l'anarchie sociale. Dans cette perspective, la Révolution française, le communisme et le nazisme sont alors perçus comme les pointes d'un iceberg dont la masse est constituée par le mouvement inexorable d’une civilisation ayant tourné le dos à Dieu pour se précipiter, de plus en plus rapidement, vers un ordre social totalement monolithique et immanent.

Une telle perspective nous amène à réviser notre jugement sur le libéralisme pluraliste de la République de Weimar et sur l’Allemagne nazie elle-même qui en fut le fruit. Loin d’être une exception aberrante à la modernité, ces tumeurs cancéreuses en représentent la norme exacerbée. Seulement le modèle que représentait ces totalitarismes se trouvait être en avance sur son temps, temps qui, sous une forme atténuée, était déjà en partie animé du même esprit antichrétien. En fait, les nations qui succombèrent au cancer totalitaire étaient bien trop "modernes" pour que leur exemple soit aisément adopté par le reste d'un Occident encore trop attaché aux restes d'une civilisation chrétienne sur son déclin. Car un bref regard sur l’Allemagne de la première moitié du XXème siècle nous permet de comprendre la modernité extrême de cette nation. Cette tunique allemande, annonciatrice inique de voies que la modernité tout entière allait suivre, a été revêtue maintenant par cette nation qui se vante d'être la plus progressiste du monde, je veux dire les États-Unis d’Amérique.

Laissez-moi brièvement considérer combien la modernité totalitaire de l’Allemagne nazie a été l'annonce prophétique de ce qu’Alexandre Zinoviev, philosophe expatrié russe (récemment retourné en Russie), appelle "L’Ouest totalitaire" :

— le culte de la science;

— le culte de la technologie;

— l’engouement pour l’évolutionnisme biologique et social;

— l’engouement pour les sciences occultes et la mort;

— le naturalisme panthéiste écologique;

— l’avortement, l’eugénisme, l’euthanasie, le rabaissement de la vie humaine au niveau de celle des animaux (ou même plus bas);

— le développement extraordinaire de la propagande, la désinformation, l’engouement du public pour le mensonge;

— la quasi totale sécularisation de la foi chrétienne; la destruction de la foi en la Transcendance par une exégèse critique rationnelle;

— la fascination pour la puissance et la violence;

— le culte de la jeunesse;

— l’obsession de l’homosexualité;

— un ordre légal totalement immanent; etc..;

Il est clair que beaucoup de ces éléments se retrouvent, souvent sous une forme différente, dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui. Nous voyons non seulement dans tout notre Occident un culte très semblable de "la vie", ce vitalisme qui se justifie lui-même et qui a été si précieux aux nazis avec son exaltation de la nature aux dépens de l’homme, mais nous y trouvons également répandu une immanence généralisée, excluant la Transcendance divine de toutes les réalités politiques, sociales et culturelles. Ce refus de Dieu, cet athéisme démocratique et pratique, partout répandu, conduit à la perte du sens de l’universel et par conséquent à la disparition du discernement, de la lucidité intellectuelle. Cette confusion croissante quant à la réalité des formes substantielles créées, entraîne des conséquences dramatiques : l’incapacité de distinguer entre féminité et féminisme, entre sexualité humaine et comportement bestial et homosexuel, entre animaux et hommes, entre Dieu et l'humanité. Cette culture sans Dieu mène au chaos et à la mort.

Le philosophe italien Augusto Del Noce attire notre attention sur cette déchristianisation progressive de la civilisation occidentale. Cette sécularisation affecte non seulement la philosophie et la science modernes (desquelles toute sorte de transcendance est méthodiquement bannie), mais influence également la société à travers la technologie et la politique, domaines qui, dans le monde moderne, sont coupés d’une finalité et d’une signification transcendantes. Del Noce note que l’Occident (qu’il nomme la sphère de l' "opulence occidentale") a, au cours du siècle passé, vaincu ses deux rivaux totalitaires, le nazisme et le communisme, comme "systèmes religieux" mais non comme systèmes d’un athéisme organisé. En effet, d’après Del Noce, la victoire de l’Occident sur ses rivaux totalitaires a conduit à un renforcement radical de son orientation athée inhérente. Cela peut s'observer dans l’irrésistible progression du matérialisme si endémique à cette "opulence occidentale" qui est devenue l'aspiration irrésistible du monde entier.

