Tu
aimeras ton prochain comme toi-même (Matthieu 19 :49).
Très-souvent le
Sauveur prenait pour texte de ses discours les préceptes de la
loi morale. Plusieurs de ses sermons - (et quels sermons pourraient
se comparer aux siens?) - ne contiennent absolument rien de cet assemblage
de vérités capitales que de nos jours l'on désigne
communément sous le nom " d'évangile ".
Chaque fois qu'il se levait
pour prêcher à la multitude, il ne revenait point sur les
doctrines de l'élection, de l'expiation, du salut gratuit ou
de la persévérance finale. Non, il parlait tout aussi
fréquemment des grands devoirs de la vie humaine, de ces précieux
fruits de l'Esprit que la grâce de Dieu peut nous faire produire.
Ce que j'avance là
vous étonne peut-être, mes chers auditeurs; mais relisez
avec attention les quatre évangiles, et jugez vous-même
si je hasarde trop en affirmant qu'une très-grande partie du
ministère de notre Sauveur fut employée à dire
clairement aux hommes comment ils devaient se conduire les uns envers
les autres. Il est même tel discourt de Jésus, qui, fût-il
prononcé aujourd'hui pour la première fois, risquerait
fort de ne point être classé par certains critiques de
notre époque au nombre des discours " pleins de saveur
et d'onction " : non pas toutefois qu'aucune parole de
Jésus manque de saveur; mais on comprend que sa morale sévère
ne convienne que médiocrement à ce christianisme fade
et sentimental qui n'embrasse la religion que par son côté
abstrait, et fait bon marché de son côté pratique.
Mes biens-aimés,
à l'exemple de leur Maître, les ministres de l'évangile
sont tenus d'avertir les hommes de leurs devoirs non moins que de proclamer
le salut qui est en Christ. S'ils négligent de prêcher
le devoir, je ne pense pas que le Seigneur leur accorde jamais la grâce
d'amener des âmes à reconnaître la suprême
beauté de la doctrine de l'expiation; et s'ils ne font jamais
retentir aux oreilles de leurs auditeurs les tonnerres de la loi, réclamant
pour leur Maître l'obéissance qui lui est due, je doute
qu'ils puissent parvenir à convaincre les hommes de leur état
de péché - du moins de cette conviction profonde et sérieuse
qui mène à la conversion.
Je sais d'avance que mon
discours aujourd'hui sera condamné comme manquant de saveur et
de vie par ceux d'entre vous qui voudraient que le prédicateur
tournât éternellement dans le même cercle de doctrines;
mais peu m'importe. Ce méchant monde a quelquefois besoin d'être
repris, et quand l'occasion s'en présente, nous ne devons pas
lui épargner les censures. D'ailleurs, si jamais il y eut un
temps ou le ministre de l'évangile ait eu besoin de rappeler
le précepte contenu dans mon texte, sans contredit ce temps est
bien le nôtre.
A quelle époque
en effet , a-t-on plus souvent oublié, plus rarement pratiqué
cette parole de Jésus-Christ : Tu aimeras ton prochain comme
toi-même ? Nous examinerons, en premier lieu, LE COMMANDEMENT
POSITIF que nous donne mon texte. Puis j'essaierai de vous indiquer
QUELQUES – UNS DES MOTIFS QUI DOIVENT VOUS PORTER A Y OBEIR ; enfin
je terminerai en appelant votre attention sur QUELQUES IMPORTANTES VERITES
QUI RESSORTENT DE MON TEXTE.
I.
Avant tout, occupons-nous
DU COMMANDEMENT. Jésus-Christ l'a appelé, vous le savez,
le second commandement. " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute
ta force," ce qui revient à dire: " Tu aimeras ton Dieu
plus que toi-même," - voilà le premier commandement.
Et voici le second dont
les exigences sont, à la vérité, un peu moindres,
mais qui n'en est pas moins d'une prodigieuse élévation
: " Tu aimeras ton prochain comme toi-même. " Et d'abord,
qui dois-je aimer ? - Mon prochain. - Par le mot prochain, nous
devons entendre premièrement toute personne qui vit près
de nous, et par extension, tout membre, quel qu'il soit, de la grande
famille humaine. Dans son sens propre, ce mot signifie voisin
ou proche, en sorte que celui-là est essentiellement mon
prochain qui vit, demeure ou se trouve près de moi. Ainsi , par
exemple, le pauvre blessé, gisant à demi mort sur le chemin
de Jéricho, était le prochain du bon Samaritain
et avait droit à sa compassion, par le seul fait qu'il se trouvait
sur sa route.
Aime donc ton prochain,
ô mon frère. Peut-être est-il riche, tandis que tu
es pauvre. Peut-être son habitation seigneuriale s'élève-t-elle
à côté de ton humble chaumière. Tu vois ses
vastes domaines, son fin lin, ses habits magnifiques. Le même
Dieu qui lui a donné ces biens a jugé bon de te les refuser;
c'est pourquoi ne convoite pas ses richesses, et ne nourris dans ton
cœur aucune pensée amère à son égard.
Quoi qu'on dise et quoi
qu'on fasse, il y aura toujours inégalité de fortune parmi
les hommes : soumets-toi donc sans murmures à cette loi de la
société. Sois content de ton sort si tu ne peux l'améliorer;
surtout ne regarde pas ton prochain d'un œil d'envie; ne souhaite pas
de le voir réduit, comme toi, à la pauvreté. Et
si des gens sans principes ni conscience cherchaient à lui ravir
ses biens, fût-ce même à ton profit, garde-toi de
les aider ou de les soutenir en aucune manière. Aime ton prochain,
et alors tu ne saurais lui porter envie.
Et toi, riche de ce monde,
ne méprise point ton voisin parce qu'il est d'une condition autre
que la tienne. Peut-être auprès de toi vit un pauvre: ne
rougis point de l'appeler ton prochain; ne rougis point de reconnaître
que tout pauvre qu'il est, il a droit à ton amour. Le monde l'appelle
ton inférieur: mais, je te prie, en quoi consiste cette infériorité
? S'il n'est pas ton égal en position, il l'est en réalité.
Dieu a fait naître d'un seul sang tout le genre humain (Actes
27:26). Ne te persuade donc pas que tu vailles plus que lui. Il
est homme: et toi, qu'es-tu de plus? Il peut être un homme en
haillons, mais un homme en haillons est toujours un homme, c'est-à-dire
un être crée à l'image de Dieu ; et quand même
tu serais un homme vêtu de pourpre, encore ne serait-tu, après
tout, qu'un homme.
Ne manque donc pas d'aimer
ton prochain, ô mon frère, quelle que soit sa pauvreté,
et garde-toi de le mépriser, fût-t-il même tombé
au dernier degré de l'échelle sociale. Aime aussi ton
prochain, quelles que puissent être ses convictions religieuses.
Tu crois que la fraction de l'Eglise à laquelle tu appartiens
est la plus près de la vérité, et tu ne doutes
ni de ton salut ni de celui de tes amis qui pensent comme toi. Ton prochain,
lui, pense différemment. Sa religion, selon toi, est erronée
et mensongère: aime-le malgré cela. Que les divergences
qui séparent vos opinions ne séparent point vos cœurs.
