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Les Hymnes de Luther Par Martin Luther
INTRODUCTION Une devise qui conviendrait à l'histoire de la Réformation serait ces mots prononcés le jour historique de la Pentecôte : " Comment les entendons–nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? " (Actes 2:11). " La pensée maîtresse de la période précédant la Réformation était autant le maintien d'une seule sainte Eglise romaine que d'un seul saint Empire romain, chacun d’eux devant comprendre toute la chrétienté. La langue de l'Eglise et de l'Empire romains était la langue sacrée en comparaison de laquelle les langues parlées des hommes étaient considérées comme courantes et impures. La venue de la Réforme apporta un renouveau de la vie individuelle, en imposant le sens de la responsabilité directe de chaque homme devant Dieu ; mais elle fut également, dans une égale mesure, le renouveau d'une véritable vie nationale. À la lumière de la nouvelle ère, la réalisation de la promesse de l'unité de l'Eglise ne devait plus être cherchée dans la domination universelle d'une organisation hiérarchique ; le " mystère " proclamé par Paul, celui " que les nations étaient cohéritières de Christ et formaient un seul corps ", ne devait pas non plus voir son accomplissement dans l'assujettissement de toutes les nations à un potentat unique. Selon l'esprit de la Réforme, l’Eglise une devait être, non pas une organisation, mais une communion - la communion des saints ; et l'unité de l'humanité, dans ses diverses et nombreuses nations, devait être une unité de l'Esprit dans le lien de la paix mutuelle. Les deux grandes œuvres de Martin Luther furent celles par lesquelles il donna au peuple une Bible vernaculaire et un culte vernaculaire, de sorte que, par l’une, Dieu pût parler directement au peuple ; et dans l'autre, le peuple pût parler directement à Dieu. La Bible de Luther et les hymnes de Luther donnèrent vie non seulement aux églises de la Réforme, mais également à la nation allemande et à la langue allemande. Concernant les hymnes de Luther, les paroles de plusieurs auteurs notables sont consignées, et dignes d’être placées en tête du volume qu’ils constituent. Spangenberg dit, pendant la vie de Luther, dans sa Préface de Cithara Lutheri de 1545 : " On doit certainement dire que la chose suivante est vraie et continuera de l’être, à savoir que, parmi tous les chantres éminents qui ont existé depuis les jours des apôtres jusqu'à nos jours, Luther est et sera toujours le plus grand et le plus accompli ; dans ses hymnes et cantiques, l’on ne trouve pas de mots vains ou inutiles. Tout coule et tombe de la manière la plus douce et la plus admirablement agencée, pleine de l'Esprit et de la doctrine, de sorte que chaque mot en lui-même constitue tout à fait un sermon de lui, ou du moins en constitue une réminiscence singulière. Il n'y a rien de forcé, rien d’artificiel ou de rapiécé, rien de fragmentaire. Les rimes sont faciles et de bonne facture, les mots bien choisis et appropriés, le sens clair et intelligible, les mélodies belles et chaleureuses, et - en somme -, tout est si rare et majestueux, si plein de substance et de puissance, si encourageant et soulageant, qu’en vérité, vous ne trouverez pas son égal, et encore moins son maître. " [1] Les paroles suivantes de Samuel Taylor Coleridge ont été souvent citées : " Luther a accompli autant pour la Réforme par ses hymnes que par sa traduction de la Bible. En Allemagne, les hymnes sont connus par cœur par chaque paysan ; ils se donnent des conseils à partir des hymnes, en discutent, et chaque âme dans d'Eglise loue Dieu comme un chrétien, avec des mots qui sont naturels mais qu’elle trouve pourtant sacrés pour son esprit. " Un passage saisissant d’un article de Heine paru dans la Revue des Deux Mondes, de mars 1834, est transcrit par Michelet dans sa Vie de Luther : " Non moins remarquables, ni moins significatifs que ses œuvres en prose, sont les poèmes de Luther, ces cantiques émouvants qui jaillirent de son âme au milieu même de ses combats et de ses nécessités comme une fleur s’élevant de terre, à travers les pierres rugueuses, ou un rayon de lune brillant parmi les sombres nuages. Luther aimait la musique ; en effet, il écrivit des traités sur cet art. En conséquence, sa versification est empreinte d’une forte harmonie, de telle sorte qu'il peut être appelé, à juste titre, le Cygne d'Eisleben. Non pas qu'il fût, d’aucune manière, doux comme un cygne dans les cantiques qu'il composait dans le but de relever le courage du peuple. Non. Dans ces derniers, il est ardent, féroce. L'hymne qu'il composa le long de la route qui le menait à Worms, et que lui et son compagnon chantèrent quand ils entrèrent dans cette ville [2], est un véritable chant de guerre. La vieille cathédrale trembla quand elle entendit ces bruits nouveaux. Même les freux quittèrent leurs nids perchés sur les tours. Cet hymne, la Marseillaise de la Réforme, a conservé jusqu’à ce jour son influence puissante dans les cœurs des Allemands. " Les paroles de Thomas Carlyle ne sont pas moins vigoureuses, tandis qu'elles pénètrent plus