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L'Apostolicité de l'Incarnation

Par Arthur Katz

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Une des considérations les plus négligées par l’Eglise de notre génération, bien que nous y ayons vaguement fait allusion pendant notre enseignement, est la vie pré-incarnée de Christ avant qu’Il n’endosse la nature humaine. L’incommensurable histoire retraçant la relation qu’entretenaient le Père et le Fils avant l’événement de la venue de ce dernier sur la Terre a été pratiquement mise de côté par l’Eglise comme si l’histoire commençait avec l’avènement de Jésus sur terre en forme humaine. Mais elle commence avant l’incarnation, et notre incapacité à considérer la phase de l’histoire précédant l’incarnation entraîne pour nous une connaissance et une compréhension inadéquates à la fois du Père et du Fils.

Nous devons connaître la gloire que le Fils a délaissée lorsqu’Il est venu, lorsqu’Il est venu volontairement et librement. Le fait que le Père a envoyé le Fils est le premier exemple vivant de la réalité apostolique, c’est le premier envoi. Le premier de quelque chose en est toujours le prototype. Il manifeste la formulation classique de toute expression ultérieure de cette chose.

Cette gloire du Fils avant Son incarnation contient les éléments constitutifs de tout envoi, c’est-à-dire de tout acte apostolique. L’envoi du Fils a été le premier acte apostolique. L’utilisation des mots envoi et envoyé confirme cette affirmation à chaque endroit où vous les trouvez. Jésus a dit : " Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. " Le premier envoi apostolique en Actes 13, depuis Antioche, eut lieu lorsque le Saint-Esprit dit : " Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir. Barnabas et Saul, envoyés par le Saint–Esprit, descendirent… " (Actes 13:3-4). Le mot envoyé est réitéré, il y a un envoi. Le terme grec apostolos signifie envoyé. Le reproche que Dieu adresse aux faux prophètes est le suivant : " Je ne les ai pas envoyés. Et pourtant ils sont partis. " Ceci décrit parfaitement ce qui se produit aujourd’hui sous le couvert des mots apostolique et prophétique. " Je ne les ai pas envoyés. Et pourtant ils sont partis. "

La question de l’envoi est critique, et elle tire son origine du commencement, dans l’accord qui existait entre le Père et le Fils qui allait être envoyé. Le Fils, dans Sa propre liberté, accepta volontairement. Mon nouvel auteur préféré, P.T. Forsyth, a écrit un chapitre entier sur la vie pré-incarnée de Christ. L’humiliation terrestre de Christ a dû avoir ses fondations posées dans le Ciel et doit être vue comme une renonciation qui a été décidée avant que le monde ne fût. La Croix a eu lieu avant la Croix. La Croix tire son origine de l’éternité. L’accord existant entre le Père et le Fils qui allait être envoyé, et la renonciation par ce dernier à Sa relation avec le Père, dans sa forme la plus pure, étaient déjà l’expression de la Croix. Notre compréhension, notre appréciation et notre estimation déficientes de cette vérité nous dérobent une pleine appréciation du mystère de la foi. Peut-être est-ce la chose même qui nous empêche d’atteindre cette étape finale de l’amour pour Dieu et de notre appréciation de Lui, qui s’appelle l’adoration. Avec l’adoration, comme je le pressens d’une certaine façon, se trouve la clé de la puissance, de la réalité ultime et de l’expression de notre service en Dieu. La question de la relation entre le Père et le Fils avant Son incarnation constitue ce facteur manquant qui nous apporte une révélation plus profonde de Dieu et nous transporte au-delà d’une certaine limite du respect, de l’admiration et de l’appréciation que nous pouvons avoir pour le Seigneur, c’est-à-dire dans l’adoration elle-même.

Forsyth a raison d’affirmer que cette humiliation terrestre a dû avoir ses prémices au ciel. Son commencement ne prit pas place sur la terre, mais au ciel, dans un commun accord entre le Père et le Fils qui, tous deux, avaient bien compris ce que l’envoi signifierait en termes d’exigences. Ce fut une résolution éternelle prise entre le Père et le Fils, un acte entrepris au sein de la Divinité – une remarquable parole de décision. Rien de moins ne pourrait soutenir la plénitude de la foi, et notre adoration pour Christ doit aller de pair avec cette compréhension de ce que Son sacrifice a commencé avant Sa venue dans le monde. Un Calvaire avait eu lieu en haut dans le ciel, avant que l’événement de la croix historique n’eût lieu en bas sur la terre. La question de la Croix et de la renonciation trouva son origine dans le ciel tandis qu’elle fut mise en acte sur la terre. Si vous ne prenez pas en compte l’origine céleste, vous manquez quelque chose de la gloire plus grande de Dieu et de Son caractère, parce qu’il s’agissait d’un acte entrepris au sein de la Divinité elle-même. Ceci relève typiquement du caractère de Dieu. Nous avons perdu toute considération à la fois du Christ pré-incarné et du Christ de l’après-résurrection. Ceci n’est-il pas significatif ? Nous accordons peu de considération à l’ascension de Christ. Nous sommes particulièrement attachés et affectionnés à Son histoire terrestre – et nous le devrions en effet – et ensuite vient la résurrection, mais l’ascension et le couronnement de Christ font l’objet du même type de négligence que Sa vie pré-incarnée. Et pourtant, chacun de ces deux aspects constitue l’autre face de la pièce. La venue du Fils descendant du ciel et Son ascension au ciel font partie de l’intégralité du mystère de la grande œuvre rédemptrice divine, qui doit être prise en considération et en compte si nous voulons donner à Dieu la pleine appréciation, l’entière reconnaissance et la totale adoration qu’Il mérite.

Jésus a dit à Nicodème : "Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel" (Jean 3:13). Rien ne peut monter avant d’être d’abord descendu. Quelque chose doit descendre avant de pouvoir monter. En réalité, cela ne s’applique pas seulement à certaines choses mais à tout : tout doit descendre avant de pouvoir monter – ceci comprend, et peut-être plus particulièrement, notre adoration.

La véritable adoration doit, comme tout ce qui est apostolique, d’abord descendre avant de monter. Quelque chose doit être donnée de la part du trône céleste. Tout acte véritable, toute œuvre véritable, la réalité elle-même tire son origine et sa cause première du trône céleste. C’est pourquoi Jésus a dit : " Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel." Bien que Ses pieds soient à Jérusalem, son être essentiel vient d’en haut. Nous avons perdu cette compréhension des choses, et cette dernière doit être restaurée. La véritable adoration doit tirer son origine premièrement du Père, du trône, avant de pouvoir trouver son expression adéquate sur la Terre. Mais si elle commence depuis la Terre, de façon humaine, aussi bien intentionnée qu’elle puisse être, et quoique soutenue et stimulée par l’instrumentation, elle manque de cette qualité céleste qui est véritable, et se réduit ainsi à une simple question de musicalité ou de plaisir agréable pour l’assemblée. Et l’Eglise n’adore pas le Très Haut.

