Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
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Hudson
Taylor
L'HOMME DE DIEU PUISSANT DANS
LA PRIERE
par Eugenie Myers Harrison
Dans l’année 1854,
un bateau naviguant en mer fut arrêté au voisinage de la
Nouvelle Guinée. Voyant la détresse qui se lisait sur le
visage du capitaine alors qu’il scrutait attentivement la mer, un jeune
Anglais lui demanda la raison de son inquiétude. Voici ce qui fut
sa réponse : "Un courant à quatre nœuds nous entraîne
rapidement vers quelques récifs submergés là-bas.
Notre destin semble être scellé." Sur les rivages de
l'île, les cannibales couraient ici et là et allumaient des
feux dans une grande jubilation. Puis, le capitaine parla de nouveau :
"Nous avons fait tout ce qui peut être fait." "Non,"
répondit le jeune homme, "il y a une chose que nous n'avons
pas faite. Quatre d'entre nous à bord sont chrétiens. Laissez
chacun d'entre nous se retirer dans sa cabine, afin que, dans l’unité
de la prière, il demande au Seigneur de nous donner une brise immédiatement."
Il en fut convenu et fait ainsi. Après quelques minutes d'intercession
fervente, le jeune homme retourna sur le pont confiant dans le fait que
sa requête lui avait été accordée. En trouvant
le premier officier, un homme impie, en service, il lui demanda de déployer
la grande voile. "A quoi bon cela servirait-il?" demanda-t-il.
Le jeune homme lui dit que lui et trois autres avaient demandé
à Dieu d'envoyer un vent, que celui-ci allait venir sur le champ
et qu'il n'y avait pas une minute à perdre, puisqu’ils étaient
également près des récifs. Avec un regard de mépris,
l'officier répondit avec un juron : "Idiotie! C’est impossible
de prier pour que le vent se lève." Remarquant quelques instants
plus tard que la plus haute voile commençait à trembler,
il dit : "C'est seulement une patte de chat - une simple bouffée
de vent." "Ne faîtes pas attention à ce que vous pensez,"
cria le jeune homme. "Déployez la grande voile rapidement."
Il ne lui fallut pas beaucoup
de temps pour se mettre à l’ouvrage. En entendant le lourd pas
des hommes sur le pont, le capitaine jeta un coup d’œil de sa cabine et
vit que la brise était en effet venue. En quelques minutes, ils
s’éloignèrent des dangereux récifs, à la grande
déception des cannibales indigènes qui étaient sur
la plage.
En écrivant sur ces
choses et sur des expériences semblables, le jeune homme dit :
"Ainsi Dieu m'encourageait, jusqu'à notre débarquement
sur les rivages de Chine, à Lui apporter chaque besoin spécifique
dans la prière et à m'attendre à ce qu'Il honore
le nom du Seigneur Jésus et accorde Son aide toutes les fois où
une situation d'urgence l’exige."
Ainsi, il nous a été
présenté un homme remarquable, J. Hudson Taylor, et le texte
de Jean 14:13, qui était tissé sur le tissu de sa vie et
sur la texture de ses accomplissements extraordinaires: "Et tout ce
que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai afin que le Père soit
glorifié dans le Fils."
LA FONTAINE QUI PURIFIE
DU PÉCHÉ
James Hudson Taylor naquit
à Barnsley, en Angleterre, le 21 mai 1832. Il eut le privilège
d’être né dans une maison véritablement pieuse. Le
ciel l’entourait durant son enfance. Il le voyait dans la foi de son père
et dans les prières de sa mère. Bien même avant sa
naissance, ses parents l'avaient consacré à Dieu et avaient
prié pour qu’il devînt missionnaire en Chine, quoique cette
information lui eût été cachée longtemps après
il avait atteint ce pays.
Malgré le pieux exemple
et l'enseignement de ses parents, Hudson devint un jeune homme sceptique
et mondain. Il commença à penser que, pour cette raison
ou pour une autre, il ne pouvait pas être sauvé et que la
seule chose qu’il pût faire, c’était de se remplir de ce
monde-ci, puisqu’il n'y avait aucun espoir pour lui dans l’autre.
La conversion de Hudson Taylor,
comme toutes les autres choses dans sa vie, est un monument dressé
en l’honneur de la puissance de la prière. Quand il eut environ
dix-sept ans, il se rendit un après-midi à la bibliothèque
de son père à la recherche d'un livre avec lequel il pourrait
passer le temps. Finalement il prit un tract évangélique
qui lui semblait intéressant, se disant à lui-même
: "Il y aura une histoire au début et un sermon à la
fin. Je lirai la première chose et sauterai la deuxième."
Il n’avait aucune idée
de ce qui allait se passer au même moment dans le cœur de sa mère,
qui était sortie faire une visite à 100 ou 120 kilomètres
de là. Ce même après-midi, elle alla dans sa chambre
soupirant intensément après la conversion de son fils, ferma
la porte à clé et se résolut à ne pas quitter
l'endroit jusqu'à ce que ses prières fussent exaucées.
Heure après heure, elle continua à supplier, jusqu'à
ce qu’à force elle se relevât avec l’heureuse assurance que
l'objet de ses prières avait déjà été
accompli.
Pendant ce temps, au cours
de sa lecture du tract, Hudson s'était heurté contre l'expression :
"l’œuvre achevée de Christ." En se remémorant ces
mots : "Tout est achevé", il souleva la question :
"Qu'est-ce qui a été achevé ?" Il répondit
immédiatement: "Une expiation et une satisfaction pleines et
parfaites pour le péché. La dette a été payée
par le Substitut. Christ est mort pour nos péchés et pas
pour les nôtres seulement, mais aussi pour les péchés
du monde entier." Vint ensuite la pensée : "Si l’œuvre
a été entièrement achevée et la dette entièrement
payée, qu'est-ce qu’il me reste à faire?" Vint alors
la réalisation bénie qu'il n'y avait rien au monde à
faire, sinon plier les genoux dans la prière, et dans la foi accepter
le salut acquis par Christ. "Ainsi", dit Hudson, "tandis que
ma chère mère louait Dieu sur ses genoux dans sa chambre,
je Le louais dans le vieil entrepôt où j'étais parti
seul pour lire à mon loisir ce petit livre."
Plusieurs jours plus tard,
il raconta à sa sœur sa joie de fraîche date en Christ et
réussit à obtenir d’elle la promesse qu’elle n’en parlerait
à personne. Quand la mère retourna à la maison une
quinzaine de jours plus tard, il la rencontra à la porte et lui
dit qu'il avait des bonnes nouvelles à lui annoncer. Ecrivant de
nombreuses années plus tard, Hudson Taylor dit : "Je peux presque
sentir les bras de cette chère mère autour de mon cou, alors
qu’elle me pressait sur sa poitrine et dit : 'Je sais, mon garçon.
