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Paul RancL'Eglise Face à l'Apostasie

Par Paul Ranc

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Réforme et Réveil

L'Eglise de notre temps a besoin d'une réforme, d'un réveil et d'une révolution constructive. [...]

"Réforme" décrit une restauration de la doctrine dans sa pureté, tandis que "réveil" se réfère à une restauration dans la vie du chrétien. "Réforme" implique un retour aux enseignements de l'Ecriture; "réveil" signifie le retour d'une vie à sa juste relation avec le Saint- Esprit. Les plus grands moments de l'histoire de l'Eglise se sont vérifiés quand les deux restaurations ont marché de pair: l'Eglise est revenue à une saine doctrine et, conjointement, les chrétiens ont fait, dans leur vie, l'expérience de la puissance du Saint-Esprit. Il ne peut y avoir de vrai réveil sans réforme, et une réforme sans réveil reste incomplète.

La combinaison d'une réforme et d'un réveil serait révolutionnaire à notre époque; révolutionnaire pour nos vies personnelles de chrétiens; révolutionnaire pour l'Eglise libérale; révolutionnaire encore d'une manière très constructive pour l'église évangélique...

F. A. Schaeffer, La Mort dans la Cité, pp.7-8 2

 

L'ÉGLISE FACE À L'APOSTASIE

Le sujet est difficile. La difficulté vient du fait qu'il s'agit des "derniers temps". Or qui dit eschatologie dit interprétation. Et Dieu sait combien les interprétations divergent selon que l'on est dans un camp ou dans l'autre.

Notre sujet ne consiste pas à décrire les étapes successives du plan de Dieu, seul Dieu connaît parfaitement le déroulement des événements, mais plutôt à saisir l'importance des temps actuels. L'apôtre Paul disait aux Romains : "Vous savez en quels temps nous sommes... " (Romains 13:11). Cette question était vraie du temps de l'apôtre Paul, elle l'est d'autant plus aujourd'hui.

La première question que nous devons nous poser est celle-ci : Comment interpréter les événements tragiques que nous vivons actuellement : tremblements de terre, tsunami, guerre, terrorisme, famine, etc.. Ce qui surprend, ce sont la rapidité des événements et aussi leur violence. Rares sont les jours où il n'y a pas un attentat meurtrier ou un événement tragique. Certes, la Bible nous dit que dans les derniers temps, il y aurait des guerres et des bruits de guerre.

Qui dit "apostasie" 1 (¢postasa, apostasia) dit en langage chrétien "retour de Christ". Les deux sont liés de façon indissoluble. Le mot apostasie signifie "s'éloigner de", d'où le sens de "défection" ou de "désertion". Quelqu'un d'apostat est une personne qui, après avoir été éclairée par l'Evangile (et non convertie à Christ), s'éloigne de Dieu et devient un adversaire acharné du christianisme.

Le retour du Christ? À chaque catastrophe, on y pense. Le mot "Apocalypse" est lâché, et il a une importance que nul ne peut nier. Le terrible raz-de-marée du 26 décembre 2004 a été qualifié d'apocalyptique. Pour beaucoup, c'est le début d'une ère de grandes catastrophes.

Le monde n'a pas encore perçu que ce tsunami pourrait être un avertissement de Dieu à l'humanité. Non pas dans le sens que Dieu veut le malheur des hommes, mais de discerner le pourquoi de cette tragédie sans nom. Elle peut s'expliquer par la folie des hommes par le désir de puissance et de richesses qui font que des forêts entières disparaissent, que les mangroves et les palétuviers sont rasés pour faire place à des hôtels de luxe sur le front de mer. Tôt ou tard, le viol et la destruction de la création de Dieu se paient cash.

Christ revient bientôt. Les derniers versets de l'Apocalypse l'affirment haut et fort :

"Et voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre!" (Apocalypse 22:7).

"Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre" (Apocalypse 22:12).

"Celui qui atteste ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen! Viens, Seigneur Jésus!" (Apocalypse 22:20).

L'apôtre Jean écrit: " Je viens bientôt", (œr c o m a i tac Ú), ce qui signifie "Je viens rapidement". Cela ne veut pas dire qu'il va venir dans 24 heures, ou dans 10 ans, mais qu'il va venir très rapidement. Le jour où Christ revient, ce sera vite fait! Tellement vite que le monde sera pris de court...

