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L'esprit du calvinisme : l'affirmation de la souveraineté absolue de Dieu

Par John Clover Monsma

 

Je me tenais dans une immense fente montagneuse dans le Sud du Colorado. A côté de moi, un torrent tourbillonnait bruyamment et avec turbulence, comme pris de furie contre les nombreux rochers qui avaient osé bloquer son cours. Une centaine d’échos jaillissaient de rochers situés en hauteur comme plus bas. C’était sauvage et magnifique.

La semaine précédente j’avais dressé un nouveau plan : J’avais remonté le torrent jusqu’à sa source. Ni les ardoises dangereuses ni les crevasses montagneuses ne parvinrent à me décourager. Je persévérai dans le combat et obtins la victoire. Parmi les choses que j’appris, c’était que ce jeune torrent avait de nombreux courants affluents et ruisseaux qui avaient, quelque part dans son voisinage, jailli des rochers – et j’avais remarqué que ces courants affluents contribuaient de manière considérable au volume du torrent.

Mais la source principale je ne la trouvai pas dans les rochers.

Elle se trouvait dans d’autres régions.

Elle se trouvait, bien haut et loin, dans les neiges, au sommet, là où le ciel touche la terre.

***

Et c’est avec ce torrent de montagne que je comparais mon pays.

Sa vie a été nourrie, soutenue et fortifiée – souvent polluée malheureusement – par de nombreux affluents. Certains hommes, dans leur étude des origines de la nation, ont effectué des recherches sur ces affluents, souvent avec une étonnante minutie, mais il ne semble pas qu’ils soient allés au-delà de ces affluents.

Et pourtant – la source principale se trouve dans d’autres régions.

Elle se trouve, bien haut et loin, dans les neiges, – là où le ciel touche la terre – là où Dieu est en communion avec l’homme.

Elle se trouve dans la religion.

Et la forme de cette religion était le calvinisme.

***

La paternité du calvinisme ne réside pas en Jean Calvin. Le système des idées indiqué par ce terme existait bien avant cet homme illustre dont il porte le nom.

Le « calvinisme » n’est pas non plus synonyme de Prédestination, ni d’aucune autre doctrine spécifique de la Bible. Il s’agit de bien plus qu’une doctrine. C’est plus qu’un concept théologique. Il s’agit d’une vision de la vie et du monde.

Ce point n’a pas toujours été mis en avant de manière suffisamment claire par nos écrivains américains. Des descriptions admirables du calvinisme ont été écrites, mais il en ressort l’impression persistante qu’il relève de la sphère de la « théologie sèche » au même titre que l’arminianisme, le pélagianisme, l’anabaptisme et des thèmes similaires, et qu’il ne possède aucune valeur théorique et pratique hors des murs de quelques facultés de théologie dénominationnelles. Comme un auteur de renom l’exprime, le « calvinisme » a généralement été considéré comme un terme sectaire, confessionnel et ecclésiastique.

Ceci étant dit, les remarques qu’un écrivain aussi éminent que Doyle adresse à ses lecteurs ne devraient pas nous porter à l’étonnement : « Les controverses dialectiques du calvinisme sont couchées dans un langage dont nous avons perdu la clé ; leurs expressions ne correspondent pour nous à rien de réel dans la pensée humaine. »[1] L’auteur, bien entendu, a en tête les disputes purement théologiques de l’époque coloniale. Le « calvinisme, » pour M. Doyle, était un terme sectaire, confessionnel et ecclésiastique. Et il représente une large phalange d’auteurs.

Cependant, grâce aux efforts infatigables d’hommes tels que le Dr Abraham Kuyper, ancien Premier ministre des Pays-Bas, et son précurseur spirituel Guillaume Groen van Prinsterer, homme d’Etat et secrétaire royal – grâce également aux études de mes pairs et concitoyens tels que les professeurs Benjamin B. Warfield et Francis R. Beattie des universités de Princeton et Louisville respectivement – il est maintenant possible d’avoir une appréciation plus équitable et plus véritablement historique des choses que nos prédécesseurs calvinistes professaient défendre qu’il y a de cela quelques décennies. Nous sommes sortis des courants étroits et nous nous trouvons maintenant dans les puissants courants larges et profonds. Le calvinisme, dans sa dimension plus large, a un sens strictement scientifique. Il s’agit d’un système d’idées bien défini – d’idées concernant Dieu et l’homme, concernant la vie morale, sociale et politique du monde. Il s’agit d’une structure organique, complète en elle-même. C’est un arbre gigantesque, qui s’élève d’un principe fondamental unique, projetant ses branches dans toutes les directions, et élevant sa couronne verdoyante vers le ciel azuré.

