Une Banque de Ressources
Consacrées au Réveil
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Frank
Bartlemen
L'Intercesseur et le journaliste
du Réveil de Pentecôte d'Azuza Street (1871-1935)
Traduit de l'anglais par Sylvie Kremer
Le journal et les comptes-rendus
de Bartlemen parus dans la littérature religieuse constituent
le document le plus complet et le plus fiable sur ce qui s’est passé
a Azuza Street.
Il y a des années,
Bartlemen rassembla les écrits et les articles de son journal,
rédigés pour différents périodiques, afin
de les publier sous forme de livre.
Dans ce livre intitulé
"Comment la Pentecôte est arrivée à Los Angeles",
on ressent l’excitation des événements vécus à
l’ancienne mission Azuza. Dès le début, Bartlemen semblait
pressentir l’impact historique de la Pentecôte à Los Angeles.
La première rencontre qu’il présida lui donna le sentiment
que cela conduirait à un "grand réveil mondial".
Bartlemen passa le plus clair
de sa vie à la préparation du compte-rendu de la rencontre
d'Azuza Street. Il est probable que sans ce compte-rendu le mouvement
de Pentecôte ne se soit pas répandu aussi loin qu'il ne le
fit effectivement. Cette forme d’expression ne se limita pas à
informer le monde sur le mouvement de Pentecôte, mais il contribua
également à le mettre en place.
Né à Rucks
County, en 1871, en Pennsylvanie, d’un père catholique romain,
de souche allemande et d’une mère quaker, de souche anglaise, Bartlemen
grandit dans une ferme, où son premier travail fut de guider la
charrue.
Autant il craignait la sévérité
de son père, autant il appréciait la tendre relation avec
sa mère. Dès sa tendre enfance, sa santé s’avéra
fragile. Selon ses propres paroles, il était un "semi –invalide
à vie" qui "vivait toujours avec la mort
par-dessus ses épaules."
Il se convertit en octobre
1871, dans le temple baptiste de Philadelphie dont le pasteur était
l’éminent prédicateur Russell Conwell, auteur du répertoire
classique de Gospel, " Des champs de diamants." Après
avoir baptisé le jeune Bartlemen, alors âgé de 22
ans, Conwell lui proposa de lui payer ses études. Bartlemen refusa,
expliquant : " J’ai fait mon choix entre une chaire populaire
et rémunératrice et un chemin dans l’humilité, la
pauvreté et la souffrance…. Ma chaire sera la rue et les bas quartiers ".
Pendant sa formation de prédicateur,
auprès de l’Eglise Baptiste, il décida de "faire
confiance à Dieu " pour ses besoins physiques. S’ensuivit
une vie de consécration à la doctrine de la guérison
divine. Il était submergé du désir de prêcher. "L’Evangile
était un feu dévorant mes os tout le jour ",
écrivait le jeune serviteur.
En 1897, Bartlemen quitta
le ministère baptiste pour se tourner vers le Mouvement de la Sainteté
(Holiness Movement). Il rejoignit l’Armée du Salut et resta
un moment à Johnstown, en Pennsylvanie, comme capitaine, jusqu’au
jour où la déception le poussa à quitter l’Armée.
Plus tard, il partit pour Chicago et suivit les cours de l’Institut Biblique
Moody.
Cependant, Bartlemen n’étudia
pas longtemps à Chicago. Il avait les pieds vagabonds. Bientôt,
il se trouva à bord d’un " wagon de l’Evangile "
et fit son premier tour du Sud. Et bientôt, à la plus grande
stupéfaction des Sudistes blancs, il devint l’ami des Noirs. Sa
vie d’errance, quelquefois, le déprimait. Lors d’une seconde tournée
dans le Sud, en 1899, il se trouva si découragé, qu’il envisagea
même, une fois, de se suicider. Plus tard, au contraire, il se sentit
suffisamment bien pour songer au mariage.
En 1900, il épousa
une certaine Mademoiselle Ladd, intendante d’une école pour filles
déchues, à Pittsburgh, Pennsylvanie. C’est là qu’il
expérimenta sa première manifestation de " cris
et de sauts ", après une vie à " tendance
plutôt monastique ".
Aussitôt après
son mariage, Bartlemen fut ordonné à Philadelphie, dans
la " branche pentecôtiste ", période
qui se solda par un échec. Ce groupe était, sans doute,
l’un des plus petits " groupes spirituels " du moment,
qui se plaisait à faire usage du terme " pentecôtiste ",
en référence à la seconde bénédiction
de sanctification par le baptême du Saint-Esprit (sans référence
aucune à la glossolalie) (le terme " pentecôtiste
était à la mode à l’époque !).