M’avez-vous déjà entendu citer un frère qui a, un jour, parlé lors d’une de nos réunions de prière matinales, et qui a dit : " Il n’est possible d’aimer Dieu que si Dieu s’offre à nous et nous rend capables de L’aimer. " Je pensais que c’était la meilleure chose que j’aie jamais pu l’entendre dire, et peut-être l’une des meilleures choses que j’aie entendu quelqu’un dire. Il n’est possible d’aimer Dieu que si Dieu s’offre à nous et nous rend capables de L’aimer. Seul Dieu peut nous communiquer l’amour qui est approprié à Lui-même, et de la même façon, seul Dieu peut nous communiquer l’adoration qui Lui sied. C’est la raison pour laquelle Il est nécessaire qu’Il envoie, parce que tout ce qui émane de nous, aussi bonnes que puissent être nos intentions, manque de cette qualité dont seul Dieu peut imprégner les choses qu’Il initie et qui, lorsqu’elles sont envoyées, tirent leur origine de Son trône. Le génie dans le terme apostolique est le fait d’être " envoyé. " La présomption qui caractérise notre génération religieuse vient de ce qu’elle est en mouvement sans être envoyée. Dieu a dit : " Je ne les ai jamais envoyés. " Il a dû envoyer Son Fils, et ensuite le Fils a envoyé Ses disciples. Le cœur de la réalité apostolique prend racine dans le commencement même de la gloire rédemptrice qui est associée à l’envoi du Fils par le Père. Avant que le monde fût…

La problématique de la Croix se trouve déjà au sein de la Divinité et trouve son expression dans l’envoi du Fils, parce que Sa séparation d’avec le Père et Sa venue sur la terre dans cet envoi constituent un sacrifice : Jésus a perdu l’intimité parfaite dont Il jouissait avec le Père dans cette expérience éternelle qui était sienne avant Son envoi ; Il a ensuite vécu l’humiliation qui Lui attendait lors de Sa venue sur la Terre. L’humiliation de n’être qu’un homme, sans parler de celle de prendre sur Lui la forme d’un homme, en devant serviteur et en mourant de la plus cruelle manière, jusqu’à la mort même de la Croix, et même la mort sur la Croix, tout cela Il le savait d’avance, et tout cela était nécessaire dans cet envoi. C’est pourquoi Paul, qui avait une plus grande conscience de cette réalité dans la connaissance apostolique qu’il avait en tant qu’envoyé, a dit : " Qui nous séparera de l’amour de Dieu ? " La persécution ou le dénuement ou la maladie ou quelque autre cause pourront-ils nous séparer de l’amour de Dieu ? Qu’est-ce qui rend sa déclaration si sublime et qui fait qu’elle nous touche jusqu’aux larmes? Il se focalise sur l’amour de Dieu, non pas comme ayant commencé avec le ministère terrestre de Jésus mais dès le début de Son envoi.

L’envoi précédant l’incarnation est déjà l’expression de l’amour de Dieu. Dieu a envoyé Son Fils. Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné… Paul avait une compréhension de cet amour qui a trouvé corps bien plus que dans la conduite et les actes de Jésus dans Son mandat terrestre, mais qui englobe également l’envoi en tant qu’acte même d’amour. Il va aux origines, et c’est la raison pour laquelle il a un sens très aigu de l’amour de Dieu, qui trouve son expression dans cette déclaration remarquable de l’épître aux Romains : " Qui nous séparera de l’amour de Dieu ? " Comment le sait-il d’une manière aussi profonde ? Parce qu’il appréhende ici et considère quelque chose que l’Eglise, dans son ensemble, a négligé, à savoir la vie pré-incarnée de Christ.

Forsyth dit : "Dans cet envoi, Il consentit non seulement à mourir mais à naître." N’est-ce pas remarquable ? Naître, prendre sur Lui-même la forme d’un homme, l’humilité de l’enfant, et accepter d’être dépendant : voilà tout ce qu’Il a dû expérimenter et endurer tout en étant Dieu.

Un verset dans l’Evangile de Jean se rapporte parfaitement à cette vérité : "Et maintenant, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de Toi avant que le monde fût" (Jean 17:5). C’est toute la tâche d’un entendement inspiré du Saint-Esprit que de commencer même à réaliser et soupeser ce qu’était que cette gloire, et le fait que Jésus l’abandonna et la laissa en arrière comme fruit d’un sacrifice d’amour accompli dans Son obéissance volontaire, en tant que Fils, au Père céleste, pour descendre sur cette Terre, pour y entrer en vue de vivre la souffrance de la naissance et celle de la mort subséquente.

Et si cette gloire qu’Il avait avec le Père avant le commencement du monde était la gloire même de la Croix ? Et si le temps lui-même était considéré comme un serviteur de l’éternité ?... Et si le dessein éternel de Dieu était pour Lui de Se réjouir aujourd’hui de l’œuvre de Son Fils en tant qu’objet principal de Sa gloire – qui n’aurait pas été manifestée s’Il n’était pas venu ? Et si l’objet suprême de la gloire éternelle, de la célébration même de Dieu, était l’Agneau immolé pour toute l’éternité ? C’est là le sujet de réjouissance suprême et de jubilation divine, et c’est là Son dessein éternel qu’Il conçut et dont l’enjeu consiste en ce que tout ce qui existe serve à ce dessein, y compris le temps lui-même.

C’est ici la gloire même : il y avait une Croix au sein de la Divinité. Ce n’était pas seulement une transaction qui allait être révolue. Mais bien plutôt cette Croix, en réalité, allait affecter les choses dont Dieu jouissait déjà, à jamais, et c’est là la gloire du Fils. Toute autre gloire aurait été une gloire moindre, qui n’aurait pas convenu au dessein éternel de Dieu – qui, automatiquement, revient à Dieu. Le dessein doit être, parce que Dieu est.

C’est pourquoi Forsyth l’appelle "un acte au sein de la Divinité." Le dessein de Dieu requiert un acte. C’est inhérent à la Divinité, c’est intrinsèque à la Divinité, c’est dans la nature de la Divinité. Un acte était nécessaire pour expliquer et faire descendre cette gloire sur la Terre, ce que le Fils accepta volontairement de faire dans Sa propre liberté et ce que le Père accepta dans Sa liberté d’envoyer le Fils. Ils expliquent et montrent dans un acte ce qui était auprès d’eux dans leur propre nature. Lorsque Jésus prit sur Lui la forme d’un serviteur, Il ne revêtait pas une pseudo identité. Il révélait la vérité de Dieu. L’esprit de serviteur appartient en propre à la nature même de Dieu.