Peut-être a-t-il tort, peut-être a-t-il raison, je ne prétends
point décider entre vous; quoi qu'il en soit, je sais une chose:
c'est que celui-là pratique le mieux l'Evangile; qui aime le
plus son prochain. Mais il se peut que tu aies affaire à un homme
qui n'ait pas de religion du tout. Il insulte Dieu, il viole ses sabbats,
il est sceptique et il s'en fait gloire. N'importe; tu dois l'aimer.
Des paroles hautaines ne pourraient que l'éloigner davantage
de la pitié; une conduite dure à son égard ne le
disposerait pas à devenir chrétien. Aime-le, malgré
son impiété. Aussi bien, son péché n'est
pas contre toi; il est contre ton Dieu.
Or, ce Dieu, tu le sais,
se charge lui-même de tirer vengeance des péchés
commis contre lui: laisse donc ton prochain entre les mains du juste
Juge; mais en attendant, si tu peux lui rendre service, lui témoigner
de l'intérêt ou de la bienveillance, fais-le sans hésiter,
fais-le de nuit ou de jour. Et si tu établis quelque distinction
entre lui et un autre, qu'elle soit plutôt en sa faveur qu'à
son préjudice. Que ta conduite tout entière lui dise clairement:
" Parce que tu n'es pas de ma religion, parce que mon Dieu n'est pas
ton Dieu, je veux chercher d'autant plus à t'être agréable,
afin de te gagner, si je le puis, à la bonne cause. Quoique tu
sois un Samaritain hérétique et moi un Israélite
orthodoxe, je te considère pourtant comme mon prochain, et je
veux t'aimer, dans l'espérance que bientôt tu ne montreras
plus à ton faux temple de Garizim, mais que tu viendras adorer
Dieu avec moi dans son sanctuaire de Jérusalem. "
Oui mon cher auditeur,
aime ton prochain, je le répète, quoique sa religion soit
autre que la tienne. Tu dois l'aimer également, quoiqu'il te
fasse concurrence et que ses intérêts soient opposés
aux tiens. C'est là une maxime qu'il serait difficile, je le
sais, d'introduire à la Bourse ou dans les affaires ; néanmoins,
c'est une maxime, industriels et commerçants, qu'il est de mon
devoir de vous faire entendre.
Un jeune homme vient peut-être
de se lancer dans une entreprise et vous craignez que, s'il réussit,
il ne vous cause du dommage. Gardez-vous de lui désirer du mal.
Gardez-vous surtout de rien faire ou de rien dire qui puisse porter
atteinte à son honneur ou à son crédit. Votre devoir
est de l'aimer; car bien qu'il soit votre compétiteur en affaires,
il n'en est pas moins votre prochain.
Peut-être aussi un
de vos confrères est-il votre débiteur. Si vous exigez
le paiement de sa dette, vous le ruinez du coup; si, au contraire vous
lui laissez la somme qu'il a entre ses mains, il pourra faire face à
l'orage et sortir heureusement de la crise qu'il traverse. Quel est
votre devoir envers lui ? Vous devez l'aimer comme vous vous aimez vous-mêmes
et agir à son égard comme vous voudriez qu'on agît
au vôtre, fussiez-vous placé dans les mêmes circonstances.
Quel que soit celui avec
lequel tu entretiens des relations commerciales, souviens-toi donc,
ô homme, qu'il est ton prochain. Quel que soit celui avec lequel
tu trafiques, qu'il soit plus grand ou plus petit que toi, il est ton
prochain, et la loi chrétienne te commande d'avoir de l'affection
pour lui. Elle ne t'exhorte pas simplement à ne le point haïr:
elle t'ordonne de l'aimer; et quand même il entraverait tes projets,
quand même il t'empêcherait d'acquérir des richesses,
quand même il t'enlèverait ta clientèle, ton crédit,
ou, ce qui est mille fois pire, ta réputation - encore serais-tu
obligé de l'aimer comme toi-même. Cette loi n'admet point
d'exception : Tu aimeras ton prochain. Tu dois encore aimer ton
prochain, ô mon frère, quoiqu'il t'afflige par son péché.
Souvent, n'est-il pas vrai
? nos esprits se soulèvent, nos cœurs se serrent au dedans de
nous, en voyant les iniquités qui s'accomplissent dans les rues
de nos grandes villes. Nous voudrions pouvoir mettre au ban de la société,
comme des malédictions vivantes, le pêcheur scandaleux,
le débauché, la femme de mauvaise vie….. Ce sentiment
n'est pas bon, il n'est pas chrétien. Nous devons aimer les plus
grands pécheurs, et loin d'en bannir aucun de la douce région
de l'espérance, nous devons faire tous nos efforts pour les ramener
au bien. Mon prochain est-il un brigand, un menteur, un scélérat
?
Evidemment je ne puis aimer
sa scélératesse, autrement je serais un scélérat
moi-même. Je ne puis aimer son mensonge, autrement je serais moi-même
un homme faux. Néanmoins, je suis tenu de l'aimer, lui, personnellement,
et s'il m'a fait du mal, je ne dois nourrir à son égard
aucun désir de vengeance, aucune pensée de ressentiment,
mais comme je souhaite que Dieu me pardonne, ainsi dois-je lui pardonner.
Bien plus: si, ayant violé
les lois du pays, mon prochain doit subir la peine de son forfait -
( et il est de toute justice qu'il le fasse ) - je dois l'aimer jusque
dans son châtiment. Magistrat, tu dois le condamner, non point
dans un esprit de haine ou de colère, mais pour son bien, et
avec l'espoir que sa punition le conduira au repentir. Tu dois le punir
de la manière et dans la mesure qui te paraissent les plus propres,
non à expier son crime, mais à lui en faire sentir l'odieux,
et à le porter à ne plus le commettre. Mais condamne-le,
je t'en supplie, les yeux humides, avec regret, avec compassion; condamne-le
en l'aimant encore. Et quand il est jeté dans un cachot, veille
à ce que ses geôliers ne lui fassent pas subir de traitements
inhumains, car souvient-toi que si la fermeté et la sévérité
sont indispensables dans la discipline des prisons, il ne faut pas qu'elles
soient excessives, de peur qu'elles ne dégénèrent
en cruauté, et qu'au lieu d'être utiles, elles ne deviennent
criminelles.
Oui, je dois aimer mon
semblable, alors même qu'il est enfoncé dans la boue et
dégradé par le vice! Le commandement ne me laisse aucun
échappatoire : il réclame mon amour en faveur de mon prochain,
quel qu'il soit. Sans doute, je ne suis point tenu de le recevoir dans
ma maison, ni de le traiter comme un membre de ma famille. Il y a tel
acte de bonté qui serait un acte d'imprudence, car en l'accomplissant,
je pourrais causer la ruine de cœurs honnêtes et récompenser
le vice. Il est des cas où la justice exige que je me pose en
adversaire déclaré de mon prochain, mais dans ces cas
mêmes la charité veut que mon cœur ne lui soit
point fermé; car, si grande que soit son indignité, il
est mon semblable, il est mon frère; et quoique le démon
ait souillé son front de fange; quoiqu'il ait fait rejaillir
son venin jusque dans son âme, tellement que lorsqu'il parle,
sa bouche vomit des blasphèmes, et lorsqu'il court, ses pieds
sont légers pour répandre le sang, cependant le Créateur
l'a revêtu, comme moi, de la dignité d'homme: or, en tant
qu'homme, il est mon frère, et en cette qualité, il a
droit à mon affection.
