L’humilité
apostolique est cette qualité du caractère par laquelle
nous pourrons discerner ceux qui "se disent apôtres mais ne le
sont pas." Un des dangers des ‘derniers jours’ est les apôtres
présomptueux qui font sentir leur présence, et qui semblent
avoir une mesure d'autorité et de connaissance qui semble impressionner
ceux qui manquent de discernement spirituel. Il y a, heureusement, une
mesure d'authenticité qui ne peut pas être simulée
ou émulée, c’est-à-dire l'humilité vraie.
L'humilité n'est pas une chose que l’on apprend à l'école,
mais une chose que les hommes et les femmes qui sont dans la main de
Dieu atteignent, quand ils sont en union avec Lui, qui est Lui-même
l’humilité personnifiée. En d'autres termes, l’humilité
peut seulement être donnée à travers l’intimité
de l’homme avec Dieu, qui Lui-même est doux et modeste de cœur;
il n'y a aucune autre façon de l'obtenir.
Moïse sur la Montagne
Moïse qui a écrit
les cinq livres de Moïse, pouvait dire de lui-même : "Moïse
était l'homme le plus humble sur terre." Cela ressemble
à de l'arrogance d'esprit, mais quand un homme peut dire cela
de lui-même, sachant qu’il ne peut tirer aucune reconnaissance
de cette condition, alors nous avons l’humilité ultime. C'était
la grâce de Dieu qui l'avait amené à cette humilité.
L’humilité n'est pas quelque chose que l'homme peut façonner
en lui-même sur terre, ni développer comme trait de caractère.
L’humilité est ce que Dieu est en Lui-même, et le seul
qui la démontrera est celui qui a été en présence
de l’humilité de Dieu continuellement. Cela rend quelqu’un humble
d’être là, et c'est pourquoi Moïse pouvait faire cette
remarque, pas comme s'accréditant lui-même, mais accréditant
Dieu, dans la présence duquel cette humilité était
trouvée. L'appel à la communion avec Dieu ne sera jamais
commode. Il faut une mort à soi-même pour réussir
à pénétrer dans l'endroit du conseil secret de
Dieu, et on ne peut pas y entrer de la façon qui nous convient.
Ce qui nous convient est contraire à l'Esprit et à la
sagesse de Dieu. L'appel de Dieu à Moïse était déterminé
par le fait qu’il devait monter jusque vers Lui. Cet appel n’était
pas donné pour un quelconque avantage personnel que Moïse
allait en tirer– pas même un avantage spirituel, - mais plutôt
pour chercher Dieu en vue des intérêts propres de Dieu,
sans prêter aucune attention à l'avantage qu'il pourrait
en tirer du fait que sa personne en sortirait grandie.
Il est intéressant
de faire cas de la disposition de Moïse lorsqu’il descendit de
la montagne avec les tables de la loi. Quand il vit Israël danser
autour du veau d'or, il fut rempli d'indignation et de colère,
et jeta sur le sol les tables de la loi qui avaient été
écrites par le doigt de Dieu même. Il ordonna alors que
le veau d'or soit mis en pièces et réduit en poussière
et que le peuple d’Israël en bût. Il les incita à
boire leur idole, et vous n'entendez pas une seule plainte ou une seule
pleurnicherie qui vînt s'opposer à cette condition. Évidemment
il vint avec une telle autorité que personne ne pouvait contester.
Il y a un trait d’union entre l’humilité et l'autorité.
L’expression initiale de l’humilité de Moïse était
l'expression d'une autorité d'une telle grandeur que personne
ne la remit en cause. Ensuite il demanda qui allait être du côté
du Seigneur, et les Lévites se présentèrent. Il
leur dit de ceindre leurs épées, d’entrer dans le camp,
et de tuer tous ceux qui s’étaient prostitués avec les
faux dieux, y compris les amis et les parents.
Quelle autorité
pour l'homme qui était le plus humble de la terre! C’est uniquement
parce qu'il était l'homme le plus humble que cette autorité
était sienne, et l'âme la plus forte le reconnaissait,
et ne pouvait donc pas lui manifester une seule once d'opposition. Il
s'identifiait parfaitement à Dieu dans son indignation; et son
autorité, son humilité étaient l’expression, non
pas d'une certaine affectation ou d'une politesse superficielle, mais
d'une union avec Dieu de telle sorte que le caractère de Dieu
lui appartenait.