Que les constructeurs des fondements de la vie américaine aient eu une connaissance détaillée du calvinisme dans son sens strictement scientifique et été pleinement conscients de toutes ses implications, nous ne nous aventurions jamais à le prouver. Mais qu’ils y aient cru et que cette conviction ait été constamment leur inspiration qui commandait leurs œuvres, cela constitue des faits d’une absolue stabilité qui n’ont besoin que de l’assise apportée par la lumière des recherches historiques. Parce que la majorité des historiens n’ont jamais étudié sérieusement le calvinisme, ils n’ont jamais été capables de nous dire véridiquement et complètement ce que le calvinisme a fait pour l’Amérique. L’un exclut l’autre.

***

Le cœur du principe du calvinisme est l’absolue souveraineté de Dieu. Toutes les autres doctrines calvinistes peuvent en être déduites. Les affirmations d’Esaïe, d’une part, « toutes les nations sont devant Lui comme un rien, et elles sont à ses yeux comme néant et vanité, » et de Paul, d’autre part, « Qui es-tu pour t’opposer à Dieu ? » - sont les mots de passe qui déverrouilleront les portes du temple du calvinisme, les ouvriront largement, de telle sorte que la grandeur mystique de son intérieur et la splendeur de ses innombrables trésors pourront être vues.