Si donc, en me baissant
vers lui, je puis espérer de le relever en quelque mesure et
de réveiller dans son âme ne fût-ce qu'une faible
lueur de dignité morale, je pèche si je ne le fait point,
car le Seigneur m'ordonne de l'aimer comme je m'aime moi-même.
Oh ! plût à
Dieu que ce grand principe fût pleinement mis en pratique! Plût
à Dieu que du moins ceux qui m'écoutent en ce moment le
prissent pour règle de leur conduite! Mais je vous le demande,
mes chers auditeurs, en est-il ainsi ? Non, vous n'aimez pas votre prochain
- vous savez que vous ne l'aimez pas! C'est à peine si
vous aimez les personnes qui viennent tous les dimanches invoquer le
Seigneur avec vous dans le même lieu de culte : comment pourriez-vous
songer à aimer ceux qui ne partagent pas vos croyances ? Que
dis-je ? C'est à peine ( ô humiliant aveu ! ) c'est à
peine si vous aimez ceux qui vous sont unis par les liens du sang, qui
ont sucé le même lait que vous, ont grandi sous le même
toit, ont eu part aux mêmes tendresses.
Si donc vous n'aimez pas
vos amis eux-mêmes, est-il surprenant que vous n'aimiez pas vos
ennemis? Que de familles, en effet, qui sont déchirées
par des divisions intestines! Que de frères en guerre contre
leurs frères, de proches contre leurs proches! Peut-être
y a-t-il un homme dans cet auditoire qui ce matin, avant de venir dans
la maison de Dieu, a échangé des paroles amères
avec un des siens.
Ah! mes chers auditeurs,
si vous n'aimez pas ceux de votre famille, vous êtes pire que
des païens et que des infidèles! Comment donc, encore une
fois, pourrait-on s'attendre à ce que vous pratiquiez dans toute
son étendue ce grand et solennel commandement : Tu aimeras
ton prochain ?
Mais que vous le pratiquiez
ou non, mon désir est de le prêcher hautement sans ménager
les oreilles susceptibles de cette génération rebelle
et contredisante. Aussi je tiens à le redire en termes aussi
clairs que possible : mon texte nous impose l'obligation, d'abord, d'honorer
et d'aimer tous les hommes, simplement parce qu'ils sont hommes ;
puis d'aimer d'une façon particulière nos voisins, nos
connaissances, toute personne, en un mot, avec laquelle nous sommes
en rapport ; et cela, non point à cause de sa position sociale
ou en raison de ses qualités, mais simplement parce qu'elle est
notre prochain, et parce que Dieu nous a dit : Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. Mais quoi ? est-il bien vrai
que je doive AIMER mon prochain ?
Oui, je dois l'AIMER. Le
mot est fort, j'en conviens, mais c'est celui dont le Sauveur a fait
usage ; par conséquent, on ne saurait le remplacer.
" Eh bien! " dira quelqu'un
", à tout prendre, je crois que j'obéis à ce commandement.
Je ne parle de personne en termes malveillants. Je n'ai jamais nui,
que je sache, à la réputation de qui que ce soit. J'évite
soigneusement de faire du tort à mes voisins. Même dans
les affaires d'intérêt, je veille à ce que l'esprit
mercantile n'étouffe pas en moi l'esprit de charité. Je
cherche à être juste et poli envers tout le monde. "
Mon cher auditeur, jusque-là,
c'est très bien, mais ce n'est point assez. Il ne suffit pas
que tu puisses dire : " Je ne hais point mon prochain ; " il faut que
tu l'aimes . Il ne suffit pas, quand tu le rencontres sur ton chemin,
que tu t'abstiennes de lui courir sus, ou quand il est retiré
dans sa maison pour la nuit, que tu respectes son repos.
Le commandement de mon
texte n'est pas négatif : il est positif. Il nous dit, non ce
qu'il ne faut pas faire, mais ce qu'il faut faire. Il va sans dire que
tu ne dois nuire en aucune façon à ton prochain ; mais
parce que tu as accompli cette partie de ton devoir, ne te persuade
pas avoir tout fait. Tu dois l'aimer : Voilà ce que Dieu
demande de toi.
" Mais ", dit un autre,
" non-seulement je ne fais pas de mal à mon prochain, mais je
cherche à lui faire du bien. Lorsque mes voisins sont malades,
je leur donne des marques d'intérêt ; s'ils sont pauvres,
je leur envoie des mets de ma table, afin qu'ils mangent et qu'ils reprennent
des forces ; s'ils sont dénués de toute ressources, je
donne mon argent, afin qu'ils soient convenablement soignés.
"
Tu fais bien, mon cher
auditeur ; on ne peut assurément qu'approuver ta conduite ; toutefois,
sache-le, tu peux donner, et pourtant ne pas aimer. Souvent
j'ai vu une aumône jetée à un malheureux, à
peu près comme un os est jeté à un chien, sans
un seul atome de vraie charité. J'ai vu de l'argent donné
à un pauvre avec beaucoup moins de civilité qu'on n'en
met d'ordinaire pour présenter du foin à un cheval. "
Allons ! prenez cela, et allez-vous-en. Je suis bien fâché
que vous soyez venu chez moi. Pourquoi ne vous adressez-vous pas à
d'autres ? Vraiment, je ne sais où cela finira ; je suis assailli
par des mendiants ! " Voilà de quelles paroles la plupart des
aumônes sont accompagnées ; puis, on ajoute à part
soi : " Il faut bien que je lui donne, je suppose, sans quoi on dirait
que je suis avare! "
Oh! mes amis, je vous le
demande, est-ce là aimer son prochain ? est-ce là
le moyen de s'en faire aimer ? Lui eussiez-vous parlé avec bonté
tout en lui refusant votre argent, il vous en aurait su plus de gré
que de votre aumône donnée d'une façon si blessante.
O toi qui nourris le pauvre
et qui visites le malade, non, tu n'as point obéi au commandement
de mon texte, à moins que ton cœur n'ait donné l'impulsion
à ta main, et que la bénéficence de ta vie ne soit
que la fidèle expression de l'intime charité de ton âme.
" Tu aimeras ton prochain. "
Mais ici je prévois
une interruption d'un autre genre. " Prédicateur, me dira-t-on,
avec la meilleure volonté du monde, je ne puis pas aimer
mon prochain. Peut-être pouvez-vous aimer le vôtre, parce
qu'il est meilleur que le mien ; mais les personnes avec lesquelles
j'ai affaire ont l'esprit si mal tourné, qu'en vérité
on perd son temps à vouloir les aimer. J'ai souvent essayé
; mais à tous mes témoignages de bon vouloir et d'affection,
elles n'ont répondu que par l'ingratitude, la froideur et l'insulte.