C’est vers la période
de son mariage qu’il rejoignit l’Eglise Méthodiste Weysleyenne
où un poste de pasteur lui fut attribué à Corry,
en Pennsylvanie. Ce pastorat fut pour lui une expérience malheureuse,
car alors il trouva que l’église n’était " même
pas spirituelle ", et jugea que c’était une " charge
à la spiritualité rétrograde ".
A cette époque, Bartlemen
était sujet à de nombreuses expériences mystiques,
consécutives aux manifestations de " cris et de sauts "
des mois précédents. Lors d’une rencontre communautaire,
il ressentit " des décharges électriques "
au point de tomber inconscient.
Plus tard, après la
guérison de son cheval, en réponse à sa prière,
Satan l’attaqua la nuit, dans sa chambre " pour me détruire " .
Le nom de Jésus chassa Satan. Aussi, après une guérison
miraculeuse, il fut " tué dans l’Esprit "
pendant une demi-heure, ceci devant les membres de l’assemblée
où il était en train de prêcher.
Lorsque son beau-père
l’invita à l’accompagner à la Conférence Episcopale
à New York, Bartlemen refusa. Alors que l’Eglise Méthodiste
se détache de la religion de la spiritualité, émotionnelle
et démonstrative, Bartlemen, lui, dans le même temps, agit
à l’opposé. Il qualifie l’Eglise Méthodiste de " morte
et compromise."
Après avoir quitté
l’Eglise Méthodiste Wesleyenne, en Pennsylvanie, Bartlemen porta
ses regards vers l’Ouest. Gagnant sa vie par de petits boulots, il s’embarqua
avec sa femme et sa fille Esther, nouvellement née, pour le Colorado,
mais son but était la Californie.
A Denver, il s’associa au
travail d’Alma White, responsable de l’assemblée " La
colonne de Feu ", un petit groupe " spirituel ",
spécialisé dans "la danse sainte". C’est
là que Bartlemen fut "guéri de l’idolâtrie
d’un rite religieux ou d’une croyance."
Pendant son séjour
dans le Colorado, Bartlemen poursuivit son ministère qui devint
sa mission à plein temps, dans les bas quartiers, parmi les alcooliques
et les filles dépravées. Le plus gros de ce travail s’opérait
lors des missions de secours spirituel, situées alors sur
les places des plus grandes villes du pays.
Pour compléter son
ministère, il imprimait et distribuait des traités. En plus
des traités, souvent Bartlemen peignait les Ecritures sur les ponts,
les rochers bordant les autoroutes, et sur d’autres endroits publics,
ce qui le conduisait à se mettre hors la loi. En 1902, il fut arrêté
à Boulder, dans le Colorado, alors qu’il avait peint les Ecritures
sur les murs du Canyon, près de la ville. Par delà ses activités,
l’infatigable évangéliste se sentait pousser à prêcher
dans chaque saloon et maison de prostitution, dans chaque ville qu’il
visitait. A Denver, on ne comptait pas moins de cent saloons.
Ce n’est qu’en 1904, que
Bartlemen atteignit son but, la Californie, où il s’exclama :
"Ici, nous avons atteint le paradis." Son premier arrêt
fut Sacramento, où il prit immédiatement la charge de la
mission Péniel, une mission de secours spirituel, au cœur de la
ville. Sa mission à Péniel échoua "à
cause de serviteurs incompétents" et du prosélytisme
agressif des communautés rivales Buisson Ardent et
Colonne de Feu.
Après son départ
de la Mission Péniel, Bartlemen essaya désespérément
de réintégrer le ministère pastoral. Une tentative
en vue d’un poste à l’Eglise Méthodiste Wesleyenne échoua,
de même qu’une candidature auprès de Phineas Bresee pour
un pastorat nazaréen. "Aucun poste disponible ",
tel fut la réponse de Bresee.
L’inconsolable Bartlemen
acceptait tous les petits emplois qu’il pouvait trouver - peinture, ramassage
de pommes, coupe de bois, etc.. Les choses allaient si mal que leur second
enfant naquit dans un service d’urgence. Les responsables du centre refusaient
de laisser l’infortuné évangéliste en compagnie de
sa femme et du bébé.
Plus tard, sa femme fut réduite
à faire les poubelles pour trouver de la nourriture. Ils n’avaient
pas les moyens de se vêtir et ils marchaient avec des chaussures
aux semelles trouées.
En décembre 1904,
Bartlemen quitta Sacramento pour Los Angeles où le destin allait
lui faire vivre les événements les plus émouvants
de l’histoire de l’Eglise. "L’Esprit nous a conduits à
Los Angeles pour recevoir "la pluie de l’arrière-saison" "
, écrivit-il plus tard, à la fin de son livre autobiographique, "De
la charrue à la chaire, du Maine à la Californie."
