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Consacrées au Réveil
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Réflexions
libres suscitées par l’entretien avec un responsable évangélique consacré au
rapport Par Jean-Marc Berthoud
En reconnaissance envers Irénée de
Lyon (130-202) pour ses enseignements
anti-gnostiques sur les rapports de la Loi et de l’Évangile. 1) Il existe
une pensée, assez courante dans certains milieux « évangéliques », au
sujet du témoignage de Jésus-Christ relatif à la politique qui contredit tout
l’enseignement biblique sur ce sujet. Apocalypse 19:10, nous dit que « le
témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie. » Qu’est-ce donc alors
que l’« esprit de la prophétie » ? L'esprit de la prophétie,
nous montre Apocalypse 11, en parlant du témoignage prophétique des deux
témoins, n’est autre que la proclamation de la Loi de Dieu par l’Église fidèle
afin de condamner publiquement les péchés couramment pratiqués dans la société,
ceci même si cela doit conduire – comme cela a souvent été le cas dans
l’histoire – au martyre du prédicateur. Puis, suite à la conviction de péchés
qu’une telle proclamation céleste de la loi divine suscite, viendra l’annonce
du message de l'Évangile de notre salut. La séparation – bien trop fréquente –
de la proclamation de la Loi de celle de l'Évangile a, depuis quelque trois
siècles, été l'une des faiblesses les plus terribles du protestantisme. 2) Nous désignons ici
par le mot « évangélique » une tendance spirituelle actuelle dans le
Protestantisme (mais qui se manifeste aussi dans divers autres milieux) qui, en
contradiction avec l’héritage véritable du Christianisme, celui de la Réforme
et de l’Évangélisme vraiment biblique, en est venu à mettre l’Évangile éternel
de Dieu, la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, en opposition avec les
exigences de la Loi-Parole de Dieu, telle qu’elle est contenue dans la Bible
tout entière. Faudrait-il parler ici d’une tendance
« néo-évangélique » ? 3) Ce
courant dit « évangélique » enseigne que l'Église ne doit pas
chercher à exercer une quelconque influence politique dans ce monde, mais
qu’elle a l’obligation de se limiter à la prédication du seul Évangile afin de
susciter le salut individuel du plus grand nombre d’âmes perdues. Une telle attitude
par laquelle l’Évangile est détaché du second usage, appelé
« pédagogique », de la Loi – susciter la conviction de leur péché par
ceux qui l’entendent – ne peut que conduire à ce que l’Église renonce à son
rôle pleinement biblique d’être la lumière divine éclairant les ténèbres de ce
monde et le sel de Dieu préservant la terre de la pourriture spirituelle,
morale, culturelle et politique provenant de la chute de l’homme et des péchés
innombrables qui s’en sont suivis. 4) Dans son ignorance du témoignage de l’histoire de
l’Église chrétienne sur l’action, à la fois pratique et publique, des chrétiens
qui de tout temps ont oeuvré en faveur de diverses formes d’engagements
sociaux, politiques et culturels conformes à la Bible, ce courant dit « évangélique »
manifeste une myopie historique impressionnante. Il existe un certain nombre de
déclarations évangéliques qui ont cherché à définir bibliquement le rôle des
Églises pour ce qui concerne leurs responsabilités dans la sphère publique.
Nous pensons ici § 5 du Pacte de Lausanne (1974) dans lequel on cherche
à clarifier le rapport entre évangélisation et responsabilité sociale ainsi
que, plus récemment, le Manifeste de Manille (1989). Il ne faudrait pas
oublier l’action, à la fois spirituelle et sociale, si remarquable de l’Armée
du Salut pour ne mentionner ici qu’une seule œuvre évangélique bien connue chez
nous ayant largement assumé les responsabilités charitables publiques de la Foi
chrétienne [1].
Un tel témoignage public chrétien devrait être la responsabilité d’abord de
chaque chrétien conséquent ; puis des familles chrétiennes ; enfin
être celle de chaque Église locale (ou de diverses Associations d’Églises). Un
tel témoignage social et culturel ne devrait pas être simplement relégué à la
responsabilité d’organisations para-ecclésiastiques, même si de telles œuvres
ont une utilité certaine par leur action spécifique, tout en comblant ainsi les
défaillances des Églises dans ce domaine. Il est certain que des œuvres
chrétiennes indépendantes des Églises – tels des écoles, des hôpitaux, des
centres d’accueil chrétiens – ont leur rôle à jouer, mais un lien organique
spirituel devrait toujours être maintenu avec les Églises locales. 5) Cette
tendance dite « évangélique » affirme que le christianisme est
impossible sans l’action du Saint-Esprit ! C’est certainement vrai. Mais
ce que nos frères de cette tendance « évangélique » oublient, cela au
profit d’une insistance unilatérale sur les réalités spirituelles ultimes, est
que les choses pénultièmes, celles de ce bas monde, doivent, elles aussi,
toutes être amenées à l’obéissance de l’Évangile, c’est-à-dire à se soumettre
aux commandements de Dieu ainsi qu’à l’ordre stable de la création. C’est cela
la proclamation d’un Évangile complet, celui de l’esprit de la prophétie. La
loi divine dans son usage premier – définissant l’ordre de la justice afin
d’armer le glaive du Magistrat – nous fournit aussi le modèle vrai de ce qui
est bon, droit et juste, cela pour tous les aspects de la vie publique :
religieuse, politique, économique, sociale et culturelle des hommes parmi
lesquels il nous faut – force oblige – inclure les chrétiens. À force de mettre
l'accent sur l'Évangile seul, nos frères « évangéliques » oublient la
sainte, juste et bonne loi de Dieu (Romains 7 : 12) et se privent, par ce
fait même, de toute force véritable dans leur proclamation de l’Évangile de
Jésus-Christ (II Timothée 3 : 5). 6)
Cette attitude, qui s’approprie faussement le nom d’« évangélique »,
en vient ainsi à séparer la loi de la grâce, cela en tranchant tout rapport
concret réel entre la justice et la miséricorde de Dieu. Il faut rappeler que
la loi divine n’est pas autre chose que le cadre créationnel dans lequel la
grâce s'exerce ! Une telle attitude « évangélique » oublie la
relation que l’enseignement de l’Évangile établit entre vérité et vie. Jésus a
déclaré : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » La vérité
concerne le salut, certainement, mais ce salut se rapporte aussi au cadre de la
création, c’est-à-dire il est aussi celui de la vie humaine, personnelle,
physique et sociale. Le salut est donc structuré par les normes immuables de la
loi divine. Que l’homme n’en vienne pas à séparer ce que Dieu a uni !
