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Consacrées au Réveil
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Le réveil vu par Mme
Penn-Lewis, Henri Bois et Rick Joyner Par Rose-Marie et Jean-Marc Berthoud
Un quatrième réveil,
dont le promoteur principal fut Evan Roberts, eut lieu en 1904 et 1905. Ce
réveil mit en avant la doctrine du Saint-Esprit sous une forme nouvelle : celle
de la recherche d'une deuxième expérience après la conversion, appelée baptême du Saint-Esprit, afin de
recevoir la puissance dans le témoignage et dans le combat contre Satan, ainsi
qu'une aptitude nouvelle à discerner la voix de l'Esprit, nécessaire à la
conduite pratique de la vie. Plusieurs faits
contribuèrent à préparer un terrain favorable à l'éclosion du réveil. À de
nombreux endroits, différents mouvements constituèrent des cercles de prières
dans le but de susciter un réveil dans le pays. Beaucoup de pasteurs et de
chrétiens comprirent qu'avant de s'attendre à la bénédiction de Dieu, il leur
fallait premièrement se mettre eux-mêmes en ordre avec Lui. Il y eut parmi eux
un profond mouvement de repentance. Ils s'engageaient à renoncer à tout péché
connu, à croire à la délivrance de leurs péchés par l'identification au Christ
dans Sa mort et Sa résurrection, et à rechercher avec ferveur le baptême du Saint-Esprit pour obtenir la
puissance dans le témoignage. Les bénéficiaires de cette expérience étaient
appelés les possédés de l'Esprit. Mme Jessie
Penn-Lewis, prédicatrice itinérante galloise et auteur de plusieurs ouvrages
d'édification, joua un rôle important dans ce réveil. Celui-ci avait déjà
éclaté à plusieurs endroits avant la venue sur scène d'Evan Roberts. Ceux qui se
convertirent réellement furent transformés de fond en comble. Il y eut une
rupture radicale d'avec leur vie passée. Un grand nombre d'ivrognes cessèrent
de boire, à tel point que, dans certaines villes, les tavernes durent fermer
leurs portes faute de clients, et la vie de nombreuses familles fut ainsi
métamorphosée. Les voleurs restituaient les biens qu'ils avaient dérobés.
L'honnêteté, le respect et le souci du prochain régnaient partout. Beaucoup de
chrétiens tièdes étaient redevenus bouillants pour Jésus-Christ et ils
n'avaient plus honte de l'Évangile. Mais il y eut
malheureusement beaucoup de fausses conversions produites par la suggestion
ambiante, tant était grande la pression psychologique. Et ceux qui allèrent
plus loin que la doctrine de Christ connurent beaucoup de difficultés. Selon Roberts et
Penn-Lewis, l'origine du réveil devait provenir de la recherche et de la
réception du baptême du Saint-Esprit. Mais
les contrefaçons spirituelles de tous genres qui suivirent cette recherche et
ainsi pénétrèrent dans ce réveil furent si nombreuses que J. Penn-Lewis, en
collaboration avec Evan Roberts, fut conduite à écrire un livre, intitulé La guerre aux Saints [1], dans lequel elle décrivit ce qu'ils vécurent
et observèrent, et les leçons qu'il fallait en tirer. Cet ouvrage contient
beaucoup de conseils et d'avertissements très pertinents pour des chrétiens qui
ignorent les ruses du diable. Malheureusement, les auteurs ne se sont pas rendu
compte que toutes les difficultés rencontrées avaient essentiellement pour
origine quatre facteurs : la recherche erronée du baptême du Saint-Esprit ;
la quête d'une conduite intuitive de la vie chrétienne par l'écoute de voix
intérieures ; leur théologie d'une totale union avec Christ, théorie tirée
des écrits de Madame Guyon[2] (il s'agissait en quelque sorte de la
recherche d'une fusion complète avec la divinité) ; et enfin la croyance dans
le fait que les démons étaient la cause de presque tous leurs problèmes. Ils ne
réalisèrent pas qu'ils leur avaient eux-mêmes ouvert la porte et que c'était la
raison pour laquelle ils avaient tant à lutter contre eux. Ceci nous conduit aux
réflexions suivantes. En examinant cette recherche d'union mystique avec Dieu
et les expériences qu'elle provoque, nous voyons que ces phénomènes religieux
ressemblent fort aux expériences panthéistes, surtout lorsqu'on analyse les
moyens utilisés pour y parvenir. Ceux qui se laissent guider par l'intuition et
les voix intérieures plutôt que par la sagesse que donne la Parole de Dieu et
le bon sens sanctifié, en viennent souvent à développer des capacités médiumniques.
La conséquence en est qu'il devient presque impossible de distinguer, en ce qui
concerne la parole ou la pensée, ce qui est humain de ce qui est divin ou
diabolique. La personne qui recherche la direction de Dieu par l'écoute de ses
intuitions, se trouvera souvent dans un état de grande perplexité. En effet, au
moyen de méthodes aussi subjectives, comment savoir si de telles intuitions
proviennent de la chair, de Dieu ou du diable ? Si l'on ne reste pas attaché à
la Parole de Dieu, on reléguera bien vite au second plan la réflexion biblique.
