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AVERTISSEMENT
La question des ministères
féminins dans l'Eglise est rarement abordée avec la sérénité
que mériterait un sujet aussi important. Beaucoup de docteurs
de la Parole semblent incapables de l'évoquer en faisant abstraction
de l'arrière plan féministe ou antiféministe, propre
au milieu ecclésiastique et culturel dont ils sont issus.
De plus, pour certains
d'entre eux, il est humainement impossible de rester indifférents
aux frustrations secrètes, voire aux revendications affichées
de leurs chères épouses. Personne ne songe à le
leur reprocher, mais le handicap exégétique subsiste,
et la Bible a toutes les chances de devenir l'alibi, plutôt que
le solide fondement de la doctrine, ce qui est beaucoup moins excusable!
Pasteur d'une église
évangélique de province, je n'ai jamais été
confronté à cette délicate question, autrement
que de façon académique. A défaut de me conférer
un quelconque crédit supplémentaire, cela me donne au
moins le recul nécessaire pour en parler, sans subir les pressions
d'un quelconque lobby ecclésiastique.
Tâche ingrate, d'ailleurs,
car en ne m'inscrivant pas d'entrée de jeu, dans le parti des
"pour" ou des "contre", je multiplie souvent le risque de déplaire
à tous, chacune des parties en présence ayant déjà
des convictions définitives. Or, ces opinions revêtent
un caractère tellement passionnel, qu'aucune argumentation biblique
ne peut vraiment les ébranler.
Chaque fois que j'ai participé
à l'un ou l'autre séminaire sur ce sujet, j'ai été
navré de constater une absence quasi totale de dialogue entre
les interlocuteurs. Dans ces conditions, l'arbitrage de la Parole de
Dieu que je tentais de proposer, ne pouvait qu'être mal venu.
Dès que cette médiation ne se faisait pas partisane, et
qu'elle se heurtait aux arguments des uns ou des autres, elle ne rencontrait
plus qu'un silence têtu.
Dès lors, pourquoi
m'obstiner au travers des pages qui suivent? Peut-être parce que,
dans le calme de la méditation personnelle, qui fait suite à
l'orage des débats publics, l'Esprit-Saint trouve souvent un
terreau plus susceptible de se laisser abreuver par la Parole de Dieu.
Sans doute aussi, parce
que je ne partage pas l'avis de plusieurs qui, voulant apaiser les esprits,
affirment que les deux points de vues peuvent se justifier bibliquement.
Si les deux thèses me paraissent contenir des vérités
complémentaires, je ne pense pas que la Bible dise des choses
contradictoires.
Mais, je ne prétends
pas non plus, mettre un point final au débat. J'aimerais seulement
suggérer un avis, qui me semble équilibré et fondé.
Je l'espère susceptible aussi, de panser quelques-unes des trop
nombreuses blessures engendrées par cette douloureuse polémique.
Remarque: Les parenthèses
contenant le signe = proposent une traduction littérale ou possible
des passages bibliques que je citerai.
I. L'ENJEU DU DEBAT
Traditionnellement, dans
nos milieux évangéliques, la femme chrétienne est
maintenue dans une totale dépendance de l'homme. Et il faut bien
l'admettre, quand on aborde la question des ministères féminins
dans l'Eglise, beaucoup d'hommes commencent par dire ce que les femmes
ne peuvent pas y faire.
Aussi, les seules tâches
qui s'offrent à leur zèle, relèvent-elles du diaconat,
pour ne pas dire des corvées de la communauté. Les ministères
de la Parole leur sont particulièrement fermés, sauf aux
enfants de l'école du dimanche et en terre de mission ! Cette
dernière exception présente d'ailleurs une connotation
raciste qui n'échappera à personne. Si la femme est inférieure
à l'homme blanc, elle demeure supérieure aux gosses et,
curieusement, aux hommes de couleur.
Dès lors, comment
s'étonner que les femmes missionnaires en Europe, soient précisément
les instigatrices de revendications qui rejoignent leurs droits acquis
sur tous les hommes évangélisés en terre de mission
? Évidemment, cela implique un partage "fraternel" de leurs privilèges
avec les sœurs "évangélisées", partage d'autant
mieux venu que ces dernières se situent dans la tradition des
suffragettes ou des acquis de mai 68.
Cette fois, les portes
s'ouvrent largement devant la femme. Non seulement celles de la prédication,
mais aussi celles de l'enseignement, de "l'anciennat" féminin
et de l'ordination pastorale.
A. Les écueils
à éviter
Comme chacun s'en est rendu
compte, les diverses opinions peuvent se regrouper autour de deux pôles
principaux. Les uns font de l'Église une affaire d'hommes, où
la femme ne peut trouver que des rôles subalternes ou sporadiques.
Les autres prônent l'égalité de sexes et veulent
abolir toute distinction de fonctions ou de ministères, entre
les hommes et les femmes.
1. Le lien des traditions
S'il est vrai que les premiers
cultivent avec complaisance une tradition de "machistes", les seconds
répondent à ce sexisme implicite, en puisant sans vergogne
leur idéologie dans la tradition du féminisme anglo-saxon.
Les positions de chacun étant fixées par deux traditions
opposées, il ne faut pas s'attendre à ce que la Bible
puisse encore jouer un rôle déterminant.
Les deux camps vont s'en
servir dans un duel implacable, dont elle ne sortira pas grandie, puisque
personne ne veut s'y soumettre, car aucun n'est réellement prêt
à remettre son point de vue en question, ni disposé à
retourner auprès de son église ou de sa femme en lui disant
: Je me suis toujours trompé ! Dès lors, comment parler
encore "d'autorité de la Bible", et de quel droit revendiquer
le titre "d'évangélique" ?
Il est vrai que les "conservateurs"
disposent de nombreux textes à l'appui de leur thèse.
Mais que deviennent-ils après la lecture étriquée
et restrictive dont ils sont l'objet ? Il est exact que la position
des "féministes" relève d'un esprit plus conforme à
l'amour de l'Évangile. Mais ils fondent leur opinion sur quelques
textes rares dont l'interprétation alambiquée laisse pantois.
2. La Bible défigurée
Et de fait, qu'ils soient
d'un naturel courtois ou vindicatif, les partisans des deux thèses
opposées présentent souvent le même défaut.
Au lieu de rester les humbles serviteurs de la Parole de Dieu, ils sélectionnent,
utilisent et parfois manipulent les textes de la Bible, dans l'intention
de mieux démontrer le bien fondé de leurs positions respectives.
Et cela avec une conscience d'autant meilleure, que chacun est persuadé
que sa "juste cause" est aussi celle du Seigneur !
Certes, les enseignements
de la Bible peuvent êtres différents dans la complémentarité,
mais pas dans l'incompatibilité. La Parole de Dieu ne peut dire
à la fois une chose et son contraire. En utilisant et retournant
la Bible contre elle-même pour défendre des opinions personnelles,
ce débat ne concourt vraiment pas à glorifier le Seigneur.
C'est ainsi que les premiers
mettent l'accent sur les passages qui rappellent l'autorité de
l'homme sur la femme, justifiant ainsi leur domination sur la femme,
et son exclusion de toute charge quelque peu valorisante. Les seconds
préfèrent les textes parlant des dons spirituels distribués
à toute l'Eglise, femmes comprises, bien sûr ! Mais ils
oublient que dans le corps, les membres n'ont ni la même fonction,
ni la même "gloire".
Les uns vont s'emparer
d'une restriction (le "silence" des femmes dans l'église), pour
en faire un postulat. Les autres proclament la règle générale
(les dons accessibles à tous les croyants), mais ignorent les
exceptions qu'elle pourrait présenter. Tous pratiquent donc la
politique du tout ou rien. Pas de place pour les nuances dans leur argumentation,
pas plus que dans leur interprétation.
Dans ces conditions, tout
arbitrage visant une approche cohérente et harmonieuse du texte
biblique risque d'être contesté à chaque intervention.
J'en prends le risque.
B. De fausses attitudes
et motivations
Avant d'aborder le fond
du débat, il me semble utile de rappeler que certains en sont
exclus d'office.
1. L'esprit de revendication
L'esprit de revendication,
surtout, rend tout chrétien, homme ou femme, inapte au service
divin. Le fait que ces revendications soient justifiées ou non
n'y change rien. Pour s'en convaincre, il suffit de relire dans la Bible
tous les passages qui parlent des nombreuses occasions où le
peuple d'Israël tenta l'Éternel son Dieu par des revendications
qui, à vue humaine, semblaient parfaitement légitimes.
Cette regrettable disposition
d'esprit disqualifie surtout ceux et celles qui prétendent exercer
leur autorité sur leurs frères et sœurs dans l'Eglise.
Je vois au moins quatre raisons à cela.
Dans l'Église comme
ailleurs, avant de "commander", il faut d'abord apprendre à obéir.
Jésus lui-même n'a pas échappé à cette
règle, "ayant appris, bien qu'il fût le Fils, l'obéissance
par ce qu'il a souffert" (Hébreux 5.8). De manière plus
générale, tout croyant est appelé à devenir
"ambassadeur de Christ" auprès de ses frères, aussi bien
qu'auprès des autres hommes. On le voit mal exercer son "ministère
de réconciliation" dans un esprit de revendication. L'absurde
a ses limites ! (2 Corinthiens 5:18-20)
Ensuite, pour pouvoir s'exercer
dans la liberté de l'Esprit, il ne suffit pas qu'un ministère
vienne de l'Esprit, il faut aussi qu'il soit reconnu comme tel par l'Eglise,
qui a le droit et le devoir de "contrôler" la pratique des dons
spirituels (Actes 17:11; 1 Corinthiens 14:28, 32; 1 Thessaloniciens
5:19-21). Ici encore, la pratique d'un don se révèle incompatible
avec l'esprit de revendication. Car par nature, un don ne peut être
imposé à l'Eglise par celui qui l'exerce.
Enfin et surtout, l'esprit
de revendication se trouve en totale contradiction avec le principe
du renoncement à ses droits. Or, ce principe spirituel est l'un
des plus importants et des mieux attestés de toute la Bible.
Depuis Abraham jusqu'à Paul, le fil rouge de cette loi spirituelle
traverse toute l'Écriture, laissant partout des exemples remarquables
: Moïse, Ruth, David et tant d'autres. Abandonnant surtout à
la contemplation et à l'imitation de notre foi le merveilleux
exemple de la "kénose" ou "dépouillement" du Christ (Philippiens
2:4-11, 3:8-11, Matthieu 16:24).
Le disciple ne pouvant
être plus grand que son maître, c'est donc la méconnaissance
de ce "b-a-ba" de la vie chrétienne qui disqualifie quiconque
s'accroche à ses droits. Homme ou femme, tant qu'il prétend
défendre ses droits par lui-même et par ses propres moyens,
le chrétien empêche Dieu de le prendre en charge. Ce manque
de confiance le discrédite totalement pour conduire le troupeau
de Christ sur le chemin de la foi en son Seigneur.
2. Les provocations
Je viens de dénoncer
les dangers d'un esprit de revendication dans l'Eglise. Mais, ces revendications
sont souvent le fait de chrétiennes excédées par
les abus de pouvoir dont elles sont l'objet. Dès lors, il ne
pourrait être question de leur en faire porter seules la responsabilité.
Celle-ci est à partager avec les responsables qui poussent certaines
chrétiennes à pécher, par une attitude dominatrice
qui est tout aussi coupable et inacceptable (1 Pierre 5:3).
Eux aussi s'attachent à
leurs droits de "petits chefs". Eux aussi défendent ce qu'ils
considèrent comme une chasse gardée. Eux aussi sont indignes
de leur rôle d'ambassadeurs de Christ. Eux aussi devraient apprendre
à se soumettre à la Parole de Dieu. En conséquence,
eux aussi se discréditent pour le ministère qu'ils prétendent
exercer.
Si certaines "féministes"
et quelques alliés masculins engagent le combat, c'est pour acquérir
des droits qu'elles n'ont pas. Si certains "conservateurs" se battent,
c'est pour conserver des droits acquis.
A priori, la première
démarche n'est pas plus spirituelle que la seconde, mais dans
le contexte socioculturel actuel, elle risque d'éveiller plus
de sympathie que la deuxième. Un spectateur inconverti parierait
sans doute sur les chances du "challenger" ! Un observateur chrétien
ne peut que pleurer en se demandant comment on en est arrivé
là.
3. L'opportunisme
Il faut que les responsables
masculins de l'Église historique en général, et
des églises évangéliques en particulier, puissent
faire preuve d'humilité et reconnaître que l'interprétation
transmise par la tradition ecclésiastique chrétienne leur
convient très bien. Il n'est pas pour déplaire à
la gent masculine de nos églises de penser que l'Écriture
Sainte avalise complètement la domination exercée sur
les femmes depuis la nuit des temps.
En conséquence,
il semble utopique de demander à des théologiens masculins
qu'ils se mettent à scier la branche sur laquelle ils sont si
confortablement installés, à moins que quelques sœurs
ne viennent les bousculer un tantinet et que la crainte de tomber ne
les contraigne à reconsidérer leur position. Même
si elles me paraissent maladroites et inacceptables dans leur principe,
force m'est de reconnaître que les revendications féminines
ont eu le mérite de secouer les responsables masculins dans leur
coupable torpeur.
Et, si la communauté
où je sers le Seigneur n'a pas été atteinte par
la vague féministe, je ne puis attendre son arrivée pour
réagir contre une théologie masculine opportuniste, qui
porte atteinte à la dignité des chrétiennes de
nos églises. Souvent très sommaire, cette théologie
est d'autant plus pernicieuse, qu'elle enferme nos mères, nos
épouses et nos filles dans un sentiment partagé de révolte
et de culpabilité.
De révolte justifiée,
parce qu'elles se sentent inféodées, marginalisées
et invalidées par rapport aux ministères qu'elles pourraient
exercer au bénéfice de la communauté tout entière.
Et leur bon sens ne peut les laisser indifférentes devant un
potentiel spirituel pratiquement réduit de moitié dans
chacune de nos églises du seul fait de traditions manifestement
obsolètes.
De culpabilité injustifiée,
parce qu'elles se mortifient à l'idée d'oser remettre
en question, ne fut-ce que dans leur cœur, une doctrine qui a toujours
été assimilée à la Parole de Dieu Lui-même.
Selon le tempérament de chacune, la frustration des chrétiennes
de nos églises engendre une passivité résignée
ou des revendications exacerbées.
Pour les responsables masculins,
ces deux attitudes servent souvent d'alibis à la nécessité
de maintenir la domination des "mâles".
Selon le cas en effet,
ils considèrent que les femmes sont incapables de vraies responsabilités
ou sont fautrices de troubles dans l'Eglise. Le cercle infernal s'est
mis en route, rythmé par le tic-tac discordant de discussions
qui ne servent plus qu'à ponctuer les constats de désaccords.
Dans ces conditions, il
est évident que les mises en garde que je viens d'émettre,
n'ont qu'une valeur bien symbolique. Je n'ai pas l'intention d'arbitrer
un match dont personne ne peut sortir vainqueur, surtout pas l'Église
du Seigneur ! J'ai encore moins la prétention de dire aux uns
: "vous avez tort !" et aux autres : "vous avez raison !" La seule proposition
que j'aie à faire aux deux parties, c'est d'essayer d'oublier
leurs préjugés réciproques pour se demander ensemble
: "Qu'est-ce que Dieu pense de tout cela ?"
II. LA FORME DU DEBAT
Comme je viens de le dire,
il ne me paraît pas très opportun de continuer une discussion,
où chacun des interlocuteurs oppose des textes bibliques à
ceux proposés par l'adversaire. La Bible ne se contredit pas
elle-même. Je ne conteste pas qu'il y ait une sorte de bipolarité
dans ces textes, mais elle ne peut être discordante. Il faut donc
envisager une approche qui permette l'intégration de ces deux
pôles dans un concept harmonieux, plutôt que de conduire
à une ségrégation spirituelle du texte biblique.
1. Une approche cordiale
Il me semble d'ailleurs
plus enrichissant d'envisager la complémentarité des textes
bibliques, plutôt que d'adopter une démarche d'exclusion.
La vérité n'est pas toujours ceci ou cela, elle est souvent
ceci et cela. Le raisonnement "binaire" des occidentaux ne rend pas
forcément justice à la logique des auteurs du texte sacré.
Dieu n'est pas un ordinateur !
Dans cette perspective,
il m'apparaît nécessaire d'aller du général
vers le particulier, en définissant d'abord les rapports de l'homme
et de la femme au sein de la nouvelle alliance. En effet, cette relation
doit être cernée, maîtrisée et acceptée
pour permettre une évaluation sereine de ses interférences
sur les ministères des croyants et des croyantes au sein de l'église
locale aussi bien que dans les foyers, l'une n'étant jamais que
la réunion des autres.
Cette démarche présente
plusieurs avantages. D'abord, elle réduit le risque d'opposer
la Bible à elle-même, on l'a déjà dit. Ensuite,
elle permet de dégager des lois et des principes généraux
où peuvent s'inscrire les prescriptions particulières
et les exceptions éventuelles. Car en faisant l'inverse, c'est-à-dire
en généralisant certaines particularités, les "conservateurs"
versent dans un légalisme avoué et les "féministes"
dans un libéralisme camouflé. Enfin, une fois les principes
bibliques dégagés du texte, il devient possible de les
actualiser et de les appliquer à la situation propre à
chaque église locale.
Finalement, au lieu d'aboutir
à un climat de revendication ou de compétition, cette
démarche encourage une collaboration dans le respect de la Parole
de Dieu et dans l'estime réciproque. C'est du moins, ce que j'appelle
de tous mes vœux !
2. Des questions
conviviales
"A mauvaise question, mauvaise
réponse !" D'entrée de jeu, certaines questions coupent
court à tout dialogue, car la seule réponse possible,
c'est "oui" ou "non". En effet, le plus souvent, on demande :
- La femme peut-elle prêcher
dans l'Eglise ? Ou enseigner ?
- Peut-on nommer une femme
au poste d'ancien ? Ou la consacrer comme pasteur ? Etc.
Confronté à
ce genre de questions, le croyant ne peut répondre qu'en faisant
appel à des opinions déjà acquises. Convictions
qu'il ne pourra que s'efforcer de justifier dans tout débat ultérieur,
et qui deviendront des positions définitives. Je sais que la
crainte de "perdre la face" n'est pas un réflexe très
spirituel. Pourtant, j'ai pu constater qu'elle est une des motivations
les plus fréquentes. Autant en tenir compte, si l'on désire
sincèrement ouvrir un dialogue.
Personnellement, je préfère
les questions qui contraignent l'interlocuteur à donner de vraies
réponses, c'est-à-dire des réponses qui sont les
fruits d'une réflexion et d'un dialogue. C'est ainsi que l'on
peut demander :
- Quels doivent être
les rapports entre hommes et femmes ? Dans leurs foyers ? Au sein de
l'église ?
- Quels sont les dons ouverts
à tous les croyants ? Y en a-t-il qui soient réservés
aux hommes ? Aux femmes ?
- Ces rapports peuvent-ils
avoir une influence sur le ministère de certains hommes ? De
certaines femmes ?
La réponse à
de telles questions ne peut être immédiate. Il faut d'abord
sonder l'Écriture. Et pourquoi ne pas le faire ensemble ? Le
seul risque, pour les frères "ennemis", c'est de se retrouver
d'accord, dans une même soumission à la Parole de Dieu.
Je sais que ma candeur peut faire sourire. Car une fois encore, ceux
qui s'assoient à une même table pour débattre de
ce sujet, risquent d'être là pour défendre les "intérêts"
de leurs partisans, et non pour écouter ce que Dieu pourrait
leur dire. Je veux y croire cependant, ne pouvant désespérer
de l'action puissante du Saint-Esprit dans le cœur des croyants.
III. LES TERMES
DU DEBAT
En préambule à
ce qui va suivre, il me faut préciser dans quel sens j'emploierai
certains mots clefs. Car bien que ces mots puissent avoir plusieurs
significations en français, je les utiliserai volontairement
dans un sens restreint pour éviter tout danger de contresens.
Tout d'abord, je distinguerai l'égalité de l'identité
car, dire que l'homme et la femme sont égaux, ce n'est pas dire
qu'ils sont identiques.
1. Égalité
et identité
L'égalité
implique que l'homme et la femme ont la même nature : la nature
humaine. Nier l'égalité de tous les êtres humains,
c'est accepter le racisme. Et le "sexisme" est effectivement une forme
de racisme.
Se basant sur certaines
"malédictions" de Dieu (contre la femme, contre Cham ou contre
les Juifs), les chrétiens des siècles passés avaient
conclu à l'infériorité des femmes, des Africains
et des Juifs. Pendant des siècles, nos ancêtres ont trouvé
dans cette théologie, pour le moins simpliste, les alibis nécessaires
pour justifier l'aliénation des femmes, l'esclavage des noirs
et l'antisémitisme.
En acceptant d'appliquer
ces idéologies honteuses, les croyants se considéraient
comme la main de Dieu, accomplissant ses justes châtiments envers
des sous-produits de la race humaine. Cela m'amène à affirmer
le deuxième aspect de l'égalité qui est la même
valeur de tous les êtres humains. Il n'y en a aucun qui vaille
plus que l'autre.
Si la Parole de Dieu n'a
pas attendu la charte des "Droits de l'homme" pour le déclarer,
il est regrettable que l'Humanisme ait précédé
le christianisme pour l'affirmer ! Même la Science reconnaît
maintenant, que l'Humanité ne forme qu'une seule race, car tous
les hommes sont issus d'un même couple primitif, ce que la Bible
affirmait depuis toujours ! Dans leur sens biologique, on devrait donc
parler de "variétés" humaines, plutôt que de "races"
humaines.
Par ailleurs, la Bible
met tout le monde sur un pied d'égalité en affirmant que
tous les humains sont pécheurs et qu'il n'existe aucun juste
parmi eux, pas même un seul. Les êtres humains présentent
donc tous la même valeur morale ou spirituelle aux yeux de Dieu.
Mais au-delà des ressemblances, l'égalité n'exclut
pas les différences. Personne ne songe à nier qu'un homme
est différent d'une femme, un africain d'un européen,
un adulte d'un enfant, etc..
L'identité par contre,
c'est l'absence de différences. C'est donc l'égalité,
plus d'autres choses. Ces autres choses, je les définis comme
une absence de différences morphologiques et fonctionnelles.
Non pas que "la fonction crée l'organe", mais la fonction implique
la présence de l'organe qui lui est nécessaire pour s'exprimer.
Tout cela relève
un peu de l'évidence. La morphologie de l'Africain est parfaitement
adaptée aux climats équatoriaux, tandis que celle de l'Esquimau
lui permet de vivre sur la calotte glacière. La morphologie de
l'homme répond à celle de la femme, en vue de leurs rôles
respectifs dans la procréation, etc..
Les différences
"morphologiques" peuvent aussi concerner l'être intérieur.
C'est ainsi, par exemple, que la psychologie de l'homme et celle de
la femme se complètent en fonction de leurs rôles parentaux
respectifs. Mais, même s'ils sont parfaitement égaux, l'homme
et la femme ne sont pas interchangeables, au niveau de leurs fonctions
dans le couple et la famille.
