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Frank Bartlemen
L'Intercesseur et le journaliste du Réveil de Pentecôte d'Azuza Street (1871-1935)
Traduit de l'anglais par Sylvie Kremer

Le journal et les comptes-rendus de Bartlemen parus dans la littérature religieuse constituent le document le plus complet et le plus fiable sur ce qui s’est passé a Azuza Street.

Il y a des années, Bartlemen rassembla les écrits et les articles de son journal, rédigés pour différents périodiques, afin de les publier sous forme de livre.

Dans ce livre intitulé  "Comment la Pentecôte est arrivée à Los Angeles", on ressent l’excitation des événements vécus à l’ancienne mission Azuza. Dès le début, Bartlemen semblait pressentir l’impact historique de la Pentecôte à Los Angeles. La première rencontre qu’il présida lui donna le sentiment que cela conduirait à un "grand réveil mondial".

Bartlemen passa le plus clair de sa vie à la préparation du compte-rendu de la rencontre d'Azuza Street. Il est probable que sans ce compte-rendu le mouvement de Pentecôte ne se soit pas répandu aussi loin qu'il ne le fit effectivement. Cette forme d’expression ne se limita pas à informer le monde sur le mouvement de Pentecôte, mais il contribua également à le mettre en place.

Né à Rucks County, en 1871, en Pennsylvanie, d’un père catholique romain, de souche allemande et d’une mère quaker, de souche anglaise, Bartlemen grandit dans une ferme, où son premier travail fut de guider la charrue.

Autant il craignait la sévérité de son père, autant il appréciait la tendre relation avec sa mère. Dès sa tendre enfance, sa santé s’avéra fragile. Selon ses propres paroles, il était un "semi –invalide  à vie" qui  "vivait toujours avec la mort par-dessus ses épaules."

Il se convertit en octobre 1871, dans le temple baptiste de Philadelphie dont le pasteur était l’éminent prédicateur Russell Conwell, auteur du répertoire classique de Gospel, " Des champs de diamants." Après avoir baptisé le jeune Bartlemen, alors âgé de 22 ans, Conwell lui proposa de lui payer ses études. Bartlemen refusa, expliquant : " J’ai fait mon choix entre une chaire populaire et rémunératrice et un chemin dans l’humilité, la pauvreté et la souffrance…. Ma chaire sera la rue et les bas quartiers ".

Pendant sa formation de prédicateur, auprès de l’Eglise Baptiste, il décida de "faire confiance à Dieu " pour ses besoins physiques. S’ensuivit une vie de consécration à la doctrine de la guérison divine. Il était submergé du désir de prêcher. "L’Evangile était un feu dévorant mes os tout le jour ", écrivait le jeune serviteur.

En 1897, Bartlemen quitta le ministère baptiste pour se tourner vers le Mouvement de la Sainteté (Holiness Movement). Il rejoignit l’Armée du Salut et resta un moment à Johnstown, en Pennsylvanie, comme capitaine, jusqu’au jour où la déception le poussa à quitter l’Armée. Plus tard, il partit pour Chicago et suivit les cours de l’Institut Biblique Moody.

Cependant, Bartlemen n’étudia pas longtemps à Chicago. Il avait les pieds vagabonds. Bientôt, il se trouva à bord d’un " wagon de l’Evangile " et fit son premier tour du Sud. Et bientôt, à la plus grande stupéfaction des Sudistes blancs, il devint l’ami des Noirs. Sa vie d’errance, quelquefois, le déprimait. Lors d’une seconde tournée dans le Sud, en 1899, il se trouva si découragé, qu’il envisagea même, une fois, de se suicider. Plus tard, au contraire, il se sentit suffisamment bien pour songer au mariage.

En 1900, il épousa une certaine Mademoiselle Ladd, intendante d’une école pour filles déchues, à Pittsburgh, Pennsylvanie. C’est là qu’il expérimenta sa première manifestation de " cris et de sauts ", après une vie à " tendance plutôt monastique ".

Aussitôt après son mariage, Bartlemen fut ordonné à Philadelphie, dans la " branche pentecôtiste ", période qui se solda par un échec. Ce groupe était, sans doute, l’un des plus petits " groupes spirituels " du moment, qui se plaisait à faire usage du terme " pentecôtiste ", en référence à la seconde bénédiction de sanctification par le baptême du Saint-Esprit (sans référence aucune à la glossolalie) (le terme " pentecôtiste était à la mode à l’époque !).