En l'espace d'une génération, le monde a changé. Notre environnement a été chamboulé. La prophétie de Francis Schaefer se réalise : nous vivons dans une société post-chrétienne 2. L'Europe christianisée est devenue un mythe. Notre Europe est redevenue romaine avec son inculture chrétienne et le foisonnement de divinités, d'idoles "vivantes" et de fausses spiritualités.

 

I. Pas d'agitation sans raison

Le retour de Christ est un sujet qui donne des idées à ceux qui ont de l'imagination. De tout temps, des hommes ont proclamé l'imminence de la parousie. Et tous se sont trompés. Les Témoins de Jéhovah ont proclamé que Christ reviendrait en 1914, puis en 1925, puis en 1975. Maintenant, ils nous annoncent que Christ reviendra en 2034! (1914 + 120 = 2034). Mais ce n'est pas nouveau : les Thessaloniciens, du moins certains, vivaient leur foi comme si le Seigneur était déjà là.3 Ils avaient reçu une fausse nouvelle qui les avait mis dans un état de fébrilité.

Car, n'oublions pas, les Thessaloniciens étaient persécutés. Ils souhaitaient le retour de Christ. Ce type de pensée est fréquent lorsque les églises sont la proie de persécutions. Il est normal que le Christ soit au centre de notre vie et que nous souhaitions ardemment son retour. Mais ...

Paul revient sur le sujet. "Comme si le jour du Seigneur était là" (æj Ót i n šs th k e n ¹ ¹m šr a toà kur…ou). Le verbe ns t h m i , énistèmi peut être traduit par "être là", "être présent". Cela signifie que les Thessaloniciens croyaient déjà que Christ allait revenir maintenant. Ce verbe indique, en effet, l'imminence de la parousie. Autrement dit les Thessaloniciens auraient vécu le retour glorieux de Christ.

Une telle nouvelle a provoqué un choc chez les croyants de Thessalonique. De ce fait, on comprend que les Thessaloniciens aient été ébranlés (s a l e Úw, saleuo). Ce verbe signifie "ébranlés" ou "agités", mais aussi "ballottés de ci, de là". Ainsi, on peut expliquer pourquoi les chrétiens de Thessalonique ont été quelque peu troublés, voire effrayés (q r o šè, throéo). Ce verbe est fort : il signifie littéralement "pousser un cri", d'où "être effrayé". Par quels moyens les chrétiens ont-ils été ébranlés ou effrayés?

- Par quelque inspiration. Littéralement par un esprit ! (p ne àm a, pneuma). Autrement dit, par des faux charismes de prophétie ou de révélation!

- Par une parole. Littéralement (l Òg o j, logos). Cette expression se distingue de la prophétie par l'enseignement. Un faux enseignement est donné par de faux docteurs.

- Par une lettre (p i s t o l h, épistolè). C'est-à-dire, une lettre, ou plutôt un faux document. Ceci dit, on peut affirmer sans crainte que le Saint-Esprit a veillé sur les écrits canoniques en écartant une missive suspecte.

Voilà donc l'état d'esprit des Thessaloniciens...

 

II. Les événements précurseurs de l'apostasie

1. Les faux christs et les faux prophètes

Les temps qui précéderont l'apostasie seront marqués par plusieurs événements auxquels les chrétiens sont d'ores et déjà prévenus. Un des signes les plus clairs est l'avènement de faux christs. Dans Luc 21:7–8, nous lisons :

"Ils (les disciples) lui demandèrent : Maître, quand donc cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que ces choses vont arriver? Jésus répondit :
Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs viendront en mon nom, disant : c'est moi, et le temps approche. Ne les suivez pas."

Depuis l'Eglise primitive, les faux christs ont toujours existé. Les deux premiers se trouvent dans le livre des Actes : Theudas et Judas le Galiléen (Actes 5:34-37). Gamaliel, qui fut le maître de l'apôtre Paul, s'adresse aux chefs religieux de son temps et les met en garde de ne pas généraliser les événements. C'étaient des chefs de bande auxquels l'historien Josèphe fait allusion, et qui se prenaient pour les libérateurs du peuple juif. Mais tous les deux connurent une fin tragique et c'est la raison pour laquelle Gamaliel recommande de ne de rien faire et d'attendre l'intervention de Dieu. Pour Theudas et Judas le Galiléen, ils avaient été détruits; pour Christ, il fallait que la situation évolue...

