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Le Christianisme Scripturaire

Par John Wesley

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« Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit » (Actes 4:31).

John WesleyLa même expression se présente au deuxième chapitre, où nous lisons : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous (les apôtres, les femmes, la mère de Jésus et ses frères) — ils étaient tous d'un accord dans un même lieu. Alors il se fit tout-à-coup un bruit du ciel, comme le bruit d'un vent qui souffle avec impétuosité. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu, qui se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit ; et l'un des effets immédiats fut qu'ils commencèrent à parler des langues étrangères, en sorte que Parthes, Mèdes, Elamites et les autres étrangers qui se rassemblèrent dès que le bruit s'en fut répandu, les entendirent tous parler, dans leurs diverses langues, des choses magnifiques de Dieu » (Actes 2:1-6).

Dans notre chapitre, nous lisons qu'après que les apôtres et les frères eurent prié et loué Dieu, le lieu où ils étaient assemblés trembla et qu'ils furent tous remplis du Saint-Esprit ; mais nous ne trouvons point ici de signes visibles, comme dans le premier cas, et il ne nous est point dit qu'aucun des frères ait alors reçu les dons extraordinaires du Saint-Esprit, tel que le don de guérir ou d'opérer d'autres miracles, ou la prophétie, ou le discernement des esprits, ou la diversité des langues, ou le don d'interpréter les langues (1 Corinthiens 12:9,10).

Que ces dons du Saint-Esprit fussent destinés à demeurer dans l'Église, de siècle en siècle, ou qu'ils doivent ou non lui être rendus à l'approche du rétablissement de toutes choses, ce sont des questions qu'il n'est pas nécessaire de décider. Mais il faut bien remarquer que, même dans l'enfance de l'Église, Dieu ne les distribua qu'avec réserve. Même alors, « tous étaient-ils prophètes ? Tous opéraient-ils des miracles ? Tous avaient-ils le don de guérir ? Tous parlaient-ils des langues ? » (1 Corinthiens 12:28-30) Non, certes. Pas un sur mille, peut-être ; mais probablement ceux-là seuls qui enseignaient dans l'Église, et, d'entre eux seulement quelques uns. Si donc tous furent remplis du Saint-Esprit, ce fut dans un but bien plus excellent.

C'était pour leur donner (et nul ne peut dire que ce ne soit essentiel pour tous les chrétiens dans tous les siècles) les « sentiments qui étaient en Christ », ces fruits de l'Esprit qu'il faut avoir pour être à lui ; c'était pour les remplir « d'amour, de joie, de paix, de patience, de douceur, de bonté, de fidélité, de bénignité, de tempérance » (Galates 5:22-24) ;  pour les rendre capables de crucifier la chair avec ses passions, désirs et convoitises, et, en vertu de ce changement au dedans, d'accomplir au dehors toute justice, de marcher comme Christ a marché lui-même dans les œuvres de la foi, dans les travaux de la charité, dans la constance de l'espérance (1 Thessaloniciens 1:3).

Laissant donc les questions curieuses et inutiles touchant ces dons extraordinaires de l'Esprit, considérons de plus près les fruits ordinaires que nous savons appartenir à tous les siècles, cette grande œuvre de Dieu parmi les fils des hommes qu'on désigne sous le nom de Christianisme, non en tant qu'elle se rapporte à un ensemble d'opinions, à un système de doctrines, mais en tant qu'elle concerne le cœur et la vie des hommes. Ce christianisme, il peut nous être utile de l'envisager sous trois aspects distincts : premièrement, comme prenant naissance chez les individus ; deuxièmement, comme se communiquant d'homme à homme ; troisièmement, comme couvrant la terre. — Je terminerai, quatrièmement, ces considérations par une application pratique.

 

I.

 

Et d'abord considérons le christianisme dans sa naissance, comme commençant à exister chez les individus.

Supposez donc le cas d'un de ceux qui entendirent l'apôtre Pierre prêcher la repentance et la rémission des péchés : il est touché de componction, convaincu de péché, il se repent et il croit en Jésus. Au moyen de cette foi produite par Dieu, « vive représentation des choses qu'on espère, et démonstration de celles qu'on ne voit point » (Hébreux 11:1), il reçoit à l'instant « l'esprit d'adoption, par lequel il peut crier : Abba, Père ! » (Romains 8:15). Maintenant il peut, par le Saint-Esprit, appeler Jésus Seigneur (1 Corinthiens 12:3) ; et « le Saint-Esprit lui-même rend témoignage à son esprit qu'il est enfant de Dieu » (Romains 8:16). Maintenant il peut dire en vérité : « Ce n'est pas moi qui vis, mais Christ vit en moi ; et si je vis encore dans ce corps mortel, je vis par la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi » (Galates 2:20).