C’est vers la période de son mariage qu’il rejoignit l’Eglise Méthodiste Weysleyenne où un poste de pasteur lui fut attribué à Corry, en Pennsylvanie. Ce pastorat fut pour lui une expérience malheureuse, car alors il trouva que l’église n’était " même pas spirituelle ", et jugea que c’était une " charge à la spiritualité rétrograde ".

A cette époque, Bartlemen était sujet à de nombreuses expériences mystiques, consécutives aux manifestations de " cris et de sauts " des mois précédents. Lors d’une rencontre communautaire, il ressentit " des décharges électriques " au point de tomber inconscient.

Plus tard, après la guérison de son cheval, en réponse à sa prière, Satan l’attaqua la nuit, dans sa chambre " pour me détruire " . Le nom de Jésus chassa Satan. Aussi, après une guérison miraculeuse, il fut " tué dans l’Esprit " pendant une demi-heure, ceci devant les membres de l’assemblée où il était en train de prêcher.

Lorsque son beau-père l’invita à l’accompagner à la Conférence Episcopale à New York, Bartlemen refusa. Alors que l’Eglise Méthodiste se détache de la religion de la spiritualité, émotionnelle et démonstrative, Bartlemen, lui, dans le même temps, agit à l’opposé. Il qualifie l’Eglise Méthodiste de " morte et compromise."

Après avoir quitté l’Eglise Méthodiste Wesleyenne, en Pennsylvanie, Bartlemen porta ses regards vers l’Ouest. Gagnant sa vie par de petits boulots, il s’embarqua avec sa femme et sa fille Esther, nouvellement née, pour le Colorado, mais son but était la Californie.

A Denver, il s’associa au travail d’Alma White, responsable de l’assemblée " La colonne de Feu ", un petit groupe " spirituel ", spécialisé dans "la danse sainte". C’est là que Bartlemen fut "guéri de l’idolâtrie d’un rite religieux ou d’une croyance."

Pendant son séjour dans le Colorado, Bartlemen poursuivit son ministère qui devint sa mission à plein temps, dans les bas quartiers, parmi les alcooliques et les filles dépravées. Le plus gros de ce travail s’opérait lors des missions de secours spirituel, situées alors sur les places des plus grandes villes du pays.

Pour compléter son ministère, il imprimait et distribuait des traités. En plus des traités, souvent Bartlemen peignait les Ecritures sur les ponts, les rochers bordant les autoroutes, et sur d’autres endroits publics, ce qui le conduisait à se mettre hors la loi. En 1902, il fut arrêté à Boulder, dans le Colorado, alors qu’il avait peint les Ecritures sur les murs du Canyon, près de la ville. Par delà ses activités, l’infatigable évangéliste se sentait pousser à prêcher dans chaque saloon et maison de prostitution, dans chaque ville qu’il visitait. A Denver, on ne comptait pas moins de cent saloons.

Ce n’est qu’en 1904, que Bartlemen atteignit son but, la Californie, où il s’exclama :  "Ici, nous avons atteint le paradis." Son premier arrêt fut Sacramento, où il prit immédiatement la charge de la mission Péniel, une mission de secours spirituel, au cœur de la ville. Sa mission à Péniel échoua  "à cause de serviteurs incompétents"  et du prosélytisme agressif des communautés rivales Buisson Ardent  et Colonne de Feu.

Après son départ de la Mission Péniel, Bartlemen essaya désespérément de réintégrer le ministère pastoral. Une tentative en vue d’un poste à l’Eglise Méthodiste Wesleyenne échoua, de même qu’une candidature auprès de Phineas Bresee pour un pastorat nazaréen. "Aucun poste disponible ", tel fut la réponse de Bresee.

L’inconsolable Bartlemen acceptait tous les petits emplois qu’il pouvait trouver - peinture, ramassage de pommes, coupe de bois, etc.. Les choses allaient si mal que leur second enfant naquit dans un service d’urgence. Les responsables du centre refusaient de laisser l’infortuné évangéliste en compagnie de sa femme et du bébé.

Plus tard, sa femme fut réduite à faire les poubelles pour trouver de la nourriture. Ils n’avaient pas les moyens de se vêtir et ils marchaient avec des chaussures aux semelles trouées.

En décembre 1904, Bartlemen quitta Sacramento pour Los Angeles où le destin allait lui faire vivre les événements les plus émouvants de l’histoire de l’Eglise. "L’Esprit nous a conduits à Los Angeles pour recevoir "la pluie de l’arrière-saison" " , écrivit-il plus tard, à la fin de son livre autobiographique, "De la charrue à la chaire, du Maine à la Californie."