Que penser de Bar-Jésus (Actes 13:6-12) appelé aussi Elymas? Il s'appelait Fils de Jésus. Il n'était qu'un imposteur et l'apôtre Paul le confondit par la puissance de Dieu.

Ainsi, dès le début, les faux christs apparurent. Douze au premier siècle, deux au deuxième siècle, un au troisième siècle. Puis 17 au XVIIème siècle, 13 au XVIIIème et 33 au XIXème et 37 au XXème siècle, dont une dizaine sont encore vivants!

Un des signes que l'apostasie vient à grands pas est la prolifération de faux christs. Nous vivons, qu'on le veuille ou non, des temps pré-messianiques ou pré-apocalyptiques.

Par l'apparition de faux christs et de faux prophètes, par l'accroissement de l'iniquité, "la charité du plus grand nombre se refroidira". Matthieu le dit en des termes clairs :

"Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : c'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens" (Matthieu 24:4).

Paul va dans le même sens :

"L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi pour s'attacher à des esprits séducteurs, à des doctrines de démons" (1 Timothée 4:1).

L'apôtre Pierre conclut :

"Voici déjà, bien-aimés, la seconde lettre que je vous écris. Dans l'une et dans l'autre je cherche à éveiller par des avertissements votre saine intelligence, afin que vous vous souveniez des choses annoncées d'avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres, sachant avant tout que, dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, marchant selon leurs propres convoitises, et disant : où est la promesse de son avènement? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création" (2 Pierre 3:1-4).

Les tout derniers temps de la fin commenceront par l'impiété générale.

Autrement dit, par l'indifférence. Puis, ce sera l'attaque frontale : la foi sera critiquée, raillée et l'incrédulité deviendra peu à peu générale.

 

2. Les catastrophes naturelles

De tout temps, il y a eu des catastrophes naturelles. Le mythe le plus célèbre est celui de l'Atlantide. Ce continent cité par le Timée de Platon aurait été englouti et toute une civilisation aurait disparu. Plus près de nous, la ville de Pompéi est un exemple. Les villes de Smyrne ou de Laodicée avaient été aussi frappées par des violents tremblements de terre.

La Bible nous parle de tous ces fléaux :

"Il y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines; il y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel" (Luc 21:11).

Plus loin, nous lisons dans l'Evangile de Luc :

"Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre, il y aura de l'angoisse chez les nations qui ne sauront que faire, au bruit de la mer et des flots" (Luc 21:25).

L'apôtre Jean, de son côté, affirme :

"Je regardai, quand il ouvrit le sixième sceau; et il y eut un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang... " (Apocalypse 6:12).

Les tremblements de terre sont de plus en plus fréquents et toujours aussi meurtriers. Les famines frappent le Tiers-monde (le Sahel, la Somalie, le Darfour, etc.) tandis que les tsunamis font des dégâts immenses. Les médias, et notamment la télévision, nous rapportent ces images pleines d'horreur.

Ce qui frappe, c'est non seulement l'intensité ou la gravité des fléaux, mais c'est leur fréquence. Les tremblements de terres sont de plus en plus rapprochés. Pire, on prédit des grands tremblements de terre au Japon et ailleurs. L'insécurité s'installe et la plus petite secousse provoque la panique.

Autre fléau des temps modernes et annoncé par la Bible : la famine. La prophétie mentionne expressément les famines parmi les signes de la fin des temps. Nous lisons en Matthieu :

"Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre" (Matthieu 24:7).

Nous retrouvons le même thème en Marc 13:8 et Luc 21:11. L'Apocalypse en fait aussi mention :

"Quand il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième être vivant qui disait : Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance dans sa main. Et j'entendis au milieu des quatre êtres vivants une voix qui disait : Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d'orge pour un denier; mais ne fais point de mal à l'huile et au vin. Quand il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième être vivant qui disait : Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre" (Apocalypse 6:5-8).