profondément dans le secret de la puissance des hymnes de Luther : " Le grand amour qu’avait le Réformateur pour la musique et la poésie, on l'a souvent remarqué, est l'un des traits les plus significatifs de son caractère. Mais si chaque grand homme est, en effet, intrinsèquement un poète, un idéaliste, avec plus ou moins de perfection dans son expression, qui de tous nos grands hommes, dans ces âges modernes, a possédé un talent de la même espèce que celui qu’avait Luther ? C’était lui qui se tenait énergiquement sur la sphère spirituelle de l'homme, et ce fut seulement par la position et la puissance qu'il avait obtenues à cet endroit, qu’il put accomplir de tels changements sur le monde matériel. Comme participant et dispensateur de l'influence divine, il apparaît, au milieu des affaires humaines, comme un véritable moyen de connexion entre le ciel et la terre et un messager visible. C’était un homme, donc, à qui il a été donné non seulement d’entrer dans la sphère de la poésie, mais également de demeurer au centre le plus pur de cet art. Luther fut peut-être le plus inspiré de tous les docteurs depuis les apôtres. Malheureusement ou heureusement, l’âme poétique de Luther n'apprit pas tant à s'exprimer en mots adéquats qui captivent chaque oreille, qu’en actions adéquates, où, sous des manifestations véritablement plus impressionnantes encore, l'esprit de la mélodie céleste réside et s'adresse encore à nous de façon audible. Dans ses poésies écrites, nous trouvons peu de trace de cette force des mots, qui, a-t-il été dit, " étaient des demi-batailles " [3] - peu de cette harmonie tranquille et de cette douceur toute fondante de l'union qui est la plus haute perfection de la force – nous en trouvons moins que dans la manifestation de sa conduite. Ce ne furent pas avec des mots qu’il apprit à faire de la musique – ce furent par les actes de l'amour ou de la vertu héroïque qu'il parla librement. Néanmoins, bien qu’imparfaite dans son articulation, la même voix, si nous écoutons bien, peut être entendue également dans ses écrits, dans ses hymnes. Celui intitulé " Ein 'Feste Burg ", universellement considéré comme le meilleur, frappe nos oreilles ; pourtant, il y a quelque chose dans cet hymne qui ressemble au bruit des avalanches alpestres, ou au premier murmure des tremblements de terre. Et dans l'immensité même de la dissonance de ce bruit, une symphonie d’une beauté supérieure nous est révélée. Luther composa ce cantique dans une période où sa vie était en proie aux menaces les plus sombres, mais qui, cependant, ne pouvait, en aucun cas, devenir un moment de désespoir. Sur ces tonalités, rugueuses et rauques comme elles le sont habituellement, nous entendons les accents de cet homme appelé, qui répond à l'avertissement de ses amis de ne pas entrer dans Worms, par cette réplique pleine de sagesse : " Quand bien même il y aurait autant de diables dans Worms que de tuiles sur les toits, j’irai "; c’est de lui, seul dans cette situation incommode, acculé devant tous les empereurs et principautés et pouvoirs, dont parlent ces paroles finales et à toujours mémorables : " Il n’est ni sûr ni prudent d’agir contre sa conscience. Jusqu'à une telle heure, soit par les preuves des saintes Ecritures, soit par la juste raison ou l’argumentation, j'ai été conforté et convaincu, je ne peux pas et ne veux pas me rétracter. Là je me tiens - je ne peux pas faire autrement – que Dieu vienne à mon secours, amen. " Il est assez évident qu'aux yeux de cet homme, tous les papes, cardinaux, empereurs, diables, myriades et nations ne pouvaient être que faibles, aussi faibles que la forêt, avec tous ses arbres forts, pouvait l’être devant la plus petite étincelle d’un feu artificiel. " Dans un style de langage très différent, mais dans la même veine laudative, le Dr Merle d’Aubigné écrit, dans le troisième volume de son Histoire de la Réformation : " L'Eglise ne se composait plus de prêtres et de moines ; c'était maintenant le rassemblement des croyants. Tous devaient participer au culte, et au chant du clergé devait se succéder la psalmodie du peuple. Luther, en conséquence, en traduisant les psaumes, pensa à les adapter de manière à ce qu’ils pussent être chantés par l'Eglise. Ainsi un goût pour la musique fut répandu dans toute la nation. Du temps de Luther, le peuple chantait ; la Bible était la source d’inspiration de ses cantiques. La poésie reçut la même impulsion. En célébrant les louanges de Dieu, le peuple ne pouvait pas se confiner à des seules traductions d’hymnes anciens. Les âmes de Luther et de plusieurs de ses contemporains, élevées par leur foi vers les pensées les plus sublimes, excitées jusqu’à l'enthousiasme par les luttes et les dangers par lesquels l'Eglise, dès sa naissance, a été sans cesse menacée, inspirées par le génie poétique de l’Ancien Testament et par la foi du Nouveau, bientôt frayèrent la voie à l’expression de leurs sentiments dans les hymnes, dans lesquels tout ce qu’il y a de plus céleste dans la poésie et la musique fut combiné et mélangé. D’où le renouveau, au XVIe siècle, des hymnes – de la même manière qu’au premier siècle ils furent