A Los Angeles, Bartlemen
se rendit directement à la mission Péniel dans le Sud de
Main Street, fondée et dirigée par Madame Marie Ferguson,
auteur de l’hymne " Repos Béni " (P.
F. Bresee travaillait auprès du personnel de Péniel avant
de fonder l’Eglise des Nazaréens en 1895).
La tragédie et la
difficulté attendaient Bartlemen à Los Angeles. Pauvreté,
maladie et décès de son aînée, "
Reine Esther ", en janvier 1905, laissèrent l’infortuné
prédicateur et sa femme, dans une grande affliction, mais plus
déterminés que jamais à accomplir leur mission dans
la " cité des anges."
Durant l’année 1905,
Bartlemen travailla avec les différentes églises et missions
de la région de Los Angeles. Mais beaucoup de ces assemblées
spirituelles étaient devenues rigides et hostiles à toute
forme nouvelle de réveil. En signe d’avertissement et de réaction
à ce fait, Bartlemen en fit mention dans son journal en ces termes :
" Quelques assemblées spirituelles, surtout en ce moment,
seront étonnées de voir Dieu leur passer à coté.
Il œuvrera dans les milieux où on Lui sera soumis. Elles doivent
s’humilier devant Lui pour qu’Il vienne. "
C’est en effet dans les Eglises
Baptistes et Méthodistes de Los Angeles, en 1905, qu’on vit les
plus grands signes de réveil, en particulier dans l’Eglise Méthodiste
de Lake Avenue à Pasadena et dans la Première Eglise Baptiste
de Los Angeles, dirigée par Franck Smale .
La nouvelle du grand réveil
gallois de 1904-05, qui s’opérait dans l’assemblée d’Evan
Roberts, suscita le réveil dans la petite église de Smale.
Un voyage de Smale au Pays de Galles et un échange de lettres entre
Bartlemen et Roberts démontrent le lien spirituel direct entre
l’action de Dieu au Pays de Galles et l’onction de l’Esprit à Los
Angeles en 1906.
C’est également à
cette période là que Bartlemen commença la rédaction
d’articles pour la presse religieuse. Ses comptes-rendus de Los Angeles
furent d’abord imprimés à Columbia, en Caroline du Sud,
sous le titre : " Chemin de la Foi ",
puis " L’instrument de Dieu pour le Réveil ",
publié à Cincinnati, dans l'Ohio.
L’influence de ces périodiques
permit aux récits de Bartlemen d’être republiés pour
d’autres ouvrages religieux de tout le pays.
1906 fut l’année où
la réputation de Bartlemen avait grandi dans les cercles spirituels
où il était perçu comme un journaliste sérieux,
qui savait mettre l’accent sur le besoin de renouveau spirituel parmi
tous les chrétiens, mais surtout parmi les personnes ayant soif
de sainteté. Il se trouvait ainsi, dans une position stratégique
et favorable pour décrire le climat spirituel qui régnait
à Los Angeles avant le réveil d’Azuza Street et pour mettre
en lumière les événements historiques consécutifs
à la rencontre d’Azuza Street de 1906.
Les comptes-rendus du réveil
d’Azuza Street sont confinés dans un livre que Bartlemen publia
en 1925, sous le titre : " Comment la Pentecôte
est arrivée à Los Angeles; telle qu’elle était au
départ." Ce livre fut écrit quelques années
après les événements de 1906-1909; il est le condensé
d’extraits du journal intime de l’auteur et de coupures d’articles écrits
dans la presse religieuse.
Dans ce livre, Bartlemen
s’inclut lui-même dans l’histoire comme l’un des premiers acteurs
au cœur des événements d’Azuza Street. Bien que Bartlemen
ait réellement contribué à établir le climat
spirituel favorable à la croissance du mouvement pentecôtiste
à Los Angeles, le rôle crucial revient à William J.
Seymour, pasteur de la mission d’Azuza Street.
En 1906, Seymour fut invité
à prêcher dans une assemblée nazaréenne de
frères et sœurs noirs, à Los Angeles, dirigée par
une certaine Madame Hutchinson. Lorsque Seymour apporta son premier sermon,
en proclamant le principe " du premier signe " du
baptême du Saint-Esprit, il ne lui fut plus permis d’entrer dans
l’église nazaréenne. Le prédicateur abandonné
fut ensuite invité à rester chez Richard Asbury qui résidait
dans la rue Bonnie Brae Street, jusqu’à ce qu’il pût organiser
son retour à Houston. Cependant, Seymour était destiné
à passer le reste de sa vie à Los Angeles, à cause
du formidable réveil qui eut lieu peu de temps après.