Le mythe du progrès a créé, qu'on le veuille ou non, un état de misère dans le Tiers monde. La misère physiologique de ces populations n'est plus à démontrer. Le tableau de notre monde actuel est effrayant. En un demi-siècle, et en dépit des efforts consentis par l'O.M.S. et l'UNICEF, des dizaines de millions d'enfants sont morts. Et pourtant, le but de l'O.M.S. est d'amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible. Une résolution adoptée par la 34ème Assemblée mondiale de la santé en 1981 a rejeté la notion d'assistance technique pour la remplacer par celle de coopération technique, fondée sur l'intérêt commun et mutuel de tous les états. Cette résolution insiste sur la nécessité de promouvoir "l'auto-responsabilité" dans le développement sanitaire." 4 Selon les statistiques, près d'un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants souffriraient de malnutrition. Au-delà de ces chiffres vertigineux, combien de drames humains et de souffrances inimaginables? Comment comprendre cette situation intolérable? Face à cette inhumanité, comment pouvons-nous justifier ces flagrantes inégalités?

 

3. Les guerres

Depuis le meurtre de Caïn sur Abel, la guerre a toujours existé. Autrefois, il s'agissait de conflits locaux; aujourd'hui, on parle de guerre mondiale. En fait la guerre a été permanente. La chronologie des conflits depuis 1945 est édifiante : plus de 80 guerres et conflits entre états, guerres civiles, insurrections armées, etc.). La création de l'ONU n'a pas pu empêcher les guerres.

A ce propos, la Bible nous dit :

"Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d'être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin" (Matthieu 24:6).

Il faut que ces choses arrivent. C'est malheureux de le dire, mais c'est vrai : les guerres font partie du dessein de Dieu. Pourquoi? Pour que les hommes comprennent que la vraie paix ne peut venir que de Dieu. Et que l'homme admette que le péché est source de malheurs, de divisions et de guerres. Les guerres préfigurent les temps de la fin et la dernière grande bataille de l'histoire, celle d'Harmaguédon, marquera la victoire finale de Dieu.

Notre humanité a commencé par la guerre, l'assassinat d'Abel, et se terminera par une guerre, Harmaguédon. Après quoi, le Seigneur règnera à jamais au milieu des siens.

La venue de l'Antichrist sera favorisée par le mondialisme économique et politique.

L'Antichrist est censé procurer le bonheur à l'homme et beaucoup d'hommes et de femmes croiront en lui, comme les Allemands crurent en Hitler. Mais ses promesses ne se réaliseront jamais et le monde entier sera sous la coupe du premier et dernier dictateur universel.

 

III. Avant le retour de Christ, l'apostasie

Ce qui caractérise les derniers temps, c'est l'infidélité croissante des églises (et non pas de l'Eglise, corps de Christ). Ces églises, ou dénominations, furent fidèles autrefois. Ces églises connurent la persécution, le martyre, ceci a cause de leur témoignage évangélique. Puis, peu à peu, elles ont perdu de leur puissance, leur message s'est progressivement dilué, les églises se sont sécularisées. L'esprit du monde est devenu la dominante dans leur doctrine et leur éthique...

Aujourd'hui, bon nombre d'églises n'ont plus de confession de foi, seulement des "principes constitutifs" (c'est le cas pour la Suisse romande). L'apostasie peu à peu s'infiltre dans les églises...

Mais qu'est-ce que l'apostasie? Rappelons qu'il s'agit du mot grec ¢postas„a (apostasia), qui signifie "défection", "abandon d'un parti", "action de s'écarter". L'apostasie est toujours de caractère religieux : elle signifie l'abandon de Dieu, pire la révolte contre Dieu. Cette révolte contre Dieu ira croissante. Des fléaux, des malheurs, des catastrophes surviendront : les hommes ne se repentiront pas, ils se révolteront toujours plus contre Dieu.

De cette révolte contre Dieu naîtra l'homme d'impiété, littéralement "l'homme sans loi" (Ð ¥nqrwpoj tÁj ¢nom…aj). L'homme sans loi est aussi appelé "fils de la perdition" (Ð uƒÕj tÁj ¢pwle…aj). Seul Judas est qualifié ainsi en Jean 17:125. L'homme sans loi sera un autre Judas: il suivra un parcours religieux. Il n'est pas impossible qu'il suivra pour un temps le Seigneur, puis qu'il le reniera pour toujours. Une chose est sûre : l'Antichrist sera un homme religieux.