(Genèse 2 : 24 et Matthieu 19 : 5.) 7) Un tel
discours, qui se prétend « évangélique », ne renferme qu’un seul
pôle : celui d’un Évangile privé de toute sa force ! En grec le mot
hérésie signifie choix. Ici l’on
choisit la grâce contre la loi ;
l'Évangile de la vie éternelle contre la
vie humaine dans ce monde, vie humaine que l’Évangile vient, en fait, restaurer
et sanctifier ! Il ne faut pas oublier que le message de l'Évangile, reçu
par la foi, aboutit à une réalité tout à la fois humaine et Divine, terrestre
et céleste, physique et spirituelle. Cette réalité s'exprime, disons-le avec
force, en des termes à proprement parler, politiques : Basilea tou Theou, le Royaume de
Dieu ! Deux royaumes sont ici en conflit : le règne des ténèbres et
le royaume de Dieu. Il peut donc y avoir ici-bas un Magistrat juste, soumis à
la Loi de Dieu, mais également un Magistrat inique, Bête totalitaire opposée à
la loi de Dieu (l’anomos, le
« sans loi » de la deuxième épître de Paul aux Thessaloniciens,
chapitre 2 : 1-12), animal politique anormal qui se trouve être lui-même
soumis au Dragon, le diable ou Satan (Apocalypse 12 et 13). 8)
Cette idéologie exclusivement religieuse, qui se veut
« évangélique », en est venue à présenter le lobbying politique comme
la seule alternative au témoignage évangélique. Il s’agit ici, aux yeux de ces
docteurs « évangéliques », dans ce faux débat, Évangile ou Politique, de l’unique alternative
« politique » possible à la proclamation de l’Évangile. Il n’y a donc
aucune place dans cette perspective « évangélique » pour une
quelconque apologétique, c’est-à-dire pour une loi divine qui redresserait la
pensée humaine déformée par les effets du péché. Pour prendre un exemple bien
connu, c’est bel et bien de l’apologétique que pratique Jésus lors de
l’entretien qu’il provoqua à Sichar au cours de sa rencontre avec la femme
samaritaine. 9) On
cherche, dans cette perspective « évangélique », à témoigner de
Jésus-Christ ! C'est bien l'Évangile qui change le cœur, oui ! Mais
dans quelle direction ? Celle de la lumière qu’est la Parole-Loi de
Dieu ? Ou alors dans la direction de ces ténèbres du monde qui rejettent
le Christ et ses commandements ? Christ, la lumière du monde, est une
lumière divine qui éclaire certes d’abord l’Église, mais aussi la création et
(dans une certaine mesure) le monde, en particulier, celui de la politique. 10) Dans les
propos à prétention « évangélique » que nous considérons, il s’agit
aussi de l’appel de la vocation chrétienne. Dans la perspective
« évangélique » dont il est ici question, la vocation publique du
chrétien est limitée à une seule option : l’entrée en la politique
partisane avec tous les compromis et les canailleries que la pratique de
l’action « politicienne » traîne trop souvent à sa suite. Cette façon
de considérer le choix entre témoignage chrétien et engagement dans une
politique exclusivement profane, ne laisse aucune place pour une influence dans
la vie publique véritablement chrétienne, c’est-à-dire qui, au moyen de la
proclamation de la Loi de Dieu, éclaire et purifie la vie politique des
nations. Une telle façon de voir, qui se prétend toujours
« évangélique », n’a pas la moindre idée que les saines normes
bibliques, les bornes immuables et vivifiantes de la Loi de Dieu, doivent – et
peuvent – encadrer l’activité politique des hommes. Le refus
« évangélique » de la loi divine conduit à rendre impuissante toute
action politique alliancielle en faveur du bien commun. Car cette vision qui se
prétend « évangélique » ne peut envisager une vocation politique
chrétienne quelconque, à moins qu’elle soit laïque, profane, c’est-à-dire
séparée de Dieu le Créateur et coupée de toute vérité, c’est-à-dire de la Loi
et de l’Évangile. Une telle perspective « évangélique » ne pourra
rien dire sur ce que pourrait être une position chrétienne véritable en
politique, car dans sa pensée, qui se veut chrétienne, il n'y a aucune place
pour la Loi de Dieu ! 11) Il est
certain que nous avons le devoir de prier pour les autorités afin de pouvoir
vivre, en tant que chrétiens, en paix et dans la tranquillité, cela dans un
monde si souvent hostile à la foi chrétienne. Mais une telle vie tranquille et
paisible est seulement possible pour nous autres chrétiens si les autorités
respectent, du moins dans une certaine mesure, cette règle de toute justice
qu’est la Loi de Dieu ; il en ira certes mieux encore, si ceux qui nous
gouvernent sont animés par la crainte de Dieu et travaillent à favoriser la
vraie foi. Autrement, les chrétiens en viendront immanquablement à être, ou
bien assimilés, ou bien persécutés par le monde. Dans l’orientation des
opinions « évangéliques » souvent entendues, il ne se trouve guère de
pensée concernant un ordre politique juste, possible et même nécessaire, ceci
en conséquence d’une méconnaissance : – 1) de
l'ordre créationnel (dont fait partie l’ordre politique) et – 2) de
l'enseignement de la Bible qui, tout entière, nous parle de cet ordre et des
dangers que représente son absence [2].
12) Il nous
faut aussi revenir à la vision, à la fois créationnelle et biblique, de la
différentiation des ordres (ou sphères) de la société et travailler à les
rétablir dans l’ordre qui est le leur. L’Église n’englobe pas en son sein la
famille qui détient une sphère d’autorité et de liberté qui lui est propre. Il
en va de même pour l’État nation, quel qu’il puisse être, qui se doit de
respecter les ordres politiques qui peuvent lui paraître lui être subordonnés,
tels les provinces, les cantons, les départements, les communes qui doivent
être respectés selon l’ordre qui leur est historiquement propre. Rappelons que
dans la Confédération helvétique l’entité politique véritablement
« nationale » n’est autre que celle des cantons qui, à des moments
divers de leur histoire, ont délégué certaines de leurs fonctions au pouvoir
« central » de la Confédération. Il en va de même pour les domaines
économiques et culturels qui ne doivent pas en venir à être assimilés par
l’État centralisateur. Les sphères de liberté d’action juridique, législative
et exécutifs du pouvoir politique ne doivent pas, eux non plus, être subordonnés
les uns aux autres. Enfin, une relation distincte et saine doit être maintenue
(ou rétablie) entre l’autorité spirituelle et l’autorité temporelle, entre
l’Église et l’État. Mais au-dessus de toutes les institutions dont est
constituée la société, doivent régner les divers aspects normatifs – tout à la
fois transcendant et immanent – de la Loi de Dieu. 13) La
question centrale ici n'est aucunement celle d’une prétendue liberté de
conscience (à ne pas confondre avec la liberté du culte), mais celle de la
gloire de Dieu, de sa vérité, de sa souveraineté, de sa justice, de sa
miséricorde. Il ne semble pas, chez ces penseurs « évangéliques », y
avoir la moindre notion des exigences, des promesses et des menaces contenues
dans l'Alliance de Dieu, une alliance divine qui châtie les méchants et
encourage les gens de bien. Cette tâche, enseigne Saint Paul, est ici-bas celle
du Magistrat juste. 14) La