Paul aussi avait une certaine
manière de caresser les saints à rebrousse poil, ce qui
indiquait une vraie paternité, plus que ce que nous pouvons réaliser.
Il disait sans relâche les choses de la façon dont elles
devaient être dites. Il réprimandait, châtiait, sollicitait
et suppliait. Il n'affichait pas ses qualifications apostoliques, ni
n'utilisait son autorité pour contraindre. Il suppliait en tant
que père :"Je vous supplie… par la miséricorde
de Dieu, de montrer..."
Ceci est un trait caractéristique
de la pensée et du caractère apostoliques. Il n'utilise
pas son autorité de quelque manière coercitive. L'usage
de l'autorité révèle ce que nous sommes, et quelqu'un
a fait cette remarque : "la façon dont nous traitons les plus
faibles et les gens qui ont ‘moins de présence’ indique ce que
nous sommes." Quand une nation commence à opprimer et à
persécuter les faibles et ceux qui sont sans défense,
elle indique son véritable caractère. La même chose
est vraie dans l'Eglise. Nous cédons aux grands et aux puissants,
dont les dîmes sont impressionnantes, mais nous n'accordons qu'une
considération limitée à un certain 'Martin' qui
n'a rien qui le distingue, et dont la fiche de paie est insignifiante.
L’humilité, c’est l’obéissance
Ce problème de l’humilité
est paradoxal, parce que, étant donné que l'apôtre
est déterminé, résolu, et tout à fait persuadé
de l'exactitude de ses paroles, il paraît même exprimer
un semblant d’arrogance. Je suspecte qu’un faux apôtre est un
individu qui apparaît humble. Il semblera humble, comme l’apparaît
un ‘vendeur de rue’ qui cherche à vendre son produit. Si nous
voulons devenir une Eglise qui puisse discerner, c’est-à-dire
une Eglise apostolique, alors le problème de l’humilité
authentique doit heurter notre conscience. La qualité de la vraie
humilité, que Paul avait, en dépit du fait qu'il se donnait
lui-même comme exemple - ce qui semble être si arrogant
- est précisément à l'endroit ou se trouve la vraie
humilité.
Le Seigneur Lui-même
était parfait, tout en parlant d’une manière si féroce.
Il agit d'une manière qui semble tout suggérer, tout excepté
l’humilité. Par exemple, en renversant les tables des acheteurs
et des vendeurs, il s'avérerait que, à ce moment au moins,
il avait mis de côté son humilité, et agissait maintenant
avec un autre caractère. Était-il doux tandis qu'il était
violent et agressif? Cet acte mit en marche le processus qui entraîna
sa mort. Ainsi comment réconcilions-nous l'acte de violence que
Jésus commit, avec ce que nous connaissons de l'humilité
de Dieu et qui semble venir en contraste? Quand nous pensons à
une personne humble, nous pensons à la déférence,
à quelqu’un de doux et de silencieux. Ce fut un acte agressif
et violent, mais nous disons que Jésus est doux. Si nous percevons
l'humilité en tant qu'obéissance totale à Dieu,
et plus encore en acte, ou en parole, qui donnerait une impression de
l'effet contraire, nous aurons une plus grande compréhension
de ce qu'elle est en réalité. Cet acte pourrait même
valoir au serviteur obéissant, le reproche d’avoir été
violent, ou trop ardent, ou n’importe quoi d'autre. En d'autres termes,
Jésus renversa les tables des acheteurs et des vendeurs dans
un acte d’humilité, parce qu'il s'était soumis à
la volonté du Père, se rendant prêt à obéir
au moment exigé, en dépit du fait qu'il se comporta d'une
façon contraire à ses propres dispositions ou sa propre
personnalité. Il était doux, obéissant à
la volonté du Père, pour lequel le temps de juger ce temple
était venu, et elle fut exécutée avec une passion
totale dans Sa jalousie pour la gloire de Dieu. La véritable
humilité se reflète dans la véritable obéissance.
