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César Malan
Le Doux et l'Amer de l'Evangile

Par Patrick Chenaux

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« Je pris donc le petit livre de la main de l’ange, et je le dévorai : et il était doux dans ma bouche comme du miel; mais quand je l’eus dévoré, mes entrailles furent remplies d’amertume » (Apocalypse 10:10).

Les enfants de Dieu connaissent la douceur de l’Evangile quand ils le lisent ou l’entendent prêcher à l’église, le dimanche matin. Cet Evangile est doux et réjouit notre cœur car il nous parle de celui qui est tout pour nous : notre Seigneur Jésus-Christ.

Une fois dévoré, médité et mis en pratique, l’Evangile vécu se révèle amer. A cause de ses conséquences, comme Jésus l’a annoncé dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 5:11-12).

Dans de nombreux autres passages, il est annoncé que l’Eglise connaîtra l’opposition du monde. L’Ecriture nous enseigne même que le croyant peut connaître l’hostilité au sein du peuple de Dieu, de l’Eglise. L’apôtre Paul d’abord, Athanase, Savonarole, Pierre Valdo, Martin Luther et tant d’autres ensuite l’ont connue, lorsque de faux docteurs agissent avec ardeur ou que l’Eglise apostasie.

Quand l’Eglise s’endort dans les compromis avec les fausses doctrines, avec la pensée du monde, le Seigneur suscite une «re-formation», selon l’expression de Pierre Courthial. Nous appelons ces événements salutaires, et douloureux, réveil ou réforme : ces deux mots étant synonymes ou presque. Si le peuple de l’Alliance devient infidèle, Dieu reste fidèle et envoie des juges pour sauver son peuple. Le Seigneur dérange celui-ci lorsqu’il s’éloigne de la vérité, se révolte, se détourne de son Dieu, de sa loi et de ses promesses.

César Malan, qui a connu le doux et l’amer de l’Evangile, a cru, vécu et prêché à Genève.

 

A) Le Réveil à Genève

Dans l’Eglise de Genève, en ce début du XIXe siècle, la lecture de la Bible est négligée, le Seigneur Jésus-Christ méconnu «dans ses caractères les plus essentiels pour la vie spirituelle du chrétien». La Vénérable Compagnie des pasteurs (fondée par Calvin) et l’Académie de Genève sont acquises à la théologie libérale. Schleiermacher, en particulier, y exerce une influence importante : la religion est essentiellement faite du sentiment d’une dépendance à l’égard de l’absolu. L’Eglise dérive en plein rationalisme. Les grands dogmes chrétiens sont niés. Pourtant, le Réveil va venir.

Tout commence dans un petit groupe d’étudiants en théologie. Ce groupe est influencé par quelques pasteurs fidèles (un reste, selon l’élection de la grâce), dont Cellerier père, Moulinié et le père d’Ami Bost. Ce dernier anime des réunions où l’influence morave se fait sentir. Parmi ces jeunes futurs pasteurs, on trouve des noms célèbres : Emile Guers, Henry Pyt et Henri-Louis Empeytaz. Dans ces réunions à forte tendance piétiste, les étudiants goûtent ce qu’ils ne trouvent ni au temple, ni à l’Académie. Pyt et Empeytaz fondent la Société des Amis en liaison avec les moraves. Tous ces étudiants en ont assez de l’intellectualisme rationaliste, mort, de l’Eglise. Ils veulent retrouver, pour eux-mêmes et pour leur famille, la piété de leurs pères.

La Vénérable Compagnie des pasteurs voit d’un mauvais œil la Société des Amis. Celle-ci dénonce tacitement par ses lectures, par sa prédication plus biblique, l’enseignement tordu de l’Eglise reconnue. On y lit L’Imitation de Jésus-Christ. On y lit et y étudie les catéchismes, les sermons de pasteurs fidèles et la Bible. Ces jeunes hommes connaissent diverses oppositions, jusque dans le cadre de leurs études. La Compagnie proclame que tous ceux qui fréquentent les moraves ne peuvent pas être admis comme pasteurs. Ainsi, après le doux, l’amer ! Empeytaz est exclu du ministère. Mais, grâce à Dieu, Ami Bost et Louis Gaussen sont consacrés pasteurs le 10 mars 1814. La Société des Amis grandit et l’on confie à Louis Gaussen la charge de l’office, qui dure trois heures. Durant ce service sont lus les méditations d’Ostervald, celles de Gaussen et les écrits de Jean Calvin.

