Préambule
Aucun
homme n’est enfant de Dieu par naissance. Il le devient par une " nouvelle
naissance ", une œuvre de la grâce de Dieu. Cette nouvelle
vie, petite et faible au début, comme un grain de semence, doit
grandir et se développer. La croissance peut être lente
et parfois difficile, mais elle est certaine et nécessaire.
Le
devoir de chaque enfant de Dieu est de grandir dans la grâce.
Il passera par plusieurs étapes, mais il doit continuer à
se développer spirituellement. Dans ce petit livre, écrit
premièrement comme une lettre à un ami, John Newton explique
cette croissance dans la grâce, qu’il avait expérimentée
lui-même. Converti en 1748 à l’âge de 23 ans, il
avait déjà connu une vie de péché dans la
marine britannique et dans la traite des noirs du continent africain.
La transformation que Dieu a effectuée dans sa vie a fait de
lui un fidèle pasteur et prédicateur de l’Evangile. Ses
cantiques et ses écrits ont été des sources d’encouragement
et d’édification pendant deux siècles, et ils restent
toujours des chefs-d’œuvre de la littérature chrétienne
anglaise.
LA CROISSANCE DANS LA GRACE
"D’abord l’herbe,
puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi."-
Marc 4:28
D’une manière efficace
et salutaire le Seigneur conduit tout son peuple à la connaissance
des mêmes vérités essentielles. Il le fait cependant
par des voies si diverses, qu’il sera nécessaire dans cette étude
de laisser de côté ce qu’il peut y avoir de personnel et
d’occasionnel dans l’expérience de chacun, pour ne mettre en
évidence que ce qui est plus ou moins commun à tous. Je
ne vous proposerai donc pas comme modèle ma propre expérience,
ni celle d’aucun autre ; mais je vais essayer de montrer aussi
clairement que possible, d’après l’Ecriture Sainte, ce qu’est
une œuvre de grâce.
Par nature, nous sommes
tous morts à cause de nos offenses et de nos péchés,
et non seulement étrangers à Dieu, mais en état
de rébellion contre Lui, nous opposant à son autorité
et à sa grâce. Si différents qu’ils puissent être
sur le plan social, sages ou ignorants, croyants ou profanes, les hommes,
quels qu’ils soient, sont – sous ce rapport – également incapables
de recevoir ou d’apprécier les vérités divines
(1 Corinthiens 2:14).
C’est pour cela que le
Seigneur affirme : "nul ne peut venir à moi, si le
Père qui m’a envoyé ne l’attire." Le terme de " Père "
à lui seul exprime, dans la plupart des cas, une distinction
connue et importante dans la Trinité que nous adorons. Je pense
pouvoir affirmer que le Seigneur s’en sert parfois pour désigner
Dieu ou sa divinité, par contraste avec son humanité,
comme c’est le cas dans Jean 14:9. J’en conclus que le sens est ici :
aucun homme ne peut venir à moi à moins d’être éclairé
par Dieu, et d’avoir expérimenté en lui-même l’œuvre
de la puissance divine. L’exercice immédiat de cette puissance,
dans la dispensation du salut, est plutôt attribué au Saint-Esprit
qu’au Père (Jean 16:8-11). Mais cette puissance est celle de
Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Elle est
ainsi attribuée au Père, au Fils et au Saint-Esprit (Jean
5:21 et 6:44-63 ; 2 Corinthiens 3:18 ; 2 Thessaloniciens 3:5).
A : LA GRACE EN HERBE
C’est la première
étape. Il s’agit ici d’une personne " A "
qui fait l’objet des sollicitations de Dieu, sollicitations qui la conduiront
infailliblement au Seigneur Jésus pour la vie et pour le salut.
Le début de cette œuvre est instantané. Il est effectué
par une espèce de lumière communiquée à
l’âme, lumière à laquelle elle était auparavant
totalement étrangère. Les yeux de l’intelligence sont
ouverts et éclairés. La lumière accordée
est d’abord faible et indistincte, comme l’aube matinale ; mais
une fois allumée, elle croîtra certainement et s’intensifiera
jusqu’au plein jour.
Nous parlons souvent, comme
si la conviction du péché était l’œuvre initiale
de Dieu dans l’âme que, dans sa miséricorde, Il est sur
le point d’attirer à Lui. Cela ne me semble pas très exact.
La conviction de péché n’est qu’une partie de cette œuvre,
je dirai même un effet, et il en existe de nombreux cas qui n’en
sont pas du tout le produit. Il s’agit alors de sentiments occasionnels
et temporaires, parfois très vifs d’ailleurs et qui peuvent pousser
un homme à une grande activité. Mais pour ressentir une
vraie conviction de péché, il est indispensable que nous
ayons auparavant des notions suffisantes du Dieu auquel nous avons affaire.
Sans ce préalable, il est possible de craindre le péché
comme une chose dangereuse, mais sa nature et sa gravité ne peuvent
être comprises qu’en contraste avec la sainteté, la majesté,
la bonté, et la vérité du Dieu contre lequel il
est commis.