On s'interrogera plus loin
sur la question de savoir si la Bible envisage une différence
de fonctions au niveau spirituel, et donc dans l'Eglise. Autrement dit,
si la femme et l'homme sont différents physiquement et psychologiquement,
le sont-il aussi spirituellement ?
En résumé,
et en simplifiant, on pourrait dire que la notion d'égalité
met l'accent sur ce que les gens "sont", donc sur leur valeur. Tandis
que la notion d'identité des gens met l'accent sur ce qu'ils
"font", donc sur leur fonction.
Par ailleurs, j'ai remarqué
que bien peu de gens font une distinction entre les notions d'autorité,
de supériorité et de domination, tout comme ils confondent
aussi les concepts de soumission, d'infériorité et d'obéissance.
2. La supériorité
et l'infériorité
La supériorité
et l'infériorité relèvent de l'inégalité,
c'est à dire d'une différence de nature ou de valeur.
En général, le racisme repose sur l'idée qu'il
existe des races différentes au sein de l'espèce humaine.
Au siècle passé, les théories transformistes avaient
encouragé l'idée que toutes les races humaines n'étaient
pas arrivées au même degré d'évolution. Il
y avait donc des races supérieures et inférieures par
nature. Le racisme avait trouvé l'alibi "scientifique" qui allait
justifier l'antisémitisme et la prétendue supériorité
de la race "aryenne".
Dans la plupart des sociétés,
les hommes ont littéralement plus de valeur que les femmes. Le
scandale subsiste encore en occident, au niveau des salaires et même
des indemnités d'assurances !
Mais en comparant la valeur
des êtres humains, c'est plutôt à leurs qualités
que l'on pense, à leur potentiel intellectuel et moral. Naguère,
beaucoup d'hommes pensaient encore que les femmes étaient moins
intelligentes qu'eux et même plus dépravées. Ces
thèses misogynes ont fait long feu, jusqu'à l'accès
des femmes aux études supérieures.
Dans le langage courant,
on parle aussi de supérieurs et d'inférieurs, dans le
cadre d'une hiérarchie, d'un ordre établi. La Bible attestant
l'existence d'un ordre créationnel, on pourrait parler de la
supériorité de l'homme sur la femme, dans ce sens-là.
Je m'en abstiendrai cependant, dans la mesure du possible, pour éviter
toute confusion avec l'usage péjoratif que je viens de dénoncer
et qui est une offense à la dignité féminine.
3. L'autorité
et la soumission
L'autorité et la
soumission n'impliquent aucune différence de nature ou de valeur.
Celui qui se soumet est l'égal de celui qui exerce l'autorité.
La différence vient de la vocation. Ces personnes n'ont pas la
même fonction au sein de l'organisme envisagé, ni la même
place au sein de la structure correspondante. La raison d'être
de ce rapport d'autorité et de soumission vise uniquement le
bon fonctionnement et la coordination de l'ensemble. Le remettre en
question, c'est introduire le désordre, l'anarchie et le chaos.
La responsabilité
de fixer les objectifs et les moyens de les atteindre revient à
celui qui exerce l'autorité. Mais cela implique une concertation
avec ceux qui exercent la soumission, car ceux-ci doivent comprendre
les objectifs pour contribuer à les réaliser dans les
meilleures conditions.
Dans une chaîne d'autorités,
les objectifs du chef deviennent les objectifs personnels de ceux qui
lui sont soumis, qui les transmettent à leur tour à ceux
qui sont sous leur autorité, et ainsi de suite. Autrement dit,
les objectifs de la tête deviennent ceux de tout le corps qui
s'y conforme au mieux pour coordonner toute son action. Dès lors,
on comprend qu'autorité et soumission riment avec loyauté
et collaboration.
Il est bon de remarquer
que par nature, l'autorité est légitime. Soit parce qu'on
l'a reçue d'une autorité supérieure reconnue de
tous, soit parce qu'elle est associée à la fonction assumée,
soit pour les deux raisons à la fois. L'autorité du mari
sur sa femme, par exemple, a été décidée
par Dieu, car a priori cela aurait aussi bien pu être l'inverse.
Par contre, l'autorité des parents sur les enfants est naturelle,
car elle est liée à la fonction parentale.
Enfin, l'autorité
des anciens dans l'Eglise est, à la fois, liée à
la fonction de "surveillant", à l'investissement venant de Dieu,
et à la reconnaissance de l'Eglise. Mais nous vivons dans un
monde plein de revendications, d'injustices et d'ambitions. L'exercice
d'un pouvoir est donc bien loin d'y être toujours légitime.
Lorsqu'il y a conquête du pouvoir, fût-ce par des voies
légales, on ne parle plus "d'autorité", mais de "domination".
La légalité,
c'est la conformité à la loi. La légitimité,
c'est la conformité à la justice. On peut être légitimement
dans l'illégalité. Juridiquement, c'est le cas de la légitime
défense, par exemple. Bibliquement, c'est quand il vaut mieux
obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Par contre, on
peut être légalement dans l'illégitimité.
Juridiquement, c'est le cas des faux bilans, des taxes injustes, etc..
Et l'on sait que Hitler avait conquis le pouvoir en toute légalité
! Bibliquement, c'est le cas du divorce et de l'avortement. La chose
étant dite, cela ne nous autorise pas à condamner qui
que ce soit.
4. La domination
et l'obéissance
Le caractère illégitime
de la domination implique deux conséquences immédiates.
Tout d'abord, la seule
réponse favorable que la domination puisse engendrer, c'est l'obéissance.
Certainement pas la soumission, puisque par définition, la légitimité
de la domination n'est jamais reconnue par les subalternes. En effet,
l'obéissance implique la stricte observance des ordres reçus,
sans plus. L'obéissance ne s'attache qu'à "la lettre"
du commandement. Elle exécute les directives, mais sans excès
de zèle superflu.
Par contre, la soumission
implique le partage des objectifs, dans lesquels s'inscrivent les ordres
reçus. La soumission s'attache à l'esprit du commandement.
Elle dépasse la directive, pour discerner l'objectif qui le sous-tend.
On pourrait dire que celui qui obéit n'est qu'un exécutant.
Tandis que celui qui se soumet est un collaborateur.
Cette différence
est parfaitement confirmée par la comparaison de Colossiens 3:18
("Femmes, soyez soumises à votre mari") et Colossiens
3:20 ("Enfants, obéissez à vos parents"). Ces deux
textes montrent bien l'égalité des statuts qu'implique
la soumission, et la différence des statuts qu'implique l'obéissance.
Cela nous amène
au deuxième problème soulevé par la domination.
A savoir que, n'étant pas reconnue, la domination doit s'imposer
par la force. Elle engendre donc un système extrêmement
contraignant de pressions morales et parfois physiques. La domination
transforme toute relation en rapport de forces. Elle introduit la "loi
de la jungle" dans les relations humaines. Manger ou être mangé
! Dominer ou être dominé ! C'est pourquoi je l'ai définie
comme une perversion de l'autorité instaurée par Dieu.
Bibliquement, la recherche du pouvoir est toujours le fruit du péché
car le seul détenteur légitime du pouvoir, c'est Dieu
!
L'autorité vise
donc le bien d'autrui, en conformité avec le plan de Dieu. Elle
se manifeste par la sauvegarde de l'harmonie au sein de la création,
et par le maintien de l'ordre établi entre ses créatures.
Par contre, la domination vise un intérêt égoïste,
au mépris du plan de Dieu. Elle se manifeste par l'imposition
d'un pouvoir personnel aux autres créatures, sans vrai souci
de la création.
La domination est fondée
sur la force. Elle a le pouvoir de contraindre. C'est pourquoi, elle
s'inscrit dans le désordre du péché et de la chute.
L'autorité est fondée sur la légitimité.
Elle prolonge la volonté de Dieu, au travers des droits qu'Il
accorde. C'est pourquoi, elle s'inscrit dans l'ordre naturel de la création.
5. Droits et devoirs
Mais il n'est point de
droits sans devoirs, ni de devoirs sans droits ! Si l'autorité
implique le droit de prendre des décisions, elle impose aussi
le devoir de donner l'exemple. C'est pourquoi, l'apôtre Pierre
exhorte les anciens à "faire paître le troupeau de Dieu,
non par contrainte, mais volontairement; non en le dominant (= en le
tyrannisant), mais en devenant les modèles du troupeau" (1 Pierre
5:3).
L'exercice de l'autorité
ne se limite donc pas au droit de décider et de diriger dans
le cadre de certaines responsabilités. Il s'étend au devoir
d'être un modèle, particulièrement dans le domaine
de ces responsabilités. D'un autre côté, la pratique
de la soumission ne se limite pas au devoir de partager les objectifs
d'un responsable. La volonté de les mener à bonne fin,
implique le droit d'intervenir pour suggérer des modifications,
chaque fois que c'est nécessaire.
On comprend que l'ordre
établi par Dieu puisse paraître injuste à ceux qui
doivent s'y soumettre, si leurs droits ne sont pas reconnus, ainsi que
les devoirs de ceux qui exercent l'autorité. Car, si celui qui
exerce l'autorité ne satisfait pas à l'obligation d'être
un modèle, son autorité s'en trouve invalidée.
Et, si son autorité ne perd pas sa légalité, elle
perd bien sa légitimité. Autrement dit, son pouvoir devient
domination ! Domination qui ne peut qu'être mal perçue
par ceux sur qui elle s'exerce.
D'un autre côté,
il arrive que la soumission soit pratiquée à contrecœur
ou dans un esprit légaliste. Parce qu'on y est obligé,
parce qu'il faut bien ! Dans ce cas, la soumission est vécue
comme une contrainte et devient de la simple obéissance. Là
où l'esprit de collaboration a disparu, il ne faut pas s'étonner
d'être ravalé au rang des subalternes et de se voir refuser
le droit d'interférer sur les décisions à prendre.
L'harmonie, d'un rapport d'autorité et de soumission s'inscrit
donc dans une double préoccupation : le souci de chacun d'assumer
ses devoirs personnels, tout en reconnaissant les droits de l'autre.
D'un point de vue chrétien,
l'idéal bien sûr, sera de pouvoir renoncer à ses
droits, tout en continuant à assurer ses devoirs, pour encourager
l'autre à assumer les siens. C'est dans le sacrifice de sa propre
vie que le disciple rejoint par la foi, l'amour parfait de son Maître.
"Ayez un même
amour, une même âme, une seule pensée. Ne faites
rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l'humilité,
estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que
chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts,
considère aussi ceux des autres" (Philippiens 2:3-4).
IV. LE FOND DU
DEBAT
Je l'ai déjà
dit et répété, les ministères féminins
dans l'Eglise s'inscrivent nécessairement dans le cadre des relations
entre hommes et femmes. Sinon, il faudrait envisager des églises
composées exclusivement d'hommes ou de femmes [...].
Mais ne médisons
pas ! La très grande majorité des chrétiennes désirent
servir le Seigneur en totale collaboration avec les chrétiens.
Et puisqu'il est question d'étudier les ministères des
femmes en particulier, il me semble opportun de commencer par considérer
ce que la Bible dit des femmes en général.
A. La création
de la femme
La Bible nous révèle
que la création de la femme se situe dans une perspective bien
particulière du plan divin.
1. L'intention de
Dieu
1° Genèse 1:26-28
"Dieu dit : Faisons
l'homme (= Adam) à notre image selon notre ressemblance, pour
qu'ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel,
sur le bétail, sur toute la terre et sur les reptiles qui rampent
sur la terre.
Dieu créa l'homme
(=Adam) à son image :
Il le créa à
l'image de Dieu,
Homme et femme (= mâle
et femelle) il les créa.
Dieu les bénit
et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez-vous, remplissez
la terre et soumettez-la."
Au sens strict, le mot
"homme" est un nom propre : "Adam", "Le Glaiseux", "Le Glébeux".
Au sens générique, c'est un nom collectif : "L'Humain",
"L'Humanité". Remarquez bien le passage du singulier au pluriel,
et inversement.
2° Genèse 2:18-24
"L'Éternel dit
: Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui
sera son vis-à-vis [...]. L'homme donna des noms à tout
le bétail, aux oiseaux du ciel et aux animaux des champs. Mais
pour l'homme (= pour Adam), il ne trouva pas d'aide qui fût son
vis-à-vis. Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond
sommeil sur l'homme qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et
referma la chair à sa place.
L'Éternel Dieu
forma (= bâtit) une femme de la côte qu'il avait prise à
l'homme et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : cette fois, c'est
l'os de mes os, la chair de ma chair. C'est elle qu'on appellera femme
(= icha), car elle a été prise de l'homme (= ich). C'est
pourquoi, l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera
à sa femme, et ils deviendront une seule chair."
2. Les commentaires
de Paul
1° 1 Corinthiens 11:3-12
"Je veux cependant que
vous le sachiez : Christ est le chef (= la tête) de tout homme,
l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ [...].
L'homme ne doit pas se voiler la tête, puisqu'il est l'image et
la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme. En
effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais
la femme a été tirée de l'homme; et l'homme n'a
pas été créé à cause de la femme,
mais la femme à cause de l'homme.
C'est pourquoi la femme,
à cause des anges, doit avoir sur la tête une autorité
(= une marque de l'autorité dont elle dépend). Toutefois,
dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la
femme. Car de même que la femme a été tirée
de l'homme, de même l'homme naît par la femme, et tout vient
de Dieu."
2° Éphésiens
5:21-33
"Soumettez-vous (N.B.
: La soumission est le contraire de la rivalité !) les uns aux
autres dans la crainte (= dans le frémissement) de Christ.
Femmes, soyez soumises
chacune à votre mari, comme au Seigneur. Car le mari est le chef
(= la tête) de la femme, comme Christ est le chef (= la tête)
de l'Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur. Comme
l'Église se soumet au Christ, les femmes doivent l'être
en tout, chacune à son mari.
Maris, aimez chacun
votre femme, comme Christ a aimé l'Église et s'est livré
lui-même pour elle [...]. De même, les maris doivent aimer
leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même.
Jamais personne, en effet, n'a haï sa propre chair. Mais il la
nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l'Église,
parce que nous sommes membres de son corps. C'est pourquoi, l'homme
quittera (= laissera) son père et sa mère pour s'attacher
(= se coller) à sa femme, et les deux deviendront une seule chair.
Du reste, que chacun
de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte
son mari (= frémisse du mari)."
3. Les implications.
a. "Il n'est pas bon"
Jusque là, Dieu
avait trouvé "bon" tout le résultat de son œuvre créatrice.
Mais la solitude de l'homme Lui pose un problème, dont la femme
apparaît comme la solution idéale. Faut-il anticiper la
suite et conclure que sans la femme, l'homme demeure imparfait, incomplet
? Il est clair, en tous cas, que la solitude n'est pas bonne pour lui.
b. "Une aide"
L'expression paraît
dévalorisante à bien des femmes. Pourtant, elle met d'avantage
l'accent sur l'insuffisance masculine que sur une hypothétique
infériorité féminine. En effet, le mot "ézer"
se traduit aussi bien par "aide" que par "secours". Et, si la femme
est un secours pour l'homme, c'est surtout parce que l'homme ne peut
pas se passer de cette aide ! D'ailleurs, en tant qu'aide de l'homme,
la femme se trouve en bonne compagnie, puisque Dieu Lui-même se
présente comme le secours de l'homme. L'exemple le plus connu
est celui du nom donné à l'un des fils de Moïse,
"Eliézer", qui signifie "Mon Dieu est une aide, un secours" (Exode
18:4).
Pour la femme, être
"une aide" pour l'homme implique déjà une vocation différente.
La femme existe pour aider l'homme qui a lui-même besoin de cet
aide. A ce propos, Paul explique sans ambages que la femme existe par
l'homme en ce qui concerne sa création, et pour l'homme en ce
qui concerne sa vocation. L'application immédiate qu'il en tire,
c'est que l'homme est le chef de la femme.
Je reviendrai à
cette idée plus loin, mais le thème de la soumission de
la femme apparaît déjà maintenant, avant la chute,
et il est important de le souligner. Car cette soumission n'est pas
une conséquence de la chute, à laquelle il faudrait remédier.
Elle est bel et bien une composante de la vocation féminine,
telle que Dieu l'a voulue.
Cette autorité de
l'homme sur la femme, avant la chute, se manifeste au moins de deux
manières. Tout d'abord, c'est à l'homme que Dieu confie
l'initiative et la responsabilité de fonder un nouveau foyer.
D'autre part, Dieu accorde à l'homme le droit de donner un nom
à tous les animaux créés. Mais l'homme n'y "trouvant
pas d'aide qui soit son vis-à-vis", Dieu doit lui en "bâtir"
une sur mesure, en quelque sorte. Et la première chose que l'homme
fait, c'est de lui donner un nom, en l'appelant "femme". Or, partout
dans la Bible, le fait de donner un nom à quelqu'un, est un acte
d'autorité. Autorité de Dieu sur sa créature, des
parents sur leur progéniture, etc..
Changer le nom de quelqu'un,
(on peut penser à Abram-Abraham, Saraïe-Sarah, Jacob-Israël,
Daniel-Bechatzar, les fils d'Osée, et même Simon-Céphas)
c'est exercer un pouvoir encore plus grand. C'est une véritable
souveraineté ! Suzeraineté de Dieu sur ses serviteurs,
du maître sur ses esclaves, etc.. Il faudra donc revenir sur ce
point quand la femme se verra appeler "Ève" par son mari, après
la chute.
Mais avant la chute, le
nom que l'homme donne à son vis-à-vis est un nom générique.
En effet, en hébreu, "femme" (on devrait dire "hommesse" en français)
est le féminin de "homme". C'est donc le rapport unissant l'homme
"mâle et femelle", au sein du couple humain, qui se trouve ici
défini de manière générale ! Cette soumission
de l'une, répondant à l'autorité de l'autre, est
donc à inclure dans l'ordre créationnel. Car il n'est
pas de communauté organisée possible sans l'établissement
d'un ordre, fût-ce dans le couple !
Celui-ci n'est pas le simple
accouplement de deux êtres égaux vivant côte à
côte. Il est l'union organique de deux partenaires ayant été
créés l'un pour l'autre, dans une parfaite complémentarité.
Avec pertinence, en même temps qu'avec humour, on a fait remarquer
que l'homme ne pourra jamais regarder la femme comme "sa chose", puisqu'il
dormait quand Dieu l'a créée.
c. "Son vis-à-vis"
L'expression est aussi
rendue par "qui lui soit semblable".
Ce vocable implique une
égalité, non seulement de nature, mais aussi de valeur,
entre l'homme et la femme. Mais le fait que la femme soit "vis-à-vis"
de l'homme, et non "côte à côte", implique une différence
non seulement de forme, mais aussi de vocation, entre les deux. C'est
plus qu'une simple collaboration. Il y a dialogue entre eux. Il y a
réponse mutuelle aux besoins de l'autre. Autrement dit, il y
a bien égalité de l'homme et la femme, mais non identité
!
Cela implique que l'autorité
et la soumission ne peuvent absolument pas être assimilés
à des concepts de supériorité et d'infériorité.
Car parler de supériorité et d'infériorité
présuppose une différence de nature ou de valeur, alors
que l'autorité et la soumission n'impliquent qu'une différence
de vocation ou de configuration, au sein d'une même structure
ou d'un même organisme. En l'occurrence le couple humain ! Cela
est tellement vrai, que même dans la vie quotidienne, il n'a échappé
à personne qu'un subordonné peut avoir plus de valeur
que le chef auquel il se soumet pourtant, par motif de conscience, afin
d'éviter tout désordre dans l'entreprise
d. "Une aide comme un
vis-à-vis" (T.O.B.)
J'aime assez l'expression
retenue par la Traduction Oecuménique de la Bible (T.O.B.). Elle
peut signifier que l'aide de l'homme lui servira de vis-à-vis
ou que le vis-à-vis de l'homme lui servira d'aide. Ce faisant,
elle réunit la double vocation de la femme, qui concerne aussi
bien ce qu'elle doit être (un vis-à-vis pour l'homme),
que ce qu'elle doit faire (aider l'homme). Mais surtout, l'expression
accentue avec opportunité la complémentarité dans
la différence, et la différence dans l'égalité
de l'homme et la femme.
Car "l'humain" (ou l'homme,
dans le sens générique) est double en soi. Il est à
la fois mâle et femelle, les deux se faisant vis-à-vis.
Or, il est important de discerner la vraie complémentarité
que Dieu a inscrite dans cet "homme-double", ou si l'on préfère,
dans le "couple humain". Car si la dualité existe par nature,
du fait même de la création, tout antagonisme, toute concurrence,
toute compétition doivent en être totalement absents par
vocation. Ce serait l'autodestruction du couple.
Dès lors, l'ordonnance
de l'un des partenaires à l'autre, s'impose comme une nécessité
vitale à la bonne coordination et donc à la survie du
couple humain, couple, "que Dieu a uni", non à posteriori mais
à priori. Car dès sa création, "l'humain" est déjà
"mâle et femelle" et appelé à faire "une seule chair".
Cela implique que le couple constitue une seule entité, un même
organisme aux yeux de son Créateur.
Refuser le besoin d'une
seule tête pour cet organisme qu'est le couple humain, c'est envisager
sa mutation en un monstre bicéphale ! Mutation létale
comme la plupart de celles qui surviennent dans la nature. Car à
la différence de l'incroyant, le chrétien ne croit pas
que l'ordre jaillit naturellement du chaos. Au contraire, il est convaincu
que refuser l'ordre de Dieu, c'est retourner au chaos. Ce refus ne peut
donc venir de la Bible, mais seulement d'un monde en rébellion
contre son Créateur.
Dès lors, il n'est
pas étonnant de trouver dans les premières lignes de la
Bible les trois éléments qui définissent la nature,
la vocation et la structure du couple humain, à savoir :
- la similitude de sa nature
et de sa valeur;
- la différence
de sa vocation et de sa configuration;
- l'ordre de sa structure
et de son organisation.
L'autorité de l'homme
et la soumission de la femme doivent donc se répondre mutuellement
pour que "l'humain", autrement dit le couple humain, fonctionne en harmonie.
L'ensemble relevant de ce qu'on a appelé "l'ordre créationnel",
le Créateur ayant établi des lois pour la bonne marche
du couple, comme pour le bon fonctionnement de tout le reste de l'univers.
Au travers de cette "mécanique
bien ordonnée et bien huilée", Paul rappelle que la vocation
du couple lui-même est de témoigner de l'amour unissant
Christ à l'Église, l'homme figurant le Christ, et la femme
son Église.
L'Église se composant
d'hommes aussi bien que de femmes, les frères feraient donc bien
de se souvenir de la vocation "féminine" qui leur échoit
aussi bien qu'aux sœurs, en tant qu'épouse de Jésus-Christ.
B. La domination
de la femme
Hélas, l'homme et
la femme ne goûtèrent pas longtemps l'harmonie que Dieu
avait établie entre eux. Le péché allait bientôt
introduire le désordre au sein du couple humain, y compromettant
la nature, la vocation et la structure que Dieu avait mises en place.