Dans la Cité de Calvin brille ce petit groupe d’étudiants qui connaît rapidement l’opposition du clergé apostat, mais qui résiste par la foi. Dieu ne laisse pas son Eglise sans bergers et ce petit Réveil n’est qu’un début. Le Seigneur envoie des serviteurs qui vont être les instruments du Réveil de Genève. Ces hommes sont des laïcs anglais. Le premier, Richard Wilcox, est un disciple de Whitefield. En 1816, il organise des réunions chez lui. Nos jeunes étudiants s’y rendent. Wilcox insiste sur la doctrine du salut ignorée dans l’Eglise genevoise.

La tension entre la Vénérable Compagnie des pasteurs et la Société des Amis ne fait que s’aggraver. H.-L Empeytaz, qui vit maintenant en Allemagne, a envoyé depuis son «exil» un pamphlet anonyme intitulé : Considération sur la divinité du Christ adressée à Messieurs les étudiants de l’auditoire en théologie de l’Eglise de Genève : ceux qui nient la divinité du Christ renversent de fond en comble tout le plan de la religion chrétienne. Suite à ce pamphlet, un bras de fer s’installe entre la Vénérable Compagnie, soutenue par des étudiants favorables au libéralisme, et nos amis. Pyt et Guers jugent arienne la Compagnie. Ils rédigent, à la demande de celle-ci, une confession de foi. Pour ce faire, ils ont l’idée simple et géniale de recopier la Confession de foi de La Rochelle. On n’invente pas la foi ! Les professeurs de l’Académie et la fameuse Compagnie rejettent cette confession et jugent qu’elle est dangereuse et ouvre la porte à toute licence. Ainsi, ni le professeur d’histoire ni les autres professeurs de l’Académie n’ont reconnu ladite confession. C’est dire l’état spirituel lamentable de ces prétendus «gardiens de l’orthodoxie.»

En janvier 1817, Wilcox s’en va. Le Seigneur envoie alors un deuxième homme : Robert Haldane, un laïc anglais, qui est évangéliste. Le 6 février 1817, Haldane commente l’épître aux Romains devant vingt étudiants. Frédéric Monod le traduit. Le Réveil de Genève commence là, précisément avec cette épître, qui aura souvent bouleversé l’histoire des hommes. Pensons à saint Augustin qui s’est converti en la lisant, à Martin Luther qui a compris la justification par la foi en l’étudiant. Rappelons que tous les Réformateurs étaient augustiniens ! Dieu utilise à nouveau cette épître pour réveiller, reformer son Eglise à Genève.

Haldane est un calviniste. Il enseigne l’épître avec profondeur et fermeté. Arrivé au chapitre 9, il insiste sur l’élection de la grâce sans égard aux œuvres. Si l’élection ne dépend pas de nos œuvres, le salut est par pure grâce. Cependant, si Dieu choisit les siens selon son amour en Christ, nous ne sommes pas pour autant des antinomiens. En effet, nous ne sommes pas sauvés sans les œuvres, c’est-à-dire sans l’obéissance à la Loi de Dieu, qui découle de la foi et la confirme. Haldane est baptiste et César Malan, son disciple et ami, témoignera plus tard de sa fermeté et de son ouverture face aux autres. En effet, Haldane n’a jamais voulu imposer le baptisme à ses jeunes auditeurs. L’enseignement de notre évangéliste, bien que non séparatiste, ne passe pas inaperçu. La Vénérable Compagnie s’inquiète.

L’enseignement biblique de Haldane, provoque un réveil. La Parole de Dieu ne remontant pas au Seigneur sans effet, l’Esprit du Seigneur s’empare d’un homme convaincu par cet enseignement. Cet homme sera un «reformateur», un homme courageux qui connaît, dès son premier sermon sur la grâce, une opposition farouche. Son nom : César Malan.