Une question se pose : l'Antichrist est-il là? Ou faut-il l'attendre? Le texte grec est clair: l'Antichrist est à venir. Alors que la Bible NEG traduit par "paraître", le texte grec dit : ¢pokalÚptw (apokaluptoo), "révéler". L'impie se révélera soudainement, très rapidement. La venue de l'homme sans loi, de l'Antichrist, est une apocalypse satanique. Sa venue soudaine va surprendre tout le monde. Tous seront subjugués et séduits par les fausses promesses de l'adversaire de Dieu.

L'impie est celui qui s'oppose qui se dresse et qui s'élève contre Dieu et contre tout objet de culte. L'impie est celui qui tachera de supprimer toute croyance au vrai Dieu et contre toute adoration à Christ. Ce fut le cas dans les pays communistes de l'Europe de l'Est; c'est le cas en Chine. Ce sera le cas pour le monde entier...

L'impie ira jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu. S'agit-il du temple de Jérusalem reconstruit? Non. Car le temple de Jérusalem ne peut pas être reconstruit (les généalogies sacerdotales ont été détruites). Il s'agit plutôt du temple spirituel, la maison de Dieu en esprit, l'Eglise (1 Corinthiens 3:16) 6. Le but ultime de l'Ennemi est de s'asseoir dans le temple de Dieu, c'est essayer d'occuper son trône et prétendre à tous les attributs de la souveraineté divine. Tout le livre de l'Apocalypse tend vers cette interprétation.

L'apparition (parous…a, parousia) de cet impie se manifestera par des miracles (dÚnamij), des signes (shme‹n) et des prodiges mensongers (tšrasin yeÚouj). C'est la raison pour laquelle nous devons discerner spirituellement, par la Parole et par l'Esprit, l'origine de tout miracle. N'oublions pas, en effet, que la contrefaçon est presque aussi conforme que l'original.

Tant que les chrétiens seront actifs sur cette Terre, l'Adversaire sera freiné. Ce qui n'empêche pas que le "mystère de l'impiété agit déjà" ( g¦rmust"rion ½dh ™nerge‹tai tÁj ¢nom…aj).Ce mystère se révèle de plus en plus au monde. C'est le temps qui précède la révélation de l'impie. Ce qui caractérise notre époque, c'est que les gouvernements décrètent de plus en plus des lois antichrétiennes, comme l'IVG, le mariage homosexuel ou l'adoption homoparentale.

Les derniers temps seront caractérisés par la puissance d'égarement que Dieu va envoyer sur les hommes! Le grec de II Thessaloniciens 2 : Il est clair : "Dieu envoie une puissance d'égarement" (pšmpei aÙto‹j Ð qeÕj ™nšrgeian pl£nhj). Une véritable paranoïa généralisée pour croire au mensonge!

Car les séductions de l'iniquité sont pour ceux qui périssent. Paroles terribles qui montrent que le péché est avant tout une séduction, littéralement une tromperie. Celui qui est séduit est trompé. L'iniquité dont il est question ici n'est autre que l'injustice (¢dik…a, adikia) et elle s'oppose à la vérité (¢l"qeia, aléthéia), ou plutôt à l'amour de la vérité (¢g£phn tÁj ¢lhqe…aj) Cette séduction fera des victimes : ceux qui n'auront pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés iront à la perdition. Ce sont des paroles dures, mais véridiques.

L'avenir n'est pas brillant... Mais revenons au présent!

 

V. Nous sommes encore dans un temps favorable

L'Antichrist va venir, c'est certain. Mais son apparition est retardée.

Quelque chose le retient. Cette attente doit être considérée comme un moment favorable. L'Antichrist brûle d'envie de venir, mais il est encore retenu. De quoi s'agit-il?

La clé de la solution se trouve en II Thessaloniciens 2:6-7. Au verset 6, nous avons : "Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu'il ne paraisse qu'en son temps" et dans la deuxième partie du verset 7, il y a : "Il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu". La difficulté vient que le verbe "retenir", katšcw, du verset 6 est de forme neutre, c'est-à-dire impersonnelle et que le même verbe au verset suivant est du genre masculin, donc personnel. Il s'agit donc de deux choses différentes - que les chrétiens de Thessalonique connaissaient - bien que le sens général en soit le même.