Telle était donc réellement la foi, — une démonstration divine de l'amour de Dieu en Christ, pour lui pécheur accepté maintenant dans le Bien-aimé. Étant donc justifié par la, foi, il avait la paix avec Dieu (Romains 5:1), et même la paix de Dieu régnait dans son cœur (Colossiens 3:15), et cette « paix, qui surpasse tout entendement (toute conception purement humaine), gardait son cœur et son esprit » de tout doute et de toute crainte, par la connaissance de Celui en qui il avait cru. Il ne pouvait plus « craindre aucun mauvais bruit, car son cœur était ferme, se confiant en l'Éternel. » Il ne craignait plus ce que l'homme pouvait lui faire, car il savait que « les cheveux mêmes de sa tête étaient comptés. » Il ne craignait plus rien de la puissance des ténèbres que Dieu brisait chaque jour sous ses pieds. Surtout il ne craignait plus la mort, il désirait, au contraire, « déloger pour être avec Christ » (Philippiens 1:23), sachant que, « par sa mort, il a détruit celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et délivré ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude » (Hébreux 2:15).

C'est pourquoi son âme magnifiait le Seigneur, et son esprit se réjouissait en Dieu, son Sauveur. Il se réjouissait d'une joie ineffable en Celui qui l'avait réconcilié avec Dieu le Père et en qui il avait la rédemption par son sang, le pardon des offenses. Il se réjouissait dans ce témoignage que l'Esprit de Dieu rendait à son esprit qu'il était enfant de Dieu. Bien plus, il se réjouissait, dans l'espérance de la gloire de Dieu, de sa glorieuse image et du renouvellement de son âme en justice et en vraie sainteté, dans l'espérance de cette couronne de gloire, de cet héritage des cieux « qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir.»

L'amour de Dieu était aussi « répandu dans son cœur par le Saint-Esprit » qui lui était donné (Romains 5:5). Parce qu'il était fils, Dieu avait envoyé en lui l'esprit de son Fils, criant : Abba, Père (Galates 4:6) ; et cet amour filial croissait sans cesse par le témoignage intérieur (1 Jean 5:10) du pardon de ses péchés, et en contemplant « l'amour que le Père nous a témoigné que nous soyons appelés ses enfants » (1 Jean 3:1).

En sorte que Dieu était le désir de ses yeux, la joie de son cœur, et son partage pour le temps et pour l'éternité.

Aimant ainsi Dieu, il ne pouvait qu'aimer ses frères, et cela « non pas en paroles seulement, mais en effet et en vérité. » « Si Dieu, disait-il, nous a ainsi aimés, nous devons ainsi nous aimer les uns les autres » (Jean 4:11). Nous devons aimer toute âme d'homme, car « les compassions de Dieu sont sur toutes ses œuvres » (Psaumes 145:9). Ainsi donc cet ami de Dieu embrassait, à cause de Lui, dans ses affections, tout le genre humain, sans excepter ceux qu'il n'avait jamais vus, ou ceux dont il ne savait guère qu'une chose ; savoir, qu'ils étaient « de la race de Dieu » et de ceux « pour qui Christ est mort; »  sans excepter les méchants et les ingrats, ni surtout ses ennemis, ceux qui le haïssaient, le persécutaient ou le traitaient avec mépris à cause de son Maître. Ceux-ci avaient une place particulière dans son cœur et dans ses prières ; il les aimait comme Christ nous a aimés.

Mais la « charité ne s'enfle point d'orgueil » (1 Corinthiens 13:4), elle humilie sur la poudre l'âme où elle habite. Aussi était-il humble de cœur, petit, méprisable et vil à ses propres yeux. Il ne cherchait ni n'acceptait la louange qui vient des hommes, mais seulement celle qui vient de Dieu. Il était doux, patient, débonnaire et facile envers tous. La fidélité et la vérité étaient « liées autour de son cou et gravées sur la table de son cœur. »

Le Saint-Esprit le rendait modéré en toutes choses, et il faisait taire son âme « comme un enfant sevré. » Il était crucifié au monde et le monde lui était crucifié. Il était au-dessus de « la convoitise de la chair, de la convoitise des yeux et de l'orgueil de la vie. » Le même amour tout-puissant le préservait de colère et d'orgueil, de convoitise et de vanité, d'ambition et d'avarice et de toute affection étrangère à Jésus-Christ.

On croira sans peine que celui qu'animait cet amour ne faisait point de mal au prochain. Il lui était impossible de blesser, le sachant et le voulant, qui que ce fût. Il était aussi loin que possible de la cruauté et de toute action injuste ou malveillante. Et il ne mettait pas moins de soin à « garder sa bouche, et l'ouverture de ses lèvres, » de peur qu'il ne péchât de la langue contre la justice, la miséricorde ou la vérité. Il dépouillait tout mensonge, toute fausseté, toute fraude, et l'on ne trouvait aucun artifice dans sa bouche. Il ne médisait de personne, et jamais ses lèvres ne laissaient échapper rien de désobligeant.

Et comme il sentait profondément la vérité de cette parole : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire, » et le besoin d'être arrosé de Dieu, de moment en moment, il persévérait chaque jour dans les ordonnances de grâce que Dieu a établies comme canaux de sa bénédiction, — dans la doctrine des apôtres », —recevant cet aliment de l'âme avec toute promptitude de cœur, — « dans la fraction du pain » — qui était pour lui « la communion du corps de Christ », — « et dans les prières », et les louanges offertes à Dieu par la grande assemblée. C'est ainsi qu'il se fortifiait chaque jour dans la grâce, croissant en vertu et dans la connaissance et l'amour de Dieu.