Car ayant fait l'expérience que la condition rendant possible la libre
manifestation de pensées, de voix intérieures ou de visions était de mettre de
côté toute réflexion et tout effort intellectuel, on en vient aisément à se
dépouiller de l'usage de ces facultés rationnelles. Dans cette perspective, on
doit être comme un tuyau libéré ou vidé de tout obstacle afin de permettre
la libre manifestation de l'Esprit. Pour parvenir à cet état, il faut entrer
dans un processus trompeur de mort à soi-même, processus qui peut conduire
jusqu'à cet anéantissement mystique
de l'individu pratiqué dans les religions orientales ou enseigné par Madame
Guyon. On s'ouvre ainsi à toute une panoplie de contrefaçons. La recherche d'une deuxième
expérience et la volonté de s'appliquer, par tous les renoncements possibles, à
devenir un digne médium du Saint-Esprit
(sic), était l'enseignement donné à ceux qui fréquentaient la convention de
Keswick. Le mouvement de Keswick œuvrait au renouvellement et à la
sanctification des participants, spécialement des ecclésiastiques. F. B. Meyer
était un des dirigeants les plus influents de cette convention. Dans son
enseignement, il faisait dépendre la puissance de l'action du Saint-Esprit dans
la vie du croyant du degré de sa consécration. Ces milieux priaient avec ardeur
pour le renouveau spirituel de leur pays et s'attendaient, en réponse à leur
intercession, à un réveil universel, attente qu'ils fondaient bibliquement sur
une interprétation erronée de la prophétie de Joël relative à la pluie de l'arrière-saison. Nous
constatons actuellement la même attente dans beaucoup de milieux pentecôtisants
et chez les partisans de Wimber et ses prophètes. Cette tradition de
Keswick s'est perpétuée au XXe siècle par
l'action d'hommes tels qu’Andrew Murray, T. Austin-Sparks et Watchman Nee, pour
ne citer qu'eux. Nous tenons ici à
souligner que nous n'attaquons pas les personnes que nous citons dans la
présente étude ni ceux qui adhèrent à leur enseignement, mais nous examinons
leurs idées ou leurs doctrines à la lumière de l'Écriture. Sur le même sujet, il
est très instructif de lire le livre de Henri Bois, Le réveil au Pays de Galles [3],
écrit en 1905. L'auteur, professeur à la faculté de théologie protestante de Montauban,
décrit ce réveil d'un point de vue qui est essentiellement psychologique.
C'était d'ailleurs là son but. Excellent observateur et fin analyste des faits
et des comportements, il dépeint dans son ouvrage la sincérité et la
spontanéité des foules, mais aussi leur grande confusion et l'hystérie
collective incroyable qui régnaient en maîtres sur le réveil. Il s'interroge
fréquemment sur le sens de tout ce qu'il a pu voir et observer, incitant ainsi
ses lecteurs à réfléchir sur les événements qu'il décrit. Ses propres
appréciations et interprétations, souvent d'un caractère humaniste et libéral,
ne diminuent pas pour autant la valeur historique de cet ouvrage des plus
intéressants. Malgré quantité de scories et de procédés douteux qu'il a pu y
déceler, Bois reste dans l'ensemble assez favorable au réveil du Pays de
Galles, ceci en raison des changements étonnants qu'il a apportés à la société.
Henri Bois a écrit
son ouvrage de manière directe et sans recul par rapport aux événements. Les
nombreux cas de possessions dont il
parle se sont tous produits pendant le réveil. Il s'est rendu sur place pendant
deux semaines pour l'examiner lui-même. Son livre est fort bien documenté,
grâce à toutes sortes d'informations recueillies au moyen de témoignages oculaires,
d'articles de journaux, de lettres et de brochures sur le sujet. Jessie Penn-Lewis,
par contre, a écrit La guerre aux Saints
en collaboration avec Evan Roberts, en 1912, donc sept ans après le réveil.
Elle a ainsi pu juger plus objectivement de ses résultats. Elle était elle-même
du pays, et c'est du dedans qu'elle a vu et jaugé les événements. La situation
produite par les déviations du réveil était devenue si dramatique qu'elle a été
conduite à fonder un journal, The
Overcomer (Le Vainqueur), qui avait
pour but d'avertir les chrétiens sur les pièges du diable et sur les moyens
d'en sortir. Elle entretenait une abondante correspondance, tant avec des
laïques que des pasteurs, dans de nombreux pays, qui avaient, eux aussi, dû
faire face à des problèmes de ce genre. Ce journal répondait à de réels besoins
et aida des centaines de personnes à sortir quelque peu de leurs difficultés. Examinons maintenant
l'atmosphère spirituelle qui régnait chez ceux qui fréquentaient la convention
de Keswick, telle que l'a décrite Henri Bois dans son ouvrage Le réveil au Pays de Galles : En
août 1904, une seconde convention fut tenue à Llandrindod. Les témoignages
rendus dans les réunions montrèrent la profondeur de l'œuvre déjà accomplie en
1903. Un ministre, écrivant dans le journal gallois appelé le Goleuad, dit qu'à
cette conférence « plusieurs virent une
porte d'espérance pour un réveil au Pays de Galles dans l'avenir prochain ».