La doctrine qui retint Seymour
hors de l’église nazaréenne, était quelque chose
de nouveau pour les cercles spirituels de Los Angeles en cette année
1906. Pour l’exposer plus simplement, la doctrine dit que nul ne peut
affirmer être " baptise dans le Saint-Esprit "
sans le " signe initial " qu’est le parler en langues
(que l’Eglise a expérimenté le jour de la Pentecôte).
Cette prédication était offensive et révolutionnaire,
dans le sens où pratiquement tous les chrétiens se disaient
" baptisés dans le Saint-Esprit " - les évangéliques,
lors de leur conversion et les personnes spirituelles lors de leur " seconde
bénédiction " ou " complète sanctification."
L’enseignement d’une glossolalie attesta que le baptême de l’Esprit
devint le point central de l’enseignement pentecôtiste dont Seymour
fut l’apôtre.
Bien qu’il n'eût pas
encore reçu le don des langues, au moment où l’église
nazaréenne l’avait expulsé, Seymour expérimenta le
parler en langues peu de temps après au foyer des Asbury. Des rencontres
de prière dans les maisons ouvrirent bientôt la voie à
des rencontres de quartiers où des centaines d’auditeurs zélés
venaient écouter Seymour et ses compagnons parler en langues. Les
foules devenaient si importantes qu’il fallait des quartiers plus larges
pour accueillir ce groupe à la croissance incessante et fulgurante.
Une recherche dans la ville
de Los Angeles permit de dénicher un vieil immeuble abandonné
sur la rue Azuza Street, qui avait servi, selon le besoin, tantôt
de local pour l’Eglise Méthodiste, tantôt d’écurie
et de magasin ou d’entrepôt. En 1906, cet immeuble était
un véritable endroit désordonné; il était
cependant adéquat pour le groupe de pentecôtistes qui s’y
installa dès avril 1906.
Bartlemen se contentait d’assister
aux cultes, quand le groupe était à Bonnie Brae Street;
c’est après qu’il suivit Seymour, lors des prémices à
Azuza Street. En avril 1906, le Los Angeles Times fut le premier
à relater l’histoire d’Azuza Street.
En qualifiant les langues
de " Babel mystérieuse " et les compagnons
de Seymour de " secte de fanatiques ", la une du Times
suscita la curiosité, au point que de grandes foules se rendaient
aux rencontres. La " presse nous a honteusement critiqués "
déclara Bartlemen, " "mais cela a attiré
plus de monde." La suite se trouve dans le compte-rendu du Times
du 18 avril 1906 :
"La toute nouvelle
secte religieuse à l’expression étrangère, dont
la croyance semblait incompréhensible à toute personne
saine d’esprit, avait débuté à Los Angeles. Les
rencontres eurent lieu dans une cabane en ruine à Azuza Street,
près de San Pedro Street; et les fidèles de cette mystérieuse
doctrine pratiquent les rites les plus fanatiques, péchant
les théories les plus violentes et travaillant eux-mêmes
dans un état d’excitation, galvanisés par leur propre
fanatisme.
Des gens de couleur
et une poignée de Blancs composent cette assemblée;
et la nuit devient effrayante dans le voisinage dès que les
adorateurs se mettent à hurler pendant des heures, en se balançant
d’avant en arrière, en récitant des prières et
des supplications énervantes (sic). Ils supplient (Dieu) en
vue de recevoir le " don des langues ", et pour
comprendre ensuite le charabia."
Le réveil se prolongea
ainsi trois ans et demi; des réunions avaient donc lieu trois fois
par jour : matin, après-midi et soir. Le parler en langues
était la principale attraction, mais il était presque aussitôt
suivi de la guérison des malades. On ne tardait pas à voir
les cannes et béquilles le long des murs, de ceux qui avaient été
guéris de façon miraculeuse. Le don des langues fut bientôt
accompagné du don d’interprétation. Au fil du temps, Seymour
et ses compagnons réclamèrent tous les dons spirituels pour
la restauration de l’Eglise.
Il devint clair que Seymour
était le responsable du mouvement de Pentecôte de Los Angeles.
Il devint le pasteur de l’assemblée et le resta jusqu’à
sa mort en 1923. En dépit du fait que Seymour était noir,
beaucoup de ses compagnons étaient blancs. Bien qu’au début
du réveil, les Noirs fussent majoritaires, le nombre de Blancs
les surpassa au gré des réunions. Plus tard, la mission
fut essentiellement gérée par des Noirs, après que
les Blancs eurent fondé leurs propres assemblées, dans la
région de Los Angeles, après 1906. Face à la diversité
des races, Bartlemen se réjouit parce que "la frontière
de la couleur a été effacée dans le sang [de Christ]. "
Pendant cette période
continue du réveil, le rôle de Bartlemen, en tant que journaliste
reporter du monde religieux, en rapport avec le mouvement de Pentecôte
à Los Angeles, n’était plus à prouver. Ses articles
touchaient un large public à travers l’Amérique et dans
d’autres pays. Des récits sur Azuza Street telles que " Chemin
de la Foi ", "L'Instrument de Dieu pour le Réveil "
et " Le Moissonneur Chrétien " passaient
de main en main.