Il y a des situations où
Dieu nous appellera à des obéissances qui semblent contredire
l'humilité, et il nous serait arrogant de ne pas obéir,
même en utilisant l'excuse : "Ce n'est pas ma personnalité.
Ce n'est pas la manière dont j'aime être, parce que je
désire la faveur et l'approbation des hommes; je veux qu’ils
me voient comme un type gentil, et donc, je veux toujours être
raisonnable, silencieux et diplomatique." Oui, vous serez applaudi
pour cela, mais pas par le ciel. Pour le ciel, c’est de la rébellion
pure et simple, parce que si Dieu voulait que vous fussiez 'violent,'
et que vous vous êtes retenu parce que cela contredit votre personnalité,
ou pour n'importe quelle autre raison semblable, vous mettez quelque
chose au-dessus de Dieu, avant Lui, c’est-à-dire votre propre
considération personnelle.
Un véritable apôtre
ne reviendra pas sur une décision difficile ou ne se retiendra
pas quand il doit agir; il ne peut pas être acheté ou être
persuadé de ‘faire partie de la clique’ et il fuit les distinctions
et les honneurs que les hommes s'attribuent. Ceci est nécessaire,
ou alors il y compromettrait ce qu'il est en Dieu. Il est scrupuleux
de caractère, et n'emploiera jamais sa position pour obtenir
un avantage personnel. Il est naturellement immuable, normal et sans
prétentions dans son aspect et sa conduite, dédaignant
ce qui attire l’attention, ce qui est sensationnel ou bizarre. Il n'attirera
aucune attention sur lui par la façon dont il s’habille. Il est
la chose lui-même, dans son être intérieur, en raison
de sa communion avec Dieu, et de son histoire en Dieu.
L’humilité est le
signe caractéristique de l'apôtre authentique, et également
le caractère quintessenciel de Dieu. Sur cette base, un faux
apôtre ou un faux porteur de la Parole de Dieu, peut être
identifié comme quelqu'un qui donne l'impression d'être
autosuffisant, toujours dans sa dignité, ou qui fait quelque
chose pour s'assurer que vous l'avez remarqué pour ses particularités.
L'Humilité sans la Conscience
de Soi
Oswald Chambers écrivait
: "Le vrai caractère de la beauté qui parle pour Dieu
est toujours sans conscience de lui-même". La spiritualité
qui est consciente d’elle-même, et celle-là même
où vous vous examinez pour une chose qui est bonne en apparence,
ou même de nature spirituelle; mais le fait même que vous
vous examinez la ruine. La vraie spiritualité n’a pas conscience
d’elle-même; elle n’a pas de pensée à son propre
propos. C'est cette même qualité qu’exhibait Jésus,
et bien qu'il ait su qui il était, et ait engagé des discussions
avec les gens de la loi à l'âge de douze ans, son ministère
terrestre avait entièrement une qualité remarquable d’humilité.
Il n'était pas le genre d’homme qui faisait de la réclame
sur le type de ministère auquel il avait été appelé.
Il est merveilleux de ne concevoir aucune pensée, pas dans le
sens d'être irresponsable, mais où vous ne vous exaltez
pas dans votre propre appel.
Si nous disons : "Oh,
je me demande, pensez-vous que Dieu puisse se servir de moi? Je me demande
bien à quoi je pourrais Lui servir." Bien que ceci puisse
sembler modeste à nos oreilles, c’est pourtant de la corruption.
Il y a toujours notre "moi" au centre, et c'est cette chose même
qui gâte la vie spirituelle.
Nous devons venir à
cet endroit merveilleux où nous ne pensons plus du tout à
nous-mêmes, où nous sommes ce que nous sommes par la grâce
de Dieu. Nous ne pensons jamais en termes de nous-mêmes. Nous
‘sommes’ simplement; et du fait de cette condition, nous sommes une
bénédiction à Dieu et à autrui.
Le vase d'albâtre brisé
Il y a un épisode
dans la vie de Jésus qui vaut à peine la peine d'être
mentionné, penseriez-vous, mais Dieu l'inclut dans trois des
évangiles sous une forme ou une autre. "Et tandis qu'il était
à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux,
pendant qu’il était à table, une femme entra avec un vase
d'albâtre rempli d’un parfum très cher, fait de nard pur.