Ceci devrait commencer à susciter en nous un certain sentiment de ce qu’est le Ciel lui-même – " et la gloire que j’avais auprès de Toi. " De quel genre d’environnement le Fils jouissait-Il auprès du Père ? Est-ce la raison pour laquelle il est dit que " tout don parfait et excellent descend d’en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement, ni ombre de variations " ? Tout don parfait et excellent descend… du Père des lumières. Du ciel, qui est la source, le siège de la gloire, de la pureté, de la justice, de la sainteté. C’est pourquoi toutes choses doivent descendre, elles doivent être envoyées. Tout ce qui tire son origine en dehors de cet endroit est douteux et mérite d’être mis en question ; il est même possible que la chose soit contrefaite si elle a l’audace d’être associée au mot apostolique – parce qu’elle n’est pas envoyée.

L’acte premier, l’envoi de cette gloire depuis le Ciel, l’envoi venant de cette gloire, par la volonté du Père, l’envoi du Fils, est le cœur de ce qui est apostolique. Tous les actes qui vont suivre doivent tirer d’une certaine façon son caractère de ce premier envoi et être de la même nature. Nourrissez-vous une jalousie qui vous amènera à attendre au lieu d’initier quoi que ce soit d’opportun, nécessaire humainement et religieusement, si cela ne vous est pas donné d’en-haut – parce que tout don excellent et parfait descend d’en-haut, du Père des lumières ? C’est là une jalousie sacerdotale et une insistance sacerdotale. Il est intéressant de voir que Jésus, dans Hébreux 3:1, est appelé l’Apôtre et le Souverain Sacrificateur de la foi que nous professons. Il ne pourrait pas être l’apôtre de la foi que nous professons s’Il n’avait pas ce haut respect sacerdotal pour le Ciel, pour le Père, pour la gloire, pour ce qui est avec Dieu dans Sa pureté ; et s’Il n’avait pas ensuite été envoyé du Ciel afin de communiquer sur la Terre quelque chose de cette réalité. Nous avons cette jalousie dans la mesure même où nous possédons une appréciation sacerdotale, ce qui signifie que nous savons attendre ce qui est donné, au lieu de devenir adulé par les autres, et encore moins de se représenter faussement ou d’affecter humainement quelque chose que seul Dieu peut donner. Ceci explique pourquoi une si grande partie de notre christianisme est fausse. Ceci explique pourquoi une si grande partie de notre adoration se réduit à de la pure musicalité, mais ne tire pas son origine d’en-haut.

L’origine de tout acte véritable est Dieu Lui-même, y compris la session de cette matinée. Ce que l’homme se contente tout simplement d’accomplir pensant que son acte est approprié, n’est que " du bruit n’ayant aucun sens. " Pouvons-nous être fils sans être prêtres ? Peut-il y avoir une filiation, une adoption de la même nature que celle que Jésus a placée devant nous, par Son propre exemple, en étant à la fois prêtre et apôtre, si nous-mêmes nous n’avons pas la disposition sacerdotale à attendre ce qui descend d’en-haut ? Attendre et non initier. Il est nécessaire que nous examinions cette énergie humaine qui ressemble au feu étranger qui a été allumé par les deux fils d’Aaron suivant les propres impulsions de leur cœur, et qui se substitue à l’attente.

Au chapitre 6 d’Esaïe, dans la vision qu’Esaïe eut, voyant le Seigneur assis sur un trône élevé, le Père dit au Fils : " Qui enverrai-je ? Qui marchera pour nous ? " Où que vous regardiez dans les Ecritures, prenez la concordance de Strong et vérifiez les mots " envoyer " et " envoyé. " Vous allez découvrir un remarquable catalogue des actes de Dieu qui Se repose dans l’acte d’envoyer – ce qui est la racine du terme apostolos. Qui ira pour nous ? Qui enverrons-nous ? Que dit Esaïe? " Envoie-moi. "

Il est présomptueux de croire que la vraie adoration et qu’une vraie réunion peuvent provenir de nous-mêmes, de façon indépendante à cette source. Le miracle de l’incarnation est le miracle d’un envoi venant du Ciel et d’une ascension, celui qui consiste dans le fait que ce qui est descendu est monté : le Fils obéissant jusqu’à la mort. Et le Père a agréé cette offrande. Nous avons ici tout le thème principal. C’est le grand thème qui se déploie portant au fond de lui toute l’essence de ce qui doit descendre du ciel, envoyé du Père. L’essence plénière de la réalité, de l’Eglise, de ce qui est apostolique et de ce qui est prophétique se ramène à l’exécution par le Père de l’acte d’envoyer le Fils. C’est là le grand thème autour duquel toutes les autres choses gravitent.

Un sujet est développé concernant Esaïe et l’envoi : cela ressemble presque à une réitération de l’alliance existant au sein de la Divinité elle-même. Oh, qu’il nous soit accordé de contempler ce que signifie le véritable coût de l’envoi – et ici, nous trouvons en Esaïe la figure même d’un prince de Dieu qui a été bouleversé, anéanti, abattu par cette présence divine. Pour parler de l’envoi, il est nécessaire de comprendre que l’envoi appartient à un tout autre domaine que celui de cette envie impulsive d’être envoyé qui est si naturelle, car tout le monde veut être envoyé : "Me voici, je serai l’homme de la situation." Ceci est intrinsèque à la nature humaine. Mais le fait de voir le coût exorbitant de cet envoi et continuer à dire : "Me voici, envoie-moi" est la liberté qui se trouve dans la Divinité même. Il est nécessaire pour cela de posséder Dieu, tout comme Dieu doit être l’initiateur si nous voulons aimer Dieu ; il est nécessaire d’avoir cette disposition dans sa nature ; il est même nécessaire d’être capable de prononcer ces paroles : "Me voici, envoie-moi" au regard de la révélation de ce que cela coûterait. Le fait de compter le coût équivaut à amener quelque chose d’authentique dans la réponse.

Le coût, à la fois pour Jésus et pour Esaïe, fut ultime. Jésus fut crucifié et la tradition religieuse dit qu’Esaïe fut scié en deux. Quelle avait été la chose à accomplir pour laquelle Esaïe fut envoyé ? Il avait été envoyé pour prononcer une parole de jugement sur Israël, une parole à laquelle le peuple est encore lié jusqu’à ce jour – vous trouverez cette parole de jugement dans la dernière partie du chapitre 6 d’Esaïe. "Va, et dis à ce peuple : Vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche–lui les yeux, pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, ne comprenne point de son cœur, ne se convertisse point et ne soit point guéri" (Esaïe 6:9-10).

Sa parole était une parole de jugement. Israël languit encore sous ce jugement, prononcé par l’homme qui fut envoyé. C’est pourquoi sans doute nous préférons initier notre propre activité, parce que la conséquence pour nous dans cette dernière serait moindre que pour l’activité qui serait enfantée par ceux qui sont envoyés. Si vous voulez être envoyé, soyez courageux et tenez bon ! Car il y aura à supporter une charge, une responsabilité et des conséquences qui ne seront certes pas agréables mais qui seront glorieuses.