Et, au sujet des témoignages rendus dans les réunions, le même auteur écrit : « C'étaient de véritables délices d'entendre
des pasteurs et des laïques exprimer le changement qui s'était opéré dans leur
ministère et dans leur propre vie personnelle depuis la Convention de 1903. On
a fait de nombreuses allusions à une consécration plus intense, à des habitudes
rejetées, à une plus pleine dépendance vis-à-vis du pouvoir du Saint-Esprit, à
la nouvelle naissance de plusieurs âmes qui a résulté de tout cela. Plusieurs
ont attesté que la Bible était un livre nouveau pour eux ; d'autres que la
prière était plus aisée et plus puissante qu'autrefois… Il est manifeste que de
meilleurs jours sont sur le point de luire, et bénis soient ces croyants qui
sont disposés maintenant à se consacrer eux-mêmes comme dignes médiums
(sic !) pour le Saint-Esprit dans le prochain réveil. » (p. 65) Ils avaient tous la
certitude d'un réveil universel, Bois écrit : Comme
je prenais congé de l'une des demoiselles revivalistes qui accompagnaient Evan
Roberts dans ses voyages, nous causions du réveil en France, elle m'affirmait son
inévitabilité ; et, comme argument décisif, au moment où je lui touchais
la main, elle me jeta : « Oh !
vous aurez le réveil en France, vous n'y échapperez pas, vous savez, Evan
Roberts l'a prophétisé ; et jusqu'à présent toutes les prophéties d'Evan Roberts
se sont réalisées. Il sait très bien, par exemple, quand il y aura des
conversions dans une réunion. Et il le dit sans jamais se tromper. Pourquoi
donc se tromperait-il en attendant le réveil dans le monde entier ? » Mais
ce ne sont pas les prophéties d'Evan Roberts seulement, tous les revivalistes
anglais aussi bien que gallois, tous les missionnaires américains aussi bien
qu'anglais, sont de plus en plus convaincus du caractère en quelque sorte
mondial du réveil qui n'a fait encore que débuter. (p. 4) Un ouvrage de Rick
Joyner traduit en français, Le monde en
feu [4], décrit ce même réveil et les
enseignements à en tirer pour notre temps. Jessie Penn-Lewis l'a également
dépeint dans The Awakening in Wales.
Il est bien utile de lire plusieurs récits historiques d'auteurs différents
concernant ce sujet. De nombreux ouvrages en anglais[5] y sont d'ailleurs consacrés. A l'aide de ces
documents, penchons-nous sur la personnalité d'Evan Roberts. Nous y verrons
qu'il défendait une théologie bien particulière, partagée par de nombreux
pasteurs de son époque. Jeune mineur du Pays
de Galles, Evan Roberts était un homme simple, sans grande instruction.
Sincère, il se voulait entièrement consacré à Dieu. Il rechercha pendant treize
ans le baptême du Saint-Esprit. C'était
pour lui une idée fixe immuablement associée à celle d'un réveil. Il entra dans
cette expérience, mais sous une forme des plus bizarres, où il prétendait avoir
parlé avec Dieu le Père en personne, ainsi qu'avec le Saint-Esprit. Bois signale que ce récit
se trouve reproduit à la fin de la troisième brochure publiée par le Western
Mail. Il a été aussi inséré in-extenso ou en partie dans une grande quantité de
journaux religieux anglais. Nous citerons une partie de ce récit : Un
vendredi soir du printemps dernier (1904), tandis que je priais près de mon lit
avant de me coucher, je me sentis emporté dans une immense étendue, en dehors
du temps et de l'espace (I was taken up to a great expanse – without time and
space). C'était la communion avec Dieu. Auparavant je n'avais qu'un Dieu
lointain. Ce soir-là, j'eus peur, mais cette peur ne s'est plus jamais
renouvelée. Je tremblais si fort que le lit en fut secoué, et que mon frère,
réveillé, me saisit, pensant que j'étais malade. Après cette expérience, je fus
réveillé chaque nuit vers une heure du matin. Ceci est d'autant plus étrange
que je dormais ordinairement comme une pierre, sans qu'aucun bruit dans ma
chambre pût me réveiller. A partir d'une heure, j'étais saisi (taken up) dans
la communion divine pendant environ quatre heures. Ce que c'était, je ne puis
vous le dire, si ce n'est que c'était divin. Vers les cinq heures il m'était de
nouveau permis de dormir (I was again allowed to sleep) jusque vers neuf
heures. A cette heure-là, j'étais de nouveau saisi (taken up), emporté dans la
même expérience que celle des premières heures du matin, jusqu'à environ midi
ou une heure. On me questionnait à la maison. On me demandait pourquoi je ne me
levais pas plus tôt, etc. Mais ces choses étaient trop divines pour que j'en
puisse rien dire. Cela dura environ trois mois. (op. cit. pp. 70-72) Henri Bois décrit
cette expérience étrange dans les termes mêmes d’Evan Roberts : C'est une
sensation de mouvement ascensionnel (taken
up), de dilatation (expanse), et
en même temps d'abolition du temps et de l'espace. Certaines des sensations
physiques qui sont à la base de cette expérience sont analogues à celles
décrites par plusieurs mystiques. (p. 73) Plus loin Henri Bois
continue : M. Stead
rapproche l'expérience d'Evan Roberts d'une expérience religieuse analogue
faite par M. J. Addington Symonds, une fois qu'il était sous l'influence du chloroforme (la citation de Symonds est
empruntée à l'ouvrage de William James sur Les
variétés de l'expérience religieuse) ; il renvoie aussi aux expériences
religieuses de Mme Guyon (avec citation de James à l'appui). – Relevant les
mots où Evan Roberts déclare : « Je
sentais la communion avec Dieu, et elle semblait changer toute ma nature, et je