"
Eh bien ! mon frère,
ne te décourage pas ; aime-les toujours, et tu n'en seras que
plus héroïque. Soldat efféminé, voudrait-tu
donc n'avoir rien à souffrir dans la sainte guerre de l'amour
? Sur ce terrain, sache-le, la victoire reste toujours au plus vaillant
; c'est pourquoi, quelque rude que soient tes premiers pas dans la carrière,
avance hardiment, avance sans te laisser rebuter par les obstacles,
avance en aimant ton prochain envers et contre tous, en l'aimant, s'il
le faut, malgré lui-même. Amasse des charbons de feu sur
sa tête. Que s'il est de sa nature difficile à contenter,
ne t'en mets point en peine : cherche , non à lui plaire, mais
à plaire à ton Maître. Et si ton affection est méprisée
par les hommes, souviens-toi que ton Maître, lui, ne la méprise
pas, mais que tout acte de charité et de dévouement, quoique
méconnu par celui qui en est l'objet, n'en est pas moins agréable
à ton miséricordieux Sauveur. Tu aimeras ton prochain.
Du jour où ce commandement
serait mis en pratique, toute colère, toute violence et toute
animosité disparaîtrait évidemment de la terre.
Qui est jamais en colère contre lui-même ? Sans doute,
dans un certain sens, tout homme sage l'est quelquefois : pour ma part,
j'avoue que je ferais bien peu de cas de celui qui, en présence,
soit du mal qu'il sent dans son cœur, soit du mal qui se commet autour
de lui, pourrait toujours conserver son sang-froid.
Mais souviens-toi, ô
homme ! que tu n'as pas le droit de t'irriter contre ton frère
plus que tu ne t'irrite contre toi-même. Tu es parfois indigné
de ta propre conduite, et tu peux t'indigner également de la
sienne, s'il commet une mauvaise action. Mais ta colère
contre toi est de très courte durée, n'est-il pas vrai?
Tu pardonnes bientôt, je n'en doute pas, à ta chère
personne: eh bien ! tu dois tout aussitôt, pardonner à
ton prochain. Si tu lui as dit quelques paroles trop vives, va et retire-les-
sur-le-champ, et si tu n'as fait que le reprendre selon la vérité,
n'ajoute rien qui pourrait augmenter sa confusion. Quand tu es y es
appelé, proteste hardiment contre le péché, mais
fais-le avec toute la charité possible. Ne sois pas plus raide
qu'il ne faut. Agis envers autrui comme tu agirais envers-toi même.
Surtout, ne conserve aucune rancune. Que le soleil ne se couche jamais
sut ta colère. Ce n'est qu' à ces conditions que tu pourras
aimer ton prochain, car il est absolument impossible d'obéir
aux paroles de mon texte en en nourrissant dans son cœur la moindre
pensée de ressentiment ou de vengeance.
Mais il y a plus. Tu es
tenu d'aimer ton prochain: prends donc garde de ne pas le traiter avec
indifférence. Ne néglige pas; intéresse-toi à
ce qui le concerne. Peut-être est-il triste, ou malade, ou abattu;
une simple visite de ta part pourrait lui faire du bien; mais quoiqu'il
habite près de ta demeure, il ne t'envoie pas chercher, car,
dit-il, "je ne veux importuner personne."
C'est donc à toi,
mon cher auditeur, qu'il appartient de rechercher les douleurs de ton
frère. Les personnes les plus dignes d'égards sont celles
qui en sollicitent le moins. La pauvreté la plus digne de respect
est celle qui ne demande pas la pitié.
N'attends pas que l'on
vienne t'informer de la détresse de tes voisins, mais soi le
premier à la découvrir, et, autant qu'il te sera possible,
viens en aide à chacun selon ses besoins. Et lorsque tu vas voir
le pauvre dans sa demeure, ne prends pas, je t'en supplie, cet air de
condescendance hautaine que revêt trop souvent la charité;
vas-y non comme si tu étais quelque créature d'un ordre
supérieur qui se prépare à octroyer un bienfait,
mais comme un frère qui vient s'acquitter envers son frère
d'une dette à laquelle la nature et l'Evangile lui donnent des
droits sacrés. Assieds-toi à son côté, parle-lui,
témoigne-lui de l'affection.
Et si tu as affaire à
un homme aux sentiments fiers et élevés, agis à
son égard avec beaucoup de prudence ; garde-toi bien de lui donner
ouvertement une aumône, mais assiste-le d'une manière détournée,
de peur que tu n'affliges son esprit en voulant le soulager, et que
tu ne le blesses avec la boîte même de parfum dont tu avais
l'intention d'oindre sa tête. Ne lui fais pas de la peine par
ta maladresse ; respecte sa susceptibilité. Laisse ton offrande
sans rien dire, et il oubliera bientôt ce qu'il y a de pénible
à recevoir, mais il se souviendra toujours de ta bonté
et de ta sympathie.
Il me serait impossible,
vous le comprenez, mes chers amis, d'entrer dans tous les développements
qu'exigerait le vaste sujet qui nous occupe. Je me bornerai donc à
observer que l'amour du prochain réduit aussi à néant
tout péché qui ressemble à la convoitise, à
l'envie ou à la malveillance. Il nous dispose en tout temps à
rendre à nos semblables toutes sortes de bons offices, à
leur pardonner tout le mal qu'ils peuvent nous faire, et à consentir
même à leur servir en quelque sorte de marchepied, si par
là nous pouvons leur prouver que nous sommes de vrais disciples
du Seigneur Jésus.
" Mais, enfin de compte
", objectera peut-être quelqu'un, " je ne vois pas que je sois
tenu de toujours pardonner. Il y a chez toute créature vivante
un irrésistible instinct qui la porte à se révolter
contre celui qui l'opprime. Voyez le ver lui-même: ne se redresse-t-il
pas sous le pied qui l'écrase? "
Et prends-tu donc un ver
pour ton modèle, mon cher auditeur? Oui, un ver se redresse,
mais un chrétien supporte. Amère dérision, en vérité
de me proposer un ver pour exemple, tandis que j'ai Christ pour modèle!
Christ a supporté. Quand on lui disait des outrages, il n'en
rendait point. Quand on le crucifia, quand on le cloua au bois maudit,
il s'écria: "Père, pardonne-leur!"
Oh! chrétien, imite
ton Sauveur dans son incomparable charité. Qu'un amour invincible,
un amour à toute épreuve, un amour si puissant que beaucoup
d'eaux ne pourraient l'éteindre et que les fleuves mêmes
ne pourraient le noyer (cant 8 :7), qu'un tel amour habite
dans ton cœur. Tu aimeras ton prochain.
Et maintenant, il nous
reste à examiner quelle doit être la mesure de cet amour.
Plût au ciel que
telle grande dame aimât son prochain autant qu'elle aime son épagneul!
Plût au ciel que
certains riches propriétaires s'intéressassent autant
à leurs semblables qu'à leurs chevaux ou à leur
meute de chiens!
Très sérieusement,
mes chers amis, je crois que l'amour fraternel serait en grand progrès
parmi nous si chacun voulait consentir à accorder à ses
voisins une aussi grande part dans son affection que celle qu'il accorde
à un animal favori.