 

B) César Malan : un homme de Dieu courageux

César Malan est né à Genève le 7 juillet 1787 dans une famille vaudoise, originaire de Mérindol, en Provence. La famille Malan est aisée. Le jeune César étudie et devient en 1809 régent de cinquième au collège de Genève. Il se révèle être un excellent pédagogue. Il étudie la théologie et devient pasteur en 1810. D’après lui, il n’est pas encore converti à ce moment-là. Plus tard, il rencontre Haldane. Fils spirituel de ce dernier, Malan se convertit en 1816. Dès lors, César Malan prêche le salut par grâce. Il possède une facilité d’élocution remarquable et des dons évidents de prédicateur. Malan enseigne toujours au collège. Il remplace l’enseignement des textes classiques par l’étude de la Sainte Ecriture. Il refuse le catéchisme d’Ostervald, qu’il trouve trop rationaliste.

Malan aime de tout son cœur la doctrine biblique. Il ne recherche pas l’unité en sacrifiant la vérité. Il est, en quelque sorte, un franc-tireur, malgré lui, parce qu’il aime la vérité biblique et qu’il recherche la pureté de la foi. Cette recherche le fera souffrir au sein de son Eglise et l’empêchera de rejoindre l’Eglise séparée du Réveil : l’Eglise du Bourg-de-Four. Malan n’apprécie pas les réunions de cette Eglise qu’il trouve trop sentimentales. Il désire rester attaché à l’Eglise nationale et refuse catégoriquement la dissidence.

Mais le fameux dimanche matin du 15 mars 1817, il prononce une troublante homélie :

« Ô pécheur qui te confies en toi-même, quand cessera ton aveuglement? Quand connaîtras-tu ta misère? Quand voudras-tu comprendre, qu’à moins que quelqu’un ne se charge de tes souillures et n’apaise pour toi ton juge, jamais, non jamais tu ne verras Dieu?

Je sais bien que cette doctrine ne vous est pas agréable; mais qu’importe, s’il faut opter entre vous être agréable ou vous dire la vérité, mon choix est fait : ce n’est pas de vous plaire qu’il s’agit, mais de vous sauver...

Laisse donc là, pécheur, ce qui causa, ce qui consomma ta misère : dépouille-toi de ce funeste orgueil qui t’aveugle, qui t’égare, qui te perd. Cesse de chercher ta force en cette chair, châtiment et proie du péché. Sors, ô sors, je t’en conjure, de toi-même : secoue ce pénible sommeil de ton âme, où tu prends de vains rêves pour la réalité. Tu es mort en vivant; si tu veux trouver la vie, renonce à ta propre justice, et crois à l’Evangile. Ne dis pas en toi-même que tes péchés sont trop grands : sont-ils plus grands que la miséricorde, que les mérites du Dieu Sauveur? Ne sont-ce pas les pécheurs qu’il est venu chercher et sauver? N’est-ce pas vous qui êtes travaillés et chargés qu’il appelle à lui?...

Vous n’avez qu’une seule vie pour vous convertir, ô hommes mortels, mes frères : vous n’avez qu’une vie ici-bas; elle est rapide, elle est incertaine; et vous balanceriez, vous hésiteriez à faire aussitôt ce qui ne peut se faire qu’en elle? Est-ce donc si peu de chose que le salut de votre âme? Dites, avez-vous donc quelque bien plus précieux, quelque autre chose à sauver, pour que vous fassiez dépendre son salut de l’incertitude de votre vie, ou de votre mort? Ou bien êtes-vous tellement passionnés de vous-mêmes, ou tellement orgueilleux, que vous ne préféreriez vivre à votre guise dans cette courte vie, que d’être à Dieu pour l’éternité?

Insensés! Pour quelques années au plus, et peut-être quelques semaines, de la vaine et vide satisfaction de paraître sages à vos propres yeux. »

César Malan termine sa prédication. Il a prêché sans retenue, toute son âme attachée à la Parole de Dieu. Il descend de chaire et ne rencontre que du mépris. Quelle déception! Tous les prédicateurs, et tous les chrétiens, savent très bien que l’Evangile rencontre souvent, très souvent même, de l’opposition. Il est mal reçu dans le monde, et jusque dans l’Eglise du Seigneur. Et Malan le constate amèrement. Quelle douceur dans sa bouche lorsqu’il proclamait la foi en Jésus-Christ du haut de la chaire, quelle amertume devant l’incompréhension des siens ! Vraiment, nul n’est prophète en son pays !