Aucun moyen extérieur,
ni miséricorde, ni jugement, ni cérémonie ne peut
communiquer une telle découverte de Dieu, ou produire une telle
conviction de péché ; il faut qu’interviennent dans
l’âme cette lumière et cette puissance divine. Il est vrai
que par ces moyens extérieurs, la conscience naturelle et les
sentiments peuvent être éveillés au point de stimuler
quelques désirs et quelques efforts tendant vers Dieu. Il n’y
a pourtant pas là des compréhensions spirituelles des
perfections de Dieu, selon la révélation qu’Il a donnée
de Lui-même dans sa Parole. Tôt ou tard c’en sera fait,
et la personne ainsi réveillée retournera petit à
petit à son ancienne manière de vivre (2 Pierre 2:20),
ou bien elle sombrera dans une forme de piété, impuissante
et pleine de propre justice (Luc 18:11). Puisqu’il y a dans la dispensation
de l’Evangile tant de choses propres à susciter les désirs
naturels des hommes, ne nous étonnons donc pas, affligeons-nous
seulement de ce que bien des gens, après avoir fait profession
de se convertir, ne persévèrent pas ou deviennent apostats.
La semence paraît germer, l’herbe verdit pendant un temps, mais
s’il n’y a pas de profondeur pour qu’elle s’enracine, elle finira à
coup sûr par se dessécher. Il nous sera peut-être
impossible de discerner au premier abord avec certitude si l’œuvre sera
ou non profonde et spirituelle, mais " le Seigneur connaît
ceux qui Lui appartiennent ", et partout où elle est
réelle, cette conversion est un signe infaillible du salut.
Or, étant donné
que Dieu ne se révèle qu’à travers l’Ecriture,
la lumière ainsi reçue conduit l’âme à l’Ecriture,
d’où elle a jailli ; elle commence à comprendre et
à admettre toutes les vérités fondamentales de
la Parole de Dieu. L’homme reconnaît le caractère maléfique
du péché et ressent la corruption de son propre cœur.
Pendant un certain temps il fera peut-être quelques efforts pour
obtenir la faveur de Dieu par la prière, par la repentance et
par la sanctification ; mais, en général, il ne faut
pas longtemps pour constater que tout cela est inefficace. L’âme,
comme la femme mentionnée dans Marc 5:26, lassée de vains
efforts, se trouve dans un état qui va toujours en empirant,
et elle est amenée petit à petit à reconnaître
la nécessité et la suffisance du salut, don gratuit de
Dieu.
" A "
pourra bientôt être un croyant dans ce sens du mot :
il croit en la Parole de Dieu ; il voit et ressent les choses telles
qu’elles y sont décrites ; il hait et évite le péché,
parce qu’il sait qu’il déplaît à Dieu et qu’il L’afflige
dans sa bonté ; il reçoit le témoignage que
Dieu a donné son Fils ; son cœur est tombé et attiré
vers Jésus, par des aperçus de sa gloire et de son amour
envers les pauvres pécheurs ; il compte sur son Nom et sur
ses promesses comme seul encouragement à s’approcher du trône
de la grâce ; il est assidu dans l’usage de tous les moyens
destinés à maintenir la communion avec Dieu, et la croissance
dans la grâce ; il aime le peuple du Seigneur, le tient pour
la crème de la terre et trouve ses délices à s’entretenir
avec Lui. Il aspire aux bénédictions, dont il est convaincu
qu’il jouit, et prie pour les recevoir ; il ne peut être
satisfait qu’à ce prix. Il est convaincu de la puissance de Jésus
pour le sauver, mais à cause de l’ignorance et du légalisme
qui demeurent en lui, du souvenir de son péché et du sens
de sa corruption actuelle, il doute souvent que Jésus veuille
l’exaucer. Ignorant l’abondance de la grâce et la sécurité
des promesses divines, il craint que le Sauveur miséricordieux
ne le rejette, fut-il prosterné à ses pieds.
Tant qu’il est ainsi novice
dans la connaissance de l’Evangile, chargé de son péché
et peut-être assiégé par les tentations de Satan,
le Seigneur qui " prend les agneaux dans ses bras, et les
porte dans son sein " (Esaïe 40:11), se plaît à
lui accorder de temps à autre des expériences fortifiantes,
afin qu’il ne soit pas accablé de douleur. Il arrive ainsi, qu’il
éprouve l’épanouissement de son cœur dans la prière
ou dans l’écoute de la Parole, ou encore qu’une promesse réconfortante
lui revienne à l’esprit, et qu’elle soit pleinement approprié
aux circonstances particulières dans lesquelles il se trouve.
Il se trompe sur la nature
et le but de ces secours, qui ne lui sont point accordés pour
qu’il s’y repose, mais pour l’encourager à aller de l’avant.
Il pense que tout va bien parce qu’il les a reçus et il entretient
le vain espoir de les conserver à jamais. Ainsi " sa
montagne est affermie " (Psaume 30:7-8). Mais peu de temps
après, il sent que tout change ; sa force s’en va ;
il n’a plus le courage de prier, ni l’attention nécessaire pour
écouter. Le péché qui habite en lui reprend vie
avec des forces renouvelées, et il se peut que Satan revienne
aussi en redoublant de rage. Alors, il est à bout de forces ;
il estime que ses espérances étaient en fin de compte
présomptueuses, et ses réconforts de simples illusions.
Il voudrait se sentir possesseur d’un titre qui lui permette de se confier
dans les promesses de Christ, alors que celles-ci sont données
gratuitement. Ses notions de la plénitude de la grâce du
Rédempteur sont très déficientes ; il ne perçoit
pas l’harmonie et la gloire des attributs divins, déployés
dans le salut d’un pécheur ; il soupire après la
miséricorde, mais il craint que la justice ne s’élève
contre lui.