Le principe de la souveraineté divine, appliqué à la Bible, exige une subordination absolue à toutes ses prescriptions, non seulement dans la sphère de l’Eglise, mais également dans tous les aspects de la vie. Dieu est le Souverain absolu de la vie entière ; par conséquent, Sa Parole devrait être le facteur déterminant dans toutes les sphères d’activité de la vie humaine.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la religion, exige de se conformer à la vision selon laquelle l’homme existe pour la gloire de Dieu, que le processus complet de la rédemption a pour but l’affirmation de l’honneur et de la justice du Créateur, et également, que c’est uniquement la libre grâce qui amène un homme, mort dans son péché et sa misère, dans une nouvelle relation avec le Père. Il ne tolère aucune interposition humaine entre Dieu et l’homme et par conséquent aucune forme de sacerdoce quelle qu’elle soit. « Coram Deo, » face à face avec Dieu, est véritablement une devise calviniste.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la sphère de la morale, exige de tous les hommes qu’ils se conforment à la loi morale des Saintes Ecritures. Néanmoins, puisque la vraie morale, morale qui est principalement parfaite, ne peut exister, comme l’Ecriture nous l’enseigne, que lorsque le Saint-Esprit œuvre dans l’âme humaine, il est requis de l’homme qu’il prie constamment pour que le Saint-Esprit agisse.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la vie sociale, exige que toutes les relations et institutions sociales que Dieu Lui-même, d’après Sa Parole, a établies, soient respectées et bénéficient de l’adhésion des hommes, et exige, en outre, l’obéissance implicite des subordonnés à ceux qui sont placés au-dessus d’eux, puisque toute autorité ou « souveraineté » terrestre tire son origine de la souveraineté de Dieu, et puisqu’un égard pour Dieu implique nécessairement le respect pour la première. Dans le même temps, ce principe conduit à la doctrine de l’égalité des hommes en tant qu’hommes, puisqu’une supériorité inhérente d’un homme sur un autre serait en contradiction avec la souveraineté absolue de Dieu. Toute souveraineté est conférée par Dieu et en Dieu seulement. Il n’existe aucune souveraineté d’aucune sorte dans l’homme. Toute souveraineté que possède l’homme a un caractère dérivé, et lui a été octroyée gratuitement.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la politique, doit par nécessité plaider en faveur de l’affirmation biblique selon laquelle « il n’y a aucun pouvoir qui ne vienne de Dieu ; les pouvoirs qui existent sont ordonnés par Dieu. Quiconque résiste au pouvoir, par conséquent, résiste aux ordonnances de Dieu. » Les gouvernements sont institués par Dieu à travers l’instrument qu’est le peuple. Aucun empereur ni président n’ont de pouvoir en eux-mêmes de façon inhérente. Tout pouvoir qu’ils possèdent, toute souveraineté qu’ils exercent, quelle qu’elle soit, sont un pouvoir et une souveraineté découlant de la grande Source d’en-haut. Il n’est aucune puissance autre que le droit, le droit coulant de la Fontaine éternelle de la justice. Il est extrêmement aisé pour un calviniste de respecter les lois et ordonnances du gouvernement. Son âme qui chérit la liberté se rebellerait si le gouvernement n’était rien d’autre qu’un groupe d’hommes tenus de réaliser les souhaits d’une population majoritaire. Car, en dernière analyse, cela signifierait la domination de l’homme sur l’homme. Pour le calviniste, selon sa ferme conviction, Dieu se tient derrière un tel gouvernement, et devant Lui il s’agenouille dans la plus profonde révérence. Là se trouve la raison fondamentale de cet amour profond et presque fanatique de la liberté et de la liberté politique également, qui a toujours été une caractéristique du véritable calviniste. Le gouvernement est un serviteur de Dieu. Cela signifie qu’EN TANT QU’HOMMES, tous les représentants du gouvernement se placent sur un pied d’égalité avec leurs subordonnés, et ne prétendent à aucune supériorité d’aucune espèce. Dès lors même qu’un tel représentant du gouvernement, qu’il soit empereur ou roi ou président, commence à agir d’une manière arbitraire et donc à se fixer comme objectif d’ignorer le caractère dérivé de ses pouvoirs officiels, tout calviniste serait récalcitrant. L’honneur de son Souverain céleste serait en jeu, ainsi que ses propres droits et liberté. Pour exactement la même raison la préférence du calviniste va vers une forme républicaine de gouvernement au-dessus de tout autre type. Dans aucune autre forme de gouvernement la souveraineté de Dieu, le caractère dérivé des pouvoirs gouvernementaux et l’égalité des hommes en tant qu’hommes ne trouvent-ils une expression plus claire et plus éloquente.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la sphère judiciaire, conduit à la reconnaissance de Dieu comme le Législateur suprême. Les Romains avaient coutume de dire que le « fas » était en Dieu, le « jus divinum, » la source divine du droit, et tout droit humain, tout jus humanum, a, ici encore, un caractère dérivé. Les principes du droit trouvent leur expression objective dans les Saintes Ecritures et sont subjectivement révélés de concert avec le consentement de l’homme par la petite voix calme, la conscience intérieure de ceux qui sont véritablement en connexion avec le Fons Juris. Toute loi civile doit se conformer aux principes que Dieu a ainsi fait connaître à l’homme.

Ce principe de la souveraineté divine, appliqué à la sphère de l’éducation, exige que chaque homme, chaque femme, chaque enfant puissent aspirer ou être amenés à aspirer au plus haut degré de développement de leurs puissances intellectuelles. La raison évidente même en est que le serviteur le mieux informé des désirs de son maître est celui qui peut le mieux le servir. Plus l’homme connaîtra Dieu et ses œuvres, mieux il comprendra la volonté divine, et plus il sera rendu capable de vivre une vie qui glorifie son Créateur. (…)

***

Le calvinisme – nous utiliserons désormais ce nom dans son sens cosmologique, scientifique – peut se vanter d’une longue histoire, d’une histoire qui couvre non seulement des siècles, mais des millénaires d’actes et d’entreprises humains. Parmi ceux qui y croyaient et étaient ses défenseurs se trouvaient certains des plus grands hommes sur la scène mondiale. Aussi anachronique que cela puisse paraître, il est possible d’affirmer avec une entière certitude que même Abraham, Isaac et Jacob étaient des « calvinistes » ardents, en ce qui concerne le principe fondamental du calvinisme. Dans ces temps anciens, aucun développement systématique de ce principe fondamental n’avait, bien entendu, encore pu se faire. L’on pourrait à cet égard reculer aussi loin que jusqu’à Noé et Hénoch, et maintenir que ces derniers également honoraient et défendaient le principe que Jean Calvin, quelques quatre cents ans plus tard, exposerait de manière systématique. Partant des tentes des patriarches, le mouvement « calviniste » prit son élan à travers le canal de la nation d’Israël, trouva son représentant divin dans le Rabbin de Nazareth, fut défendu et vulgarisé par le grand élève de l’école de Gamaliel, l’apôtre Paul, fut soutenu par Ignace, Justin Martyr, Irénée, Athanase, Ambroise et Augustin ; fut transmis des mains d’Augustin à Gottschalk et Pierre Valdo ; trouva une expression imparfaite dans les œuvres de certains scolastiques ; fut proclamé avec plus de clarté et avec un caractère plus spécifique par Thomas Bradwardine ; provoqua les puissantes entreprises de John Wyclif en Angleterre et de Jean Huss en Bohême ; et fut finalement incarné dans la figure prédominante de Jean Calvin, le réformateur genevois dont le génie lui donna forme, le façonna et le prépara pour qu’il accomplisse sa tâche gigantesque dans les temps modernes.