Malan rentre chez lui accablé, déçu. Mais le Seigneur Dieu, dans son amour infini pour les siens, va réconforter et encourager son serviteur. Celui-ci en a bien besoin, car pour lui la bataille ne fait que commencer. Hardi soldat de lumière ! Son ami et maître spirituel, Robert Haldane, attend César Malan sur le seuil de sa porte. Lorsque ce dernier arrive chez lui, Haldane s’empresse de lui serrer la main et lui dit cette phrase désormais célèbre : «Béni soit Dieu, l’Evangile est de nouveau prêché à Genève!»Et, en homme de l’Ecriture, il annonce l’inévitable : «Vous serez ici un martyr.»

Le lundi matin, le 16 mars, Malan est prié par la Vénérable Compagnie des pasteurs de changer sa doctrine immédiatement. L’homme refuse. Alors on lui interdit la chaire.

A cause de la prédication de Malan et des prises de position d’autres personnes en faveur de la vérité, il arrive, dans la Cité de Calvin, une chose, impensable, incroyable, scandaleuse ! Le 3 mai 1817, paraît un règlement de la Compagnie dont le but est de mettre fin aux polémiques entre les pasteurs de Genève. Le règlement interdit d’aborder les sujets suivants:

– sur la manière dont la nature divine est unie à la personne du Christ;

– sur le péché originel;

– sur la manière dont la grâce opère, ou sur la grâce efficiente;

– sur la prédestination.

Malan refuse d’abord de signer ce règlement qui ouvre la porte à toutes les hérésies concernant la nature du Christ. Il se retrouve seul et totalement exclu. Ses amis le rencontrent et le sollicitent de signer. Malan, encore jeune, mal affermi (d’après ses propres propos), cède et signe.

Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. César Malan a devant lui encore un long ministère de prédicateur. Un ministère de combat, le bon combat, avec les mots prononcés par Haldane qui résonnent encore à ses oreilles : «Vous serez ici un martyr.» La chaire lui est interdite. Terrible épreuve pour un homme qui brûle de transmettre la Parole de Dieu. Dans une telle épreuve, et c’en est une pour notre prédicateur qui, sûr de sa foi, confiant dans le Seigneur, ne se décourage pourtant pas.

L’opposition à l’Evangile, ce que nous appelons l’amer, ne freine pas les enfants de Dieu mais les stimule à persévérer. Ce que fait Malan. Fidèle à sa pensée de ne pas rompre avec l’Eglise nationale, Malan construit une chapelle dans le jardin de sa maison, qui est située dans le faubourg du Pré-l’Evêque. Cette chapelle qu’il appelle la chapelle du Témoignage est une sorte d’Eglise en exil.

Malan commence à y présider des cultes qui ont lieu en semaine et le dimanche. Chose intéressante, l’horaire des cultes permet à chacun d’aller aux offices de l’Eglise nationale. Malan n’administre pas les sacrements, ce qui est encore une épreuve pour un pasteur. Il ne veut pas être accusé de dissidence. Sa confiance dans la puissance du Saint-Esprit est inébranlable. En effet, il laisse ses «fidèles» assister encore à des cultes où les vérités bibliques sont méprisées. Il sait que l’Esprit de Dieu donnera aux siens du discernement et, chose importante, il sait aussi que les chrétiens ont besoin de la sainte cène. Un chrétien ne doit pas se priver de cette nourriture, qui n’est pas simplement un symbole, mais une véritable nourriture spirituelle : un repas indispensable pour la vie de foi.

Le 9 novembre 1818, Malan se voit privé de sa place de régent au collège. Nouvelle épreuve, car il perd son salaire et doit faire vivre sa femme et ses cinq enfants. En août 1823, l’Eglise nationale le destitue finalement et le déclare déchu de sa charge ecclésiastique. Le voilà dissident malgré lui. Il forme en 1824, non sans une très grande tristesse, une Eglise indépendante de celle de Genève, qu’il rattache à l’Eglise presbytérienne d’Ecosse. L’Eglise dont il a la charge prospère pendant six ans. En 1830, un schisme éclate, dû soit aux allures trop autoritaires de César Malan, soit à sa doctrine absolue sur la prédestination, soit aux dissidents eux-mêmes. En effet, ceux-ci semblent préférer les positions plus floues de l’Eglise du Bourg-de-Four qu’ils rejoignent d’ailleurs pour la plupart.