voyais les choses sous une lumière différente, et je savais que Dieu allait
agir dans ce pays et non pas dans ce pays seulement, mais dans le monde entier
», M. Stead fait observer dans une autre note que ce genre de vision
mystique qui rend un homme capable (à ce qu'il croit) de comprendre le secret
de Dieu dans la création et l'arrangement de l'univers, a été commun à tous les
grands saints, et même à des gens qui n'étaient pas à proprement parler des
saints : il cite en particulier Walt Whitman, George Fox, Ignace de
Loyola, sainte Thérèse, Jacob Boehme. – A propos de la déclaration d'Evan
Roberts : « Je n'écrivis rien »
(à propos de son extase mystique lorsqu'elle cessa), M. Stead reproduit deux
phrases de W. James sur l'absorption mystique des Suffis en Dieu et « l'incommunicabilité du transport propre
à tout mysticisme ». – Enfin pour illustrer la confession d'Evan Roberts : « Ce n'est pas Jésus-Christ qui m'est
apparu, c'est Dieu en personne et le Saint-Esprit », M. Stead rapporte que
si George Fox avait coutume de causer avec Jésus-Christ, sainte Thérèse, comme
Evan Roberts, parlait avec Dieu. (p. 76) Il était absolument
décidé de faire la volonté de Dieu, telle qu'il la percevait, c'est-à-dire en
se soumettant totalement à la voix de l'Esprit afin d'en dépendre entièrement.
Quand le Saint-Esprit ne se
manifestait pas, il attendait jusqu'à ce qu'il le sente et qu'Il lui dicte
sa conduite. Il avouait, et ici on peut aisément le comprendre, sa difficulté à
discerner la voix de Dieu de celle du diable. Ce problème est caractéristique
de tous ceux qui marchent par des révélations intérieures. Voici ce que disait
Evan Roberts, rapporté par Bois : Plus
vous vous élèverez dans la vie spirituelle, plus le combat sera dur, et plus il
sera difficile de discerner la différence entre la voix du diable et la voix de
Dieu. C'est ma difficulté maintenant. S'il y a une règle pour connaître cette
différence, jusqu'à aujourd'hui je ne l'ai pas découverte. Le diable est
capable de rendre sa voix très semblable à celle de Dieu. (p. 550) De son côté, Rick
Joyner ajoute : Mais ce fut
précisément leur grande faculté de s'ouvrir au Saint-Esprit que l'ennemi
utilisa pour les pousser à aller trop loin : ils (Evan Roberts et les autres
revivalistes qui avaient les mêmes vues, réd.) allèrent en effet jusqu'à
interdire l'organisation indispensable au maintien de toutes leurs conquêtes. A cause de cela,
au bout de deux ans, on ne voyait plus guère de traces du réveil et le pays ne
fut pas long à retomber dans son ancienne corruption. (op. cit., p. 125) Ainsi, selon Joyner,
ce fut le manque d'organisation interne qui fut une cause de l'arrêt du réveil.
Il ne parle pas des contrefaçons nombreuses décrites dans l'ouvrage de Mme
Penn-Lewis ni des avertissements donnés. Il ne dit pas qu'Evan Roberts voulait
être un médium du Saint-Esprit. Cette
recherche était propre à la plupart de ceux qui faisaient partie des mouvements
de sainteté de l'époque, qu'on pourrait appeler des pentecôtisants avant la lettre. Pour atteindre cette parfaite
obéissance à Dieu, il fallait travailler à se dépouiller de tout ce qui pouvait
en soi faire obstacle à l'action de Dieu et parvenir en quelque sorte à un état
totalement passif qui permettrait à l'Esprit d'agir librement. Citons Henri
Bois se référant toujours à Evan Roberts : Il commence
souvent ses discours en déclarant qu'il ne sait pas ce qu'il va dire, mais
qu'il est en communion avec le Saint-Esprit, que le Saint-Esprit lui dictera
ses paroles, qu'il sera simplement le médium
du Saint-Esprit. (Loughor, novembre) (p. 400) Son degré de
renoncement et de consécration était tel qu'il disait : J'ai construit
l'autel ; j'ai empilé le bois et préparé le sacrifice ; je n'ai plus qu'à
attendre le feu. (p. 82) Le feu [6] purificateur permettrait alors à la puissance du Saint-Esprit de se libérer. Courbe l'Église et sauve le monde était son cri permanent. Par le
verbe courber, il entendait une
soumission totale et sans résistance aucune à Dieu. Son seul but était que les
chrétiens se mettent en ordre avec Dieu afin que l'Esprit puisse jaillir et se
transformer en puissance pour sauver les perdus. Pour lui, la croix était la
puissance de Dieu à la fois pour les pécheurs et les sauvés. En approfondissant
sa doctrine de la croix, nous pouvons constater qu'elle est erronée. Car, tant
pour Evan Roberts que pour Jessie Penn-Lewis, ce n'est pas seulement le péché
et la puissance du péché logés dans la vieille nature de l'homme qui doivent
être réduits à l'impuissance par l'action en lui de la mort du Christ, mais la personne même de l'homme [7]. Nous devons nous
rappeler que le réveil, tel que nous le voyons dans l'histoire, est une
bénédiction spéciale et souveraine de Dieu, et nos meilleures obéissances ne
peuvent ni l'assurer, ni le garantir. Selon la doctrine de l'alliance, Dieu
promet Sa bénédiction si Son peuple obéit, bénédiction qui se répercutera sur
la nation elle-même : « Si mon peuple,
sur qui est invoqué mon nom, s'humilie, prie, et cherche ma face, et s'il se
détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai
son pays » (2 Chroniques 7 : 14). Mais la manière, les temps et les lieux
appartiennent à Dieu. La mort de Christ à la croix a été la plus grande
bénédiction que le monde ait connue, et cependant, très peu le reconnaissent. Bois relève qu'Evan
Roberts fut l'objet d'innombrables expériences spirituelles des plus curieuses.