Pour compléter les
comptes-rendus de Bartlemen et les commentaires négatifs de la
presse de Los Angeles, Seymour et ses collaborateurs d’Azuza Street commencèrent
la publication de leurs propres écrits, ainsi intitulés : "
La Foi Apostolique ". Ce journal était distribué
gratuitement à travers les Etats-Unis à quiconque le souhaitait.
L’éditeur était une femme blanche travaillant à la
mission; elle s’appelait Florence Crawford. On avait tiré son nom
du mouvement de la " Foi Apostolique " de Charles Parham.
La relation entre Seymour
et Parham était interrompue; toutefois, en 1906, Seymour avait
invité Parham, son " père spirituel ",
à prêcher à Azuza Street; mais les messages négatifs
de Parham et ses tentatives pour corriger ce qu’il considérait
comme des abus, le conduisirent à être expulsé de
l’église. C’est à ce moment là que la rupture entre
Seymour et Parham fut totale et sans espoir de réparation.
Rien ne pouvait arrêter
l’inexorable élan du renouveau qui émanait d’Azuza Street.
Des pèlerins " pour Azuza " affluaient des
quatre coins des Etats-Unis, du Canada, de l’Europe. Chacun leur tour,
ils répandaient le feu dans d’autres endroits.
Gaston Sarnabus Cashwell,
de l’Eglise spirituelle de Pentecôte, se déplaça de
la Caroline du Nord. Après une " crucifixion "
sur ses réactions à l’égard des races, il demanda
aux Noirs de l’assemblée d’Azuza Street de prier pour lui. D’après
son témoignage, Cashwell reçut son baptême et parla
peu après en " langue allemande." Quelques mois
plus tard, lors d’une rencontre à Dunn, en Caroline du Nord, et
une série de prédications dans le Sud, Cashwell amena plusieurs
dénominations du Sud à suivre la Pentecôte (l’Eglise
Spirituelle de Pentecôte, l’Eglise Spirituelle Baptiste de Feu,
l’Eglise de Dieu, la Sainte Eglise Unie d’Amérique et l’Eglise
Baptiste Volontaire de Pentecôte)
C. H. Mason de l’Eglise de
Dieu en Christ, de Memphis, dans le Tennessee, arriva à Azuza en
novembre 1906, où il reçut l’expérience de la Pentecôte.
Dès son retour, dans son église, la majorité de l’assemblée
de Dieu en Christ fut investie de la Pentecôte. A Birmingham, dans
l'Alabama, Messieurs Pinson et H.G.Rogers, futurs piliers des Assemblées
de Dieu (créées en 1914), reçurent le baptême
du Saint-Esprit pendant le ministère de Cashwell. Lorsque Florence
Crawford partit pour Portland, dans l'Oregon, elle emporta avec elle le
fascicule d’Azuza, " Foi Apostolique "
et se servit de ce nom pour sa nouvelle dénomination pentecôtiste.
La flamme de la Pentecôte
se répandit d’Azuza Street au Canada, avec les prédicateurs
R. E. MacAlistier et A. H. Argue. " L’apôtre de la
Pentecôte " d’Europe, T.B.Barrat, annula un voyage prévu
pour Azuza Street, après avoir vécu sa Pentecôte à
New York. A son retour à Oslo, en Norvège, en 1906, il ouvrit
la première mission pentecôtiste en Europe. Par son ministère,
il passa le flambeau à la Suède, au Danemark, à l'Angleterre,
à l'Allemagne puis à la France. Le feu se propagea d’une
façon moins rapide au Chili dans l’assemblée de W. C. Hoover,
missionnaire américain méthodiste; au Brésil, sous
le ministère de Daniel Berg et Gunnar Vingren; puis en Russie et
dans les autres nations slaves, sous la conduite d’Ivan Voronaeff, un
baptiste russe de New York.
C’est ainsi qu’en peu de
temps, la Pentecôte d’Azuza Street fut le déclencheur de
l’action de l’Esprit Saint à travers le monde. Les cinq principaux
enseignements d’Azuza Street servaient de référence à
cette première vague de pentecôtistes. Les voici :
- La justification par la foi;
- La sanctification comme action précise
de la grâce;
- Le baptême du Saint-Esprit
prouvé par le parler en langues;
- La guérison divine " comme
réparation ";
- L’enlèvement individuel (prémillénarisme)
des saints à la seconde venue de Christ.
Malgré une multitude
de " vents de doctrine " soufflant à Azuza
Street, Seymour et ses compagnons continuaient à insister sur les
enseignements cités ci-dessus, et cela tout au long de son ministère
missionnaire.