Mais c'était peu pour lui que de ne nuire à personne. Son âme avait soif de faire du bien. Mon Père, disait-il toujours en son cœur, mon Père agit continuellement, et moi je dois agir aussi ; — mon Seigneur « allait de lieu en lieu, faisant du bien, » ne marcherai-je pas sur ses traces ? C'est pourquoi, selon que l'occasion se rencontrait, s'il ne pouvait faire du bien d'un ordre supérieur, on le voyait nourrir les affamés, vêtir ceux qui étaient nus, assister les orphelins et les étrangers, visiter et secourir les malades et les prisonniers. Il donnait tous ses biens pour la nourriture des pauvres, se réjouissant de travailler ou de souffrir pour eux, et d'exercer le renoncement surtout dans les choses où il pouvait être utile aux autres. Aucun sacrifice ne lui coûtait pour eux, car il se souvenait de cette parole du Seigneur : « En tant que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites à moi-même » (Matthieu 25:40).

Tel était le christianisme à sa naissance. Tels étaient les chrétiens aux jours anciens. Tels étaient ceux qui, ayant entendu les menaces des principaux sacrificateurs et des sénateurs, élevèrent, tous d'un accord, leurs voix à Dieu, et furent tous remplis du Saint-Esprit. La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme, — tant l'amour de Celui en qui ils avaient cru les pressait de s'aimer les uns les autres, — « et personne ne disait que ce qu'il possédait fut à lui en particulier, mais toutes choses étaient communes entre eux, » tant il est vrai qu'ils étaient crucifiés au monde, et que ce monde leur était crucifié ! « Ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les prières (Actes 2:42). Et il y avait une grande grâce sur eux tous ; car il n'y avait personne parmi eux qui fût dans l'indigence ; parce que tous ceux qui possédaient des fonds de terre ou des maisons les vendaient et en apportaient le prix aux apôtres; et on les distribuait à chacun, selon qu'il en avait besoin » (Actes 4:31,35).

 

II.

Considérons, en second lieu, ce christianisme, comme se communiquant d'homme à homme, et s'étendant ainsi graduellement dans le monde. Car telle était la volonté de Dieu, qui n'allumait pas cette lumière pour la mettre sous un boisseau, mais afin qu'elle éclairât tous ceux qui étaient dans la maison ! Le Seigneur l'avait déclaré à ses premiers disciples :

« Vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde, » leur donnant, en même temps, ce commandement général : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5:13-16).

Représentons-nous, d'ailleurs, quelques-uns de ces amis de l'humanité, voyant le monde entier plongé dans le mal : pouvons-nous croire qu'ils restassent indifférents, à cette vue, à la misère de ceux pour qui leur Seigneur était mort ? Leurs entrailles n'en seraient-elles pas émues, et leurs cœurs fondus d'angoisse ? Et pourraient-ils « rester tout le jour sans rien faire, » lors même qu'il n'y aurait pas de commandement de Celui qu'ils aiment ? Ne travailleraient-ils pas, par tous les moyens possibles, à retirer du feu quelques-uns de ces tisons ? Oui, sans doute, ils n'épargneraient aucune peine pour ramener le plus possible de ces brebis égarées au Pasteur et à l'Évêque de leurs âmes (1 Pierre 2:25).

Ainsi faisaient les premiers chrétiens : ils travaillaient pendant qu'ils en avaient l'occasion à faire du bien à tous les hommes, les exhortant à fuir sans délai la colère à venir. Ils disaient : « Dieu ayant laissé passer les temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils se repentent » (Actes 17:30), ils criaient à haute voix : « Détournez vous, détournez-vous de tous vos péchés, et l'iniquité ne vous sera pas une occasion de ruine » (Ezéchiel 18:30). Ils leur parlaient « de la tempérance et de la justice ; »  — des vertus opposées à leurs péchés dominants, — « et du jugement à venir » (Actes 24:25), de la colère de Dieu qui va se répandre sur les ouvriers d'iniquité au jour qu'il jugera le monde.

Ils parlaient à chacun selon ses besoins : aux insouciants, à ceux qui demeuraient insensibles dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, ils criaient : « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera ! » Mais à ceux qui déjà réveillés du sommeil, gémissaient sous le poids de la colère divine, ils disaient : « Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste, il est la propitiation pour nos péchés ;  »  — et quant à ceux qui avaient cru, ils les excitaient à la charité et aux bonnes œuvres, ils les exhortaient à y persévérer avec patience et à abonder de plus en plus en cette sainteté, « sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (Hébreux 12:14) .