Je me suis réjouie pendant une quinzaine de jours des heureuses
nouvelles que tu allais me dire.' 'Amelia a rompu sa promesse ?'
demandai-je surpris ? 'Elle m’a dit qu'elle ne le dirait à
personne.' Ma chère mère m'assura que ce n’était
d'aucune source humaine qu'elle avait appris les nouvelles et continua
en racontant l'incident mentionné ci-dessus."
Tandis que la mère,
bien loin de lui, priait dans la foi pour qu’il pût ce même
jour entrer dans l'expérience du salut, il goûta en réalité
à sa félicité, ayant compris qu'il ne lui restait
rien à faire sinon se saisir de l’œuvre accomplie du Calvaire,
par la foi croyant, dans la prière recevant. La mère et
le fils lançaient de la même façon leur ancre dans
la promesse de Jean 14:13: "Tout ce que vous demanderez en Mon nom,
Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils."
Ce texte lui était précieux, parce que ce dernier avait
mené tout d'abord son âme polluée, et ensuite sa personne
même, jusqu’à la fontaine purifiante du Calvaire.
L'AUTEL
DE LA CONSÉCRATION
Au bout de quelques mois,
le jeune Taylor commença à sentir un grand sentiment d’insatisfaction
vis-à-vis de son état spirituel. Son "premier amour" et
son ardeur pour les âmes étaient devenus froids et il n'avait
pas la victoire sur le péché. Il ne doutait pas de sa conversion,
mais il était convaincu, par sa connaissance des Saintes Ecritures
et par la vie de certains chrétiens remarquables, qu'une expérience
plus profonde de la bénédiction divine pourrait être
sa part. Il ne pouvait se satisfaire de rien de moins que du meilleur,
le meilleur de Dieu. Comment pourrait-il l'obtenir ? Il pensa au texte
qui était apparu flamboyant tout au long de son sentier à
chaque heure de besoin et de grande décision : "Tout ce que
vous demanderez en Mon nom, Je le ferai." Il croyait que le salut
ressemble "au miel du rocher" - au miel à cause de sa douceur,
au rocher à cause de sa force. Par la prière, il était
entré dans la douceur du salut. Par la prière, il cherchait
maintenant la force du salut. Animé par des aspirations profondes,
il se retira un après-midi afin d’être seul avec Dieu.
" Je me souviens
bien " dit-il, " comment j'ai répandu
mon âme devant Dieu. Confessant à maintes reprises mon amour
plein de reconnaissance à Son égard, Lui qui avait tout
fait pour moi,... je L'ai prié de me donner une quelconque œuvre
à accomplir pour Lui comme une conséquence de mon amour
et de ma gratitude... Je me souviens bien, alors que je me suis moi-même
placé, -ma vie, tout de moi- sur l'autel, de la solennité
profonde qui est venue sur mon âme avec l'assurance que mon offrande
avait été acceptée... Une conscience profonde que
je ne m’appartenais pas a pris possession de moi. " Ayant
fait l’acte de la grande reddition, il était prêt à
entendre la voix de son Seigneur prononcer les mots : "Qui ira
pour Moi en Chine ? " Et lui de répondre : "J’irai,
envoie-moi." Immédiatement, il commença à se
préparer à la vigoureuse vie de pionnier. Il effectua plus
d'exercices en plein air et échangea son lit de plumes contre un
dur matelas. Régulièrement, chaque semaine, il distribua
des tracts et tint des réunions dans des maisons de campagne. À
l'aide d’un exemplaire de l'Évangile de Luc en dialecte mandarin,
il commença à étudier la langue chinoise.
Un jour, il rendit visite
au ministre de l’Eglise Congrégationnelle et lui demanda s’il pouvait
lui emprunter son exemplaire du livre " La Chine "
de Medhurst, lui expliquant que Dieu l'avait appelé à Le
servir comme missionnaire dans ce pays. "Et comment comptez-vous aller
là-bas?" demanda le ministre. Taylor répondit qu'il
ne savait pas mais selon toute probabilité, il irait de l’avant
comme le firent les Douze et les Soixante-dix, comptant uniquement sur
Celui qui l’envoyait et qui pourvoirait à tous ses besoins. Plaçant
sa main sur l'épaule du garçon, le ministre répondit
: "Oh, mon garçon, lorsque tu grandiras, tu deviendras plus
sage que cela. Une telle idée marcherait à l’époque
où Christ Lui-même était sur la terre, mais pas de
nos jours."
Puisque tout de lui était
sur l’autel, Taylor pouvait dire : "Dieu et Dieu seul est mon espoir
et je n'ai besoin de personne d’autre."
LE TEXTE
LUI APPRIT À TOUCHER L’HOMME, PAR DIEU,
PAR LA PRIÈRE SEULE
Le jeune Taylor commença
à étudier la médecine ainsi que le grec, l’hébreu
et le latin. Il avait compris, néanmoins, que la préparation
la plus importante de toutes devait avoir lieu dans le domaine de sa propre
âme. En Chine, il allait devoir dépendre tout à fait
de son Seigneur pour toutes choses - sa protection, la provision à
ses besoins. Par crainte de subir plus tard un échec malheureux,
il décida de mettre à l’épreuve à fond la
promesse du Sauveur : "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le
ferai." Il résolut d'apprendre, comme il le dit, "avant
de quitter l'Angleterre, de toucher l'homme, par Dieu, par la prière
seule."
Il fit la tentative dans
une situation spécifique touchant à son salaire. Son employeur
avait demandé à Hudson de lui rappeler chaque fois le moment
où son salaire lui était dû, ce qu'il décida
de ne pas faire selon la tradition habituelle. Au lieu de cela, il abandonna
complètement tout dans les mains du Seigneur. Alors qu'il continuait
à prier sérieusement sur cette question, le temps du paiement
d’un quart de son salaire arriva. En contrôlant ses comptes un samedi
soir, il vit qu’il se trouvait dans la situation de posséder seulement
une pièce de monnaie restante – une pièce d’une demi-couronne.
A dix heures environ, dans la nuit du dimanche à lundi, alors qu’il
effectuait un travail d’évangélisation dans diverses pensions,
un homme pauvre lui demanda d'aller prier avec sa femme qui se mourait.
Il fut conduit à descendre dans une cour et à monter un
affreux escalier, pour pénétrer dans une pièce misérable.
Quelle vue pathétique se présentait là devant lui !
Quatre ou cinq enfants se tenaient debout autour de lui, leurs joues et
leurs tempes creuses retraçaient incontestablement l'histoire de
leur lente famine; et sur une misérable palette, était couchée
une mère au regard affligé avec un enfant en bas âge
gémissant à ses côtés. "Oh", pensa Taylor,
"si j'avais deux shillings et six pence, au lieu d’une demi-couronne,
combien ils seraient heureux de recevoir 1 shilling et six pence."