A travers ces diverses
dispensations, le Seigneur est pourtant en train de le façonner
et de le faire avancer. Il reçoit de Jésus la grâce
de combattre le péché ; sa conscience est sensible
et ses principaux ennuis résident dans ses préoccupations
spirituelles : s’il pouvait seulement acquérir la certitude
durable que Dieu l’accepte dans sa communion, aucune épreuve
extérieure pense-t-il ne pourrait désormais le troubler.
En fait, malgré
la faiblesse de sa foi et son esprit légaliste – qui au demeurant
lui nuit beaucoup – il vit une expérience dont il se souviendra
sans doute plus tard avec regret, lorsque son espérance et son
intelligence spirituelle seront plus affermies ; surtout, il se
rappellera la sensibilité et l’appétit aigu avec lesquels
il écoutait alors la prédication, désirant le lait
spirituel et pur de la Parole avec ardeur et avec sérieux, comme
un nouveau-né à la mamelle. Il comptait les heures qui
séparaient une occasion d’une autre ; l’attention et le
désir avec lesquels il écoutait étaient visibles
sur son visage. Faute d’expérience, son zèle était
peut-être trop poussé et trop impétueux, mais il
aimait les âmes et se préoccupait de la gloire de Dieu,
ce qui lui attirait parfois des ennuis. Même s’il s’y mêlait
quelque activisme charnel, c’était une disposition hautement
désirable et louable (Jean 18:10).
La grâce de Dieu
agit à la fois sur l’intelligence et sur les sentiments. Des
sentiments chaleureux, sans la connaissance, ne peuvent s’élever
au-dessus de la superstition ; mais une connaissance qui n’influe
pas sur le cœur et sur les sentiments, ne peut former qu’un hypocrite.
Le vrai croyant possède les deux choses. Bien que " A "
ne soit pas entièrement dénué de connaissance,
son état est plutôt caractérisé par la chaleur
et la vitalité des sentiments. D’autre part, à mesure
que l’œuvre avance et bien que les affections ne soient pas négligées,
elle semble agir principalement dans le domaine de l’intelligence.
Le chrétien expérimenté
a des notions plus fermes, judicieuses et cohérentes sur la personne
du Seigneur Jésus-Christ, sa gloire et son amour rédempteur,
aussi son espérance est-elle plus fondée, sa paix et sa
force plus stables et plus constantes, que dans le cas d’un jeune converti ;
mais dans la plupart des cas, c’est ce dernier qui l’emporte pour la
ferveur des sentiments. L’arbre a plus de valeur lorsqu’il est chargé
de fruits mûrs, mais sa beauté est incomparable lorsqu’il
est en fleur.
Chez " A "
c’est le printemps ; il est en pleine floraison et par la grâce
du Vigneron divin, il portera du fruit dans sa vieillesse. Si sa foi
est faible, son cœur est chaud. Il lui manquera souvent l’assurance
de son salut, et pourtant il voit, il ressent et il fait des choses
que nul ne pourrait faire, si Dieu n’était avec lui. Tout son
désir et l’aspiration profonde de son âme, vont à
Dieu et à la Parole de sa grâce. Sa connaissance est encore
très limitée, mais elle grandit jour après jour.
Il n’est encore qu’un enfant dans la grâce, mais un enfant chéri.
Le Seigneur a visité son cœur. Il l’a délivré de
l’amour du péché et fixé ses désirs d’une
manière absolue sur Jésus-Christ. Petit à petit
l’esprit de servitude le quitte et l’heure de l’affranchissement, qu’il
désire tant, approche. Alors, par une nouvelle découverte
de l’Evangile glorieux, il lui sera donné de se savoir accepté
et de s’appuyer sur le salut accompli par le Seigneur.
B : LA GRACE DANS L’EPI
Il n’est pas facile de
retracer la manière dont le Seigneur agit dans le cœur de son
peuple, bien que l’Ecriture déclare que le fait est certain.
Pour nous, il ne peut être question d’en parler qu’en termes généraux,
vu l’immense variété des cas qui se produisent dans l’expérience
des croyants. Après la première étape "A",
qui est celle des nouveaux convertis, voyons maintenant la suivante
"B".
Cet état commence
sans doute lorsque l’âme, après des alternatives d’espoirs
et de craintes, est enfin amenée à s’appuyer sur Jésus,
par une compréhension spirituelle de sa perfection absolue et
de sa suffisance, en tant que sagesse, justice, sanctification et rédemption
pour tous ceux qui se confient en Lui, et qui par la foi s’approprie
les grâces divines, elle est rendue capable de dire : "Il
est à moi, et je suis à Lui." Cette conviction existe
à des degrés divers ; sa nature est de croître,
et elle est capable d’augmenter tant que Dieu nous laisse vivre dans
ce monde. Je l’appelle de l’assurance, lorsqu’elle est le résultat
d’une compréhension simple de la grâce et de la gloire
du Sauveur, indépendamment de nos sentiments, de sorte que nous
puissions répondre à toutes les objections de l’incrédulité
et de Satan, par les mots de l’apôtre : "Qui condamnera ?
Christ est mort, bien plus Il est ressuscité, Il est à
la droite de Dieu, et Il intercède pour nous ! "
(Romains 8:34). A mon avis, cette assurance n’est pas un élément
indispensable de la foi, en sorte que nous puissions dire que "B"
soit davantage un croyant que "A" ; elle appartient plutôt
à la consolidation de la foi. Or, la foi étant devenue
plus forte, elle doit lutter davantage.