Cependant, on peut arriver à cerner le sens de ces deux versets, au demeurant fort importants.

Parmi les interprétations qui ont été émises au cours des siècles,7 aucune n'est à rejeter mais il semble que celle qui concerne l'Eglise et sa mission soit la bonne. Tant que l'Eglise sera missionnaire, les œuvres des ténèbres seront contenues. Jamais l'Ennemi n'aura le dessus. Marc nous dit :

"Il faut premièrement que la Bonne nouvelle soit prêchée à toutes les nations" (Marc 13:10).

Et dans un contexte semblable, Matthieu écrit :

"Cette Bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin" (Matthieu 24:14).

Pour que le Christ revienne, il faut que l'Evangile soit prêché à toutes les nations. Lorsque l'Eglise ne pourra vraiment plus accomplir sa mission, alors l'Antichrist séduira le monde et Christ reviendra. C'est pourquoi, l'évangélisation reste une des priorités de l'activité de l'Eglise, l'autre étant l'édification. Amener des âmes à Christ et les fortifier dans son Eglise, voilà notre devoir! C'était la tâche des apôtres, des Pères de l'Eglise, des Réformateurs et des Revivalistes. Souvenons-nous de nos glorieux aînés et remplis du Saint-Esprit et de la connaissance de sa Parole, proclamons le message de l'Evangile! Il fait encore jour...

Car, au fur et à mesure que les années passent, on s'aperçoit que l'impact du christianisme décroît. De plus en plus sont les gens qui ne croient en rien du tout; de plus en plus sont les gens qui sont attirés par les autres religions ou spiritualités. La prophétie de Jésus est des plus actuelle :

"Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" (Luc 18:8).

Rendons grâces à Dieu, nous n'en sommes pas encore là, mais soyons vigilants!

 

Conclusion

Nous vivons dans les derniers temps, nous sommes toujours dans les derniers temps. Depuis près de 2000 ans, nous attendons le retour de Christ, notre Seigneur. Son Eglise résiste contre vents et marées aux attaques dont elle est l'objet. La période de la Réforme et des Réveils est loin, mais Christ est toujours proclamé.

L'esprit de l'Antichrist est déjà là; il rôde : il cherche ses proies. Sa puissance va s'accroître. Mais Dieu est le maître de la situation.

Nous ne disons pas que Christ est revenu. Nous affirmons que Christ reviendra au jour et à l'heure que Dieu a fixés.

Ne soyons pas troublés par les événements présents ou à venir, mais restons fermes et inébranlables dans la foi.

En attendant, vivons le Christ ressuscité, vivons le Christ qui revient, dès maintenant, et à toujours!

Notes :

1 Le mot ¢postasa se trouve en Actes 21:21 et en II Thessaloniciens 2:2. Il existe aussi dans la traduction des LXX (Josué 22:22; II Chroniques 29:19 et Job 26:13).

2 C. F. A. Schaeffer, La Mort dans la Cité, p. 13, La Maison de la Bible, Genève-Paris, 1969.

3 Cf. 2 Thessaloniciens 2 : 1-4.

4 J.-P. Alméras. L'OMS in Encyclopédie Universalis, p. 865, Tome 16, Paris, 1996.

5 "Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l'Ecriture fût accomplie" (Jean. 17:12).

6 "Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint -Esprit qui est en vous" (1 Corinthiens 6:19).

7 - Le Saint Esprit dans l'Eglise (René Pache). Interprétation dispensationnaliste.

- C'est l'empire romain (ce qui le retient : l'Empire romain; celui qui le retient : Empereur). Interprétation des Pères de l'Eglise et des Réformateurs.

- La prédication missionnaire (ce qui le retient : prédication; celui qui le retient : le missionnaire).

Source : Actualité Evangéliques, n°84, janvier 2007. Texte utilisé avec la permission de l’auteur.


Ce texte a été publié dans le n°85 du journal Actualités Evangéliques de juin 2007, édité par Paul Ranc, et paraissant deux à trois fois l’an.

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Rédaction : Paul Ranc, Case postale 130, 2926 Boncourt, Suisse.
Courriel : actualites.evangeliques@wanadoo.fr

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