Répétons : Esaïe venait tout juste d'être anéanti, complètement moralement dévasté devant la révélation du vrai caractère de Dieu. C'était un homme qui connaissait déjà Dieu et qui apprit à ce moment là combien peu il saisissait et connaissait réellement Dieu. Dans cette dévastation, se produit une transformation de sa nature, il y a quelque chose qui s'ajoute à lui ou qui vient à lui. Lorsqu'il dit, à la lumière de cette révélation : " Me voici, envoie-moi, " se trouvait une révélation d'une exigence absolue jusqu'à la mort. Il sut que seul Dieu pouvait le rendre capable d'aller en Son nom. A moins que Dieu n'ait été formé dans l'être intérieur d'Esaïe, à moins qu'il ne fût lui-même un phénomène d'incarnation, il n'aurait pas pu dire, dans cette sorte d'état d'esprit et face à cette sorte de révélation : "Me voici, envoie-moi." La raison pour laquelle nous en voyons tant aujourd’hui qui sont prêts à initier leur propre envoi est que cette initiative leur procure un bénéfice, mais le coût associé à un véritable envoi est quelque chose que l'homme ne pourrait jamais assumer lui-même. Il s'agit bien plus que d'une braise qui touche ses lèvres pour expier ses péchés. Il y avait une communication de l part de Dieu, dans cette révélation, dans cette dévastation, qui était aussi une transmission de vie, une résurrection. En même temps qu'un processus de mort opérait, se déployait également un processus de vie.

Il est raisonnable de supposer que si une personne est envoyée par Dieu, elle reçoit la capacité qui lui est communiquée d'accomplir la tâche associée à son envoi, cette capacité étant le caractère et la vie de Dieu. Seul Dieu peut nous rendre capables d'aimer Dieu; et seul Dieu peut nous rendre capables d'aller pour Lui. Seul Dieu peut nous rendre capables de Le servir. Lorsque Dieu envoie, c'est Sa propre nature qui agit et intervient. Être envoyé par Dieu signifie être envoyé avec Dieu.

Songez à l'envoi de l'enfant Samuel. Dieu l'appelle par son nom trois fois, et Samuel pense que c'est le vieil Eli qui le réclame et à chaque fois il accourt vers ce dernier. Finalement, Eli lui dit : "Si tu entends encore quelqu’un t’appeler, ce n'est pas moi, c'est Dieu." Samuel a entendu la voix une fois de plus et il a répondu : "Me voici, ton serviteur écoute." C'est alors que Dieu lui communique une parole de jugement qui doit venir sur Israël, qui doit venir sur Eli lui-même et sur sa maison. Lorsque le vieil homme se réveille, sachant que Samuel a eu une visitation de Dieu, il demande : "Qu'est-ce que l'Eternel t'a dit?" La toute première expression de l'appel prophétique de Samuel est de prononcer des paroles de jugement. Il est écrit que, parce que Samuel n’avait laissé tomber aucune parole de l'Eternel, Dieu ne permit pas que Ses paroles tombent. Ainsi, un prophète était venu en Israël armé de l'obéissance qui l'amena à dire la chose envoyée de Dieu bien que ce fût une parole de jugement. Cet envoi n'est pas une chose à prendre à la légère. Il coûte, il requiert Dieu. Mais il est au cœur de la réalité elle-même, dont Jésus est la première expression.

Mon premier message sur ce sujet - le thème de l'adoration contemporaine - fut délivré dans une église de Brooklyn, où j'ai cité Oswald Chambers qui disait : "Ces temps, les temps de la présence ressentie de Dieu, qui est saint, saint, saint et transcendant, sont entièrement un don de Dieu. On ne peut pas se les fabriquer soi-même à loisir." Vous ne pouvez pas fabriquer, vous ne pouvez pas créer humainement d'en-bas une atmosphère de ce genre. C'est un don qui descend d'en-haut. Toute la question qui incombe à l'Eglise touchant à son appel sacerdotal est de reconnaître que tout don excellent et parfait vient d'en haut, et de recevoir la capacité et la patience de l'attendre, et lorsqu'il est reçu, il doit être reçu avec gratitude comme un don et même comme l'effet de la miséricorde de Dieu.

Il nous est dit que notre vocation à l'égard d'Israël et des Juifs est d'étendre la miséricorde de Dieu afin qu'ils obtiennent miséricorde. A moins que nous ne reconnaissions chaque jour - et dimanche après dimanche, que ce qui descend sur nous vient d'en-haut comme un don et l'effet de Sa miséricorde qui réclame de la gratitude de notre part, comment allons-nous ressentir dans nos cœurs la miséricorde divine qui s'étendra sur toute la terre? Chaque dimanche, est offert à l'Eglise le choix de grandir dans sa conscience apostolique et dans la réalité de sa vie, dans la gratitude exprimée pour le don qui est descendu du trône, ainsi que pour le sentiment de la présence de Dieu et la capacité à L'adorer. Pour toutes ces grâces, nous sommes reconnaissants envers Dieu et remplis de gratitude et de louange, reconnaissant que tout ce qui est descendu d'en-haut est l'effet de Sa pure miséricorde.

Toute la question de l'Eglise, la réalité de ce qu’elle est et sa connaissance de Dieu relèvent de la reconnaissance de ce que ce qui descend du trône, ce que l'homme ne peut pas commander - nous ne pouvons pas le produire nous-mêmes à volonté. Lorsque l’adoration vient, c'est un don de Dieu envoyé depuis le trône, pour lequel nous avons à exprimer de la gratitude. Les éléments même qui constituent l'Eglise, qui font l'Eglise, sont, chaque dimanche, liés à la question de l'adoration. Mais si l'adoration que nous pratiquons tire son origine d'en-bas, et uniquement du pouvoir de la scène, alors nous sommes coupés de la source du renouvellement de cette réalité qui se trouve au cœur de ce qui est apostolique.

J'ai parlé de cela dans une église dont le pasteur s’affuble lui-même du titre d’apôtre. Le message a été reçu comme des coups de mitraillette. Je les revois même en train de se tordre sur leurs sièges, tandis qu'en même temps, des personnes se lèvent spontanément dans différents endroits de l'assemblée, s'exclamant : "Qu'est-ce que nous entendons? C'est la vérité." Pendant que cela se produit, le pasteur lui-même et son épouse se sentaient très mal à l'aise. C'était un défi lancé contre toute la structure d'une église fondée sur un type d'adoration qui ne regarde pas au trône ou attend ce qui est envoyé et descend d'en haut, mais qui tire son origine de la plate-forme elle-même, de l'homme.