Il était prêt à leur donner une partie de ce qu'il
avait, mais pas la pièce de monnaie entière. Il chercha
à les consoler en disant que malgré l'affliction qu’ils
vivaient dans leur situation, il y avait un Père plein de bonté
et d'amour qui les observait depuis le Ciel. Mais quelque chose en lui
s’écria: "Hypocrite que tu es! Tu parles à ces gens non
convertis d'un Père plein de bonté et d'amour dans le Ciel
et tu n’es pas prêt toi-même à Lui faire confiance
sans la demi-couronne."
Il se sentait maintenant
très malheureux. Si sa pièce de monnaie avait été
seulement changée, il donnerait volontiers un florin et garderait
seulement les six pence restants. Mais il n’était pas encore prêt
à avoir confiance en Dieu seul, sans les six pence. Incapable de
continuer la conversation, il dit à l'homme : "Vous m'avez demandé
de venir prier avec votre femme. Prions." Il s’agenouilla, mais à
peine avait-il dit : "Notre Père," qu'il entendit une
voix prononcer ces paroles : "Oses-tu railler Dieu ? Oses-tu t’agenouiller
et l'appeler Père avec cette demi-couronne dans ta poche ?"
La prière terminée, il se leva.
"J'ai mis la main dans
ma poche," dit-il, "et lentement, faisant sortir la demi-couronne,
l'ai donnée à l'homme, lui disant que cela pourrait sembler
une affaire facile pour moi que de les soulager, parce qu’il voyait que
j'étais relativement aisé, mais qu’en me séparant
de cette pièce de monnaie je lui donnais tout ce que j’avais; mais
la chose même que j'avais essayé de leur dire était
en effet vraie - Dieu est vraiment un Père et l’on peut avoir confiance
en Lui. Et quelle joie m’était-elle revenue comme de grosses vagues
indondant mon cœur! Non seulement la vie de la pauvre femme fut sauvée,
mais ma vie aussi avait été sauvée." Il était
convaincu que l'argent ainsi donné au nom de Christ était
un prêt que Dieu rembourserait.
Il rentra chez lui le cœur
heureux, et avant de se coucher, il demanda au Seigneur que son prêt
ne fût pas trop long ou sinon il n'aurait rien à manger le
jour d’après. Tôt le lendemain matin, il entendit le facteur
frapper à la porte. Il ne recevait presque jamais de lettres le
lundi matin, d’où son étonnement de voir entrer la propriétaire
avec une lettre à la main. En ouvrant l'enveloppe, il trouva une
feuille de papier blanc et un demi-souverain. "Loué soit le
Seigneur!" s’exclama-t-il. "Quatre cent pour cent pour un investissement
de douze heures!" Il apprit séance tenante que la banque du
Ciel est toujours sûre et paye de bons dividendes.
Sa foi dans la puissance
de la prière fut énormément affermie, mais au bout
de deux semaines, son argent fut dépensé et son employeur
ne s'était toujours pas rappelé qu’il devait lui payer son
salaire. Il consacra beaucoup de temps à lutter avec Dieu dans
la prière. Samedi soir, sa propriétaire allait s’attendre
à être payée. A environ cinq heures, cet après-midi
là, le docteur Hardey vint le trouver et lui dit : "À
propos, Taylor, est-ce que je ne vous dois pas votre salaire de nouveau
?" Informé qu’il lui devait son salaire et que ce dernier était
en retard de paiement, le docteur exprima le regret de ce qu’il n'y avait
pas pensé plus tôt, car, dit-il, "cet après-midi
à peine j'ai envoyé tout l'argent que j'avais à la
banque. Autrement, je vous aurais payé immédiatement."
Profondément déçu,
quoique se gardant soigneusement de le faire savoir à son employeur,
Taylor se rendit dans un endroit calme et déversa son cœur devant
le Seigneur. A environ dix heures, le soir même, le docteur Hardey
apparut, riant chaleureusement. "Une chose étrange m’est arrivée
à l’heure même," lança-t-il. "Un de mes patients
les plus riches s'est senti obligé de venir chez moi à dix
heures la nuit pour payer sa facture, au lieu d'envoyer un chèque
selon son habitude. Très étrange!" Après avoir
crédité le paiement dans le grand livre, le docteur était
sur le point de partir, quand soudainement il tendit au jeune Taylor plusieurs
des billets de banque en lui disant : "A propos, vous pourriez aussi
prendre ces billets comme paiement de votre salaire." "De nouveau
il ne me restait plus," conclut Taylor en rapportant cet incident,
"mes sentiments n’ayant pas été découverts, qu’à
retourner à ma petite chambre pour louer le Seigneur avec un cœur
joyeux de ce qu'après tout il était possible que j’aille
en Chine."
Ces derniers mots - "après
tout il était possible que j’aille en Chine" - révélait
l'obsession dévorante au fond de son être. Après des
études de médecine plus poussées à Londres,
il accepta la nomination en tant que missionnaire sous la tutelle de la
Société d’Evangélisation de la Chine et embarqua
le 19 septembre 1853. Après un voyage tumultueux et après
que le bateau à deux occasions fut à quelques pas de la
destruction, il atteignit Shanghai sans encombres le 1er mars
1854.
Enfin en Chine! Il n'était
pas là pour se refaire une santé ni pour une partie de plaisir,
mais comme ambassadeur de Christ. Il se plongea dans l'étude de
la langue, dans laquelle il avait fait un certain progrès en Angleterre
et sur le bateau. Maintenant qu'il était très intimement
en prise avec l'idolâtrie et la superstition, il était presque
écrasé par l'énormité de l'entreprise à
laquelle il s'était engagé. Durant de nombreux de mois,
il parla et prêcha sans observer un seul signe de résultats.
Que devait-il faire pour obtenir le succès dans ses efforts ? De
nouveau, Jean 14:13 vint à son secours.
LE SECRET
DE LA PREOCCUPATION
DE LA CONQUÊTE REUSSIE
DES ÂMES
Taylor aspirait à
la compassion de cœur qui donne lieu à la conquête réussie
et fervente des âmes, et les paroles de Jésus : " Demandez
tout ce que vous voudrez en Mon nom " spécifient
clairement que la prière est le moyen désigné par
Dieu de parvenir à une fin spirituelle. L'ordre Divin est illustré
dans le Psaume 126, versets 4-6 : (1) Supplier pour obtenir la bénédiction,
(2) Semer dans les larmes, (3) Moissonner dans la joie. Autrement dit,
les points concernant la prière qui sont en jeu sont "pleurer ",
et " pleurer " dans la " moisson ".