A Los Angeles, Bartlemen se rendit directement à la mission Péniel dans le Sud de Main Street, fondée et dirigée par Madame Marie Ferguson, auteur de l’hymne " Repos Béni " (P. F. Bresee travaillait auprès du personnel de Péniel avant de fonder l’Eglise des Nazaréens en 1895).

La tragédie et la difficulté attendaient Bartlemen à Los Angeles. Pauvreté, maladie et décès de son aînée, " Reine Esther ", en janvier 1905, laissèrent l’infortuné prédicateur et sa femme, dans une grande affliction, mais plus déterminés que jamais à accomplir leur mission dans la " cité des anges."

Durant l’année 1905, Bartlemen travailla avec les différentes églises et missions de la région de Los Angeles. Mais beaucoup de ces assemblées spirituelles étaient devenues rigides et hostiles à toute forme nouvelle de réveil. En signe d’avertissement et de réaction à ce fait, Bartlemen en fit mention dans son journal en ces termes : " Quelques assemblées spirituelles, surtout en ce moment, seront étonnées de voir Dieu leur passer à coté. Il œuvrera dans les milieux où on Lui sera soumis. Elles doivent s’humilier devant Lui pour qu’Il vienne. "

C’est en effet dans les Eglises Baptistes et Méthodistes de Los Angeles, en 1905, qu’on vit les plus grands signes de réveil, en particulier dans l’Eglise Méthodiste de Lake Avenue à Pasadena et dans la Première Eglise Baptiste de Los Angeles, dirigée par Franck Smale .

La nouvelle du grand réveil gallois de 1904-05, qui s’opérait dans l’assemblée d’Evan Roberts, suscita le réveil dans la petite église de Smale. Un voyage de Smale au Pays de Galles et un échange de lettres entre Bartlemen et Roberts démontrent le lien spirituel direct entre l’action de Dieu au Pays de Galles et l’onction de l’Esprit à Los Angeles en 1906.

C’est également à cette période là que Bartlemen commença la rédaction d’articles pour la presse religieuse. Ses comptes-rendus de Los Angeles furent d’abord imprimés à Columbia, en Caroline du Sud, sous le titre : " Chemin de la Foi ", puis " L’instrument de Dieu pour le Réveil ", publié à Cincinnati, dans l'Ohio.

L’influence de ces périodiques permit aux récits de Bartlemen d’être republiés pour d’autres ouvrages religieux de tout le pays.

1906 fut l’année où la réputation de Bartlemen avait grandi dans les cercles spirituels où il était perçu comme un journaliste sérieux, qui savait mettre l’accent sur le besoin de renouveau spirituel parmi tous les chrétiens, mais surtout parmi les personnes ayant soif de sainteté. Il se trouvait ainsi, dans une position stratégique et favorable pour décrire le climat spirituel qui régnait à Los Angeles avant le réveil d’Azuza Street et pour mettre en lumière les événements historiques consécutifs à la rencontre d’Azuza Street de 1906.

Les comptes-rendus du réveil d’Azuza Street sont confinés dans un livre que Bartlemen publia en 1925, sous le titre : " Comment la Pentecôte est arrivée à Los Angeles; telle qu’elle était au départ." Ce livre fut écrit quelques années après les événements de 1906-1909; il est le condensé d’extraits du journal intime de l’auteur et de coupures d’articles écrits dans la presse religieuse.

Dans ce livre, Bartlemen s’inclut lui-même dans l’histoire comme l’un des premiers acteurs au cœur des événements d’Azuza Street. Bien que Bartlemen ait réellement contribué à établir le climat spirituel favorable à la croissance du mouvement pentecôtiste à Los Angeles, le rôle crucial revient à William J. Seymour, pasteur de la mission d’Azuza Street.

En 1906, Seymour fut invité à prêcher dans une assemblée nazaréenne de frères et sœurs noirs, à Los Angeles, dirigée par une certaine Madame Hutchinson. Lorsque Seymour apporta son premier sermon, en proclamant le principe " du premier signe " du baptême du Saint-Esprit, il ne lui fut plus permis d’entrer dans l’église nazaréenne. Le prédicateur abandonné fut ensuite invité à rester chez Richard Asbury qui résidait dans la rue Bonnie Brae Street, jusqu’à ce qu’il pût organiser son retour à Houston. Cependant, Seymour était destiné à passer le reste de sa vie à Los Angeles, à cause du formidable réveil qui eut lieu peu de temps après.

