1.
Sans compromis, sans crainte de l'homme, sans se laisser fléchir
par lui, le prophète apporte une critique mettant à nu
ce mensonge qu'est "la vérité de convention", ces prémisses
que l'on accepte sans réflexion ni contestation, et qui sont
la mort, non la vie.
2. Il s'agit d'exprimer
la vision qui est celle de Dieu, et non un ensemble de préjugés
personnels ou populaires (même si d'aventure de tels préjugés
coïncidaient avec la vision de Dieu). Il faut énormément
de discernement pour se livrer à cette critique. Il y faut une
capacité d'analyse aiguisée par le Saint Esprit; il est
hors de question de porter des coups à l'aveuglette, d'obtenir
des effets faciles au moyen de généralisations grossières
(par exemple "Rome", "Babylone", etc.).
3. Le mode de vie du prophète
doit être par lui-même une répudiation du mensonge,
un rejet total des penchants et des pratiques de ce système mensonger,
même si la société et l'Eglise les acceptent.
4. La parole prophétique
ne se borne pas à révéler le mensonge: elle le
condamne et le juge. C' est une parole qui produit une "destruction
divine": "Si je n'étais pas venu et si je ne leur avais point
parlé, ils n'auraient pas de péché. Maintenant,
ils n'ont pas d' excuse pour leur péché." (Jean 15:22).
5. L'autorité du
prophète, c' est à dire la force de pénétration
de sa parole, dépend de son mode de vie: il faut qu'il soit entièrement
séparé de ce qu'il critique. Son autorité dépend
aussi du degré d'intimité réelle qu'il entretient
avec le Dieu de vérité (1 Corinthiens 2:12). Vraisemblablement,
c'est dans la solitude qu'il posera ses actes d'obéissance les
plus radicaux; mais le prophète n'en est pas moins un homme inséré
dans une communauté, inséré dans le Corps. Il n'y
a là nulle idéalisation. Le prophète lui-même
se fait souvent critiquer par les autres, et c'est ce qu'il désire.
Un "prophète" qui préfère rester isolé,
qui ne se frotte pas aux autres, ou qui est entouré par du "personnel"
qui le flatte et aime être flatté en retour est sans doute
un faux prophète; ou alors il est en passe de le devenir.
6. La tâche prophétique
consiste à établir une conscience autre, une conscience
suffisamment valide et puissante pour que le mensonge soit évincé.
Le prophète présente une vision de la réalité,
une vision céleste de choses qui n' existent pas encore, et qui
contredisent sur presque toute la ligne ce qu'il est convenu d'appeler
"la réalité". Il présente une vision qui dans l'expérience
de ceux qui écoutent n'a ni précédent, ni modèle
préétabli. Ceux qui adoptent cette vision se condamnent
à être "étrangers et voyageurs sur la terre". Ils
sont capables de mourir "sans avoir obtenu les choses promises" (Hébreux
11:13). Ils ont confiance dans cet héritage qui sera leur dans
la vie à venir. Ils n'en deviennent pas pour autant inaptes à
la vie présente; ils deviennent au contraire plus redoutables
aux yeux des puissances des ténèbres, qui les craignent.
7. Ainsi, le prophète
restaure une vision perdue, une vision capable de fortifier le peuple
de Dieu, en particulier en temps de crise, quand il importe de transformer
le désespoir en espérance. Mais il faut d'abord que les
gens soient dépouillés de leurs fausses espérances
par la parole de ce même prophète. Il se peut que cette
parole les porte à désespérer, avant qu'ils ne
soient remplis d'espérance. Le prophète ne se dérobe
pas, même s'il est obligé de se montrer ''cruel" avant
de "faire du bien".
8. En un mot, le prophète
amène l'instant le vérité. Il se tient devant le
Conseil du Seigneur (Jérémie 23:18-22, et 1 Rois 17).