Alors qu’il voyageait en
bateau un jour, Taylor entra en conversation avec un Chinois qui avait
une fois visité l'Angleterre, où il se rendit sous le nom
de Peter. L'homme écouta attentivement la présentation que
fit le missionnaire de l’amour salvateur du Christ, et fut même
touché jusqu’aux larmes, mais il refusa d’accepter sur le champ
l’offre du salut. Un peu plus tard, de toute évidence dans un accès
de grand découragement, Peter sauta dans la mer et s’enfonça.
Dans un suspense agonisant, Taylor rechercha de l’assistance dans les
parages et aperçut tout près un barque de pêcheurs
avec un filet pourvu de crochets.
"Venez!" cria Taylor
aux pêcheurs. "Lancez le filet à cet endroit. Un homme
est tombé ici et est en train de se noyer!"
"Ce n'est pas commode," fut la réponse
insensible.
"Ne parlez pas de commodité!"
cria le missionnaire. "Un homme se noie."
"Nous sommes occupés à pêcher
et ne pouvons pas venir," répondirent-ils.
Quand Taylor insista vivement
pour qu’ils vinssent immédiatement en leur proposant de les payer,
ils exigèrent de savoir combien. Son offre de cinq dollars fut
repousée. Il dit alors: "S’il vous plaît, venez vite et
je vous donnerai tout l'argent que j'ai - environ quatorze dollars." Finalement,
le bateau fut amené et les crochets jetés dans la mer. Il
fallut moins d'une minute pour remonter le corps mais tous les efforts
de réanimation échouèrent. La vie était éteinte.
Pour Taylor Hudson, cet incident
était profondément triste en lui-même et pathétique
dans sa signification comme parabole. Est-ce que ces pêcheurs n'étaient
pas coupables de la mort du Chinois, dans la mesure où ils avaient
l’opportunité et le moyen de le sauver, mais avaient refusé
de les utiliser ? Plus que certainement ils étaient coupables.
"Et pourtant, "dit Taylor,"interrompons-nous un instant avant
de prononcer un jugement contre eux, de peur d’un jugement plus grand
que celui donné dans la réponse de Nathan : 'Tu
es cet homme.' Est-ce que c'est une chose si mauvaise que de négliger
de sauver le corps? Combien plus douleureuse est la punition dont est
ainsi digne celui qui laisse l'âme immortelle périr. Le Seigneur
Jésus m’ordonne, vous ordonne: 'Allez par tout le monde et prêchez
l'Evangile à toute la création.' Lui dirons-nous :
'Non, ce n'est pas commode?’ Lui dirons-nous que nous sommes occupés
à la pêche ou à d'autres affaires et ne pouvons pas
y aller ? Il est inutile que nous chantions comme nous faisons souvent
: ‘Des bourrasques, des bourrasques enroulent l'histoire.’ Les vents ne
porteront jamais l'histoire mais ils peuvent nous porter. Oh, prions et
gémissons de douleur pour le salut des millions d’âmes non
évangélisés de la Chine. " Hudson Taylor
croyait que les coeurs froids des chrétiens ne pourraient être
réchauffés pour se transformer en une flamme qui se soucie
d’un monde perdu pour lequel Christ est mort, que par la prière
fervente.
Après plusieurs années
de labeurs infatigables, le serviteur de Dieu se trouva assailli par une
période de déceptions diverses et de sévères
tristesses. Un certain nombre d’ouvriers furent frappés d'incapacité
par une mauvaise santé, tandis que d'autres moururent; quelques
uns des indigènes convertis avaient fini dans le péché
et l'idolâtrie; et les ressources financières étaient
à un niveau très bas. Au lieu de regarder aux circonstances,
cependant, il pensa à Dieu comme La Grande Circonstance et s’écria
à Lui pour obtenir la bénédiction dans la moisson
des âmes. Il écrivit à un collègue ouvrier:
"Continuez à prier! Continuez à travailler! Ne soyez
pas effrayés par le dur labeur ou par la croix. Ils payeront bien."
Et c’est ce qu’ils firent,
au temps de Dieu et selon Ses voies. Depuis les marches du temple principal
de Cheng-hsien, il prêcha longtemps et avec ferveur à une
foule qui s'était réunie; et, lorsque, de pure fatigue,
il ne put plus se faire entendre, il monta plus haut sur la colline pour
y déverser son coeur dans l'intercession pour les multitudes de
Chine, vivant, mourant sans Dieu et sans espoir. Quelques nuits plus tard,
il se trouva lui-même entouré par une compagnie de pieux
croyants, qui durant de longues années, brillèrent comme
des lumières dans un monde de ténèbres. Un des convertis
était Monsieur Nying, un fier érudit confucianiste, qui
devint un témoin chrétien de grande ardeur et armé
de puissance. Un autre était Lao Kuen, transformé d’homme
terrorisant la ville en un doux et ardent évangéliste de
Christ. Un autre était le gardien d'une maison de jeu et d'une
maison de mauvaise réputation. A sa conversion, il bannit les tables
de jeu, vida sa maison des mauvais personnages et transforma sa plus grande
pièce en chapelle. De plus, il la fit nettoyer et purifier avant
de l'offrir, gratuitement, comme lieu d’adoration. Croyant dans la foi,
recevant dans la prière, Taylor avait compté sur Christ
pour les âmes. Il se réjouit de ces miracles de la grâce,
croyant avec confiance qu'ils étaient les premiers fruits d'une
grande moisson dans cette région de Chine. Il avait demandé
et la réponse était en partie venue, "afin le Père
soit glorifié dans le Fils."
LA PRÉSENCE QUI
SOUTIENT ET QUI PROTEGE SANS JAMAIS FAILLIR
De toutes les bénédictions
Divines, Hudson Taylor aspirait le plus à la présence fidèle
et constante de Son Seigneur. Rien d'autre ne lui importait réellement,
car en Sa présence se trouvaient la protection adéquate,
la l’abondance de la force et la plénitude de la joie. Et il était
convaincu que cette bénédiction, comme toutes les autres,
était incluse dans le " tout ce que vous demanderez "
du Sauveur et obtenue sous la même condition - "demandez". Jean
14:13 précisait clairement que c’était par la prière
qu’il devait entrer dans la Présence. Cette Présence l'avait-t-elle
jamais laissé tomber ? Nous allons le voir.
Le 20 janvier 1858, Hudson
Taylor épousa Maria Dyer, une missionnaire habitant Ningpo. Durant
l’été 1867, leur petite Gracie, de huit ans, l'idole de
leurs coeurs, tomba malade d'une façon critique. Quelques jours
plus tôt, Gracie avait vu un homme fabriquant une idole.
"Oh, papa," s'était-elle
exclamé avec sérieux, "il ne connaît pas Jésus
sinon il ne ferait jamais cela! Ne vas-tu pas le lui dire?" C’est
ce qu’il fit, la petite fille suivant l’affaire avec un ardent intérêt.
Plus tard, elle pria le plus ardemment pour le fabricant d'idoles et pour
tous les Chinois fabriquant et adorant des idoles.