Dans le même temps,
le monde religieux eut une opinion très partagée sur le
réveil d’Azuza Street. Malgré une large proportion du mouvement
qui acceptait le réveil d’Azuza comme réponse aux longues
prières pour obtenir la Pentecôte, la majorité rejeta
le pentecôtisme. Les fondamentalistes rejetèrent le pentecôtisme
et vers 1928, ils cessèrent toute amitié avec l’ensemble
des pentecôtistes. La grande majorité des chrétiens
ignore tout ou presque de ce mouvement, ou le rejette telle une nouvelle
hérésie des " souffles saints."
Aujourd’hui, soixante quinze
ans après, il est possible de considérer Azuza Street, avec
une meilleure perspective historique. Durant les années 1906 à
1909, au plus fort de l’euphorie, il était impossible d’être
objectif, face aux évènements et aux enseignements de la
mission.
Car ceux qui étaient
baptisés du Saint-Esprit et qui parlaient en langues avaient la
conviction que les rencontres étaient un avant-goût du réveil
mondial. Pour ceux qui rejetaient l’enseignement de Seymour, les vents
de la perdition " soufflaient sur la mission bidonville "
d’Azuza Street.
L’assaut des accusations
et des contre-accusations dont faisait l’objet cette mission au réveil
controversé, n’impressionnait guère Seymour et Bartlemen.
Bien qu’ils fussent d’accord sur certains excès et sur l’intrusion
occasionnelle de quelques spirites et autres médiums dans le milieu,
ils considéraient toujours ce réveil comme le départ
d’un réveil historique. Le premier point, lors des réunions,
était la lecture des comptes-rendus des autres villes, états
et pays où s’étendait le réveil. Bartlemen pensait
que le renouveau issu d’Azuza Street serait, sans aucun doute, " celui
du monde entier ".
Alors que Bartlemen portait
aux nues les dimensions historiques de ce nouveau mouvement, d’autres,
au contraire, à Los Angeles, étaient plus sceptiques. En
décembre 1906, le Dr Phineas Bresee, fondateur de l’Eglise des
Nazaréens (connue à cette époque sous le nom d’Eglise
Pentecôtiste des Nazaréens) se sentit poussé à
rédiger un éditorial dans le Messager Nazaréen
à propos des réunions d’Azuza. Il n’est pas prouvé
que Bresee ait jamais assisté à des cultes à Azuza
Street, alors même qu’il résidait à Los Angeles, à
coté de la mission.
Dans son article, intitulé "Le
Don des Langues ", il dénigrait les écrits
que Bartlemen avait déjà envoyés aux éditeurs
des périodiques religieux de la région Est :
" Cependant,
les quelques partis qui ont la confiance des éditeurs de l’Est,
suffisamment pour assurer la publication de ce qu'ils ont écrit,
ont fait des exposés si formidables des choses telles qu’elles
se produisent, en relation avec ce sujet, que…nous jugeons sage de
n’en dire qu’un mot. "
Minimisant le phénomène
d’Azuza Street à Los Angeles, Bresee déclarait :
" C’est
localement un endroit peu attirant, de peu de valeur, voire insignifiant
en effet et en nombre. A la place du grand mouvement du moment ainsi
représenté à Los Angeles, c’est tout au plus
le moindre du moment. Il a eu et a aujourd’hui sur la vie religieuse
de la ville presque autant d’influence qu’un caillou jeté dans
la mer… "
Enfin, Bresee avait le sentiment
que le mouvement de Pentecôte d’Azuza Street, par son enseignement,
ressemblait plutôt à de l’hérésie et à
du fanatisme.
" Les
chrétiens se sanctifient avant de recevoir le baptême
du Saint-Esprit; ce baptême étant une manifestation de
puissance sur une vie sanctifiée; ainsi, la preuve essentielle
et nécessaire du baptême se caractérise par le
don du parler en langues, (qu’il appelle) un jargon, un marmonnement
dénué de sens, …une triste confusion. "
Quant aux fidèles
d’Azuza Street, voici ce que déclarait le responsable des Nazaréens :
" Il
y a des personnes qui ont une expérience décevante,
n’étant jamais complètement sanctifiées ou ayant
négligé le précieux travail de l’Esprit dans
leur cœur, et qui vont courir dans l’espoir et dans l’attente de choses
exceptionnelles et merveilleuses, qui les conduiront à une
plus grande perte. "
Il est clair que les " merveilleux
témoignages " auxquels Bresee fait référence
étaient ceux que Bartlemen avait rapportés dans la presse
religieuse. Son opinion d’un mouvement n’ayant pas plus d’influence à
Los Angeles qu’un "caillou lancé dans la mer"
était contradictoire, face à la croissance florissante des
assemblées de Pentecôte de la région de Los Angeles,
et à l’essor explosif du pentecôtisme à travers tous
les Etats-Unis.