Elle brisa le vase et versa le parfum sur Sa tête. Mais certains
de ceux qui étaient là furent indignés et se dirent
entre eux : " A quoi aura-t-il servi de gaspiller ce parfum? On aurait
pu le vendre pour trois cents pièces d’argent, et l'argent aurait
pu être donné aux pauvres." Et ils la critiquaient sévèrement.
Mais Jésus dit : "Laissez-la tranquille; pourquoi lui faites-vous
de la peine? Ce qu’elle a accompli pour moi est beau. Car vous aurez
toujours les pauvres avec vous et toutes les fois que vous souhaitez,
vous pouvez leur faire du bien; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours
avec vous. Elle a fait ce qu'elle a pu; elle a déjà oint
mon corps à l'avance afin de le préparer pour le tombeau.
Et en vérité, je vous le dis, partout où l’Evangile
sera prêché dans le monde entier, ce que cette femme a
fait sera rapporté et on se souviendra d’elle." Et Judas Iscariote,
un des douze disciples, alla dire aux chefs et aux prêtres qu’il
voulait leur livrer Jésus. Et ils furent très heureux
quand ils entendirent cela, et promirent de lui donner de l'argent.
Et il commençait à chercher une occasion favorable pour
leur livrer Jésus." (Marc 14:3-11)
Ce n'est pas une coïncidence
qu'il y eût un trait d’union entre cette somptueuse onction, et
la réponse que firent au Seigneur, Judas et les chefs sacrificateurs,
pour qui la trahison était une chose bien commode. Jésus
dit que ce qu'elle avait fait allait être raconté en sa
mémoire. Voilà un éloge et une reconnaissance plutôt
exubérants au sujet de ce qui semble être aux yeux des
hommes, et même des disciples de Jésus, du gaspillage.
L'efficacité et
le profit font partie de l'esprit de notre siècle; cet esprit
dit que si vous investissez, ou que vous donnez quelque chose, vous
devez vous attendre à en récolter un bénéfice
et une récompense. Mais si quelque chose est donné par
largesse sans la pensée de recevoir en retour de l'argent investi
un quelconque revenu, c’est considéré comme coûteux.
À cause de cela, les disciples murmurèrent entre eux,
indignés, et s'irritèrent contre cette femme, en disant:
‘À quoi aura servi ce gaspillage? Ce parfum très cher
aurait pu être vendu et le montant servir à acheter des
brochures et financer des ministères, et faire toutes ces choses
qui sont excellemment utiles." Nous devons dissuader les croyants
d'avoir une fascination supérieure pour le ministère.
Nous sommes tellement pris par nos pensées touchant au ministère,
et nous voulons entrer dans nos ministères, et beaucoup d'âmes
ont fait naufrage en entrant dans un ministère prématurément
quand aucune attention n’avait été portée à
développer la base de la relation entre Dieu et l’homme.
Cette femme vint portant
un vase d'albâtre de grand prix. La chose remarquable est qu'il
n'y a aucun moyen d'extraire l'onction à moins que le récipient
ne soit brisé. Il n’y avait aucun bouchon à vis qui pouvait
y être remis de sorte que l'on pût se servir du vase une
autre fois. Ou bien il fallait le casser afin d'en extraire le contenu,
ou bien le contenu restait à l’intérieur du vase. C'est
une belle image de nous-mêmes, formés de la main de Dieu,
des vases de très grand prix; mais aussi impressionnants que
nous puissions être extérieurement dans ce sens, cela ne
nous rendra pas significatifs aux yeux d'un monde qui est en train de
mourir, et particulièrement du peuple juif. La chose qui nous
rend significatifs est plutôt le parfum de Sa connaissance qui
est rendu manifeste par nous en chaque lieu. ‘Nous sommes la bonne
odeur de Christ pour Dieu, à l’égard de ceux qui sont
sauvés et à l’égard de ceux qui périssent
: aux uns, une odeur de mort donnant la mort, aux autres une odeur de
vie donnant la vie’ (2 Corinthiens 2:15-16). Nous avons tous une
'saveur' particulière et certains d'entre nous ont des quantités
plus élevées de cette substance que d'autres, et pour
certains, l'arôme et le bouquet sont exquis, et pour d'autres
plutôt ordinaires. Cela dépend infiniment du genre de passé
que nous avons avec Dieu depuis le jour de notre salut, et de la profondeur
avec laquelle nous sommes identifiés avec lui dans Ses souffrances,
Ses expériences avec des gens qui ne le comprenaient pas, les
rejets qu’Il a vécus, et de toutes les choses qui sont inhérentes
à une vraie foi et à une véritable marche à
Ses côtés.