Juste une semaine plus tard,
Gracie mourait. Leur perte était accablante et le tentateur chuchotait :
"Votre Dieu vous a abandonnés." Mais le père écrivit
quelques semaines plus tard : "Notre chère petite Gracie! Comme
sa douce voix nous manque... et le miroitement de ces yeux brillants.
Mais Celui qui a dit : 'Je ne vous abandonnerai jamais' est avec
nous ... rien ne peut jamais se substituer à la Présence
de Christ."
"Je ne vous abandonnerai
jamais" disait la promesse.
"Rien ne peut se substituer
à la Présence de Christ" déclara le missionnaire
au milieu des larmes.
Le notoire bombardement de
Canton par les Anglais en 1837 produisit une crise des plus sérieuses
pour les missionnaires. Quand les nouvelles terribles du bombardement
atteignit les Cantonais à Ningo [c'est-à-dire Ningpo], leur
colère ne connut aucune limite et ils complotèrent immédiatement
de faire mourir tous les étrangers de la ville. Sachant qu'un certain
nombre d'étrangers se réunissaient chaque dimanche soir
pour le culte dans une certaine maison, les comploteurs s’arrangèrent
pour entourer la place une nuit pour tous les assassiner. En entendant
parler du complot et du fait qu'entre cinquante et soixante Portugais
avait déjà été tués, les missionnaires
se réunirent pour chercher la présence protectrice du Très-Haut
et se cacher sous l'ombre de Ses ailes.
En même temps, ils
priaient que le Seigneur fût à l’œuvre. Un fonctionnaire
inconnu vint à leur secours et empêcha l'attaque. "Ainsi
de nouveau," dit Taylor, "nous avons été conduits
à démontrer que 'suffisant est Son bras seul et sûre
notre défense.' "
La Présence Protectrice
entendit leur supplication et ne les abandonna pas à l’heure de
leur besoin désespéré. Le 7 juillet 1870, Madame
Taylor donna naissance à son sixième enfant - un fils qui
vécut seulement une semaine. Sévèrement affaiblie
par le choléra, la mère était dans une condition
critique. Elle avait seulement trente-trois ans. Pendant douze ans, elle
avait été la lumière et la joie de la vie de son
mari et l'amour mutuel profond qui avait lié leurs coeurs ensemble
rendait impensable la pensée de la séparation. Néanmoins,
la lumière de sa vie s’évanouit devant ses yeux et il resta
seul à nourrir son amer chagrin.
Seul ? Dans l'heure écrasante
du chagrin, est-ce qu'il était seul ? "Je suis acculé"
écrivait le missionnaire au coeur brisé, "à travailler
dur et souffrir seul - non pas seul toutefois, car Dieu est plus proche
de moi que jamais ... je suis affligé, mais pas abandonné.
Jésus est ma vie et ma force et Son sein est mon lieu de repos
maintenant et pour toujours."
Seul, et cependant non seul!
Affligé mais non abandonné!
Son sein... mon lieu de repos pour toujours!
La promesse : "Je
ne vous abandonnerai jamais" était valide. La Présence
Protectrice ne fit jamais défaut. Le texte poursuivait son prodigieux
ministère.
LE TEXTE
LE FIT PENETRER DANS UNE EXPÉRIENCE
PLUS PROFONDE DE LA GRÂCE
DIVINE
Il est possible que d'autres
pussent ne pas l'avoir discerné, mais il y avait dans le coeur
de Hudson Taylor un poignant sentiment d'insatisfaction. Confronté
à d'énormes exigences dans la direction de la Mission qui
progressait rapidement, battu par les vents farouches des déceptions
et des critiques, "vidé de navire en navire," il avait l’impression
que sa vie spirituelle était plutôt une citerne crevassée
que la fontaine jaillissante de plénitude que Jésus dépeint
lorsqu’Il dit : "Celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront
de son sein." A partir de sa connaissance des Saintes Ecritures et
de la vie de saints chrétiens, il était convaincu qu'il
existait une expérience plus profonde de la plénitude Divine
qui lui était disponible. Il languissait de vivre une vie caractérisée
par la plénitude du Saint-Esprit, une communion ininterrompue avec
son Seigneur, la paix dans la tempête, la joie dans l'adversité
et des accomplissements dans la dimension d’une vie sainte. Comment pouvait-il
pénétrer dans cette œuvre plus profonde de la grâce,
cette plénitude de puissance spirituelle ? Son texte favori indiquait
le chemin : "Demandez en Mon nom." Jean 14:13 affirme que chaque
bénédiction de Dieu et chaque promesse de Christ sont rendues
disponibles par le canal de la prière.
Écrivant à
ses parents en Angleterre, il parla librement de son besoin et de son
intense désir : "Je ne peux pas vous dire combien je suis souffleté
parfois par la tentation. Je n’avais jamais su à quel point mon
cœur était mauvais... S’il vous plaît, priez pour moi. Priez
que le Seigneur me garde du péché, me sanctifie complètement
et m'utilise à plus grande échelle dans Son service."
Alors qu’il lisait la Parole
et répandait les languissements de son coeur dans la prière,
il fut impressionné de l’expectative évidente qu’avait Jésus
de ce que tous Ses disciples devraient être "revêtus de
la puissance d’en haut" et "marcher dans la sainteté devant
Lui." Finalement il reconnut que ce dont il avait besoin, ce n’était
pas de lutter ni de combattre, mais du repos; cette sanctification, comme
le salut, n'est pas un accomplissement, mais un don d'en haut en réponse
à la prière de la foi; cette sainteté n'est pas un
statut de la perfection, mais est plutôt une relation - un repos
en Jésus; ce fait de demeurer en Christ signifie être un
avec Lui et être un signifie que toute la plénitude de Christ
est la nôtre. Étant entré dans cette expérience
sublime, sa vie fut étrangement et merveilleusement enrichie. Il
écrivit à un collègue missionnaire:
"J'ai le même passage
pour vous, un passage que Dieu a tant béni pour ma propre âme :
Jean 7:37-39, 'Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi et qu’il
boive'... Peu importe combien mon service est difficile, combien ma perte
est triste, combien impuissant je suis, combien sont profonds les soupirs
de mon âme, Jésus peut satisfaire à tous mes besoins.
De plus, Il dit : 'celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront
de son sein... ' Peut-il en être ainsi ? L'âme assoiffée
peut-elle non seulement être rafraîchie, mais aussi si saturée
que des fleuves coulent d’elle? Bien sûr! Et non des simples torrents
de montagne qui débordent tandis que la pluie dure, et qui ensuite
se dessèchent à nouveau; mais 'des fleuves d’eau vive couleront
de son sein' - des rivières telles le Yangtze, continuellement
une source puissante, qui coule toujours, profonde et irrésistible."
