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L'Eglise de l'Unité
des Frères
d'E.A. Senft
PREMIÈRE PARTIE
De la fondation de Herrnhut jusqu'à la
mort du comte de Zinzendorf.
1722 - 1760
CHAPITRE 10
LES FRERES ET LE METHODISME ANGLAIS
A peine le mouvement religieux
sorti de Herrnhut eut-il été transplanté en Angleterre,
qu'il se heurta contre un autre mouvement, connu sous le nom de méthodisme
anglais et se rattachant aux puissantes personnalités des frères
Wesley et de Whitefield. Un rapide coup d'œil jeté dans les rapports
des premiers Frères avec les premiers méthodistes ne manquera
pas d'intérêt et fera mieux comprendre l'antagonisme dans
lequel n'ont jamais cessé de vivre ces deux dénominations
du protestantisme contemporain.
Au mois de janvier 1736,
un navire traversait l'Atlantique. Il emmenait en Géorgie une société
étrange que la main de Dieu avait réunie. C'étaient
vingt-six frères et sœurs moraves de Herrnhut, et, parmi eux, l'évêque
David Nitschmann, d'une part, et de l'autre, les frères Wesley,
Benjamin Ingham et Charles Delamotte, représentants de la jeune
société méthodiste. Les uns et les autres allaient
travailler en Amérique pour le règne de Dieu. Les Moraves
y portaient le nom du Sauveur pour l'amour duquel ils avaient quitté
la patrie. Et quant à John Wesley, il dit à ce sujet: "
Notre but, en tournant le dos à l'Angleterre, n'était ni
d'échapper à la misère, car Dieu nous avait bénis
de biens temporels, ni de nous procurer les ordures de la richesse et
de la gloire. Sauver nos âmes et vivre pour la gloire de Dieu, tout
pour nous était là! "
En route, les deux sociétés
firent connaissance. Wesley étudiait la langue allemande, les Moraves
étudiaient l'anglais. " Oh! " s'écria Wesley, " que nous
soyons un, non seulement en parlant une seule et même langue, mais
par le cœur et dans une seule et même conviction! "
Les temps futurs, avec leur
division des camps, s'annonçaient-ils au fond du cœur de Wesley?
Il est permis de le croire. Pour le moment, Dieu avait de grandes choses
à lui dire par le moyen des Frères. Ecoutons-le dans son
journal intime du 26 janvier 1736: " Une effroyable tempête venait
d'éclater; je m'assis près des Allemands dont, dès
longtemps, j'avais observé le grand sérieux et l'humilité.
Sans qu'ils eussent voulu accepter quoi que ce fût, je les avais
vus rendre aux autres voyageurs les services les plus humbles. " Cela
fait du bien à nos cœurs orgueilleux, " avaient-ils dit; " notre
bien-aimé Sauveur a fait pour nous bien plus que cela.
Poussés, battus, jetés
à terre, ils s'étaient relevés sans mot dire. Durant
la tempête donc, tu verras maintenant, me dis-je à moi-même,
s'ils sont vraiment délivrés de l'esprit de crainte, d'orgueil,
de colère et de vengeance. Pendant qu'ils chantaient le cantique
par lequel ils aimaient à ouvrir leur culte, une immense vague
se déversa sur le navire, déchirant la grande voile et remplissant
d'eau jusqu'à l'entrepont. Nous étions comme engloutis dans
l'abîme. Les voyageurs anglais poussaient des cris de détresse.
Les Allemands continuaient à chanter. "Mais n'as-tu pas eu peur?"
demandai-je plus tard à l'un d'eux. - " Dieu soit loué,
non," me répondit-il. - Mais vos femmes et vos enfants n'ont-ils
pas eu peur? - "Non; nos femmes et nos enfants n'ont pas peur de mourir!
"
Quelques semaines plus tard,
le 7 février, John Wesley, arrivé en Géorgie, y fit
la connaissance de Spangenberg. " Je ne tardai pas à me rendre
compte de l'esprit dont cet homme était animé ", dit-il
encore dans son journal, " et je lui demandai des conseils pour mon travail.
Il me répondit: " Frère, il faut que je te fasse d'abord
une ou deux questions. L'Esprit rend-il témoignage à ton
esprit que tu es enfant de Dieu? " Surpris, je me tus, ne sachant trop
que répondre. S'en apercevant, Spangenberg continua: "Connais-tu
Jésus-Christ? " Et moi, après un moment de silence: "je
sais qu'il est le Sauveur du monde." - " Cela est vrai ", répliqua
le Morave, " mais sais-tu aussi qu'il est ton Sauveur à toi? "
- "Je l'espère; il est mort pour me sauver." Après cela
Spangenberg n'ajouta plus que cette seule parole: " Te connais-tu toi-même
?" Je l'affirmai; hélas! je crains que ce n'ait été
qu'un vain mot!"