1. Responsabilité
de la femme
a. Le récit
Genèse 3:1-6:
"Le serpent était
le plus rusé de tous les animaux. Il dit à la femme :
"Dieu a-t-il réellement dit : 'Vous ne mangerez pas de tous les
arbres du jardin ?' " La femme dit au serpent : Nous mangeons du fruit
des arbres du jardin. Mais quant aux fruits de l'arbre qui est au milieu
du jardin, Dieu a dit : "Vous n'en mangerez pas et vous n'y toucherez
pas, sinon vous mourrez." Alors le serpent dit : "Vous ne mourrez pas
du tout ! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos
yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent (ou :
"comme Dieu qui connaît") le bien et le mal." La femme vit que
l'arbre était bon à manger, agréable à la
vue et propre à donner du discernement. Elle prit de son fruit
et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était
avec elle, et il en mangea."
b. Commentaires de Paul
1° 1 Timothée
2:13-14
"Car Adam a été
formé le premier, Ève ensuite; et ce n'est pas Adam qui
a été séduit (= abusé, dupé), c'est
la femme qui, séduite (= égarée), s'est rendue
coupable de transgression."
2° 1 Corinthiens 11:3
"... de même que
le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos
pensées ne se corrompent et ne s'écartent de la simplicité
(et de la pureté) à l'égard de Christ.
3° Romains 5:12
"... par un seul homme,
le péché est entré dans le monde, et par le péché
la mort, et [...] ainsi la mort a passé sur tous les hommes,
parce que tous ont péché."
c. Implications
Les implications de ces
quelques passages paraissent évidentes. Ève n'a pas assumé
sa vocation d'aide pour l'homme et elle a inversé les rapports
établis par Dieu au sein du couple. S'il est vrai qu'elle s'est
laissée séduire par le Malin, il est aussi vrai que c'est
elle qui a séduit Adam. Ce faisant, elle échappait à
l'autorité, et donc à la protection de Dieu.
La séduction utilise
les faiblesses de l'autre, au lieu de l'aider à les dépasser.
En ce qui concerne sa vocation, Ève ne s'est donc pas montrée
une aide, mais un piège pour Adam. La séduction est aussi
une façon illégale d'exercer un pouvoir que l'on ne possède
pas de droit. C'est une manière détournée de prendre
l'initiative. Or, dans ce cas précis, l'initiative de la suite
à donner aux propos du serpent appartenait à Adam, non
à Ève. En jouant le rôle d'Adam, Ève a inversé
l'ordre des rapports au sein du couple, en même temps qu'elle
évinçait l'autorité de Dieu au profit du Malin.
Autrement dit, l'ordre
créationnel : Dieu ð Adam ð Ève
s'est trouvé perverti et remplacé par : Satan ð
Ève ð Adam. L'ordre légitime,
qui laissait l'initiative à l'homme, fût remplacé
par un ordre totalement illégitime, où la femme s'empara
de l'initiative. De plus, Adam n'ayant pas assumé sa responsabilité
de "tête" dans le couple, le désordre va s'étendre
à toute leur postérité, avec l'incidence que l'on
sait.
2. Conséquences
pour la femme
a. Promesse et sanction
de Dieu
1° Genèse 3:15-16
"Je mettrai une inimitié
entre toi (le serpent) et la femme, entre ta descendance (= ta semence)
et sa descendance (= sa semence) : Celle-ci t'écrasera (= te
visera) la tête, et tu lui écraseras (= tu lui viseras)
le talon.
Il (Dieu) dit à
la femme : Je rendrai tes grossesses très pénibles (=
Je multiplierai ta souffrance et ta grossesse). C'est avec peine que
tu accoucheras. Tes désirs (se porteront) vers ton mari, mais
il dominera sur toi."
2° Genèse 3:20
"L'homme donna à
sa femme le nom d'Ève ("havva" vient de "haya" = vivre) car elle
est la mère de tous les vivants."
b. Commentaires de Paul
1° Galates 4:4
"Lorsque les temps furent
accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né
sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour
que nous recevions l'adoption."
2° 1 Timothée
2:15
"Elle sera néanmoins
sauvée en devenant mère (= par l'enfantement), si elle
persévère (= si on persévère) dans la foi,
dans l'amour, dans la sanctification, avec modestie."
c. Implications
La sentence divine envers
la femme s'est vérifiée immédiatement et tout au
long de l'Histoire de l'Humanité. Ève ayant failli dans
sa vocation spirituelle, Dieu la sanctionne dans sa vocation temporelle
en rendant ses grossesses pénibles. Ayant perverti l'ordre créationnel
au sein du couple, elle va subir les conséquences de cette perversion.
Dorénavant, l'autorité de l'homme va s'appesantir sur
elle sous sa forme pervertie, c'est-à-dire la domination.
Par contre, cette maternité
à la fois douloureuse et féconde devient le symbole de
l'accomplissement du salut promis par Dieu à l'Humanité.
Cette maternité annonce l'enfant qui naîtra d'une femme
et qui, lui-même, "enfantera" d'une Humanité rachetée
dans les souffrances de la Croix. C'est là l'interprétation
qui a ma préférence, pour le texte difficile et diversement
interprété de 1 Timothée 2:15.
Mais malheureusement pour
elle, la femme va être la première victime du désordre
qu'elle a introduit dans le couple, car elle va perdre son statut d'égalité
avec l'homme. Dorénavant, l'inégalité va empoisonner
la complémentarité des partenaires et leur différence
fera rimer supériorité avec infériorité.
La domination de l'homme deviendra la réponse effective ou préventive
aux manœuvres de séduction de la femme.
Il est remarquable qu'avant
même la fin de la sentence divine, l'homme aille asseoir sa domination
sur la femme en lui assignant un nom : "Ève" ! Cette fois, ce
n'est plus le nom générique choisi pour l'aide que Dieu
lui a donnée, mais c'est le nom propre que l'homme décide
d'attribuer à la mère de ses enfants. C'est l'amorce du
fossé qui ne cessera de se creuser entre l'homme et la femme.
En se laissant séduire,
Adam s'est soumis à sa femme, et donc au Malin, plutôt
qu'à Dieu. Il n'a donc pas assumé son rôle de "leader"
au sein du couple. Sa responsabilité et sa culpabilité
en sont d'autant plus grandes. D'ailleurs, c'est à lui seul que
Dieu reproche d'avoir mangé du fruit défendu. Adam se
voit condamné à retourner au sol dont Dieu l'avait tiré.
Sol dont il devra tirer avec peine le pain nécessaire à
sa vie de chaque jour. C'est bien son péché, et non celui
d'Ève, qui a entraîné la perte de l'humanité.
Si je parle de la femme
plus que de l'homme, c'est seulement pour ne pas m'écarter du
sujet, non pour minimiser la faute de l'homme. Je ne voudrais pas donner
la pitoyable impression d'accabler Ève pour innocenter Adam.
C. La restauration
de la femme
Il est notoire que, depuis
la nuit des temps, la femme a toujours vécu dans un statut d'infériorité
par rapport à l'homme. Et ce, quelles que soient les époques,
les sociétés ou les continents envisagés, à
quelques rares exceptions près.
1. Le règne
de l'injustice
Dans l'Ancien Testament,
la loi de Moïse confirme la supériorité de l'homme
sur la femme. Non seulement dans leurs relations, mais aussi au niveau
de leurs droits, puisque la femme n'y jouit jamais de la majorité
légale, religieuse ou juridique. C'est ainsi par exemple que
la polygamie est permise, mais que la polyandrie est assimilée
à l'adultère. Seul l'homme se voit permettre la répudiation.
La stérilité est toujours attribuée à l'épouse
et l'expose aux pires humiliations, etc..
Au temps de Jésus
et des apôtres, la situation ne s'est pas améliorée.
La femme se trouvait toujours sous la tutelle de son père, de
son mari ou de son fils aîné. Et si cela était vrai
dans le judaïsme, ce l'était encore bien plus dans le monde
gréco-romain où le père exerçait un despotisme
absolu sur la cellule familiale, comparable à celui des intégristes
musulmans de notre époque, par exemple.
D'autre part, dans le monde
gréco-romain, il faut savoir que la notion de "pater familias"
implique l'idée de "puissance", bien plus que de "paternité".
En Grèce d'ailleurs, on entrait dans la famille aussi bien par
adoption que par naissance. Le père conservait un droit de vie
ou de mort sur ses enfants qu'il pouvait aussi bien vendre comme esclaves
qu'offrir en sacrifice aux dieux.
A Rome, chaque nouveau-né
était soumis à la reconnaissance du "pater". Selon son
bon plaisir, l'enfant était accueilli dans la famille ou abandonné
à une croisée de chemins. Dès lors, on comprend
que le mariage ne pouvait être autre chose qu'un contrat passé
entre les deux pères. Toute la vie de famille tournait autour
du culte des ancêtres.
Chaque mort devenait un
dieu qui faisait le bonheur ou le malheur des siens, selon l'hommage
ou le dédain dont il était l'objet. Seules les offrandes
de ses descendants lui étaient agréables. Il fallait donc
multiplier les précautions pour s'assurer une postérité,
tout en initiant les étrangers au culte domestique. Tous les
aspects de la cérémonie du mariage tournaient autour de
cette nécessité. Il fallait initier la jeune mariée
au culte de sa nouvelle famille, pour qu'elle puisse engendrer la postérité
nécessaire au culte des ancêtres.
L'autre but du mariage
était de fournir des citoyens et des soldats à la communauté.
Le célibat était considéré comme un crime
contre la famille, en même temps qu'un crime contre la société.
Platon avait même suggéré qu'après 35 ans,
les hommes célibataires doivent payer une taxe annuelle ! Dans
le monde antique, la finalité du mariage était donc essentiellement
patriotique et religieuse. Cela explique peut-être pourquoi il
pouvait paraître déshonorant à certains pères
de ne pas marier leur fille, une fois passé l'âge nubile
(1 Corinthiens 7:36).
A l'époque des apôtres,
ces idées étaient un peu affaiblies mais restaient sous-jacentes.
Ainsi dépourvu de tout charme domestique, on comprend que le
mariage ait souvent été considéré comme
une corvée. Le premier effet du mariage était de mettre
la femme sous l'autorité juridique du mari qui devenait son "maître".
A Rome, le mariage plaçait même littéralement l'épouse
"sous la puissance de son mari". Ceci peut expliquer l'étrange
expression employée par Paul lorsqu'il parle d'une "femme en
puissance de mari" (Romains 7:2). En fait, cette formule juridique propre
au droit romain est tout simplement synonyme de "femme mariée"
comme l'ont compris la plupart des traducteurs.
La femme sans dot était
le plus souvent réduite à dévorer ses affronts
et sa douleur, car elle se trouvait à la merci du despotisme
de son mari qui, à tout moment, pouvait la répudier par
ces terribles paroles : "Dehors, femme !"
Si le droit romain accordait
moins de protections aux femmes que la juridiction grecque, les mœurs
et la tradition populaire leur en rendaient bien davantage. Car les
romains se faisaient une idée assez élevée du mariage
qu'ils considéraient comme "le mélange de deux vies".
Mais surtout, la dot apportée par la femme pouvait lui garantir
certains pouvoirs, liés à sa richesse. Comme en témoigne
cette sentence : "La femme sans dot est au pouvoir de son mari. Les
femmes dotées sont des fléaux et des bourreaux pour leurs
époux". Il n'y a vraiment rien de nouveau sous le soleil !
Ne bénéficiant
d'aucune "capacité" juridique reconnue, la femme mariée
ne jouissait pratiquement d'aucun droit, sauf dans sa maison où
la femme était la maîtresse absolue. C'est ainsi qu'à
Rome, à l'instant de franchir le seuil de sa nouvelle demeure,
l'épouse adressait à son mari ces paroles sacramentelles
: "Là où toi tu es maître, moi je vais être
maîtresse". Même les intendants ne pouvaient supplanter
son autorité sur le personnel et les esclaves. C'était
elle qui administrait toutes les dépenses du ménage. Et
les poètes grecs ne manquaient pas de glorifier "la bonne épouse
qui est le salut de la maison". Ce qui n'est pas sans rappeler certains
passages des Proverbes.
Le divorce était
inconnu dans l'antiquité grecque. Cependant, il devint de plus
en plus fréquent à l'époque classique, la dot demeurant
la seule garantie de solidité du mariage. Concernant le divorce,
il existait deux procédures et deux mots différents, selon
que l'initiateur du divorce était le mari ou la femme. Si c'était
le mari, on parlait de "renvoi" ou de "répudiation". Cette décision
était abandonnée aux caprices du mari, et n'exigeait aucune
formalité, sinon parfois la présence de témoins.
Si c'était la femme, on parlait "d'abandon" ou de "délaissement",
mais la femme ne pouvait agir seule. Car le divorce devait être
prononcé par l'archonte, seulement sur requête écrite
et fondée sur de bonnes raisons. Cette démarche était
d'ailleurs l'objet de l'hostilité publique.
Il paraît intéressant
de remarquer que Paul applique aux hommes le vocable réservé
aux femmes ("aphièmi" = quitter, laisser), mettant ainsi l'accent
sur leur égalité, en même temps qu'il dénonce
le caractère illégitime du divorce (1 Corinthiens 7:11-13).
Dans l'antiquité
romaine, les femmes devaient supporter sans se plaindre les frasques
de leurs maris qui, le plus souvent, ne les avaient épousées
que pour des raisons d'intérêt matériel. De son
côté, l'adultère des épouses était
puni de mort. Mais plus tard, quand les Romains commencèrent
à négliger les cérémonies des noces (la
"coemption" ou bien la "confarréation"), le divorce devint chose
banale. L'incompatibilité d'humeur était le prétexte
le plus fréquemment allégué de part et d'autre.
La femme pouvait répudier
son mari, aussi bien que l'inverse, en prononçant cette simple
formule : "Adieu, emporte ta fortune, et rends-moi la mienne". Regrettant
l'abandon des anciennes lois, Sénèque disait même
: "Maintenant, il est des femmes qui ne comptent plus les années
par les consuls, mais par leurs maris". Ne dit-on pas la même
chose de certaines actrices aujourd'hui ?
En Palestine, la sécurité
de la femme n'était pas mieux assurée au sein du couple,
puisque les Juifs pouvaient user, et même abuser, de la permissivité
de la loi mosaïque en matière de divorce. En effet, cette
loi permettait au mari de renvoyer sa femme s'il découvrait chez
elle "quelque chose d'inconvenant" (= "la nudité d'une chose").
Expression énigmatique qui ouvrit la porte à de multiples
interprétations rabbiniques, en même temps qu'à
maints abus masculins. Rappelons que si le mari pouvait répudier
sa femme, l'inverse n'était pas concevable, l'initiative d'une
séparation n'appartenant qu'au mari (Deutéronome 24:1
et Matthieu 19:10).
2. Changement de
ton
Il faudra attendre Jésus,
pour voir la femme revalorisée. Le Seigneur s'est toujours attaché
à rendre toute leur dignité aux femmes qu'il côtoyait,
leur parlant avec respect et affection, quel que soit leur statut social
et moral. Sans doute est-ce l'une des raisons qui poussaient beaucoup
de femmes à le suivre avec les autres disciples. Faut-il rappeler
leur rôle de premières "évangélistes" puisqu'elles
furent les premières chargées du message de la "bonne
nouvelle" de la résurrection !
A plusieurs reprises, il
suscita des réactions hostiles chez ses auditeurs masculins,
et même chez ses propres disciples, en leur rappelant que la femme
n'est pas un bien de consommation mis à la disposition de l'homme.
Mais qu'au contraire, elle est son vis-à-vis, son "alter ego",
cette "moitié" égale et complémentaire, indispensable
à la constitution du couple humain, tel que Dieu l'a voulu.
Après Jésus,
Paul s'est appliqué à préciser le statut et le
rôle des chrétiennes, dans leurs foyers aussi bien que
dans l'Eglise. Son état de "célibataire endurci" lui a
cependant valu une réputation défavorable et beaucoup
de commentateurs l'ont décrit comme un personnage misogyne et
phallocrate. Cette attitude démagogique présente sans
doute l'avantage de s'attirer les bonnes grâces des dames en général,
mais pas celles qui ont lu Paul avec un peu plus d'attention. Car, quoi
qu'en pensent certains, l'apôtre Paul marche dans les voies de
son Maître et s'applique toujours à tenir des propos "égalitaires"
quand il parle des devoirs réciproques des hommes et des femmes.
Il me paraît impossible
de bien comprendre les textes du Nouveau Testament qui parlent de la
femme si l'on néglige la finalité strictement spirituelle
des propos de Jésus ou des apôtres après lui. Il
est vrai qu'en s'étendant dans le monde, la foi chrétienne
est appelée à modifier la société. Mais
elle le fait en transformant le cœur des hommes, non en changeant les
systèmes politiques ou les lois sociales. Car, dans le cadre
de cette dispensation, le règne de Jésus se limite au
domaine spirituel. Il ne s'étend pas au domaine temporel. Son
but est de restaurer la relation perdue entre l'homme et son Créateur.
La restauration de l'ordre mondial et cosmique est clairement associée
à la seconde venue du Seigneur.
Il est d'ailleurs notoire
que Jésus a déçu tous ses "partisans" lorsqu'ils
ont compris qu'Il n'avait aucune ambition politique. De même,
l'apôtre Paul recommande constamment de se soumettre aux autorités,
aussi bien qu'aux lois nationales quand elles ne s'opposent pas aux
principes divins. En fait, la logique de la foi, c'est que tous les
systèmes politiques sont bons si le cœur des hommes qui les appliquent
est bon. Et tous les systèmes sont mauvais si les cœurs sont
mauvais. Car en recherchant la transformation de l'être intérieur,
le christianisme ne vise pas les conséquences du mal (les injustices),
mais ambitionne de neutraliser la cause du mal (le péché).
Dès lors, il ne
faut pas s'étonner de ce qu'aucun enseignement du Nouveau Testament
ne s'en prenne directement aux systèmes en place. Même
pas aux injustices sociales évidentes comme la pratique de l'esclavage
ou l'assujettissement des femmes ! La méconnaissance de ce principe
explique sans doute les interprétations contradictoires dont
sont l'objet les textes qui vont suivre. Pour notre part, il ne nous
faudra jamais perdre de vue la "bipolarité" de tout cet enseignement:
d'une part, la libération intérieure offerte par la foi
chrétienne, aussi bien quant au péché qu'à
ses conséquences; d'autre part, le respect des structures sociales
existantes dans lesquelles la foi chrétienne est appelée
à s'inscrire "en douceur", quitte à les modifier progressivement
et par l'intérieur. Pour les esclaves et pour les femmes de l'antiquité,
cela impliquait qu'en Christ ils étaient égaux avec leur
maître ou leur mari. Mais socialement, ils étaient invités
à se soumettre aux lois de leur pays et, donc, à accepter
avec patience leur statut d'infériorité ou de tutelle.
A charge pour leur maître ou leur mari chrétien de les
libérer de ce joug dans la mesure où les lois le permettaient.
Tout ceci plaçait
la femme chrétienne dans une situation d'une complexité
extrême. Spirituellement, elle était libérée
de la domination du mari, conséquence du péché,
mais devait lui rester soumise en conformité avec sa vocation
"créationnelle". Socialement, elle demeurait sous la tutelle
juridique de son mari pour ne pas contrevenir aux lois de son pays.
En privé, elle jouissait de la liberté et de l'égalité
retrouvée en Christ. Contexte dans lequel sa soumission s'inscrivait
en réponse à la protection et à l'amour de son
mari.
En public, elle devait
respecter les habitudes sociales en vigueur pour ne pas devenir une
pierre d'achoppement, par ses vêtements, ses propos et sa tenue
en général. Dans l'assemblée, sa situation était
particulièrement délicate, puisqu'elle devait concilier
sa liberté en Christ avec la soumission à son mari et
la contrainte des usages sociaux.
C'est dans cette optique
que nous devons demeurer si nous ne voulons pas nous égarer dans
de lamentables contresens. C'est aussi dans cette perspective que nous
devrons décanter les textes qui suivent pour les appliquer aux
femmes de notre époque. Car si l'on peut évacuer le politique
(la tutelle de la femme) et le social (la tenue de la femme), on a le
devoir de conserver précieusement le spirituel (l'égalité
de la femme et sa soumission au mari). Telle sera, en tout cas, la règle
de mon étude.
Il est donc temps de se
pencher avec un peu plus d'attention sur les textes qui revalorisent
le statut des femmes.
3. Des textes "symétriques"
1° Matthieu 19:4-6
"N'avez-vous pas lu
que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme (=
les fit mâle et femelle) et qu'Il dit : 'C'est pourquoi l'homme
quittera son père et sa mère et s'attachera à sa
femme, et les deux deviendront une seule chair.' Ainsi ils ne sont plus
deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas ce
que Dieu a uni."
2° 1 Corinthiens 11:11-12
"Toutefois, dans le
Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
Car de même que la femme a été tirée de l'homme,
de même, l'homme naît par la femme, et tout vient de Dieu."
3° 1 Corinthiens 7:2-5
"Que chacun ait sa
femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à
sa femme ce qu'il lui doit, et de même la femme à son mari.
La femme n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est le
mari. Et, pareillement, le mari n'a pas autorité sur son propre
corps, mais c'est la femme. Ne vous privez pas l'un de l'autre, si ce
n'est momentanément d'un commun accord, afin d'avoir du temps
pour la prière. Puis retournez ensemble, de peur que Satan ne
vous tente par votre incontinence."
4° 1 Corinthiens 7:10-11
"Que la femme ne se
sépare pas de son mari [...]. Et que le mari ne répudie
pas (= n'abandonne pas) sa femme."
5° Matthieu 22:30
"Car à la résurrection,
les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes des maris (= ils
ne se marient pas, ni ne se donnent en mariage), mais ils seront comme
les anges de Dieu dans le ciel."
6° Galates 3:28
"Il n'y a plus ni Juif
ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni
femme (= ni mâle ni femelle), car vous tous, vous êtes un
en Christ-Jésus."
7° 1 Pierre 3:7
"Maris, vivez avec
votre femme [...]. Honorez-les comme cohéritières de la
grâce de la vie."
Tous ces passages attestent
bien le statut d'égalité avec l'homme, dont la femme jouit
dans le cadre de la nouvelle alliance. Rien ne la distingue plus de
l'homme, ni quant à sa nature, ni quant à sa valeur. On
peut donc parler d'une authentique restauration de la femme, dans le
statut qui était le sien avant la chute. Et l'on peut dire que
"la foi chrétienne a fait sortir les femmes de l'enclôt
du temple et de derrière les grilles des synagogues où
le judaïsme les avait cloîtrées".
Mais les femmes de la période
néo-testamentaire n'avaient pas attendu l'avènement du
christianisme pour revendiquer leurs droits ancestraux. Au sein de la
culture gréco-romaine, des signes de contestation commençaient
à se manifester et ouvraient la porte à des formes de
"féminisme" comparables à celles de notre époque
: revendications égalitaires, port de coiffures et de vêtements
masculins, etc..
Comme dans l'Église
d'aujourd'hui, les femmes de l'Église primitive avaient parfois
tendance à confondre leur "liberté en Christ" avec les
droits revendiqués par les féministes du monde païen.
Et de fait, les chrétiennes jouissaient d'une égalité
avec l'homme inhabituelle et, pour tout dire, exceptionnelle à
cette époque.