Les églises se trouvent dans l'obligation de présenter un certain environnement qui conduit à réjouir les hommes, parce qu'elles sont remplies chaque dimanche de centaines de personnes dont la vie quotidienne est essentiellement impie et marquée d'indifférence, ce qui équivaut au rejet de Dieu. Ces personnes se rendent au culte tout endolories, après avoir passé une semaine entière dans l'indifférence vis-à-vis de Dieu, ayant besoin d'une dose de remontant d'une espèce émotionnelle ou charnelle que les hommes ne peuvent pas se permettre d'attendre.

On fabrique quelque chose sur la plate-forme en vue de satisfaire ce besoin émotionnel et cela coupe toute perspective relevant de l'envoi divin. Lorsque l'Esprit de Dieu voit qu'Il a été supplanté et que les hommes eux-mêmes, qui ne croient pas que tout don excellent et parfait doit descendre d’en-haut, prennent l'initiative, Il se retire à l’arrière-plan. Cette colombe se retire. Le Saint-Esprit ne veut pas concurrencer les hommes, Il se contente de Se retirer et laisse à l’homme le champ libre de faire ce qu’il désire. Chaque semaine, un même schéma est réitéré venant d’en-bas et non d’en-haut. Nous sommes en train de perdre la connexion vitale avec ce qui est au cœur de ce qui est apostolique, la conscience même de cette chose – quand bien même nous portons le titre d’apôtres.

Ce qui est tragique est ce que Paul nous dit dans Romains 10 : "Comment donc invoqueront–ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront–ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront–ils parler, s’il n’y a personne qui prêche ? Et comment y aura–t–il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ?... Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ" (Romains 10:14-17). Ce qu’Israël attend, à son insu, est une parole envoyée parce que la parole apostolique est davantage que de l’information. La parole apostolique est un événement, la parole apostolique crée la foi là où elle n’existait pas parce qu’elle descend d’en-haut. L’église qui perd et sacrifie sa réalité et son identité apostoliques en mettant en scène, à partir d’en-bas, ce qui doit descendre d’en-haut, perd cette possibilité d’apporter une parole prophétique. Quelle tragédie lorsque nous ne reconnaissons pas que la quintessence de ce qui est apostolique est le terme envoyé – d’en-haut !

Trouver cette réalité et y participer dans les églises n’est pas une expérience fréquente; elle est extrêmement rare. Lorsqu’elle vient, on le sait. C’est palpable, cela vous affecte. C’est quelque chose de transcendant, c’est Dieu Lui-même qui est honoré et béni. Ce n’est guère quelque chose qui a été construit pas les hommes pour les hommes, et que l’on appelle " adoration. " L’adoration est devenue le nom d’un jeu. L’église qui affiche sa meilleure scène de louange est l’endroit où les gens se rendront pour se faire plaisir – mais le terme afficher indique l’origine de cette louange.

Toute cette perte de la réalité apostolique dans l’Eglise, devenue malade, quand bien même il est fait éloge du mot apostolique que les hommes appliquent à eux-mêmes, est proportionnelle à la perte de la conscience de la vie pré-incarnée de Christ avec le Père avant Sa venue, et de ce que la question de Sa venue était la question de l’envoi. La question de l’envoi consiste dans la question de l’apostolos – l’envoyé, dans le fait que tout don parfait et excellent descend d’en-haut. L’envoi d’en-haut est au cœur de notre foi. C’est ce que Jésus a représenté dans Sa venue en tant qu’envoyé pour accomplir les tâches de la messianité en vue de l’expiation. Mais nous en avons perdu le sens et en avons coupé toute connexion. Lorsque nous initions les choses d’en-bas, Dieu Se retire.

Par ce qui précède, je vous donne les éléments constitutifs clé de ce qui est apostolique. Une attente de ce qui prend son origine du trône lorsqu’il est envoyé. Parce que ce don descend d’en-haut et est pur et saint, nous en éprouvons de la gratitude, car il procède de la pure miséricorde de Dieu parce que nous ne le méritons nullement. Ce don évoque l’adoration, le fait de le reconnaître est la louange et l’adoration. Si cette réalité est entravée par l’activité religieuse des hommes, nous ne saisissons aucune conscience de la miséricorde de Dieu et par conséquent ne pouvons pas la répandre autour de nous. Et pourtant, dans l’économie de Dieu, la principale fonction de l’Eglise dans les derniers jours est de faire connaître de façon extensive cette miséricorde afin que les hommes obtiennent miséricorde. Si nous-mêmes nous n’obtenons pas la miséricorde, dimanche après dimanche, de ce qui prend sa source du trône alors que nous sommes dans l’attente, comment pourrons-nous donner de la miséricorde ? Si nous perdons la connexion apostolique à la réalité, quel genre de parole pouvons-nous proclamer aux hommes alors qu’ils l’attendent ? Nous avons complètement extirpé le principe fondamental de la foi et les Juifs, par conséquent, souffrent de ce déficit et leur restauration et leur nation sont mises en suspens à cause de notre échec – c’est exactement l’état dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

Si Esaïe avait besoin d’être rendu capable pour être un envoyé, de quoi avons-nous besoin pour adorer Dieu en Esprit et en vérité ? S’Il ne nous envoie pas cette capacité, quel est le caractère de notre adoration qui transpire de notre propre humanité quand elle se réduit à une question musicale ? Le fait de devoir pomper, de devoir attiser, d’exciter les sentiments est quelque chose de présomptueux et met une emphase indue sur l’homme et marque un manque de considération pour Dieu en tant que Dieu. Quel type d’Eglise sommes-nous, quand nous nous livrons à de tels marchandages à propos de Dieu et que nous prenons tant de libertés dans nos attitudes ? Que transmettons-nous lorsque nous ne transmettons qu’un Dieu au rabais et déprécié, duquel nous avons dérobé l’autonomie alors qu’Il est la source de toutes choses ? Nous pensons que nous pouvons dupliquons un événement qui prend sa source dans une mise en scène personnelle destinée à créer quelque chose d’une espèce qui soit même acceptable à Ses yeux. Notre condition est d’autant plus lamentable qu’elle nous paraît acceptable.

L’adoration dans sa forme impure est agréable à l’homme, tout comme un grand rassemblement musical ou une injection de drogue. L’adoration dans la pureté plaît à Dieu, et ne veut rien en retour.

A un moment fort pendant un voyage récent que j’ai effectué en Afrique, je devais être l’orateur de la Journée de Prière pour l’Afrique au Caméroun. La réunion était supposée commencer à deux heures mais ne commença pas avant 5 heures, comme c’est la coutume en Afrique. Il y avait une quantité de ministres chacun montant sur scène avec la prétention de faire sensation, se croyant être celui qui frapperait le coup de ballon qui atteindrait le but, mais aucun d’eux n’y réussit.