Malan tient ferme, il continue de réunir et d’enseigner ses fidèles. A cette époque, il commence à faire des tournées missionnaires en Suisse, en France, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Il manifeste divers dons qu’il met au service de l’Eglise du Christ : il est un évangéliste, il écrit des ouvrages de doctrine chrétienne et compose des cantiques. Son œuvre musicale est immense et il se fait connaître par ses fameux Chants de Sion. Les cantiques de Malan sont chantés, tout d’abord, dans la chapelle du Témoignage, puis dans tout le protestantisme. César Malan a été «le chantre du Réveil.»

Malan a réalisé de nombreux périples missionnaires. Il passe les dix dernières années de sa vie à Vandœuvre, dans la périphérie de Nancy, en France, où il exerce un ministère pastoral au sein de l’Eglise Concordataire. Il meurt le 8 mai 1864.

 

C) César Malan : un homme de la Bible

Réformé confessant, César Malan croit fermement que la Bible est la Parole de Dieu. Il adhère à la tradition réformée classique qui inclut les Symboles de l’Eglise, les confessions de foi et catéchismes de la Réforme, les Canons de Dordrecht, ainsi que l’abrégé de doctrine chrétienne de Bénédict Pictet. Malan prêche la souveraineté de Dieu sur toutes choses, un Dieu personnel et vivant. Il croit fermement à l’élection et à la prédestination, ce qui ne l’empêche pas d’évangéliser avec force. Il ne voit aucune contradiction entre le fait de croire en ces doctrines bibliques et celui d’annoncer l’Evangile à tous. L’apôtre Paul n’enseigne-t-il pas l’élection éternelle de Dieu en Christ et la prédestination? Dieu choisit des hommes et des femmes de toutes nations et leur donne, par son Esprit, de croire; il les sanctifie. Ceci, conformément aux promesses faites à nos parents, Adam et Eve, et afin que les élus deviennent semblables à leur Seigneur et Sauveur, le Christ Jésus. Paul enseigne ces vérités et il exhorte, en même temps, l’Eglise à évangéliser, car «comment entendront-ils s’il n’y a pas d’envoyés?»(cf. Romains 10:1-13). Malan réédite le bref exposé de Calvin qui a comme titre Congrégation sur l’élection éternelle de Dieu1.

L’homme du Réveil, disciple de Calvin, passe beaucoup de temps à lire la Bible, dont il peut réciter de mémoire de larges passages, suivant ainsi une tradition qui remonte au Moyen Age, voire plus loin. Malan lit le Nouveau Testament dans le texte original grec. Il étudie l’hébreu biblique et il prend l’habitude de lire un ou deux Psaumes par jour dans le texte hébraïque.

Malan défend la doctrine de la divinité du Seigneur Jésus-Christ. Il écrit plusieurs ouvrages sur la personne et l’œuvre du Christ : Jésus-Christ est l’Eternel-Dieu manifesté en chair (1831), Jésus-Christ est descendu en enfer (1855). Il défend aussi l’autorité de la Bible. Il écrit : «Tout ce que je sais, c’est la souveraine grâce de Dieu en Christ, c’est là le dépôt qui m’a été confié et je devrai en rendre compte.»

Avec Malan, nous sommes loin du sophisme de certains théologiens et pasteurs de son temps ou d’aujourd’hui, qui, devant les interrogations des fidèles concernant la prédestination, disent : «Ne parlons pas de cela, c’est un mystère qu’il ne faut pas aborder au risque de scandaliser l’Eglise et diviser le Corps du Christ.»

César Malan est un réformé. Il restera pédobaptiste. Terme qu’il refuse avec énergie. Il revendique pour lui-même le nom de «baptiste.»En 1823, le baptisme fait son apparition à Genève, dans l’Eglise du Bourg-de-Four. Malan est, d’abord, tenté par ce mouvement dont le caractère absolu l’attire et il se dispose à se faire rebaptiser. Il se rend donc à Sécheron où doit avoir lieu la cérémonie de baptême. Pendant le voyage, il réfléchit sur l’enseignement de l’Ecriture sainte et, tout à coup, il est frappé par une parole de Paul : «Vos enfants sont saints»(1 Corinthiens 7:14) et il rentre chez lui. Une étude attentive de la Parole de Dieu l’éloigne définitivement du baptisme et il devient un défenseur convaincu du baptême des nourrissons.