Il revivait souvent l'agonie du Christ sur la croix et éclatait en sanglots en
la décrivant (pp. 410-412). Il pouvait passer des heures entières prostré sur
l'estrade où devaient avoir lieu les réunions. Il refusait systématiquement de
parler en anglais sous prétexte qu'il n'y était pas autorisé par l'Esprit (p.
416). Il avait pour consigne de n'interrompre en aucune façon la moindre
manifestation spirituelle afin de ne pas éteindre l'Esprit. Et lorsqu'il
entendait Sa Voix et que lui-même
parlait ou agissait en conséquence, il avait la certitude d'être
infailliblement inspiré. Plusieurs lui faisaient le reproche d'employer les
puissances de l'occultisme, du mesmérisme et de la télépathie, à des fins
religieuses (p. 426). Pendant ce qu'il appelait sa semaine de silence, il parlait avec Dieu le Père et dialoguait avec
Satan. Il semble même qu'il ait reçu le don d'écriture automatique [8].
Depuis ce moment, ses pouvoirs
télépathiques, ses visions, ses prédictions et ses actes proprement
divinatoires semblent avoir considérablement augmenté. D'après ceux qui
suivirent son ministère de près, Evan Roberts serait passé par trois phases
distinctes. Henri Bois décrit ainsi sa seconde période : Evan Roberts multiplie
ses prédictions extraordinaires, prédictions toutes optimistes. Il est à la
joie et à l'amour. Non seulement il les multiplie, mais il les précise, il
annonce l'endroit de la chapelle où se trouve la personne qui va se convertir,
et les prédictions se vérifient. (p. 418) Ses amis commencèrent
à craindre pour sa santé à cause de ses comportements bizarres : Même les amis
d'Evan Roberts sont étonnés et effrayés à la lecture des événements de
Liverpool. Un correspondant du Daily News
de Londres, très sympathique au réveil, écrit une lettre à ce journal pour
insister sur le danger qu'il y a à laisser Evan Roberts continuer des réunions,
dans l'état de santé où il est, avec la tension nerveuse que trahit sa
conduite. S'il continue, il va tout droit à une catastrophe irréparable, il
perdra la raison ! (p. 509) De la troisième
période, Bois nous dit : Avec sa
perspicacité, normale et supranormale, il discerne bientôt, dans les réunions
qu'il préside, la présence d'un nombre croissant de personnes venues dans un
esprit de curiosité. Il les gronde, les gourmande, les menace. Il commence par
blâmer et tancer ceux qui ont résisté au Saint-Esprit en ne suivant pas les
impulsions à prier, à chanter, qui leur venaient de l'Esprit – désobéissance
due à la curiosité, à la frivolité, à la tiédeur. Les scènes de ce genre se
multiplient. Puis il blâme ceux qui se sont levés pour chanter, parler ou
prier, sans y être poussés par l'Esprit, par vanité, désir de paraître. Déjà le
14 novembre, à Trecynon, au cours d'une allocution, Evan Roberts avait dit : « Si quelqu'un est venu ici ce soir avec
l'intention de faire de l'effet, je lui conseille de s'abstenir. Restez
silencieux, à moins que vous ne sentiez que vous êtes poussés à parler ou
chanter. » Mais cette défense de parler, d'abord passagère, se répète, se
renouvelle, se précise. Le 4
janvier, Evan Roberts se lève tout à coup et crie «Arrêtez…! » Un chanteur persiste à chanter, mais Evan Roberts lui
crie à plusieurs reprises : « Arrêtez
! Arrêtez ! s'il vous plaît! » Quand il s'est arrêté, Evan Roberts déclare
qu'avant d'agir ainsi, il a demandé de la sagesse : « Si vous obéissez à l'Esprit en
chantant, vous pouvez obéir aussi en vous arrêtant. J'ai remarqué, ajoute-t-il,
que dans quelques réunions l'Esprit avait été éteint par des personnes qui
s'étaient levées pour faire certaines choses ; et j'ai reçu du Saint-Esprit
l'ordre de dire à de telles personnes de s'asseoir. A une certaine époque j'ai
permis aux meetings de marcher tout seuls, mais maintenant le Saint-Esprit me
dit d'empêcher que le Saint-Esprit soit éteint par n'importe qui enclin à se
lever pour faire montre de soi-même. Je sais lorsque quelqu'un se lève sans
être mû par l'Esprit. Vous le savez aussi. Et il devient nécessaire d'enseigner
aux gens à marcher, et à marcher droit. Il est absolument nécessaire de prier
pour obtenir la sagesse. Vous pourrez dire que je suis dur en parlant ainsi,
mais c'est la leçon du Saint-Esprit, par qui je suis guidé dans la matière.