notion de « liberté de conscience », réclamée par l’idéologie que
nous examinons, n’est pas autre chose que ce qu’on nomme une « notion
bâtarde », c’est-à-dire le mélange de deux notions contradictoires,
assemblées de manière illégitime en une seule conception, afin de mieux faire
passer l’erreur que leur union renferme. Il s’agit ici des concepts opposés de
liberté absolue et de conscience variable. Mais la conscience véritable de
l’homme n'est aucunement ni libre ni variable : elle est toujours liée,
pour être juste, à sa règle divine immuable, la Loi-Parole infaillible et
permanente de Dieu, que reflète l’ordre même de la création, l’ordre de la
nature. C’est ce qu’enseignait justement Luther lorsqu’il s’écria à la Diète de
Worms devant Charles Quint, alors Empereur dominant presque la terre
entière : « Je ne puis me rétracter, car ma conscience est liée par
la Parole de Dieu. » La doctrine dite « évangélique » d’un
Évangile seul (un Évangile sans Loi) ne fait qu’abandonner le monde au
diable ! 15)
L’histoire nous montre que la société est souvent transformée par la fidélité
des chrétiens remplis de l’Esprit – même (et surtout !) sous le glaive de
la persécution – chrétiens qui obéissent aux exigences publiques et privées de
la loi divine. Le major Davel, comme chrétien sur l'échafaud à Vidy ne
s’écriait-il pas le 24 avril 1723, animé comme il l’était par cette liberté
merveilleuse des enfants de Dieu, faite sienne même sous la hache du bourreau :
« C'est ici le plus beau jour de ma vie ! » 16) Ce
slogan prônant la « liberté de conscience » est la condamnation à
mort de toute conscience vraie, de toute conscience chrétienne qui se soumet,
non aux modes flottantes d’une liberté basée sur des opinions foncièrement
instables et sur des coutumes qui, sous la pression d’influences délétères,
sont elles aussi apte à se dénaturer [3],
mais sur les normes immuables de la loi divine et de l’ordre créationnel. Cette
« liberté de conscience » est le slogan destructeur qui anime l’idole
majeure de la modernité : une liberté sans bornes. En fait, notre premier
devoir ici est d’attaquer cette idole d'une liberté sans loi animant une
conscience informe. 17) Si la
loi n'existe pas, il est impossible de discerner justement le chemin à suivre,
que ce soit individuellement, en l'Église ou dans le cadre politique de la
nation ! En fait, la notion de liberté est plus forte ici, pour cette
nouvelle mentalité « évangélique », que celle de vérité. Le véritable
drapeau chrétien n'est pas celui d’une conscience libérée de toutes normes,
mais celui d’une conscience soumise à la vérité (qu’est notre Seigneur
Jésus-Christ) dans l'amour des commandements de Dieu. C’est bien ce qu’enseigne
toute la loi divine, dans le Nouveau comme dans l’Ancien Testament. La liberté
de conscience néo-païenne se résume par le slogan : « Fais tout ce
que veut ta conscience, libre qu’elle est comme le vent ! » La liberté
chrétienne, elle, signifie : « Fais tout ce que Dieu te demande, en
Jésus-Christ et par l'action du Saint-Esprit, te soumettant joyeusement à la
Parole-Loi divine. » 18) Comment
la liberté de conscience – slogan révolutionnaire s’il en est – peut-elle se
maintenir là où règnent aujourd’hui les « jacobins » [4]
(de droite ou de gauche) ou, demain, les musulmans, qui tiendront sans doute
bientôt le haut du pavé social, culturel, religieux et politique de nos nations
si libres et tolérantes ? Cette absence de la loi de Dieu suscite un
christianisme complaisant, tolérant, dévertébré, émasculé, châtré, sans force
aucune ! 19) Le
consensus chrétien (voilà une nouvelle idée bâtarde !) se rapportant, par
exemple, à la justice, cherche à se régler sur l’harmonie des opinions
« évangéliques » divergentes, issues de la multitude des communautés
chrétiennes, ou se fondant, démocratiquement, ou de manière consensuelle, ou
majoritairement sur la somme victorieuse des suffrages exprimés. Dans de telles
démarches, Dieu et sa Parole, ainsi que l’ordre créationnel stable instauré par
Lui, sont complètement oubliés. Un Évangélisme véritable fondra sa pensée et
son action sur ce que dit la Loi de Dieu. Cette loi divine défend tout à la
fois la rigueur de la justice et un esprit d'humanité, cela même envers les
pires criminels qui doivent nécessairement subir leur peine – même capitale,
comme ce fut le cas pour le larron converti sur la croix – à laquelle ils ont
été justement condamnés. 20) La
mentalité « évangélique » que nous examinons ici évacue complètement
le premier usage de la loi, c’est-à-dire la loi divine qui sert de norme ultime
pour le Magistrat et qui est le fondement d’une philosophie politique
chrétienne créationnelle, source d’un ordre bienfaisant pour le monde !
Mais cette mentalité « évangélique » informe refuse la dimension
ordonnatrice de la loi de Dieu ! Rappelons que, si le deuxième usage
« pédagogique » de la loi rappelle à l’homme son péché en vue de sa
conversion, le troisième usage concerne, lui, la loi divine en tant que lumière
normative céleste éclairant le sentier de chaque chrétien. 21) Avec la
domination de cette mentalité antinomienne dite « évangélique » il
n’existe plus de possibilités pour l’Église d’appeler la société à se soumettre
aux consignes de Dieu relatives à la politique. La raison en est simple. Ces
milieux spirituels ne désirent même plus connaître pour leur propre bien les
normes de la Loi de Dieu. Comment pourraient-ils alors les appliquer aux péchés
du monde ? C’est de cette manière que l’idéologie démocratique devient
elle-même un dieu, car c’est le « peuple » qui en vient alors à
définir lui-même tant le bien que le mal, cela par la majorité moralement
suffisante d’une seule voix, vote libre exprimé hors de toute référence à une
norme stable, tant immanente (naturelle) que transcendante (divine). Cependant,
les limites fixées par le droit divin et créationnel contraignent objectivement
la conscience de tout homme, car il est créé à l’image même de Dieu. Il n'y a
donc pas de liberté absolue en elle-même ! L’exercice de la liberté pour être
juste doit lui-même se soumettre à la règle fixée pour toujours par la loi
divine. Une liberté de conscience qui se place hors des normes divines et
naturelles rend l’homme pécheur juste à ses propres yeux. Il s’établit ainsi
lui-même comme son propre dieu, déterminant par lui-même le bien et le mal,
comme le fit Adam, notre père à tous, lors de sa saisie du fruit défendu. Ce
qui est juste (mais variable au gré des majorités) n’est donc décidé que par
les hommes ! Musulman ou communiste, « évangélique » ou
mécréant, peu importe ! 22)
L'Église, selon ce point de vue à la fois évangélique et antinomien, cesse
d’être la colonne et l'appui de la vérité. Fidèle, l’Église de Dieu, par
contre, ancrée comme elle l’est en Jésus-Christ et en sa Parole-Loi devient
cette colonne et cet appui de la vérité dans un monde qui a perdu le nord.
Cette Parole-Loi suscite ainsi, par l’action vivifiante de l’Esprit de Dieu,
l’Église, qui n’est autre que le corps vivant et fécond de Jésus-Christ, corps
institutionnalisé – c’est-à-dire structuré – par la Loi-Parole de Dieu !