Je dirais que l’état
de " A " est caractérisé par l’aspiration,
et celui de " B " par la lutte. Non point que
" B " n’ait plus d’aspiration ou que " A "
n’ait pas de lutte, mais nous reconnaissons que chez " A ",
il existait un empressement sensible et une aspiration intense, qui
généralement ne s’expriment plus aussi fortement par la
suite. De même, il y a normalement dans l’expérience de
" B " des épreuves et des exercices, qui
diffèrent par leur nature de ceux auxquels " A "
était exposé, et sont plus aigus que ceux auxquels il
avait la force de résister. A l’instar d’Israël, " A "
s’est trouvé délivré d’Egypte par une grande puissance
et par un bras étendu ; il a été poursuivi
et terrifié par de nombreux ennemis, et il s’est estimé
perdu en de nombreuses occasions. Enfin, il a été témoin
de la destruction de ses ennemis et sur les rives de la Mer Rouge, il
a chanté le cantique de Moïse et de l’Agneau. C’est alors
qu’il entame l’étape " B ". Peut-être,
de même qu’Israël, estime-t-il que ses difficultés
sont maintenant résolues, et s’attend-il à avancer joyeusement
jusqu’à l’entrée dans la terre promise. Mais hélas !
Dans un sens, ses difficultés ne font que commencer ; devant
lui il y a le désert, dont il ignore jusqu’à l’existence
même. Le Seigneur va maintenant calculer ses dispensations de
manière à l’humilier et à l’éprouver, pour
lui montrer ce qui est dans son cœur. Il en résultera des biens
pour lui, et toute la gloire ne pourra en être attribuée
qu’à la libre grâce de Dieu.
Puisque le Seigneur hait
et abhorre le péché, et qu’Il enseigne à son peuple
bien-aimé à le haïr aussi, il paraîtrait souhaitable
(tout n’est-il pas d’une égale facilité pour Lui ?),
qu’au moment où ils sont délivrés de la culpabilité
et de la puissante dominante du péché, les rachetés
soient en même temps affranchis de sa souillure qui demeure en
eux, et qu’ils deviennent immédiatement semblables à leur
Sauveur. Mais il se trouve que, dans sa sagesse, Il en a décidé
autrement. Néanmoins, à partir des bases précédemment
établies, c’est-à-dire de sa haine du péché
et de son amour pour son peuple, je pense que nous pouvons conclure
avec certitude, qu’Il ne permettrait pas que le péché
demeure en eux, s’Il n’avait pas le dessein de l’utiliser en vue d’une
manifestation plus éclatante de sa grâce et de sa sagesse,
et afin de rendre son salut plus précieux à leurs âmes.
Son commandement n’en demeure
pas moins qu’ils veillent et luttent contre le péché,
ce qui est donc leur devoir. Mais à cause de la nouvelle nature
qu’Il leur a donnée, c’est aussi leur désir, et c’est
cela qui les porte à mortifier le corps du péché
en son entier, et à faire progresser l’œuvre de sanctification
dans leur cœur. Tel est le but vers lequel ils ne doivent cesser de
tendre avec persévérance. Voilà donc l’itinéraire
dans lequel " B " s’engage. La certitude que nous
sommes acceptés par Dieu et que notre sécurité
en Christ est éternelle, manifeste déjà sur la
terre la tendance qu’elle aura au Ciel. Si rien ne venait y faire obstacle
(ce qui n’est pas le cas !), elle produirait dès maintenant
les mêmes effets d’amour ininterrompu de joie, de paix, de reconnaissance
et de louange.
Mais il se trouve que " B "
n’est pas un pur esprit ! La vieille nature s’attache encore à
lui, et dans son cœur subsiste encore le germe de toute corruption naturelle.
Il vit dans un monde rempli de pièges et d’occasions de chute,
propres à amener ces corruptions à se manifester. De plus,
il est entouré d’ennemis spirituels invisibles, et doit encore
apprendre par une expérience personnelle et pénible, l’étendue
de leur puissance et de leur subtilité.
"B" reconnaît,
d’une façon générale, la nature de son combat de
chrétien, et son droit de vivre en Jésus pour tirer de
Lui force et justice. Il est prêt à souffrir comme un bon
soldat de Jésus-Christ et il croit que le Seigneur le soutiendra,
même s’il reçoit des coups durs qui le feront tomber momentanément.
Il sait que son cœur "est tortueux par dessus toutes choses et
qu’il est méchant" (Jérémie 17:9), mais il
ne connaît pas et il ne peut pas connaître au début,
le plein sens de ces paroles. Pourtant c’est à la gloire du Seigneur
que "B" va découvrir des preuves nouvelles et humiliantes
de sa nature mauvaise à mesure qu’il avance. C’est à un
degré tel, qu’il n’aurait pu le croire si on ne les lui avait
pas décrites à l’avance, comme ce fut le cas pour Pierre
(Marc 14:29). Ces circonstances finiront même par lui rendre encore
plus précieux, l’amour et la grâce du Seigneur. En fait,
les abominations du cœur ne paraissent dans leur pleine force et dans
toute leur gravité, que dans le cas de quelqu’un qui, comme "B"
a goûté la grâce du Seigneur et s’est réjoui
de son salut. La nature outrageusement offensante du péché
est manifestée, moins par la rupture des freins que sont les
menaces et les commandements divins, que par sa capacité d’agir
contre la lumière et l’amour du Seigneur.
C’est le cas d’Ezéchias.