utilisés pour encourager les martyrs dans leurs souffrances. Nous avons vu Luther, en 1523, les utiliser pour célébrer les martyrs de Bruxelles ; d'autres enfants de la Réforme emboitèrent ses pas ; les hymnes se multiplièrent ; ils se répandirent rapidement parmi le peuple, et contribuèrent puissamment à l’éveiller du sommeil. " Il n'est pas difficile d’en venir approximativement à l'ordre de composition des hymnes de Luther. Le premier recueil de cantiques de la Réforme – sinon le premier recueil d’hymne à être imprimé – fut édité à Wittenberg en 1524, et contenait huit hymnes, quatre d'entre eux composés de la plume de Luther lui-même ; des quatre autres, pas moins de trois étaient de Paul Speratus, et l'un de ces trois, l'hymne " Es ist das Heil ", suscita chez Luther un tel plaisir lorsqu’il l’entendit chanter sous sa fenêtre par un vagabond de Prusse [4]. Trois des contributions de Luther à ce petit livre étaient des versions des Psaumes - les XII, XIV, et CXXX - et la quatrième était l’expression émouvante d'une expérience religieuse personnelle, " Nun fruet euch, lieben Christen g'mein. " Mais les critiques peuvent à peine se tromper en assignant une date aussi précoce à la ballade des Martyrs de Bruxelles. Leur martyre eut lieu le 1er juillet 1523, et le " Nouveau Cantique " devait être inspiré par l'histoire lorsqu’elle fut la première fois rapportée à Wittenberg, bien qu'on ne le trouve pas sous presse jusqu’à l’" Enchiridion ", qui suivit les " Huit Hymnes ", plus tard dans la même année, sortant de l’imprimerie d'Erfurt, et contenant quatorze des hymnes de Luther en plus des quatre déjà édités. Dans le recueil d’hymnes publié en 1525 par le compositeur Walter, l'ami de Luther, se trouvaient six hymnes supplémentaires de Luther. Et en 1526, fut publié le livre La messe allemande et l'ordre divin du culte contenant " le Sanctus Allemand ", une versification d’Esaïe 6. Des onze restants, six apparurent d'abord dans les éditions successives du recueil d’hymnes de Joseph Klug, imprimé à Wittenberg, en 1535 et 1543. Il est approprié que, pour donner un caractère commémoratif à l'édition actuelle, les hymnes y soient disposés dans l'ordre chronologique. Les mélodies qui sont ici imprimées accompagnant les hymnes de Luther sont parmi celles qui leur étaient associées de son vivant. Certaines d'entre elles, comme les hymnes auxquels elles étaient associées, proviennent de l’hymnodie plus ancienne des églises allemandes et latines. D'autres, comme les mélodies " Vom Himmel hoch ", " Ach Gott vom Himmel ", et " Christ unser Herr zum Jordan kam ", sont supposées avoir été des mélodies séculaires, à l'origine. Mais qu’un grand nombre des airs qui apparurent simultanément en liaison avec les hymnes de Luther tirent leur origine de Luther lui-même, il ne semble là n’y avoir aucune bonne raison d’en douter. La délectation singulière qu’éprouvait Luther et ses talents musicaux sont certifiés par une centaine de témoignages contemporains de son époque. Son enthousiasme pour la musique déborde dans ses Lettres et son Discours de Table. Il aimait s'entourer de musiciens accomplis, avec lesquels il pratiquait les motets complexes des maîtres de son époque ; et ses remarques critiques sur leurs divers styles ont été retrouvées. Au moins un document manuscrit prouve qu’il a composé des mélodies accompagnant ses propres paroles : on peut voir, annexé à l'édition fine quarto des hymnes de Luther de von Winterfeld (Leipzig, 1840) un fac-similé de l'ébauche originale de " Vater Unser ", avec une mélodie esquissée dans la notation musicale sur un cantique de cinq lignes, et ensuite effacée, évidemment à la main. Mais peut-être que le témoignage le plus direct de son travail réel en tant que compositeur peut être trouvé dans une lettre du compositeur John Walter adressée à l'Electeur de Saxe, écrite dans sa vieillesse dans le but expresse de raviver ses réminiscences de son illustre ami Luther, le musicien dans l’Eglise. " Je peux certifier, en toute connaissance ", écrit Walter, " que ce saint homme de Dieu, Luther, prophète et apôtre pour la nation allemande, prenait grand plaisir dans la musique, autant en composition chorale qu’en figural. Avec lui, j'ai passé de nombreuses heures admirables et délectables dans le chant, et j’ai souvent vu le cher homme devenir si heureux et joyeux dans le cœur grâce au chant qu’il était quasiment impossible de le lasser ou de le contenter autrement. Et son discours au sujet de la musique était empreint d’une rare noblesse. Il y a environ quarante ans, quand il introduisit la messe en allemand à Wittenberg, il écrivit à l'Electeur de Saxe et au Duc Johannsen, de mémoire illustre, les priant d'inviter à Wittenberg le vieux musicien Conrad Rupff et moi-même, afin que nous discutions avec lui du caractère et de la notation appropriée des Huit Mélodies ; et il décida lui-même finalement d’attribuer la Huitième Mélodie à l'épître et la Sixième Mélodie à l'Evangile, en donnant cette explication pleine de sagesse : " Notre Seigneur le Christ est un bon ami, et ses paroles sont pleines d'amour; ainsi nous prendrons la Sixième Mélodie