La doctrine qui retint Seymour hors de l’église nazaréenne, était quelque chose de nouveau pour les cercles spirituels de Los Angeles en cette année 1906. Pour l’exposer plus simplement, la doctrine dit que nul ne peut affirmer être " baptise dans le Saint-Esprit " sans le " signe initial " qu’est le parler en langues (que l’Eglise a expérimenté le jour de la Pentecôte). Cette prédication était offensive et révolutionnaire, dans le sens où pratiquement tous les chrétiens se disaient " baptisés dans le Saint-Esprit " - les évangéliques, lors de leur conversion et les personnes spirituelles lors de leur " seconde bénédiction " ou " complète sanctification." L’enseignement d’une glossolalie attesta que le baptême de l’Esprit devint le point central de l’enseignement pentecôtiste dont Seymour fut l’apôtre.

Bien qu’il n'eût pas encore reçu le don des langues, au moment où l’église nazaréenne l’avait expulsé, Seymour expérimenta le parler en langues peu de temps après au foyer des Asbury. Des rencontres de prière dans les maisons ouvrirent bientôt la voie à des rencontres de quartiers où des centaines d’auditeurs zélés venaient écouter Seymour et ses compagnons parler en langues. Les foules devenaient si importantes qu’il fallait des quartiers plus larges pour accueillir ce groupe à la croissance incessante et fulgurante.

Une recherche dans la ville de Los Angeles permit de dénicher un vieil immeuble abandonné sur la rue Azuza Street, qui avait servi, selon le besoin, tantôt de local pour l’Eglise Méthodiste, tantôt d’écurie et de magasin ou d’entrepôt. En 1906, cet immeuble était un véritable endroit désordonné; il était cependant adéquat pour le groupe de pentecôtistes qui s’y installa dès avril 1906.

Bartlemen se contentait d’assister aux cultes, quand le groupe était à Bonnie Brae Street; c’est après qu’il suivit Seymour, lors des prémices à Azuza Street. En avril 1906, le Los Angeles Times fut le premier à relater l’histoire d’Azuza Street.

En qualifiant les langues de " Babel mystérieuse " et les compagnons de Seymour de " secte de fanatiques ", la une du Times suscita la curiosité, au point que de grandes foules se rendaient aux rencontres. La " presse nous a honteusement critiqués " déclara Bartlemen, " "mais cela a attiré plus de monde." La suite se trouve dans le compte-rendu du Times du 18 avril 1906 :

"La toute nouvelle secte religieuse à l’expression étrangère, dont la croyance semblait incompréhensible à toute personne saine d’esprit, avait débuté à Los Angeles. Les rencontres eurent lieu dans une cabane en ruine à Azuza Street, près de San Pedro Street; et les fidèles de cette mystérieuse doctrine pratiquent les rites les plus fanatiques, péchant les théories les plus violentes et travaillant eux-mêmes dans un état d’excitation, galvanisés par leur propre fanatisme.

Des gens de couleur et une poignée de Blancs composent cette assemblée; et la nuit devient effrayante dans le voisinage dès que les adorateurs se mettent à hurler pendant des heures, en se balançant d’avant en arrière, en récitant des prières et des supplications énervantes (sic). Ils supplient (Dieu) en vue de recevoir le " don des langues ", et pour comprendre ensuite le charabia."

Le réveil se prolongea ainsi trois ans et demi; des réunions avaient donc lieu trois fois par jour : matin, après-midi et soir. Le parler en langues était la principale attraction, mais il était presque aussitôt suivi de la guérison des malades. On ne tardait pas à voir les cannes et béquilles le long des murs, de ceux qui avaient été guéris de façon miraculeuse. Le don des langues fut bientôt accompagné du don d’interprétation. Au fil du temps, Seymour et ses compagnons réclamèrent tous les dons spirituels pour la restauration de l’Eglise.

Il devint clair que Seymour était le responsable du mouvement de Pentecôte de Los Angeles. Il devint le pasteur de l’assemblée et le resta jusqu’à sa mort en 1923. En dépit du fait que Seymour était noir, beaucoup de ses compagnons étaient blancs. Bien qu’au début du réveil, les Noirs fussent majoritaires, le nombre de Blancs les surpassa au gré des réunions. Plus tard, la mission fut essentiellement gérée par des Noirs, après que les Blancs eurent fondé leurs propres assemblées, dans la région de Los Angeles, après 1906. Face à la diversité des races, Bartlemen se réjouit parce que "la frontière de la couleur a été effacée dans le sang [de Christ]. "

Pendant cette période continue du réveil, le rôle de Bartlemen, en tant que journaliste reporter du monde religieux, en rapport avec le mouvement de Pentecôte à Los Angeles, n’était plus à prouver. Ses articles touchaient un large public à travers l’Amérique et dans d’autres pays. Des récits sur Azuza Street telles que " Chemin de la Foi ", "L'Instrument de Dieu pour le Réveil " et "  Le Moissonneur Chrétien " passaient de main en main.