Le lendemain, retourné
auprès de Spangenberg, Wesley lui demanda où il se rendrait
en premier lieu. "Je pense en Pennsylvanie ", fut la réponse. "
Mais ce que Dieu fera de moi, je ne le sais pas. Je suis aveugle. Je suis
un enfant. Mon Père sait ce qu'il me faut et je suis prêt
à aller là où il m'appellera."
A partir du 25 février,
John Wesley et Delamotte s'établirent sous le toit des Frères,
les suivant de près et les observant jour après jour. Wesley
leur rendit alors ce témoignage: " Toujours occupés, faciles
à vivre, ils marchaient dune manière digne de leur vocation
et glorifiaient l'Evangile de Jésus-Christ en toute chose. " Le
7 mars, l'un des Frères, poitrinaire, se trouvant fort mal, le
méthodiste signala le danger à David Nitschmann. Celui-ci
lui répondit en souriant: " Il sera bientôt guéri;
il est prêt pour l'Epoux."
L'année suivante,
1738, Wesley retourna en Angleterre. A bord du vaisseau, il traça
ces mots: " Il y a deux ans et quatre mois que j'ai quitté ma patrie
pour annoncer l'Evangile aux Indiens de la Géorgie. J'ai appris,
pendant ce temps, ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est que moi,
me rendant en Amérique pour convertir les autres, je n'étais
pas converti moi-même. Aux bouts de la terre, j'ai compris que je
suis privé de la gloire qui vient de Dieu, que mon cœur est entièrement
corrompu et que, par conséquent, toute ma vie ne vaut rien... Je
n'ai d'autre espoir que celui d'être sauvé par la grâce
gratuite de Dieu en Jésus-Christ... Il me faut cette foi qui est
la ferme confiance que Dieu en Jésus-Christ m'a pardonné
mes fautes. Il me faut cette foi qui dit: Je vis, non plus moi-même,
mais Christ vit en moi. Il me faut cette foi qu'on ne peut posséder
sans le savoir, car celui en qui elle se trouve, est libéré
de l'esclavage du péché, de toute crainte et de tout doute.
Joyeux dans l'espérance, il entend au dedans de lui ce témoignage
de l'Esprit, rendu à son esprit, qu'il est enfant de Dieu."
Ainsi préparé,
John Wesley remit le pied sur le sol de la patrie. Ce fut au moment même
où Pierre Böhler et trois autres frères arrivaient
en Angleterre. Le méthodiste, allant au devant des étrangers
leur procura un pied à terre. Dieu, une seconde fois, selon sa
sagesse merveilleuse, les avait unis les uns aux autres.
Pierre Böhler comprit,
sans tarder, l'état spirituel des chrétiens anglais. "J'ai
trouvé bien des personne réveillées, " dit-il, "
mais je n'ai trouvé personne qui connût le Sauveur. Beaucoup
de justice par les œuvres, beaucoup d'exercices de piété:
jeûnes, lectures, prières récitées d'après
des livres, etc.. Quand je parle du Sauveur, on s'étonne, on pleure,
on soupire, on se réjouit d'entendre de lui tant de bien. Vraiment,
j'ai compassion de ce peuple qui est comme un troupeau sans berger. "
Commençant hardiment
la lutte contre toute cette propre justice, cette poursuite de la paix
dans le chemin des œuvres, ces vains efforts de l'homme naturel, Pierre
Böhler prêcha la libre grâce de Dieu en Jésus-Christ
et la réconciliation par le sang du Sauveur. Il insistait sur ce
point que, sans exiger quoi que ce soit de la part du pécheur,
Dieu lui donne tout, et tout, quelquefois, en un seul instant. Il eut,
alors, selon le témoignage de Spangenberg, un nombre considérable
de personnes qui s'approchèrent des Frères et reçurent
avec empressement le précieux message dont ils étaient les
porteurs. Entre autres, une grande influence s'exerça par Böhler
sur John Wesley. " Je te prie ", écrivait le Morave au méthodiste,
" ne renvoie pas d'un seul jour de croire en Jésus-Christ comme
en ton Sauveur. Garde-toi du péché de l'incrédulité.