Par contre, une liberté de conscience, individuelle ou communautaire, est la
voie qui conduit immanquablement au scepticisme. Cette façon « évangélique »
de considérer la liberté de conscience oublie tout simplement le troisième
usage de la loi qui est la lumière de la Loi de Dieu sur le sentier du chrétien
et de l'Église fidèles. (Voyez, parmi bien d’autres passages bibliques, le
Psaume 119 tout entier.) 23) Cette
façon « évangélique » de voir les rapports entre le Christianisme et
la politique conduit à l’idée qu’on ne peut vivre qu’avec les modèles
imparfaits que l'on s'est choisis, modèles boiteux – et jamais normatifs – dont
il nous faut de force nous contenter. À une telle impasse, il nous faut
répondre résolument : Non ! Pourquoi devrions-nous nous abandonner à
une restriction mentale pareille – marque de l’impuissance qui nous condamne à
subir la médiocrité permanente d’une vie politique révoltée contre son Créateur
– alors que nous disposons, dans la Loi de Dieu, d’un modèle parfait. Car la
loi divine immuable nous a été révélée pour ordonner, en vue du bien commun
véritable des nations de la terre et de manière adaptée aux circonstances du
temps, toute notre vie politique, économique et sociale. Ce modèle divin fut
incarné de manière parfaite par Celui qui est notre modèle suprême, le Seigneur
Jésus-Christ. Notre norme politique ne se trouvera pas de manière simplement
empirique, en comparant les divers modèles politiques toujours imparfaits, si
nous ne parvenons jamais à mesurer de tels exemples, certes utiles à connaître,
à l’aune de la loi divine. 24) Les
réflexions de ces milieux dits « évangéliques » manifestent une
confusion complète entre la fin dernière (ultime) de l’homme – le salut de
l’âme ici-bas et celui des corps au dernier jour – avec la fin avant-dernière
(pénultième) des hommes et du monde : l'ordre de la création, dont fait
partie l'ordre de la politique. C’est d’une manière gnostique que cette façon
de voir « évangélique » en vient à opposer la création ancienne à la
création nouvelle, l'ordre de cette création ordonné au bien, à la grâce
salvatrice de Dieu en Jésus-Christ. L'Évangile est ici, d’une manière dualiste
marcionite, opposé ici à la création, comme si la grâce rédemptrice n'avait pas
aussi pour but le rétablissement de la création ancienne, maintenant soumise à
la vanité par la chute et corrompue davantage encore par le péché de l’homme.
Le renouvellement de toutes choses manifestera, à la place de l’ordre politique
imparfait si nécessaire au temps présent, l’ordre parfait de la nouvelle terre
et des nouveaux cieux. Jusqu’alors, nous qui, tout en aspirant aux réalités
célestes, vivons sur cette terre, devons aussi travailler au rétablissement
actuel des réalités pénultièmes, ce qui inclut la restauration d’un ordre
politique temporel qui cherche le bien commun des hommes et des nations. 25) La seule
chose qui semble en fait importer aux tenants de l’idéologie que véhicule cette
étrange vision « évangélique », tant de la société que de la
politique, serait la destinée éternelle des hommes : un tel refus même de
considérer l’influence de l’Évangile sur les réalités terrestres pourrait bien
être une tentation spiritualiste de type gnostique. 26) Une
attitude dualiste de ce type, à tendance gnostique, opère une déformation de la
doctrine de l’unité de Dieu et de sa souveraineté. En séparant ainsi le domaine
de la piété de celui de notre vie chrétienne dans le monde on revient à
l’opposition ancienne erronée du profane et du sacré. Mais comment peut-on
ainsi suggérer une telle séparation comme modèle de vie chrétienne si
« c’est à l’Éternel qu’appartient la terre » (Psaume 24 :
1) ? De quel Dieu serait-on ici alors en train de parler ? Notre
Dieu, à la fois Créateur et Rédempteur, serait-il pourvu d’une autorité
limitée ? Ne devons-nous pas tous travailler à ramener toutes les pensées,
orgueilleuses (et fausses) de l’homme révolté contre la Loi de Dieu et l’ordre
stable de la création, captives à l’obéissance de notre Seigneur
Jésus-Christ ? (II Corinthiens 10 : 3-6). 27) Selon le
point de vue avancé par cette perspective « évangélique » sur la vie
sociale et politique, Jésus est habituellement présenté comme étant animé d’une
attitude de rejet à l’égard de ceux qui prétendent vouloir vivre une vie
moralement juste. Nos nouveaux « évangéliques » identifient de tels
actes de « justice » à la secte des propres justes, des
pharisiens ! Selon cette manière de voir, de telles personnes seraient tous justes de leur seule propre
justice donc, en fait, les pires des injustes. Mais, dans la réalité des faits
auxquels le Christ était confronté, de tels pharisiens propres justes étaient,
tout en se réclamant de Moïse, les hommes les plus hostiles à l’esprit, comme à
la véritable lettre, de la Loi de Dieu ! Selon cette façon étrange de
voir, les païens qui cherchent à vivre de manière morale, bien qu’imparfaits et
ayant, eux aussi, besoin d’être sauvés, auraient moins besoin de Jésus-Christ
que ceux qui persistent dans la perversité visible de leur vie inique.
L’Écriture ne dit-elle pas plutôt que Dieu aime ceux qui pratiquent la
justice ? « Si donc, vous qui êtes mauvais [ils ont donc tous besoin
d’être sauvés !], vous vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à
combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux
qui le lui demandent. » ! (Luc 11 : 13) Selon une pareille
argumentation, les chrétiens qui sont eux-mêmes devenus des
« justes » – ils sont parfaitement justifiés en Christ et marchent en
Lui dans une sanctification progressive – auraient, eux aussi, moins besoin de
Jésus-Christ que les païens abandonnés à leurs passions et leurs impiétés
perverses ! La Bible ne nous enseigne-t-elle pas plutôt que l’amour du
chrétien pour Dieu se manifeste par son attachement à sa Loi, comme nous le
montrent de nombreux Psaumes et la Bible tout entière ? 28) Ce salut
de l’âme n’est donc pas en mesure d’avoir des conséquences éthiques positives
pour la société, vu la vision antinomienne qui l’accompagne ! Il n’y
aurait donc pas, dans cette perspective qui se proclame
« évangélique », de règles applicables à la vie du chrétien en
société, ou plutôt les règles qui demeurent relèvent, au mieux, uniquement de
l’éthique chrétienne individuelle, n’ayant pas de conséquences pour la vie de
la cité des hommes. 29) Le
monachisme des moines du désert d'Égypte est lui aussi incompris par cet
enseignement « évangélique ». Ce monachisme égyptien avait comme but
de permettre à certains hommes qui devenaient moines de s'écarter d’une société
pécheresse et d’une Église souvent en partie corrompue, afin de mieux étudier
et comprendre la Bible, de vivre dans une communion plus profonde avec Dieu et
ainsi de mieux lui obéir. Parmi ceux qui sont souvent venus auprès de ces
moines afin d’y étudier la Bible avec eux et se ressourcer spirituellement,
nous trouvons des chrétiens de très grande envergure tels, parmi bien d'autres,
un Athanase ou un Cyrille, tous deux d'Alexandrie. C’est là, dans le désert,
qu’ils prenaient de nouvelles forces, ce qui leur permettait de mieux combattre
les hérésies à leur époque trop souvent favorisées par le pouvoir impérial. Un
empereur fidèle vaut pourtant mieux pour l’Église qu'un empereur impie ! 30) Celui
qui ne fait pas le bien (c’est-à-dire, qui encourage le bien et s'oppose au
mal) commet un péché. La politique spirituelle de l'autruche que préconisent
nos docteurs « évangéliques » ne fait de l'Église ni la lumière du
monde ni le sel de la terre. L’Église devient lumière du monde chaque fois que
la Loi-Parole de Dieu y est vécue, en Christ et par l’action du Saint-Esprit,