Toutes ses lettres transpirent
dorénavant de cet unique thème absorbant. À sa sœur,
il écrivit : "C'est une chose merveilleuse que d’être
réellement un avec Christ. Pense à ce que cela implique.
Christ peut-il être riche et moi pauvre ? Ta tête peut-elle
être bien alimentée tandis que ton corps affamé ?
Un employé de banque pourrait-il dire à un client :
'Je ne peux pas payer cette somme à votre main, mais seulement
à votre moi' ? Plus jamais tes prières, ou les miennes,
ne peuvent être discréditées si elles sont offertes
au nom de Jésus; c'est-à-dire sur la base de ce que nous
sommes les Siens, les membres de Son corps."
Son cœur retournait une fois
de plus aux vérités transcendantes de Jean 14:13 - "Tout
ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai, afin que le Père
soit glorifié dans le Fils."
L'ENTREPÔT
DE LA BONTE ILLIMITÉE DE DIEU
Hudson Taylor misait entièrement
sur les paroles plénières de Jésus : "Tout ce
que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai." Il croyait, comme Jésus
l’enseignait, que le Père Céleste n'est aucunément
embarrassé par un quelconque manque de provisions et que si nous
Lui demandions, dans une confiance enfantine, chacun de nos besoins serait
pourvu. "Dépendez de la promesse," soutenait-il vaillamment,
"de ce que l’œuvre de Dieu accomplie selon les voies de Dieu
ne manquera jamais des ressources de Dieu." Est-ce qu’une confiance
si naturelle était justifiée ? Jésus affirma : "Votre
Père sait que vous en avez besoin... Demandez et vous recevrez."
Est-ce aussi simple comme cela ? Nous allons le voir.
Sur la cheminée de
la modeste maison de Hudson Taylor à Ningpo, il y avait deux rouleaux
écrits en caractères chinois - Ebenezer, "Jusqu'ici le Seigneur
nous a aidés", et Jéhovah Jireb, "le Seigneur pourvoira."
La foi exprimée dans ces devises fut soumise à beaucoup
de mises à l'épreuve sévères. Tout à
fait soudainement l'ange de la mort emporta la femme de son missionnaire-associé,
le docteur Parker, le laissant avec quatre enfants sans mère. A
cause d’eux et parce que sa propre santé était ruinée,
le docteur Parker fut contraint de retourner en Ecosse. Cela créa
une crise au sein de la Mission, car le docteur Parker était le
seul médecin à Ningpo. Il semblait que le dispensaire et
l'hôpital de la mission devaient être fermés, car jusqu'alors
les dépenses liées à leur fonctionnement avait été
prises en charge par les revenus dû à l’exercice du docteur
Parker parmi les Européens. Ce revenu était maintenant coupé.
Taylor croyait que le fait de fermer l'hôpital et le dispensaire
pour des raisons financières ne serait rien de moins que douter
de Dieu. Appelant les assistants de l'hôpital à se rassembler,
il leur expliqua la situation et dit : "Si vous êtes prêts
à faire confiance à Dieu pour nos besoins, vous êtes
invités à continuer votre travail ici. Autrement vous êtes
libres de partir. J’ai confiance que Sa grâce est suffisante. Notre
Dieu n’a-t-Il pas dit que quoi que ce soit que nous demandons au nom du
Seigneur Jésus, cela sera accordé?"
Comme les semaines passèrent,
les provisions diminuèrent. Un jour, le cuisinier annonça
que le dernier sac de riz avait été entamé. Voici
la réponse de Hudson: "Alors, le moment du Seigneur pour nous
aider doit être tout proche." Et ce fut le cas. Avant que le
riz ne fût complètement consommé, cinquante livres
(250 $) arrivèrent d'Angleterre. Les coeur débordants, les
ouvriers allèrent parmi les patients leur disant ce qui leur était
arrivé et leur demandant : "Vos idoles vous ont-elles jamais
délivrés dans vos problèmes ou répondu à
la prière de cette sorte ?"
Chaque fois que Taylor avait
besoin d'ouvriers, il le demandait au nom de Christ et pour Sa gloire
et s’attendait à ce que le besoin fût pourvu. Rentré
en Angleterre à cause de sa mauvaise santé critique, il
fut confiné dans sa chambre pendant de nombreux mois. Alors qu’il
se couchait sur son lit occupé dans ses pensées et à
la prière, il entendit s’élever le cri des millions d’âmes
de Chine sans Christ. Dans la pièce, se trouvaient deux objets
qui tenaient lieu continuellement de stimulants et d’accusation :
La Bible ouverte avec son
insistant commandement : "Allez ... à toute la création."
La carte de Chine avec son
urgente requête : "Venez… nous aider."
Quand sa santé s’améliora,
il fut encouragé par Monsieur Lewis, son pasteur et rédacteur
du Magazine Baptiste, à écrire une série d'articles
sur "les Besoins et Revendications Spirituels de la Chine." Chaque phrase
était trempée dans la prière. "Ils périssent,"
écrivait-il, "un millier chaque heure, un million chaque mois,
tandis qu'à moi et à chaque croyant, il est donné
de demander dans la prière tout ce que nous voudrons; de demander
sans limite au nom de Jésus."
Le nom incomparable - "Jésus!"
Le privilège incomparable - "demandez dans la prière!"
L'offre illimitée - "tout ce que vous voudrez!"
Ecrivant à sa mère
à cette période, il cita le même texte de Jean 14:13
et la pressa de prier avec ferveur et foi.
Alors vint le 25 juin 1865,
avec la décision épique prise sur les sables du Brighton
Beach. Comme cela fut dit il y a longtemps au temps de Jacob, ainsi de
nouveau, "là un homme lutta avec lui jusqu'à l’apparition
du jour." La conviction vit le jour dans le cœur de Hudson Taylor,
qu'il devait demander deux nouveaux ouvriers pour chacune des onze
provinces inoccupées et deux pour le Tartary chinois et le Tibet,
soit vingt-quatre en tout. Mais le soutien pour tant d’ouvriers suivrait-il
? Leur ancre tiendrait-elle ferme au milieu des épreuves du service
en Chine? Ou perdraient-ils courage et le blâmeraient-ils de les
avoir amenés dans de telles privations ? Finalement, un brin de
lumière fit irruption dans son esprit et il s'exclama : "Si
nous obéissons au Seigneur, la responsabilité incombera
sur Lui, pas sur nous." Tout de suite, il écrivit dans sa Bible
: "A Brighton, le 25 juin 1865, j’ai prié pour vingt-quatre
ouvriers volontaires et habiles pour la Chine." Cette date marque
l'anniversaire de la Mission Intérieure pour la Chine, si merveilleusement
utilisée par Dieu. Le Seigneur de la moisson "propulsa en avant
en effet des ouvriers" en réponse à la prière
et toucha certains de Ses intendants pour subvenir aux fonds nécessaires
à leur voyage et à leur soutien.