Pendant bien des années, il s’était montré un fidèle
et zélé serviteur de Dieu, et pourtant il me semble que
dans sa maladie il en a appris davantage sur Dieu et sur lui-même,
qu’à n’importe quelle époque antérieure de sa vie
(Esaïe 38). Il a plu au Seigneur, Celui qui l’avait délivré
des mains du roi Sanchérib (Esaïe 37), de le ramener à
la vie par un miracle, alors qu’il était sur le point de mourir
et de prolonger son existence de quelques années, en réponse
à sa prière. Le cantique qu’il écrivit, après
sa guérison, prouve clairement qu’il était très
conscient des grâces reçues, et pourtant, il demeurait
dans son cœur quelque chose qu’il ignorait et qui lui fut dévoilé
à la gloire de Dieu. Voilà pourquoi il plut à Dieu
de le livrer à lui-même (Esaïe 39). Notons d’ailleurs,
que c’est la seule fois où cette expression est employée,
et le seul cas où sa conduite fut condamnée.
C’est en effet lorsque
nous nous trouvons dans la situation de B", c’est-à-dire,
après notre conversion et pendant un certain temps, que notre
nature pécheresse manifeste le plus de vigueur, et que nous passons
par des expériences pénibles et douloureuses. Je ne dis
pas que pour apprendre à connaître notre cœur nous devions
nécessairement être abandonnés au point de tomber
dans le péché grossier et apparent ; mais je crois
que c’est arrivé à beaucoup de ceux dont le cœur était
déjà sensible à l’amour rédempteur, avant
de renoncer au péché. Il arrive au Seigneur de faire de
quelques-uns de ses enfants des exemples et des avertissements, tandis
que ces chutes visibles ne frappent pas les autres.
Ceux qui sont épargnés,
et dont les pires détours ne sont connus que du Seigneur et d’eux-mêmes,
ont de grandes raisons d’être reconnaissants. Je suis certain
que c’est mon cas. Depuis que je fais partie de son peuple, le Seigneur,
dans sa miséricorde, n’a pas permis que je souille ma confession
évangélique d’une manière éclatante, mais
je n’ai pas pour autant lieu de me vanter. Ce n’est pas à cause
de ma sagesse, de ma vigilance ou de ma spiritualité, que j’ai
acquis quelque mérite, encore qu’il ne me soit pas permis de
négliger ces moyens mis à notre disposition. Mais, me
rappelant beaucoup de circonstances où je trouve matière
à m’humilier profondément devant Lui, j’espère
marcher humblement tous les jours de ma vie, tout comme s’Il m’avait
laissé pécher gravement aux yeux de tous.
Mon salut en Christ, je
ne pense pas en avoir douté depuis bien des années, ne
serait-ce que l’espace d’un quart d’heure ; par contre, c’est bien
souvent que j’ai été conscient de folie, d’ingratitude,
d’impatience et de rébellion au cours de ma vie ! Et puisque
le cœur connaît ses propres chagrins (Proverbes 14:10), il m’est
arrivé maintes fois d’entendre des plaintes semblables dans la
bouche d’autres personnes, qui font partie aussi du peuple du Seigneur,
et avec lesquelles j’ai eu l’occasion de converser ; il s’agissait
même parfois de gens d’un haut niveau spirituel et ancrés
dans la grâce.
Il se peut que " B "
ne passe pas par de telles expériences au début, ou tous
les jours, le Seigneur est Maître des événements
et Il décide des moments critiques de notre vie pour nous éprouver.
A certaines époques, les tentations sont adaptées à
nos dispositions, à nos humeurs et à notre situation.
Il y a des moments où il plaît à Dieu de se retirer
et de permettre à Satan de s’approcher, pour nous amener à
ressentir notre indignité. Nous avons tendance à tomber
dans l’orgueil spirituel, dans la suffisance, dans une confiance mal
placée, dans trop d’attachement à la créature plutôt
qu’au Créateur et dans beaucoup d’autres maux. Il arrive souvent
que le Seigneur nous dévoile une disposition pécheresse
de notre nature en nous exposant à une autre. Quelquefois, Il
montre ce qu’Il peut faire pour nous et en nous, alors qu’en d’autres
occasions Il nous révèle le peu que nous pouvons faire
par nous-mêmes, et combien nous sommes incapables de tenir sans
Lui.
Par la diversité
de ces expériences, par les influences souveraines et édifiantes
du Saint-Esprit, " B " est amené à
approfondir sa connaissance de lui-même et du Seigneur. Il apprend
à se méfier toujours plus de son propre cœur, et à
soupçonner un piège dans chaque pas qu’il fait. Les heures
sombres et misérables par lesquelles il est passé autrefois
par sa propre faute, lui font apprécier doublement la lumière
de la face de Dieu, et lui apprennent à saisir tout ce qui pourrait
attrister son Esprit et L’amener à se retirer à nouveau.
Les pardons multiples et
répétés, dont il a été l’objet, font
croître son admiration et le sentiment de ses obligations, envers
la miséricorde souveraine et abondante de la nouvelle alliance.
Puisqu’on lui a beaucoup pardonné, il aime beaucoup ; il
sait aussi pardonner à d’autres et faire preuve de compassion
à leur égard. Ce n’est pas qu’il appelle le mal bien ou
le bien mal, mais sa propre expérience lui apprend la douceur
et la patience. Il éprouve un esprit de miséricorde envers
ceux qui sont surpris en quelque faute, et ses tentatives pour les récupérer
sont selon le modèle de l’amour du Seigneur à son propre
égard.