Mais quoi? N'est-ce pas
ravaler l'amour du prochain que de le réduire à un tel
niveau? Oui, sans doute, et pourtant, je le crains fort, ce niveau est
bien supérieur à celui que la plupart d'entre vous lui
avez donné jusqu'ici. N'est-il pas vrai que vous aimez vos frères
que vos champs, votre maison ou votre bourse? Qu'elle est donc élevée,
qu'elle est donc sublime la règle d'or de l'évangile:
" tu aimeras ton prochain comme toi-même! "
Ici, une question se présente:
Combien les hommes s'aiment-ils eux-même? Je réponds: Aucun,
trop peu; la plupart, trop. Tu peux t'aimer autant qu'il te plaira,
mon cher auditeur, mais à la condition que tu aimes ton prochain
dans le même mesure. Je suis assuré qu'il n'est nullement
nécessaire de t'exhorter à t'aimer toi-même. Ton
bien-être, tes affaires, ta santé, forment, je n'en doute
pas, le principal objet de ta sollicitude. Tu ne négligeras rien,
j'en suis parfaitement sûr, pour garnir ton nid d'un moelleux
duvet, afin de le rendre aussi doux que possible.
Il serait superflu, je
le répète, de t'exhorter à chérir ta propre
personne: tu n'a rien à apprendre à cet égard.
Comme donc tu t'aimes toi-même, ainsi aime ton prochain. Et n'oublie
pas que ce mot de prochain est d'une largeur infinie; n'oublie
pas qu'il embrasse tous les rangs de la société, qu'il
comprend même ton compétiteur, ton ennemi, celui dont tu
as le plus à te plaindre.
Oh! quelle révolution
radicale s'accomplirait dans le monde si ce grand principe de l'amour
fraternel avait force de loi parmi les hommes! Quel puissant levier
serait cette simple parole du Sauveur: Tu aimeras ton prochain comme
toi-même, pour renverser de fond en comble une foule d'abus
et de préjugés qui sont passés dans nos mœurs!
Dans nos sociétés
civilisées, quoi qu'on en dise, il règne un esprit de
caste presque aussi tranché qu'en Hindoustan. Monseigneur regarde
avec dédain quiconque n'est pas son égal en dignité,
et celui qui le suit dans la hiérarchie sociale considère
l'industriel et le commerçant comme des êtres d'un ordre
subalterne.
Le commerçant à
son tour regarde le travailleur comme infiniment au-dessous de lui,
et il n'est pas jusqu'aux diverses catégories d'ouvriers qui
ne se piquent d'une certaine supériorité les uns sur les
autres.
Oh! quand donc luira le
jour où ces absurdes préjugés s'écrouleront
tous ensemble; où l'humanité, sentant enfin qu'un même
sang circule dans ses veines, ne formera plus qu'une grande famille;
où chacun aimera son frère, et où toutes les classes
de la société comprendront qu'elles sont dépendantes
les unes des autres!
Mais en attendant ce jour
bénit, travaillons chacun pour son propre compte à nous
pénétrer de l'esprit de mon texte, et à nous dépouiller
de plus en plus de ce misérable orgueil dont les meilleurs mêmes
ne sont pas exempts.
O vous ma sœur, tout enveloppée
de soie et de velours, depuis des années vous vous asseyez peut-être
dans la maison de Dieu côte à côte avec une pauvre
femme, vêtue, il est vrai d'un habit grossier, mais qui n'en n'est
pas moins un enfant de Dieu aussi sincère que vous pouvez l'être.
Lui avez-vous jamais parlé? Non, jamais. Et pourquoi cela? Voulez
que je vous le dise? Parce qu'il se trouve que vous avez plus de francs
à dépenser par jour qu'elle, la pauvre âme, n'a
de centimes!
Et vous, c'est M. le comte,
vous entrez dans le sanctuaire, la tête haute, vous attendant
à ce que chacun vous témoigne le plus grand respect. Et
en effet, vous avez droit à notre respect, car vous êtes
homme; or le même passage qui nous dit: "Honorez le roi,
" nous dit aussi: "Rendez l'honneur à tout le monde (1
Pierre 2 :17)." Nous sommes donc tenu de nous honorer mutuellement.
Mais quand à vous, tout en croyant que plus que personne vous
êtes digne de la vénération publique, vous vous
dispensez fort bien d'user de condescendance envers qui que ce soit.
Que votre seigneurie me permette de le lui dire: elle serait bien plus
grande aux yeux des autres, si elle l'était un peu moins à
ses propres yeux.
Oh! que bénit soit
notre Père céleste, que béni soit le Seigneur Jésus
de nous avoir donné ce commandement, car, je le répète,
une ère de bonheur se lèvera sur le monde quand ses paroles
seront accomplies à la lettre: "Tu aimeras ton prochain comme
toi-même."
II.
Et maintenant, mes chers
auditeurs, je désire vous indiquer QUELQUES-UNS DES MOTIFS QUI
DOIVENT VOUS PORTER A OBEIR A CE COMMANDEMENT.
Le premier, le plus puissant
de ces motifs est celui-ci: Nous devons aimer notre prochain, parce
que Dieu nous le commande. Pour le chrétien, il n'est
pas d'argument aussi fort que ces simples mots: " Dieu l'a dit." La
volonté de Dieu est la loi du croyant. Il ne demande pas: " Que
gagnerai-je en agissant ainsi? Que dira l'Eglise? Que dira le monde?
" Il se demande simplement: " Est-ce la volonté de mon Père?
"
Puis, cette question une
fois résolue, il s'écrie: " O Esprit-Saint! Donne-moi
d'obéir, non à cause des avantages qui peuvent résulter
de mon obéissance, mais uniquement parce que tu as parlé!
"
Oui, c'est le privilège,
c'est la gloire du chrétien de faire la volonté de Dieu,
en obéissant à la voix de sa Parole (Ps. 103 :20.).
Mais je le sais, ce motif tout-puissant pour le chrétien, est
de nulle valeur pour les gens du monde.
En voici un autre, d'une
nature toute différente, qui aura probablement plus de poids
auprès d'eux. Nous devons aimer notre prochain dans notre
propre intérêt.
Au premier abord, il faut
en convenir, ceci à l'air d'un paradoxe. Ne semble-t-il pas en
effet, qu'en nous encourageant à aimer les autres, l'égoïsme
se donnerait, pour ainsi dire, la mort de ses propres mains? Et cependant,
pour peu qu'il fût intelligent, je soutiens que l'égoïsme
lui-même nous tiendrait ce langage: " Moi, aime ton prochain,
car alors ton prochain t'aimera. Moi, aide ton prochain, car alors ton
prochain t'aidera. Fais-toi des amis, ô Moi, avec tes richesses
iniques, afin que lorsque tu viendras à manquer, ils te reçoivent
dans les tabernacles éternels (Allusion à Luc, 16 :19).
Moi, tu recherches tes aises: le meilleur moyen de te procurer, c'est
de bien traiter ceux avec qui tu as affaire. Moi, tu recherches le plaisir,
les jouissances: tu ne pourras jouir de rien si ceux qui t'entourent
te haïssent. Efforce-toi donc de te concilier leurs bonnes grâces,
et ainsi, ô cher Moi, tu seras heureux."