Certes, la victoire sur
le péché, acquise par Jésus, incluait la délivrance
de la domination masculine qui faisait de la femme un objet. Mais dans
l'Église, cette abolition de la loi du mâle va parfois
trop loin et donne lieu à des exagérations. Car délivrées
de la domination de leur mari, certaines chrétiennes prétendent
aussi rejeter l'autorité que Dieu avait accordée à
l'homme lors de la création.
A plusieurs reprises, les
apôtres devront rappeler que l'égalité en Christ
ne permettait pas de gommer les différences qui subsistent en
Christ, telles qu'elles existaient avant la chute. Et que cette volonté
d'identité avec l'homme risque d'entraîner les femmes chrétiennes
à refuser et à rejeter leur spécificité,
leur vocation créationnelle.
Pour les chrétiennes,
la tentation était grande de s'identifier aux femmes émancipées
du monde païen. En croyant se reconnaître en elles, les chrétiennes
confondaient la libération spirituelle avec l'émancipation
charnelle. Comme elles, elles refusèrent toute soumission à
un mari, elles rejetèrent le voile, signe de cette sujétion,
elles se firent couper les cheveux et s'habillèrent en hommes.
Confronté à
de telles attitudes, l'apôtre Paul va se trouver contraint de
rappeler les principes spirituels qui doivent régir les rapports
entre maris et femmes au sein de l'Église de Jésus-Christ.
Car en Christ, et de par leur création, hommes et femmes n'ont
pas la même vocation. Pour elles, assumer cette vocation en Christ
fait aussi partie de la restauration de leur statut créationnel.
4. Des textes "différenciateurs"
a. Le principe de la
soumission
Ce retour au statut qui
était celui de la femme lors de la création implique une
restauration de l'ordre établi par Dieu avant qu'il ne soit compromis
par le désordre du péché. La soumission de la femme
s'inscrit donc dans son programme de sanctification, en même temps
qu'elle lui permet de dépasser la malédiction afférente
au péché d'Ève.
1° 1 Corinthiens 11:3
"Je veux cependant
que vous le sachiez : Christ est le chef (= la tête) de tout homme,
l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ."
Il existe donc un modèle
naturel, établi par le Créateur, définissant des
rapports qui doivent s'inscrire dans l'ordre suivant :
Dieu
Christ l'homme
la femme
C'est dans cette "hiérarchie"
des fonctions au sein du corps de Christ, l'Église, que la soumission
de la femme à son mari va se situer plus précisément.
2° Éphésiens
5:21-29
"Soumettez-vous les
uns aux autres dans la crainte de Christ. Femmes, soyez soumises chacune
à votre mari, comme au Seigneur. Car le mari est le chef (= la
tête) de la femme, comme Christ est le chef (= la tête)
de l'Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur. Comme
l'Église se soumet au Christ, les femmes doivent l'être
en tout, chacune à son mari. Maris, aimez chacun votre femme,
comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré
lui-même pour elle [...]. De même, les maris doivent aimer
leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme, s'aime
lui-même. Jamais personne, en effet, n'a haï sa propre chair.
Mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'Église."
3° Tite 2:3-5
"Les femmes âgées
[...] doivent donner de bonnes instructions afin d'apprendre aux jeunes
femmes à aimer leur mari et leurs enfants [...] à être
soumises chacune à son propre mari, afin que la Parole de Dieu
ne soit pas calomniée (= blasphémée)."
4° 1 Pierre 3:1a
"Femmes, soyez soumises
chacune à votre mari."
5° Colossiens 3:18
"Femmes, soyez soumises
chacune à votre mari, comme il convient dans le Seigneur."
6° Éphésiens
5:33
"Du reste, que chacun
de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte
son mari."
Tous ces passages montrent
à l'évidence qu'en Christ, la femme est libérée
des conséquences du péché (la domination de l'homme),
mais elle retrouve sa vocation "d'aide pour l'homme", vocation qui implique
sa soumission. Cette soumission s'inscrit dans celle que tout croyant
doit à son Seigneur. Seulement, en ce qui concerne la femme,
cette soumission passe par son mari. Tout comme l'autorité du
mari prolonge l'amour de Christ pour son épouse.
C'est donc comme occupant
des places différentes au sein d'une même chaîne
d'amour que l'homme et la femme doivent considérer leur rapport
d'autorité et de soumission. L'un n'a pas moins de devoirs que
l'autre, ni plus de droits. L'homme a besoin de la femme, comme la femme
de l'homme. Ils sont deux maillons différents, à des places
différentes, mais devant présenter la même valeur,
la même solidité, pour ne pas affaiblir la chaîne
d'amour établie par Dieu, entre Lui et l'humanité.
Dieu
Christ l'homme
la femme
En fait, à partir
de Christ, il faudrait considérer que cette chaîne d'amour
se divise en autant de "chaînettes" qu'il y a de familles chrétiennes.
Le père de famille étant le "chef" de chacune de ces chaînettes
ou la "tête" de chacun de ces "corps" familiaux, l'ensemble formant
l'Église.
Dieu
Christ le père
la mère
les enfants
Quand on prend l'image
du corps, la solidarité réciproque apparaît comme
encore plus nécessaire. La tête ne peut rien commander,
qui soit nuisible aux membres, sans se nuire à elle-même.
De même, les membres ne peuvent se désolidariser de la
tête, sans courir à leur propre perte. L'autorité
de l'une et la soumission des autres concourent à leur bien-être
réciproque ainsi qu'au bien-être de l'ensemble. Telle est
bien la volonté de Dieu pour la famille chrétienne.
Si l'image de la chaîne
met l'accent sur l'ordre créationnel, celle du corps met les
fonctions réciproques en évidence. C'est ainsi que la
notion d'autorité est indissociable de celle de protection. Dans
la Bible, aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, la
femme, "sexe plus faible", se trouve toujours sous l'autorité
certes, mais surtout sous la protection d'un homme :
- de son père, si
elle n'est pas mariée;
- de son mari, si elle
est mariée;
- de son fils aîné,
si elle est veuve.
Il est d'ailleurs remarquable
que Jésus Lui-même, ait entériné cette structure
familiale, alors qu'il agonisait sur la croix. En effet, avant de quitter
cette vie, Jésus, le fils aîné de Marie prend soin
de placer sa mère, veuve de Joseph, sous la protection de Jean,
le disciple qu'Il aimait (Jean 19:26-27).
Mais peut-être est-ce
le moment de rappeler le statut de la femme dans le monde gréco-romain
de l'époque néo-testamentaire. A cette époque,
le statut de la femme athénienne était pratiquement celui
de la plupart des femmes en Grèce, à part les spartiates.
Le premier effet du mariage était de mettre la femme sous l'autorité
juridique du mari, qui devenait son "maître". Juridiquement d'ailleurs,
la femme était considérée comme une mineure, pendant
toute sa vie. A titre d'exemple, elle ne pouvait pas s'engager financièrement
pour une somme supérieure à la valeur de cinquante litres
d'orge.
Au décès
du mari, elle avait son fils aîné pour maître ou
son plus proche parent ou le mari choisi par le défunt avant
sa mort. Tout semble indiquer que Jésus, et les apôtres
après Lui, adoptent la structure familiale de leur époque,
et la donnent comme modèle à l'Église, en partie,
du moins. Il ne faudrait pas en conclure, en effet, qu'ils approuvent
aussi le statut d'infériorité qui était celui de
la femme dans cette structure, pas plus que la domination du "pater
familias" d'ailleurs.
Nous l'avons longuement
démontré plus haut, dans le cadre de la nouvelle alliance,
la soumission n'implique en rien l'infériorité. Si le
Nouveau Testament enseigne la soumission de la femme à son mari,
il ne l'enferme jamais dans une forme quelconque de minorité
juridique, morale ou spirituelle.
On verra maintenant comment
la femme ne doit pas "passer au-dessus" de l'autorité dont elle
dépend pour se placer directement sous l'autorité d'une
tierce personne. Mais en contre partie, on peut s'attendre à
ce qu'aucune autorité extérieure ne puisse imposer son
pouvoir à une femme, sans l'approbation de l'autorité
qui la protège. Cela risque de bouleverser les prérogatives
que s'octroient certains anciens, pasteurs et autres responsables.
b. Le signe de la soumission
Pour comprendre ce qui
suit, il faut peut-être rappeler la façon de s'habiller
qu'avaient les femmes de l'antiquité grecque. Leurs vêtements
se composaient de trois pièces, dont la première était
facultative:
- le "chiton", sorte de
chemise ou de tunique courte;
- la robe ou tunique longue
et plissée;
- le manteau qui faisait
aussi office de châle quand la femme le relevait sur l'arrière
de la tête.
On peut y ajouter le "calyptra"
qui était un voile transparent que les femmes portaient souvent
sur la tête pour se protéger du soleil et qu'elles ramenaient
sur le visage quand elles ne voulaient pas être reconnues.
Les vêtements étaient
généralement de couleurs unies et très sobres.
Une honnête citoyenne n'aurait pas voulu être confondue
avec les courtisanes qui étaient souvent originaires d'Asie Mineure
et portaient des habits bariolés et couverts de broderies dorées.
Les romaines portaient
à peu près les mêmes vêtements en y ajoutant
de nombreuses variantes, selon les époques :
- la tunique, vêtement
de dessous en laine ou en lin;
- la "stole" ou longue
robe blanche;
- la "palla", ample manteau
qui enveloppe tout le corps ou :
- la "ralla", manteau de
gaze claire et légère;
- le "ricinium", pièce
d'étoffe carrée qui se portait comme un voile ou une écharpe,
moitié sur la tête, moitié sur les épaules.
L'ancienne coutume défendait
aux Romaines de sortir la figure découverte. Mais plus tard,
quand elles se voilaient une partie du visage, c'était plutôt
pour éveiller la curiosité des passants.
Chez les Juives, le voile
était une sorte de châle, porté un peu comme le
"tchador" des musulmanes aujourd'hui, soit tombant de chaque côté
du visage, soit ramené sur le bas de la figure. En certaines
circonstances (comme le mariage), et à certaines époques,
il semble que la femme ait aussi porté un voile plus ou moins
transparent sur le visage. Cela expliquerait que Jacob n'a pas découvert
la substitution d'épouse dont il fit les frais.
1° 1 Corinthiens 11:3-6
"Christ est le chef
de tout homme, l'homme est le chef de la femme [...]. Tout homme qui
prie ou prophétise la tête couverte déshonore son
chef. Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise la
tête non voilée (= dévoilée) déshonore
son chef : c'est comme si elle était rasée. Car si une
femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or,
s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou
d'être rasée, qu'elle se voile."
2° 1 Corinthiens 11:13-15
"Jugez-en vous-mêmes
: est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée
? La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une
honte pour l'homme de porter de longs cheveux, mais que c'est une gloire
pour la femme d'en porter. En effet, la chevelure lui a été
donnée en guise de voile (= de manteau)."
La clef de ces passages
est dans la première phrase. Paul se contente de prendre acte
d'une hiérarchie établie par Dieu Lui-même et il
en tire simplement les conséquences qui s'imposent au bon sens
(si l'on se rappelle qu'à cette époque le port du voile
signalait la dépendance d'une autorité).
L'homme, qui dépend
directement de Christ, peut s'adresser à Lui ou parler en son
nom la tête nue. Pour l'homme, se couvrir la tête signifierait
qu'il accepte une autorité étrangère entre le Christ
et lui. Ce serait déshonorer Christ ! La femme, par contre, a
reçu son mari comme autorité intermédiaire entre
Christ et elle. Or, quand elle prie, elle s'adresse directement à
Dieu ou à Christ, en passant "au-dessus" de son mari. De même,
quand elle prophétise elle parle au nom de Dieu en passant une
fois encore "au-dessus" de son mari.
La "prophétie" dont
Paul parle ici consiste à énoncer un oracle de Dieu de
manière spontanée et sous l'impulsion directe de l'Esprit.
Il ne faut pas confondre cette pratique avec la prédication qui
n'est prophétique que dans le sens général de "parler
de la part de Dieu". Dans ces passages, Paul utilise toujours le mot
"prophétiser" dans son sens étroit.
Il faut bien admettre que,
du fait de leur caractère spontané, la prière et
la prophétie ne se prêtent pas à l'approbation préalable
du mari comme c'est le cas pour d'autres activités spirituelles.
Lors de l'enseignement public, par exemple, la femme est invitée
à poser ses questions à son mari à la maison, plutôt
que de passer au-dessus de lui, en les posant directement au "docteur"
dans l'assemblée (1 Corinthiens 14:35).
Mais concernant la prière
et la prophétie, cela n'est évidemment pas possible. Dès
lors, deux interprétations s'offrent à nous qui finissent
cependant par se rejoindre. Tout d'abord, on peut regarder la prière
et la prophétie comme deux activités qui échappent
à l'autorité du mari. Le port du voile signifierait alors
: "Ce n'est pas parce que je parle directement à Dieu ou de sa
part que je conteste l'autorité de mon mari. En toute autre circonstance,
c'est bien lui le chef de notre foyer."
D'autre part, on peut aussi
considérer les prières ou les prophéties prononcées
par l'épouse comme relevant de l'autorité spirituelle
du mari. Dans ce cas, le port du voile signifierait : "Voici ce que
j'éprouve le besoin de dire à Dieu ou de sa part, mais
je soumets ces paroles à l'approbation de mon mari ! Car c'est
lui qui est l'autorité spirituelle que Dieu a placée entre
moi et Christ."
Personnellement, je trouve
cette dernière approche plus conforme à la logique de
ce que j'ai appelé une "chaîne d'autorité spirituelle".
Mais je n'en ferais pas un dogme. Car en pratique, on imagine bien que
cette "soumission" soit toute de principe, le silence de l'époux
tenant lieu d'approbation. Sauf pour une faute très grave, on
voit mal un mari désapprouvant publiquement la prière
ou la prophétie de sa femme. Concernant la femme et son mari,
cette notion de "qui ne dit mot consent", était déjà
annoncée par tout le chapitre trente des Nombres. Si une femme
prononçait un vœu et que le mari gardait le silence il était
aussi engagé par le vœu de sa femme. S'il désavouait sa
femme le jour même, le couple était délié
de l'engagement contracté par l'épouse.
Mais revenons à
l'Église chrétienne primitive. Pour la femme, refuser
de porter le voile, c'était proclamer la disqualification de
son mari en tant que chef du foyer. C'était déshonorer
son mari, en contestant la validité de l'autorité placée
par Dieu entre le Christ et elle. A première vue, ces dispositions
peuvent laisser croire que Paul ratifie le statut de minorité
légale et morale qui était celui de la femme dans l'antiquité.
Mais, il n'en est certainement rien puisque Paul est convaincu qu'en
Christ, la femme est l'égale de l'homme.
En fait, Paul semble plutôt
se référer à la vocation particulière de
la femme lors de la création. Celle-ci n'aiderait guère
son mari en affichant publiquement ses divergences d'opinion avec lui.
Elle risquerait au contraire de l'enfermer dans une prise de position
publique et définitive, alors qu'une discussion privée
avec son mari lui permettrait de corriger d'éventuelles erreurs,
sans l'humilier publiquement.
Il faut noter que la logique
de Paul ne s'inscrit pas dans la tradition juive de l'Ancien Testament.
Car comme ceux d'aujourd'hui, les Juifs d'alors se couvraient la tête
d'un turban, d'un châle de prière ou d'un calot pour prier
ou lire la Torah. De plus, les "nazirs", comme Samson ou Jean-Baptiste,
ne se coupaient pas les cheveux en signe de dépendance totale
envers Dieu. L'enseignement de Paul en la matière ne peut donc
pas être qualifié de "judéo-chrétien". Encore
que les gravures datant de la Réforme nous montrent nos ancêtres
calvinistes assistant au culte la tête couverte de larges chapeaux
!
Pour les hommes, l'habitude
chrétienne de se découvrir en entrant dans une église
est donc relativement récente et a provoqué une inversion
de la symbolique, interprétée comme un signe de respect
envers Dieu, la pratique s'est étendue et les hommes ont pris
l'habitude de témoigner leur déférence en se découvrant
devant leurs supérieurs, et devant les dames ! Ce qui n'est pas
le moindre des paradoxes.
Mais au-delà de
toute cette symbolique, le rôle premier du voile ne peut être
complètement oublié. Bien qu'ici Paul semble plutôt
mettre l'accent sur le port des cheveux longs. Le fait d'utiliser ses
cheveux comme un voile naturel est associé à la pudeur
naturelle de la femme qui réserve le bénéfice de
ses charmes à son seul mari. En devenant la gloire de son mari,
la femme renonce ostensiblement à séduire tout autre homme
que le sien. Telle est bien la fonction du voile dans toutes les sociétés
où il fut imposé aux femmes mariées. Certes, on
pourrait y voir une approbation de la jalousie masculine ou de l'instinct
de propriété des mâles, et l'on ne peut encourager
ni l'une ni l'autre.
Le nouveau Testament a
préféré en faire une manifestation de pudeur de
la part des femmes chrétiennes. En particulier dans l'Eglise
où il serait vraiment mal venu qu'une femme fasse usage de ses
charmes naturels pour donner plus de poids à ses paroles. La
séduction étant, comme on l'a montré plus haut,
un moyen détourné d'exercer l'autorité. Il faut
donc que l'extérieur de la femme (la pudeur du voile) soit en
harmonie avec l'intérieur de son cœur (l'esprit de soumission).
Il serait d'ailleurs tout
aussi déplacé qu'un homme cherche à imposer sa
volonté par la force, fût-ce par la contrainte morale.
Car en Christ, l'homme n'a pas plus le droit de dominer que la femme
n'a celui de séduire. Chacun doit donc satisfaire à sa
vocation dans un esprit d'amour et de service réciproque (Galates
5:13).
Enfin, certains ont vu
dans le voile un signe de l'alliance entre l'époux et l'épouse
et, par extension, entre le Christ et l'Eglise. Sans être formellement
attestée, cette image attire précisément notre
attention sur le caractère aléatoire de toute symbolique.
En effet, un symbole n'a de sens que lorsqu'il est compris. Autrement
dit, un symbole s'intègre toujours dans une culture, voire une
civilisation bien déterminée. En dehors de celle-ci, il
perd toute signification. C'est comme s'il était nul et non avenu
puisqu'il se vide de tout contenu.
Concernant le port du voile,
on est légitimement en droit de s'interroger sur sa nécessité
là où il ne symbolise pas la soumission de l'épouse
à son mari. Et de fait, lorsque l'on impose cette pratique en
dehors de son contexte culturel, il est l'objet de divers contresens.
C'est ce que l'on peut noter dans diverses communautés chrétiennes
où les femmes pensent devoir se couvrir la tête par respect
pour Dieu. Peut-être s'empresseraient-elles de l'arracher si elles
en connaissaient la véritable signification ! D'autant plus qu'en
certaines circonstances on peut constater un détournement des
usages.
C'est ainsi que dans l'antiquité,
certaines coquettes se voilaient le visage non par pudeur, mais pour
accroître leur séduction en s'entourant d'une aura de mystère.
De même, à notre époque, il arrive que le port de
cheveux longs et pendants comme un voile soit perçu comme faisant
très "mauvais genre", et comme une manifestation d'impudeur plutôt
que de pudeur. Inversement, il semble bien que l'habitude pour les hommes
de se découvrir en présence d'une dame était à
l'origine un signe d'autorité et non de respect ou de galanterie
!
Il me semble donc que tout
dogmatisme en la matière se place en porte-à-faux par
rapport à l'enseignement du Nouveau Testament. Aussi bien pour
condamner celles qui ne portent pas de voile, que pour dénoncer
celles qui en portent un. Car l'essentiel n'est pas le port ostentatoire
d'un symbole devenu aléatoire, mais la réalité
spirituelle qui est vécue dans les foyers et dans l'église
locale. Ce qui importe, c'est l'acceptation du principe de la soumission
par les chrétiennes et leur disponibilité pour l'extérioriser
chaque fois que l'opportunité s'en présente.
Personnellement, il ne
me paraît pas primordial de le faire par un voile qui a perdu
toute signification symbolique dans notre société. Cela
ne m'empêche pas de comprendre le souci d'authenticité
que peuvent avoir les croyants qui veulent conserver ce symbolisme dans
l'Eglise.
Je m'interroge cependant
sur l'authenticité d'une pratique qui n'est pas l'expression
spontanée du vécu des croyantes, mais le fruit d'un dogme
qui leur est imposé. Si ce n'est par motif de conscience, pour
ne pas offenser des frères plus faibles dans la foi, le voile
ne me semble donc pas pouvoir être plus imposable aux femmes que
la circoncision aux hommes.
Dans tout le chapitre cinq
de Matthieu, Jésus s'emploie à élever l'ordonnance
légale au niveau du principe spirituel. Par ailleurs, Jésus
est mort pour nous affranchir de la Loi et notamment de la circoncision
(Galates 5:1). Le voile serait-il la seule survivance légale
de la nouvelle alliance ? Certes non ! Il me semble qu'ici encore, il
nous faut faire preuve de maturité en dégageant le principe
spirituel (la soumission de la femme) de son contexte historique (le
port du voile) pour l'appliquer à notre époque avec un
maximum de discernement.
c. Les raisons de la
soumission
Plusieurs motifs sont déjà
ressortis des passages étudiés jusqu'ici. Explications
qui doivent obligatoirement être tempérées par le
contexte pour ne pas dévaloriser l'image de la femme chrétienne.
Découvrons-les au fil du texte.
1° Genèse 2:18
"L'Éternel Dieu
dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide
qui sera son vis-à-vis."
La femme a été
créée pour être "une aide" pour l'homme. Cela n'exclut
pas le dialogue ni même la discussion. Cela n'implique pas l'absence
d'initiatives ou de responsabilités importantes. Cela n'interdit
pas des rapports d'égal à égal pour se fixer ensemble
des objectifs et les moyens de les atteindre. Cela signifie seulement
qu'en cas de divergence, l'opinion du mari l'emportera sur celle de
la femme. Cela ne signifie d'ailleurs pas qu'elle soit la meilleure.
Simplement, Dieu a tranché pour éviter des conflits qui
s'éterniseraient en paralysant toute action au sein du couple.
Le conflit étant, dans tous les cas, la plus mauvaise solution.
2° 1 Corinthiens 11:7-12
"L'homme ne doit pas
se voiler la tête puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu,
tandis que la femme est la gloire de l'homme. En effet, l'homme n'a
pas été tiré de la femme, mais la femme a été
tirée de l'homme. Et l'homme n'a pas été créé
à cause de la femme, mais la femme à cause de l'homme.
C'est pourquoi, la femme, à cause des anges, doit avoir sur la
tête une marque de l'autorité dont elle dépend (=
la femme doit avoir un pouvoir sur la tête à cause des
messagers). Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme,
ni l'homme sans la femme. Car de même que la femme a été
tirée de l'homme, de même l'homme naît par la femme,
et tout vient de Dieu."
Si la femme existe pour
glorifier l'homme, celui-ci n'est pas une finalité en lui-même,
car il n'existe que pour glorifier Dieu. Dans cette perspective, la
femme n'est pas un simple "faire valoir" pour l'homme, puisqu'en finalité
c'est Dieu qu'elle est appelée à glorifier au travers
de son mari. Tirée de l'homme, la femme a été créée
pour l'homme. Faut-il en conclure qu'elle n'existe que par lui, que
pour lui ? La formule paraît dure si l'on oublie le degré
d'inachèvement de l'homme créé dans sa solitude.