Et un groupe de musique sur la scène s’est produit dans un vacarme assourdissant. Le volume des haut-parleurs était excessivement fort et la foule était survoltée. L’atmosphère s’assombrissait, et je me suis donc levé pour me diriger vers le responsable du temps de prière. Je lui ai dit : "Je désire annuler mon intervention en tant qu’orateur. L’atmosphère que vous avez créée n’est pas convenable pour la parole prophétique que j’ai à donner pour le continent." Il a balbutié quelques mots et a voulu que je dise quelque chose de léger aux gens. Je suis monté sur la plate-forme et ai dit : "J’ai une parole de la part du Seigneur pour l’Afrique en ce jour de prière, mais l’atmosphère à laquelle vous vous êtes adonnés est totalement inappropriée à cette parole prophétique. Je ne peux pas la communiquer." Et je suis descendu de la plate-forme. Cela arrive plus souvent que nous ne le pensons. Mes plus grandes occasions de découragement et mes conflits les plus importants sont survenus lors de mes confrontations avec les groupes et responsables de louange. J’avais une parole qui bouillonnait dans mon cœur et que j’attendais de délivrer, mais l’atmosphère créée par la soi-disant adoration était défavorable et opposée à cette parole de telle sorte qu’il m’était impossible de l’apporter.

Je me souviens d’une circonstance particulière. Le Seigneur était en train d’impulser en moi quelque frémissement à propos de la gloire du millenium – mais jamais je ne pus en parler. C’est un type de parole si évanescent, si éthéré qu’il est nécessaire d’avoir une configuration favorable pour pouvoir la donner. Je ne pus simplement pas parler quand le conducteur de louange avait terminé sa partie. Je dus apporter quelque chose de différent et de moins consistant. Ironiquement, le temps d’adoration, au lieu de provoquer la parole, l’inhibe, et en réalité se déclare une rivalité entre le porteur de la parole et le conducteur de la louange, rivalité qui va donner l’avantage à l’un des deux.

Cette attente sacerdotale de Dieu est fondée sur un profond respect, et la reconnaissance de ce principe est au cœur de l’Eglise et en constitue le fondement. C’est à cet endroit que l’intégralité du jeu est gagnée ou perdue, et si nous perdons cette réalité de ce qui est envoyé et commençons à en fabriquer une de notre propre ressort, qu’allons-nous pouvoir donner ?

Nous avons parlé de ce qui descend comme un don, mais comment descend-il? Et qu’est-ce que le don qui descend d’en-haut révèle à propos de Celui qui en est le donateur ?

Lorsque Jésus brisa le pain, inclina la tête et donna un morceau, non seulement ils reçurent de la main de Jésus, mais quelque chose dans le fonctionnement du don, au moment où il était donné, leur donnait une meilleure appréciation de Celui qui brisait le pain. Il ne s’agit pas simplement de recevoir le don – nous sommes Américains, nous voulons le profit – mais c’est ce qui est révélé dans ce que Dieu donne en tant que donateur et c’est la manière dont Il le donne, qui constituent une révélation du caractère, de la personnalité de Dieu Lui-même, révélation que nous perdons lorsque nous passons à côté du don en n’attendant pas qu’il soit donné du donateur. Nous perdons aussi bien le don que la nature du donateur par lesquels notre connaissance de Dieu grandirait si nous attendions d’une façon sacerdotale que se manifeste ce phénomène remarquable, parce que nous serions alors absolument déterminés à ce que tout don parfait et excellent descende d’en-haut – et d’autant plus que nous pensons que le Ciel est le quartier général de la réalité. Le Ciel n’est pas un lieu gouvernemental bien que ce soit le gouvernement de la création, mais se résume à la question de la réalité elle-même. Dieu sur son trône, voilà le cœur de toutes choses. Quelle mesure de la réalité avons-nous si nous perdons cette réalité ?

Je ne peux que commencer à toucher mot sur ce qui est en jeu dans notre échec à attendre et à recevoir, car cela représente une vérité très vaste. L’absence de réalité est le ferment de tout désordre psychique, de tout type de désordre physique. Nous avons des assemblées remplies de malades, et de gens malheureux et de mariages brisés et de tous les problèmes qui en résultent, qui attendent qu’un orateur de passage vienne donner un remède magique qui allégera notre maladie et nous guérira. Tout ceci vient du fait que l’atmosphère elle-même ne prédispose pas à la santé spirituelle, il n’y pas la réalité. C’est un environnement créé de main d’homme qui engendre le type de désordres psychiques, mentaux, physiques et le désordre social que nous observons dans l’Eglise de façon aussi courante que dans le monde. A Dieu, sont attachés la santé, le bon sens et la réalité. Cela vaut la peine de L’attendre. Notre impatience est l’antithèse du caractère sacerdotal. Nous sommes dirigés par nos propres besoins et nous voulons remplir le silence. Nous avons prêché aux gens qu’ils pouvaient vivre dans une attitude désinvolte et indifférente à l’égard de Dieu pendant toute la semaine, et qu’ils pouvaient venir le dimanche matin pour recevoir leur dose de bénédiction spirituelle. Et si vous ne leur la donnez pas, ils partiront et iront la chercher dans une autre église qui, elle, la leur fournira. Ainsi nos églises ont peur de perdre leur argent et leurs dîmes.

Dans l’église où je prêchais ceci pour la première fois, le pauvre pasteur avait envie de rentrer sous terre – et pour cause : à peine avais-je terminé ma prédication qu’il mentionna leur investissement de 7 millions et demi de dollars pour les bâtiments. Ils voulaient créer une sorte d’école, et c’était ce qui le préoccupait. Au fond des choses, il y avait la question des finances – et les gens qui étaient assis sur leurs chaises, pareillement, se souciaient du problème des offrandes. Le but de l’église était de les contenter et de les satisfaire afin qu’ils y restent et qu’ils donnent leur argent, pour que le programme soit exécuté, que les bâtiments continuent à être édifiés sur le nom de l’homme qui se disait non seulement pasteur mais " apôtre, " alors que toute la question de l’apostolicité est contredite et perdue. C’est là la tragédie.

A propos de l’envoi de Jésus, il est écrit :  "Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé Son Fils." Même le Père a attendu le bon moment dans Sa propre sagesse pour accomplir cet envoi. Le Père Lui-même a une nature sacerdotale. Le Fils est le Souverain Sacrificateur autant qu’Il est l’apôtre de la foi que nous professons. Si Dieu peut attendre, pourquoi ne pouvons-nous pas attendre ? Si nous ne voulons pas attendre, nous allons recevoir nous-mêmes la visite de ceux qui se sont envoyés eux-mêmes. Paul nous avertit en 2 Corinthiens 11 : "Ce sont des faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise an ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres" (2 Corinthiens 11:15).