Egoïstes! Profitez
de ces sages conseils de votre maître, et puissiez-vous devenir
assez logiquement, assez judicieusement égoïstes pour témoigner
à vos alentours des égards et de la bonté! Le plus
court chemin pour arriver au bonheur, c'est de rendre les autres heureux.
Le monde est bien mauvais, mais il ne l'est pas assez pour être
complètement insensible à la puissance de la bonté
et de l'amour.
Maîtres, soyez bons
envers vos domestiques, et sauf quelques rares exceptions, soyez sûrs
qu'ils seront bons pour vous. Serviteurs, servez vos maîtres avec
affection. Il en est bon nombre, j'en conviens, qui sont durs et exigeants,
mais soyez persuadés qu'ils n'en apprécient pas moins
les bons services, et que si vous avez un peu de support, ils finiront
par vous bien traiter.
Pour ma part, si je désirais
obtenir la plus grande somme de bonheur possible, je ne demanderais
point à la terre son luxe et ses richesses, ni aux plaisirs des
sens, leurs joies et leurs voluptés: toute mon ambition consisterait
à me sentir entouré d'êtres aimés et aimants,
et à pouvoir me dire que partout où je vais je répands
l'allégresse. Oui, c'est là le vrai moyen d'être
heureux soi-même.
Ainsi donc, mon cher auditeur,
tu vois que ton intérêt bien entendu doit te porter à
aimer les autres, car, par le fait , en les aimant, tu travailles à
ton propre bonheur: tant il est vrai qu'entre ton prochain et toi il
existe une si étroite solidarité, que le courant d'affection
qui découle de ton cœur vers lui, refluera tôt ou tard
vers toi.
Mais je me suis arrêté
que trop longtemps à un motif aussi misérable que celui-là.
Il est indigne d'un chrétien, il est indigne même de tout
homme généreux!
Aimez votre prochain, vous
dirai-je encore, parce que c'est le moyen de faire du bien dans le
monde. Vous êtes philanthropes; vous vous intéressez
à tout ce qui se fait pour soulager ou améliorer l'humanité;
vous souscrivez aux sociétés de missions, aux établissements
d'orphelins et autres institutions charitables. Sans doute, toutes ces
œuvres sont excellentes: Dieu me garde de les déprécier
en aucune manière!
Mais tout excellentes qu'elles
sont, je me demande souvent si elles ne nuisent pas en quelque mesure
aux efforts individuels des chrétiens, et si elles n'encouragent
point notre paresse naturelle, dans ce sens que nous nous croyons autorisés
à nous décharger sur elles, moyennant une légère
contribution, du devoir de faire du bien à nos semblables.
Encore une fois, qu'on
ne se méprenne point sur le sens de mes paroles. Je ne médis
nullement de nos sociétés religieuses; je vous exhorte,
au contraire, à les soutenir autant qu'il vous sera possible;
seulement, voici ce que je vous dis, mes biens-aimés: Si vous
désirez réellement le bien de l'humanité, ne vous
contentez pas d'y concourir, en quelque sorte, par procuration, mais
mettez vous-même la main à l'œuvre.
N'ayez pas constamment
recours à des intermédiaires pour témoigner à
votre prochain que vous l'aimez. Soyez vous-mêmes les distributeurs
de vos aumônes; nourrissez le pauvre, visitez le malade, habillez
l'indigent, recueillez même l'orphelin dans vos maisons. De la
sorte, n'en doutez pas, vous travaillerez efficacement au bien de la
société.
Chers amis , souvenez-vous
qu'il n'est pas de plus sûr moyen d'améliorer le monde,
que d'être bon soi-même. Etes-vous ministre de l'Evangile?
Annoncez la vérité d'un ton bourru et grondeur: vous aurez
bientôt une église où l'on haïra la religion.
Etes-vous moniteur dans
une école du dimanche? Instruisez vos élèves en
fronçant le sourcil: vous verrez quel profit ils retireront de
vos leçons.
Etes-vous chef de famille
et célébrez-vous le culte domestique? Mettez-vous en colère
contre vos serviteurs; après cela, dites: "Prions Dieu:" quelle
grande somme de dévotion vous développerez en eux!
Etes-vous geôlier
d'une prison et avez-vous des détenus à surveiller? Rudoyez-les,
maltraitez-les, puis conduisez-leur le chapelain: comme ils seront bien
préparés à recevoir la Parole de Dieu!
Vous avez des pauvres autour
de vous; vous voudriez les relever, les éclairer, les moraliser.
Allez de maison en maison, et tancez-les vertement sur la malpropreté
de leurs demeures, sur la grossièreté de leurs goûts,
sur l'état d'abaissement moral dans lequel ils sont plongés:
bon moyen, en vérité, de les engager à profiter
de vos conseils! Mais essayez d'un tout autre système.
Laissez là, croyez-moi,
le front dur et le regard sévère; oignez votre visage
de l'huile parfumée de la bienveillance, et, le sourire aux lèvres,
allez vers votre prochain en lui disant: "Je vous aime. Je ne fais pas
de grandes phrases sur la fraternité, mais vous pouvez compter
sur moi, et autant qu'il me sera possible, je vous prouverai mon affection.
Voyons: que puis-je faire pour vous? Quel service puis-je vous rendre?
Dois-je vous aider à franchir un fossé, vous secourir
dans un moment difficile? Vous encourager quand vous êtes abattu?
Il me semble que je pourrais m'occuper de votre petite fille ou envoyer
le médecin à votre femme qui est malade." Pratiqué
sur une large échelle, un tel système de bienveillance
et de bons procédés ferait plus, j'en suis convaincu,
pour le relèvement moral des masses, que tout ce grand déploiement
de rigueur par lequel on cherche à les contenir. Vos gibets et
vos échafauds n'ont point amélioré le monde. Pendez
les hommes aussi longtemps qu'il vous plaira: vous n'en serez pas plus
avancés. La corde n'a jamais moralisé personne, et elle
ne le fera jamais. La peine de mort n'est point une nécessité
(l'auteur exprime ici son opinion personnelle, dont nous lui laissons
toute la responsabilité; car quelles que puissent être,
comme individus, nos sympathies pour cette opinion, nous croyons devoir
comme éditeurs nous imposer une grande réserve sur une
question aussi grave et aussi délicate que celle de la peine
de mort - Note des Editeurs).
Encore une fois, traitez-le
avec miséricorde, traitez-le avec amour; et, moyennant la bénédiction
de Dieu, vous verrez qu'il n'est pas de loup, sous les traits d'un homme,
dont le cœur ne s'amollisse à la sainte flamme de la charité;
pas de tigresse, sous la forme d'une femme, qui ne soit bientôt
vaincue par la voix sympathique et tendre d'une amie chrétienne.
Je vous le dis donc, mes
bien-aimés, dans l'intérêt de l'humanité,
aimez votre prochain. Aimez- le aussi, vous souvenant que par votre
manque d'affection, vous pouvez augmenter sa part de douleurs. Il
est dans le monde bien des misères dont nous ne soupçonnons
pas l'existence. Souvent, nous avons adressé de dures paroles
à de pauvres âmes désolées; nous ne l'aurions
point fait si nous avions connu leurs douleurs, mais notre ignorance
ne nous excuse pas, car nous aurions dû les connaître.