Si tu ne l'as pas encore vaincu, sois-en victorieux aujourd'hui. L'amour
de Jésus est grand, riche, ineffable, sans bornes. Rien, si ce
n'est ton incrédulité, ne saurait l'empêcher de te
venir en aide. C'est pourquoi: crois! " Quelques jours seulement après
la réception de cette lettre, le grand méthodiste traversa
ce qu'il appela dès lors le moment de sa conversion. Ce fut le
24 mai 1738, vers neuf heures du soir. " Dès cette heure décisive,
" dit-il, " je sentis que Christ m'avait racheté de la loi du péché
et de la mort. Je me mis à prier de toute mon âme pour ceux
qui m'avaient persécuté. Je rendis témoignage devant
tous les assistants de ce que, pour la première fois, j'éprouvais
au fond de mon cœur... Je dus, il est vrai, continuer à lutter
avec tout ce que j'avais de forces contre le péché. Mais,
tandis que, sous la loi, j'avais succombé quelquefois, si ce n'est
souvent, je demeurais vainqueur, maintenant que j'étais sous la
grâce ! " (*)
Chose digne d'attention.
L'expérience par laquelle Wesley venait de passer contenait tous
les éléments de la scission qui allait se produire entre
les deux camps, morave et wesleyen. A l'instant même où le
ministère des Frères eut amené cette âme à
la paix, elle échappa à la tutelle de ceux qui avaient été
ses conducteurs à Christ et se mit à choisir son chemin
à elle!
Ce que Pierre Böhler,
dans sa prédication, avait relevé dans le seul but de faire
ressortir avec plus de vigueur la gratuité absolue du salut en
Christ, savoir la possibilité d'une conversion instantanée
sous l'action puissante de l'Esprit produisant la foi dans le cœur humain,
devint un point cardinal de la dogmatique méthodiste. Quant à
la doctrine de la vie nouvelle aussi, toute la différence des deux
courants se dessina nettement dans ces paroles, la première celle
de Wesley à l'heure de sa conversion: " La lutte continuait pour
moi sous la grâce comme sous la loi; je devais toujours y engager
toutes mes forces, mais avec cette différence que je demeurais
vainqueur ". La seconde, celle du morave Töltschig, parlant à
Wesley le lendemain de sa conversion: " Il ne te faut plus lutter avec
l'ennemi comme autrefois; il faut t'enfuir de devant lui dès qu'il
s'est montré, et te réfugier sous la croix du Sauveur!"
Et le témoignage public même que Wesley, à peine converti,
rendit de l'expérience qu'il avait faite, n'était-il pas
un acte étranger à l'esprit morave?
Il n'y avait cependant, de
la part de Wesley, rien encore qui eût pu faire croire à
une rupture. Ce fut sans le concours de sa volonté, qu'au moment
décisif de sa vie spirituelle, au milieu du bouleversement profond
de tout son être, il retrouva, enrichi par ce que les Frères
avaient pu lui donner, la voie religieuse dans laquelle l'avait poussé,
dès sa jeunesse, une piété toute conforme au génie
du peuple anglais.
Dominé, pour l'heure,
et par le sentiment d'une grande reconnaissance envers les Frères
et par celui de sa faiblesse personnelle, Wesley partit, peu de temps
après sa conversion, pour Marienborn, où il fit la connaissance
de Zinzendorf, et pour Herrnhut, où il entra en relations avec
Christian David. Dans ce dernier lieu surtout, il reçut des impressions
profondes. " C'est ici ", s'écria-t-il, " que j'aimerais passer
ma vie, mais mon Seigneur et Maître m'a appelé à travailler
dans une autre partie de sa vigne. Je me décidai donc à
quitter cet heureux village, lundi 13 août. Martin Dober et quelques
autres frères m'accompagnèrent une heure de chemin. Quand
donc viendra le jour où une chrétienté semblable
à ces gens, couvrira la terre comme les eaux couvrent l'abîme
des mers! " Et dans une lettre à son frère Charles, il ajouta:
" L'esprit qui règne chez les Frères dépasse notre
plus haute attente. Jeunes et vieux, ils ne respirent que foi et amour,
toujours et partout ".