Prions-le de nous prendre et de nous employer corps et âme, et nous ne pourrons
pas nous tromper dans ce que nous ferons. Prions pour obtenir la sagesse ». […] Bientôt
les dons télépathiques d'Evan Roberts vont diverger, et il en fera un autre
usage. Il lit dans les âmes des auditeurs les obstacles moraux qui s'opposent à
leur conversion. Il somme les gens brouillés de se réconcilier tout de suite ou
de quitter la réunion … (pp. 419-421) Le
31 janvier, paraît dans le Western Mail une vigoureuse attaque contre Evan
Roberts, sous la forme d'un article intitulé : Le double réveil au Pays de Galles, et signé par le Rév. Peter
Price, pasteur de l'Église congrégationaliste de Béthanie, à Dowlais. Dans cet
article, le Rév. Price soutient qu'il y a deux réveils : un réveil authentique,
divin, où Evan Roberts n'est pour rien – et un réveil artificiel, qui n'est qu'une parodie
de l'autre, une moquerie, un travestissement, et dont l'auteur est
Evan Roberts – lequel affecte les airs d'une personne douée des attributs
divins. « Y a-t-il donc quatre personnes
dans la Trinité, et Evan Roberts est-il la quatrième ? » Il se conduit non
pas comme quelqu'un que le Saint-Esprit a
dirigé, mais comme quelqu'un qui
dirige le Saint-Esprit.» Le vrai réveil est un feu céleste, le réveil
d'Evan Roberts n'est qu'un feu follet. Evan Roberts ressemble aux prophètes de
Baal qui cherchaient par leurs incantations à créer un feu de mensonge. Tous
les agissements d'Evan Roberts sont sacrilèges et blasphématoires. Et le Rév.
Price lui reproche des prophéties de conversions qui n'ont pas été vérifiées,
ses refus de parler anglais sous prétexte qu'il n'y est pas autorisé par
l'Esprit […], son habitude de n'arriver dans les réunions que lorsqu’elles sont
déjà au comble de l'excitation, et de ne visiter que les localités où le feu a
brûlé déjà depuis des semaines et des mois […] (p. 423) Deux interviews
dont le récit a été publié et qui se placent avant le départ d'Evan Roberts
pour Liverpool méritent d'être notées : Le Conseiller
Johnston lui demande si la direction du Saint-Esprit est toujours d'accord avec la Parole de Dieu, – « Très certainement », réplique Evan Roberts, qui ajoute : « J'ai été largement guidé par des
impressions, mais depuis le silence de sept jours j'ai réalisé la direction en
entendant la voix de Dieu. » – « Entendez-vous cette voix aussi distinctement
que vous m'entendez ? » – « Dans un sens spirituel, oui. » – « Il est très
nécessaire d'éprouver les esprits », observe une dame présente. – « Oui, répliqua Roberts ; cela a été le
motif de mon plus grand conflit – discerner la voix de Dieu et celle de Satan.
» (pp. 463-464) De nombreuses
personnes avaient averti Evan Roberts qu'il entrait dans les eaux troubles de
l'occultisme, de la suggestion et de la transe collective, avec ces chants
répétés et ces réunions de prières qui pouvaient durer des heures. On chantait
quinze fois de suite et plus le même cantique ou petit chœur. Evan Roberts testait
(comme il le disait) systématiquement l'assemblée en demandant aux convertis de
se lever. Il pouvait ainsi facilement détecter les non-convertis présents dans la salle. L'assemblée se mettait
alors à prier pour eux avec une si grande ferveur que peu nombreux étaient ceux
qui avaient la force de résister à une telle pression et la plupart finissaient par se convertir. Mis à part
le début du réveil, les réunions étaient marquées par une absence presque
totale de prédication. La proclamation de la Parole de Dieu était remplacée par
quelques petites anecdotes. Il faut cependant reconnaître que bien des
cantiques chantés étaient centrés sur l'œuvre accomplie par Christ à la croix.