et que cette vie nouvelle se traduit par des actions justes, visibles au monde
païen. Cela nécessite évidemment la présence dans l’Église des normes de la loi
divine et créationnelle, cadre dans lequel se proclame l'Évangile du salut. Un
tel Évangile devient, lorsqu’il est accompagné par l’esprit de la prophétie, le
sel de la terre par la force spirituelle de cette proclamation fidèle des
exigences de la Loi de Dieu qui cautérise le péché du monde et retient ainsi la
libre croissance de la pourriture sociale. 31) Cet
enseignement « évangélique » traite alors de certains devoirs
civiques, en particulier celui du vote. Ne pas voter est déjà un choix
politique ! Cet enseignement « évangélique » préconise tout
simplement de ne pas aborder de telles questions. Alors, comment choisir en
politique, si personne ne parle des enjeux que représentent les divers choix politiques
possibles ? Cette vision quiétiste, gardant abusivement la vérité publique
au fond du cœur, ne devrait être ni celle du mari, ni celle du père de famille,
ni, encore moins, celle du pasteur ! Comment l’épouse, les enfants, les
paroissiens pourront-ils se déterminer sur des questions publiques difficiles
si ceux qui ont la charge d’enseigner dans la famille et dans l’Église se
taisent ? Certes il faut avoir ici de la prudence et de la discrétion,
mais chercher à enseigner selon la Bible les exigences de la Loi de Dieu dans
les divers domaines de la vie publique n'est aucunement faire de la politique
partisane politicarde ! C'est éclairer la conscience pratique de son
épouse, de ses enfants, de ses ouailles afin d’y susciter la capacité à prendre
des décisions justes et bienfaisantes. Personne dans une famille ou dans une
Église ne devrait ignorer les raisons bibliques se rapportant à certains choix
politiques d’une importance nationale vitale ! [5]
32) Certes,
c'est une bonne décision pour un pasteur de ne jamais promouvoir la politique
politicarde partisane du haut de la chair et, d'ailleurs, de n'importe quelle
autre estrade. Mais la réflexion sur tous les aspects de la vie du monde, dont
la vie politique, fait partie de la charge du docteur de la Parole de Dieu, de
l’enseignement et de la prédication. Heinrich Bullinger à Zurich, Pierre Viret
à Lausanne (et plus tard en France) et Jean Calvin à Genève (et à Strasbourg)
n’hésitaient pas à utiliser la chair d’où était proclamée la Parole même de
Dieu pour appliquer cette parole divine, comme le faisaient les anciens
prophètes, avec sagesse et force, aux réalités bonnes et mauvaises de leur
temps. 33) Pour les
chrétiens du temps de Paul et de Jean il n'y avait aucun doute que l'acte
politique d'adorer César était également un acte religieux. C'est pour cela que
l'on appelait alors les chrétiens des « athées », car ils refusaient
les dieux de leur temps et c'est bien pour cet athéisme à l’égard du Kaiser kurios, César Seigneur, qu’on
mettait à mort les adorateurs du seul Seigneur, le Christ. Toute autorité qui
ne se soumet pas à la loi de Dieu devient elle-même une idole : elle
trouve en elle-même sa propre source de loi et de justice. C’est ainsi que le
pouvoir public en vient à faire de lui-même son propre dieu. La question
essentielle n’est pas que le régime soit monarchique, aristocratique,
oligarchique (celui du pouvoir actuel dans une grande partie du monde avec son
masque humanitaire) ou démocratique. Le choix entre le slogan de la monarchie
absolue, l’État c’est moi ou de la
démocratie absolue : vox populi, vox dei, (la voix du peuple est la voix de Dieu !) est de
peu d’importance. La question décisive est toujours la suivante : Dieu
est-il premier servi ? La Loi de Dieu, norme de l’ordre créationnel, est-elle aussi la norme de l’action
politique ? Comme lors de la chute, c’est l'homme – ce prétendu petit dieu
– qui aujourd’hui se prend à nouveau pour Dieu, déterminant ainsi par lui-même,
tant pour le domaine privé que public, ce qui est bien et ce qui est mal. Mais
il nous faut ici ajouter que si ces divers genres
de régimes ont pu exister légitimement dans certains pays, il faut cependant
ajouter que, pour un pays donné, une certaine forme d’État, lié à la manière
dont il est né, s’impose ou devrait s¹imposer. C’est pour cette raison qu’une
forme « monarchique » de l’État convient fort bien à la Fédération de
Russie, comme une forme républicaine et confédérale à la Suisse. 34) Selon
bien des représentants de cette orientation qui se dit « évangélique »
et que nous cherchons à décrire, ce serait une chose bien terrible de ne pas
vivre en démocratie ! Ce n’est guère là l’opinion des chrétiens syriaques
de la Syrie et de l’Iraq qui sont morts martyrs ou qui, dans la douleur, ont
pris les chemins de l’exil. Ils pouvaient jadis encore vivre en chrétiens sous
des tyrans sanguinaires ! En Démocratie, c’est la majorité qui décide de
la vérité et du bien, et cela semble réconforter bon nombre de nos docteurs
« évangéliques » de pouvoir participer à cette divinisation du
« peuple » ! 35) Cette
belle démocratie abolit, d’une part, la peine de mort pour viol, pour homicide
volontaire, pour trafic de drogue, ou pour la trahison envers la patrie ;
mais elle renforce, de l’autre, cette peine homicide pour ceux qui, parmi nos
concitoyens, ont le tort d’être les plus faibles ! Pour ceux qui sont, de
par leur condition même, incapable de se défendre – étant en fin de vie ou pas
encore nés – l’État couvre, autorise et aujourd’hui renforce leur
boucherie ! En Démocratie par exemple – comme dans tous
les régimes fondés sur une idéologie – l’État devient Dieu ; il peut faire ce qu’il
veut ! Pour de tels « docteurs évangéliques », pour de tels
« pasteurs » du troupeau, ce serait donc une chose terrible que de ne
pas vivre parmi de tels bouchers, dans une société idolâtre, mensongère et
meurtrière ! 36) Le plus
important pour ces docteurs « évangéliques » est de pouvoir exercer
la « liberté de leur conscience », d’une conscience qui n’est plus
liée, comme le fut celle de Martin Luther, à la vérité de la Parole de Dieu. La
conscience de Luther était liée par les Écritures divines et il exerça ce
glaive de l’Esprit, à l’extrême péril de sa vie, devant les instances les plus
puissantes et les plus cruelles de son temps. Comment proclamer l'Évangile si
la liberté de conscience prétendument « évangélique » affirme que
c'est un droit imprescriptible que de penser, de croire, de dire tout ce que
l'on veut, toutes les balivernes, les vilenies, les calomnies et les impiétés qui
nous passent par la tête, mais refuse en même temps aux hommes la liberté de
proclamer les vérités les plus brûlantes de la Loi-Parole de Dieu ? C'est
bien là une fausse doctrine « évangélique » qui tue les âmes. Comment
pourra se repentir et croire au Fils de Dieu celui qui peut dire :
« C'est moi qui décide moi-même ce qui est bien ou ce qui est mal. Vu que
je suis moi-même, de par la liberté de ma conscience, seul juge, en âme et
conscience, du bien et du mal, comment pourrais-je me repentir de péchés dont
ma conscience libre ne reconnaît pas la faute ! » L’argument avancé
par nos docteurs « évangéliques » consiste à dire qu’il ne faut pas
que le pouvoir en vienne, d’aucune manière, à contraindre la conscience libre
de l’homme, mais ils oublient d’affirmer que, si la conscience du non-croyant
n'est pas libre de se tourner vers Dieu, celle du chrétien demeure elle-même
libre, cela sous les contraintes physiques mêmes les plus effrayantes (Matthieu
10 : 24-31), de confesser la Vérité. La conscience de chacun demeure soumise
à la loi de Dieu, comme le montre le premier chapitre des Romains. Prier pour
les autorités, c'est le contraire même que de prier les autorités !