En un mot, le caractère
de " B " atteint la maturité et il se transforme
en " C ", lorsque la disposition habituelle de son
cœur correspond à cette description tirée de la prophétie
d’Ezéchiel (16:63) : " afin que tu te souviennes
du passé et que tu rougisses, afin que tu n’ouvres plus la bouche
(afin de te glorifier, de te plaindre, ou de censurer) et que tu sois
confus, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait, dit le Seigneur,
l’Eternel. "
" C " :
LE GRAIN TOUT FORME DANS L’EPI
Afin de bien les distinguer,
j’ai caractérisé " A " par le désir
et " B " par le conflit ; c’est la contemplation
qui rend le mieux compte de l’état de " C ".
Contrairement à
" A ", ce qui le fait remarquer n’est pas la chaleur
et la ferveur de son amour. A cet égard, nombre de croyants,
pourtant exemplaires, se rappellent avec une espèce de nostalgie
l’époque de leurs fiançailles spirituelles, où,
malgré l’imperfection de leur discernement et le caractère
un peu vague de leurs convictions évangéliques, ils ont
ressenti une ferveur d’esprit dont le souvenir leur est à la
fois humiliant et rafraîchissant, et pourtant, ils sont incapables
maintenant d’éprouver à nouveau les mêmes sentiments.
Ce qui le distingue de
" B ", par ailleurs, ce n’est pas la certitude que
ses péchés sont pardonnés en Christ, ni la capacité
d’invoquer Dieu comme son Père ; je suppose en effet que
" B " a déjà atteint ce stade. Comme
il existe cependant une croissance dans toutes les grâces, il
est certain que son assurance est devenue plus solide et en même
temps plus simple qu’au début, lorsqu’il a compris pour la première
fois qu’il échappait à toute condamnation – c’est le fait
d’une plus longue expérience de la fidélité et
de la miséricorde du Seigneur, jointe à une meilleure
compréhension de l’Evangile.
Ce n’est pas que " C "
possède en lui-même un capital de grâce ou une force
quelconque. Non, pas plus que " B " ou même
que " A ". Il se trouve dans le même état
de dépendance absolue et il est aussi incapable qu’eux d’accomplir
des actions spirituelles, ou de résister à la tentation
par ses propres moyens : c’est comme au premier jour de sa vie
chrétienne. Et pourtant, en un certain sens il est beaucoup plus
fort, car il a une conscience plus aiguë et plus permanente de
sa propre faiblesse. Les diverses circonstances de sa vie chrétienne,
l’ont depuis longtemps mis à l’école de Dieu, et par sa
grâce il peut dire que ce n’est pas en vain qu’il a tant souffert
de l’habitude de s’y confier, et par conséquent il a beaucoup
moins de déceptions qu’auparavant. Ayant fait tant de fois l’expérience
que tout autre secours est vain, il a appris à s’adresser directement
au Seigneur, " afin d’être secouru dans ses besoins "
(Hébreux 4:16). Aussi est-il fort, non point par lui-même,
mais par la grâce qui est en Jésus-Christ.
Mais le bonheur de " C "
et sa supériorité, par rapport à " B ",
consistent surtout en ceci : il a atteint une compréhension
plus claire, plus profonde et plus complète du mystère
de l’amour rédempteur. Dieu l’a en effet béni dans sa
prière, sa lecture de la Bible et son écoute de la Parole ;
ce qu’il avait appris du Seigneur, il en a fait l’expérience
personnelle, et il a acquis une connaissance approfondie de son propre
cœur. La glorieuse plénitude du Seigneur Jésus dans sa
Promesse, ses fonctions, sa grâce et sa fidélité,
l’harmonie et la gloire de toutes les perfections divines qui sont manifestées
en Christ et par Lui à l’Eglise, la beauté, la plénitude
et la véracité des Saintes Ecritures, la hauteur, la profondeur,
la longueur et la largeur de l’amour de Dieu en Christ, tout cela il
le connaît infiniment mieux maintenant.
Ainsi, bien que ses sentiments
puissent être moins ardents que du temps où il était
à l’état de " A ", son jugement est
plus solide, son intelligence plus concentrée, et ses pensées
plus habituellement exercées à ce qui se trouve " au-delà
du voile " (Hébreux 6:19). Sa grande préoccupation
consiste à contempler la gloire de Dieu en Christ et dans cette
contemplation, il est transformé en la même image, de sorte
qu’il produit d’une manière excellente et uniforme les fruits
de la justice qui sont par Jésus-Christ, à la gloire et
à la louange de Dieu. Ses méditations ne sont pas des
spéculations stériles ; elles l’aident à mieux
exprimer le caractère chrétien, et cela d’une manière
plus suivie que " A " et " B "
ne seraient capables de le faire dans leur état actuel. Prenons-en
quelques exemples :
1. L’humilité.
On peut s’attendre à trouver en tout chrétien authentique
une certaine mesure de cette grâce, mais celle-ci ne peut se manifester
qu’en proportion de la connaissance qu’on a de Christ et de son propre
cœur. Chaque jour, " C " a l’habitude de se rappeler
les voies par lesquelles le Seigneur l’a dirigé, et tandis qu’il
se souvient des " Eben-Ezers " qu’il a dressés
tout le long du chemin (1 Samuel 7:12), il aperçoit un nombre,
presque égal, de monuments élevés par ses réponses
perverses et la manière dont mille fois il a rendu au Seigneur
le mal pour le bien. En faisant le rapprochement entre ces souvenirs,
il peut sincèrement adopter le langage de l’apôtre pour
se qualifier " le moindre de tous les saints, et le premier
des pécheurs ". Alors que " A "
et " B " savent qu’ils ont besoin de s’humilier,
" C " pour sa part l’est réellement,
et il ressent la force de ce verset que j’ai cité précédemment,
Ezéchiel 16:63. En outre, de même qu’il en sait plus long
sur son propre cœur, il a une vision beaucoup plus vaste du Seigneur
Lui-même. Cette vue de la majesté infinie associée
à l’amour sans borne, l’oblige à se prosterner dans la
poussière. De l’exercice de cette grâce, il en dérive
des autres, également belles, qui constituent les aspects les
plus importants " des sentiments qui étaient en Jésus-Christ "
(Philippiens 2:5).