Mais beaucoup d'autres n'étaient que des incantations forcenées pour que
l'Esprit descende sur l'assemblée : «
Elle vient, elle vient, la puissance du Saint-Esprit ; je la reçois, je la
reçois, la puissance du Saint-Esprit ! » Chacun était ainsi conditionné
pour la voir se manifester. Evan Roberts recevait
souvent des prophéties et des visions au moyen desquelles il lisait ce qui se
passait dans les âmes. Il annonçait à l'avance quels étaient ceux qui allaient
se convertir, et ceux-ci se convertissaient en effet, ou du moins faisaient
profession de le faire. (Heureusement que Dieu connaît les siens !) La seule
présence de Roberts suffisait à enthousiasmer la foule sans qu'il n'ait besoin
de prononcer un seul mot. L'auditoire était amené à un état d'excitation et
d'hystérie collectives tel qu'il en était lui-même effrayé. Nous savons, par
l'expérience des phénomènes de masses mis en œuvre à notre époque, que la
pression collective est une arme efficace pour obtenir ce que l'on veut des
foules. Dans une telle ambiance émotionnellement chauffée à blanc, il n'est
plus guère possible de distinguer le vrai du faux. Seule la suite révéla qui
étaient les authentiques croyants, ceux qui s'étaient véritablement repentis,
persévérant dans la foi en Jésus-Christ et l'obéissance aux commandements de
Dieu. Malheureusement, beaucoup ont été entraînés dans des expériences
douteuses et douloureuses, qui n'étaient que des contrefaçons terribles de l'œuvre
du Saint-Esprit et qui ont laissé dans l'âme de ceux qui s'y étaient livrés des
cicatrices indélébiles. La conclusion d'Henri
Bois est que ce réveil gallois, malgré l'hystérie et la débauche d'émotionnalisme qui le caractérisa et
qui toucha presque exclusivement des mineurs et des paysans, fit un bien moral
immense. Il produisit de telles transformations sociales que le chrétien ne
peut qu'y reconnaître l'action directe de Dieu. (p. 605) Comme nous l'avons
déjà indiqué, Henri Bois décrivit ce réveil en 1905, sans avoir de recul par
rapport aux événements. Il n'a connu ni les dessous du réveil, ni les retombées
désastreuses dont parle J. Penn-Lewis, et encore moins le retour du pays à son
ancien état de corruption morale. Le ministère d'Evan
Roberts dura deux ans. Au bout de cette période, il se retira dans le foyer des
Penn-Lewis et n'eut plus aucune autre activité spirituelle. Le reste de sa
longue vie se déroula dans un état de prostration spirituelle, morale et
intellectuelle totale. Ainsi, malgré son
évidente sincérité et sa consécration
totale à Dieu, sa théologie erronée concernant Dieu, Sa volonté, la croix,
le Saint-Esprit, la sanctification, la marche chrétienne et l'évangélisation,
l'a conduit dans une fausse voie, produisant en lui de fausses expériences qui
ruinèrent complètement sa santé. Rick Joyner donne une
tout autre interprétation de ce qu'il appelle la fin prématurée du réveil : Il semble que J.
Penn-Lewis ait joué un rôle important dans la fin prématurée du réveil en ayant
les meilleures intentions du monde. On rapporte qu'elle a persuadé Evan Roberts
de se retirer du réveil parce qu'elle trouvait qu'il retenait trop l'attention
qui devait revenir à Dieu. (Op. cit., p. 117) Ce qui est certain,
c'est que Jessie Penn-Lewis s'était rendu compte du surmenage d'Evan Roberts,
de sa fatigue physique et nerveuse et de sa conduite de plus en plus fanatique
et bizarre. Elle a voulu lui éviter le pire, et ce fut sans doute un bien pour
lui de s'être retiré. L'ouvrage
de R. Joyner sur le réveil du Pays de Galles ne nous parle pas des contrefaçons
innombrables de l'action du Saint-Esprit qu'il a suscitées et ne nous offre pas
non plus de mises en garde si nécessaires si nous voulons éviter de retomber
dans un tel désastre spirituel. Et pour cause ! Car s'il en avait parlé, il
aurait dû lui-même mettre fin à ses activités spirituelles et renier ses
propres prophéties et ses visions, qui constituent le fondement et
l'orientation de sa vie. (Voyez ses ouvrages, entre autres L'Ultime assaut et Le monde
en feu que nous analysons dans la dernière partie de cette étude). Il est intéressant de
noter ce que dit Joyner à propos de La
guerre aux Saints (dans son livre, le titre anglais War on the Saints est traduit par Le combat contre les saints) : Des années plus
tard, Roberts et Penn-Lewis ont consigné un ouvrage intitulé Le combat contre les saints, destiné à
condamner le réveil pentecôtiste naissant, présenté comme l'œuvre d'une armée d'invasion d'esprits méchants. Au cours du
réveil au Pays de Galles, Penn-Lewis avait réagi vivement contre les
manifestations des pentecôtistes, et ce livre semblait être une réaction de
défense, due à son aversion pour les attitudes hyper-émotionnelles. Les
éditions postérieures de l'ouvrage manifestent la volonté des éditeurs de
supprimer les attaques virulentes contre les pentecôtistes, mais gardent