Te rappellerai-je, mon
cher auditeur, que pas plus tard qu'hier, tu as expulsé de ta
maison une pauvre femme, mère de trois enfants? Cette femme,
veuve et délaissée, te devait quelque semaines de loyer.
La dernière fois qu'elle te paya, elle vendit la montre de son
mari et son anneau de mariage : c'étaient les seuls objets qui
fussent chers à son cœur; néanmoins, elle les vendit et
te paya….. Cette fois-ci, elle n'avait plus rien à vendre. Elle
te pria de patienter quelques jours; tu l'as fait, et tu crois avoir
agi d'une manière exemplaire en le faisant. Mais ce délai
expiré, tu t'es dit: " Cette femme ne m'inspire pas une grande
confiance; en tous cas, je sais qu'elle est mauvaise payeuse. Elle a
trois enfants, c'est vrai, mais finalement cela ne me regarde pas. Où
en seraient les propriétaires s'ils devaient s'occuper de ces
détails? Les affaires comme les affaires! " Et là-dessus,
tu as fait signifier à la pauvre veuve qu'elle eût à
déloger sur-le-champ. Ah! Si tu avais pu voir ce qui se passait
dans son cœur brisé, alors que sans argent et sans abri elle
franchissait le seuil de ta maison, se demandant avec effroi où
ses enfants trouveraient un gîte pour la nuit, sûrement
tu aurais eu pitié d'elle, et une voix intérieure t'aurait
dit : "Non, tu ne peux pas jeter ainsi à la rue la veuve et l'orphelin!
" Mais tu n'as pas connu son angoisse; tu n'as pas même voulu
voir l'infortunée, et tu as commis une mauvaise action. Les lois
humaines, je le sais, te donnent droit, mais la loi de Dieu te condamne,
car cette loi te dit: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Un mot aussi à vous,
mon riche auditeur. Un jeune homme s'est présenté chez
vous l'autre jour. Il vous a dit : " Vous connaissez mon petit commerce.
Les temps sont difficiles, ma clientèle n'est pas encore établie;
j'ai beaucoup à lutter pour me maintenir sur l'eau.
Cependant, je suis loin
de désespérer. Je crois, au contraire, que mon avenir
serait assuré et que d'ici quelques mois, j'aurais acquis un
bonne position, si seulement vous pourriez me faire quelques avances."
- " Jeune homme ", avez-vous répondu d'un ton froid, " j'ai eu
beaucoup de mauvaises dettes dernièrement. D'ailleurs, vous ne
pouvez offrir aucune garantie sérieuse. Il m'est impossible de
vous prêter. " Le jeune homme s'est incliné en silence
et s'est retiré.
Voilà ce que vous
savez, ô mon frère; mais ce que vous ignorez, c'est que
ce jeune homme, intègre et honnête autant que vous, vous
a quitté la mort dans l'âme. Ce que vous ignorez , c'est
qu'unique soutien d'une mère âgée et de deux sœurs
incapables de subvenir à leurs besoins, il a entrepris son commerce
dans le but de leurs donner du pain. Ce que vous ignorez encore, c'est
que depuis un mois la pauvre famille s'impose toutes sortes de privations
, afin de faire honneur à ses affaires. Eussiez-vous aider ce
jeune homme, vous n'auriez probablement rien perdu, et vous auriez assuré
le sort de toute une famille. Mais maintenant le malheureux ne sait
que devenir. Son cœur se gonfle, son âme défaille en songeant
à sa vieille mère, à ses jeunes sœurs, qui, selon
toute apparence, sont à la veille de se trouver sans ressources…."Si
j'avais su tout cela," me dites-vous peut-être, "je l'aurais aidé."
Et qui est responsable de votre ignorance, si ce n'est vous-même,
mon cher auditeur? Votre devoir n'était-il pas avant de prendre
une décision, de questionner celui qui vous demandait un service,
et de prendre des renseignements sur son compte?
" Ce n'est point ainsi
que se traitent les affaires ", me répondez-vous. C'est possible,
mais c'est ainsi qu'un chrétien devrait les traiter. Périssent
vos affaires si elles vous obligent à vous conduire en enfant
du diable et non en enfant de Dieu!
Si vous faites profession
de pitié, cherchez à servir Dieu, même dans vos
affaires, et n'oubliez pas qu'il vous dit : Tu aimeras ton prochain
comme toi-même. Un dernier exemple. Il y a ici une grande
dame, à qui Dieu a donné non-seulement l'abondance, mais
aussi le superflu, et pour qui l'argent n'a guère plus de valeur
que les épingles n'en ont pour d'autres. Elle va parfois visiter
les pauvres. Dès qu'elle entre, on s'empresse de lui avancer
un siège, et quand elle est assise , elle commence à discourir
fort doctement sur le devoir de la modération et de l'économie.
Les pauvres gens qui l' écoutent se demandent tout surpris, comment
il serait possible d'économiser plus qu'ils ne font, car souvent,
ils ne mangent que du pain, et ils ne voient pas ce qu'il pourrait retrancher
à ce maigre ordinaire. En suite, la dame leur fait un cours complet
d'ordre et de propreté, et se permet, à ce sujet, une
infinité de remarques impertinentes sur les vêtements des
enfants, qui, hélas! n'en possède pas de rechange….Puis,
elle se lève, et dit à la mère de famille:" Ma
bonne femme, voici un petit livre dont je veux vous faire cadeau: il
traite de l'ivrognerie; je vous engage à le donner à votre
mari." (Pauvre créature! Si elle le fait, elle sera battue, n'en
doutez pas.) "Tenez," ajoute enfin la visiteuse, "je vous donne encore
ceci;" et elle lui met dans la main une pièce d'argent. Après
cela, la dame s'en va, en se disant avec satisfaction: "J'aime mon prochain."
- Vous l'aimez, ma sœur? Avez-vous donc traité cette femme avec
affection?
"Non." - Lui avez-vous
parlé comme une amie parle à son amie? - "Non, sans doute;
elle est mon inférieure." - Alors ne vous flattez point d 'avoir
obéi à cette loi divine: Tu aimeras ton prochain comme
toi-même. Et vous dirai-je, chère sœur, ce qui est
arrivé après que vous fûtes partie? La mère
de famille fondit en larmes, et courut chez son pasteur afin d'être
consolée. "Oh! monsieur, " s'écria-t-elle, "je suis bien
reconnaissante envers Dieu du petit secours qu'il vient de m'envoyer,
mais j'ai cru que mon cœur allait se briser! Une dame est venue me voir,
elle m'a donné quelque argent, mais elle m'a parlé d'une
manière si offensante, qu'en vérité j'ai eu envie
de refuser son aumône. Elle m'a fait affront en présence
des enfants, elle m' a humiliée de mille manières, elle
m'a tenu les propos les plus pénibles! Oh! qu'il est dur de se
voir ainsi traitée, surtout lorsque, comme moi, l'on a connu
de meilleurs jours! "
Voilà, ma sœur,
quel a été le résultat de votre visite. Non, vous
n'aimez pas votre prochain sans quoi vous n'auriez ajouté une
nouvelle douleur aux douleurs de votre pauvre sœur. Vous lui avez donné
de l'argent, c'est vrai, mais qu'est-ce que de l'argent sans un peu
d'amour? La valeur de votre offrande eût été décuplée
si vous y aviez joint la moindre parcelle de vraie charité. Tu
aimeras ton prochain.