Et leur travail n'était pas vain devant le Seigneur, sa parole avait un libre cours est était glorifiée. Mais plus elle avançait, plus elle était un objet de scandale. Le monde, en général, se scandalisait, parce qu'ils rendaient témoignage que ses œuvres étaient mauvaises (Jean 7:7). Les gens de plaisir se scandalisaient, non seulement de ce que ces hommes semblaient faits pour les reprendre : (Il se vante, disaient-ils, de connaître Dieu, et il s'appelle enfant du Seigneur ; sa vie n'est pas semblable à celle des autres, et ses voies sont différentes. Il s'abstient de nos voies comme d'une souillure ; il se glorifie d'avoir Dieu pour son père (Jean 2:13-16)) ; — mais surtout ils se scandalisaient de ce que tant de leurs compagnons leur étaient enlevés et ne voulaient plus « courir avec eux dans les mêmes débordements de dissolution » (1 Pierre 4:4). Les hommes de réputation se scandalisaient de ce qu'en proportion des progrès de l'Évangile, ils baissaient dans l'estime du peuple, en sorte que plusieurs n'étaient plus libres de leur donner des titres flatteurs, ni de rendre à l'homme l'hommage qui n'est dû qu'à Dieu. Les artisans s'assemblaient et disaient : « Ô hommes, vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage ; mais vous voyez et vous entendez que ces hommes ont persuadé et détourné un grand nombre de personnes ; tellement qu'il est à craindre que notre métier ne soit décrié » (Actes 19:25-27). Mais surtout les hommes dits religieux, les saints du monde, se scandalisaient, et toujours ils étaient prêts à s'écrier : « Hommes israélites, aidez-nous ! Nous avons trouvé ces gens qui sont une peste publique et qui excitent des séditions par tout le monde (Actes 24:5), prêchant partout contre la nation et contre ce lieu (Actes 21:28) ! »

Ainsi le ciel s'obscurcissait de nuages et l'orage se formait. Car plus le christianisme avançait, plus ceux qui le rejetaient y voyaient de mal, et plus le nombre augmentait de ceux qui, remplis de rage contre ces perturbateurs du monde (Actes 17:6), ne cessaient de crier : « Qu'on les ôte de la terre ! Il n'est pas juste de les laisser vivre ; »  — et qui même croyaient sincèrement que « quiconque les ferait mourir rendrait service à Dieu. »

On ne manquait pas non plus de rejeter leur nom comme mauvais (Luc 6:22), et « partout on s'opposait à cette secte » (Actes 28:22). Les hommes disaient contre eux toute sorte de mal, comme on avait fait pour les prophètes venus avant eux (Matthieu 5:11-12). Et ce que l'un affirmait, les autres le croyaient, en sorte que les sujets de scandale se multipliaient comme les étoiles du ciel. De là s'éleva, au temps voulu du Père, la persécution sous toutes ses formes. Les uns ne souffrirent d'abord que la honte et l'insulte ; d'autres, la perte de leurs biens ; plusieurs furent éprouvés par les opprobres et les fouets, plusieurs par les liens et par la prison ; d'autres durent résister jusqu'au sang (Hébreux 10:34 ; 11:36).

Ce fut alors que les forteresses de l'enfer furent ébranlées, et que le royaume de Dieu s'étendit toujours plus. Partout les pécheurs furent convertis des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu. Le Seigneur donnait à ses enfants « une bouche et une sagesse à laquelle leurs adversaires ne pouvaient résister; » et leur vie n'avait pas moins de force que leurs paroles. Ils se rendaient recommandables « comme serviteurs de Dieu, dans les afflictions, dans les nécessités, dans les maux extrêmes, dans les blessures, dans les prisons, au milieu des séditions, dans les travaux, dans les périls sur mer ou dans les déserts, dans les fatigues et les peines, dans la faim, la soif, le froid et la nudité » (2 Corinthiens 6:4). Et s'il leur arrivait, après avoir soutenu le bon combat, d'être menés comme des brebis à la boucherie, et « de servir d'aspersion sur le sacrifice et l'offrande de leur foi, » alors le sang de chacun d'eux trouvait une voix, et les païens avouaient que, quoique morts, ils parlaient encore.

Ainsi le christianisme se répandit sur la, terre. Mais combien l'ivraie se hâta de paraître avec le bon grain et le mystère d'iniquité d'agir concurremment au mystère de piété ! Comme Satan eut bientôt son trône, même dans le temple de Dieu ! L'Eglise s'enfuit au désert et les fidèles furent de nouveau réduits à un petit nombre parmi les fils des hommes. Ici nous entrons dans un chemin battu. La corruption toujours croissante des siècles suivants, a été, à diverses époques, amplement décrite par les témoins que Dieu s'est suscités pour montrer qu'il a bâti son Église sur le roc et que « les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16:18).

 

III.

 Mais ne verrons-nous pas de plus grandes choses que celles-là ? — Oui ; de plus grandes qu'il n'y en a encore eu depuis la création du monde ! Satan peut-il faire que la vérité de Dieu trompe ou que ses promesses soient de nul effet ? — Mais, s'il ne le peut, le temps viendra où le christianisme, vainqueur de toute opposition, couvrira la terre. C'est le troisième point que nous nous étions proposé d'établir. Arrêtons-nous et contemplons d'avance cet étrange spectacle : un monde chrétien. Ce fut l'objet de l'exacte recherche et de la profonde méditation des prophètes (1 Pierre 1:10) ; et l'Esprit qui était en eux en rendit témoignage : « Il arrivera aux derniers jours que la maison de l'Eternel sera affermie au-dessus des montagnes et élevée par-dessus les coteaux, et tous les peuples y aborderont ! - Et ils forgeront leurs épées en hoyaux et leurs hallebardes en serpes ; une nation ne lèvera plus l'épée contre une autre et ils ne s'exerceront plus à la guerre (Esaïe 2:1-4). — En ce jour-là, les nations rechercheront la racine d'Isaï, dressée pour enseigne des peuples, et son séjour ne sera que gloire. — Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur mettra encore la main à recouvrer les restes de son peuple : il élèvera l'enseigne pour les nations ; il rassemblera ceux d'Israël qui auront été chassés ; il recueillera des quatre coins de la terre ceux de Juda qui auront été dispersés. — Le loup habitera avec l'agneau, et le léopard gîtera avec le chevreau ; le veau, le lionceau et le bétail qu'on engraisse seront ensemble, et un enfant les conduira. On ne nuira point, on ne fera aucun dommage à personne dans toute la montagne de ma sainteté. Car la terre sera remplie de la connaissance de l'Eternel, comme le fond de la mer est couvert des eaux » (Esaïe 11:6-12).