Pour compléter les comptes-rendus de Bartlemen et les commentaires négatifs de la presse de Los Angeles, Seymour et ses collaborateurs d’Azuza Street commencèrent la publication de leurs propres écrits, ainsi intitulés : " La Foi Apostolique ". Ce journal était distribué gratuitement à travers les Etats-Unis à quiconque le souhaitait. L’éditeur était une femme blanche travaillant à la mission; elle s’appelait Florence Crawford. On avait tiré son nom du mouvement de la " Foi Apostolique " de Charles Parham.

La relation entre Seymour et Parham était interrompue; toutefois, en 1906, Seymour avait invité Parham, son " père spirituel ", à prêcher à Azuza Street; mais les messages négatifs de Parham et ses tentatives pour corriger ce qu’il considérait comme des abus, le conduisirent à être expulsé de l’église. C’est à ce moment là que la rupture entre Seymour et Parham fut totale et sans espoir de réparation.

Rien ne pouvait arrêter l’inexorable élan du renouveau qui émanait d’Azuza Street. Des pèlerins " pour Azuza " affluaient des quatre coins des Etats-Unis, du Canada, de l’Europe. Chacun leur tour, ils répandaient le feu dans d’autres endroits.

Gaston Sarnabus Cashwell, de l’Eglise spirituelle de Pentecôte, se déplaça de la Caroline du Nord. Après une " crucifixion " sur ses réactions à l’égard des races, il demanda aux Noirs de l’assemblée d’Azuza Street de prier pour lui. D’après son témoignage, Cashwell reçut son baptême et parla peu après en " langue allemande." Quelques mois plus tard, lors d’une rencontre à Dunn, en Caroline du Nord, et une série de prédications dans le Sud, Cashwell amena plusieurs dénominations du Sud à suivre la Pentecôte (l’Eglise Spirituelle de Pentecôte, l’Eglise Spirituelle Baptiste de Feu, l’Eglise de Dieu, la Sainte Eglise Unie d’Amérique et l’Eglise Baptiste Volontaire de Pentecôte)

C. H. Mason de l’Eglise de Dieu en Christ, de Memphis, dans le Tennessee, arriva à Azuza en novembre 1906, où il reçut l’expérience de la Pentecôte. Dès son retour, dans son église, la majorité de l’assemblée de Dieu en Christ fut investie de la Pentecôte. A Birmingham, dans l'Alabama, Messieurs Pinson et H.G.Rogers, futurs piliers des Assemblées de Dieu (créées en 1914), reçurent le baptême du Saint-Esprit pendant le ministère de Cashwell. Lorsque Florence Crawford partit pour Portland, dans l'Oregon, elle emporta avec elle le fascicule d’Azuza, " Foi Apostolique " et se servit de ce nom pour sa nouvelle dénomination pentecôtiste.

La flamme de la Pentecôte se répandit d’Azuza Street au Canada, avec les prédicateurs R. E. MacAlistier et A. H. Argue. " L’apôtre de la Pentecôte " d’Europe, T.B.Barrat, annula un voyage prévu pour Azuza Street, après avoir vécu sa Pentecôte à New York. A son retour à Oslo, en Norvège, en 1906, il ouvrit la première mission pentecôtiste en Europe. Par son ministère, il passa le flambeau à la Suède, au Danemark, à l'Angleterre, à l'Allemagne puis à la France. Le feu se propagea d’une façon moins rapide au Chili dans l’assemblée de W. C. Hoover, missionnaire américain méthodiste; au Brésil, sous le ministère de Daniel Berg et Gunnar Vingren; puis en Russie et dans les autres nations slaves, sous la conduite d’Ivan Voronaeff, un baptiste russe de New York.

C’est ainsi qu’en peu de temps, la Pentecôte d’Azuza Street fut le déclencheur de l’action de l’Esprit Saint à travers le monde. Les cinq principaux enseignements d’Azuza Street servaient de référence à cette première vague de pentecôtistes. Les voici :

    1. La justification par la foi;
    2. La sanctification comme action précise de la grâce;
    3. Le baptême du Saint-Esprit prouvé par le parler en langues;
    4. La guérison divine " comme réparation ";
    5. L’enlèvement individuel (prémillénarisme) des saints à la seconde venue de Christ.