C’est une chose d’avoir
le parfum que Christ a pu former en nous par notre identification avec
lui, et tout à fait une autre chose d’avoir une religion qui
nous est commode et qui est également la religion de la trahison.
Si notre christianisme ne nous coûte rien, et est commode, nous
sommes déjà un avec Judas à ce niveau. Les exigences
de la foi sont extraordinaires, et c'est pourquoi Jésus a ordonné
que ce que la femme avait fait, devienne un mémorial en son honneur
partout où cet Evangile serait prêché. L’Evangile
doit être un Evangile d’épanchement du cœur et d'abandonnement
démesurés, ou alors ce n'est pas un Evangile de puissance.
Watchman Nee a dit que
le principe de l’abandon sans rémunération est le principe
même de la puissance, et nous sommes impuissants parce que nous
sommes trop préoccupés de nous-mêmes. Nous n'avons
pas donné de notre propre moi; le temps, la patience, les malentendus,
et la vulnérabilité que représente le fait de nous
confier les uns aux autres en tant que chrétiens, est ce qui
fait de l’Eglise qu'elle est l’Eglise. L'on nous a dérobé,
ainsi donc, le potentiel de former un corps apostolique d’où
des hommes peuvent être envoyés qui peuvent prêcher.
Nous avons opté pour une religion qui nous convient; à
savoir, sans aucune agitation, sans aucune contrainte et sans aucun
tracas. C'est pourquoi Jésus a aimé cette femme : "Elle
a fait une bonne œuvre à mon égard." S’il y a une
phrase odieuse à Dieu, c'est bien le travail que l'homme accomplit
pour Lui-même; même Jésus n’a pas fait cela : ‘Les
œuvres que je fais, c’est le Père qui les fait en Moi’. Il
n'a aucun respect pour les œuvres des hommes, mais il a appelé
ce que cette femme a accompli, une bonne œuvre. Elle vint avec quelque
chose de très précieux et de très cher, et elle
rentra dans une pièce remplie d’hommes qui se raidissaient d’indignation,
mais elle ne permit pas à la chose de la décourager. Et
partout où une passion extravagante pour Christ est déversée,
il y aura une opposition correspondante.
Il y a quelque chose qui
manque dans l'Eglise de Dieu, à savoir un débordement
qui libère l'écoulement de Sa vie dans un monde incroyant.
Nous sommes antiseptiques et corrects, mais nous ne sommes pas parfumés.
Nous ne sommes pas des paniers percés les uns sur les autres;
nous sommes effrayés à l'idée de subir les risques
que comporte cette sorte d’intensité dans nos rapports avec autrui,
à travers lesquels seuls la véritable formation du caractère
apostolique aura lieu. Nous sommes satisfaits d'une religion qui nous
convient – une réunion le dimanche, une étude biblique
en milieu de semaine, après quoi nous nous retirons dans notre
propre vie privée.
Il y a quelque chose de
cher et précieux aux yeux de Dieu quand quelqu’un s’humilie devant
Lui. Il a incarné cela dans son propre corps à la croix,
et il attend la même chose de son Eglise, à savoir qu'elle
devienne un peuple, humble et contrit duquel suinte le parfum de Christ.
Quelque chose de plus que notre désir d'exactitude et de bonne
volonté est exigé. L'humilité d’un cœur brisé
devant Lui vient quand nous venons, et que nous nous brisons, et que
nous nous vidons. La vraie humilité est le trait distinctif du
caractère apostolique, et également le parfum de Sa connaissance;
et chaque véritable œuvre est un exercice d'humiliation, de douleur
et de mort, et exhale donc le parfum de Dieu.
L'Humilité - La Clef de
la Révélation
L'Eglise est établie
sur le fondement des apôtres et des prophètes, par conséquent
un trait distinctif de ce qui est apostolique est l'intendance des mystères.