Après son retour à
Londres, John Wesley, assisté de son frère, se mit à
diriger à Fetter Lane (Londres) le troupeau morave formé
par Pierre Böhler, parti pour l'Amérique. C'est dans ce milieu
que l'esprit méthodiste, ouvertement manifesté, se heurta
une première fois contre l'esprit morave. On le comprendra par
l'impression que la société de Fetter Lane produisit, a
la fin de l'année 1739, sur le frère Ph. H. Molther, arrivé
d'Allemagne. " Je fus saisi de frayeur ", dit-il, " quand, en franchissant
le seuil de la chapelle, j'entendis les gens soupirer, gémir et
hurler. Ils me dirent que c'était là l'effet du Saint-Esprit
et de la puissance de Dieu! D'un autre côté, lorsque je me
fus adressé à chacun individuellement, je ne pus nier que
la plupart ne se missent en peine de leur salut. "
Molther essaya de protester
contre ce qu'il envisageait comme un égarement. Combattant le travail
humain, s'efforçant de démasquer la propre justice, il mit
en pleine lumière la personne du Sauveur, offert à la foi
pour la justification et la sanctification du pécheur. Quelques-uns
applaudirent. D'autres accusèrent le nouveau venu de mysticisme
et de quiétisme. La division éclata irréparable.
La charité, de part et d'autre, fit défaut. Le 20 juillet
de l'année 1740 enfin, la rupture se consomma par la sortie des
frères Wesley de Fetter Lane.
A partir de ce moment, l'abîme
se creusa toujours plus profond entre les éminents chefs du méthodisme
anglais et les Frères. Qu'on en juge par les citations suivantes
que nous empruntons aux annales de la société de Fetter
Lane de 1741, année ou elle possédait dans son sein le prudent
et ferme Spangenberg. A la date du 12 avril: " Spangenberg eut avec Charles
Wesley un entretien au sujet de cette thèse que nul ne peut recevoir
le pardon de ses péchés avant d'avoir le cœur pur." A la
date du 12 mai: "Spangenberg fit visite à Wesley. L'un des adeptes
de ce frère prétend en être arrivé à
un degré de perfection tel qu'il n'y a pour lui plus de danger.
Nous lui dîmes d'être sur ses gardes. " A la date du 13 mai:
" Spangenberg et Böhler allèrent voir John Wesley qui avait
autour de lui quelques-uns de ceux qu'il appelait en santé par
la foi (Matthieu 9:12). Ces gens dirent ne plus vouloir rien savoir de
la doctrine qui faisait d'eux de pauvres pécheurs. Ils admettaient
être entourés du mal, mais en ajoutant que le mal n'était
point en eux, ni ne pouvait entrer dans leur cœur. Nous leur donnâmes
le conseil de veiller. " Le 17 mai: "Spangenberg, visitant le docteur
Watts, lui dit notre manière de voir quant à la perfection
chrétienne. Nous estimons être lavés de nos péchés
par le sang de Christ et être affranchis par là de l'empire
du péché. Mais nous croyons aussi qu'il faut que celui qui
est net, se lave toujours de nouveau les pieds. Jamais nous ne cesserons
de blanchir nos vêtements dans le sang de Christ. "
Ce qui nous semble achever
de prouver l'incompatibilité des deux courants, c'est que Zinzendorf
même, dont la largeur ecclésiastique et chrétienne
est au-dessus de tous les doutes, joignit ses protestations à celles
de Spangenberg. " Il ne voulait pas qu'on prit l'Eglise des Frères
et les méthodistes pour une seule et même chose et il s'exprima
là-dessus très franchement en public. Que les méthodistes
prêchassent dans les rues, sur les places publiques et dans les
champs, ce n'était pas à cela qu'il s'arrêtait, bien
qu'il ne fût pas, à cet égard, de la même opinion
qu'eux. Mais c'était avec leur doctrine qu'il n'était pas
d'accord " . Plus tard, le comte fit une nouvelle et courte visite tant
à Oxford qu'à Londres. Le mouvement religieux et le réveil
avaient pris des proportions étonnantes. " Zinzendorf fit ce qui
était en son pouvoir au milieu de ces circonstances pour avancer
la cause du Seigneur. Toutefois, il ne pouvait ni ne voulait envisager
comme son affaire de donner la main à ce qui se passait sous ses
yeux" (1).
Cependant, en dépit
de ces divergences de vues profondément senties, on ne négligea
pas de faire, de part et d'autre, quelques suprêmes tentatives de
réconciliation. Le 27 avril 1741, entre autres, Wesley, après
s'être montré fort irrité contre les Frères,
parla à Spangenberg d'une union qu'il estimait possible. Mais Spangenberg
répondit que les principes étaient en jeu. Puis, douloureusement
ému: " Oh! si nous avions le même esprit, si le feu divin
embrasait nos cœurs, ils déborderaient et se sentiraient unis.