Malgré une multitude de " vents de doctrine " soufflant à Azuza Street, Seymour et ses compagnons continuaient à insister sur les enseignements cités ci-dessus, et cela tout au long de son ministère missionnaire.

Dans le même temps, le monde religieux eut une opinion très partagée sur le réveil d’Azuza Street. Malgré une large proportion du mouvement qui acceptait le réveil d’Azuza comme réponse aux longues prières pour obtenir la Pentecôte, la majorité rejeta le pentecôtisme. Les fondamentalistes rejetèrent le pentecôtisme et vers 1928, ils cessèrent toute amitié avec l’ensemble des pentecôtistes. La grande majorité des chrétiens ignore tout ou presque de ce mouvement, ou le rejette telle une nouvelle hérésie des " souffles saints."

Aujourd’hui, soixante quinze ans après, il est possible de considérer Azuza Street, avec une meilleure perspective historique. Durant les années 1906 à 1909, au plus fort de l’euphorie, il était impossible d’être objectif, face aux évènements et aux enseignements de la mission.

Car ceux qui étaient baptisés du Saint-Esprit et qui parlaient en langues avaient la conviction que les rencontres étaient un avant-goût du réveil mondial. Pour ceux qui rejetaient l’enseignement de Seymour, les vents de la perdition " soufflaient sur la mission bidonville " d’Azuza Street.

L’assaut des accusations et des contre-accusations dont faisait l’objet cette mission au réveil controversé, n’impressionnait guère Seymour et Bartlemen. Bien qu’ils fussent d’accord sur certains excès et sur l’intrusion occasionnelle de quelques spirites et autres médiums dans le milieu, ils considéraient toujours ce réveil comme le départ d’un réveil historique. Le premier point, lors des réunions, était la lecture des comptes-rendus des autres villes, états et pays où s’étendait le réveil. Bartlemen pensait que le renouveau issu d’Azuza Street serait, sans aucun doute, " celui du monde entier ".

Alors que Bartlemen portait aux nues les dimensions historiques de ce nouveau mouvement, d’autres, au contraire, à Los Angeles, étaient plus sceptiques. En décembre 1906, le Dr Phineas Bresee, fondateur de l’Eglise des Nazaréens (connue à cette époque sous le nom d’Eglise Pentecôtiste des Nazaréens) se sentit poussé à rédiger un éditorial dans le Messager Nazaréen à propos des réunions d’Azuza. Il n’est pas prouvé que Bresee ait jamais assisté à des cultes à Azuza Street, alors même qu’il résidait à Los Angeles, à coté de la mission.

Dans son article, intitulé "Le Don des Langues ", il dénigrait les écrits que Bartlemen avait déjà envoyés aux éditeurs des périodiques religieux de la région Est :

" Cependant, les quelques partis qui ont la confiance des éditeurs de l’Est, suffisamment pour assurer la publication de ce qu'ils ont écrit, ont fait des exposés si formidables des choses telles qu’elles se produisent, en relation avec ce sujet, que…nous jugeons sage de n’en dire qu’un mot. "

Minimisant le phénomène d’Azuza Street à Los Angeles, Bresee déclarait :

" C’est localement un endroit peu attirant, de peu de valeur, voire insignifiant en effet et en nombre. A la place du grand mouvement du moment ainsi représenté à Los Angeles, c’est tout au plus le moindre du moment. Il a eu et a aujourd’hui sur la vie religieuse de la ville presque autant d’influence qu’un caillou jeté dans la mer… "

Enfin, Bresee avait le sentiment que le mouvement de Pentecôte d’Azuza Street, par son enseignement, ressemblait plutôt à de l’hérésie et à du fanatisme.

" Les chrétiens se sanctifient avant de recevoir le baptême du Saint-Esprit; ce baptême étant une manifestation de puissance sur une vie sanctifiée; ainsi, la preuve essentielle et nécessaire du baptême se caractérise par le don du parler en langues, (qu’il appelle) un jargon, un marmonnement dénué de sens, …une triste confusion. "

Quant aux fidèles d’Azuza Street, voici ce que déclarait le responsable des Nazaréens :

" Il y a des personnes qui ont une expérience décevante, n’étant jamais complètement sanctifiées ou ayant négligé le précieux travail de l’Esprit dans leur cœur, et qui vont courir dans l’espoir et dans l’attente de choses exceptionnelles et merveilleuses, qui les conduiront à une plus grande perte. "

Il est clair que les " merveilleux témoignages " auxquels Bresee fait référence étaient ceux que Bartlemen avait rapportés dans la presse religieuse. Son opinion d’un mouvement n’ayant pas plus d’influence à Los Angeles qu’un  "caillou lancé dans la mer" était contradictoire, face à la croissance florissante des assemblées de Pentecôte de la région de Los Angeles, et à l’essor explosif du pentecôtisme à travers tous les Etats-Unis.