Oh! plût à
Dieu que je pratiquasse toujours moi-même ce saint commandement,
et que je parvinsse à le faire pénétrer dans le
cœur de tous ceux qui m'écoutent ! Le dernier argument dont je
ferai usage s'applique exclusivement aux enfants de Dieu. Chrétien,
mes frères leur dirai-je, vous devez aimer votre prochain, parce
que Christ vous a aimés. Il vous a aimés le premier.
Il vous a aimés quand il n' y avait rien en vous qui fût
aimable. Il vous a aimés quoique vous l'eussiez méconnu,
méprisé, insulté. Il vous a aimés avec persévérance,
il vous aime d'un amour éternel. Il vous a aimés dans
vos chutes, Il vous a aimés dans vos relèvements. Il vous
a aimés malgré vos péchés, vos ingratitudes
et vos folies. Son cœur aimant n'a jamais changé et il a répandu
tout le sang de ses veines pour vous prouver son amour.
Il vous donne ici-bas tout
ce dont vous avez besoin, et vous prépare dans les cieux une
habitation éternelle. O chrétiens, la religion que vous
professez exige que vous aimiez comme votre Maître a aimé.
Il vous a dit, vous le savez: Je vous laisse un exemple, afin que
vous suiviez mes traces.
Or, comment pourriez-vous
suivre ces traces à moins que vous n'aimiez? Laissez au mahométan,
au juif et au païen, la dureté de cœur et l'insensibilité:
de leur part, ces sentiments sont, à quelque degré, excusables;
mais en vous, rachetés de Christ, ils seraient la plus étrange
des anomalies, la plus choquante des contradictions; et si vous n'aimiez
pas votre prochain, en vérité, je ne sais comment il serait
possible que vous fussiez les vrais disciples du Seigneur Jésus.
III.
Et maintenant, il ne me
reste plus qu'a vous faire remarquer, très-sommairement, quelques-unes
DES IMPORTANTES VERITES QUI RESSORTENT DE MON TEXTE.
La première, c'est
que nous sommes tous coupables. En effet, mes bien-aimés, devant
ce commandement qui de nous ne sent condamné par sa conscience?
Puisque la loi de Dieu m'ordonne d'aimer mon prochain, du haut de cette
chaire, moi tout le premier, je dois confesser mon péché!
Hier soir, vous le dirai-je?
en méditant sur ce texte, j'ai versé des larmes amères
au souvenir de tant de paroles dures qui se sont échappées
de mes lèvres, de tant d'occasions de faire le bien dont je n'ai
pas profité.
J'ai chercher à
m'humilier sincèrement devant Dieu, et je suis assuré
qu'il n'est personne dans cet auditoire qui sentît le besoin de
s'humilier avec moi, si la parole de mon texte était appliquée
à son âme, par la puissance de l'Esprit de Dieu.
Oui, nous sommes tous coupables!
O vous les plus tendres des cœurs, les plus charitables des âmes,
dites, n'êtes-vous pas forcés, chacun pour son propre compte,
de vous joindre à ce triste aveux?
Et ceci nous suggère
naturellement une seconde remarque. Si tout le monde a violé
ce commandement, qui peut espérer être sauvé par
ses propres mérites? Y a-t-il ici quelqu'un qui, pendant toute
sa vie, ait aimé son prochain de tout cœur? Si un tel homme existe,
il sera certainement sauvé par ses œuvres, à condition
toutefois qu'il n'ait pas enfreint non plus les autres commandements.
Mais si vous n'avez pas
aimé vos semblables - (et vous savez que vous ne l'avez point
fait) - écoutez la sentence de la loi: L'âme qui péchera
sera celle qui mourra . N'espérez donc pas être sauvé
par les ordonnances de la loi. Quiconque se confie dans la loi périra
par loi.
Oh! combien ceci est propre
à me faire aimer l'Evangile! Si j'ai transgressé le commandement
de mon texte, - et je l'ai fait; si d'un autre coté je ne puis
entrer au ciel sans y avoir parfaitement obéis, précieux
à mon âme est ce Sauveur plein d'amour qui peut laver tous
mes péchés dans son sang! Cher à mon cœur est Celui
qui veut bien me pardonner mon manque de charité, mon peu de
dévouement, ma rudesse et mon égoïsme; jeter un voile
sur toutes mes paroles acerbes, sur mes médisances, sur mon étroitesse,
sur ma dureté, et qui, malgré tous mes péchés,
me donnera enfin une place dans le ciel grâce à son sacrifice
expiatoire!
Mes chers amis, vous êtes
tous pécheurs: si vous l'aviez ignoré jusqu'à ce
jour, l'examen que nous venons de faire a sûrement dû vous
convaincre de cette triste vérité. C'est donc comme à
des pécheurs que je viens vous annoncer l'évangile. Quiconque
croira au Seigneur Jésus sera sauvé.
Et non-seulement Dieu pardonnera
le pécheur, mais il mettra en lui un nouveau cœur et un esprit
droit, en sorte qu'il sera rendu capable à l'avenir d'observer
à quelque degré la loi de son Père céleste,
et qu'il recevra un jour dans la vie éternelle la couronne incorruptible
de gloire.
Plus qu'un mot. Je ne sais
si dans quelques parties de mon discours j'ai paru m'adresser personnellement
à l'un de vous. Je l'espère. En tout cas, c'était
mon désir et mon intention. Je sais qu'il y a beaucoup de gens
dans le monde qui à moins qu'on ne fasse des habits tout exprès
pour eux, ne veulent pas les porter: j'ai donc essayé de leur
en tailler exactement à leur mesure, afin qu'ils n'aient aucune
excuse pour ne pas s'en vêtir.
Si au lieu de vous écrier:
" Comme ce sermon s'appliquait bien à mon voisin!" vous consentez
à vous dire: "Comme il s'appliquait bien à moi
! " j'espère qu'avec l'aide de Dieu, mes exhortations ne resteront
pas sans fruit.
Et si quelque personne,
aux tendances antinomiennes, disait avec dédain, en sortant de
cette enceinte: " On ne nous a prêché aujourd'hui que la
légalité ", que cette personne reçoive l'assurance
de mon affection, mais qu'elle me permette en même temps de lui
dire que son opinion me touche peu.
Mon Sauveur a prêché
la morale et je veux suivre son exemple. Je crois qu'il est bon de souvent
rappelé aux chrétiens que leur foi doit se montrer par
leurs œuvres, et aux mondains, que les œuvres sont la conséquences
de la foi. Je crois que le ministre de Christ est tenu d'élever
devant tous le plus parfait idéal de l'amour, de la bonté
et de la sainteté, et de ne jamais souffrir que cet idéal
soit rabaissé ou amoindri.
Que Dieu vous bénisse
tous, mes bien-aimés, et qu'il soit avec vous pour l'amour de
Jésus!
Source: Le
Semeur
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