En définitive, Bartlemen
s’avéra être meilleur prophète que Bresee.
Il est probable que la prescience
de Bartlemen ait été le résultat de sa vie et de
sa carrière précédant 1906. Observateur perspicace,
il avait une manière pittoresque de rapporter par écrit
tout ce qu’il voyait, et donner son avis sur quelque chose ou sur quelqu’un
lui plaisait beaucoup. Sa vie avait été ponctuée
par de nombreux événements importants et par des tournants
dans l’histoire religieuse américaine.
Lorsqu’il rejoignit le Nouvel
Ordre des Sacrificateurs, en tant que pentecôtiste, il ne voyait
pas de problème théologique à accepter le baptême
dans l’Esprit attesté par le don des langues. Lorsque William Durnham,
de Chicago, prêcha sur la vision d’une "oeuvre accomplie "
de la sanctification, Bartlemen se rangea à ses cotés et
accepta volontiers ses enseignements. Quelques années plus tard,
lors de l’apparition de ce mouvement " singulier ",
Bartlemen, accompagné de Glenn Cook et de Franck Ewart, se fit
rebaptiser " au nom de Jésus." 1
Après son intégration
dans le mouvement pentecôtiste, surnommé les " Jésus
seul " (Jesus Only) par les Pentecôtistes de la
Trinité, Bartlemen perdit beaucoup d’amis et d’anciennes connaissances.
Il devint incapable d’écrire pour les périodiques religieux
et pentecôtistes; il perdit de l’influence dans le mouvement et
se retrouva à l’écart, seul avec ses quelques " singuliers "
collègues.
Après ces années
d’Azuza Street, Bartlemen poursuivit ses voyages et écrivit d’autres
livres, notamment : " Deux années de travail
missionnaire en Europe…1912-1914. " Ce livre décrit
ses expériences pendant un périple autour du monde, interrompu
par la Première Guerre Mondiale.
Ses descriptions de l’Europe
à l’ouverture des hostilités et ses tentatives pour rentrer
chez lui " par la zone de guerre ", rendaient, de
ce fait, la lecture attrayante. Mais rien de ce qu’il fit, pendant le
reste de sa vie, ne fut comparable à son compte-rendu relatant "comment
c’était au commencement à Azuza Street ".
Jusqu’au bout, et malgré
une santé fragile, l’ancien évangéliste passa ses
années à Los Angeles, engagé dans le travail missionnaire
qui était son premier amour. A la fin de sa vie, Bartlemen ne souhaitait
plus adhérer à aucune des dénominations pentecôtistes
établies. Il mourut tel qu’il avait vécu, à savoir,
en indépendant. La mort l’emporta en septembre 1935, dans sa Los
Angeles bien-aimée.
Les années après 1906-1909
Seymour conserva sa chaire
de pasteur à Azuza Street. Après sa mort, sa femme poursuivit
les réunions pendant quelques années, jusqu’à la
fermeture de la mission en 1929. Le vieux bâtiment sacré
fut proposé aux Assemblées de Dieu, au cas où elles
auraient souhaité le conserver comme lieu de culte. Les responsables
de l’Eglise refusèrent, car les " reliques ne les
intéressaient aucunement. "
La commémoration du
75éme anniversaire du réveil d’Azuza Street en
1981 permit de réfléchir sur l’importance de cet événement
capital dans l’histoire du christianisme. Cette année-là,
le nombre de pentecôtistes et de charismatiques dans le monde fut
estimé à près de 75 millions de personnes; cela correspondait
à environ un million de personnes par an qui acceptaient les prémisses
de la Pentecôte de Los Angeles, depuis 1906 [...].
2
En 1981, on constate que
la Pentecôte ne s’est pas arrêtée à Los Angeles
mais qu’elle s’est propagée dans toutes les villes et tous les
pays du monde.
Le dernier chapitre de ce livre
intitulé " Appel à l’Unité "
donne un écho étrangement significatif à ceux qui
ont une part active dans les mouvements de renouveau pentecôtistes
et charismatiques d’aujourd’hui. Après l’expérience d’une
vie passée dans les luttes et les divisions sectaires, Bartlemen,
qui avait acquis plus de maturité, conclut son livre sur Azuza
Street, en appelant à l’unité les croyants aujourd’hui.3
Pour que le " Un
seul corps " de la prière de Jésus puisse avoir
comme réponse " Qu’ils soient un, afin que le monde
croie… ". Nous appartenons au Corps de Christ tout entier,
sur la terre comme au ciel.