Les derniers temps vont être une période remplie de faux prophètes. Un des sujets d’éloge que le Seigneur fait dans le livre de l’Apocalypse à l’une des églises est sa capacité à discerner ces hommes qui se disent apôtres et qui ne le sont pas. Les faux apôtres et les faux prophètes caractériseront les derniers jours dans une époque de séduction, lorsque les chrétiens ne seront pas formés dans une disposition sacerdotale à attendre et à discerner et qu’il y aura des vides à remplir dans lesquels les hommes vont se précipiter. S’ils peuvent créer l’adoration, quoi d’autre n’établiront-ils pas à partir de leur propre fausse religiosité ? Toute l’Eglise a échoué dans sa vocation à être ce qu’elle doit être : le témoignage qu’elle devrait porter aux Juifs attend toujours et c’est une situation tragique venant d’un manque de disposition sacerdotale.

Pour répéter ce que Chambers a dit : "Les temps d’adoration sont entièrement un don de Dieu. Vous ne pouvez pas les produire à votre guise." Non seulement nous ne le pouvons pas mais nous ne le devrions pas. Nous ne devrions pas choisir de les produire par nous-mêmes. Quand Dieu les accorde, c’est également en Son temps tout comme l’était l’envoi du Fils. Son temps est parfait. Nous devrions désirer attendre Son temps, et non pas choisir de présenter notre propre alternative. Nous ne devrions pas le choisir et encore moins le produire, ou alors nous allons obtenir une chose erronée ou l’irréalité qui s’est répandue dans l’Eglise et le monde aujourd’hui.

Tout ceci fait partie d’un paradoxe car il y a des temps où nous devons commander à notre âme de "bénir l’Eternel, ô mon âme", et dans ce cas nous n’attendons plus. Là quelque chose doit provenir de notre propre volonté. Cela ne s’oppose pas à Dieu ni à la nature fondamentale et apostolique des choses qui requièrent une attente sacerdotale et une dépendance totale de ce qui vient d’en-haut. Nous avons besoin de discerner quand nous devons exercer notre volonté… Et même dans ces choses, Dieu suscite en nous l’impulsion pour que nous exercions notre volonté dans la louange. Ceci fait partie de la tension qui existe dans le cœur du saint.

Une des choses que nous voyons se répéter dans les Psaumes maintes et maintes fois est le cri du psalmiste : "Combien de temps, oh Seigneur !" Les psalmistes crient en faveur de la délivrance qui ne peut venir que de Dieu lorsque Dieu le veut. Mais le simple fait de reconnaître le besoin d’être délivré est en soi une délivrance qui aurait dû avoir lieu bien avant, parce que le psalmiste ou la nation souffre sous le poids du jugement et de la moquerie de ses ennemis et de toutes sortes de choses qui contredisent même la réputation de Dieu quant à Son pouvoir de délivrer par Son bras. Lorsque le psalmiste s’écrie : "Combien de temps encore Dieu ?" non seulement il crie pour sa propre délivrance, mais il crie également à Dieu pour qu’Il honore Son propre nom – et pour qu’Il agisse à l’égard de Ses fils comme Il le devrait. Combien de fois ne voyons-nous pas cette attitude de la part de Dieu, qui indique que nous ne pouvons pas commander du bout des doigts ni Le rendre soucieux de notre volonté parce que nous voyons une urgence à laquelle nous pensons qu’Il doit remédier tout de suite ? S’Il n’y satisfait pas tout de suite, nous devrions avoir confiance que, dans Sa grande souveraineté, dans Sa majesté et Son amour, il y ait des intentions précises de Sa part qui retardent Son action, et nous pouvons tranquillement attendre combien même cette attente pourrait être douloureuse dans ces conditions. C’est là même la condition de fils, et ceci se trouve au cœur de la maturité.

Dieu n’a jamais eu l’intention que nous soyons isolés et que nous luttions contre cette souffrance par nos propres forces. En fait, la question de celui qui sera envoyé pour prêcher la Parole à l’écoute de laquelle Israël sera sauvé ne se résume pas à la question pivotant autour d’un individu envoyé mais à celle d’un individu envoyé par un corps qui l’envoie. C’est pourquoi ce message était adressé à une Eglise, appelée à la réalité apostolique, de sorte qu’elle devînt un corps qui envoie et duquel des hommes peuvent être envoyés pour proclamer la Parole. C’était là le schéma du premier envoi en date dans l’histoire de l’Eglise, issu d’Antioche, en Actes 13.

Paul s’adresse à une assemblée et dans Actes 13 nous voyons combien cette assemble est diverse. Noirs et blancs, Juifs et Gentils, Cyrènes, Méditerranéens, on y trouve tout un mélange hétéroclite d’éléments qui composaient cette partie de l’ancien monde. Mais lorsqu’ils se trouvaient ensemble pour adorer, sans rétroprojecteur, dans toutes leurs différences, avec les différences ethniques et raciales du monde autour d’eux préparées à rentrer en conflit les unes avec les autres, ils se trouvaient à un endroit où ils pouvaient adorer Dieu ensemble. Lorsque le Saint-Esprit a vu cela, Il a dit : "Mettez-moi à part." Et Il nomma les deux hommes qui allaient refléter cette réalité céleste et qui étaient venus à ce mélange du monde, et qui allaient apporter cette divine réalité aux hommes afin qu’ils sachent qu’il existe une solution de paix – afin que ces hommes représentent cette réalité qui était venue à Antioche et qui se reflétait dans leur adoration. Leur adoration n’était pas une technique. Leur adoration n’était pas une méthodologie. Leur adoration était l’affirmation d’une réalité à laquelle ils étaient parvenus, une réalité de type céleste qui reflète la réalité de la Divinité elle-même. Père, Fils et Saint-Esprit dans un amour cordial et plein de sollicitude l’un envers l’autre, étaient venus vers les hommes, sur la Terre, dans leurs différences raciales et ethniques. C’est d’un tel corps que quelqu’un peut être envoyé.

C’est là la première trace historique d’un envoi. En fait, Saul devient Paul dans cet envoi. Saul devient un apôtre qui n’est qu’un enseignant jusqu’à l’envoi. L’envoi est l’introduction d’une nouvelle qualité de la réalité, mais il doit provenir d’un corps auquel Dieu peut parler. " Lorsqu’ils leur eurent imposé les mains, après avoir prié et jeûné…, le Saint-Esprit les envoya." Aux yeux de Dieu, l’imposition des mains équivaut à un envoi par le Saint-Esprit. Quel type de puissance et d’autorité avaient-ils ? Ils furent de ceux qui bouleversèrent le monde et le mirent sens dessus, sens dessous. Dans cet envoi, résidait quelque chose de particulier : lorsque Dieu envoie une personne, quelque chose de Celui qui envoie est communiqué, rendant l’envoyé apte et capable de remplir sa mission, parce que le but pour lequel vous êtes envoyé est au-delà de vos capacités humaines d’action, que ce soit pour l’adoration ou un service apostolique.