pour l'Evangile. Et puisque saint Paul est un apôtre très fervent, nous donnerons la Huitième Mélodie à l'épître. " Ainsi, il composa lui-même les notes pour les épîtres, et les évangiles, et les Paroles de l’Institution du Corps et du sang véritables de Christ, et les chanta devant moi afin de solliciter mon jugement. Il me fit rester pendant trois semaines à Wittenberg, afin que je composasse les notes sur certains des évangiles et des épîtres, jusqu’à ce que la première messe en allemand fût chantée dans l'église de la paroisse. Et je dus rester pour l'entendre, et prendre avec moi une copie de la messe à Torgau pour la présenter à Sa Grâce l'Electeur de la part du Docteur Luther. En outre, il donna des ordres pour rétablir les vêpres, qui, dans beaucoup d'endroits, étaient tombés en désuétude, avec de courts hymnes de chorale en allemand pour les étudiants et les garçons ; de plus, il demanda que les étudiants latinistes, rassemblant leur pain, pussent chanter de maison en maison les hymnes latins appropriés à la saison. Il ne se satisfaisait pas de ce que les étudiants latinistes dussent ne chanter dans les rues que des cantiques allemands....Les cantiques les plus profitables à la multitude du peuple sont les psaumes et les hymnes en allemand, tant ceux de Luther que ceux qui ont été composés avant lui ; mais les chants latins sont utiles pour les savants et les étudiants. Nous voyons et entendons et appréhendons clairement comment le Saint-Esprit Lui-même a travaillé non seulement dans le cœur des auteurs des hymnes latins, mais également dans celui de Luther, qui, à notre époque, a tenu un rôle magistral en composant les hymnes allemands chantés en chorale, et en les transposant en mélodies ; comme cela peut se voir, entre autres dans le Sanctus Allemand (" Jesaia dem Propheten das geschah "), il adapta magistralement bien toutes les notes au texte, selon le juste accent. En ce temps-là, Sa Grâce l’Electeur me demanda de poser la question à Luther de savoir comment ou où il avait reçu cette composition ou cette instruction ; sur quoi le cher homme rit de ma simplicité, et dit : " J'ai appris ceci du poète Virgil, qui a le pouvoir si artistiquement travaillé d'adapter ses vers et ses mots à l'histoire qu'il raconte ; de la même manière, la musique doit-elle régir toutes ses notes et mélodies par le texte. " [5] Il semble superflu d'ajouter à ce témoignage les mots de Sleidan, l'historien presque contemporain de Luther, qui dit expressément au sujet de " Ein 'feste Burg " que Luther avait composé pour ce dernier une mélodie singulièrement appropriée aux paroles, et travaillée pour remuer le cœur [6]. S’il devait y avoir un hymne et une mélodie qui indiquent leur propre histoire constituée à partir d’une origine commune et simultanée, sans besoin de confirmation par des preuves externes, ce sont bien ceux-ci. Jusqu'à un degré tout à fait sans parallèle dans l'histoire de la musique, la puissance des mélodies de Luther, aussi bien que celle de ses paroles, est manifeste après trois siècles, au-dessus des maîtres de l'art, aussi bien qu'au-dessus du peuple. Ceci est particulièrement vrai du cantique " Ein 'feste Burg ", dont Heine prédisait, sans se tromper, qu’il serait encore entendu de manière semblable en Europe aujourd’hui comme autrefois. Les compositeurs des XVIe et XVIIe siècles apposèrent leurs artifices raffinés sur ce cantique. Le génie suprême de Sébastien Bach en fit un sujet d’étude [7], et dans nos propres époques, il fut employé, avec un effet remarquable, dans la Symphonie de la Réforme de Mendelssohn, dans une ouverture de Raff, dans le noble " Festouverture " de Nicolai, et dans le " Kaisermarsch " de Wagne ; et il est présenté avec une emphase récurrente dans le chef d'œuvre de Meyerbeer, " Les Huguenots." (…) Et maintenant la conclusion appropriée à cette introduction, qui, comme le reste du volume, est à un degré si léger le travail de l’éditeur, est d’ajouter les préfaces successives écrites de la plume de Luther qui accompagnèrent les recueils d’hymnes successifs édités pendant sa vie et sous sa supervision. Leonard WOOLSEY BACON Notes : 1. Cité dans Christian Examiner, 1860, p. 240 ; transcription Philadelphie, 1875. 2. L'impression populaire que cet hymne " Ein 'feste Burg " a été produit dans ces circonstances est due, sans aucun doute, à un parallèle, dans la troisième strophe, avec la phrase célèbre imputée à Luther et prononcée la veille de la Diète de Worms : " J’irai, quand bien même il y aurait autant de diables dans la ville que de tuiles sur les toits. " La date de sa composition fut l'année 1529, juste avant la Diète d'Augsbourg. Dans le cas où il n’aurait pas été écrit dans son refuge provisoire, le noble " Burg " ou " Festung " de Cobourg, il devait souvent y être chanté par lui ; et il fut chanté, indique Merle d'Aubigné, " pendant la Diète, non seulement à Augsbourg, mais également dans toutes les églises de la Saxe. " 3. Cette expression très souvent citée est de Richter. On rapporte que Mélanchton l’aurait prononcée, regardant une image de Luther : " Fulmina erant singula verba tua. " 4. Merle d'Aubigné, Histoire de la Réformation, vol. III. 5. Ce document intéressant et caractéristique a été d'abord imprimé dans le Syntagma Musicum de Michael Praetorius, dont plusieurs harmonies se trouvent dans ce volume. Il a été à plusieurs reprises copié depuis. Je l’ai récupéré de l’ " Ueber D. Martin Luthers Verdienst um den Kirchengesang, oder Darstellung desjenigen was er als Liturg, als Liederdichter und Tonsetzer zur Verbesserung des oeffentlichen Gottesdienstes geleistet hat. Hamburg, 1813", de Rambach. 