L'Eglise elle-même devrait avoir cette même disposition
à appréhender les mystères, et les choses qui peuvent
seulement être révélées. La clef pour voir
apostoliquement ou prophétiquement, qui se trouve être
aussi la clef de la réception et de la révélation
des mystères de Dieu, se trouve dans Éphésiens
3:8: ‘A moi, qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette
grâce a été donnée d’annoncer parmi les
nations les richesses insondables de Christ.’ En d'autres termes,
la véritable vision est donnée aux hommes comme Paul,
qui se voient comme étant ‘le moindre de tous les saints.'
Paul, ici, n'use pas d'une simple formule de respect ou de politesse,
ni n'est non plus en train de faire une remarque qu'un présentateur
de la chambre de commerce locale ferait; il se voit réellement
ainsi. Il était l'apôtre à qui avaient été
données tant de visions, que Dieu dut lui donner une écharde
dans la chair, de peur qu'il ne s'enorgueillît démesurément
à cause des révélations qu’il avait reçues.
Nous ne devons donc pas négliger le caractère apostolique,
autrement dit, l’humilité profonde, l'humilité authentique
et la conformité à Christ de l'homme apostolique.
Nous savons qu'une des
séductions des derniers jours est l’arrivée sur la scène
des faux apôtres et des faux prophètes. Maintenant même,
cela devient tellement populaire que tout le monde semble être
prophète aujourd'hui, ou même apôtre. Ces gens sont
très intelligents car ils ont étudié et savent
s'approprier les conseils de Paul; ils savent, en effet, quand les brandir,
et aussi harmoniser les problèmes d'Eglise, etc.. Cela est-il,
cependant, le fondement sur lequel l'homme qui construit l'Eglise doit
se baser?
Si l'homme est la chose
en lui-même, alors il est question de quelque chose qui dépasse
son habileté à administrer l'Eglise, ou de fonder une
église. C'est sa vie même; c'est son caractère;
c'est sa connaissance de Dieu; c’est ce qu'il communique en tant qu'homme
qui vient à nous après avoir passé le clair de
son temps dans la présence de Dieu. Cette expression : ‘Le
moindre de tous les saints' ne signifie pas que Paul l’individu
se diminue volontairement, mais reflète le vrai Paul, brisé,
tel qu’il se voit devant Dieu. Le fait que plus nous développons
notre connaissance de Dieu, plus nous réalisons notre petitesse,
est une ironie remarquable. Au lieu de nous enorgueillir d'une connaissance
de Dieu grandissante, nous voyons à quel point nous sommes en
vérité petits et pitoyables. Ceci constitue une contradiction
et un paradoxe, qui ne peuvent se trouver que dans l'Eglise. L'humilité
authentique n'est pas quelque chose que l'on peut apprendre, où
attraper à l'école, où s'approprier pour soi-même,
c’est une œuvre de Dieu qui nous est impartie pendant notre communion
avec lui. C'est la révélation de Dieu tel qu’Il est, et
la révélation des profondeurs de Dieu, qui amènent
un homme à accepter ce genre d'image de sa propre personne. La
révélation de ce que nous sommes est tout à fait
liée à la révélation de ce que Dieu est.
Les deux choses vont toujours de pair.
‘Et je dis : 'Malheur
a moi! car je suis perdu; car je suis un homme aux lèvres impures,
et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures car mes
yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées’ (Esaïe
6:5). C'est le prince des prophètes, Esaïe, qui parle ici.
Le fondement de l'Eglise, c’est la révélation de Dieu
tel qu’Il est. C'est-là son fondement. Ce n’est pas l’idée
que nous avons de Lui, ce qui, le plus souvent, n'est que l'image de
ce que nous voudrions qu'Il soit, particulièrement quand nous
avons choisi de célébrer un des attributs de Dieu, et
que nous passons sous silence les autres. La connaissance principale
est la connaissance de Dieu tel qu’Il est, et les hommes qui sont les
fondements de l'Eglise sont ceux qui peuvent communiquer Dieu à
partir de cette connaissance. Paul avait cette connaissance parce qu'il
se voyait comme ‘le moindre de tous les saints.’