Rechercher en tout temps son secours auprès de l’État-Dieu – ce qui est la
religion, sociale et politique, idolâtrique actuelle – n’est rien d’autre que
le culte du Pouvoir politique, devenu notre Providence terrestre ! 37) Pour nos
docteurs « évangéliques », le seul bien public qu’ils envisagent se
réduit à celui de la liberté de prêcher l'Évangile ! Quel nombrilisme
ecclésiastique ! 38) Dans une
perspective spiritualiste pareille, on en vient à opposer la citoyenneté du
ciel à notre condition terrestre de citoyens de nos diverses patries. Il
s’agit, répétons-le, d’un dualisme gnostique où seul le ciel compte. Or Dieu
nous appelle à obéir dans les petites choses de ce bas monde, avant de nous
accorder, plus tard et ailleurs, de grandes richesses dont Il nous confiera la
gestion pour sa seule gloire ! 39) L’unique
question politique qui semble intéresser ceux qui défendent de telles positions
« évangéliques » est celle de ne pas prendre position pour un parti
ou pour un autre. Mais quelle tristesse que de limiter de manière si navrante
la réflexion chrétienne sur une question d'une pareille importance! 40) Il est
en tout point formidable (et effarant !) que l’entretien d’où nous tirons
nos réflexions sur cette théologie « évangélique », à la fois si
étrange et si navrante, en vienne à se terminer en entonnant le chant le plus
anti-chrétien du monde : la Marseillaise sanguinaire ! Cela n’est sans
doute pas anodin, révélant un manque de discernement spirituel terrible de la
part de tels responsables dits « évangéliques » qui déploient, avec
une si dangereuse inconscience, la légèreté spirituelle qui les habite face à
des questions aussi graves et dont les enjeux ne peuvent être mesurés. Jean-Marc
Berthoud, Lausanne, le 14-21
mars, 3 avril 2017 https://soundcloud.com/coramdeopodcasts/007-leglise-et-le-gouvernement-politique ANNEXE Échanges et commentaires suite à la
publication du texte « L’opposition ‘évangélique’ entre grâce et loi et
ses conséquences » Réponse
de Guillaume Bourin : « Cher M. Berthoud, Je ne réponds que maintenant à vos
réflexions que j'ai lu avec le plus grand intérêt. Vous soulevez, je crois,
d'excellents arguments. Cela mériterait une réponse approfondie, mais je n'ai
malheureusement pas le temps nécessaire pour m'y atteler. Bien entendu, j'ai mes désaccords avec
vous. Sur la liberté de conscience par exemple, je trouve votre approche bien
trop systématique : J'estime que vous établissez un cadre d'interprétation
théologique que vous appliquez trop rapidement sur les données bibliques. En
conséquence, vous rejetez ce concept ou ne lui accordez plus qu'une importance
périphérique. Il n'en reste pas moins que les Écritures accordent un statut
particulier au rôle la conscience régénérée, notamment à celle du « faible »,
et que Paul établit certains principes communautaires pour garder cette liberté
de conscience sous contrôle (1 Corinthiens 8-10, Romains 14). La place qu'on
lui accorde est cohérente avec les limites de la révélation, en particulier les
limites législatives : La casuistique ne couvre pas tout, et nous ne pouvons
plus, comme Moïse, recourir à une révélation spéciale dès lors que nous
rencontrons des situations sur lesquelles « ce que l'on doit faire n'a pas été
déclaré » (Nombres 15:34). Je m'interroge tout de même au sujet de
ce que vous appelez « loi. » Vous n'êtes pas particulièrement explicite quant
aux commandements qu'il s'agirait de promouvoir dans la perspective de
l'influence politique que vous appelez de vos vœux. Cet aspect m'intéresse, car
je me penche actuellement sur les divergences entre les commandements
casuistiques du « Covenant Code » et ceux du « Priestly Code. » Si c'est à la
loi civile que vous faites majoritairement référence dans vos réflexions,
j'aurais sans doute quelques questions plus précises à vous poser. Enfin, je ne peux que m'associer à
Florent Varak quant à la teneur de vos attaques envers « les évangéliques. »
Est-ce nous que vous visez, ou bien est-ce tous les évangéliques moins vous ?
Là encore, davantage de précision aurait été utile, d'autant que la charge a
été relevée ici et là suite à la publication de vos réflexions sur les réseaux
sociaux. J'espère avoir l'occasion d'écrire
davantage à ce sujet dans les prochains mois/années. Je ne manquerai pas de
vous informer de mes éventuelles publications. Bien fraternellement, Guillaume Bourin » Réponse
de Jean-Marc Berthoud : « Cher Monsieur et frère, Je vous remercie de vous donner tant de
peine pour répondre à mon article qui se veut, comme vous l'avez compris, une
mise en garde contre des tendances «évangéliques » que l'on retrouve dans
divers milieux (chez le pape François, par exemple) pour évacuer le rôle de la
loi dans la pensée et dans la pratique chrétienne. Prenons vos remarques les unes après les
autres. Pour ce qui concerne la « liberté de
conscience, » je dois admettre que je n'avais pas pensé aux réflexions de
l'apôtre Paul que vous soulevez. Mon intérêt portait, comme vous l'avez bien
vu, sur l'aspect idéologique de cette notion. La « liberté de conscience » est
en effet la sœur jumelle, dans cette idéologie humanitaire qui étouffe et rend
impuissante l'Église de Dieu, de cette chimère que sont les « droits de
l'homme. » Comme c'est le cas pour les « droits de l'homme, » où les droits
remplacent la loi divine et l'homme remplace Dieu, de même, dans la notion
généralement reçue de « liberté de conscience, » la liberté humaine se fait
absolue (c'est-à-dire Dieu) et la conscience, à force de ne plus être normée
par la loi divine devient, elle aussi, une norme mutable, élastique, poussée
par tous les vents de sentiments et d'intuitions les plus fantaisistes. Je
tenais à rappeler que, tant les droits que la conscience, se fondent sur une
norme à la fois transcendante et immanente, divine et humaine, comme le sont,
en effet, les deux natures de notre Seigneur Jésus-Christ ou de l'Écriture. Pour ce qui concerne la pensée de Paul
sur la liberté de conscience – que vous me rappelez très heureusement – il me
semble à première vue s'y trouver trois pôles : — a) Il ne faut jamais agir contre sa
conscience pour obéir à des normes abstraites auxquelles l'on n'adhère pas,
faute alors de tomber dans une sorte d'hypocrisie : C'est ici que joue le peccate fortiter de Luther. Mieux vaut
donc se tromper sincèrement que de faire, par obligation sociale et
ecclésiastique, ce que l'on ne croit pas. En se trompant ainsi franchement il y
a espoir de se corriger ; en agissant contre sa conscience (certes
insuffisamment éclairée), on court le risque de s'enfermer dans l'univers clos
du pharisaïsme. — b) La deuxième question est celle du
respect de la conscience des faibles qui, il me semble, ne concerne que des
choses non essentielles, des goûts et des couleurs, pourrait-on dire, et non
des commandements capitaux, dont l'ignorance ne peut que conduire à des
infractions des préceptes du Décalogue, par exemple. — c) En troisième lieu il faut relever
l'attitude de Paul par rapport à certaines différences doctrinales – elles
aussi non vitales pour le salut ! – mais quand même d'une importance certaine.