Il est capable de voir où est l'erreur, et d'apporter droitement
et sans équivoque la vérité, même si cette
dernière contredit le consensus général. Dieu ne
justifie pas toujours immédiatement la fidélité
et l'obéissance du prophète. Dieu ne permet pas toujours
que le feu descende aussitôt. Dans la plupart des cas, l'obéissance
ne se vérifie que bien plus tard. C'est pourquoi le prophète
doit supporter la colère ou la déconvenue de ses
auditeurs, et doit aussi courir le risque de passer à côté
de la vérité divine, car il n'ose pas négliger
l'occasion qui s'offre à lui (Cette angoisse-là met le
comble à la souffrance du prophète). Walter Brueggemann
("The Prophetic Imagination", Fortress Press, p. 88) écrit
à juste titre: "Quand la douleur devient parole, alors la
porte s'ouvre sur la nouveauté de vie; et l'histoire de Jésus
est l'histoire de cette entrée dans la douleur, l' expression
verbale de cette douleur-là." Cette tension née de
l' incertitude, que ne peut atténuer aucune obéissance
antérieure, explique les soupirs et les gémissements qui
viennent souvent ponctuer les proclamations prophétiques.
9. Un prophète ne
se spécialise pas dans les questions secondaires. Habité
qu'il est par une parfaite jalousie pour la gloire de Dieu (c'est là
la marque distinctive de l'apôtre et du prophète), il expose
les buts ultimes de Dieu de façon à ce que ceux qui écoutent
consentent aux sacrifices nécessaires à la réalisation
de ces buts. Le prophète montre ce qui dans le passé ne
fait qu'un avec une eschatologie future, dans laquelle la gloire théocratique
atteindra son point culminant. Il redonne à l'éternité
sa place prépondérante, là où les auditeurs
l'avaient perdue de vue. Il montre le caractère absolu des choses
divines là où le monde les a minimisées; il minimise
et relativise les choses que le monde a voulu ériger en absolus.
10. Le prophète
incarne la souffrance qu'entraîne cette adhésion-là;
il ne cache pas à ceux qui l'écoutent qu'une foi de cette
nature est inséparable de la persécution, peut-être
même du martyre; et il emporte leur adhésion. Oui, ce renversement
des valeurs (où l'on relativise ce qui était devenu un
faux absolu, et où l'on absolutise ce qui avait été
à tort relativisé) est en soi une souffrance dans ce monde
qui s'est éloigné de Dieu. Le prophète annonce
ou fait toucher du doigt la "fin" imminente de ce monde, qui surviendra
dans des jugements, dans une fureur apocalyptique tels que chez les
auditeurs il naît un désir profond de voir apparaître
ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre où la justice habitera!
11. Le prophète
est par excellence un prédicateur inspiré: il est cet
"homme de Dieu", cet homme de l'Esprit, il possède cette identité
que Dieu veut conférer à Son Eglise finitive. C'est un
homme de la parole, qui a en horreur la légèreté.
Il a un profond respect pour le langage, dont il protège l'intégrité,
et qu'il protège des abus dévalorisants. Il communique
une perception de la réalité divine (n'est-ce pas là
le fondement de l'Eglise?). Il va vers les hommes comme l'envoyé
qui n'a quitté la présence divine que pour servir les
buts de Dieu. Son histoire est faite d'attentes et de silences. Il considère
le Dieu créateur aussi comme le Dieu de l' histoire, et ne veut
jamais L'exclure du moindre événement, même des
catastrophes dévastatrices, par une remise en question de Son
omnipotence ou de Son omniprésence. Il cherche diligemment le
sens de ces événements, il veut bien "faire un détour
pour aller voir" le buisson ardent (= l'Holocauste) afin de demander
"pourquoi?", sachant bien qu'en ce faisant, il risque de ne jamais pouvoir
retrouver la réalité telle qu'il la connaissait auparavant.
12. Quoique le pays ne
puisse supporter tout ce qu'il dit (Amos 7:10), il ne se relâche
pas, ne recule pas. Il n'est pas mercenaire, il ne se laisse pas séduire
pour "être dans le vent". Il fuit les distinctions et les honneurs
des hommes. Scrupuleux, il s'abstient toujours d'utiliser sa situation
pour obtenir un avantage personnel (1 Samuel 12:3-5). Naturellement
surnaturel, il n'a rien d'affecté, il est normal, sans rien de
séducteur dans son apparence et son comportement. Il dédaigne
ce qui est spectaculaire, sensationnel, ou bizarre, car il désire
avant toutes choses attirer les hommes vers Dieu et non vers lui-même.
Traduit de l'anglais
par Liliane Fleurian
Source:
The Burning Bush
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