6. Cité dans Rambach, p. 215. 7. Dans plus d'une de ses cantates, particulièrement celle pour le Reformationsfest. PREMIERE PREFACE DE LUTHER A propos de " Geystliche Gsangbuechlin, Erstlich zu Wittenberg, und volgend durch Peter schoeffern getruckt, im jar_ m. d. xxv. Autore Ioanne Walthero. " Qu’il soit bon et que cela plaise à Dieu que nous chantions des cantiques spirituels, c’est, je pense, une vérité qu'aucun chrétien ne peut ignorer ; puisque non seulement l'exemple des prophètes et des rois de l’Ancien Testament (qui louaient Dieu avec des chants et de la musique, la poésie et toutes sortes d’instruments à cordes) mais également la pratique dans la matière de toute la chrétienté depuis le commencement, particulièrement en ce qui concerne les psaumes, sont bien connus de chacun : oui, saint Paul recommande également la même chose (1 Corinthiens 14) et ordonne aux Colossiens, dans le troisième chapitre, de chanter des cantiques et des psaumes spirituels de tout leur cœur au seigneur, afin que, de cette manière, la Parole de Dieu et la doctrine chrétienne soient promues et pratiquées. En conséquence, pour bien commencer et pour encourager d'autres à faire mieux, j'ai moi-même, avec certains autres, rassemblé quelques hymnes, afin de mettre pleinement en avant l'Evangile béni, qui, par la grâce de Dieu, s’est de nouveau levé : pour que nous puissions nous glorifier, comme Moïse dans son cantique (Exode 15), de ce que Christ est devenu notre louange et notre chant, et que, soit que nous chantions, soit que nous parlions, nous ne connaissions rien d’autre que Christ notre Sauveur, comme le dit saint Paul (1 Corinthiens 2). Ces cantiques ont été répertoriés en quatre parties, pour aucune raison autre que parce que j'ai souhaité fournir à nos jeunes (qui à la fois veulent et devraient être instruits dans la musique et d'autres sciences) quelque chose par lequel ils pourraient se débarrasser des chansons d’amour et charnelles, et à leur place, apprendre quelque chose de sain, et s’appliquer ainsi à eux-mêmes ce qui est bon avec plaisir, comme doivent apprendre à le faire les jeunes gens. En outre, je ne suis pas d’avis que toutes les sciences doivent être dépréciées et abandonnées du fait de l'Evangile, comme quelques fanatiques le prétendent ; mais je verrais volontiers l’Eglise utiliser tous les arts, et la musique en particulier, au service de Celui qui les a donnés et créés. Par conséquent, je supplie chaque chrétien pieux de recevoir favorablement ces hymnes, et d'aider à faire avancer mon entreprise, selon que Dieu lui aura donné plus ou moins de capacités. Le monde n’est, hélas, pas aussi soucieux et diligent dans la formation et l’enseignement prodigués à notre pauvre jeunesse, mais nous devrions aller de l'avant en favorisant la même chose. Que Dieu nous accorde sa grâce. Amen. DEUXIEME PREFACE DE LUTHER Des Hymnes Funèbres : " Christliche Geseng, Lateinisch und Deudsch, zum Begrebnis. Wittemberg, Anno m. d. xlii. " Du Dr Martin Luther au lecteur chrétien. Saint Paul écrit aux Thessaloniciens qu’ils ne devraient pas s’affliger pour les morts comme les autres qui n'ont aucune espérance, mais devraient se consoler les uns les autres avec la Parole de Dieu, car ils possèdent une espérance sûre en ce qui concerne la vie et la résurrection des morts. Car nous ne devrions pas être surpris de ce que ceux qui n’ont aucune espérance se lamentent. Et ils ne doivent pas non plus, en effet, en être blâmés, puisque, étant exclus de la foi en Christ, ils doivent ou considérer et aimer la vie présente seulement, et être peu disposés à la perdre, ou, après cette vie, rechercher la mort éternelle et la colère de Dieu en enfer, et être peu réticents à courir ça et là. Mais nous les chrétiens qui avons été rachetés de tout cela par le sang précieux du Fils de Dieu, devrions nous exercer et nous habituer, dans la foi, à dédaigner la mort, pour ne la regarder que comme une musique profonde, un doux sommeil, et ne considérer le cercueil comme rien d’autre que la poitrine de notre Seigneur le Christ, ou le paradis, et le tombeau rien d’autre qu’une douce couche où nous reposer; comme, en effet, les choses le sont du point de vue de Dieu, comme Il l’a dit dans Jean 11:11 : " Notre ami Lazare dort "; et en Matthieu 9:24 : " La jeune fille n'est pas morte mais elle dort. " De manière similaire, saint Paul, dans 1 Corinthiens 15, détourne nos regards de l’aspect répulsif de la mort dans nos corps qui dépérissent, et ne met en avant rien d’autre que la vision magnifique et pleine de délice de la vie, quand il dit : " Le corps est semé corruptible; il ressuscite