Tel est aussi le sens de ces paroles du grand Apôtre, qui évidemment attendent encore leur accomplissement : « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? A Dieu ne plaise ! — Mais le salut a été donné aux Gentils par leur chute. Or, si leur chute a fait la richesse du monde, que ne fera pas la conversion de ce peuple entier ?... Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, que si une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, ce n'est que jusqu'à ce que la multitude des Gentils soit entrée dans l'Église. — Et ainsi tout Israël sera sauvé » (Romains 11:11, 25, 26).

Supposons maintenant la plénitude des temps arrivée et les prophéties accomplies. Quelle perspective ! Tout est paix, calme et assurance à jamais. C'en est fait du fracas des armes, du tumulte et des vêtements souillés de sang. La destruction a pris fin pour toujours. Les guerres ont cessé sur la terre. Il n'y a plus même de discorde intestine ; plus de frère qui s'élève contre son frère ; plus de ville ; ni de province divisée contre elle-même et déchirant ses propres entrailles. C'en est fait pour toujours des guerres civiles ; il ne reste personne qui détruise ou moleste son prochain. Ici plus d'oppression qui mette lors de sens le sage lui-même ; plus d'extorsion qui écrase la face des pauvres ; plus de tort ni de larcin ; plus de rapine ni d'injustice : car tous sont contents de ce qu'ils possèdent. Ainsi la justice et la paix se sont entre-baisées ; elles ont pris racine et rempli la terre ; « la vérité et germé de la terre, et la justice a regardé des cieux » (Psaumes 8 :10,11).

Et avec la justice il y a aussi la miséricorde. La terre n'est plus remplie de cabanes de violence. Le Seigneur a détruit l'homme sanguinaire et le malicieux, l'envieux et le vindicatif. Y eût-il encore provocation, il n'y a plus personne qui rende mal pour mal ; mais il n'y a pas même de provocation ; car tous les hommes sont simples comme des colombes. Remplis de paix et de joie par la foi, unis en un seul corps par le même Esprit, ils s'aiment comme des frères : ils ne sont qu'un cœur et qu'une âme. Et nul d'entre eux ne dit que ce qu'il possède lui appartienne en propre. Il n'y a parmi eux personne dans l'indigence ; car chacun aime son prochain comme lui-même ; et ils n'ont tous qu'une règle : « tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites le-leur aussi de même On n'entend donc plus parmi eux ni paroles désobligeantes, ni débats de langue, ni contentions d'aucun genre, ni railleries, ni médisances ; mais tous ouvrent la bouche avec sagesse ; tous ils ont « la loi de débonnaireté sur les lèvres. » Mais ils sont aussi incapables de fraude ou de déguisement : leur amour est sans dissimulation ; leurs paroles sont toujours la juste expression de leurs pensées, ouvrant, pour ainsi dire, une fenêtre à leur cœur, afin que quiconque veut y regarder voie que Dieu et son amour y habitent seuls.

C'est ainsi que le Dieu tout-puissant « se revêtant de sa force et entrant dans son règne » se soumet toutes choses, et fait déborder tous les cœurs d'amour et toutes les bouches de louanges. « Heureux le peuple qui est dans cet état ! Heureux le peuple duquel l'Éternel est le Dieu (Psaumes 144:15) ! » « Lève-toi, sois illuminée, dit l'Éternel, car ta lumière est venue, et la, gloire de l'Éternel est levée sur toi. Tu as reconnu que moi, l'Éternel, je suis ton Sauveur et ton Rédempteur, le Puissant de Jacob. — Je ferai que la paix règne sur toi, que la justice te gouverne. On n'entendra plus parler de violence dans ton pays, ni de dégât ou d'oppression dans tes contrées ; mais tu appelleras tes murailles salut et tes portes louanges. Tes enfants seront tous justes ; ils posséderont éternellement la terre ; ils seront le rejeton que j'ai planté et l'ouvrage de mes mains dans lequel je serai glorifié. Tu n'auras plus le soleil pour lumière du jour, et la lueur de la lune ne t'éclairera plus ; mais l'Eternel sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta gloire » (Esaïe 60:16-19).

 

 

IV.

Ayant ainsi brièvement considéré le christianisme dans sa naissance, dans ses progrès, dans sa victoire, tout ce qu'il me reste à faire c'est de conclure par une application simple et pratique.