La première est
la soumission à la volonté de Dieu. La conscience qu’il
a de sa propre bassesse, de son indignité et de son ignorance,
et de la souveraineté, de la sagesse et de l’amour divins, lui
apprennent à se contenter de l’état où il se trouve,
quel qu’il soit, et à supporter avec patience le lot de souffrance
qui lui a été assigné, selon le langage de David
dans un temps d’affliction : " j’étais muet, et
je n’ai point ouvert la bouche, car c’est Toi qui l’as fait. "
L’autre, c’est la douceur
d’esprit envers les autres chrétiens. Il ne peut faire autrement
que de juger leur comportement selon la règle de la Parole ;
mais son propre cœur et l’expérience qu’il a acquise des pièges
du monde, et de la subtilité de Satan, lui apprennent à
mitiger son jugement autant que possible, le rendant capable d’exhorter
et de ramener, dans un esprit de douceur, ceux qui ont été
surpris en quelque faute. C’est ici que " A " se
rend souvent coupable. La ferveur de son zèle, qui n’est pas
suffisamment compensé par le sentiment de ses propres imperfections,
le pousse souvent à manifester un esprit de jugement qui manque
de charité. Mais " C " est également
capable de supporter " A ", étant passé
par là lui-même, car il ne s’attend pas à trouver
la maturité dans le fruit vert.
2. La spiritualité.
Le goût des choses spirituelles et la ferme intention de compter
toutes choses comme viles, et vaines en comparaison de la connaissance
et de l’amour de Dieu en Christ, comptent parmi les qualités
essentielles du vrai chrétien. En aucun cas, il ne peut préférer
le monde (1 Jean 2:15). Et pourtant, nous ne sommes renouvelés
que partiellement, et nous sommes enclins à donner trop d’importance
aux choses de ce monde. Notre esprit s’attache à la poussière,
malgré les directives de notre jugement éclairé.
Je crois, qu’il est bien rare que le Seigneur donne à son peuple
une victoire éclatante sur cette mauvaise disposition, avant
de l’amener à sentir à quel point, elle est profondément
enracinée dans son cœur. Bien des gens, dont la sincérité
ne saurait être mise en doute, sont ainsi pris et s’enlisent.
C’est un cas qui se produit surtout au moment d’un soudain changement
de vie, qui les met dans une situation à laquelle ils n’étaient
point habitués.
Une bonne partie de nos
épreuves est justement destinée à nous sevrer de
cette disposition. Elle s’affaiblit peu à peu par la révélation
que le Seigneur nous donne, à la fois de la vanité de
la créature, de sa propre excellence et de sa propre suffisance.
Sous ce rapport, " C " lui-même n’est pas
encore parfait, mais il est plus sensible au caractère mauvais
de ces attachements ; il s’en humilie davantage et il est plus
vigilant à leur encontre. Il se sent encore lié, mais
il aspire à la liberté. Les désirs qu’il se permet
sont atténués au maximum, et il ne voit rien qui soit
digne d’une pensée sérieuse, en dehors de la communion
avec Dieu et du progrès dans la sainteté.
Quels que soient les changements
qui surviendront dans les circonstances de sa vie, " C "
les acceptera en général de bon cœur. Il a appris avec
l’apôtre, non seulement à être dans le besoin, mais
(ce qui est sans doute plus difficile) à être dans l’abondance.
Sans la présence du Seigneur, un palais serait pour lui une prison
et avec Lui une prison serait un palais. Il s’appuie donc paisiblement
sur le Seigneur et il désire continuellement tout remettre entre
ses mains. Aussi ne craint-il pas les mauvais coups, car son cœur est
affermi et il se confie au Seigneur, qu’Il croit capable de lui
rendre tout ce qu’il peut perdre au service de Dieu et disposé
à le faire, à adoucir tout ce qui lui est amer, et à
faire concourir toutes choses à son bien. Il s’aperçoit
que le temps est court, expérimente des avant-goûts de
la gloire et, par conséquent, n’attache pas une trop grande importance
à la vie actuelle avec ses préoccupations mesquines. Il
veut, avant tout, achever sa course avec joie (Actes 20:24).
3. Un désir profond
de glorifier Dieu et une soumission totale à sa volonté.
Une autre noble aspiration caractérise encore " C ".
La gloire de Dieu et le bien-être de son peuple sont associés
d’une manière inséparable. Mais de ces deux objectifs
le premier est de beaucoup plus élevé et plus important,
et en fin de compte, tout le reste en fait partie. Or, dans la mesure
où nous nous approchons de Lui, notre jugement, notre but et
notre fin se conformeront aux siens, et sa gloire prendra dans notre
cœur la place prépondérante.
Au début, il n’en
est pas ainsi ou presque pas. Nous nous soucions surtout de nous-mêmes ;
c’est inévitable. L’âme convaincue de péché
s’écrie : " Que ferai-je pour être sauvée ? "
Le jeune converti cherche un réconfort sensible. L’appréhension
des difficultés qu’il pourrait rencontrer dans la vie est telle,
qu’il souhaite souvent quitter ce monde, même lorsqu’il jouit
de l’assurance du salut, afin d’être en repos et d’éviter
ainsi la chaleur et la peine du jour (Matthieu 20:12).