Chaque fois qu'il y avait
un besoin en rapport avec l’œuvre du Seigneur, il croyait à la
demande faite selon les instructions explicites de Jean 14:13. A une occasion,
alors qu’il était en Angleterre, il comptabilisa les contributions
reçues entre le 4 et le 24 du mois et constata qu'elles s’élevaient
à soixante-huit livres. Appelant plusieurs amis à venir
ensemble, il leur relata les faits et ajouta : "C'est environ 235 livres
de moins que notre dépense moyenne en Chine pour une durée
de trois semaines. Demandons au Seigneur de rappeler à certains
de Ses gestionnaires les besoins de l’œuvre." La réponse ne
tarda pas. Le soir même, une lettre arriva leur annonçant
comment un cher chrétien s’était senti contraint de vendre
un certain bijou et avait fait don du gain résultant en faveur
de la diffusion de l'Evangile du salut. La somme inscrite sur le chèque
joint à la lettre était de 235 livres, 7 shillings et 9
pennies.
Un jour, alors qu’il était
en tournée d’évangélisation en Chine, il entra en
conversation avec un vieil homme, du le nom de Dzing, qui dit : "Que
dois-je faire de mes péchés ? Nos sages disent que nous
devrions adorer des idoles et vivre seulement de légumes. Mais
un régime végétal semble laisser intacte la question
du péché, et l’adoration des idoles ne me satisfait pas.
Je me couche sur mon lit et médite. Je m’asseois seul pendant la
journée et je médite. J'ai soixante-douze ans et aujourd'hui
je ne sais pas ce que me réserve l’avenir. Oh, monsieur! Pouvez-vous
me dire ce que je dois faire de mes péchés ?" Avec tendresse,
le missionnaire raconta "la vieille, vieille histoire de Jésus
et de Son amour." Alors, entendant plusieurs centaines de millions
de Chinois répercutant le cri du vieil homme : "Que dois-je
faire de mes péchés ?", il passa de longues heures dans
l'intercession fervente pour demander plus de hérauts de la Croix.
Dans sa Bible il écrivit : "J’ai demandé à Dieu
cinquante ou cent évangélistes natifs supplémentaires
et des hommes qui pénètrent dans les provinces inoccupées.
Je l’ai demandé au nom de Jésus. Je Te remercie, Seigneur
Jésus, de la promesse sur laquelle Tu m'a donné de me reposer."
Foi audacieuse - demander
un grand nombre de nouveaux ouvriers quand les fonds de soutien de la
Mission avaient diminué jusqu’à pratiquement s’annuler.
Il écrivit à un ami : "Nous avons vingt-sept cents et
toutes les promesses de Dieu." Deux mois plus tard, une lettre arriva
d'un ami inconnu en Angleterre, disant qu’elle contribuait au moyen de
huit cents livres (4000 $) à l'extension du M.I.C. dans de nouvelles
provinces, non atteintes.
Les promesses!
Vingt-sept cents et les promesses!
Le meilleur de tout, la promesse qui inclut toutes les autres :
"Demandez tout ce que vous voudrez en Mon nom."
Beaucoup de nouveaux ouvriers
se portèrent volontaires et les fonds nécessaires à
leur soutien étaient pourvus. Taylor pouvait bien affirmer: "Dans
tous nos calculs, nous comptons sur la fidélité de Dieu."
La deuxième femme
de Taylor était Mademoiselle Spaulding de la Mission Intérieure
pour la Chine. Ses voyages d’évangélisation l’éloignaient
de la maison pendant des mois d’affilée; et il y avait pourtant
des séparations encore plus longues lorsque Madame Taylor et les
enfants étaient en Angleterre. "Parfois cela semble dur,"
écrivit-il à sa femme, "d’être si longtemps loin
de toi et des enfants. Mais quand je pense à Celui qui a passé
trente-trois années loin de Sa maison et les a terminés
au Calvaire, j'ai honte de mon égoïsme." À maintes
reprises, dans les temps d’épreuves, il jouait de son harmonium
et chantait certains des grands hymnes chrétiens. Voici son favori
:
"Jésus, je me repose, me
repose, dans la joie de ce que Tu es;
Je découvre la grandeur de Ton coeur d'amour. "
A l’époque où
il y avait environ cent missionnaires dans la M.I.C., Hudson Taylor commença
à prier le Seigneur d’en envoyer, comme de coutume, "soixante-dix
autres aussi." Ayant cet objectif en vue, il appela certains de ses
collègues-missionnaires à se réunir pour "un jour
de jeûne et prière", et cet homme lutta souvent jusqu’à
minuit dans la prière, tout seul avec son Seigneur.
En retournant en Angleterre,
il fut puissamment utilisé par Dieu tandis que les chagrins des
millions de perdus de la Chine se déversaient à travers
les canaux de son coeur chargé et alors qu’il suppliait Dieu de
lui envoyer "soixante-dix autres aussi" qui se joindraient à
l’œuvre. Bien qu'il n’eût jamais demandé des fonds et n’eût
jamais permis de collecte, des dons consacrés se déversaient
en faveur du trésorier de la maison. Plusieurs aussi offrirent
leurs vies et ainsi avant la fin de cette année-là, plus
de soixante-dix nouveaux ouvriers avaient pris la route de Chine par bateau.
Il y avait toujours de vastes régions non-atteintes et environ
un million d'âmes pour chaque missionnaire sur le terrain. De nouveau,
le coeur de Hudson Taylor se tourna vers
son verset préféré. "Nous avons été
conduits," dit-il, "à prier pour cent nouveaux ouvriers
cette année. Nous avons la Parole certaine que " tout
ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai, afin que le Père
soit glorifié dans le Fils." L’œuvre de Dieu ne manquera jamais
des provisions de Dieu."
La parole certaine: "tout ce que
vous demandez".
La réponse certaine: "cela, Je le ferai."
La provision abondante : "ne fera jamais défaut."
Avant la fin de l’année,
102 nouveaux missionnaires avaient pris le voile pour la Chine et, sans
appels de fonds excepté ceux s’élevant jusqu'à Dieu,
plus de onze mille livres étaient entrés dans leur trésorerie
pour payer leur passage dans le champ missionnaire. Avec une abondante
joie, Taylor se rappela la remarque pittoresque d'un évangéliste
de couelur : "Quoi que Dieu fasse, Il le fait admirablement!"