Là, nous dit Paul, il ne faut pas nous quereller avec des frères par rapport à
de telles différences – le baptême des enfants serait peut-être un exemple –,
mais marcher ensemble d'un même pas (c'est-à-dire dans la communion au cadre de
la règle de la foi), dans l'amour, sachant que pour finir Dieu conduira chacun
à la connaissance de la vérité pour que nous soyons tous unis d'un même cœur et
d'une même pensée. L'amour fraternel et la patience sont pour l'apôtre de
grandes vertus. Elles le sont pour nous aussi ! Merci d'avoir mis le doigt sur une lacune
de mon texte qui n'est pas sans importance. Je suis assez d'accord avec votre
formulation : «
Il n'en reste pas moins que les Écritures accordent un statut particulier au
rôle de la conscience régénérée, notamment à celle du ‘faible,’ et que Paul
établit certains principes communautaires pour garder cette liberté de
conscience sous contrôle (1 Corinthiens 8-10, Romains 14). La place qu'on lui
accorde est cohérente avec les limites de la révélation, en particulier les
limites législatives : La casuistique ne couvre pas tout, et nous ne pouvons
plus, comme Moïse, recourir à une révélation spéciale dès lors que nous
rencontrons des situations sur lesquelles ‘ce que l'on doit faire n'a pas été
déclaré’ (Nombres 15:34). » Mais mon point fondamental demeure :
Notre « liberté de conscience » comme les « droits de l'homme » doivent se
normer sur une règle immuable, autrement nous tomberons dans les divagations du
subjectivisme à la fois personnel (pour ce qui concerne notre conscience) et
social (pour ce qui concerne les droits humains). Cela nous conduira vers des
catastrophes, tant personnelles que sociales. Nous avons une règle : Cette
règle est la bonne, sainte et juste loi divine. Merci aussi d'attirer mon attention sur
la non définition du sens de ce mot « loi » qui figure partout dans mon texte. J'ai bien remarqué au cours des années,
cela à la suite de bon nombre de théologiens fidèles (de diverses confessions
chrétiennes), que la « loi » et la « grâce » forment dans l'Écriture comme les
deux pôles principaux de toute la Révélation biblique, allant de Genèse 2:15-17
et 3:15 à Apocalypse 22:10-11 et 12-16. Partout, l'on retrouve les normes
divines pour la vie terrestre ; partout l'on retrouve la prédication de «
l'évangile éternel. » Partout aussi je vois dans l'Église d'aujourd'hui que ce
couple est divisé ; ce que Dieu a uni est maintenant largement rompu par ces
chrétiens que je nomme « évangéliques, » vu qu'ils insistent trop souvent sur
le seul point de l'« Evangile. » En reniant le rôle indispensable de la loi
dans l'œuvre du salut, dans la vie de sanctification du chrétien et de la cité,
on en finit par perdre l'Évangile lui-même ! Tout mon texte repose sur cette
problématique, qui, avec les nuances que vous apportez, est bel et bien celle
de toute la Bible. Cette double problématique on la trouve aussi chez les
grands docteurs de l'Église chrétienne : Les Irénée, Tyconius, Hilaire,
Chrysostome, Aphraate le Sage persan, Cyrille d'Alexandrie, Athanase, mais
aussi chez un Thomas d'Aquin et un Cardinal Pie, par exemple, et chez bien
d'autres encore. Ce n'est malheureusement plus guère le cas aujourd'hui, même –
hélas trop souvent ! – dans nos milieux réformés baptistes confessants. Vous relevez enfin les remarques de
Florent Varak : « Enfin,
je ne peux que m'associer à Florent Varak quant à la teneur de vos attaques
envers ‘les évangéliques.’ Est-ce nous que vous visez, ou bien est-ce tous les
évangéliques moins vous ? Là encore, davantage de précision aurait été utile,
d'autant que la charge a été relevée ici et là suite à la publication de vos
réflexions sur les réseaux sociaux. » Il est clair que l'expression «
évangéliques » reste volontairement, tout à la fois vague et précise. Vague
parce qu'elle ne nomme aucun mouvement particulier, mon écoute de l'entretien
étant une occasion non recherchée et cependant donnée par Dieu. Précise, parce
que c'est le choix d'un seul pôle, « évangélique, » qui est ici l'erreur que je
vise. Rappelons qu'en grec le mot « choix » se dit hairesis. Si j'ai ajouté des guillemets au mot «
évangélique » c'est que je suis convaincu que le véritable « évangélisme » (je
préfère dire le véritable « christianisme ») celui des Adolphe Monod ou des
Ruben Saillens, par exemple, maintenait ce lien, apostoliquement insécable,
entre Évangile et Loi, entre grâce et commandements de Dieu, entre l'Église et
l'ordre créationnel et social. Plus de douze années d'études mensuelles sur le
Décalogue, enseignement scruté à travers toute la Bible, m'ont convaincu que
c'est là, dans la Personne et l'œuvre du Christ, que ces deux réalités montrent
leur parfait accomplissement, leur union harmonieuse, chacune exerçant dans
l'accomplissement de notre salut (au sens le plus complet de ce mot) leur rôle
différencié et complémentaire. Vous me faites très justement remarquer :
« Vous
n'êtes pas particulièrement explicite quant aux commandements qu'il s'agirait
de promouvoir dans la perspective de l'influence politique que vous appeliez de
vos vœux. » Cette imprécision, vous pouvez bien
l'imaginer, était volontaire. Dans le cadre du but que je me proposais qui
était de mettre le doigt sur un très grave dysfonctionnement de ceux que je
nommais, de manière générique, les «évangéliques,» il aurait été peu judicieux
de soulever ce que je considère le faux problème du « théonomisme. » Ces
nombreuses années consacrées à l'étude de la Loi, comme elle est révélée par
l'ensemble de la Bible, m'ont amené à vouloir nuancer et préciser
l'enseignement, par ailleurs extraordinairement bénéfique, d'hommes tels Rousas
Rushdoony et Greg Bahnsen, parmi bien d'autres. J'y ai été aidé par les travaux
étonnants sur ce sujet de Thomas d'Aquin, de Heinrich Bullinger, de Pierre
Viret, de Jean Calvin, de Richard Hooker, de Lancelot Andrewes, de Bénédict
Pictet et Friedrich Julius Stahl et de Pierre Courthial pour ne nommer que les
plus grands. Je suis arrivé à la conclusion qu'il nous
fallait quitter les grands schémas binaires anciens pour examiner dans le
détail ce qui est maintenu de la loi divine et ce qui en est accompli
temporellement, cela en particulier pour la nation d'Israël. C'est ce que
j'exprime dans deux annexes, d'abord dans mon ouvrage L'Alliance de Dieu à travers l'Écriture sainte. Une théologie biblique, L'Âge d'Homme,
Lausanne, 2012 : « Brève note sur la théonomie et les trois aspects de la Loi »[i]
(pp. 185-188), la conclusion du chapitre VI, « L'Alliance de Dieu avec
Israël au Sinaï » ; puis dans mon ouvrage Le règne terrestre de Dieu. Du gouvernement de Notre Seigneur
Jésus-Christ : Politique, Nations, Histoire et Foi chrétienne, L'Âge
d'Homme, Lausanne, 2011, Chapitre X, « Une analyse structurelle des diverses
lois : éternelle, naturelle, humaine et divine, »[ii]
pp. 412-433. Je joins ces deux textes en fichiers attachés [voir notes de fin i et ii]. Je suis convaincu qu'aux principes
éthiques (le Décalogue) doit s'ajouter la casuistique de la loi et des
prophètes, mais que cela ne suffit pas ! Il faut la sagesse aussi, celle des
Proverbes, des Psaumes, du Sermon sur la Montagne, des conseils apostoliques.