Mais " C "
a atteint des sommets plus élevés. Il a le désir
de sortir de ce monde pour être avec Christ, et ce désir
l’emporterait sur tout autre, s’il ne pensait qu’à lui-même.
Mais son aspiration la plus haute, c’est que Dieu soit glorifié
en lui, que ce soit par sa vie ou sa mort. Il ne s’appartient pas et
il n’en a aucune envie, mais afin que la puissance de Jésus soit
manifestée en lui, il se plaira dans les infirmités, dans
les détresses et dans les tentations. Bien qu’il soupire après
le Ciel, il serait content de vivre sur la terre aussi longtemps que
Metuschélah, si la vie et ses souffrances pouvaient servir à
accomplir la volonté de Dieu ou à manifester sa gloire.
Il aime et adore le Seigneur pour tout ce qu’Il a fait et souffert pour
lui ; il L’aime pour tout ce dont Il l’a délivré,
et pour tout ce à quoi Il le destine, mais son amour est plus
simple et plus direct. C’est un amour désintéressé
qui vient de sa connaissance de la splendeur de Christ. Que Dieu soit
glorifié en Christ et béni éternellement :
voilà ce qui fait sa joie. Ce que son cœur souhaite par-dessus
tout, c’est que la sainte volonté d’un Dieu Sage et Souverain
soit accomplie, dans sa propre vie et dans toute la création.
C’est ce grand principe qui suscite ses prières, ses desseins
et ses actes. Par là, " C " est déjà
semblable aux anges ; dans la mesure du possible, et bien que demeurent
encore des restes de la nature déchue, il désire autant
faire la volonté de Dieu sur la terre que les anges dans leur
demeure céleste.
La puissance de la grâce
divine peut être manifestée en " C ",
au cours de circonstances très diverses. Il peut être riche
ou pauvre, érudit ou ignorant, d’un naturel vif ou flegmatique.
Le déroulement de sa vie peut être très égal
ou très épineux. Il peut être pasteur ou laïque,
mais ces différences ne coloreront pas l’aspect extérieur
de l’œuvre, l’œuvre elle-même sera constante. Autant que possible,
nous devons détourner notre attention de ces différences,
ou tout au moins faire l’effort de ne leur donner que l’importance qu’elles
méritent, afin de nous former une juste opinion de la vie spirituelle.
L’expression extérieure
de la grâce peut être embellie et favorisée, par
beaucoup d’éléments qui ne sont que des atouts naturels,
comme par exemple une humeur constante, le bon sens, le savoir vivre,
etc. De même, elle peut être obscurcie par d’autres, qui
ne sont pas des péchés en eux-mêmes, mais qui sont
inévitables : une nature mélancolique, des capacités
limitées, la présence continuelle des tentations par exemple,
qui peuvent avoir des effets incompréhensibles pour ceux qui
ne sont jamais passés par là. Une double mesure de grâce
authentique, si je puis m’exprimer ainsi, qui sera obligée de
lutter contre une quantité double d’entraves, ne sera pas facilement
discernée, à moins que l’on soit au courant de ces entraves,
et que l’on en tienne compte. Par contre, une moindre mesure de grâce
peut paraître importante, quand il n’existe aucune entrave pour
l’empêcher de se manifester. Voilà pourquoi nous ne pouvons
jamais nous juger les uns les autres d’une manière équitable,
parce qu’il est impossible que nous soyons complètement au courant
de ce qui se passe à l’intérieur de l’homme. Mais notre
Souverain Sacrificateur, grand et miséricordieux, est au courant
de tout : " car Il sait de quoi nous sommes formés,
Il se souvient que nous sommes poussière " (Psaume
103:12). Par conséquent, Il tient compte de tout dans sa miséricorde,
Il a pitié de nous, Il nous supporte, Il nous accepte et son
jugement est infaillible.
Il n’y a rien de plus excellent
sur la terre que " C ", même si celui-ci est
réduit à vivre dans une simple chaumière et n’attire
pas l’attention des hommes. Il est cependant l’objet et la demeure de
l’amour divin ; les anges veillent sur lui et il devient progressivement
mûr pour la gloire éternelle. Heureux " C " !
Ses labeurs, ses peines, et ses épreuves prendront bientôt
fin. Dans peu de temps, tous ses désirs seront comblés
et Celui qui l’a aimé, et qui l’a racheté de son propre
sang, le recevra Lui-même en prononçant ces paroles :
" C’est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la
joie de ton Maître " (Matthieu 25:23).
Si cette description est
conforme aux Ecritures, comme ils se trompent et comme ils sont à
plaindre, ceux qui, tout en faisant profession d’être des enfants
de Dieu, ne semblent avoir aucune notion des effets que l’Evangile doit
produire dans la vie des croyants, et qui se permettent de continuer
à vivre avec une mentalité et un comportement mondains.
Que le Seigneur nous accorde,
à vous et à moi, de croître journellement dans l’expérience
de cette sagesse, qui est " premièrement pure, ensuite
pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde
et de bons fruits, exempte de duplicité et d’hypocrisie "
(Jacques 3:17).
Source: Brochure
éditée par les éditions La Bannière de
la Vérité, Boîte Postale 17, Marseille 12, France
(Edition publiée en mars 1971)
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