En définitive, Bartlemen s’avéra être meilleur prophète que Bresee.

Il est probable que la prescience de Bartlemen ait été le résultat de sa vie et de sa carrière précédant 1906. Observateur perspicace, il avait une manière pittoresque de rapporter par écrit tout ce qu’il voyait, et donner son avis sur quelque chose ou sur quelqu’un lui plaisait beaucoup. Sa vie avait été ponctuée par de nombreux événements importants et par des tournants dans l’histoire religieuse américaine.

Lorsqu’il rejoignit le Nouvel Ordre des Sacrificateurs, en tant que pentecôtiste, il ne voyait pas de problème théologique à accepter le baptême dans l’Esprit attesté par le don des langues. Lorsque William Durnham, de Chicago, prêcha sur la vision d’une  "oeuvre accomplie " de la sanctification, Bartlemen se rangea à ses cotés et accepta volontiers ses enseignements. Quelques années plus tard, lors de l’apparition de ce mouvement " singulier ", Bartlemen, accompagné de Glenn Cook et de Franck Ewart, se fit rebaptiser " au nom de Jésus." 1

Après son intégration dans le mouvement pentecôtiste, surnommé  les " Jésus seul " (Jesus Only) par les Pentecôtistes de la Trinité, Bartlemen perdit beaucoup d’amis et d’anciennes connaissances. Il devint incapable d’écrire pour les périodiques religieux et pentecôtistes; il perdit de l’influence dans le mouvement et se retrouva à l’écart, seul avec ses quelques " singuliers " collègues.

Après ces années d’Azuza Street, Bartlemen poursuivit ses voyages et écrivit d’autres livres, notamment : " Deux années de travail missionnaire en Europe…1912-1914. " Ce livre décrit ses expériences pendant un périple autour du monde, interrompu par la Première Guerre Mondiale.

Ses descriptions de l’Europe à l’ouverture des hostilités et ses tentatives pour rentrer chez lui " par la zone de guerre ", rendaient, de ce fait, la lecture attrayante. Mais rien de ce qu’il fit, pendant le reste de sa vie, ne fut comparable à son compte-rendu relatant "comment c’était au commencement à Azuza Street ".

Jusqu’au bout, et malgré une santé fragile, l’ancien évangéliste passa ses années à Los Angeles, engagé dans le travail missionnaire qui était son premier amour. A la fin de sa vie, Bartlemen ne souhaitait plus adhérer à aucune des dénominations pentecôtistes établies. Il mourut tel qu’il avait vécu, à savoir, en indépendant. La mort l’emporta en septembre 1935, dans sa Los Angeles bien-aimée.

 

Les années après 1906-1909

Seymour conserva sa chaire de pasteur à Azuza Street. Après sa mort, sa femme poursuivit les réunions pendant quelques années, jusqu’à la fermeture de la mission en 1929. Le vieux bâtiment sacré fut proposé aux Assemblées de Dieu, au cas où elles auraient souhaité le conserver comme lieu de culte. Les responsables de l’Eglise refusèrent, car les " reliques ne les intéressaient aucunement. "

La commémoration du 75éme anniversaire du réveil d’Azuza Street en 1981 permit de réfléchir sur l’importance de cet événement capital dans l’histoire du christianisme. Cette année-là, le nombre de pentecôtistes et de charismatiques dans le monde fut estimé à près de 75 millions de personnes; cela correspondait à environ un million de personnes par an qui acceptaient les prémisses de la Pentecôte de Los Angeles, depuis 1906 [...]. 2

En 1981, on constate que la Pentecôte ne s’est pas arrêtée à Los Angeles mais qu’elle s’est propagée dans toutes les villes et tous les pays du monde.

Le dernier chapitre de ce livre intitulé " Appel à l’Unité " donne un écho étrangement significatif à ceux qui ont une part active dans les mouvements de renouveau pentecôtistes et charismatiques d’aujourd’hui. Après l’expérience d’une vie passée dans les luttes et les divisions sectaires, Bartlemen, qui avait acquis plus de maturité, conclut son livre sur Azuza Street, en appelant à l’unité les croyants aujourd’hui.3

Pour que le " Un seul corps " de la prière de Jésus puisse avoir comme réponse " Qu’ils soient un, afin que le monde croie… ". Nous appartenons au Corps de Christ tout entier, sur la terre comme au ciel.