Et d'abord, je le demande, où existe maintenant un tel christianisme ? Où sont, je vous prie, les chrétiens ? Quel est le pays où les habitants sont ainsi remplis du Saint-Esprit, — n'ont tous qu'un cœur et qu'une âme, — ne peuvent laisser l'un d'entre eux dans l'indigence, mais donnent constamment à chacun selon ses besoins ? Où est le pays dont tous les habitants ont le cœur tellement rempli de l'amour de Dieu, qu'il les presse d'aimer leur prochain comme eux-mêmes, — dont tous les habitants sont revêtus des entrailles de miséricorde, d'humanité, de douceur de patience, — ne blessent, ni de fait ni en paroles, la justice, la miséricorde ou la vérité, mais font en tous points, à tous les hommes, comme ils voudraient qu'on leur fît à eux-mêmes ? De quel droit appellerions-nous chrétienne une contrée qui ne répond pas à cette description ? Ah ! Ne craignons pas de l'avouer : nous n'avons encore jamais vu de pays chrétiens.

Mes frères, je vous en supplie, par les compassions de Dieu, si vous me tenez pour fou ou pour insensé, supportez-moi comme insensé. Il est nécessaire que quelqu'un vous parle avec franchise. C'est nécessaire aujourd'hui même ; car qui sait si ce temps qui nous est donné n'est pas le dernier ? Qui sait si le juste Juge ne dira point bientôt : « Ne me prie plus pour ce peuple ? Quand Noé, Daniel et Job seraient dans ce pays, ils ne délivreraient que leurs propres âmes. » Et qui usera de cette franchise, si je ne le fais ? C'est pourquoi je parlerai moi, tel que je suis. Et je vous conjure, par le Dieu vivant, de ne point fermer vos cœurs pour ne pas être bénis par mes mains.

Ne dites pas intérieurement : « Quand tu me persuaderais, tu ne me persuaderas point !  », ou, en d'autres termes : « Seigneur n'envoie pas qui tu veux envoyer ! Que je meure « dans mon sang », plutôt que d'être sauvé par cet homme ! « 

Mes frères, j'attends de meilleures choses de vous, quoique je parle ainsi. Souffrez donc que je vous le demande avec amour et dans un esprit de douceur : Est-ce ici une ville chrétienne ? Y trouve-t-on le christianisme, le christianisme scripturaire ? Sommes-nous, tous ensemble, tellement remplis du Saint-Esprit, que nous en goûtions dans nos cœurs et en montrions dans notre vie les vrais fruits ? Les magistrats, les chefs des corps universitaires et leurs dépendants, pour ne rien dire des autres habitants de la ville, ne sont-ils tous qu'un cœur et qu'une âme ? L'amour de Dieu est-il répandu dans nos cœurs ? Avons-nous les mêmes sentiments qu'avait Jésus-Christ ? Notre vie est-elle conforme à la sienne ? Sommes-nous saints, dans toute notre conduite, comme Celui qui nous a appelés est saint ?

Veuillez observer qu'il ne s'agit pas ici d'idées particulières ; que la question n'est pas touchant des opinions douteuses, quelles qu'elles soient, mais touchant les points fondamentaux et indubitables, s'il en est de tels, de la doctrine qui nous est commune, et que c'est à vos propres consciences, guidées par l'Écriture, que j'en appelle pour la décision. Si quelqu'un n'est pas condamné par son propre cœur, je n'ai pas à le condamner non plus.

C'est donc en la crainte comme en la présence du grand Dieu devant qui nous comparaîtrons bientôt, vous et moi, que je vous prie, vous qui avez autorité sur nous et que je révère à cause de vos fonctions, de considérer (et non comme dissimulant avec Dieu) si vous êtes remplis du Saint-Esprit ; si vous êtes de vivantes images de Celui que vous représentez parmi les hommes. « J'ai dit, vous êtes des dieux », ainsi vous parle l'Écriture, vous magistrats et gouverneurs ; vous êtes, par office, alliés de si près au Dieu du ciel ! Vous êtes chargés, à divers degrés, de nous offrir l'image de l'Éternel notre Roi. Toutes les pensées de vos cœurs, vos dispositions, vos désirs conviennent-ils à votre haute vocation ? Toutes vos paroles sont-elles semblables à celles qui sortent de la bouche de Dieu ? Y a-t-il dans toutes vos actions de la dignité et de l'amour, — une grandeur que les paroles ne peuvent exprimer, qui ne peut procéder que d'un cœur plein de Dieu, et compatible pourtant avec le néant de « l'homme qui n'est qu'un ver et du fils de l'homme qui n'est qu'un vermisseau ? »