incorruptible; il est semé méprisable (c’est-à-dire sous une forme dégoûtante et vile), il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel " (1 Corinthiens 15:42-44). En conséquence, avons-nous, dans nos églises, aboli, supprimé les horreurs papales, telles que les veilles, les messes pour les âmes défuntes, les obsèques, le purgatoire, et toutes les autres momeries pour les morts, et y mettant un terme de fond en comble, et nous n'aurons plus jamais nos églises transformées en lieux de lamentations et en maisons de deuil, mais, comme les Pères de l’Eglise les appelaient, en " cimetières ", c'est-à-dire, en des lieux de repos et de sommeil. Nous ne chantons, de plus, près de nos morts et sur leurs tombes, aucun chant funèbre ni lamentations, mais des cantiques de consolation qui parlent de la rémission des péchés, du repos, du sommeil, de la vie et de la résurrection des croyants partis, afin d’affermir notre foi, et d’éveiller le peuple à une vraie piété fervente. Car il est convenable et juste de donner soigneusement honneur à l'enterrement des morts, d’une manière digne de cet article béni de notre foi, la résurrection des morts, et au dépit de cet ennemi redoutable, la mort, qui nous attaque si honteusement et continuellement comme une proie, par toutes les horribles manières et formes possibles. En conséquence, comme nous l’avons lu, les saints patriarches, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, et le reste, célébraient leurs enterrements avec grande pompe, et avec beaucoup de diligence; et après cela, les rois de Juda célébraient de splendides cérémonies pour les morts, avec de l'encens coûteux provenant de toutes espèces d’herbes précieuses, pour cacher de ce fait l'offense et la honte de la mort, reconnaissant et glorifiant la résurrection des morts, et pour soulager ainsi les faibles dans la foi et ceux qui souffraient. De la même manière, jusqu’à ce jour, les chrétiens ont eu l’habitude de traiter honorablement les corps et les tombes des morts, en les décorant, en chantant près d'eux et en les ornant de monuments. De toute importance est cette doctrine de la résurrection, afin que nous y soyons fermement fondés; car elle est notre réconfort et notre joie durables, bénis et éternels, contre la mort, l'enfer, le diable et tout chagrin du cœur. Comme bon exemple de ce qui devrait être employé à cette fin, nous avons pris la musique douce ou les mélodies qui, selon la règle papale, sont utilisées aux veillées, aux enterrements et aux messes pour les morts, et dont nous avons imprimé certaines dans ce petit livre; et il est dans notre intention, quand le temps viendra, d’en ajouter d'autres, ou de le faire faire par des mains plus compétentes. Mais nous avons placé d'autres paroles sur ces mélodies, de telle sorte que ce soit notre doctrine de la résurrection qui soit mise en relief, et non pas celle du purgatoire avec ses douleurs et expiations, par lesquelles les morts ne peuvent ni dormir ni se reposer. Les notes et les mélodies sont d’un grand prix; il était dommage de les laisser périr; mais les paroles associées étaient non chrétiennes et grossières, ainsi donc laissons-les périr. Il est juste de dire que, comme sur d'autres sujets, les catholiques excellent et nous devancent considérablement, ayant de splendides rites cultuels, de magnifiques couvents et abbayes; mais les prédications et les doctrines que l’on peut y entendre, pour la plupart, servent le diable et déshonorent Dieu, qui, néanmoins, est Seigneur et Dieu sur toute la terre, et devrait avoir tout ce qu’il y a de plus juste, de meilleur et de plus noble en toutes choses. De même ont-ils des tombeaux coûteux faits d'or et d'argent, avec des images constituées de gemmes et de bijoux; mais à l’intérieur se trouvent les os d’hommes morts, aussi fétides et corrompus que dans n'importe quel sépulcre. Ils ont également des vêtements de cérémonie coûteux, des chasubles, des chapes, des mitres, mais qu’ont-ils dans le cœur? Ce sont des ventres paresseux, des loups corrompus, des impies, persécutant et déshonorant la Parole de Dieu. De la même façon, ils ont une musique très noble, particulièrement dans les abbayes et les églises de paroisse, utilisée pour agrémenter les paroles les plus viles et les plus idolâtres. C’est pourquoi nous avons dépouillé cette noble musique des paroles idolâtres, dénuées de vie, folles, en la mettant sur la Parole vivante et sainte de Dieu, par laquelle nous chantons, louons et honorons Dieu, afin qu’ainsi le magnifique ornement de la musique, ramenée à son bon usage, puisse servir son Créateur béni et son peuple chrétien; de sorte que Dieu soit loué et glorifié, et afin qu’à travers sa sainte Parole imprimée sur nos cœurs avec des chants doux, nous soyons édifiés et affermis dans la foi. Dans ce but, aide-nous Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen. Pourtant, ce n’est pas dans notre intention que ces mélodies soient précisément chantées dans toutes les églises. Que chaque église garde ses propres cantiques suivant son recueil de cantiques et son habitude. Car moi-même je n'écoute pas avec plaisir dans les cas où les notes