Imperfection qui avait mis en évidence son besoin d'une "vis-à-vis
semblable à lui".
Dès lors, la femme
ne doit pas être prise comme la "boniche" de l'homme, mais son
indispensable alter ego, celle qui vient s'unir à lui pour former
cette entité physique, morale et spirituelle qu'est le couple
humain. Aux yeux de Dieu, comme à ceux de Paul d'ailleurs, l'un
ne va pas sans l'autre : l'humain n'existe pleinement que sous sa forme
"mâle et femelle". Si la femme est soumise à l'homme, c'est
donc dans un lien d'interdépendance totalement réciproque.
3° 1 Corinthiens 11:10
"C'est pourquoi la
femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque
de l'autorité dont elle dépend."
Voilà une raison
qui n'a pas fini de faire couler de l'encre ! Certains y voient une
allusion à Genèse 6:4, "époque où il y avait
des géants sur la terre après que les fils de Dieu furent
venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné
des enfants." Loin d'éclairer le mystère, l'explication
en ajoute un autre. Et même si l'on assume le caractère
plutôt prosaïque de l'argument, on ne peut oublier que Jésus
présente les anges comme asexués (Luc 20:36). Dès
lors, pourquoi les femmes devraient-elles voiler leurs charmes à
ceux qu'on assimile un peu trop vite aux "fils" de Dieu ? Pour moi,
le "c'est pourquoi" qui commence la phrase la rattache à ce qui
précède et sous-entend l'idée suivante : Dieu n'a
pas été créé à cause des anges, mais
les anges à cause de Dieu. Autrement dit, le couple humain qui
est appelé à symboliser la soumission de l'Église
envers Christ ne peut constituer une incitation à l'insoumission
des anges envers Dieu.
S'agissant des anges, ce
ne sont pas les cheveux qui leur ont été donnés
en guise de voile naturel (et donc en signe de soumission), mais bien
les ailes. Car dans la vision d'Esaïe 6:2, les séraphins
avaient six ailes, dont deux pour se couvrir la face devant la gloire
de Dieu. Et les passages de Esaïe 14:12-14 et Ezéchiel 28:14-17
nous révèlent que certains anges n'ont pas craint de relever
la tête pour se rebeller contre l'autorité divine.
Or, n'oublions pas que
c'est le prince de ces anges déchus, Satan lui-même, qui
vint tenter Ève en Eden. Une chrétienne affichant une
attitude insoumise ne constitue pas seulement une incitation à
l'insoumission pour les anges fidèles, elle risque aussi, même
involontairement, de "faire un appel du pied" aux anges déchus,
ce qui ouvre la porte à tous les dangers !
L'interprétation
qui suggère que les anges déchus (ou démons) puissent
succomber physiquement à la séduction féminine
en prenant possession de corps humains (via les possessions démoniaques)
me paraît relever de phantasmes aussi graveleux que moyenâgeux.
Elle présuppose, en effet, une libido particulièrement
active et triviale chez des êtres célestes que Jésus
nous présente comme asexués.
4° 1 Corinthiens 11:14-15
"La nature elle-même
ne nous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter
de longs cheveux, mais que c'est une gloire pour la femme d'en porter
? En effet, la chevelure lui a été donnée en guise
de voile."
On l'a déjà
dit, les cheveux sont le voile naturel que la femme à reçu
de son Créateur, comme instrument de sa pudeur. Ainsi voilée,
la femme met volontairement en oubli le pouvoir de ses attraits. Appâts
qu'elle pourrait être tentée d'utiliser comme un puissant
bras de levier, pour imposer sa volonté aux hommes en général
et à son mari en particulier. C'est un peu comme si la femme
voilée disait : "Je renonce à séduire qui que ce
soit ! Je ne veux pas réitérer le péché
d'Ève, notre mère."
5° 1 Timothée
4:7
"Mais repousse les fables
profanes, contes de vieilles femmes."
6° 2 Timothée
3:6-7
"Il en est parmi eux
qui s'introduisent dans les maisons et qui captivent certaines femmes
(= "petites femmes", dans le sens péjoratif de "femmes de petite
vertu") chargées de péchés et agitées par
des passions variées. Elles apprennent toujours, sans pouvoir
jamais arriver à la connaissance de la vérité."
Voilà des passages
qui paraissent bien peu flatteurs pour les chrétiennes ! Versets
qui ont servi d'arguments, pour justifier un pseudo-enseignement de
Paul, sur l'infériorité des femmes. En fait, c'est plutôt
certaines traductions, et l'usage qu'en font certains chrétiens,
qu'il faut condamner. Car, par leur manipulation indigne de la Parole
de Dieu, ils se rangent précisément au rang des hommes
que Paul condamne dans ce passage !
En réalité,
l'expression "contes de vieilles femmes", sous la plume de Paul, n'est
pas plus péjorative que l'expression "histoires de bonnes femmes",
telle que nous l'employons aujourd'hui. Certes, l'étymologie
de l'expression est misogyne de toute évidence. Mais pas son
usage dans le langage courant. Les femmes l'utilisent, d'ailleurs, aussi
bien que les hommes. Il est donc très vraisemblable que Paul
l'utilise sans aucune arrière pensée, d'autant moins qu'au
chapitre suivant, il encourage sans ambiguïté la piété
filiale qui est due aux veuves.
Le deuxième passage
qui parle des "femmes de petite vertu" ne se démarque pas spécialement
du contexte. Dans celui-ci, Paul dénonce les hommes sans scrupules
qui utilisent l'Évangile à des fins personnelles. Il ne
fait donc aucune ségrégation en englobant hommes et femmes
dans une même critique.
Mais rassurons nos sœurs
: "l'esprit faible et borné" que Louis Second (version 1910)
s'était senti autorisé d'ajouter au texte original n'est
pas plus l'apanage des femmes que le fait "d'apprendre sans jamais connaître".
Les hommes s'y entendent aussi très bien ! Sur ce point précis,
Paul écarte d'ailleurs tout quiproquo, en choisissant l'exemple
de deux hommes dans l'ancienne alliance. Toutefois, dans nos traductions,
ces qualificatifs dévalorisants appliqués à des
femmes illustrent bien la misogynie dont les chrétiennes furent
victimes au cours des siècles et pour laquelle nous devons leur
demander pardon aujourd'hui !
Par contre, on donne parfois
une dernière raison à la soumission des femmes qui relève
plus de la psychologie que de l'exégèse. Encore qu'on
puisse la rattacher à 1 Timothée 2:14, déjà
cité. Ce passage affirme que "ce n'est pas Adam qui a été
séduit, c'est la femme qui, séduite, s'est rendue coupable
de transgression".
En général,
on considère que la femme a une conduite plus intuitive que l'homme,
l'intuition étant une perception des personnes ou des événements
qui résulte de la synthèse inconsciente des informations
perçues à la fois par la raison et les émotions.
Face aux circonstances de la vie quotidienne, cette démarche
présente l'immense avantage d'aboutir à des conclusions
quasi instantanées et généralement exactes.
Pour sa part, l'homme fonctionnerait
selon un processus plus analytique dissociant davantage l'intellect
des émotions. Si cette démarche présente plus de
fiabilité au niveau des résultats, elle est infiniment
plus lente. Et de fait, à en croire le témoignage de la
plupart des couples, il est notoire que les femmes savent tout de suite
ce que les hommes mettent longtemps à découvrir !
Par contre, les filles
d'Ève paraissent plus susceptibles de se laisser séduire
que les hommes. Car en globalisant le message et la manière de
le présenter, elles peuvent se laisser séduire par une
habile présentation ou par la personnalité de l'orateur
et risquent de ne pas discerner les pièges dissimulés
dans le contenu du message lui-même.
Je signale cette "explication"
à titre indicatif (elle tiendrait à de légères
différences au niveau des hémisphères cérébrales)
et chacun la prendra pour ce qu'elle vaut. D'autant plus qu'il n'y pas
de règles sans exceptions. J'insiste cependant sur le fait que
cette différence, si elle devait être prouvée un
jour, ne dévaloriserait personne, mais mettrait davantage l'accent
sur la nécessaire complémentarité de l'homme et
de la femme.
d. Les conséquences
de la soumission
S'il est vrai que les chrétiennes
sont, avec les chrétiens, "ministres d'une nouvelle alliance,
non de la lettre mais de l'Esprit", tout ce qui vient d'être dit
du voile et des cheveux longs peut s'inscrire dans le contexte de la
tenue des femmes en général. "Car la lettre tue, mais
l'Esprit fait vivre." (2 Corinthiens 3:6)
En ce qui concerne la tenue
des chrétiennes, le principe général qui semble
se dégager des textes du Nouveau Testament, c'est que la tenue
et l'attitude extérieures de la femme doivent refléter
sa nature et ses convictions intérieures. Bien sûr, on
pourrait en dire autant pour les hommes ! Le caractère universel
de ce principe, non seulement spirituel mais tout simplement moral,
fait qu'on le retrouve dans la littérature classique, aussi bien
que dans l'Ancien et le Nouveau Testament.
C'est ainsi que Caton l'Ancien
(quand il ne songeait pas à "détruire Carthage") défendait
l'austérité morale des lois romaines. Il s'indignait particulièrement
du luxe de son époque et de la libéralisation des mœurs
: "La parure des femmes, ce n'est pas l'or, les bijoux, les robes brodées
ou la pourpre, mais la pudeur, l'amour du mari et des enfants, la soumission
et la modestie". Et s'adressant directement aux femmes, il ajoutait
: "Quelle mouche vous pique de courir les rues, de parler à des
hommes que vous ne connaissez pas ? Ne pouvez-vous adresser vos réclamations
à vos maris, chez vous ? Seriez-vous, par hasard, moins aimables
dans le particulier qu'en public, et pour vos maris que pour les étrangers
?"
Pour être juste,
il faut avouer qu'il était sans doute un peu misogyne. Car il
mettait ainsi les hommes en garde : "Pour n'avoir su chez vous tenir
vos femmes en bride, vous êtes réduits à trembler
devant leurs attroupements... Prenez garde ! Il y a une île, dont
j'ai oublié le nom, d'où les femmes confinées ont
radicalement extirpé tout le sexe masculin."
Dans l'Ancien Testament,
Salomon nous a laissé des pensées pleines de sagesse,
sur les bienfaits d'une femme vertueuse dans son foyer (Proverbes 12:4,
19:14, 31:10-31, 18:22). Mais dans le Nouveau Testament, les apôtres
ne sont pas en reste, aussi bien Paul que Pierre.
1° 1 Timothée
2:9-10
"De même aussi,
que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec
pudeur et modestie, se parent, non pas de tresses ou d'or ou de perles
ou de toilettes somptueuses, mais d'œuvres bonnes, comme il convient
à des femmes qui font profession de piété."
2° Tite 2:3-5
"Les femmes âgées
doivent aussi avoir l'extérieur qui convient à la sainteté,
n'être ni médisante (= "diviseuses"), ni asservies aux
excès de vin. Elles doivent donner de bonnes instructions (=
être de bons docteurs, de bonnes enseignantes), afin d'apprendre
aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à
être sensées, chastes, occupées aux soins domestiques,
bonnes, soumises chacune à son mari, afin que la parole de Dieu
ne soit pas calomniée (= blasphémée)."
3° 1 Pierre 3:3-6
"N'ayez pas pour parure
ce qui est extérieur : cheveux tressés, ornements d'or,
manteaux élégants, mais la parure cachée du cœur,
la parure personnelle inaltérable d'un esprit doux et tranquille.
Voilà qui est d'un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient
autrefois les saintes femmes, qui espéraient en Dieu, soumises
à leur mari, telle Sara qui obéissait à Abraham
et l'appelait son Seigneur. C'est d'elle que vous êtes devenues
les descendantes, si vous faites le bien, sans vous laisser troubler
par aucune crainte."
Certes, à première
vue, on pourrait soupçonner Paul d'avoir trop bien étudié
Tite-Live rapportant les discours de Caton, et d'en avoir gardé
la phobie des Amazones. On pourrait aussi reprocher à Pierre
de n'avoir pu se dégager du carcan de l'ancienne alliance, puisant
ses exemples parmi des femmes vivant encore sous la condamnation du
péché et donc sous la domination de leur mari.
Mais, dépassant
cette première "mauvaise" impression, il faut bien admettre que,
pour l'essentiel, leur souci est ailleurs. Si deux apôtres demandent
ainsi à l'Église du Seigneur de refléter en son
sein les "bonnes manières" de leur époque, c'est très
certainement parce que le respect des règles les plus élémentaires
du savoir-vivre fait intégralement partie du témoignage
chrétien.
Personnellement, j'estime
que les chrétiennes et les chrétiens peuvent suivre la
mode de leur époque, dans la mesure de la bienséance.
Mais il ne leur appartient pas de lancer des modes nouvelles. Ce n'est
pas leur rôle, et ce ne devrait pas être leur préoccupation
! Et, dans le fond, c'est un peu la même chose que les deux apôtres
écrivent. En Christ, la femme a retrouvé l'égalité
avec l'homme, mais cela ne peut pas lui faire oublier sa vocation naturelle,
ni la pousser à révolutionner la société
dans laquelle elle vit.
Il me semble que c'est
à ce dernier danger que Paul fait allusion lorsqu'il met les
femmes en garde contre le danger de voir la Parole de Dieu calomniée
à cause de leur conduite. La liberté des chrétiennes
ne peut devenir une pierre d'achoppement par rapport aux us et coutumes
de la société dans laquelle elles évoluent.
D'une manière plus
générale, la parole de Paul adressée aux frères
peut tout aussi bien s'adresser aux sœurs : "Frères ! (Sœurs
!) Vous avez été appelés à la liberté.
Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte
pour (vivre selon) la chair, mais par amour, soyez serviteurs (= esclaves)
les uns des autres." (Galates 5:13)
Pour sa part, Pierre me
semble encourager les chrétiennes à ne pas craindre de
perdre cette liberté en acceptant de se soumettre à leur
mari; mais de faire plutôt confiance au Seigneur pour la défense
de leurs droits. En Christ, les femmes jouissent de droits nouveaux,
mais les revendiquer n'est sans doute pas le meilleur moyen d'en bénéficier.
En suivant l'exemple de Sara, les chrétiennes deviendront des
"filles de foi" et lutteront bien plus efficacement contre l'inertie
des traditions religieuses, ce principe étant d'ailleurs valable
pour tous les chrétiens : "Que votre douceur soit connue de tous
les hommes [...] Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses,
faites connaître à Dieu vos demandes." (Philippiens 4:5-6)
Si j'ai cité Caton
l'Ancien, c'est pour montrer que les chrétiennes de l'antiquité
ont rencontré un contexte social finalement très proche
du nôtre. Comme aujourd'hui, elles étaient partagées
entre les traditions religieuses et les mouvements d'émancipation.
Qu'elles soient juives ou païennes, les religions, aussi bien que
les lois de cette époque, encourageaient l'assujettissement des
femmes aux hommes.
En prônant la liberté
des femmes en même temps que leur soumission, le christianisme
paraissait encourager aussi bien les esprits progressistes que les mentalités
rétrogrades. Les successeurs des apôtres ont pris l'option
la plus facile, et la moins spirituelle, en maintenant les chrétiennes
dans le statut des non-chrétiennes, victimes d'un monde soumis
au péché.
Manquant ainsi à
leur devoir de protecteurs, les chrétiens n'ont jamais pu exercer
leur autorité autrement que sous sa forme pervertie : la domination.
Le pire, c'est que les textes même qui affranchissaient les femmes
de la domination des hommes pour les placer sous leur autorité
spirituelle sont devenus les alibis du joug masculin. Ainsi privée
de la moitié de son potentiel vital, il ne faut pas s'étonner
de ce que l'Église ait vu son autorité discréditée
tout au long des siècles, et jusqu'à ce jour, y compris
dans les églises évangéliques.
D. Le sacerdoce de la
femme
Quand Jésus et les
apôtres s'adressent aux "frères", aux "croyants", aux "chrétiens"
ou aux "saints" en rapport avec la foi, il semble évident que
ces expressions englobent aussi les sœurs, les croyantes, les chrétiennes
ou les saintes ! Par ailleurs, quand le Nouveau Testament parle du rôle
spécifique de l'homme ou de la femme, c'est toujours dans le
cadre de leur vocation particulière au sein de la famille, dans
leurs relations d'époux et d'épouse ou dans leur mission
de père et de mère auprès de leurs enfants.
Si leurs obligations parentales
et familiales interfèrent au niveau de l'église locale,
c'est parce que cette dernière est constituée de foyers
et de familles chrétiennes. Évidemment, ce qui est vrai
au sein de la famille à la maison demeure valable pour la famille
au sein de l'assemblée, une église en bonne santé
étant, pour l'essentiel, constituée de couples et de familles
en bonne santé !
1. Les ministères
d'autorité
Mais, quand on considère
la pratique des ministères strictement ecclésiastiques,
il faut bien admettre que rien dans les textes n'autorise une distinction
entre hommes et femmes, si ce n'est quelques restrictions très
précises, sources de bien des discussions. Je vais y venir.
Parlant des ministères,
des services et de l'exercice des dons en général, les
apôtres s'adressent à la communauté tout entière.
A priori, rien ne s'oppose donc à ce que les chrétiennes
aient accès à toutes les vocations, sans exceptions, moyennant
le respect des principes généraux qui gèrent les
relations entre hommes et femmes.
Dès lors, la question
n'est plus de savoir s'il existe des ministères interdits aux
femmes dans l'Eglise puisqu'elles ont accès à toutes les
activités. Le vrai problème sera de déterminer
les ministères qui peuvent être limités par la soumission
qu'elles doivent à leur mari. Mais de toutes façons, tous
les ministères, qu'ils soient féminins ou masculins, sont
toujours l'objet de certaines restrictions puisqu'ils sont régis
par une déontologie souvent très précise.
Sans préjuger des
textes qui vont suivre, mais se basant sur ceux qui précèdent,
on peut déjà pressentir quels seront les points de friction.
Si la femme doit être soumise à son mari, elle devra le
rester dans la pratique de son sacerdoce au sein de l'église.
Cela lui ferme déjà la porte de tous les ministères
où elle serait appelée à exercer une autorité
sur son mari ou sur le mari des autres, bien sûr !
J'ai déjà
signalé que la "chaîne d'autorité spirituelle" mise
en place par le Seigneur dans les foyers chrétiens (et donc dans
l'assemblée qui rassemble ces foyers) implique le respect d'une
certaine déontologie. Son premier effet, c'est d'interdire à
quiconque d'exercer une autorité directe sur une femme. Il faut
toujours passer par l'autorité dont elle dépend : son
père, son mari ou son fils aîné. D'où le
rôle de protecteur, associé à celui d'autorité.
Dans ces conditions, on voit mal une femme soumise à son mari,
imposer son autorité au mari de la voisine. Le sujet est trop
grave pour verser dans la bouffonnerie.
La soumission de l'épouse
apparaît alors comme la réponse naturelle à "l'autorité-protection"
de son mari. Dans la mesure où ce dernier, chrétien ou
non, ne lui demande rien qui soit contraire à la foi. Car en
toutes circonstances, la règle d'or c'est d'obéir à
Dieu plutôt qu'aux hommes, comme Pierre l'a confessé devant
le Sanhédrin (Actes 4:19).
Par ailleurs, les possibilités
qui s'offrent aux femmes célibataires et aux veuves sont les
mêmes que pour les femmes mariées. En effet, j'ai montré
plus haut que la foi chrétienne les libère de la tutelle
respective de leur père ou de leur fils aîné, mais
pas de leur autorité et de leur protection. Rappelons que cette
tutelle impliquait l'infériorité de la femme par rapport
à l'homme, et donc son statut de "mineur" sur le plan légal
et juridique. Par contre, l'égalité retrouvée en
Christ n'exclut pas la soumission spirituelle.
En général,
tout le monde est d'accord pour dire que l'autorité, c'est le
droit de décider. L'autorité est donc indissociable du
fait que celui ou celle qui prend une décision doit aussi en
assumer la responsabilité. Droit légitime et reconnu,
mais droit qui n'exclut ni la consultation ni l'acceptation des conseils.
Si bien que, d'une certaine manière, on pourrait aussi définir
l'autorité comme le droit de choisir ses conseillers.
Dans cette perspective,
les États-Unis d'Amérique nous offrent en la personne
de leur président un bon exemple de ce qu'est la notion biblique
d'autorité. Car tous les politologues s'accordent pour affirmer
que les meilleurs présidents sont ceux qui savent le mieux choisir
leurs conseillers. Cependant, bonnes ou mauvaises, toutes les décisions
qui sont prises ensemble sont assumées par le président
tout seul, car c'est lui qui détient l'autorité, le pouvoir
de décider et donc la responsabilité. Responsabilité
souvent lourde à porter comme l'histoire l'a prouvé.
En conséquence,
celui qui détient l'autorité gagne à s'entourer
de conseillers aussi avisés que possible. Appliqué au
couple, ce principe correspond parfaitement aux vocations respectives
de l'homme et de la femme. Étendue à l'Église,
cette règle démontre bien que ne pas exercer l'autorité
ne signifie pas l'interdiction de participer aux décisions. Se
priver du conseil des femmes, c'est nier leur vocation originelle.
A contrario, si les choses
ont mal tourné en Eden, c'est peut-être parce que Ève
s'est révélée une mauvaise conseillère,
mais c'est sûrement parce que Adam n'a pas assumé ses responsabilités
en prenant la décision qui s'imposait. Mais en principe, dans
le couple et donc dans l'église locale, les décisions
doivent être prises ensemble, les femmes apportant leurs conseils,
les hommes prenant les décisions et les assumant !
Les structures mises en
place devraient prévoir ce processus pour que tout se passe dans
l'harmonie générale et l'équité envers chacun.
Si un collège d'anciens trouve normal de faire appel à
des consultants pour certains problèmes spécifiques, pourquoi
se priver du service des "consultantes" que le Seigneur a donné
à la communauté en les personnes de chrétiennes
avisées ? Telle devrait être, me semble-t-il, l'application
des concepts d'autorité et de soumission qui ont été
développés plus haut.
Il est d'ailleurs significatif
que la plupart des chrétiennes n'ont ni le goût ni le désir
d'exercer une autorité dans l'Eglise. Par contre, toutes souffrent
terriblement de n'être pas entendues. En général,
leur vœu le plus cher serait d'être consultées et non de
diriger l'assemblée. Or ce désir légitime parce
que biblique ne rencontre pratiquement aucun écho chez les dirigeants
d'églises. Ou alors, on nie toute distinction entre hommes et
femmes pour verser dans la confusion, voire le chaos.
Faisons maintenant un pas
de plus pour nous demander quelles sont les décisions qui impliquent
l'exercice d'une autorité dans l'assemblée. Et en question
subsidiaire, il faudra s'interroger sur les personnes auxquelles revient
l'exercice de cette autorité. De toute évidence, le Chef
incontesté de l'Église chrétienne c'est Christ,
Parole incarnée, tel qu'Il est révélé dans
la Bible, Parole écrite.
Les ministères qui
consistent à transmettre cette Parole à l'Église
et à veiller sur sa bonne application dans l'assemblée,
seront donc, par définition, des ministères d'autorité.