" Peu après cet incident, quelques Frères se rendirent auprès
de Wesley pour lui demander humblement pardon d'avoir manqué envers
lui de charité. On répéta cette démarche une
seconde fois et Wesley renouvela ses propositions d'union, promettant
de formuler sur papier ses griefs contre les Frères. Mais cela
ne se fit pas et la position demeura très tendue.
La rupture, accomplie sans
remède entre les Frères et la branche wesleyenne du méthodisme,
était moins accentuée entre les Frères et Whitefield.
Celui-ci, quoique blâmé par les Moraves à cause de
sa doctrine de la réprobation, continua à entretenir avec
eux des rapports d'amitié. Il déclara publiquement, à
la fin de 1741, sentir, dans son cœur, la grâce de Dieu au milieu
de la société de Fetter Lane, et exprima le désir
de se joindre aux Frères. Plus tard (1742), il eut, à ce
sujet, un entretien avec Spangenberg. " Les bases de notre foi sont pourtant
les mêmes ", s'écria-t-il. Mais Spangenberg, dans une sage
retenue, lui répondit qu'il fallait un seul et même esprit.
On en resta là. L'entrevue se termina par une fervente prière
de Spangenberg. Au pied du trône de la grâce, ceux qui ne
pouvaient marcher la main dans la main, reçurent de nouvelles forces
pour s'aimer à travers toutes leurs divergences. (2)
Depuis les temps des Wesley
et des Whitefield d'une part, des Zinzendorf et des Spangenberg de l'autre,
beaucoup de chrétiens ont souffert, au sein de l'Eglise morave,
de ne pouvoir donner la main au méthodisme anglais. L'incompatibilité
des vues et la différence d'esprit qui n'ont jamais cessé
de se manifester dans les rapports de ces deux courants religieux ont
souvent pesé comme un lourd poids sur tel cœur morave, et sont
devenues pour plusieurs une occasion de chute, en les entraînant
loin du chemin de la charité et du support fraternel en Christ.
Mais, tout en déplorant cette scission et en nous humiliant de
nos péchés contre le grand commandement de l'amour, nous
déclarons ne pouvoir passer par dessus ce qui, pour nos pères
spirituels, a été un obstacle impossible à franchir.
Courbant la tête sous une dispensation de Dieu aussi mystérieuse
que pénible, nous acceptons que le méthodisme anglais et
la piété morave ne puissent jamais s'allier sous un seul
et même drapeau ecclésiastique - jamais, jusqu'au grand jour
où, l'imperfection humaine ayant été engloutie dans
les perfections du monde à venir, et les Eglises visibles ayant
disparu chacune avec son mandat, Christ sera tout en tous.
Notes:
(*) A l'appui de ce qu'on vient
de lire, nous citerons le passage suivant de l'écrivain méthodiste
Jacqson (voir F. Bovet, Comte de Zinzendorf, 3ème
édition, page 259) : " John et Charles Wesley, quelles que fussent
leurs excellentes qualités, n'avaient trouvé ni la sainteté,
ni le bonheur avant d'avoir appris par Pierre Böhler que la foi en
Christ nous sauve du péché, de sa coupe et de sa domination,
que cette foi est un don du Saint-Esprit, agissant sur un cœur pénitent,
et qu'elle est suivie immédiatement du témoignage intérieur
de la miséricorde de Dieu et de notre adoption. C'est incontestablement
à cette doctrine que la prédication méthodiste a
dû son efficace et son succès. Sans doute, Dieu aurait pu
se servir d'un autre moyen pour en donner la connaissance aux Wesley;
mais il ne l'a pas fait. Pierre Böhler a été l'instrument
dont il a voulu se servir pour leur communiquer ce bienfait et pour le
communiquer par eux à des milliers d'âmes. "
(1) Spangenberg, Vie du
comte.
.(2)
Plus tard, Whitefield aussi se retira des Frères et attaqua Zinzendorf
dans un écrit plein des plus graves inculpations. On pressait le
comte de le poursuivre, mais celui-ci ne consentit pas même à
répondre: :" Whitefield, " dit-il, " est un homme dont la prédication
peut encore faire beaucoup de bien à beaucoup de monde; aussi ne
voudrais-je pas écrire quoi que ce fût qui pût nuire
à la considération dont il jouit. " (Bovet, Comte de
Zinzendorf, 3ème édition, page 240.)
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