d’un hymne ont été changées, et qu’il est chanté parmi nous d'une manière différente de celle dont j’ai été habitué dès ma jeunesse. Le point principal consiste à corriger les mots, pas la musique. [Suit ensuite une sélection de passages bibliques recommandés comme étant appropriés aux épitaphes.] TROISIEME PREFACE DE LUTHER A propos du recueil d’hymnes imprimé à Wittenberg par Joseph Klug, 1543. Certains, par leurs additions à nos hymnes, ont clairement prouvé qu'ils me surpassent de loin dans cette matière, et peuvent très bien se considérer comme mes maîtres. Mais certains, en revanche, y ont ajouté peu de cantiques qui aient de la valeur. Et dans la mesure où je vois qu'il n'y a aucune limite à cette modification perpétuelle par chacun, aléatoirement, selon son propre goût, de sorte que plus nos plus anciens hymnes sont pervertis, plus ils sont imprimés, je crains que ce petit livre subisse le même sort que celui qui attend toujours les bons livres, c’est-à-dire qu’à force d’être manipulé par des mains incompétentes, il y ait tant d’ajouts artificiels et qu’il devienne si abîmé qu’il n’en sortira plus aucun bien, et que rien ne puisse être conservé pour l’usage sinon ce qui est sans valeur. Nous voyons dans le premier chapitre de saint Luc qu’au commencement tout le monde voulait écrire son évangile, au point que, parmi la multitude des récits évangéliques, le véritable Evangile était bien près d’être perdu. La même chose a été dite des œuvres de saint Jérôme et de saint Augustin, et de beaucoup d'autres livres. En bref, il y aura toujours de l’ivraie semée au milieu du blé. Dans le but d’éviter ce mal autant que possible, j'ai, une fois de plus, mis à jour ce livre, et ai inséré nos propres hymnes placés dans l'ordre de leurs titres, en mentionnant mon nom, ce qu'autrefois j’avais coutume de ne pas faire dans l'intérêt de ma réputation, mais ce que je suis désormais contraint de faire par nécessité, par crainte que des cantiques étranges et peu convenables viennent à être vendus sous notre nom. Après ces derniers, sont placés les autres hymnes, que nous considérons comme bons et utiles. Je prie et sollicite tous ceux qui tiennent en haute estime la pure Parole de Dieu que, dorénavant, sans notre consentement et sans que cela soit porté à notre connaissance, ils ne procèdent à aucune autre addition ou changement dans ce recueil qui nous appartient; et que, quand ce dernier est modifié sans que nous en ayons connaissance, l’on comprenne pleinement que le recueil ainsi modifié n’est pas notre recueil édité à Wittenberg. Chacun a le droit de produire son propre recueil de chants, mais qu’il laisse notre livre, qui nous est propre, libre de tout ajout, tel que nous le réclamons, et sollicitons. Car il nous plaît de maintenir nos propre normes, sans interdire à personne de faire mieux pour lui-même. Que maintenant le nom de Dieu seul soit loué, et que nous ne cherchions pas à nous faire notre propre nom. Amen. QUATRIEME PREFACE DE LUTHER A propos du recueil de cantiques de Valentine Bapst, Leipzig, 1545. Le psaume 96 dit : "Chantez à l’Eternel un cantique nouveau ! Chantez à l’Eternel, vous tous, habitants de la terre !" (Psaumes 96:1) Le service divin dans l’ancienne dispensation, sous la loi de Moïse, était dur et fatiguant. Les hommes devaient offrir de nombreux et divers sacrifices, pris de tout ce qu’ils possédaient, aussi bien dans leurs maisons que dans leurs champs, ce que les Hébreux, étant oisifs et avides, faisaient à contrecœur ou dans le but d’en retirer un certain avantage temporel; comme le dit le prophète Malachie, au chapitre 1 : " Lequel de vous fermera les portes, pour que vous n’allumiez pas en vain le feu sur mon autel ?" (Malachie 1:10). Mais là où il y a un tel cœur oisif et mesquin, il ne peut y avoir aucune louange, ou du moins aucune louange saine et agréée de Dieu. Pleins de chaleur et joyeux nous devrions être dans le cœur et l'esprit, quand nous chantons. Aussi Dieu n’a-t-Il pas pu supporter une telle offrande vide et mesquine et l’a-t-Il repoussée, comme Il le dit plus loin : "Lequel de vous fermera les portes, pour que vous n’allumiez pas en vain le feu sur mon autel ? Je ne prends aucun plaisir en vous, dit l’Eternel des armées, et les offrandes de votre main ne me sont point agréables. Car depuis le lever du soleil jusqu’à son couchant, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on brûle de l’encens en l’honneur de mon nom et l’on présente des offrandes pures; car grand est mon nom parmi les nations, dit l’Eternel des armées" (Malachie 1:10-11) ? Ainsi, dorénavant dans le Nouveau Testament, il y a un meilleur culte, ce dont parle le psaume 96 : " Chantez à l’Eternel un cantique nouveau ! Chantez à l’Eternel, vous tous, habitants de la terre ! " Car Dieu a mis de la joie dans nos cœur et nos pensées à travers son cher Fils qu’Il a donné pour nous racheter du péché, de la mort et du diable. Quiconque croit sincèrement cela ne peut que chanter et parler de cette bonne nouvelle avec joie et plaisir, afin que d'autres également puissent entendre et venir. Mais celui qui ne parle pas et ne chante pas cette