Pour notre revivaliste, les enfants de croyants doivent être reçus dans l’Eglise par le baptême. En 1824, il rédige un ouvrage de deux cents pages portant comme titre : Dieu ordonne que dans l’Eglise du Christ les petits enfants lui soient consacrés par le sceau du baptême. Neuf ans plus tard, en 1835, il écrit un second livre : La famille baptisée ou recherche sur la condition des enfants dans l’Eglise chrétienne.

 

D) César Malan : un homme pieux et généreux

Les positions fermes de Malan ne manquent pas de lui susciter des ennemis. Il en souffre, mais Dieu l’aide et lui accorde d’avoir aussi des amis. Prêcher la «catholicité» de la foi, la Parole dans son entier, attire immanquablement de l’opposition. Heureusement, la famille Malan a des connaissances et des amis qui la soutiennent et l’encouragent de diverses manières. Malan sait exercer l’hospitalité, notamment, envers des étudiants venus de l’étranger. Ceux-ci ont des entretiens avec lui et prennent part à la vie de famille. Les Malan pratiquent, matin et soir, le culte de famille auquel tous participent: la famille, qui comptera jusqu’à douze enfants, les domestiques, les hôtes. On y chante les cantiques de Malan.

 

Conclusion

César Malan, un homme façonné par la Parole de Dieu! Il n’a manqué ni de foi ni de courage. Il a combattu le bon combat. Luttant contre les uns, édifiant les autres. Pasteur, compositeur, évangéliste, bon père de famille, son ministère a été bien rempli. Nous pouvons dire que le nom du Seigneur fut sanctifié à Genève en ce début de XIXe siècle. La vie de cet homme de Dieu est pour nous, chrétiens de cette fin de XXe siècle, du début du XXIe, un encouragement certain.

Plus que jamais la Suisse, la France, le monde ont besoin de prédicateurs, de francs-tireurs s’il le faut, qui craignent Dieu, aiment son nom et éprouvent de l’amour pour tous les hommes. Dieu est fidèle à son Alliance et à cause de Jésus-Christ, il enverra de tels hommes.

Pour terminer, une citation de César Malan :

« Bienheureux est l’homme qui connaît ces choses et qui les a dans le cœur ! Oui ! Bienheureuse est votre âme..., si le Rédempteur de l’Eglise vous est révélé, et si c’est votre Dieu que vous voyez, que vous adorez dans Jésus !

Bienheureux et béni êtes-vous, ô homme pécheur ! faible, misérable et criminelle créature, s’il vous a été donné de Dieu de croire le témoignage qu’il a rendu de son Fils, et de soumettre ainsi votre intelligence et votre cœur à l’enseignement de l’Esprit, qui seul sonde les choses profondes de Dieu, et qui seul aussi les révèle et les fait aimer !

C’est ici le tout de votre âme. Avant cela, il n’y a rien; hors de cela, il n’y a rien non plus. Qui a le Christ a la vie : qui n’a pas le Christ ne verra pas la vie!

C’est donc ici le sommaire de votre existence. Comprenez-vous? – de votre existence éternelle; de votre création; de votre être, dès ce monde et pour toujours; car toujours vous existerez, ou avec Jésus; ou loin de Jésus: c’est-à-dire avec la Vie, ou loin de la Vie; ou avec Dieu, ou bien... loin de Dieu!

Regardez donc encore, et considérez attentivement Celui duquel nous venons de vous parler; et, croyant ce qui est écrit de lui, sauvez, sauvez votre âme de la colère à venir, et possédez les cieux et leur gloire!2 »

Notes :

* Patrick Chenaux est pasteur de l’Assemblée évangélique libre de la région de Reims.

1 Les Editions Labor & Fides ont réédité le texte du Réformateur dans l’ouvrage Calvin homme d’Eglise.

2 César Malan, Jésus-Christ est l’Eternel-Dieu (Genève, 1831), 148.

Source: Revue Réformée, n° 207, 2000/2, mars 2000 – TOME L.

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