Les Deux Témoins
"Et je donnerai l'autorité
à mes deux témoins, et ils prophétiseront pendant
douze cent soixante jours, vêtus de sacs. Ceux-ci sont les deux
oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la
terre. Et si quelqu’un veut leur faire du mal, du feu sort de leur bouche
et dévore leurs ennemis; et si quelqu’un veut leur faire du mal,
il faut qu’il soit ainsi mis a mort. Ceux-ci ont pouvoir de fermer le
ciel, afin qu’il ne tombe point de pluie pendant les jours de leur prophétie;
et ils ont pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre
de toutes sortes de plaies, aussi souvent qu'ils le voudront." (Apocalypse
11:3-6)
Ces hommes seront revêtus
de sacs, revêtus de l'humilité de Dieu. L’humilité,
comme nous l’avons dit, ne peut pas être apprise. Toute humilité
qui s'obtient par une détermination à l’exprimer est nécessairement
fausse. L’humilité de Dieu est une condition préalable
de l'huile d’onction de Dieu, pour pouvoir ‘fermer le ciel’ à
notre guise comme nous le jugeons bon. Dieu ne peut octroyer de telles
responsabilités qu’à ceux qui sont en authentique union
avec Lui, et la preuve qu'ils manifestent, c'est leur humilité.
Le vêtement de sacs n'est pas quelque chose d'externe, bien que
je sois sûr qu'ils le porteront; c'est plutôt la preuve
manifeste d’un état intérieur qui ne peut pas être
imité, ce ne peut pas être une technique que nous pouvons
apprendre en modulant nos voix, ou en nous efforçant d'être
modestes. Ou bien nous le sommes, ou bien nous ne le sommes pas, et
si nous le sommes, ce sera proportionnellement dépendant de notre
union avec Dieu dans la participation à ses souffrances.
C'est de cette façon
que nous obtenons et que nous maintenons un état d’humilité,
qui est la condition indispensable sans laquelle l'on ne peut rien;
ceci est, dans l'absolu et en essence, nécessaire pour vaincre
le péché et vivre la vie spirituelle authentique. C'est
critique, parce que nous sommes dans un endroit périlleux. Je
dis 'nous' en m'adressant en particulier à ceux d'entre nous
qui ont conscience de faire partie du 'reste' de Dieu.
Le fait même que
nous nous considérons comme un ‘reste de Dieu’ est la chose qui
peut cultiver une racine d'orgueil et d'exclusivisme. Jésus savait
qu'il était le Fils de Dieu, et qu’Il avait été
envoyé par le Père, mais il a marché toute Sa vie
sans pour autant en être orgueilleux. Au contraire, ‘Il
n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être l’égal
de Dieu mais Il s’est anéanti lui-même, prenant la forme
d’un serviteur.’ (Philippiens 2:6). Paul était comme Lui
aussi, et pouvait dire : "Imitez-moi tout autant que j'imite le Christ.
Suivez-moi dans tout mon comportement, et si vous ne le pouvez pas,
vous êtes probablement hors de la foi," mais il n'y a aucune arrogance.
C'est l'union ultime avec Dieu, et c’est quelque chose que nous devons
désirer intensément, ou alors nous courons le risque d'être
enfermés et attrapés, non pas par nos défauts,
mais par nos vertus. Nos vertus peuvent, dans ce sens, nous mener à
la destruction, plus encore que nos défauts. L'Evangile est toujours
un appel à l’humilité. Il y a une racine pharisienne profonde
chez l'homme qui veut affirmer les privilèges de Dieu sur la
base des mérites ou des bonnes œuvres. Dieu prend de grandes
mesures pour choisir les insensés, les faibles, et les mendiants,
c'est-à-dire, en fait, tout ce qui est opposé et contraire
à ce que l'homme aurait choisi. Une partie de notre problème
est que nous ne comprenons pas suffisamment bien combien Dieu hait ce
qui est dans l'homme. ‘Mais Jésus Lui-même ne se fiait
pas à eux, parce qu’Il connaissait tous les hommes et qu’Il n’avait
pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de
l’homme car Lui-même connaissait ce qui était dans l’homme’
(Jean 2:24-25).
Référence:
Fondements Apostoliques - Le Défi
d'Une Vie Chrétienne Authentique, Arthur Katz
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