L’envoi en soi par Dieu, parce qu’il a son origine dans le Ciel, met en mouvement une nouvelle qualité de la réalité, qui s’appelle l’apostolicité et qui a la puissance de pénétrer et de bouleverser radicalement le monde, parce que le monde dans sa présente configuration est sens dessus, sens dessous et a besoin d’être rectifié et redressé. Le monde doit être amené à la prise de conscience de l’existence d’une alternative céleste à un enfer terrestre, par l’intermédiaire des hommes qui sont envoyés et qui portent cette réalité, l’ayant en eux-mêmes. Non seulement portent-ils le message mais ils représentent eux-mêmes sa réalité. Et ils sont parvenus à cet environnement de type apostolique qui est sacerdotal et qui est caractérisé par l’attente. Rien ne nous est dit de l’église d’Antioche sinon que d’Antioche est sorti le premier envoi apostolique – et ceci est d’autant plus remarquable étant donnée la diversité de cette église. Si nous arrêtons notre regard sur ce fait, nous pouvons nous représenter combien Dieu S’est investi pour les amener à cette réalité qu’Il avait attendue. Ce même Dieu attend toujours aujourd’hui… La tragédie est que le terme apostolique est devenu aujourd’hui populaire, et des hommes frauduleux, qui n’ont aucun droit de se revendiquer comme apôtres, et qui se sont autoproclamés comme tels, se transformant en ministres de lumière, sont en circulation et investissent des régions entières sur lesquelles ils établissent d’autres sommités comme ministre de ceci ou ministre de cela : le monde entier est en train d’être segmenté et partitionné par des hommes qui pensent être des apôtres – mais ceux-ci ne sont pas envoyés…

Nous sommes en train de récolter un jugement à cause de notre manque de jalousie pour protéger les mots importants dans leur véritable signification, et de notre incapacité à attendre ce qui ne peut venir que d’en-haut. Je connais certains de ces hommes personnellement. J’ai prêché sur la plate-forme avec eux. Je sais de quoi ils sont constitués et d’où ils viennent. Ils ne représentent pas la chose vraie.

Chercher une telle Eglise et essayer de la trouver, là n’est ni la question ni le but visé ; ce qui importe c’est d’être une de ces églises, d’être cette réalité. "Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux." Il vous faut commencer avec ce que vous êtes et ce que vous avez à portée de main : le petit noyau que vous formez avec votre épouse et votre petit garçon qui vous suit – faites ensuite confiance à Dieu qu’Il rajoutera des âmes. " Et Dieu ajoutait quotidiennement à l’Eglise ceux qui étaient sauvés. "

Que le Seigneur trouve un noyau vivant l’authenticité et se trouvant dans une attente sacerdotale. Alors faites confiance et laissez-Le ajouter à l’Eglise. Ne prenez pas en considération le nombre. Il se peut bien que l’Eglise des derniers jours ne soit rien de plus que des petits rassemblements de saints de ce type qui attendent et qui obéissent. Je ne sais pas combien nombreuse l’Eglise d’Antioche était. En fait, on pourrait même craindre que là où les églises augmentent en nombre, là justement la réalité ait moins de chance d’être trouvée ou qu’on ne puisse pas s’attendre à la trouver, parce que le nombre lui-même entrave la réalité dont nous parlons. En effet, cette réalité nécessite l’intimité, les relations fraternelles, l’honnêteté, la vérité dite dans l’amour, la confrontation mutuelle, la réprimande et la correction. Comment pouvez-vous vivre cela lorsque vous avez une assemblée de centaines voire de milliers de personnes anonymes, sans identité personnelle ou sans relation les unes avec les autres ? Quel type de communication peuvent-elles avoir lorsqu’elles tiennent une petite coupe en plastique, attendant le signal donné par le pasteur pour boire ensemble ? La communion signifie être ensemble. Pouvez-vous expérimenter cela lorsque vous êtes perdu dans une grande foule ? Les gens préfèrent même cet anonymat.

Paul dit : "Quand vous vous rassemblez, l’un parle en langue, un autre reçoit l’interprétation, un autre une prophétie, une révélation, un hymne." Paul pouvait quitter les assemblées qu’il avait démarrées à travers son activité d’évangélisation, et revenir deux années plus tard pour s’apercevoir qu’elles étaient toujours là. Et non seulement étaient-elles là mais elles prospéraient et se développaient et avaient connu une croissance parce que chacun avait quelque chose à partager. Il y avait la possibilité d’interagir et de recevoir les bénéfices de l’Esprit de Dieu se mouvant à travers les différentes personnes et les différents dons qui avaient été communiqués. Paul ne reconnaissait que celui sur lequel le manteau d’autorité était tombé, et alors il le présentait à l’assemblée de telle sorte que les saints eux-mêmes avaient reconnu qu’un tel était appelé à être ancien dans une position d’autorité. C’était là le fonctionnement originel. Nous nous sommes tant éloignés de ce motif et nous devons rebrousser chemin.

Dans le cas où l’existence d’une telle réalité est absente, il est possible que vous deveniez cette réalité. Et conformément aux encouragements que j’adresse aux gens, restez dans l’église de plus grande taille dans laquelle vous vous trouvez. Mais ne la considérez pas comme votre église, elle est votre champ de mission. C’est votre champ de mission, l’endroit où vous pouvez être un témoin. Votre église est le lieu où vous partagez le repas du Seigneur, le lieu où vous recevez des conseils et des réprimandes et une communion intime ; c’est là l’Eglise. Il vous faut distinguer l’Eglise du lieu d’exercice du ministère, qui est le champ de mission, qui est l’assemblée plus grande. C’est là un appel solitaire mais cette réalité doit être trouvée.

Sans ce caractère sacerdotal, il n’y a pas d’apostolicité. Le Fils de Dieu, Jésus, est le souverain sacrificateur et l’apôtre de la foi que nous professons. Son caractère sacerdotal avait son origine avant Son ministère terrestre. C’était déjà quelque chose qui relevait de Son identité avec le Père dans Sa vie pré-incarnée. Son cœur de serviteur en tant que sacrificateur fut rendu manifeste sur la Terre, mais son origine et la réalité étaient avec Lui dans Son identité éternelle en tant que Fils avec le Père avant Sa venue sur Terre. Nous avons besoin de prendre sérieusement en considération cela et de reconnaître ce que cet envoi représentait. Ce fut la révélation de Dieu dans Sa miséricorde et Son amour qui Lui coûta un prix si élevé, à Lui et au Fils, mais qui nous apporte un si grand bénéfice.

Référence: Enseignement d’Arthur Katz donné le 24 août 2005 et transcrit par Lars Widerberg à partir d’une cassette audio.

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