Et vous, hommes graves et respectables, qui êtes particulièrement appelés à former l'esprit flexible de la jeunesse, à en écarter les ombres de l'ignorance et de l'erreur, à la rendre sage à salut : Êtes-vous remplis du Saint-Esprit ; de tous ces fruits de l'Esprit que l'importance de votre charge rend si indispensables ? Votre cœur est-il tout à Dieu, plein d'amour et de zèle pour établir son règne sur la terre ? Rappelez-vous sans cesse à ceux qui sont sous vos soins que le seul but raisonnable de toutes nos études est de connaître, d'aimer et de servir le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu'il a envoyé ? Leur inculquez-vous, jour par jour, que l'amour seul ne périt jamais (tandis que les langues et la connaissance philosophique seront anéanties) et que sans l'amour, la plus grande science n'est qu'une splendide ignorance, une pompeuse folie, un tourment d'esprit ? Tout ce que vous enseignez tend-il effectivement à l'amour de Dieu et de tout le genre humain pour l'amour de lui ? Visez-vous à ce but en tout ce que vous leur prescrivez touchant le choix, le mode et la mesure de leurs études, travaillant pour que ces jeunes soldats de Christ, quel que soit le poste qui leur tombe en partage, soient comme autant de lampes ardentes qui brillent et qui honorent l'Évangile de Christ en toutes choses ? Et, permettez encore que je le demande, déployez-vous dans cette grande œuvre toutes vos forces ? Y travaillez-vous de tout votre pouvoir ? Y appliquez-vous toutes les facultés de votre âme, tous les talents que Dieu vous a confiés, et cela avec toute l'énergie dont vous êtes capables ?

Qu'on ne dise pas que je parle ici comme si tous ceux qui sont sous vos soins étaient destinés pour le ministère ; non, je ne parle que comme s'ils étaient chrétiens. Mais quel exemple reçoivent-ils de nous qui, dans les divers grades universitaires, jouissons de la bienfaisance de nos ancêtres, particulièrement de ceux d'entre nous qui sont de quelque rang ? Frères, êtes-vous remplis des fruits de l'Esprit, d'humilité, de renoncement, de sérieux, de gravité, de patience, de douceur, de sobriété, de tempérance, et vous appliquez-vous constamment et sans relâche à faire du bien, en toute façon, à tous les hommes, à subvenir à leurs besoins temporels, à amener leurs âmes à la vraie connaissance et à l'amour de Dieu ? Est-ce là le caractère général des diplômés des universités ? Je crains bien que non. Mais plutôt l'orgueil, la fierté, l'impatience, la mauvaise humeur, la paresse et l'indolence, la gourmandise et la sensualité, ou même une inutilité proverbiale, plutôt, dis-je, tous ces vices ne nous sont-ils pas reprochés, et pas toujours, peut-être, par nos ennemis, ni sans fondement ? Oh que Dieu veuille ôter de dessus nous cet opprobre et que le souvenir même en soit effacé pour jamais ! Plusieurs de nous sont plus immédiatement consacrés à Dieu, appelés au service des choses saintes. Eh bien ! Sommes-nous « les modèles des autres, en paroles, en action, en charité, en esprit, en foi, en pureté (1 Timothée  4:12) ? » Ces mots, sainteté à l'Éternel, sont-ils écrits sur nos fronts et dans nos cœurs ? Par quels motifs sommes-nous entrés dans ce ministère ? Était-ce avec un œil simple pour servir Dieu, persuadés que le Saint-Esprit nous pressait intérieurement de prendre cette charge pour l'avancement de sa gloire et pour l'édification de son peuple ? Était-ce avec la résolution bien arrêtée, par la grâce de Dieu, de nous y vouer entièrement ? Rejetons-nous, autant qu'il est possible, tous les soins et les études profanes, pour nous appliquer uniquement à cette œuvre-ci et y tourner tous nos soins et toutes nos études ? Sommes-nous propres à enseigner ? Sommes-nous enseignés de Dieu pour être en état d'enseigner les autres ? Connaissons-nous Dieu ? Connaissons-nous Jésus-Christ ? Dieu a-t-il révélé son Fils en nous ? Nous a-t-il rendus capables d'être ministres de la Nouvelle Alliance ? Où donc sont les sceaux de notre apostolat ? Qui sont ceux qui, étant morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, ont été vivifiés par notre parole ? Brûlons-nous d'un tel désir de sauver les âmes de la mort, que pour l'amour d'elles nous oublions souvent de manger notre pain ? Parlons-nous ouvertement pour la manifestation de la vérité, nous recommandant à la conscience de tous les hommes en la présence de Dieu (2 Corinthiens 4:2) ? Sommes-nous morts au monde et aux choses du monde, ne nous amassant de trésors que dans le ciel ? Loin de dominer sur les héritages de Dieu, sommes-nous comme les plus petits et les serviteurs de tous ? Si nous portons l'opprobre de Christ, nous pèse-t-il, ou nous en réjouissons-nous ? Quand on nous frappe sur une joue, en avons-nous du ressentiment, de l'impatience, ou présentons-nous l'autre, ne résistant point au mal mais surmontant le mal par le bien ? Avons-nous un zèle amer qui nous incite à contester aigrement et avec passion contre ceux qui s'égarent, ou notre zèle est-il la flamme de la charité qui dirige toutes nos paroles dans la douceur, l'humanité, la débonnaireté et la sagesse ?