***

En France, les Huguenots se levèrent, en Hollande, les Gueux; en Ecosse, les Covenantaires; en Angleterre, les Puritains; et dans la Nouvelle Angleterre à la fois les Pères pélerins et les Puritains. Ils étaient tous calvinistes. Pour eux, il leur restait à mener le combat pour la liberté – la liberté dans l’Eglise et dans l’Etat. Pour eux, il fallait sauver le protestantisme dans tous les pays d’Europe occidentale. “En Suisse,” écrit Fruin,[2] “en France, en Hollande, en Angleterre, là où le protestantisme dut se maintenir avec l’épée, ce fut le calvinisme qui remporta la bataille.” Et, lorsqu’au XVIIe siècle, le monarque français, Louis XIV, menaça la liberté des nations une fois de plus, ce fut l’esprit du calvinisme, qui résidait dans la poitrine du jeune Roi William d’Angleterre, qui refoula la vague et permit à l’Europe occidentale et à l’Amérique de respirer librement tout à nouveau. Le XVIIIe siècle vit le calvinisme en proie à de grandes luttes. Le piétisme, le rationalisme et les Encyclopédistes en France se montrèrent des ennemis têtus et fanatiques du calvinisme. En Europe, l’influence du calvinisme s’évanouissait; il fut soit écrasé, soit forcé à assumer une attitude défensive. En Amérique, néanmoins, la situation présentait un aspect plus brillant. Bien que ses ennemis dans le nouveau monde fussent beaucoup de la même espèce que ceux de l’ancien monde, le calvinisme possédait cependant ici assez de vitalité pour être capable de mobiliser ses forces et mener une guerre offensive déterminée. (…)

Le calvinisme est-il mort? Nous faisons une pause pour faire avancer deux témoins, témoins dont peu douteront de la véracité et de la loyauté: le Professeur Benjamin B. Warfield de Princeton et James Anthony Froude, le bien connu historien anglais. Voici ce que dit le premier :

“Ici, en Amérique, l’impulsion recue des grands enseignants qui illuminèrent le milieu du XIXe siècle – Charles Hodge, Robert J. Breckinridge, James H. Thornwell, Henry Boynton Smith, William G. T. Shedd, Robert L. Dabney, Archibald Alexander Hodge – je les énumère dans l’ordre chronologique – n’est pas encore éteinte, nous sommes reconnaissants à Dieu de pouvoir le dire… Je crois fermement que le calvinisme, de même qu’il a nourri le christianisme évangélique dont il a été le nerf de la guerre dans le passé, demeurera la force du christianisme pour le temps présent, et son espérance pour l’avenir.”[3]

Et le Dr Froude, regardant le même objet sous un angle différent, s’exprime comme suit :

“Le calvinisme était l’esprit qui se révoltait contre le mensonge; l’esprit qui, comme je vous l’ai montré, est apparu, et réapparu, et réapparaîtra de nouveau le moment venu, à moins que Dieu ne soit une tromperie et l’homme comme les bêtes qui périssent.” [4]

Référence : John Clover Monsma, What Calvinism Has Done for America, imprimé par Rand McNally and co., 1919, 199 pages.

 

Notes:

[1] Doyle, English Colonies, Vol. III , p .79

[2] R. Fruin, Tien Jaren, etc., première édition, p. 151.

[3] Warfield, Calvinism Today, p.30, 31.

[4] Froude, Calvinism, p.46.


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