" Nous appartenons
au Corps de Christ tout entier " est une phrase qu’on devrait
bien appliquer au groupe de fidèles et d’adorateurs qui se rassemblaient
à la mission d’Azuza Street en avril 1906. Ils n’ont jamais adhéré
à un groupe dénominationnel organisé. Personne, parmi
les nombreuses dénominations pentecôtistes d'aujourd’hui,
et notamment les Assemblées de Dieu ou l’Eglise de Dieu en Christ,
ne peut prétendre détenir l’exclusivité de la mission.
Celle-ci est le but du Corps de Christ tout entier. Les pentecôtistes
ou les Noirs n’avaient pas à se réclamer de Seymour; celui-ci
était au service du Corps de Christ dans son ensemble. "De toutes
les nations, de toutes les races et de tous les peuples."
De même, le baptême
du Saint-Esprit, accompagné des dons et des grâces, n'est
pas réservé qu’aux seuls pentecôtistes, mais à
tout le Corps de Christ, en fait, " en aussi grand nombre
que le Seigneur notre Dieu les appellera " (Actes 2:39).
Source: Cette
biographie est tirée de la version américaine u livre de
Frank Bartlemen "Azuza Street."
Notes:
1.
Il est malheureux de voir que Frank Bartleman, l'intercesseur du Réveil
d'Azuza Street, a fini par embrasser la doctrine hérétique
de "Jésus seul" (Jesus Alone) qui nie la Trinité
et soutient que le baptême (au nom de Jésus seul) est nécessaire
au salut. Ceci devrait servir d'enseignement et de solennel avertissement
pour nous tous, et particulièrement pour ceux qui aspirent à
un réveil : un réveil se doit d'être biblique
afin de résister aux "vents de doctrines". Pureté de vie
et pureté de doctrine sont donc indissociables, tout comme le sont
l'Esprit et la Parole de Dieu. L'histoire de l'Eglise est jonchée
d'exemples de mouvements de renouveau qui par la suite ont connu des dérives
sectaires ou ont sombré dans le pur fanatisme ou illuminisme. Ce
danger est réellement présent dans nos prétendus
réveils actuels, contrefaits, caractéristiques des temps
de la fin, qui refusent systématiquement tout examen biblique et
rejettent l'étalon de la saine doctrine.
2.
Dans Sa grâce, Dieu a voulu toucher toutes les Eglises par le vent
du renouveau, y compris les Eglises traditionnelles. Le réveil
charismatique a été ainsi, dans ses débuts, la manifestation
de la miséricorde du Père, attestant que "Dieu ne fait acception
de personne." Mais Dieu a répandu Son Esprit pour sauver les âmes
et les sortir des systèmes mensongers. Malheureusement, beaucoup
de catholiques visités par le Saint-Esprit, au lieu de prendre
pleinement part à la liberté qui se trouve en Christ seul,
en quittant l'Eglise Catholique et en rejetant ses dogmes et rites erronés,
ont continué dans les liens de Rome, en incluant à leur
expérience personnelle avec Jésus-Christ, la dévotion
mariale et les doctrines de leur Eglise. L'Eglise Catholique qui aurait
pu être réformée par Dieu si elle était revenue
à l'autorité de la Parole de Dieu, a fini par promouvoir
le Renouveau Charismatique comme un moyen de garder ses fidèles
dans son sein. Aujourd'hui, le Renouveau Charismatique Catholique et avec
lui une bonne partie du monde charismatique, a sombré dans l'apostasie
qui doit culminer avant le retour du Seigneur.
3.
L'unité est le désir de Jésus-Christ pour Son Eglise,
constituée de l'ensemble des rachetés par la grâce,
de toutes dénominations. Cependant, ce terme est aujourd'hui très
à la mode et renvoie à une notion qui est bien différente
de l'unité biblique selon le cœur de Dieu. En effet, la fausse
"unité" babylonienne des derniers temps se caractérise par
un rassemblement artificiel et humain à but essentiellement politique
d'églises composées en grande partie de personnes irrégénérées
et prônant une lecture moderniste et libérale des Ecritures.
Ces églises convergent donc vers l'objectif œcuménique de
Rome et lui sont en réalité inféodées. C'est
un drame que les dirigeants charismatiques de la Troisième Vague
autant que nos évangéliques "classiques" travaillent,
par l'effet d'une puissante séduction, à la construction
de cette Babel moderne. Christ n'y est pas le dénominateur commun,
même si Son nom est utilisé : l'Eglise apostate invoque un
dieu qui n'est autre que le dieu de ce siècle, Satan. La vraie
unité biblique, elle, rassemble les véritables croyants
nés de Dieu au-delà de leurs doctrines particulières;
elle procède de la vérité, Jésus-Christ étant
la Pierre Angulaire et Celui qui unit les cœurs.
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