Or ces ministères relèvent tous de la vocation des anciens
! C'est ce qui ressort de n'importe quel texte néo-testamentaire,
traitant des anciens. En effet, tel qu'il y est défini, leur
rôle consiste à "diriger", "enseigner", "exhorter", "réfuter",
"surveiller", "présider". Autant de ministères dont l'exercice
requiert une incontestable autorité, l'autorité de bergers
faisant paître le troupeau de Dieu : "Faites paître le troupeau
de Dieu qui est avec vous [...]. De même, jeunes gens, soyez soumis
aux anciens" (1 Pierre 5:2 et 5).
C'est pourquoi, les croyants
sont exhortés à se soumettre aux bergers (certains préfèrent
parler des "chiens du Berger") que Dieu a placés à la
tête de ses troupeaux : "Obéissez à vos conducteurs
(= gouverneurs) et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos
âmes, dont ils devront rendre compte. Faites en sorte qu'ils puissent
le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne serait pas
à votre avantage". (Hébreux 13:17)
On aura remarqué
qu'à la soumission des uns répond la responsabilité
des autres, gage incontestable de leur autorité spirituelle.
Dès lors, il paraît évident qu'une chrétienne
ne pourra pas exercer dans l'assemblée une fonction qui se trouve
exactement à l'antipode de sa vocation. Du moins dans le cadre
d'un ministère impliquant l'exercice d'une autorité sur
les hommes. Bien évidemment, un tel ministère leur reste
ouvert, si l'autorité se limite aux autres femmes et aux enfants.
C'est à la lumière
de cette double évidence qu'il nous faut maintenant considérer
les passages de l'Écriture qui précisent les modalités
de la restriction dont les femmes sont l'objet. Et l'on ne sera pas
étonné de découvrir que ce sont surtout les ministères
de la Parole qui font l'objet de plusieurs réserves.
Dieu reste souverain par
rapport aux lois qu'Il établit. L'histoire du peuple d'Israël
(c'est moins évident pour celle de l'Église) propose plusieurs
exceptions à ce qui vient d'être démontré.
Le plus souvent, c'est la défection des hommes qui semble avoir
"contraint" le Seigneur à faire appel à des femmes fidèles
pour accomplir des tâches qui sortent habituellement de leurs
attributions. Tout ce que l'on peut faire c'est remercier le Seigneur
pour ces femmes fidèles, et encourager les hommes à en
tirer les leçons qui s'imposent. Il me semble toutefois que faire
une règle d'une exception procède d'une herméneutique
plutôt douteuse. Surtout lorsque la règle générale
est clairement attestée par des textes nombreux et sans ambiguïtés.
Malheureusement, c'est souvent le cas pour le sujet qui nous occupe.
(1)
2. Les ministères
de soumission
Rappelons que si tous les
ministères sont ouverts aux femmes, elles ne peuvent pas les
exercer tous au "profit" des hommes de l'assemblée. C'est dans
cette optique, qu'il faut comprendre les textes qui suivent.
1° Actes 2:17
"Vos fils et vos filles
prophétiseront."
2° 1 Corinthiens 11:5,
6 et 17
"Toute femme qui prie
ou prophétise la tête non voilée déshonore
son chef [...]. S'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux
coupés [...] qu'elle se voile [...]. En faisant cette recommandation,
ce que je ne loue pas, c'est que vous vous assemblez, non pour devenir
meilleurs, mais pour devenir pires."
Première constatation
: quoi qu'en disent certains esprits chagrins, les femmes peuvent prier
et prophétiser, non seulement en privé, mais aussi dans
l'assemblée. A charge pour les grincheux d'imposer le port du
voile à ces chrétiennes ! Car de toute évidence,
le contexte de ce passage nous oblige de l'appliquer aux assemblées
chrétiennes. D'ailleurs, "Si quelqu'un se plaît à
contester, nous n'avons pas cette coutume, ni les églises de
Dieu". (1 Corinthiens 11:16)
3° 1 Corinthiens 14:32-36
"Les esprits des prophètes
sont soumis aux prophètes. Car Dieu n'est pas un Dieu de désordre,
mais de paix. Comme dans toutes les églises des saints, que les
femmes se taisent (= fassent silence) dans les assemblées (=
églises), car il ne leur est pas permis d'y parler (ou : "d'y
interpeller"). Mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la
loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent
leur propre mari à la maison, car il est malséant à
une femme de parler dans l'église. Est-ce de chez vous que la
parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à vous seuls qu'elle est
parvenue ?"
Ce texte est-il le fait
d'une inconséquence de l'apôtre Paul ? Est-il la preuve
que ma lecture du texte précédent est trop laxiste ? Ou
n'est-il qu'en contradiction apparente avec le précédent
? Je préfère opter pour la dernière hypothèse,
mais pas pour le plaisir d'avoir raison ! Voici pourquoi.
Il faut tout d'abord remarquer
que le contexte de ce passage est tout entier consacré au bon
déroulement de certains charismes "verbaux", tels que la prophétie,
la glossolalie et l'interprétation des langues. Autant de paroles
"inspirées" qui se manifestent de manière spontanée
dans l'Eglise mais souvent dans le désordre ce que Paul n'apprécie
guère.
Pour nous, il est intéressant
de noter que ces dons correspondent précisément à
ce qui est permis aux femmes puisque dans le passage précédent
Paul en trouvait l'exercice tout à fait licite dans l'assemblée.
Il leur demandait seulement de le faire en portant le voile, en signe
de soumission à leur mari. Il semble donc, qu'en ce qui concerne
ces dons, les femmes soient soumises au même régime que
les hommes, en respectant simplement les règles du bon usage
édictées par l'apôtre.
C'est ce qui ressort de
la suite du passage, dans 1 Corinthiens 14.37-39 : "Si quelqu'un croit
être prophète ou inspiré, qu'il reconnaisse que
ce que je vous ai écrit est un commandement du Seigneur. Et si
quelqu'un l'ignore, c'est qu'il est ignoré (de Dieu)." (ou :
"Si quelqu'un l'ignore, qu'on l'ignore.") "Ainsi donc frères,
aspirez à prophétiser, n'empêchez pas de parler
en langues. Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre."
Mais revenons aux versets
32 à 36.
Soudain, au milieu de son
développement, Paul ouvre une parenthèse au sujet de l'enseignement,
ministère d'autorité, mais aussi ministère de la
Parole qui, par nature, n'est pas spontané. Comme je l'ai déjà
expliqué, même voilée, il aurait été
malséant qu'une femme mariée passe au-dessus de son mari
pour interroger le docteur de la Parole ou pour exprimer son opinion
au sein de l'assemblée. Paul lui demande donc de manifester sa
soumission en gardant le silence, se réservant d'interroger son
mari, ou de partager ses idées avec lui, une fois rentrée
à la maison.
Cette recommandation spirituelle
est aussi un conseil avisé. Surtout si l'on considère
l'obligation de réserve et de pudeur que la tradition prescrivait
aux femmes dans l'antiquité. La modestie leur imposait de ne
pas se faire remarquer dans une assemblée, surtout en prenant
la parole en public. Ce n'est donc pas de manière absolue que
Paul demande aux femmes de se taire dans l'Eglise. Et ses propos se
situent parfaitement dans la logique de ce qui a été dit
plus haut.
Concernant l'allusion à
la loi sur laquelle Paul s'appuie pour réclamer la soumission
des chrétiennes, je ne partage pas l'opinion de ceux qui se réfèrent
à la domination de l'homme sur la femme, sanction prononcée
par Dieu en Genèse 3:16. J'ai expressément démontré
qu'en Christ cette domination a été abolie, comme une
perversion de l'autorité. Personnellement, je préfère
y voir une référence au chapitre trente des Nombres, exposant
la nécessité de l'approbation du mari, quant à
la parole donnée par une femme. Approbation du mari, transposée
ici à l'opinion de la femme en matière de foi.
Car en matière d'enseignement,
l'autorité n'est pas seulement engagée au niveau de la
délivrance de l'enseignement. Elle l'est aussi au niveau de l'écoute
de cet enseignement. L'écoute de la doctrine d'une église,
en effet, implique l'exercice d'un discernement spirituel auquel la
femme participe, mais qui relève finalement de l'autorité
du mari.
Certains commentateurs,
dans le but louable de rendre la parole aux chrétiennes de nos
églises, font de ce passage une tirade de nature "historico-culturelle".
Les femmes de l'antiquité étant supposées peu instruites,
Paul leur demanderait simplement de mettre fin à leur babillage
intempestif au sein des assemblées et notamment pendant l'enseignement
de la Parole. Cette recommandation deviendrait évidemment hors
de propos à notre époque puisque les femmes y sont beaucoup
plus évoluées ! En fait, cette explication ne résout
rien, sauf dans le cadre d'une théologie libérale qui
nie a priori le caractère divin du rapport d'autorité
et de soumission dans le couple. Mais, même en oubliant le mauvais
sort fait au passage, j'avoue que cette façon de valoriser les
chrétiennes d'aujourd'hui en dévalorisant celle de l'Eglise
primitive me met très mal à l'aise. Je n'ai vraiment pas
l'impression que l'image de la femme en sorte grandie !
4° 1 Timothée
2:11-15
"Que la femme s'instruise
(le verbe a la même racine que "disciple") en silence (= paisiblement,
tranquillement), avec une entière soumission. Je ne permets pas
(= je ne confie pas) à la femme d'enseigner (le verbe a la même
racine que "maître"), ni de prendre de l'autorité sur l'homme
(= ni de faire la loi au mari), mais qu'elle demeure dans le silence
(= qu'elle reste tranquille, coite). Car Adam a été formé
le premier, Ève ensuite; et ce n'est pas Adam qui a été
séduit (= abusé, dupé), c'est la femme qui, séduite
(= égarée), s'est rendue coupable de transgression. Elle
sera néanmoins sauvée en devenant mère (= par l'enfantement,
l'engendrement), si elle persévère (littéralement
= si on persévèrent) dans la foi, dans l'amour, dans la
sanctification, avec modestie."
Le moins qu'on puisse dire,
c'est que c'est là un texte bien difficile ! Cependant, pour
l'essentiel, il recoupe tout à fait le passage précédent,
concernant l'attitude des femmes face à l'enseignement.
D'une part, les chrétiennes
sont invitées à s'instruire sans se faire remarquer. Bien
que le silence ne leur soit pas imposé au sens littéral
du mot, l'invitation à rester "coites" le contient implicitement.
Encore une fois, cette recommandation leur interdit d'interpeller le
maître pour lui demander une explication ou lui soumettre une
idée comme les disciples avaient l'habitude de le faire. Car
à cette époque, l'enseignement se faisait essentiellement
selon la méthode des questions et des réponses. D'ailleurs,
pour les femmes comme pour les hommes, l'écoute attentive de
l'instruction implique le désir de devenir les disciples du Seigneur,
avec peut-être ce petit "plus" qu'est la modestie, vertu féminine
particulièrement appréciée chez les chrétiennes.
D'autre part, ce qui est
nouveau par rapport au passage précédent, c'est "l'interdiction"
d'enseigner adressée aux chrétiennes, bien qu'ici encore
l'interdiction ne présente pas un caractère absolu puisqu'elle
concerne les hommes. Mais, en matière d'enseignement, il n'existe
que deux rôles possibles : ou l'on est le maître et l'on
enseigne, ou l'on est le disciple et l'on s'instruit. On se retrouve
donc confronté au cadre spirituel défini plus haut et
auquel Paul reste fidèle en toute conséquence.
L'enseignement impliquant
l'exercice d'une autorité, Paul ne le confie pas aux femmes car
elles se trouveraient en situation de dicter à leur mari (et
à ceux des autres) ce qu'il y a lieu de faire ou de ne pas faire,
en matière de foi, ce qui dépasserait largement les limites
de leur vocation de "conseillères". La pratique de l'enseignement
n'est donc pas compatible avec la règle de la soumission des
femmes. C'est donc bien par respect des principes divins que Paul établit
cette réserve. Mais cela ne l'empêche pas d'encourager
les femmes à enseigner quand il s'agit des autres femmes ou des
enfants. (Tite 2:4-5)
Cela dit, la fin de ce
texte demeure sujette à discussion.
Pour commencer, Paul se
réfère clairement au péché d'Adam et Ève
pour justifier le fait que les femmes ne puissent ni "être la
maîtresse" de leur mari ni "faire la loi" à leur mari,
mais qu'elles doivent "rester coites".
Apparemment, sa logique
est la suivante. Si la femme s'est laissée égarer par
les arguties du serpent, elle a montré qu'elle n'était
pas capable d'exercer le discernement indispensable à tout bon
enseignant pour dégager les principes généraux,
les lois qui gèrent le monde. Ce faisant, elle a montré
qu'elle n'était pas compétente pour distinguer le vrai
du faux. Elle s'est donc disqualifiée pour toute démarche
qui vise la définition de la doctrine chrétienne.
Ce qui est plus gênant,
c'est qu'en appliquant cette constatation aux chrétiennes de
son époque, Paul fait de cette incompétence un atavisme
propre aux femmes en général. Cela encouragerait (mais
je le signale sous toutes réserves !) les conclusions de certains
psychologues qui distinguent l'intelligence intuitive des femmes, de
l'intelligence analytique des hommes comme deux formes d'intelligences
complémentaires. Autrement dit, les femmes seraient plus douées
pour la mise en œuvre que pour les belles théories !
C'est peut-être aussi
ce que montre la fin du passage. Car le rapport que Paul établit
entre une femme en particulier (Ève) et toutes les femmes en
général est sans doute la clef du dernier verset. En effet,
la dernière phrase est construite sur le même modèle.
Paul commence sa phrase par "elle sera sauvée" au singulier,
puis il continue par "si on persévèrent dans la foi",
au pluriel, ce qui pose d'ailleurs quelques sérieux problèmes
de syntaxe aux traducteurs !
L'explication que j'ai
retenue parmi une douzaine me semble la meilleure parce que la plus
sobre, mais rien ne prouve qu'elle soit la bonne. Cela n'interfère
d'ailleurs pas beaucoup sur le débat. Le début de la phrase
semble bien se rattacher à la culpabilité de la transgression
d'Ève. Dieu l'avait condamnée à "enfanter dans
la douleur", en même temps qu'Il condamnait le serpent à
se voir "écraser la tête" par la postérité
de la femme. Or, Paul enchaîne sur cet arrière plan biblique
en affirmant que la femme "sera sauvée par l'enfantement".
Quel peut être cet
enfantement qui sauve de la condamnation du "péché originel"
? Je ne trahirai sans doute pas la pensée de Paul si j'affirme
avec lui que : "lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé
son Fils, né d'une femme, né sous la loi, afin de racheter
ceux qui étaient sous la loi". (Galates 4:4). Dans la suite du
chapitre (Galates 4:21-31), Paul nous propose d'ailleurs une double
allégorie de l'ancienne et de la nouvelle alliance qui confirme
cette idée tout en lui conférant une autre dimension.
On peut donc considérer
que Paul opère une "translation d'idées" ou un "glissement
typologique", partant de Ève pour arriver à Marie ou,
si l'on préfère, partant de l'ancienne alliance pour arriver
à la nouvelle alliance. Dès lors, la logique de la phrase
retrouve une cohérence toute paulinienne car, de la même
manière que toutes les femmes de l'ancienne alliance furent englobées
dans la condamnation qui avait sanctionné la transgression d'Ève,
les femmes de la nouvelle alliance ont été pareillement
intégrées à la bénédiction engendrée
par le Fils de Marie. Pourvu bien sûr que, comme tout chrétien
digne de ce nom, "elles persévèrent dans la foi, dans
l'amour, dans la sanctification, avec modestie".
S'agissant plus particulièrement
des femmes, il est intéressant de rappeler que, sauvées
du péché, elles se trouvent aussi libérées
de la domination masculine. Pour ma part, j'estime que cette autre interprétation
du passage est inclue dans celle que j'ai retenue. Elle n'en est qu'une
dimension particulière.
3. L'anciennat féminin
a. La règle générale
A plusieurs reprises, j'ai
répété que tous les ministères sont ouverts
aux femmes, pourvus qu'ils ne deviennent pas l'occasion d'exercer une
autorité sur le mari. Je pense avoir montré que ce principe
spirituel est largement fondé et cohérent avec l'ensemble
de la révélation biblique.
J'ai reconnu qu'il existe
d'incontestables "contre-exemples" dans l'histoire d'Israël. On
peut penser à Myriam, Déborah, à Yaël, à
Esther et à d'autres femmes de tête, sans oublier les "aïeules"
de Jésus : Thamar, Ruth, Bath-Shéba, etc.. Mais rien n'indique
qu'elles avaient joué leur rôle en exerçant une
autorité quelconque sur des hommes, sinon leur pouvoir de séduction
- sciemment pour Yaël, Thamar et Esther; ou inconsciemment pour
Ruth et Bath-Shéba, bien que pour cette dernière, ce ne
soit pas très évident ! Myriam, pour sa part, fut frappée
de lèpre pour s'être prétendue l'égale de
son frère Moïse; quant à Déborah, elle ne
connut la notoriété qu'à corps défendant.
De même, le Nouveau
Testament ne manque pas de femmes merveilleuses : Marie bien sûr,
et les femmes qui accompagnaient Jésus. Puis Dorcas, Lydie, Phœbé,
Priscille, mais ici encore, rien ne prouve qu'elles aient exercé
une quelconque autorité sur leur mari ou sur les hommes de l'Église.
Dorcas, Lydie et Phœbé accomplirent un travail diaconal remarquable;
quant à Priscille, elle se montra la fidèle collaboratrice
de son mari Aquillas.
Même dans les rares
cas où ils dénoncent des carences masculines évidentes
(je songe à Déborah) ces exemples n'invalident donc pas
les principes divins, ce qui est logique, finalement, car en occupant
la place de son mari, une femme empêche ce dernier de tenir son
rôle, plutôt qu'elle ne l'aide à le faire. Il est
vrai, toutefois, que Dieu reste Maître souverain des lois qu'Il
a établies dans l'univers, et s'Il devait les suspendre en l'une
ou l'autre occasion, nous ne pourrions que nous soumettre à sa
sainte volonté.
Il est donc clair qu'en
principe "l'anciennat" n'est pas accessible aux femmes. Comme je viens
de le rappeler, un contre-exemple biblique ne prouverait rien, sinon
la pleine liberté de l'Esprit de Dieu. "L'anciennat" et le diaconat,
en effet, sont les deux charges les mieux circonscrites par le Nouveau
Testament. La première implique l'exercice d'une autorité,
la seconde s'exerce dans la soumission aux anciens, bien que le diaconat
n'exclue ni les responsabilités, ni les initiatives. Dès
lors, si l'Église primitive rend compte de l'existence de diaconesses,
on ne s'étonnera pas de l'absence de femmes "anciens" ou "épiscopes".
b. Les charges et la
pratique des dons
Mais avant d'examiner les
textes qui pourraient justifier les exceptions à la règle,
je voudrais apporter une précision concernant l'exercice des
"charges" et la pratique des "dons" dans l'église locale. En
effet, le fait que quelqu'un soit investi d'une charge précise
dans l'assemblée n'empêche pas qu'il exerce un don indépendant
de cette charge. C'est ainsi que l'on voit Etienne et Philippe, deux
diacres de l'église de Jérusalem, exercer avec fruit leurs
dons d'évangéliste. Le fait qu'il furent très officiellement
investis dans leur charge de diacre ne les a pas empêchés
d'exercer un ministère d'évangéliste. (Actes 6,
7 et 8)
A mon avis, rien ne s'oppose
formellement à ce que des femmes exercent des ministères
de la Parole, pourvu qu'elles ne prennent pas autorité sur l'homme.
On a déjà vu qu'elles pouvaient prophétiser dans
l'Eglise. Par contre à Césarée, bien que l'évangéliste
Philippe ait eu quatre filles qui prophétisaient, Dieu envoie
le prophète Agabus depuis la Judée pour révéler
à Paul sa mission. (Actes 21:8-14)
A côté de
la prière et de la prophétie, il existe bien d'autres
ministères de la Parole qu'une chrétienne pourrait exercer
en public sans prendre d'ascendant sur les hommes. On songe à
l'évangélisation bien sûr, mais aussi à l'édification
ou à l'exhortation. En fait, tout réside dans l'attitude
et la manière adoptée par la femme. Car ces ministères
peuvent s'exercer avec pudeur et modestie ou avec autorité et
arrogance. Sans doute est-ce là un bon moyen de discerner si
les dons viennent ou non de l'Esprit.
Comme on l'a vu, l'enseignement
pose plus de problème. En effet, la définition de la doctrine
que l'Eglise devra suivre relève clairement de l'exercice d'une
autorité. Surtout dans sa dimension apologétique, face
à l'hérésie. Oserais-je toutefois suggérer
que la transmission, sous le contrôle des anciens, d'un enseignement
expressément défini par leurs soins, pourrait être
confiée à une femme ? Dans ce cas précis, il ne
s'agirait pas d'exercer une autorité en dictant la ligne de conduite
que l'assemblée doit adopter en matière de foi. Mais il
serait plutôt question de faire preuve des qualités pédagogiques
nécessaires pour transmettre cette doctrine à l'assemblée,
doctrine définie par les anciens de la dite communauté
(1).
Paul affirme qu'il ne l'aurait
pas fait. Mais il vivait à une époque où les contraintes
sociales le lui interdisaient de toutes façons. A notre époque,
seules subsistent les contraintes spirituelles. Pour ma part, j'ai la
conviction qu'en le proposant aujourd'hui, je demeure fidèle
à l'esprit des principes auxquels Paul était si étroitement
attaché. Mais personne n'est obligé de me suivre sur ce
point particulier. Demeure tout le reste, auquel il me paraît
difficile de se soustraire, sans prolonger l'injustice dont les femmes
sont victimes depuis des siècles. Et de cela, il nous faudra
rendre compte à Dieu !
c. Les textes litigieux
Venons-en maintenant à
quelques textes litigieux, bien que sans grands mystères pour
qui se contente de voir ce qui s'y trouve.
Encore une fois, je ne
désire pas entrer dans une polémique stérile, en
pesant le pour et le contre de toutes les opinions en présence.
Mais mon respect de la Parole de Dieu m'oblige à dénoncer
comme spirituellement suicidaire la démarche qui consiste à
se fonder sur un "apax" (un mot présent une seule fois dans la
Bible) pour échafauder une théorie qui se trouve en porte-à-faux
total avec tout le reste de l'enseignement néo-testamentaire
traitant du même sujet.
1° Romains 16:1-2
"Je vous recommande
Phœbé, notre sœur qui est diaconesse de l'église de Cenchrée,
afin que vous la receviez dans le Seigneur, d'une manière digne
des saints. Mettez-vous à sa disposition (= Soyez là)
pour toute affaire où elle aurait besoin de vous, car elle est
venue en aide à beaucoup (= elle s'est montrée une protectrice,
une gouvernante pour beaucoup), et aussi à moi-même."
Se fondant sur ce passage,
certains n'hésitent pas à présenter Phœbé
comme une "femme-ancien" de l'église de Cenchrée, petit
port au sud de Corinthe. Toute leur argumentation repose sur le mot
"prostatis", qui n'apparaît qu'ici dans la Bible, et qui n'est
donc pas facile à traduire. Les tenants de cette thèse
le traduisent par "directrice" ou "présidente". Donc Phœbé
était "ancien" dans l'église.