grande vérité, c'est un signe qu'il ne la croit pas, et n’appartient pas à la Nouvelle Alliance mais à l’Ancienne Alliance, morne et sans joie. Par conséquent, c’est une bonne chose de la part des éditeurs qu'ils usent de diligence pour imprimer des hymnes de qualité, en les rendant agréables aux gens, avec toutes les sortes d'embellissements, afin qu'ils puissent être gagnés à cette joie en croyant à l’Evangile, et puissent la chanter. Et puisque cette édition de Valtin Bapst (pape) est préparée dans un style impeccable, que Dieu lui accorde de produire de grands dommages à ce " Bapst " romain qui, par ses ordonnances maudites, intolérables et abominables n'a introduit rien d’autre dans le monde que des lamentations, le deuil et la misère. Amen. Je dois apporter la précision que le cantique suivant qui est chanté aux enterrements, " Nun lasst uns den Leib begraben, " qui porte mon nom, n'est pas mien, et mon nom ne doit pas de fait y être associé. Non pas que je le rejette, parce que je l’apprécie beaucoup, et qu’il a été composé par un grand poète, du nom de Johannes Weis (note : Luther confond ici avec Michael Weysse, auteur d’un recueil de cantiques moraves de 1531), - qui est seulement un petit peu visionnaire au sujet de la sainte Cène; mais c’est que je ne m'approprierais pas le travail d'un autre homme. En outre, dans " De Profundis ", lisez ceci : "Des muss _dich_ fuerchten jedermann." Soit par erreur ou dans un but intentionnel, la phrase suivante est imprimée à la place dans la plupart des livres : "Des muss _dich_ fuerchten jedermann." "Ut timearis". En hébreux, nous lisons comme dans Matthieu 15 : " C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes " (Matthieu 15:9). Voir également les psaumes 14 et 53 : " Ils n’invoquent point l’Eternel. C’est alors qu’ils trembleront d’épouvante " (Psaumes 14:4-5). C'est-à-dire qu’ils peuvent prendre extérieurement, de manière à être vus des hommes, une attitude d'humiliation, se mettant à genoux, et se courbant dans l’adoration là où je ne prendrais part à aucun culte. En conséquence, c'est la signification des paroles suivantes : " Puisque le pardon des péchés ne peut être trouvé nulle part d'autre, sinon en toi, aussi doivent-ils abandonner toute idolâtrie, et venir avec un cœur disposé, courbés et agenouillés devant toi, en rampant dans la poussière jusqu'à la croix, et ne donner honneur qu’à toi seul, et se réfugier en toi, vivant par ta grâce, et non pas par leur propre justice, etc.. " UNE PREFACE A TOUS LES BONS RECUEILS DE CANTIQUES Par le Dr. Martin Luther Tiré du recueil d’hymnes de Joseph Klug, Wittenberg, 1543.
" Madame Musique Parle. " De toutes les joies qui sont sur terre, Il n’en est aucune qui ait de plus grande valeur, et qui me soit plus chère Que ce qu’on peut trouver dans mes doux cantiques, Et dans le son des divers instruments. Là où amis et camarades chantent à l’unisson, Toutes les passions mauvaises disparaissent bientôt ; La haine, la colère, l’envie, ne peuvent pas subsister, Toutes les tristesses et les chagrins du cœur s’évanouissent; Toutes les convoitises de la richesse, les désirs qui attirent, Sont tous oubliés tandis que nous chantons. Librement nous y prenons joie, Parce que ce doux plaisir n'est aucunement péché, Mais plaît à Dieu bien plus, nous le savons, Que toutes les joies que le monde peut exhiber ; Il empêche le travail du diable, Et entrave beaucoup d’œuvres mortelles. Il eut raison autrefois du Roi Saul ; Quand David pinça les cordes de son harpe en or, Ses sons résonnèrent d’une manière si douce et claire Que les pensées meurtrières de Saul furent mises en déroute. Le cœur se tranquillise quand il m’entend, Et s'ouvre à la vérité et à la Parole de Dieu ; C’est ce que nous enseigne Elisée Qui, à la harpe, cherchait l’Esprit. La meilleure période de l'année est la mienne, Quand tous les petits oiseaux se rassemblent Pour chanter jusqu'à ce que la terre et l'atmosphère Soient remplis partout de bruits doux ; Et que le plus tendre des rossignols Rend joyeux chaque forêt et chaque vallée, Leur chantant son chant d'amour – encore et encore, Ce dont nous le remercions pour toujours. Mais pourtant plus de remerciements de notre part sont dus Au cher Seigneur qui l'a faite ainsi, Un chantre susceptible de toucher le cœur, Maître de l’art qui m’est le plus cher. À Dieu elle chante nuit et jour, Sans se lasser, Le louant continuellement ; Lui que moi aussi je loue dans chaque chant, Lui à qui toute la reconnaissance et la louange reviennent. Traduit de l’allemand en anglais par Catharine WINKWORTH.
Un avertissement par le Dr. Martin Luther. Viel falscher Meister itzt Lieder tichten Sihe dich fuer und lern sie recht richten Wo Gott hin bawet sein Kirch und sein wort Da will der Cenfel sein mit trug und mord. Wittenberg, 1543; Leipzig, 1545 " Les faux maîtres abondent aujourd’hui, qui débitent des chants; prenez garde à eux, et apprenez à les reconnaître : là où Dieu édifie son Eglise et délivre sa Parole, il ne peut s’y trouver des meurtres et des mensonges qui viennent de Satan. " Traduction par R. MASSIE.
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