Nous appartenons au Corps de Christ tout entier " est une phrase qu’on devrait bien appliquer au groupe de fidèles et d’adorateurs qui se rassemblaient à la mission d’Azuza Street en avril 1906. Ils n’ont jamais adhéré à un groupe dénominationnel organisé. Personne, parmi les nombreuses dénominations pentecôtistes d'aujourd’hui, et notamment les Assemblées de Dieu ou l’Eglise de Dieu en Christ, ne peut prétendre détenir l’exclusivité de la mission. Celle-ci est le but du Corps de Christ tout entier. Les pentecôtistes ou les Noirs n’avaient pas à se réclamer de Seymour; celui-ci était au service du Corps de Christ dans son ensemble. "De toutes les nations, de toutes les races et de tous les peuples."

De même, le baptême du Saint-Esprit, accompagné des dons et des grâces, n'est pas réservé qu’aux seuls pentecôtistes, mais à tout le Corps de Christ, en fait, " en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera " (Actes 2:39).

Source: Cette biographie est tirée de la version américaine u livre de Frank Bartlemen "Azuza Street."

Notes:

1. Il est malheureux de voir que Frank Bartleman, l'intercesseur du Réveil d'Azuza Street, a fini par embrasser la doctrine hérétique de "Jésus seul" (Jesus Alone) qui nie la Trinité et soutient que le baptême (au nom de Jésus seul) est nécessaire au salut. Ceci devrait servir d'enseignement et de solennel avertissement pour nous tous, et particulièrement pour ceux qui aspirent à un réveil : un réveil se doit d'être biblique afin de résister aux "vents de doctrines". Pureté de vie et pureté de doctrine sont donc indissociables, tout comme le sont l'Esprit et la Parole de Dieu. L'histoire de l'Eglise est jonchée d'exemples de mouvements de renouveau qui par la suite ont connu des dérives sectaires ou ont sombré dans le pur fanatisme ou illuminisme. Ce danger est réellement présent dans nos prétendus réveils actuels, contrefaits, caractéristiques des temps de la fin, qui refusent systématiquement tout examen biblique et rejettent l'étalon de la saine doctrine.

2. Dans Sa grâce, Dieu a voulu toucher toutes les Eglises par le vent du renouveau, y compris les Eglises traditionnelles. Le réveil charismatique a été ainsi, dans ses débuts, la manifestation de la miséricorde du Père, attestant que "Dieu ne fait acception de personne." Mais Dieu a répandu Son Esprit pour sauver les âmes et les sortir des systèmes mensongers. Malheureusement, beaucoup de catholiques visités par le Saint-Esprit, au lieu de prendre pleinement part à la liberté qui se trouve en Christ seul, en quittant l'Eglise Catholique et en rejetant ses dogmes et rites erronés, ont continué dans les liens de Rome, en incluant à leur expérience personnelle avec Jésus-Christ, la dévotion mariale et les doctrines de leur Eglise. L'Eglise Catholique qui aurait pu être réformée par Dieu si elle était revenue à l'autorité de la Parole de Dieu, a fini par promouvoir le Renouveau Charismatique comme un moyen de garder ses fidèles dans son sein. Aujourd'hui, le Renouveau Charismatique Catholique et avec lui une bonne partie du monde charismatique, a sombré dans l'apostasie qui doit culminer avant le retour du Seigneur.

3. L'unité est le désir de Jésus-Christ pour Son Eglise, constituée de l'ensemble des rachetés par la grâce, de toutes dénominations. Cependant, ce terme est aujourd'hui très à la mode et renvoie à une notion qui est bien différente de l'unité biblique selon le cœur de Dieu. En effet, la fausse "unité" babylonienne des derniers temps se caractérise par un rassemblement artificiel et humain à but essentiellement politique d'églises composées en grande partie de personnes irrégénérées et prônant une lecture moderniste et libérale des Ecritures. Ces églises convergent donc vers l'objectif œcuménique de Rome et lui sont en réalité inféodées. C'est un drame que les dirigeants charismatiques de la Troisième Vague autant que nos évangéliques "classiques" travaillent, par l'effet d'une puissante séduction, à la construction de cette Babel moderne. Christ n'y est pas le dénominateur commun, même si Son nom est utilisé : l'Eglise apostate invoque un dieu qui n'est autre que le dieu de ce siècle, Satan. La vraie unité biblique, elle, rassemble les véritables croyants nés de Dieu au-delà de leurs doctrines particulières; elle procède de la vérité, Jésus-Christ étant la Pierre Angulaire et Celui qui unit les cœurs.

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