La première réaction
de tout lecteur objectif, c'est de se demander pourquoi l'on veut absolument
faire de Phœbé une femme "ancien" alors que Paul la présente
expressément comme une diaconesse de l'église ? Même
en étant charitable, il est difficile de ne pas soupçonner
quelque mauvaise foi sous-jacente à ce raisonnement, car alors,
et de l'aveu même de l'apôtre, Phœbé aurait exercé
son "anciennat" sur Paul lui-même, ce qui demeure difficile à
concevoir !
Mais revenons au mot "prostatis".
Disons tout de suite que, s'agissant d'une femme, le mot se traduit
beaucoup mieux par "protectrice" ou "gouvernante". En effet, ces deux
fonctions rentrent beaucoup mieux dans le cadre des activités
d'une diaconesse, fut-elle de rang élevé.
"Prostatis - protectrice"
A l'époque de Paul,
ce mot avait un usage juridique précis. Dans son sens légal,
le terme désignait la personne qui acceptait d'apporter sa caution
à des étrangers privés de garanties juridiques.
Personne de haut rang, Phœbé avait sans doute eu l'occasion d'intervenir
auprès des autorités de la cité en faveur de certains
chrétiens de passage dont l'apôtre Paul.
Diaconesse de l'église,
Phœbé aurait ainsi joué le rôle de "représentante
légale" pour les chrétiens de passage. Cette explication
(que je dois à la T.O.B.), est séduisante. Il en existe
une autre qui ne l'est pas moins.
"Prostatis - gouvernante"
En grec comme en français,
l'usage d'un mot dans le langage courant peut être très
distant de sa racine. De plus, les mots peuvent changer de sens, en
changeant de genre. C'est ainsi que le rôle de la "gouvernante"
de Monsieur le Curé n'a pas grand-chose à voir avec celui
du "gouverneur" de la province : si l'intendance relève bien
du gouvernement, ce ne sont pas les intendants qui gouvernent pour autant.
Habituée à gérer une grande maisonnée, Phœbé
devait être parfaitement à l'aise pour gérer les
biens de l'église de Cenchrée, à supposer que l'assemblée
ne se réunisse pas chez elle, ce qui serait encore plus vraisemblable
à cette époque.
De toutes façons,
en tant que diaconesse, Phœbé était tout à fait
dans son rôle, comme "hôtesse" ou "intendante" de l'église.
Dès lors, c'est à elle que revenait la responsabilité
de l'accueil et de l'hébergement des chrétiens de passage.
Hospitalité dont Paul lui-même avait dû bénéficier.
En recommandant Phœbé aux bons soins des chrétiens de
Rome, Paul ne fait rien d'autre que de lui "renvoyer l'ascenseur", sans
doute moins par galanterie, que par charité chrétienne.
"Prostatis - directrice
- présidente"
Comme je l'ai déjà
dit, en tant que diaconesse on ne voit pas Phœbé diriger l'église
de Cenchrée. Sinon dans les tâches matérielles,
ce qui expliquerait la recommandation de Paul de se tenir à sa
disposition. Cette exhortation n'implique d'ailleurs aucune soumission
particulière de la part des chrétiens de Rome, mais simplement
leur aide fraternelle. Mais de toutes façons, cela ramène
au cas de figure précédent.
Tout ceci m'incite à
ramener encore une fois l'attention sur la nécessité de
ne pas confondre la "charge" ou le "titre" d'une personne (diaconesse)
avec les "ministères" ou les "fonctions" qui en découlent
(protectrice, gouvernante) ou encore avec les fonctions que la personne
pourrait être appelée à exercer en dehors de sa
charge (évangéliste, par exemple).
2° 1 Timothée
5:1-2
"Ne réprimande
pas rudement le vieillard (= l'ancien), mais exhorte-le comme un père,
les jeunes hommes comme des frères, les femmes âgées
(= les anciennes) comme des mères, les jeunes comme des sœurs,
en toute pureté."
3° Tite 2:2-3
"Dis que les vieillards
(= les vieux) doivent être sobres, respectables, sensés,
sains dans la foi, dans l'amour, dans la patience. Dis que les femmes
âgées (= les vieilles, les "vieillardes") doivent aussi
avoir l'extérieur qui convient à la sainteté."
Ces deux passages seraient
la preuve de l'existence de femmes "anciens" dans l'Eglise primitive,
et non seulement de femmes "âgées" ! Ici encore, l'argumentation
s'appuie sur deux mots qui n'apparaissent chacun qu'une seule fois dans
la Bible.
Cela permet une interprétation
qui n'a pas d'autres références que ses propres convictions.
C'est le principe même du raisonnement circulaire : on part de
ce que l'on suppose pour démontrer ce que l'on croit. Mais la
Parole de Dieu ne nous laisse pas aussi démunis qu'il n'y paraît.
Il faudra toutefois faire l'effort de considérer tous les mots
apparentés, ce qui risque d'être un peu fastidieux.
"Presbytis - vieillarde"
(Tite 2:2-3)
Le mot "presbytès"
est toujours employé dans le sens de "vieillard", "vieux", "homme
âgé". Il apparaît trois fois : dans Luc 1:18, Philémon
9 et dans Tite 2:2-3 où il est associé à son féminin
"presbytis" qui se traduit naturellement par "vieillarde", "femme âgée".
Il n'y a donc aucun indice qui autoriserait de traduire ce mot par "ancienne"
ou femme "ancien", ni dans le vocabulaire ni dans le contexte.
"Presbytéra - ancienne"
(1 Timothée 5:1-2)
Le mot "presbytéros"
signifie "ancien", "aîné" ou "vieillard", selon le contexte.
Il apparaît trois fois dans le sens de "vieillard", "homme âgé"
: dans Jean 8:9, Actes 2:17, et dans 1 Timothée 5:1-2 où
il est associé à son féminin "presbytéra"
que les traducteurs rendent généralement par "femme âgée";
bien qu'en théorie, on puisse effectivement le traduire par "ancienne".
"Presbytéros" apparaît
encore une fois avec le sens de "aîné" dans Luc 15:25 et
soixante-deux fois avec le sens "d'ancien". Dans ce dernier cas, c'est
toujours comme un titre honorifique que le mot est employé. (33
fois comme "anciens" chez les juifs, 19 fois comme "anciens" de l'Église
chrétienne et 12 fois pour le 24 "anciens" ou "vieillards" de
l'Apocalypse.)
Pour revenir à 1
Timothée 5:1-2, le mot "presbytéros" est généralement
traduit par "vieillard" car on voit mal le jeune Timothée réprimander
rudement "l'ancien" d'une église tandis que "le vieillard" s'entend
très bien dans son sens générique. Tout naturellement,
on traduit aussi "presbytéra" par "femmes âgées",
d'autant plus que Paul enchaîne au verset suivant en parlant d'une
catégorie particulière de femmes âgées :
les veuves.
Encore une fois, il faut
mettre beaucoup de bonne (ou de mauvaise) volonté pour voir dans
ce passage une allusion à des femmes "anciens" qui de plus, seraient
étrangement majoritaires au sein d'un collège ne comptant
qu'un unique ancien masculin ! La plus grande prudence s'impose donc
quand on voit violenter un texte biblique pour le faire "collaborer"
de force à une théorie qui ne se trouve nulle part ailleurs
dans la Bible. D'autant que les textes qui suivent sont eux aussi l'objet
des mêmes mauvais traitements.
4° Romains 16:3
"Saluez Prisca et Aquilas,
mes compagnons d'œuvre en Christ-Jésus."
Ici, Paul désignerait
Prisca et Aquilas comme des apôtres ou, du moins, comme des responsables
jouissant de la même autorité que lui, ce qui nous offrirait
l'exemple d'une femme "ancien", voire même "apôtre". Une
fois encore, c'est faire peu de cas du vocabulaire utilisé par
Paul, même si certaines nuances ne sont pas toujours rendues dans
le texte français. Car parmi ses "compagnons d'œuvre" l'apôtre
distingue ses "collaborateurs" et ses "collègues".
"Synergos - collaborateur"
(Romains 16:3 et 9)
Dans ce chapitre, consacré
à saluer diverses personnes, Paul emploie deux fois le mot "synergos".
Ce mot apparaît treize fois dans le Nouveau Testament, toujours
avec le même sens de "compagnon de travail", "collaborateur".
Ce vocable implique que l'on travaille ensemble certes, mais pas forcément
pour faire le même travail.
"Syzygos - collègue"
(Romains 16:21)
Un peu plus loin dans le
même passage, mais s'agissant de Timothée cette fois, Paul
emploie le mot "syzygos" qui signifie "compagnon d'attelage", "collègue".
La différence saute aux yeux car ce vocabulaire est toujours
réservé aux personnes qui font le même travail ensemble.
Paul établit d'ailleurs la même distinction dans Philippiens
4:3.
En matière d'exégèse,
il semble qu'originalité rime souvent avec légèreté.
Dans ce texte en effet, rien ne permet d'assimiler Prisca, la collaboratrice
de Paul, à une femme "apôtre" ou "ancien" pour en faire
sa collègue.
5° Romains 16:7
"Saluez Andronicus et
Junias, mes parents et mes compagnons de captivité, qui sont
très estimés parmi les apôtres et qui, même,
ont appartenu à Christ avant moi."
Il semblerait que voici
enfin la preuve qu'il y avait des femmes "apôtres" dans l'Eglise
primitive. Au moins une, en tous cas, puisque Paul range Junias "au
premier rang parmi les apôtres". Du moins est-ce ainsi que certains
interprètent ce passage. Encore faudrait-il prouver que "Junias"
ou "Junia" (les deux formes sont attestées dans les manuscrits)
est bien une femme ! D'après F.F. Bruce, il pourrait très
bien s'agir d'un homme. Il paraît donc hasardeux d'échafauder
une doctrine aussi définitive sur une base aussi fragile. Mais
admettons que Junias soit une femme.
"Episèmos - remarqué"
(Romains 16:7)
Le mot "épisèmos"
(= qui se fait remarquer, qui se distingue) vient du verbe "sèmainô"
(= signifier, faire connaître) qui vient lui-même de "sèma"
(= la marque). D'ailleurs, le mot "épisèmos" désignait
aussi la figure emblématique qui se trouvait sur la proue des
navires, sur les boucliers ou sur les pièces de monnaie. C'est
donc un signe distinctif. Ce mot est employé une autre fois en
Matthieu 27:16 sous sa forme "épisèmon" pour qualifier
Barabbas, "un prisonnier fameux". Le sens du mot tourne donc autour
de la notion de "notoriété" et non autour de la notion
de "rang". Cette renommée pouvant d'ailleurs être aussi
bien flatteuse que coupable !
En français, la
traduction "au premier rang parmi les apôtres" est donc pour le
moins malencontreuse car elle laisse entendre qu'Andronicus et Junias
étaient "remarquables", "estimables" parmi ou "entre" les apôtres,
alors que Paul affirme qu'ils étaient "remarqués", "estimés"
parmi ou "aux yeux" des apôtres. La nuance est de taille. Dès
lors, l'interprétation qui place "Junias au nombre des apôtres"
relève tout simplement d'une traduction malheureuse. Ce n'est
pas le sens de la phrase.
Comme chacun aura pu le
constater, quand on regarde d'un peu plus près les textes présentés
comme les "preuves bibliques de l'anciennat féminin", toute l'argumentation
s'évapore comme la brume au soleil. On pouvait s'y attendre,
la Bible ne se contredisant jamais qu'en apparence.
Mais je ne m'en réjouis
pas. Je l'ai déjà dit, a priori, je n'étais ni
pour ni contre, mais seulement désireux de circonscrire le plus
exactement possible l'enseignement que le Seigneur nous a laissé
dans sa Parole au sujet de cette question épineuse. D'ailleurs,
ce que j'ai fait ressortir du texte biblique risque de déplaire
aux uns comme aux autres. Mais, sans doute, est-ce le prix de l'objectivité.
4. Les femmes sans
homme
J'ai déjà
signalé que dans la Bible, la femme est toujours placée
sous l'autorité ou la protection d'un homme. Dans l'Ancien Testament,
cette autorité impliquait la tutelle légale du père,
du mari ou du fils aîné, si bien que la femme n'était
jamais considérée comme majeure sur le plan juridique.
Il en était de même dans le domaine religieux, puisqu'elles
ne pouvaient pas participer au culte de la synagogue et que, dans le
temple de Jérusalem, un parvis leur était réservé.
Dans le cadre du Nouveau
Testament, la femme demeure sous l'autorité du père, du
mari ou du fils aîné, mais dans l'égalité
retrouvée avec l'homme. La femme n'a plus à subir la domination
de quiconque et, une fois mariée, elle échappe à
la tutelle paternelle pour entrer sous la protection de son mari comme
une partenaire à part entière. Cela est vrai dans le domaine
spirituel, mais aussi sur le plan juridique, dans la mesure où
les lois du pays le permettent.
Veuve, la femme se place
en principe sous la protection de son fils aîné auquel
revient la responsabilité d'entretenir sa mère, car à
cette époque, il n'est évidemment pas question de pension
ou d'autres droits sociaux. Mais il est du devoir de tous les enfants
et petits-enfants "d'apprendre à exercer la piété
envers leur propre famille et à payer de retour leurs parents
car cela est agréable à Dieu." D'ailleurs, "si quelqu'un
n'a pas soin des siens, surtout de ceux de sa famille, il a renié
la foi et il est pire qu'un infidèle" (1 Timothée 5:4
et 8).
Comme on le voit dans l'Eglise
primitive, la femme chrétienne se trouve toujours sous la protection
d'un homme envers qui elle a un devoir de soumission, avec des nuances,
bien sûr. La jeune fille doit obéissance à son père,
la femme mariée est soumise à son mari, la veuve se trouve
dans la dépendance de son fils aîné. Du reste, il
convient aussi de relativiser l'autorité dont elles sont l'objet
puisqu'elle a respectivement pour référence : l'amour
du Père pour ses enfants, l'amour du Christ pour son Église
ou l'amour de Jésus pour son Père Céleste. Trois
catégories de femmes échappent cependant à la règle
générale :
- les veuves sans famille;
- les célibataires;
- les femmes mariées
à des incroyants.
a. Les veuves sans famille
1 Timothée 5:3-16:
"Honore les veuves,
les vraies veuves. Celle qui, vraie veuve, est demeurée dans
l'isolement, a mis son espérance en Dieu, et persévère
nuit et jour dans les requêtes et les prières. Qu'une veuve,
pour être inscrite sur la liste, n'ait pas moins de soixante ans,
qu'elle ait été la femme d'un seul mari, qu'elle soit
connue comme ayant élevé des enfants, exercé l'hospitalité,
lavé les pieds des saints, secouru les malheureux, et recherché
toute œuvre bonne. Mais refuse les jeunes veuves [...]. Je veux qu'elles
se marient [...]. Si quelque croyante (ou croyant) a des veuves (chez
elle), qu'elle les assiste et que l'Église n'en ait pas la charge,
afin de pouvoir assister celles qui sont de vraies veuves."
De toute évidence,
les premières églises chrétiennes ont eu à
cœur le sort des veuves sans familles ou abandonnées de leur
famille. D'après les instructions que Paul donne à Timothée,
il semble même que cette aide soit déjà bien structurée
et fasse l'objet d'une "sélection" soumise à des critères
très sérieux.
Il faut non seulement que
les veuves soient de "vraies" veuves, c'est-à-dire sans aucun
soutien familial, mais il faut aussi qu'elles aient fait leurs preuves
dans l'assemblée. Dès lors, c'est l'église locale
qui se substitue aux enfants absents pour "les payer de retour". Les
exigences dont elles sont l'objet sont assez semblables aux recommandations
que Paul adresse aux "femmes âgées" dans Tite 2:3-5. Mais
ici, le contexte semble sous-entendre que pour bénéficier
du soutien de l'Eglise les veuves doivent se mettre au service de Christ
au travers d'un engagement de foi.
Bien qu'il ne soit pas
explicitement question de "vœux", certains commentateurs ont avancé
l'idée que la "liste" ou le "rôle" où sont inscrites
les "vraies veuves" serait une sorte "d'ordre de diaconesses" engagées
au service de la communauté, sous la responsabilité des
anciens ou peut-être des diacres de l'Eglise. Les veuves ainsi
"honorées", c'est-à-dire prises en charge par l'assemblée,
on peut imaginer que c'est le collège des anciens qui prend la
place vacante du fils aîné.
b. Les jeunes filles
Comme je l'ai déjà
montré, dans la Bible, une femme passe nécessairement
de "la maison de son père" dans celle de son mari. Avant leur
mariage, les jeunes filles sont donc tenues de se soumettre à
leurs parents comme tous les enfants sont invités à le
faire, tant qu'ils sont sous leur tutelle.
1° Colossiens 3:20
"Enfants, obéissez
en tout à vos parents, car cela est agréable dans le Seigneur".
2° Éphésiens
6:1-4
"Enfants, obéissez
à vos parents (selon le Seigneur), car cela est juste. "Honore
ton père et ta mère - c'est le premier commandement accompagné
d'une promesse - afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps
sur la terre". Et vous pères, n'irritez pas vos enfants, mais
élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur".
Paul demande tout particulièrement
aux pères de ne pas exercer sur leurs enfants le despotisme qui
était fréquent dans les habitudes de cette époque,
car le père chrétien doit manifester envers ses enfants
le même amour que le Père Céleste pour les siens.
Généralement,
les jeunes filles se mariaient très jeunes, peu après
"l'âge nubile", ou plus exactement, leurs pères les mariaient
selon leur bon plaisir. Mais, bien qu'il ne la dénigre pas, Paul
ne semble pas encourager une coutume qui fait abstraction de l'avis
de la jeune fille. D'ailleurs, l'opinion qu'il donne avec moult précautions
oratoires semble surtout concerner une époque de persécutions.
3° 1 Corinthiens 7:25-38
"Voici donc ce que j'estime
bon, à cause des calamités (ou : des nécessités)
présentes [...]. Dans le cas où la vierge se marierait,
elle ne pécherait pas. Mais ces personnes auront des afflictions
dans la chair. Or moi, j'use de ménagement à votre égard
[...]. La femme sans mari, comme la vierge, se soucie des choses du
Seigneur, afin d'être sainte de corps et d'esprit; et celle qui
est mariée s'inquiète des choses du monde, des moyens
de plaire à son mari [...]. Si quelqu'un estime déshonorant
pour sa (fille) vierge de dépasser l'âge nubile et qu'il
doive en être ainsi, qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche
pas. Qu'on se marie. Mais celui qui tient ferme en lui-même (=
en son cœur), sans contrainte et avec l'exercice de sa propre volonté,
et qui a décidé en son cœur de garder sa (fille) vierge,
celui-là fait bien. Ainsi, celui qui donne sa (fille) vierge
en mariage fait bien, celui qui ne la donne pas fait mieux".
Tout ce passage peut aussi
se comprendre comme le dilemme qui se pose à un homme fiancé
d'épouser (= de marier) sa fiancée (= sa vierge) ou pas;
ou encore, de consommer le mariage ou non, mais ce n'est pas l'interprétation
la plus courante !
c. Les célibataires
et les jeunes veuves
Évidemment, tous
ces textes parlant d'une enfant sous l'autorité paternelle ne
rendent pas compte de la situation des femmes célibataires qui,
de nos jours, mènent une vie libre de toute autorité masculine.
Quelle doit être leur attitude dans l'assemblée ?
A première vue,
puisqu'elles ne sont soumises à l'autorité d'aucun homme,
elles ne risquent pas d'exercer une autorité illicite sur leur
père, leur mari ou leur fils aîné en exerçant
un ministère d'autorité dans l'Eglise. Bien que la question
relève d'une casuistique quelque peu suspecte, je ne voudrais
pas la laisser en suspens.
Personnellement, il me
semble que la situation des femmes célibataires d'aujourd'hui
relève des conseils donnés aux jeunes veuves. En effet,
comme les célibataires modernes, ces femmes ne sont ni sous l'autorité
d'un père ni sous l'autorité d'un mari.
1° Romains 7:1-3
"Ainsi, une femme mariée
(= en puissance de mari) est liée par la loi à son mari
(= au mari) tant qu'il est vivant. Mais si le mari meurt, elle est dégagée
de la loi qui la liait à son mari (= de la loi du mari). Si donc,
du vivant de son mari, elle devient la femme d'un autre homme, elle
sera appelée adultère. Mais si le mari meurt, elle est
libérée de la loi. Elle n'est donc pas adultère
en devenant la femme d'un autre."
2° 1 Corinthiens 7:7-9
"Je voudrais que tous
les hommes soient comme moi. Mais chacun tient de Dieu un don (= un
charisme) particulier, l'un d'une manière, l'autre d'une autre.
A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu'il leur
est bon de rester comme moi. Mais s'ils manquent de continence (= s'ils
ne se dominent pas), qu'ils se marient. Car il vaut mieux se marier
que de brûler".
3° 1 Corinthiens 7:39-40
"Une femme est liée
aussi longtemps que son mari est vivant. Mais si le mari est décédé
(= s'endort), elle est libre de se marier à qui elle veut. Seulement,
que ce soit dans le Seigneur. Néanmoins, elle sera plus heureuse,
à mon avis, si elle demeure comme elle est. Or moi aussi, je
pense avoir l'Esprit de Dieu".
4° 1 Corinthiens 7:35
"Je dis cela dans votre
intérêt. Ce n'est pas pour vous rendre un piège
(= pour jeter un filet sur vous), c'est pour vous porter à ce
qui est bienséant et propre à vous attacher au Seigneur,
sans tiraillement".
5° 1 Timothée
5:11-15
"Mais (pour être
inscrites sur la liste des veuves), refuse les jeunes veuves. Car lorsque
leurs désirs les détachent du Christ, elles veulent se
marier, et se rendent coupables en ce qu'elles ont annulé (=
violer) leur premier engagement (= leur première foi). Avec cela,
étant oisives, elles apprennent à aller de maison en maison.
Elles ajoutent à l'oisiveté le bavardage et l'intrigue,
en parlant de choses dont elles ne doivent pas parler. Je veux donc
que les jeunes se marient, qu'elles aient des enfants, qu'elles dirigent
leur maison, afin de ne donner à l'adversaire aucune occasion
de médire. Car déjà quelques-unes se sont détournées
pour suivre Satan".
6° 2 Thessaloniciens
3:10-12
"Lorsque nous étions
chez vous, nous vous recommandions déjà ceci : Si quelqu'un
ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. Or nous apprenons
que certains d'entre vous vivent dans le désordre, et qu'au lieu
d'agir, ils s'agitent (= ne faisant rien, mais s'affairant à
des choses inutiles). Nous invitons ces gens-là, et nous les
exhortons par le Seigneur Jésus-Christ à travailler paisiblement
et à manger leur propre pain".
7° 1 Timothée
2:8-10
"Je veux donc que les
hommes prient en tous lieux, en élevant des mains pures, sans
colère, ni contestation. De même aussi, que les femmes,
vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie
se parent, non pas de tresses ou d'or ou de perles ou de toilettes somptueuses,
mais d'œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui font
profession de piété".
