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Notre Maison de Campagne - Le Fruit des Prières d'un Père Par John G. Paton, missionnaire aux Hébrides
Trois fois par jour, généralement après chaque repas, nous voyions notre père se retirer et "fermer la porte;" et nous les enfants comprenions par une sorte d'instinct spirituel que des prières y étaient déversées pour nous, tout comme le Grand Sacrificateur au-delà du voile dans le Lieu Très Saint. Nous entendions de temps en temps les échos pathétiques d'une voix tremblante, qui élevait des supplications comme si la vie était en jeu, et nous avions appris à nous faufiler devant la porte sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger la sainte communion. Il est possible que le monde extérieur ne sût pas, mais nous, nous savions, d’où venait cette heureuse lumière qui descendait sur le visage de mon père. C'était un reflet de la Divine Présence de Dieu. Jamais, dans un temple ou une cathédrale, sur la montagne ou dans la vallée, ne puis-je espérer sentir que le Seigneur Dieu est plus près, marchant et parlant avec les hommes plus visiblement que sous le toit de cette humble maison de campagne. Quoique toutes les autres choses dans mon expérience chrétienne fussent, par l’effet de quelque catastrophe impensable, balayées de ma mémoire, ou ternies dans mon entendement, mon âme revenait en errant sur ces premières scènes et s’enfermait de nouveau dans ce Lieu Secret du Sanctuaire. J’entends toujours les échos de ces cris poussés vers Dieu, qui repoussent tout doute par le victorieux appel: "Il a marché avec Dieu, pourquoi ne le pourrais-je pas?" Quelque part dans sa dix-septième année à peu près, mon père traversa une crise dans son expérience chrétienne et depuis ce jour il suivit ouvertement et de façon très résolue le Seigneur Jésus. A cette époque-là, il commença cette tradition bénie de la Prière de Famille, matin et soir, que mon père pratiqua sans une seule omission jusqu’au jour où il se reposa sur son lit de mort, à soixante-dix-sept ans. Même le dernier jour de sa vie, une partie des Ecritures fut lue et on entendit sa voix s’accorder doucement au Psaume et ses lèvres murmurer la prière du matin et du soir. Aucun de nous ne peut se rappeler qu’il s’est passé un seul jour sans culte familial. Ni précipitation pour aller au marché, ni assaut dans les activités, ni arrivée d'invités, ni problème ou ni peine, ni joie, ni excitation, ne nous a jamais empêchés au moins de nous mettre à genoux autour de l'autel de famille, tandis que le Grand Sacrificateur amenait nos prières à Dieu pour lui-même et ses enfants. Notre lieu de culte était l'Église Presbytérienne Reformée de Dumfries, à six bons kilomètres de notre maison. Selon la tradition, pendant quarante ans, mon père a été empêché seulement trois fois d’assister au culte d'adoration de Dieu. Une fois à cause de la neige qui fut si abondante qu'il en fut déconcerté et dut revenir; une autre fois à cause du verglas sur la route, ce qui était si dangereux qu'il fut forcé de rentrer en rampant sur ses mains et ses genoux; et une fois encore à cause d’une terrible épidémie de choléra. Tout voyage entre la ville et les villages environnants fut publiquement interdit. Les fermiers et les villageois, soupçonnant que le choléra ne réussirait pas du tout à faire rester mon père à la maison le jour du Sabbat, envoyèrent une délégation à ma mère le samedi soir pour lui recommander vivement de restreindre ses dévotions pour une fois! Chacun de nous, dès notre jeune âge, considérait que ce n’était aucunement une punition, mais une grande joie, d’aller avec notre père à l'église; les six kilomètres étaient un plaisir pour nos jeunes cœurs, et de temps en temps certaines des merveilles de la vie urbaine récompensaient nos yeux désireux. Nous avions des lectures spéciales de la Bible le soir du Jour du Seigneur et le Catéchisme Abrégé était régulièrement parcouru de long en large. Oh, je peux me rappeler ces joyeuses soirées de Sabbat; il n’y avait aucun voile terne interposé, qui nous empêchait de voir le soleil, comme certains l’affirment scandaleusement; mais c’était un jour saint, heureux, entièrement humain, destiné à un père, une mère et des enfants chrétiens. Nous étions onze à avoir été élevés dans une telle maison; et jamais on a entendu dire ou jamais on n’entendra dire d’un des onze, que le Sabbat était morne ou fatigant pour nous. Mais que Dieu vienne en aide à ces maisons où ces choses sont dues par force et non par amour! La discipline même par laquelle notre père nous faisait passer était une sorte de religion en elle-même. Si quoi que ce fût de vraiment sérieux exigeait d'être puni, il se retirait d'abord à son lieu secret pour prier et nous les garçons apprîmes à comprendre qu'il remettait la question entière devant Dieu; et ceci était pour moi la partie la plus sévère de la punition à supporter! J’aurais pu défier n'importe quelle somme de pure punition, mais cette chose-là parlait à ma conscience comme un message de Dieu. Nous l’aimions d'autant plus lorsque nous vîmes combien cela lui avait coûté de nous punir. Et en vérité, il n’eut jamais beaucoup à effectuer de cette sorte de travail sur n'importe lequel de tous les onze. Nous étions gouvernés beaucoup plus par l'amour que par la crainte. Sa vie longue et droite fit de lui un grand favori dans tous les cercles chrétiens loin et près du voisinage. Aux chevets des malade et aux obsèques on l’envoya constamment chercher et il y fut très apprécié. Cette appréciation augmenta énormément, au lieu de diminuer, à mesure que les années blanchissaient ses longues mèches flottantes et lui donnaient la beauté apostolique. Son heureux associé, "Wee Jen," mourut en 1865 et lui-même en 1868. Dans ce monde, ou dans n'importe quel monde, tous leurs enfants se lèveront à la mention de leurs noms et les appelleront bénis!
Source: The Watchword
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