Chaque cas demande la sagesse qui nous vient d'en haut et que Dieu accorde
libéralement à ceux qui la lui demandent. Pardonnez-moi ces longueurs ! Avec mes salutations bien cordiales en
notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, Jean-Marc Berthoud » Réaction
d’un étudiant chrétien en droit : « Avant d’entrer dans le vif du
sujet, je tiens à dire que j’apprécie souvent l’émission ‘Un pasteur vous
répond’ de Florent Varak, car elle contient beaucoup d’éclairages pertinents
sur une vaste gamme de questions relatives à la foi chrétienne. Cela étant dit, je ne peux pas faire
autrement que de constater que le podcast du 21 novembre 2016, auquel il est
fait référence dans les messages introductifs de Gérald Pech et que j’ai écouté
attentivement, est très décevant. Dans cet entretien, l’invité – M. Varak –
délaisse purement et simplement l’orthodoxie chrétienne en matière de théologie
du gouvernement civil. Cela, pour embrasser un amalgame de prêt-à-penser
postmoderne et de demi-vérités pseudo-évangéliques. Au fil des minutes, les erreurs
s’empilent les unes par-dessus les autres : individualisme exagéré, relativisme
moral décomplexé, spiritualisation excessive des devoirs civiques des citoyens
chrétiens (ne pas dire à sa propre épouse pour qui on vote !), etc. La Grande
Commission est réduite à un système servant presqu’exclusivement à propulser
nos voisins et collègues au paradis céleste. L’Église devient la seule
institution humaine à être concernée par la révélation biblique. Le christianisme
n’est, dès lors, nullement voué à faire autorité en dehors du cercle serré des
petites cellules chrétiennes. L’Évangile devient radicalement séparé du Royaume
qu’il est pourtant censé annoncer. Dans la pensée de l’invité, l’espérance
d’une collectivité humaine authentiquement christianisée – l’aboutissement visé
par l’Éternel depuis Genèse 3:15 – est falsifiée en une caricature grossière
qu’on croirait être empruntée à l’extrême-gauche. À la place d’une glorieuse
réformation, l’invité nous présente le laïcisme et la sacro-sainte « liberté de
conscience » (une notion qui demeure très vague) comme étant les tremplins
obligés de l’épanouissement chrétien. J’ai lu les points 1 à 20 de la lettre
ouverte de Jean-Marc Berthoud sur calvinisme.ch. J’y souscris entièrement,
excepté une petite réserve quant à l’Armée du Salut (abandon des sacrements). En notre merveilleux début de XXIe
siècle, un chrétien est martyrisé sur terre toutes les six minute (sans compter
les réductions en esclavage, viols répétés, tortures, harcèlements judiciaires,
licenciements, amendes, vols, etc.). NON, CES CHRÉTIENS NE SONT PAS LES
VICTIMES D’UNE FATALITÉ ESCHATOLOGIQUE. Presque partout sur terre, l’étau se
resserre illégitimement contre les élus de Dieu. Il est temps que l’apologie du
paganisme politique cesse dans les milieux qui se prétendent réformés et
évangéliques. (Et ici je ne vise pas spécifiquement M. Varak. Le piétisme est
un problème planétaire.) Chose certaine, les chrétiens des siècles futurs
jugeront sévèrement le collaborationnisme avec les théocraties sécularistes ou
polythéistes aujourd’hui pratiquées par ô combien de dirigeants chrétiens. Notes:
[1] Il faut mentionner ici aussi, parmi bien d’autres, les noms de William
Wilberforce (1759-1833) et de Thomas Chalmers (1780-1847) dans la
Grande-Bretagne du XIXe siècle et ceux de Francis Schaeffer
(1912-1984) et de Rousas John Rushoony (1916-2001) au XXe siècle
dans les États-Unis d’Amérique et de John Stott (1921-2011) sur le plan
anglophone mondial. [2] Pour
l’Ancien Testament, Deutéronome 17 14-20 et I Samuel 8 : 11-16 ; pour
le Nouveau, Romains 13 : 1-7 et Apocalypse 13 1-18. [3] On nous fait remarquer
que la coutume vaut par sa
stabilité. Une coutume mouvante n’est tout simplement pas une coutume. Les
coutumes relèvent de l’histoire et du bien commun. Il n’est donc pas absurde de
s’y soumettre par principe – pour autant, ajouterions-nous, qu’elles soient
justes, c’est-à-dire conformes aux commandements de Dieu– quitte à travailler à
les corriger ou les affiner. [4] Voyez l’ouvrage de Claes G.
Ryn, The New Jacobinism. America as
Revolutionary State, National Humanities Institute, Bowie, 2011. [5] Un des lecteurs de ce texte
nous écrit : « Le mieux est probablement d¹intervenir
avant la bagarre, durant les consultations, rencontrer personnellement les
politiciens, s¹efforcer de les influencer avant les grands débats publics et
surtout avant les campagnes de vote. À ce moment-là, toute intervention de
l’Église engendre d¹abord la suspicion. Toutefois, quand l’Église ou les
intérêts fondamentaux qu’elle représente sont directement et explicitement
menacés, elle doit intervenir jusqu’au bout de la décision parlementaire ou
populaire autant que cela soit efficace et pas contre-productif. S’adresser
directement aux politiciens, comme le faisaient Calvin ou Viret, est plus
facile et justifié quand le pouvoir politique reconnaît sa place à
l’Église. » [i]
Jean-Marc Berthoud, « Brève note sur la théonomie et les trois
aspects de la Loi. » [ii]
Jean-Marc Berthoud, « Une analyse structurelle des diverses lois :
éternelle, naturelle, humaine et divine. »
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