encore, à mon sens, une teneur générale qui peut nuire à la capacité du croyant
d'utiliser les dons de l'Esprit. Le point de vue de Penn-Lewis est exposé par
J. C. Metcalfe, l'auteur de la préface du livre War on The Saints, Christian Literature Crusade, (p. VIII) : « L'une des
conséquences du réveil au Pays de Galles, à l'aube de notre siècle, a été la
multiplication de formes de cultes extrêmes qui prônent souvent le retour à des
pratiques pentecôtistes. Mme Penn-Lewis,
qui a assisté à une grande partie du réveil en tant que représentante de La vie de foi, a clairement discerné le
danger de ces enseignements fanatiques ; et en collaboration avec Evan Roberts,
qui a joué un rôle prépondérant dans le réveil, elle a écrit un livre, Le combat contre les saints. Dans cet
ouvrage, ces croyances et ces pratiques extrêmes et tout à fait excessives sont
dénoncées catégoriquement comme l'oeuvre d'une armée d'invasion d'esprits
méchants. Le terme tromperie peut
être considéré comme le mot-clef de ce livre et il se trouve être en parfait
accord avec les idées de John Wesley et du Dr Henson. » (Op. cit., pp. 119-120) Plus loin Joyner
continue : Les écrits de
Jessie Penn-Lewis sont imprégnés d'une sincère jalousie de voir Dieu recevoir
la gloire qui Lui est due ; ils contiennent de nombreux principes effectivement
valables, mais une grande partie de ses enseignements est à la fois
réactionnaire et empreinte d'idéalisme. Beaucoup d'amis et d'associés très
proches d'Evan Roberts ont nié que Le
combat contre les saints représente fidèlement l'homme qu'ils avaient
connu. (Op. cit., p. 120) Si J. Penn-Lewis
désirait certes que Dieu reçoive la gloire qui lui est due, l'objet de son
livre était plutôt celui de dénoncer les contrefaçons spirituelles qui se
manifestent en conséquence de faux comportements et de fausses doctrines.
L'auteur donne de nombreuses descriptions de contrefaçons de l'action du
Saint-Esprit qui, en fait, sont du ressort de l'occultisme. Il est intéressant
de constater que M. Bickle – comme Joyner, membre de l'équipe des prophètes de Kansas City – donne à la
fin de son ouvrage Grandir dans le
prophétisme, à quelques variantes près, des descriptions très semblables à
celles de J. Penn-Lewis qui les met sur le compte du diable, alors que lui-même
les met sur le compte du Saint-Esprit. Nous comprenons dès lors pourquoi Joyner
déforme certains faits relatés dans La
guerre aux saints ou refuse d'en parler. Il est normal que les
déviations rapportées par La guerre aux
Saints ne représentent plus la position finale d'Evan Roberts, car celui-ci
aurait reconnu l'erreur de plusieurs de ses anciennes pratiques et y aurait
renoncé. Joyner ajoute cependant, en parlant de La guerre aux Saints, que : Des
collaborateurs d'Evan Roberts ont attesté que le livre était contraire à
l'esprit du réveil et contesté le fait qu'Evan s'était coupé du Corps de Christ
et même de sa propre famille au moment de sa retraite chez les Penn-Lewis. Jessie
Penn-Lewis pourrait être l'un de ces exemples historiques classiques qui
illustrent la manière dont l'ennemi peut utiliser la chasse à l'hérésie ou
l'idéalisme pour saboter d'authentiques œuvres du Saint-Esprit. (Op. cit., p. 120-121) Ainsi, selon Joyner,
Penn-Lewis aurait éteint le réveil en voulant chasser l'hérésie, c'est-à-dire,
en mettant en garde contre certaines pratiques qui sont plus du ressort de
l'occultisme que du christianisme ! Référence : Rose-Marie et Jean-Marc
Berthoud, Mysticisme d’hier et d’aujourd’hui, L’Âge d’Homme, collection « Messages ». [1] Jessie
Penn-Lewis, en collaboration avec Evan Roberts, La guerre aux Saints, édition anglaise, 1912, première édition
française, Paris, 1916. [2] Mystique
catholique romaine dont nous parlerons dans la seconde partie de cette étude. [3] Henri Bois, Le
réveil au Pays de Galles, Toulouse, 1905. [4] Rick Joyner, Le monde en feu, J. F. Oberlin, Mâcon,
1996. [5] Entre autres, de D. M. Phillips, Evan Roberts, the Great Welsh Revivalist and
his Work, Marshall Brother, 1906. [6] Dans toute la
pensée anarchiste révolutionnaire des XVIIIe-XXe siècles, le feu est le symbole de l'action de
la Révolution. Voyez l'étude magistrale de J. H. Billington, Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith, Basic Books, New York, 1980. Le processus
révolutionnaire a commencé par une fausse mystique destructrice de l'ordre de
Dieu dans la personnalité de celui qui en faisait l'expérience. [7] Ce faux
enseignement sur la croix est largement repris par Watchman Nee et son école.
Viz. W. Nee, La libération de l'Esprit, Fontenay-sous-Bois,
Farel, 1975. [8] Bois, op. cit., pp. 438 et suivantes. Il doit écrire
exactement ce qui lui vient. Dieu lui demande de souligner un mot quatre fois
et non trois, comme il l'avait fait…, etc.
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