Un mot encore : que dire de la jeunesse de ce lieu ? Avez-vous, ô jeunes gens, la réalité ou même seulement la forme de la piété chrétienne ? Êtes-vous humbles, traitables, dociles, — ou revêches, opiniâtres, entêtés et hautains ? Obéissez-vous à vos supérieurs comme à des pères, ou méprisez-vous ceux à qui vous devez le plus rendre respect ? Êtes-vous actifs dans vos légers travaux, poursuivant vos études de toutes vos forces ? Rachetez-vous le temps, remplissant chaque journée d'autant de travail qu'elle en peut contenir, ou bien votre conscience vous dit-elle, au contraire, que vous perdez jour après jour, soit à lire ce qui n'intéresse point le christianisme, soit au jeu, soit à toutes sortes de riens ? Êtes-vous meilleurs économes de votre bien que de votre temps ? Prenez-vous soin, par principe, de ne devoir rien à personne ? Vous souvenez-vous du jour du repos pour le sanctifier et pour l'employer plus immédiatement au service de Dieu ? Quand vous êtes dans la maison de Dieu, pensez-vous que Dieu est là ? et vous comportez-vous comme voyant Celui qui est invisible ? Savez-vous posséder vos corps dans la sainteté, et l'humilité ? L'ivrognerie, l'impureté ne se trouvent-elles pas parmi vous ? N'y en a-t-il pas même parmi vous qui se glorifient de ce qui fait leur confusion, ou qui prennent le nom de Dieu en vain, habituellement peut-être, sans crainte ni remords ? Ou même, et de ceux-là une multitude toujours croissante, qui se parjurent ? Ne vous étonnez point de ceci, mes frères. Devant Dieu et devant cette assemblée, j'avoue que j'ai été de ce nombre, ayant juré solennellement d'observer tous les usages prescrits, alors que je n'en avais aucune connaissance, et nos statuts que je ne parcourus pas même ni alors ni de longtemps après. Si ce n'est pas là un parjure, qu'est-ce que le parjure ? Mais si c'en est un, oh ! quelle culpabilité, quelle noire culpabilité pèse sur nous ! Et le Très-Haut ne le voit-il point ?

Ce péché ne vient-il point de ce que tant d'entre vous sont une génération frivole, qui ne font que badiner avec Dieu, les uns avec les autres et avec leur propre âme ? Car enfin, combien y en a-t-il qui, dans toute une semaine, passent seulement une heure à prier en secret ? Combien qui songent à Dieu dans l'ensemble de leur conversation ? Qui d'entre vous cornait tant soit peu les opérations de son Esprit, son œuvre surnaturelle dans les âmes ? Pouvez-vous souffrir, si ce n'est de temps en temps, dans une église, qu'on vous parle du Saint-Esprit ? Et si quelqu'un entamait une telle conversation, douteriez-vous que ce ne fût un hypocrite ou un enthousiaste ? Au nom du Seigneur Dieu tout-puissant, je vous le demande, de quelle religion êtes-vous donc, puisque vous ne pouvez ni ne voulez souffrir qu'on parle du christianisme ? Ô mes frères ! Quelle ville chrétienne est-ce ici ? Il est temps, Seigneur, que tu y mettes la main !

En effet, quelle probabilité, ou plutôt (pour parler à vue humaine) quelle possibilité y a-t-il que le christianisme, le christianisme scripturaire devienne encore la religion de ces lieux ; que les gens de tout état parmi nous viennent à parler et à vivre comme étant remplis du Saint-Esprit ? Par qui ce christianisme serait-il rétabli ? Pour ceux d'entre vous qui ont en main l'autorité ? Mais êtes-vous convaincus que ce soit ici le christianisme de l'Ecriture ? Désirez-vous qu'il soit rétabli ? Et tenez-vous votre fortune, votre liberté, votre vie comme ne vous étant pas précieuses, pourvu que vous serviez d'instruments pour le rétablir ? Mais, supposé que vous en ayez le désir, qui est assez puissant pour produire l'effet désiré ? Quelques-uns d'entre vous ont fait peut-être quelques faibles efforts, mais avec combien peu de succès ! Le christianisme serait-il donc rétabli par des jeunes gens inconnus et sans autorité ? Je ne sais si vous-mêmes vous pourriez le souffrir ! Quelques-uns de vous ne crieraient-ils point : « Jeune homme, en faisant cela, tu nous accuses ? » Mais il n'y a nul danger que vous soyez mis à cette épreuve, tant il est vrai que l'iniquité nous inonde comme un fleuve. Qui donc Dieu enverra-t-il ? La famine, la peste (dernier message à un pays coupable), ou l'épée ? Les armées romaines, les étrangers, pour nous ramener à notre première charité ? Ah ! « Que nous tombions entre tes mains, Seigneur ! plutôt qu'entre les mains des hommes ! »

Seigneur, sauve-nous, ou nous périssons ! Retire-nous afin que nous n'enfoncions pas dans le bourbier ! Ah ! Délivre-nous, car le secours de l'homme est vain ! Toutes choses te sont possibles ! Selon la grandeur de ta force, garantis ceux qui s'en vont mourir ! Et sauve-nous comme tu trouveras bon ; non selon notre volonté, mais selon la tienne !

Référence: Sermon prêché par John Wesley en 1744, devant l'Université d'Oxford, en Angleterre.

Source: Site Web d'Yves Petrakian

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