Les Églises elles-mêmes ont renforcé les tendances fondamentalement athées de la civilisation occidentale par leur rejet de la divine inspiration de la Parole de Dieu, par leur exclusion de la révélation générale de Dieu, de leur considération du sens de la création (le rejet de la "philosophie de la nature"), par leur acceptation de différentes formes de dynamisme dialectique en théologie (ce qu'on appelle "process theology"), en mettant à la première place l’expérience humaine subjective (et non Dieu, la Parole de Dieu et l'ordre de la réalité créée), en cautionnant l'hédonisme matérialiste flagrant de leurs membres (et la liste pourrait être allongée). C'est ce refus de toute véritable transcendance, de tout enracinement ontologique de la pensée et de l'action humaines dans la foi en le Dieu transcendant, Père, Fils et Saint-Esprit, Auteur et Gardien de sa création, qui est à la racine de notre totalitarisme moderne.

La confusion utopique entre ciel et terre et sa confusion concomitante entre État et Église sont un des traits caractéristiques, fondamentaux d’un tel totalitarisme. En effet, la base de tout esprit totalitaire est l’abandon de la distinction entre le temporel et le spirituel. Cette distinction essentielle se manifeste, dans la tradition politique chrétienne, par la différenciation entre le glaive matériel, c'est-à-dire nos lois pénales, appliquées par l’État lorsqu’il accomplit le mandat qui lui a été conféré par Dieu, et celui de l'Esprit. Car c'est au glaive de l'Esprit qu'incombe la définition de la justice et de la vérité, selon cette Loi universellement normative contenue dans la Parole de Dieu, prérogative exclusive d’une Église dont l'enseignement demeure fidèle. Dans le passé, cette confusion provenait ou bien de la domination du spirituel sur le temporel (césaropapisme) ou alors de celle du temporel sur le spirituel (érastianisme sous toutes ses formes). Mais notre époque a découvert une manière beaucoup plus efficace de paralyser le glaive spirituel : effacer toute présence du spirituel dans la société. C'est la destruction par l'intérieur de cet instrument, l'Eglise, auquel Dieu a conféré le pouvoir de définir la vérité en s'appuyant sur la seule Parole de Dieu. Cette vérité divine concernant l'ordre terrestre se manifeste dans la Loi transcendante de Dieu, référence immuable permettant aux hommes de discerner clairement la différence entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice, entre la vérité et le mensonge; en d’autres termes, de définir correctement ce qu'est le bien commun, but du gouvernement des hommes.

La méthode infaillible pour obtenir une déchristianisation radicale de la société n'est autre que la séduction et la pénétration de l’Eglise par cet esprit de mensonge, d’erreur et d’injustice (l'esprit du monde), que la prédication de la vérité confiée à ses docteurs était censée dissiper. De cette manière, est détruite de l’intérieur la capacité de l’Eglise d'assumer pleinement sa vocation d’être la lumière d'un monde enfoncé dans les ténèbres et le sel d’une terre en voie de décomposition. Aujourd'hui l’Eglise, par sa trahison de son Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, a, dans une large mesure, cessé d'être ce repère de vérité, de charité et de justice, cette lumière divine et ce sel. Le sel que devrait être l'Eglise pour le monde ayant perdu sa saveur, "n’est bon à rien, [si ce n'est] qu’à être jeté dehors pour être foulé aux pieds des gens" (Matthieu 5:13). C’est, en fin de compte, cette insignifiance d’une Église spirituellement et temporellement inopérante, qui est la cause fondamentale de notre infortune actuelle.

Référence: Une Critique Chrétienne de la Politique Étrangère Américaine, Jean-Marc Berthoud - Texte extrait d'un article paru dans Résister et Construire. Utilisé avec l'autorisation de l'auteur.


Résister et Construire est un bulletin de combat et de reconstruction chrétienne édité et administré par Jean-Marc Berthoud, Case postale 468, CH-1001, Lausanne, SUISSE (Email: jmberthoud@gmx.ch). Les lecteurs intéressés par des articles théologiques à teneur relevée et marqués par l'orthodoxie réformée confessante peuvent s'abonner au bulletin en s'adressant à : Thierry Comte, Lot 30, Le Parc du Château, Chemin des Forges, 38780 Pont-Evêque, FRANCE - Email : comte.thierry@wanadoo.fr. Le prix de l'abonnement est de 20 euros (soutien : à partir de 50 euros) pour la zone Euro en Europe; de 25 CHF (soutien : 75 CHF) pour la Suisse.


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