En réponse à
des invitations urgentes, Hudson Taylor décida de visiter l'Amérique
sur le chemin de son retour en Chine. Ses messages donnés à
la Moody’s Northfield Conférence et en d'autres endroits firent
une profonde impression. Après qu'il eut parlé à
la Conférence de Niagara-on-the-Lake et fut parti pour honorer
d'autres engagements, Robert Wilder apporta un brûlant message sur
"Allez par tout le monde." Au cours de son message, il dit qu'il
avait appris d'une certaine femme chrétienne le merveilleux secret
de la façon de travailler pour Christ vingt-quatre heures par jour
en continuant de la sorte tout au long de l'année. Lorsqu’on demandait
à cette femme comment cela était possible, elle répondait
: "Je travaille douze heures et quand je dois me reposer, mon représentant
en Inde, que je soutiens, commence sa journée et travaille les
douze autres." Wilder pressa avec insistance ceux qui ne pouvaient
pas aller sur le champ missionnaire à l’étranger de soutenir
un représentant afin de travailler ainsi vingt-quatre heures par
jour pour Christ. L'idée s’enflamma, non seulement dans ce groupe,
mais dans plusieurs autres. En peu de temps, une somme suffisante d'argent
fut donnée pour contribuer à soutenir un grand nombre de
missionnaires, et un grand nombre de jeunes vies sérieuses s’offrirent
pour le service en terre étrangère.
En arrivant en Chine, Taylor
trouva "beaucoup d'adversaires" mais il se réjouit des heureuses
nouvelles d’un grand nombre d'âmes sauvées et de bénédictions
de Pentecôte dans de nombreuses régions.
Taylor publia par la suite
un appel mondial sous le titre de : "A Chaque Créature."
Apporter l'Evangile au monde entier n'était pas un projet humain,
mais un commandement divin qui doit être pris dans le plus grand
sérieux par ceux qui ont reconnu l'Autorité de Christ. "Combien
peu parmi le peuple du Seigneur," dit-il, "ont pratiquement reconnu
la vérité que Christ est Seigneur de tout ou n'est pas Seigneur
du tout." Il ressentait "le soupir de Dieu dans le coeur du monde"
et faisait appel partout aux chrétiens à faire exactement
ce que Jésus avait commandé - "prêcher l'Evangile
à CHAQUE créature." Il pensait en termes de milliers
de nouveaux ouvriers en Chine seule en l’espace de cinq ans. Pour une
si grande victoire, il regardait uniquement à Christ et à
ces ressources illimitées qu'Il rendait disponibles à ceux
qui élèvent leurs coeurs dans la prière et étendaient
les mains de la foi. "Christ est infiniment digne et gracieux,"
déclarait-t-il. "Car en échange de notre petit tout,
Il Se donnera Lui-même à nous et nous donnera Son grand tout."
La prière prévalente
était bientôt sur le point d’être exaucée, alors
que le Seigneur de la Moisson appelait des ouvriers à se lever
et mettait dans les coeurs de Ses serviteurs en Angleterre, en Amérique,
en Europe et en Australie de déverser leurs dons. Une des parties
à arriver était un groupe de cinquante Scandinaves fervents
et chantants, qui, lorsqu’ils furent plongés au cœur des ténèbres
dans l’intérieur de la Chine, répondirent en envoyant ce
message plein de confiance : "Marchez à travers les obstacles
- nous allons vaincre! Nous avons la victoire par le sang."
LE TEXTE
CONDUISIT LE PELERIN JUSQU’À LA MAISON
Hudson Taylor était
souvent rafraîchi dans ses labeurs en pensant à l’accueil
qui l'attendait dans la maison du Père. En veillissant, cette perspective
devenait de plus en plus douce et il priait qu’au temps propre de Dieu
son dernier pas le hissant en haut l’amènerait à rentrer
dans "la maison qui n’est pas faite de mains d’homme", pour ne
plus jamais en sortir. Lorsqu’il lisait la merveilleuse promesse :
"Je M’en vais vous préparer une place", son coeur répondait :
"Oui, qu’il en soit ainsi, viens, Seigneur Jésus, viens vite!"
Etant retourné en
Angleterre avec une mauvaise santé, il fut amené aux portes
mêmes de la mort par les nouvelles épouvantables de l’interruption
de l’œuvre et du meurtre de centaines de missionnaires, ainsi que de centaines
de chrétiens indigènes, en rapport avec le soulèvement
des Boxeurs de 1900. L'angoisse du coeur était en train de le tuer.
Pourtant, il croyait que ce baptême de sang, sous Dieu, contribuait
à l'avancement de l'Evangile. Et c’est ce qui eut lieu, car les
coeurs des chrétiens du monde entier furent stimulés dans
une foi nouvelle et une consécration nouvelle par l'héroïsme
de ceux qui avaient péri, ainsi que par le courage de ceux qui,
ayant échappé à cette période d'horreurs,
étaitent retourné à leurs labeurs aussitôt
que la tempête avait reculé. L'esprit des martyrs est indiqué
par le cas de la tendre mère qui, se mourant sur la route après
avoir été témoin de la mort d'un de ses enfants et
de la souffrance prolongée des autres, chuchota à son mari
: "Je regrette de ne pas pouvoir vivre ni de pouvoir y retourner pour
parler plus de Jésus à des personnes chères."
Tout à fait en accord
avec lui-même, les derniers jours terrestres de Taylor furent passés
en Chine. C'était un délice pour lui de jouir de la communion
avec d’anciens amis, d’entendre les merveilleux comptes-rendus d'une grande
moisson en train d’être récoltée, et d’être
salué par des chrétiens indigènes qui, affectueusement,
l’appelaient "l’Honorable Pasteur Principal."
Quand, en 1900, il avait
entendu les nouvelles déchirantes des chrétiens morts en
martyrs lors de la Rébellion des Boxeurs, il s'était exclamé
: "Oh, quand je pense ce que cela avait dû être d’échanger
cette foule meurtrière contre Sa Présence, Sa poitrine,
Son sourire." Le 3 juin 1905, l'âme de Hudson Taylor
passa au-delà du voile.
Etaient siens maintenant—
Le ravissement de Sa présence!
La paix de Son sein!
La bénédiction
de Son sourire!
Quelques minutes après
que le noble esprit fut parti, un évangéliste chinois et
sa femme entrèrent dans la chambre. "Cher et Honorable pasteur,"
dit-il, "nous vous aimons. Nous sommes vos enfants. Vous nous avez
ouvert la route, la route au ciel. Vous nous avez aimés et avez
prié pour nous pendant de longues années."
Et ainsi, dans le pays du
soleil levant perpétuel, l'Homme de Dieu Puissant dans la Prière
est toujours engagé dans la sainte affaire de demander au nom de
Jésus une renaissance de la passion missionnaire et la rentrée
de la moisson des millions d’âmes sur la terre dans le champ du
Bon Berger.
Référence:
Heroes of Faith on Pioneer Trails (Héros de la Foi
sur les Pistes Pionnières), E. Myers Harrison. Publié
par Moody Press, Chicago, l'Illinois, 1945.
A lire:
Hudson Taylor, Père de la Mission
de la Chine Intérieure par Orlando
Boyer
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