A première vue,
les propos de Paul, lorsqu'on les compare, paraissent manquer de cohérence.
Aux veuves de Corinthe, il recommande le célibat, et à
Timothée il demande de les encourager à se remarier. En
fait, Paul exprime les trois éléments complémentaires
qu'il faut prendre en considération, lors des recommandations
adressées aux jeunes veuves et aux célibataires :
- Le célibat et
le veuvage permettent de se consacrer à plein temps pour le Seigneur
et au service de l'Eglise. C'est là un avantage qu'il faut s'efforcer
de préserver.
- Les chrétiens
en général, et les jeunes veuves en particulier, doivent
veiller à ne pas devenir une charge pour leur communauté.
- En conséquence,
il vaut mieux se marier, ou se remarier, que de "brûler" ou que
d'être un fardeau pour l'Eglise.
Aux Corinthiens, Paul présentait
surtout les avantages du célibat en recommandant toutefois de
se marier à ceux qui manquent de continence. A Timothée,
il fait valoir qu'intégrer les jeunes veuves dans la liste présente
le danger de les voir délaisser l'engagement qu'elles auront
pris envers Christ et la communauté en échange de son
soutien. Car ces jeunes femmes ont déjà des habitudes
conjugales et il faut s'attendre à ce qu'elles cherchent à
les perpétuer avec un autre homme. D'un autre côté,
si elles sont prises en charge sans avoir la responsabilité d'une
famille elles risquent de devenir oisives et de tomber dans le péché.
Dès lors, la logique
de Paul, tout emprunte de pragmatisme et de bon sens, apparaît
dans toute son évidence. La règle générale,
c'est qu'il est préférable de rester veuve ou célibataire.
Mais il vaut mieux se marier que de tomber dans le péché
ou que d'être à charge de la communauté.
Sans doute est-ce par réaction
contre "la mortification de la chair" propre à l'Eglise catholique,
mais dans nos milieux protestants on parle peu des avantages du célibat,
notamment au niveau du gain de temps pour le service divin. En général,
la disponibilité pour le service y est plutôt associée
au fait de ne pas devoir travailler pour assurer ses propres besoins,
ce qui encourage la prise en charge par l'Eglise de serviteurs ou de
servantes "à plein temps". Certes, les deux points de vue sont
attestés par Paul lui-même. D'une part, il rappelle que
"celui qui prêche l'Évangile" a le droit de "vivre de l'Évangile".
Mais d'autre part, il se fait un point d'honneur de "renoncer à
ce droit" ! (1 Corinthiens 9:14,15) Quoi qu'on en pense, il est donc
évident que du point de vue de Paul, il vaut mieux trouver du
temps disponible dans le célibat, plutôt que de se marier
en étant à charge d'une église. C'est pourquoi,
les célibataires ne devraient plus faire aucun complexe dans
l'Eglise, du seul fait de leur état, puisque celui-ci est spirituellement
enviable.
Personnellement, si je
n'ai pas reçu en partage le même "charisme" que Paul, je
peux confirmer que bien s'occuper de sa famille requiert et consomme
plus de temps que de travailler à sa propre subsistance. Et même
si je ne regrette rien du temps consacré aux miens, je ne peux
oublier le témoignage d'une vieille demoiselle qui, partie très
jeune en mission, avait perdu toute opportunité de se marier.
A l'instar de l'apôtre Paul, elle se réjouissait cependant
des nombreux enfants qu'elle avait engendrés en Christ et dont
elle jouirait toute l'éternité. (1 Corinthiens 4:15)
Mais revenant à
la question de l'éventuelle "soumission" des femmes célibataires
dans l'Eglise, il me faut bien admettre que la Bible n'en parle pas
directement. C'est normal puisque à cette époque le problème
ne se posait pas vraiment. Cependant, dans l'église locale elles
se trouvent sous l'autorité spirituelle des anciens comme tout
un chacun.
D'un autre côté,
si ma suggestion de les assimiler aux "jeunes veuves" s'avère
légitime, il paraît raisonnable de leur demander de témoigner
également de la soumission aux anciens, au travers de l'attitude
adoptée pour exercer leurs dons au sein de la communauté.
D'autant plus que les responsabilités auxquelles Paul se réfère
concernant les veuves relèvent plutôt de tâches diaconales.
d. Les chrétiennes
mariées à des incroyants
Il s'agit bien entendu
de mariages qui ont précédé la conversion de l'épouse
sans que le mari ne partage la foi nouvelle de sa femme. Ces chrétiennes
se trouvent dans une situation particulièrement délicate,
puisque à l'église elles ont retrouvé la liberté
en Christ et qu'à la maison elles sont toujours sous la loi du
péché et de leur mari. Cela suffirait à expliquer
pourquoi les chrétiens sont appelés à "se marier
dans le Seigneur" (1 Corinthiens 7:39).
La logique de tout ce que
j'ai déjà exposé va présider aux recommandations
des apôtres. Les chrétiennes devront tout faire pour amener
leur mari à Christ, mais sans leur imposer leur liberté
nouvelle. Autant dire qu'elles "marchent sur des œufs" !
1° 1 Pierre 3:1-6
"Vous de même,
femmes, soyez soumises chacune à votre mari, afin que même
si quelques-uns n'obéissent pas à la parole, ils soient
gagnés sans paroles, par la conduite de leur femme, en voyant
votre conduite pure et respectueuse (= dans la crainte) [...]. N'ayez
pas pour parure ce qui est extérieur mais la parure cachée
du cœur, la parure personnelle inaltérable d'un esprit doux et
tranquille. Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient
en Dieu, soumises à leur mari, telle Sara qui obéissait
à Abraham et l'appelait son seigneur. C'est d'elle que vous êtes
devenues les descendantes, si vous faites le bien, sans vous laisser
troubler par aucune crainte."
Bien que Pierre commence
par s'adresser à toutes les chrétiennes, il se tourne
plus particulièrement vers celles dont le mari n'est pas converti.
Dès lors, ses recommandations relèvent du bon sens. Car
à la maison, ces chrétiennes sont toujours sous le régime
de l'ancienne alliance. Elles se trouvent dans la même situation
que les femmes de l'Ancien Testament qui aspiraient à la libération
de la domination du mari mais qui, en attendant, portaient leur joug
avec patience et surtout avec foi.
L'exemple de Sara "obéissant"
à Abraham et l'appelant son "seigneur" me semble donc limité
aux épouses de maris incroyants. S'il a servi de prétexte
au despotisme exercé par certains croyants sur leur épouse,
c'est suite à une exégèse de ce verset, bien trop
superficielle, complaisante et coupable.
2° 1 Corinthiens 7:13-17
"Si une femme a un mari
non-croyant, et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle ne
répudie pas (ou : qu'elle n'abandonne pas) son mari. Car le mari
non-croyant est sanctifié (= tenu pour saint) par la femme autrement
vos enfants seraient impurs, tandis qu'en fait, ils sont saints. Si
le non-croyant se sépare ("chorizô" = s'éloigner),
qu'il se sépare (= qu'il s'éloigne), la sœur n'est pas
liée ("douloô" = asservir) en pareil cas. Dieu nous a appelés
à (vivre) dans la paix. En effet, comment savoir, femme, si tu
sauveras ton mari ? Seulement, que chacun marche selon la part que le
Seigneur lui a faite, selon l'appel qu'il a reçu de Dieu."
Le verbe "chorizô"
signifie "se séparer, s'éloigner", mais comme en français
cela ne signifie pas forcément "divorcer". Le verbe "douloô"
a la même racine que le mot "esclave". Il est donc mieux traduit
par "asservir" que par "lier". En 1 Corinthiens 7:27, le verbe "déô"
qui signifie vraiment "lier" apparaît deux fois.
Une bonne compréhension
de ce passage nécessite un bref rappel de ce qui précède,
notamment au chapitre six où Paul a énoncé les
trois principes qui définissent le cadre du mariage dans la nouvelle
alliance :
1° La sensualité
est un esclavage. (6:12)
2° Par la conversion, le
corps du croyant devient le temple du Saint-Esprit. (6:17)
3° La finalité du
corps est spirituelle. (6:13, 20)
Dès lors, se pose
le problème de l'opportunité du mariage pour les chrétiens
et l'on peut facilement deviner les questions auxquelles l'apôtre
va répondre au chapitre sept :
1° Avoir des rapports sexuels,
même dans le cadre du mariage, n'est-ce pas sombrer dans la sensualité
?
2° Comment accepter qu'un
non-croyant exerce une autorité quelconque sur le corps de son
conjoint croyant, si celui-ci est le temple du Saint-Esprit ?
3° Le corps du croyant
étant devenu le temple de Dieu, il vaut sans doute mieux ne pas
se marier pour le consacrer à un usage uniquement spirituel ?
C'est la réponse
de Paul à la deuxième question qui nous intéresse
ici, dont le contenu concernant les femmes se trouve dans le passage
ci-dessus. Tout d'abord, il rappelle la règle énoncée
par Jésus Lui-même, sur l'indissolubilité du mariage
: il n'appartient pas au croyant de répudier son conjoint inconverti
ou de le quitter et donc d'engager une procédure de divorce.
(Le verbe "afièmi" veut dire "laisser", il signifie donc aussi
bien "abandonner" que "répudier").
Ensuite, Paul explique
que les relations sexuelles ne souillent pas le temple de Dieu quand
elles sont légitimes, c'est à dire quand elles se pratiquent
dans le cadre du mariage. (Alors qu'en 6:15-17, il avait affirmé
qu'une sexualité illégitime était un blasphème
contre le temple de Dieu). Mais dans ce cas, Dieu "tient pour saint"
le mari inconverti, du moins, en ce qui concerne la sexualité
car, pour le reste, il lui faudra bien se convertir s'il veut devenir
un "saint" dans le plein sens du terme.
En fait, c'est la sexualité
du couple qui est "sanctifiée" aux yeux de Dieu, de telle sorte
que le fruit de leurs rapports est pur. Leurs enfants ne seront en aucun
cas les "fruits du péché". (Comme c'était le cas,
par exemple, pour le premier enfant de David et de Bath-Shéba).
Enfin, Paul envisage la
possibilité d'un mari incroyant qui ne supporte pas la conversion
de sa femme ni sa vie nouvelle en Christ, en supposant qu'elle suive
aussi les conseils de Pierre. Si c'est lui qui prend l'initiative de
la séparation, Paul déclare que la femme n'est plus tenue
de subir les contraintes de cet "asservissement". La femme ne peut donc
forcer son mari à rester avec elle, mais elle doit suivre une
ligne de conduite paisible et conciliante, sachant que les disputes
n'ont jamais amené personne à la conversion.
Car le salut de son mari
doit demeurer un objectif prioritaire pour elle, même si elle
n'en a pas l'assurance absolue. Dans cette perspective, et dans la mesure
de sa foi, rien n'empêche qu'elle fasse sienne la recommandation
adressée à toutes les chrétiennes : "Que la femme
ne se sépare pas de son mari. Si elle est séparée,
qu'elle demeure sans se marier ou qu'elle se réconcilie avec
son mari" (7:10-11).
3° 1 Corinthiens 7:18-24
"Quelqu'un a-t-il été
appelé étant circoncis, qu'il demeure circoncis. Quelqu'un
a-t-il été appelé étant incirconcis, qu'il
ne se fasse pas circoncire. La circoncision n'est rien, et l'incirconcision
n'est rien, mais c'est l'observation des commandements de Dieu (qui
compte). Que chacun demeure dans l'état où il était
lorsqu'il a été appelé. As-tu été
appelé en étant esclave, ne t'en inquiète pas.
Mais si tu peux devenir libre, profites-en plutôt. Car l'esclave
qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi
du Seigneur. De même, l'homme libre qui a été appelé
est un esclave de Christ.
Vous avez été
rachetés à un (grand) prix. Ne devenez pas esclaves des
hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état
où il était lorsqu'il a été appelé."
On pourrait se demander
ce que viennent faire ces versets parlant de la circoncision et de l'esclavage
au milieu d'un chapitre traitant du mariage. Mais quand on mesure l'ambiguïté
de la situation dans laquelle se trouve une croyante mariée à
un incroyant, ou l'inverse, on peut comprendre que Paul ait éprouvé
le besoin d'éclairer par deux illustrations, ce qu'il considère
comme une règle d'or : "Que chacun demeure devant Dieu, dans
l'état où il était, lorsqu'il a été
appelé". (7:24)
1° L'exemple de la circoncision
(1 Corinthiens 7:18-20)
Cette image montre bien
la nécessité de distinguer le temporel du spirituel. En
effet, ce n'est pas la circoncision (cette petite opération chirurgicale
au niveau de l'organe génital mâle) qui change quoi que
ce soit à la relation du croyant avec Dieu. Car ce qui importe,
c'est sa soumission aux principes spirituels contenus dans la Parole.
De la même façon, ce ne sont pas les relations sexuelles
entre époux qui peuvent compromettre la relation spirituelle
du croyant avec Dieu. Le péché est lié au caractère
illégitime de ces relations : adultère, fornication, homosexualité,
etc.
2° Le paradoxe de l'esclavage
(1 Corinthiens 7:21-24)
Cet exemple va montrer
que tout statut présente des avantages et des inconvénients.
Car le croyant qui est esclave d'un maître, selon la chair, est
affranchi du péché, en Jésus-Christ. En revanche,
le chrétien qui est socialement un affranchi est esclave de Christ
dans le domaine spirituel. De la même façon, celui qui
est prisonnier de ses obligations conjugales se trouve malgré
tout exempté de certaines tentations d'ordre sexuel. Tandis que
le célibataire, qui est libre de toute contrainte conjugale,
risque de devoir affronter des tentations épargnées aux
gens mariés.
Personne n'est obligé
de partager l'interprétation que je propose ici pour ces deux
illustrations. J'ai cependant la faiblesse de penser qu'elle s'inscrit
parfaitement dans la logique du développement de Paul. J'y vois
un double encouragement pour la femme chrétienne à demeurer
avec son mari inconverti car :
1° Elle ne risque ni péché,
ni souillure en ayant des relations avec son mari.
2° Elle doit apprendre
à assumer par la foi, la situation qui est la sienne, aussi inconfortable
soit-elle.
Bien sûr, ces deux
choses valent aussi pour les hommes mariés à des inconverties.
Autrement dit : "Que chacun (chacune) marche selon la part que le Seigneur
lui a faite, selon l'appel qu'il (ou qu'elle) a reçu de Dieu".
(7.17) Dès lors, oserais-je suggérer que par la foi, une
femme dont le mari n'est pas encore chrétien doit se conduire
dans l'Eglise comme s'il s'y trouvait déjà ? En tous cas,
quel gage extraordinaire de confiance en Dieu, ce serait !
V. CONCLUSIONS
Dans le Nouveau Testament,
je ne vois aucun élément déterminant qui permette
de distinguer les hommes des femmes dans la distribution des dons spirituels
à l'Eglise par le Saint-Esprit. A priori, tous les ministères
sont donc ouverts aux femmes chrétiennes. En revanche, les relations
entre hommes et femmes font l'objet de directives précises, motivées
par des raisons d'ordre spirituel bien plus que culturel. Il en résulte
une incontestable restriction de l'autorité que les femmes pourraient
exercer sur les hommes, aussi bien dans l'Eglise que dans leurs foyers.
En conséquence,
la question de savoir si les femmes peuvent ou non exercer tous les
ministères m'apparaît comme un faux problème. "A
mauvaise question, mauvaise réponse !" Le fond du problème
ne concerne pas les dons qui seraient refusés aux femmes, mais
bien les relations établies par Dieu entre les hommes et les
femmes.
La vraie question est donc
de définir l'interférence de ces relations sur les ministères
respectifs des femmes et des hommes. Car une fois ces rapports établis,
les chrétiens et les chrétiennes n'auront plus qu'à
exercer leurs dons, quels qu'ils soient, dans les limites qui leur sont
imparties par le Seigneur.
Enfin, Dieu seul est libre
de suspendre les lois qu'Il a établies, que ce soient les lois
de l'univers dans les miracles qu'Il accomplit, ou les règles
d'Eglise, dans les exceptions qu'Il permet.
En pratique, on constate
donc qu'en cas de dérobade masculine, l'Esprit-Saint peut user
de sa divine liberté pour investir des femmes fidèles,
capables de pallier l'une ou l'autre carence spirituelle. Cela est arrivé
dans la Bible, cela peut sans doute arriver dans l'Eglise. On ne pourrait
alors que se soumettre après un examen circonspect de ce qui
doit rester une situation d'exception.
A plusieurs reprises, j'ai
parlé de l'esprit partisan qui anime les tenants de l'une ou
l'autre thèse si bien que même des chrétiens qui
se disent "évangéliques" ou "fondamentalistes" ont du
mal à accepter les enseignements de la Parole de Dieu quand ils
n'abondent pas dans leur sens.
Dans ces conditions, il
ne faut pas s'étonner de voir les "féministes", aussi
bien que les "anti-féministes", parer à leurs absences
d'arguments par des procès d'intentions. Cette pirouette permet
de s'épargner la peine de se justifier puisqu'il est inutile
de discuter avec des chrétiens "légalistes" ou "sectaires".
Mais le légalisme,
c'est de s'attacher à la lettre plutôt qu'à l'esprit
du texte. Avoir le courage d'enseigner les doctrines impopulaires de
la Bible, ce n'est pas du légalisme, c'est de la fidélité.
Et le sectarisme, c'est de faire entrer le texte biblique dans ses préjugés.
Avoir des convictions profondes fondées sur les enseignements
de la Bible, ce n'est pas du sectarisme, c'est encore de la fidélité.
Or, il arrive souvent que
la fidélité à l'esprit du texte de la Bible conduise
à des conclusions qui choquent par leurs exigences. Car la mentalité
du monde ambiant est façonnée par un humanisme qui n'a
pas manqué de pénétrer l'Église de Jésus-Christ.
Dans son souci de présenter un christianisme adapté au
monde moderne, le protestantisme libéral n'a pas manqué
d'adapter sa théologie aux thèses féministes contemporaines.
Mais le phénomène remonte à près d'un siècle
déjà !
En face de lui, le protestantisme
évangélique s'accroche à des traditions anti-féministes
qui doivent davantage à la lettre du texte biblique qu'à
son esprit. Il perpétue ainsi près de vingt siècles
d'un christianisme soumis à la domination du mâle, exactement
comme dans l'ancienne alliance.
Mais depuis une ou deux
décennies, une troisième tendance est apparue au sein
de la mouvance évangélique. Elle reprend intégralement
les thèses féministes propres aux humanistes et aux libéraux.
Mais elle a soin de ne pas les justifier par un écrémage
des textes de la Bible, comme le font les libéraux, en décrétant
que tous les textes gênants ne sont plus d'actualité aujourd'hui,
ou en les attribuant tout bonnement à la misogynie de Paul.
Non, la nouvelle tendance,
au contraire, appuie son féminisme sur un littéralisme
exacerbé, ce qui, en principe, devrait couper l'herbe sous le
pied du fondamentaliste le plus intégriste. Pour cela, on recherche
le terme rare, l'expression unique, l'exemple exceptionnel, pour échafauder
une doctrine qui aille dans le bon sens : celui d'une ouverture totale
et inconditionnelle. Et tant pis, si cela implique la mise en oubli
des règles les plus élémentaires de l'exégèse
et de l'herméneutique !
Pour ma part, j'ai voulu
suggérer une quatrième voie, priant le Seigneur qu'elle
soit la bonne, ou, pour le moins, en progrès par rapport aux
trois autres. Ce que j'ai proposé, c'est une lecture de la Bible
qui demeure dans la tradition fondamentaliste tout en restant particulièrement
attentif au contexte immédiat et au contexte historique. Cette
approche m'a permis, me semble-t-il, de lever le malaise associé
à certains passages des épîtres pauliniennes.
Je me suis surtout efforcé
"d'oublier" le poids de la tradition anti-féministe, aussi bien
que la pression de la mode féministe contemporaine. J'espère
y être parvenu. S'il me paraît impossible d'ouvrir les ministères
d'autorité aux femmes, je m'en excuse auprès des sœurs
qui resteraient attachées aux thèses féministes
contemporaines. Cependant, j'espère qu'elles auront compris que
je ne suis vraiment pas animé du désir de les enfermer
dans une sorte de gynécée évangélique.
Si je vois certains ministères
de la Parole ouverts aux femmes, les anti-féministes me pardonneront
aussi. J'espère les avoir convaincus que ce n'est pas par "conformité
au siècle présent". Chacun l'aura compris, mon point de
vue importe finalement très peu. Seul compte mon souci de rendre
justice à des sœurs en Christ, aussi bien qu'à des textes
bibliques, qui sont trop souvent l'objet des mêmes mauvais traitements.
Notes d'ERM:
(1) Matthieu
Lelièvre, dans son livre John Wesley - Sa vie et son oeuvre,
1922, Edition des Publications Evangéliques Méthodistes,
septième édition, 1992, relate le fait remarquable suivant
survenu à l'époque du réveil méthodiste:
"C'est Sarah Crosby qui paraît avoir frayé la voie
aux femmes qui prêchent. Un jour qu'elle devait, à Derby,
présider une classe d'une trentaine de femmes, elle se trouva,
à sa grande surprise, en face d'un auditoire de deux cents personnes.
Croyant obéir à une impulsion intérieure, elle
parla à cet auditoire. Elle écrivit aussitôt à
Wesley pour lui raconter ce qu'elle avait fait: "Je crois, lui répondit-il,
que jusqu'ici vous n'avez pas été trop loin. Vous ne pouviez
guère faire moins. Ce que vous pourriez faire, ce serait, si
le cas se reproduit, de dire aux gens: "Vous me mettez dans un grand
embarras. Les Méthodistes ne permettent pas aux femmes de prêcher;
aussi je n'entends pas prendre un tel rôle, mais je veux seulement
vous dire ce qui se passe dans mon cœur." Cela répondra, en une
grande mesure, aux objections. Je ne crois pas que vous ayez violé
aucune loi. Marchez donc calmement et fermement. Si vous en avez le
temps, vous pourriez lire aux gens mes Notes sur tout un chapitre,
avant d'ajouter quelques paroles, ou bien leur lire l'un des sermons
d'appel, comme cela a été fait depuis longtemps par d'autres
femmes." En donnant ainsi son autorisation, Wesley sanctionnait un fait
exceptionnel, mais il n'en fit jamais une institution régulière,
et, dans la communion qu'il a fondée, le droit de prêcher
n'est pas reconnu aux femmes." La recommandation sage que le fondateur
du méthodisme donna à Sarah Crosby nous semble être
en parfaite continuité à la fois avec la règle
scripturaire biblique qui ne permet pas aux femmes d'enseigner en prenant
de l'autorité sur l'homme, et avec l'esprit paisible de l'Evangile
qui, en accord avec la souveraineté de l'Esprit et promouvant
la liberté acquise en Jésus-Christ, ne transforme jamais
un principe en une loi rigide imposée et autoritaire, mais permet
des exceptions à la règle générale.
(2) Le texte original de
Roger Lefèbvre a subi des modifications de forme mineures notamment
liées à la ponctuation et au renommage de certains paragraphes
afin de favoriser une meilleure fluidité, mais ERM a respecté
le fond sans jamais l'altérer.
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